EVENT RP - Seuls les deux noms cités peuvent poster
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Le Cygne et le Goupil,
Une fable sans morale.
La fumée envahit la bouche puis la gorge d'Aedelrik en une première inspiration. Une seconde fit descendre les volutes gris jusqu'à ses poumons, et alors seulement il expira, relâchant un mince filet brumeux entre ses lèvres. Le rouquin attendit que la drogue fasse son effet, en silence, les yeux clos. Fumer ce mélange de pavot et d'herbe médicinale était comme un rituel pour lui, depuis des années. En plus du plaisir que cela lui procurait, c'était un bon moyen pour l'aider à maîtriser cette boule d'angoisse qui le tourmentait toujours avant un combat rude, à l'issue incertaine. Et surtout, le pavot aidait son corps à assimiler les autres drogues qu'il prenait en même temps. Cette fois ci, son choix c'était porté sur un mélange de poudres qu'il avait lui même amené à Hyrule, dans son exil. Un produit potentiellement dangereux, parfois utilisé comme poison, mais que Aedelrik avait appris à utiliser et qui pouvait se révéler très efficace.
Les effets du pavot se manifestèrent et une douce sensation de chaleur lui fit du bien, lui qui sentait ses entrailles glacées par la peur. Refusant de penser à cela, il s'efforça de faire le vide et de se concentrer sur son corps et le bien être dont il prouvait encore profiter. Puis, après quelques minutes, les effets de la plus faible des deux drogues s'affaiblirent et le voleur ne put s'empêcher de repenser à ce qui l'attendait. Il retrouva son ouïe et entendit des coups faible qu'on donnait sur la porte. Reconnaissant le signal convenu avec Frenis, il soupira longuement, et se leva pour quitter la chambre.
« Et ben quand même ! Ca fait dix minutes que je frappe, le combat va bientôt débuter. »
« Laisser ses peurs enfermées entre quatre murs prend du temps, Frenis. Allons, conduis y moi. »
L'Hylien grommela dans sa barbe, bougon, mais s'exécuta. Aedelrik eut un dernier regard pour la pièce d'où il venait et suivit le petit homme d'un pas décidé. Ils sortirent rapidement de l'établissement clandestin, et s'engouffrèrent dans le dédale de ruelles qui constituait le quartier le plus pauvre et crasseux de la ville. L'étranger reconnaissait chaque rue, chaque coin, et pourtant il se félicita d'avoir demandé à son associer de lui servir de guide. Drogué à ce point, il perdait son sens de l'orientation. Néanmoins, les premiers effets lui procuraient d'autres avantages. Le voleur se sentait plus agile, plus rapide. Au milieu de la foule qui déambulait dans l'allée des bouchers, il esquiva sans difficulté toutes les épaules qui l'auraient bousculé, elles, sans ménagement.
Curieux, Aedelrik scrutait les visages, guettant un regard appuyé ou une expression de surprise. Le voleur se savait inconnu de presque tous, ignoré voir méprisé pour son accent et ses manières d'étranger. Tout le contraire de celui qui serait dans moins d'une heure son adversaire. Il se souvenait encore de la stupeur qui avait saisit ses associés lorsque l'ordre des duels avait été rendu publique. Il avait espéré tomber contre un homme de sa trempe, ou un de ces désespérés qu'on renvoie aisément sur les bancs des gradins. Mais il se retrouvait face à un tout autre type d'adversaire. Le Cygne Noir, la plus terrible main armée de Ganondorf.
Tous ceux qui le supportaient avaient subitement pâli, et certains s'étaient empressés de changer leurs paris. En vérité, Aedelrik ne pouvait leur en vouloir. Il n'était qu'un inconnu qui n'avait jamais montré ses talents aux armes, en face d'une machine à tuer reconnu et crainte. Il aurait fallu être idiot pour miser sur lui. Pourtant, dans un vain espoir, il demanda à Frenis,
« De l'or sur ma tête ? »
« Pas un rubis. La Dragmire a emporté tous les suffrages. Pour eux, tu es déjà vaincu. »
Ces mots, rudes mais vrais, piquèrent Aedelrik dans son orgueil. Il ne restait donc plus que lui pour croire à sa victoire, pour croire en lui même. Et bien il leur montrerait, à tous. Ce tournoi serait plus qu'une occasion de gagner de l'argent, ça serait la preuve dont les bas fonds d'Hyrule avaient besoin pour voir en l'étranger un leader, un homme de valeur. Et si il fallait pour cela que le renard roux terrasse le cygne noir, qu'il en soit ainsi.
