Posté le 16/01/2014 01:44
Vlad contenait sa rage et sa soif de vengeance du mieux qu’il le pouvait. La blessure infligée par l’un des enfants était vive. Impuissant, la bave aux lèvres, il contemplait avec malheur la fuite des garnements au loin. De rage et épuisé après son engagement et la décharge d’adrénaline qu’il avait subie lors du combat, il tapa son poing sur le sol. A la vue du corps sans vie du garçon, Vlad redescendit très vite sur terre.
Face à une foule compacte qui découvrit avec horreur le corps du garnement, le mage Nathanael trouva un stratagème afin d’éloigner Vlad d'un lynchage probable en place publique ou d'une arrestation par la garde.
Totalement harassé, Vlad se laissa porter par le mage. Vlad ne comprenait pas bien ce que ce dernier manigançait. Vlad se sentait empli d’un sentiment de bonheur et d’une grande satisfaction en voyant le visage de la jeune fille qui semblait enfin épanouie. Le sourire qu’elle esquissait laissait présager qu’elle avait repris goût à la vie en voyant le bien triompher. Entourée par ses deux anges gardiens dans une épopée, elle avait l’impression qu’un monde nouveau s’ouvrait pour elle, qu’une nouvelle vie, qu’un avenir était envisageable.
Une fois arrivé dans l’enceinte du château, Vlad fut impressionné par les actes et le dévouement du mage. Les mots de ce dernier rassuraient le jongleur. A l’abri des gardes et des passages de la foule, la douleur de Vlad fut atténuée grâce aux soins prodigués par l’homme au monocle.
Vlad fit ses adieux au mage et à la jeune fille auprès de laquelle il s’agenouilla :
« Je dois dorénavant vous quitter. Il est temps pour moi de poursuivre ma quête. Je ne veux plus être un fardeau pour vous. Je suis heureux d’avoir pu te défendre jeune enfant. Tâche de t’éloigner de tels monstres et brigands comme ces odieux gamins. Des hommes de la trempe du mage ne sont pas légion ces temps-ci. La lâcheté, la couardise et la loi du plus fort semblent prévaloir. J’ai tenté de rétablir la balance. Même si tu as dû trouver que j’étais allé un peu loin, je n’arrivais pas à déceler la moindre lueur d’humanité dans les yeux de ce trio infernal. Sois très prudente à l’avenir. Tu as déjà payé un lourd tribut à travers ta mutilation au bras… Sèche tes larmes et ne pense plus à tout cela. Un avenir meilleur t’attend. Et peut-être que le destin te mettra un jour sur le chemin de la princesse ou le légendaire et valeureux Link. Qui sait ? Je te laisse entre de bonnes mains. »
Vlad se releva et s’adressa à Nathanael Utan :
« Je te serai à jamais reconnaissant. Tes actes de bravoure au combat ont démontré ton grand courage et ton attachement à la défense de cette jeune âme en détresse.
Sans ton aide précieuse, je pense que ces gosses infâmes seraient parvenus à leur fin et auraient pris le dessus sur moi.
Je ne sais comment qualifier ton stratagème final pour nous extraire sain et sauf d’une foule ayant assisté au déferlement de violence dont j’ai fait preuve afin de venger la jeune fille qui est maintenant à nos côtés. Je tâcherai de ne pas faire de vague et de rester discret afin de ne pas te porter préjudice. Je te souhaite le meilleur et peut-être nous reverrons nous plus tôt que nous ne puissions l’imaginer. »
Après ces quelques mots avec le mage et des adieux déchirants avec la jeune fille, Vlad s’éloigna et quitta ses deux compères d’infortune avec le cœur lourd. Il commençait à s’être attaché à la frimousse de la fillette. Il avait été également impressionné par l’implication du mage et par son soutien lors de moments critiques et si dangereux face à trois adversaires imprévisibles et prêts à tout.
Alors que le jongleur se remettait tout juste de sa blessure grâce aux soins prodigués par Nathanael et à ses pouvoirs de guérison, le cœur et l’âme de Vlad saignaient toujours. La vision du sang lui remémorait le corps sans vie de Borum.
Il était temps pour Vlad de continuer sa longue marche et de tenter d’en savoir plus sur les commanditaires de l’assassinat de son père de substitution. La vérité finira bien par triompher un jour.
Mais le jongleur aurait dû être sur ses gardes. Il n’était pas totalement remis de son affrontement, sa blessure était encore fraîche malgré les soins de Nathanael. A mesure qu’il avançait à pas de loup, tout en se faufilant dans les allées et en se collant aux coins des murs afin de guetter une éventuelle surveillance au sein du palais, Vlad avait bien conscience de la gravité de son geste et savait grâce au mage qu’il allait devoir se grimer ou trouver un moyen de changer d’apparence afin de ne pas fausser les plans élaborés par Nathanael. Le jongleur cherchait à tout prix à éviter d’attirer l’attention des gardes en faction près des points stratégiques du château ou ceux qui effectuaient leurs rondes.
Accablé de fatigue, Vlad fut contraint de stopper sa progression derrière un muret. Après s’être épongé le front et avoir inspecté sa plaie, son sang se glaça. A quelques mètres de là, de l’autre côté du muret ou le saltimbanque s’était positionné pour reprendre des forces avant de s’éloigner, deux gardes apparurent et stationnèrent près d’une porte qui donnait sûrement sur l’intérieur du château.
Face à une telle pression et une si grande dose de stress et d’adrénaline, les tempes du jongleur commençaient à lui faire mal. Plusieurs choix s’offraient à lui. Attendre patiemment, tenter un mouvement d’esquive, se concentrer sur la conversation de deux gardes maintenant en faction.
Mais malheureusement, tout portait à croire que la chance avait délaissé Vlad, depuis qu’il s’était éloigné de la fillette et du mage, ce tandem improbable, alliance en apparence de la carpe et du lapin, qui avait pourtant su redonner un sens et une certaine noblesse à l’existence de Vlad lors de cet affrontement avec les trois agresseurs de la jeune fille. Comme si la simple présence des gardes ne suffisait pas, Vlad, indisposé par sa position accroupie, en bougeant son pied et sa jambe gauche qui commençaient à être gagnés par des fourmis, fit valdinguer un caillou.
L’un des gardes remarqua ce bruit. Il réagit tout de suite. Il avait bien l’impression d’être face à une menace suspecte, peut être quelqu’un tapi dans l’ombre souhaitant attenter à la vie de la princesse…
« Qui est là ? Montrez-vous ? »
Le garde voulait en avoir le cœur net, il commença à patrouiller en direction du bruit après avoir été rappelé à l’ordre par l’autre garde en maugréant.