Tournoi d’Aegis – 2eme tour – Aelderick face à Lanre

EVENT RP - Seuls les deux noms cités peuvent poster

[ Hors timeline ]

Withered


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(vide)

Vous vous engouffrez dans une des ruelles sombres du boug. En apparence elle n’a rien de spécial, et c’est peut-être pour ça qu’elle n’a jamais été remarquée. Pourtant, vous continuez votre périple, vous enfonçant entre deux boutiques, dans une impasse. Mais seulement pour celui qui ne connait pas son secret : votre guide actionne une pierre sur le sol, et tout à coup, un pan de mur se décale légèrement. L’air qui s’y échappe est glacial, et sent le renfermé. Vous suivez à contre cœur celui qui vous conduit, et vous vous glissez dans le maigre espace. Il fait plus noir qua dans un four dans ce tunnel, et vous n’avancez qu’en vous repérant au bruit des pas de celui qui vous précède. Et puis, sans prévenir, au détour d’un nouveau virage, la lumière.

Elle n’est pas vive. Elle n’est pas chaleureuse. Elle émane de quelques flammes fragiles, et de puissantes torches. L’ambiance est chaude, presque étouffante. La foule est déjà dense, la rumeur bouillonne. Les rubis commencent dores et déjà à passer de main en main, les noms des participants de cette année sont repérables parmi les conversations. Vous vous approchez. Vous êtes déjà venu, vous avez déjà vaincu, et la foule le sait.

L’arène se dresse devant vous. Qui pourrait croire qu’un tel espace se tient sous les pavés du bourg ? Des gradins bâtis dans la pierre, et au centre, le terrain. Isolé par un faussé des spectateurs, les seuls moyens d’y  entrer sont les ponts de corde qui pointent à chaque extrémité. Les combattants, dès lors qu’ils rentrent dans le ring, sont livrés à eux même. Ils ne font plus qu’un avec le monde du duel de la nuit.
[ Inspiration pour le terrain, que tout le monde est la même chose en tête : http://2.bp.blogspot.com/-00qJdfDSuNw/T8ywVBhDc-I/AAAAAAAAAc8/mRSCwTFq30g/s1600/pro-bending_arena8iltl.png    Sauf qu’évidemment c’est moins moderne et sans eau ! L'arène reste aussi de taille raisonnable, puisqu'elle est secrète et sous le bourg... ] S’ils doivent emprunter une arme, elles se trouvent avant leur entrée sur le terrain, mais en piteux état : rouillées, délabrées, elles ne peuvent que dépanner si un combattant étourdi a oublié la sienne…

Cette année encore, les plus féroces des spectateurs grognent : pourquoi ne pas mettre à mort les plus faibles ? Mais le monde de la nuit est beaucoup trop soudé pour mettre un terme à la vie d’un de ses guerriers. Face aux gardes et au pouvoir, la solidarité est leur unique force, et le tournoi d’Aegis le meilleur exemple.

La rumeur gronde de plus belle. L'un des précédents vainqueurs et le repêché vont bientôt entrer en scène. Les spectateurs retiennent leur souffle, et les derniers paris sont fait.  Il ne reste plus que le combat ! Celui qui fera KO (ou adversaire qui reste au sol), poussera l'autre à l'abandon, ou sortie d'arène sera déclaré vainqueur !

[ Rappel des règles :
Le tournoi se déroulera par duel. Chaque combattant postera sa version du combat en totalité. Il devra donc faire interagir son personnage et celui de son adversaire, qu’il devra respecter au mieux grâce aux fiches.

Il est donc interdit de tuer le personnage d’en face, pour des raisons RP comme HRP.

On évitera bien sur les tacles dans les posts, qui visent le joueur plus que le personnage.

Une règle qui appartient plus au bon sens, on évitera de faire de son personnage un superman. Mais il faudra aussi trouver l’équilibre avec trop de blessures car le tournoi se déroule sur quelques nuits seulement, sans pause de récupération.

Il n’y a pas de longueur minimum comme maximum.

Dès l’instant où le post de début du duel sera posté (par l’organisation), les deux participants disposeront d’une semaine pour y répondre (sauf exception, si l’organisation est prévenue etc). Il n’y a pas d’ordre pour poster, mais si au bout de 7 jours l’un des deux combattants n’a pas répondu, il sera disqualifié. Si aucun combattant ne poste, le duel se soldera par un match nul et la disqualification des deux joueurs.
Ici donc, vous avez jusqu’au mercredi 12 inclus pour poster !