Finalement, ils arrivèrent à la porte masquée de l'arène. Une impasse puante et humide. Un portail digne du palais d'un roi de la nuit. Frénis marqua une pause, son regard interrogateur posé sur son associé et ami.
« Je suppose qu'il est hors de question de faire demi tour ? »
Aedelrik prit un instant pour éliminer le dernier doute qui lui restait encore, puis actionna le mécanisme au sol. Le mur s'écarta alors, laissant échapper la lueur vacillante des torches. Les deux hommes s'engouffrèrent dans l'ouverture, qui se referma derrière eux.
Heureusement, l'entrée en question était un accès réservé aux combattants et non aux spectateurs, et ils purent accéder directement à la salle de préparation, en dessous des gradins. Un rapide coup d'oeil du voleur à travers l'ouverture vers l'arène lui révéla l'ampleur du tournoi : le public était nombreux et semblait déjà agité. L'intuition d'Aedelrik se trouvait confirmée : tout ce que la cité comptait de vermines et de criminels serait présent.
« Alors, tu être prêt ? »
Le voleur aussitôt reconnu cette voix et son accent unique dans ce royaume. Il se retourna pour trouver Lanre, qui marchait vers lui, un sourire ironique aux lèvres. Aedelrik fut réconforté de la présence de son ami, qui ne combattait pourtant pas ce jour là. Bien qu'une victoire des deux hommes puisse les obliger à s'affronter, le rouquin n'en gardait nulle rancune à l'égard de son compagnon et appréciait qu'il ait fait le déplacement.
« Autant que l'on peut l'être. Je ferais de mon mieux. »
« Espérons que cela suffise. »
« Je demanderais aux dieux un petit coup de pouce. Parfois, il suffit d'un rien de chance...Et de hasard. »
C'est alors qu'il vit une autre silhouette entrer pour les rejoindre. Il ne fallut pas plus d'un instant à Aedelrik pour reconnaître le Cygne, avec son immuable masque noir et sa démarche souple et gracieuse. Si il n'avait pas eu à l'affronter, le renard l'aurait certainement abordé dans une tentative folle de la séduire... Mais il eut également fallu pour cela qu'elle ne fut pas la tueuse sanguinaire que l'on disait. Or, tout semblait confirmer les horreurs que colportaient les rumeurs.
Avec l'inconscience de l'enfant qui s'amuse à jouer avec le jeu, Aedelrik s'approcha d'elle et lui déclara, en lui tendant une main et avec le sourire,
« Enchanté de rencontrer un si charmant adversaire, cher Cygne. Je me nomme Goupil. »
Rien qu'un banal trait d'humour qui pouvait faire sourire, mais le regard froid et terrible que la femme lui lança en retour, au dessus de son marque de mort, lui fit perdre toute envie d'échanger une parole de plus. D'autant qu'elle l'ignora ensuite avec une superbe à laquelle le voleur n'était plus habitué et qui le vexa suprêmement. Aedelrik revint alors vers Lanre, lui signifiant qu'il pouvait le laisser.
Un assistant des arbitres les prévint alors qu'il ne restait plus que quelques minutes avant le début du combat. Aussitôt, la boule d'angoisse revint tirailler les tripes du renard, qui s'efforça de s'apaiser, du mieux qu'il put. Il s'approcha des râteliers où s'entassaient des armes de tout type et de tout calibre. Faisant l'inventaire de ce qu'il portait déjà sur lui, c'est à dire son arsenal d'atouts variés, des dagues de lancer et de contact, des lames discrètes ainsi qu'un un arc et des flèches disposées dans deux carquois, il décida de le compléter avec une épée courte mais à la lame épaisse et une lance solide à la pointe longue. De l'autre côté de la pièce, Swann regardait avec dédain les armes offertes, et elle semblait avoir une bonne raison pour cela. Aedelrik avait repéré son épée étrange, en os de dragon, et il ne doutait pas qu'elle ne lui réserve quelques surprises.
Finalement, une trompe résonna dans l'enceinte de l'arène et le public fit silence. Seule résonna une voix forte qui était certainement celle du maître du tournoi, tandis que les deux adversaires allaient se placer devant la grille de fer, encore baissée, qui marquait l'entrée du terrain de jeu. Soudain, la voix du Cygne s'éleva, calme et monocorde.
« Essaye de me résister au moins un peu. Je déteste gagner trop facilement. »
Aedelrik ne répondit pas. Tout son être était concentré à rester calme, à conserver son sang froid et la provocation glissa sur lui comme une vague sur un rocher. Il n'entendait que vaguement les vociférations enjouées du maître du tournoi, qui haranguait la foule. C'était signe que la drogue agissait, mais c'était beaucoup trop lent à son goût. S'était il trompé dans les doses ? Le pavot avait il amenuisé les effets ? Le doute s'empara à nouveau de lui mais alors qu'il pensait encore à reculer, la grille s'ouvrit et il entendit la voix appeler, malgré son ouïe engourdie,
« LE CYGNE NOIR CONTRE AEDELRIK ! »
Alors, il avança dans la lumière, en même temps que son ennemie, et il fut libéré de sa peur. Comme le trac d'un acteur s'envole lorsqu'il entre son scène, Aedelrik oublia totalement ses craintes car il n'était plus réellement lui même : il jouait un rôle, celui du guerrier inconnu, du chevalier mystère, de l'étranger dont on ignore tout. Et si le Cygne Noir avait une grande renommée et plus rien à prouver dans l'art du combat, lui attisait la curiosité et l'imagination galopante des spectateurs. Il ignorait, au fond, à qui allait les vivats de la foule, ni même si la foule soutenait l'un des deux combattants ou bien si elle désirait juste du sang versé.
Dans ce dernier cas, ils seraient servis.
Le renard et le cygne avancèrent ensemble sur le pont puis s'écartèrent avant d'arriver au centre de l'arène, chacun choisissant naturellement son côté du terrain. Aedelrik sentit avec satisfaction la pierre solide sous ses pieds, heureux de ne pas combattre sur du sable comme il avait parfois dû le faire, dans le passé. A présent assuré dans ces gestes, il laissa tomber la lance sur le sol et attendit, les bras croisés, que la voix dissonante qu'il n'écoutait plus distinctement ait fini son discours. Et finalement, il entendit :
« TROIS...DEUX...UN... QUE DEBUTE LE TOURNOI ! »
Aussitôt, Aedelrik s'empara de son arc d'une main et sortit de son manteau une sphère d'argile mou. Dans un mouvement rapide et précis, il la jeta vers Swann et, avant même d'attendre qu'elle ne rencontre le sol, il encocha une flèche et tira. Le trait fendit l'air et perça le premier projectile alors que celui ci survolait le Cygne Noir. La tête de la flèche enflamma alors la poudre à l'intérieur de la bombe et un grand écran de fumée enveloppa la Dragmire. Le renard ne perdit pas un instant et tira une flèche qu'il avait choisit dans son second carquois, puis une autre. Il n'eut pas le temps de harceler plus son ennemie, qui jaillit de la fumée, courant à une vitesse impressionnante.
Aedelrik jeta alors son arc, détacha ses carquois, et se saisit de sa lance au sol, juste avant que son adversaire ne soit sur lui. La lame si spéciale de la femme le manqua de peu, au dessus de l'épaule, et elle revint aussitôt à la charge. Le voleur tentait tant bien de mal de conserver un peu de distance entre elle et lui, afin de pouvoir profiter de la portée de son arme, mais le Cygne le pressait au corps à corps, sans le moindre temps mort, cherchant la faille dans sa défense. Rapidement, le renard sut qu'il ne pouvait plus se permettre de reculer et de perdre ainsi plus de terrain, ou il risquait d'être éjecté de l'arène. Alors il amorça un mouvement tournant, tout en continuant de parer, et, quand il vit qu'il pouvait se le permettre, sa parade écarta brusquement l'épée ennemie et il se jeta hors de portée. Après une rapide roulade, il se releva, et là, réussit à maintenir la Dragmire assez loin pour user de son allonge. A chaque fois qu'elle s'approchait trop témérairement, il portait un coup d'estoc vers une faille de sa défense et elle devait reculer. C'est là qu'il put remarquer que sa cuisse gauche était entaillé. Une de ses flèches avait manqué de peu son but, cependant il y voyait là une demi-victoire. En la maintenant ainsi à l'écart, il put capter également l'énervement chez son ennemie. Bien qu'elle n'avait pas conscience du but de son petit manège, la situation paraissait particulièrement insoutenable pour elle. Plus confiant, il lui asséna alors une nouvelle pique, verbale celle là, d'un ton indéniablement moqueur,
« Vous êtes vous endormie, ma dame ? »
Le Cygne ne répondit rien mais le ton du Renard la fit réagir. Elle amorça aussitôt un mouvement que Aedelrik cru anticiper et voulu repousser d'un coup d'estoc. Sitôt sa feinte réussie, l'épéiste masquée se jeta vivement à droite de la lance, sans reculer pour autant. Et, d'un coup de tranche rageur, elle brisa en deux le manche de bois de l'arme. Le rouquin sut qu'il avait commit une erreur et cru un instant qu'elle serait mortelle. Cependant, alors que la lionne envoyait sa lame pénétrer la chair de son bras, il parvint à nouveau à s'esquiver par un bond agile. La Dragmire se jeta à nouveau sur lui, mais il put sortir son épée et une dague.