Les résultats seront postés dans ce topic. Les juges noteront les participants selon une grille de notation (cohérence du post, respect des personnages, originalité, ressenti global etc), mais seul le résultat final sera communiqué. Si un des joueurs n’est pas d’accord avec le jugement, je l’inviterais à venir me voir, et UNIQUEMENT moi. S’il y a bien une chose que je ne laisserais pas passer, c’est harcèlement des juges suite à un désaccord. Sachez que dans tous les cas, les membres du jury n'ont pas l'obligation de discuter de leur jugement avec un participant, et que le détail des notes de chaque jury ne sera jamais communiqué.

N'oubliez pas cependant, mais TROIS autres combats se sont déroulés avant celui-ci, et ont amené des choses, comme instauré un contexte. Faites attention à bien respecter la version des précédents gagnants concernant l'ambiance par exemple !



Bon courage à vous deux ! ]


Lanre


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(vide)

∫ Dies iræ, dies illa ; jour de colère que celui-là


« Sans rancune, hein, rouquine ? » Ricana Aedelrik, une lueur malicieuse dans le regard, un demi-sourire aussi mesquin que narquois lui barrant le visage. Le renard avait toujours cet air moqueur comme gravé sur la gueule, tandis que le Ceald restait aussi impassible qu'il n'était muet. Ses yeux plongèrent dans ceux du voleur, qui le dominait de plus d'une tête sur laquelle il affichait une moue de plus en plus insolente. Le cuir grinça doucement quand les doigts du paria achevèrent de se refermer dessus, et la lame glissa de son épaule. Sans un mot, il hissa le fer au dessus de sa tête, puis ramena vivement l'estoc contre le bois qui les soutenait tout deux. L'imposante épée, que son roublard de compagnon avait dégoté pour lui, s'enfonça profondément dans la latte, la fendant sur toute sa largeur. Le regard du voleur glissa de celui du reître vers la claymore qui lui faisait face, prise dans le plancher. Les traits du barbare s'étaient durcis, quand l'éclat qui dansait dans l'oeil de son ami diminuait. Leurs yeux se retrouvèrent une fois de plus, le tire-laine improvisa un énième sourire auquel son adversaire ne répondit pas.

L'affrontement n'avait pas commencé, et déjà il grimaçait.
*

Il ne tarda pas à grogner. L'alcool, si froid qu'il était, le brûlait presque autant que le fer rouge ne l'avait marqué jadis. Maudissant Robert et tous les dieux qu'il devait vénérer, il s'extirpa à la couche sommaire qu'on avait installé dans la loge. Un peu de paille, recouverte d'une peau de chèvre suffisait à réaliser ses affaires, de toute façon. Maintenant la compresse contre sa jambe, là où le Templier avait frappé, il avança jusqu'à gagner les bandes de lin qu'il avait préparés au préalable. « Beiddgar'... — », souffla-t-il tandis que sa main retombait lourdement sur les bandages qu'il s'empressa de nouer autour de sa jambe nue. La plaie n'était pas profonde et ne l'empêcherait pas de se battre, tant qu'il saurait s'éviter un nouvel assaut frontal, du moins.

Il se laissa tomber sur la paillasse qu'il devrait bientôt quitter, et le rouquin s'empara de la bouteille de gnôle, à moitié vide. Il porta le goulot à ses lèvres et balança sa tête en arrière. L'alcool courrait sur sa gueule, quand il ne coulait le long de sa gorge, à la fois gelé et trop chaud. Et sans même avoir fini, il jeta la flasque contre un mur, rageur. Le verre explosa sur la pierre, sans qu'il ne bouge d'un millimètre. Puis, ses mains rejoignirent son visage, l'enfermèrent. Ses doigts disparurent dans la cascade cramoisie de ses cheveux. Il hurla. De colère, plus que passion et de rancoeur plus que d'amitié. Et subitement il s'arracha à son pucier de malheur et frappa d'un coup sec dans l'unique chaise. Quand son pied défonça l'armature fragile, il n'éprouva aucun soulagement. Son ami s'était bien gardé de le prévenir et pour cela il lui en voulait presque. Le gamin qui le guidait avait été clair, là dessus. Sans équivoque. L'homme qu'il affrontait répondait au nom d'Aedelrik. Le même qu'il avait récupéré la gueule dans la boue, le même qu'il avait tiré à la mort. Et en dépit de toute l'amitié qu'il pouvait nourrir pour le voleur, une rancoeur le gagnait, violente et nourrie par une main traître.

Particulièrement irritable, il déblaya les débris du petit tabouret d'un rapide mouvement de jambe avant de se baisser sur la même substance de genévrier qu'il avait déjà utilisé la dernière fois. Ses mains se noyèrent bien vite dans le limon noirâtre, avant de grimer un crâne sur le sien. Un crâne de suie.