Pour Aedelrik, ce fut un duel pour la survie qui s'engagea. Pendant de longs instants, il ne fut même pas question de toucher son ennemie, seul comptait le fait de se tirer indemne de ses assauts. Et en cela, il dut admettre avoir sous estimé son adversaire. Parce qu'il s'agissait d'une femme, il n'avait pas cru ces bras fins capable d'une telle force, il n'avait pas prévu une telle rage de vaincre et cela se retournait contre lui. Inlassablement, il paraît les coups, s'efforçait d'ignorer son bras droit où la lame de dragon avait laissé une balafre saignant abondamment. Soudain, il vit une ouverture dans le flanc droit et y projeta sa dague. A l'instant où il allait percer la chair, un uppercut le cueillit et l'envoya au sol, où il lâcha la lame courte. Réagissant par pur instinct, comme un animal sur le point d'être abattu, il traça le symbole de sa rune favorite sur son armure et cria,
« Fyr ! »
Le manteau d'invisibilité l'enveloppa et le Cygne en fut surprise, assez pour lui laisser le temps de rouler en dehors de sa portée et se relever. Essoufflé, envahit par l'adrénaline mais bien moins assuré qu'auparavant, Aedelrik s'efforça de faire le point sur sa situation. Il devait attendre que la drogue fasse effet avant de pouvoir espérer prendre le dessus au corps à corps, mais le mélange semblait encore loin de l'avoir complètement envahit. Si jamais son corps y avait développé une résistance, il était fini. Il y avait bien encore un autre as dans sa manche mais il ne pouvait baser sa stratégie dessus. Jamais il ne pourrait gagner assez de temps...
Soudain, le Renard réalisa qu'il avait perdu le Cygne de vue. Aux abois, il la chercha du regard mais son ennemie semblait avoir disparue. Alors, il sentit une présence dans son dos. Sans même prendre le temps de réfléchir, il se retourna en donnant une grand coup de taille au hasard. Son épée se heurta à une autre, et tandis que sa propre rune s'effaçait, le manteau d'ombre de son ennemi se dissipa. Il n'était qu'à un pas d'elle, tous deux immobiles, et il put voir la lueur de jouissance dans son regard, une flamme de folie meurtrière. Dés lors, il eu fut certain : elle désirait sa mort, règlement du tournoi ou non. En vérité, elle l'effrayait profondément. Et pourtant Aedelrik ne put s'empêcher de jouer avec la haine qu'elle éprouvait envers lui. Sans qu'elle puisse le voir venir, il cracha au visage, visant les yeux.
Elle s'écarta légèrement, autant surprise qu'outrée, et il en profita. D'un coup de talon brusque, il fit sortir la lame cachée de sa botte gauche et envoya un violent coup de pied dans le mollet de la Dragmire. La lame pénétra sans s'enfoncer profondément mais c'était suffisant pour embraser la colère du Cygne Noir. Avant que le voleur ait pu retrouver son équilibre, elle sortit une carte de sa manche. Le morceau de papier brilla de mille feux et se consuma alors qu'une lame de vent en sortait. Le sort percuta le voleur et le fit voler sur quelques mètres. Le souffle coupé, ce dernier se releva difficilement mais elle ne lui laissa pas un instant de répit, fonça vers lui et le percuta des deux pieds cette fois.
Aedelrik fut éjecté si rapidement et autant tant de force qu'il finit par apercevoir le vide en dessous de lui. Dans une tentative désespérée de rester dans le jeu, il tendit une main et se saisit du bord de l'arène. La prise lui permit de freiner son mouvement, mais même lorsqu'il put agripper sa deuxième main, le poids de son arsenal et de son armure l'entraîna vers le bas. Il s'efforçait de remonter quand l'ombre du Cygne Noir vint le recouvrir. Avec une satisfaction baignée de sadisme, elle se tint dressée fièrement au dessus de lui, et lui dit, d'une voix mielleuse,
« Quel dommage, je m'amusais tellement. Mais la chute paraît inévitable, et qui sait si tu y survivras... »
D'un mouvement sec de sa botte, elle lui écrasa les doigts d'une main. Avec un cri de douleur, il dut lâcher le rebord de l'arène. Elle prit alors son temps, écrasant d'abord un doigt de la seconde, poursuivant son jeu cruel,
« Minable petit enfoiré. »
Sa botte écrasa un second doigt et Aedelrik se sentit prêt de lâcher prise, découragé et fatigué.
« Meurs donc, sale rat. »
Ces mots agirent comme un électrochoc. Ils remuèrent le voleur dans ce qu'il lui restait de son plus précieux : son orgueil, sa fierté. Ses émotions ainsi stimulées, la drogue parvint d'un coup au cerveau d'Aedelrik, et le Renard se réveilla. Alors que la botte allait sceller son destin, il traça sur sa tunique la rune de lumière et hurla,
« KAR ! »
Le flash explosa et le Cygne Noir eut un mouvement de recul. Aedelrik balança alors sa main libre au dessus du rebord, saisit la cheville de son ennemi et tira. Se faisant, il la fit chuter au sol en même temps que lui remontait et sauvait sa vie.
Sans prendre le risque de se retrouver dans la même situation en tentant de profiter de son avantage temporaire, il courut jusqu'au centre de l'arène en récupérant au passage sa dague et son épée. Lentement, sa rage clairement apparente, le Cygne Noir se releva et lui envoya un regard digne de son seigneur et maître. Si ses yeux pouvaient tuer, Aedelrik se serait effondré sur place. Dans un esprit de défi, il fit alors craquer ses doigts meurtris mais toujours fonctionnels, à son image en somme. Traçant la rune qui accompagnait sa drogue, il murmura le nom, puis appela son ennemie, d'une voix forte.
« Je t'attends, salope ! »
A ces mots de provocation, le public enfla d'une clameur assourdissante. Qu'ils soient avec lui ou pour la Dragmire, tous semblaient adorer le spectacle qui leur était offert. Elle, s'approchait lentement, la tension meurtrière visible dans chacun de ses gestes. Elle comptait sans doute se jeter à nouveau sur lui, mais cette fois, il la surprit. Ce fut le Renard qui chargea, l'épée en avant, en poussant un hurlement rauque.
Ce fut lui qui la pressa dans ses derniers retranchements, tandis qu'elle paraît avec adresse et précision mais sans cette confiance absolue qui l'avait toujours accompagnée jusque là. Il la toucha à plusieurs occasions, sans jamais prendre un avantage décisif, malgré les effets euphorisants de la drogue. Aedelrik était plus rapide et plus précis que jamais, tandis que le Cygne lui paraissait plus lente, moins souple. Et pourtant, elle parvint à le toucher, une fois, deux fois. La troisième fois, elle perça profondément son flanc.
Le voleur en profita alors pour trancher sa chair là où la flèche avait touché au début du combat, agrandissant la plaie et touchant presque l'artère. Presque. Tandis que la Dragmire et lui s'écartaient l'un de l'autre, et se tournaient autour comme des fauves, il prit conscience qu'elle venait de prendre le dessus. Sa drogue se dissipait et elle venait de le blesser assez profondément pour que la fin du combat l'avantage, elle. Et le pire c'était qu'elle le savait très bien. Sous le masque de mort, sa voix sadique s'éleva à nouveau, tremblante cette fois,
« Et bien connard ? Tu commence à comprendre ? Tu ne gagneras jamais, abandonne ! »
« Cesse un peu de parler et écarte les cuisses si tu veux que je me couche. »
Aedelrik savait qu'il risquait de la rendre folle de rage en la provoquant ainsi mais il avait besoin que la lionne baisse sa garde si il voulait retrouver une chance de victoire. Or, elle lui avait montré peu auparavant que son calme n'était qu'apparent et qu'elle était bien plus sensible à ses mots qu'elle ne l'affichait. Le Renard décida d'en faire sa stratégie. Sa dernière.
Outrée dans sa fierté, la lionne s'immobilisa un instant, se prenant à bondir. Aussitôt, la main du voleur arma son bras et envoya sa dague vers son ennemie. Celle ci esquiva d'un bond sur le côté mais elle ne put éviter la seconde, qui se figea dans sa jambe droite. Avec un cri de rage, elle l'en arracha et la renvoya au lanceur en s'élançant elle même vers lui à la suite.
Ce dernier bondit et, se réceptionnant avec une roulade, relança une nouvelle dague, qui la manqua de peu. Ce faisant, il continua à la provoquer, sa voix de plus en plus moqueuse.
« Peut être que je pourrais te remplacer chez papa Ganondorf quand je t'aurais écrasé. Je suis sur qu'il aimerait mieux mes fesses que les tiennes ! »
Les moqueries sur le seigneur du désert semblèrent fonctionner et le Cygne repartit à l'assaut avec une rage décuplée. Aedelrik esquiva à nouveau, la harcelant de plus belle à coup de dagues et de piques verbales. Au fur et à mesure, il gagna les rieurs du public qui éclatait de rire à chacune de ses nouvelles saillies. La situation sembla sortir la Dragmire de ses gonds. Elle éclatait en insultes que Aedelrik n'écoutait pas. Seuls quelques mots lui parvinrent,
« Mais crève ! Sale enfoiré, crève ! »
Finalement, le voleur envoya sa dernière dague, que le Cygne esquiva. Le public retint son souffle, croyant que, à nouveau forcé au corps à corps, le Renard n'avait plus que peu de chances de l'emporter. Mais alors que son ennemie semblait prête à s'élancer, les lames en avant, sur un voleur épuisé et sanguinolent, elle ne put faire que quelques pas lents et gourds avant de manquer de chuter. Comme prise de nausées, la lionne dut stopper son élan. Les yeux figés par la surprise et l'incompréhension, elle tituba quelques instants, et tomba finalement à genoux, incapable de parler, ni de se relever.
Aedelrik resta interdit quelques instants, puis éclata d'un immense rire de joie et de soulagement. Le poison paralysant qui imprégnait les deux premières flèches avait enfin fait son office. La plaie d'abord peu profonde avait fini par faire entrer le concentré d'une venin d'araignée connue pour immobiliser ses proies avant de les dévorer. En entrant dans une rage violente et incontrôlée, le Cygne Noir venait d'en accélérer la propagation, et donc les effets. Ainsi, elle avait scellé sa défaite. Il lui était désormais impossible de se mouvoir, ni même de parler, et ce pour plusieurs heures. Elle assistait impuissante à son échec. Aedelrik, lui, au bord de l'épuisement, remerciait sa bonne étoile.
Conscient qu'il lui fallait achever le duel, le voleur s'approcha de son ennemie impuissante, sa dague dans sa main. Il vit dans ses yeux magnifique un regard qui n'avait rien perdu de sa force et de sa folie. Il sentit que si il la laissait en état de lui nuire, elle se vengerait un jour ou l'autre. Et pourtant... Il fut incapable de lui faire du mal. Aedelrik n'était pas cruel, ni sadique et la souffrance physique chez les autres lui rappelait trop ses propres souffrances passées. Une faiblesse de plus, sans doute, mais c'était le prix de son humanité. Ainsi, sa voix fut douce et son ton presque désolé lorsqu'il lui dit,
« Je n'oublierais jamais ce combat, ma dame. »
Il prit la main de la lionne, y fit une légère coupure de sa dague et laissa le sang goutter sur la lame. Comme le voulait la tradition, il venait de verser le dernier sang. Alors, il se redressa et envoya d'un coup vif la dague se planter dans un poteau de bois de l'estrade des maîtres du tournoi.
Le public explosa. Les vivats de ses supporteurs se mêlant aux plaintes de ses opposants en un vacarme qui lui parut la plus belle des musiques. Il leva le poing pour y répondre, comme symbole de fierté et de défi. Contre toute attente, il avait gagné.
Alors, il se pencha vers le Cygne et sortit une bombe soporifique, qu'il brisa à sa hauteur. Paralysée, elle ne put s'empêcher d'inhaler le gaz et elle s'endormit, presque paisiblement.
Epuisé, blessé, mais victorieux, Aedelrik quitta l'arène. Le Renard roux avait vaincu le Cygne Noir.
Il était entré en inconnu, il sortait en conquérant.
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