Une deuxième fois, il se sépara de tout ses effets, avant de reproduire les peintures de guerre de son précédent affrontement. Puis, il enfila la même cotte que celle qui l'avait sauvé quelques jours plus tôt, qu'il recouvra encore une fois de son armure de cuir et de fourrure. Et quand il rembourra ses gantelets de fer forgé, il repensa aux coups qu'il avait pu porter à Aedelrik, quelques nuits auparavant. Ses dents grincèrent et ses jointures craquèrent, tuant le silence de mort. La porte s'ouvrit avec fracas, dévoilant le même gamin que la dernière fois. Ses lèvres s’étirèrent avant même qu'il n'ouvre la parole, et Lanre sût qu'il allait à nouveau le railler. Fronçant les sourcils, il s'approcha du gringalet sans ménagement. Sa main droite plongea pour saisir la courroie de cuir qui gainait son épée alors que le gosse attaquait  les sarcasmes « Allez danseu... — » Débuta-t-il, goguenard, avant que le Ceald ne passe devant lui sans un regard. L'adolescent ne finit jamais sa phrase, regardant passer l'homme qui ne lui accorda pas la moindre attention. Devant lui se dessinait le spectacle qu'il ne souhaitait donner.
*

L'acier qui les séparait ployait quelque peu, encore soumis à la force du Ceald. La lame se balançaient, paisiblement et le regard du voleur oscillait. Tantôt il cherchait celui de son ami, plus dur et plus froid que les arêtes de givre qui éventraient les navires du nord. Tantôt il revenait sur l'épée. Pendant un instant complet, les deux hommes ne bougèrent pas plus et si la foule avait retenu son souffle, un temps, elle commençait néanmoins à s'impatienter. Le rictus qui avait quitté le Goupil lui revint avec les premiers cris. Le Ceald sut qu'il était plus que temps de se mettre en route. D'un bond, il imposa une distance, qu'il savait toute relative, au vaurien. « Alors, l'ami, effrayé... ? » Siffla le renard, en regardant le rouquin reculer. Ses yeux brillaient de la même manière qu'auparavant quand il fit feu pour la première fois. Le couteau ricocha sur le bois et manqua de peu la jambe de l'étranger, qui grogna. Son adversaire ne s'arrêta pas en si bon chemin pour autant. Bien vite, les reflets d'aciers constellèrent l'estrade, le contraignant petit à petit à battre en retraite. D'ici peu, et le maraudeur le savait, le vide s'ouvrirait derrière lui. Sous ses pieds. Et si Aedelrik parvenait à le pousser jusque là, il aurait gagné.

Il ne l'acceptait pas.

Il ne le tolérait pas. Son museau se plissa, tandis qu'il fronçait les sourcils. Dans le creux de ses poings brûlait furieusement le brasier que son camarade avait su allumer. Le feu d'une colère hargneuse, portée par une irascibilité alimentée pas les griefs. Le visage maculé, brossant la gueule d'un homme par dessus la sienne, il chercha le regard d'Aedelrik, alors qu'inconsciemment sa posture changeait. Avant même qu'il ne le réalise, Lanre avait fléchi les genoux, courbé le dos, ramené les bras contre son torse. Ses lèvres retroussées laissaient voir les crocs qui traduisaient sa rage mieux qu'aucun mot, mieux qu'aucune épée. L'acier du resquilleur vola à nouveau mais il s'était déjà élancé. Un couteau de plus fila vers lui, sans l'atteindre. Au fur et à mesure qu'il progressait, il se souvenait dans quel était il avait récupéré l'homme qu'il affrontait. Agonisant, le visage dans la fange.  Il ne manquait de se rappeler quel jeu il lui avait fait jouer et dans lequel il le tirait aujourd'hui.

Lanre s'approchait trop pour que les couteaux de lancer continuent à être une alternative viable. Et même si Aedelrik avait noté que son ami avait délaissé la claymore, il préféra s'armer de la plus fidèle parmi ses compagnes. La bonne vieille masse de fer cloutée qu'il tira de sa ceinture lui pesait assez en main pour le rassurer.... Au moins en partie. Sans être inquiet, un certain stress s'était emparé de lui, comme avant chacun des combats qu'il avait du mener. A ceci près qu'usuellement, d'autres concubines que son gourdin l'aidaient à tenir. D'autres tentations qui s'avéraient aussi mortelles que son arme : elles avaient failli l'emporter. Sans les drogues qu'il affectionnait tant, il savait qu'il ne pourrait user de tout son attirail et sans celui-ci, il...

Il n'eut pas le temps de songer plus. Le Ceald arrivait sur lui. Aussitôt qu'il le sut à portée, il arma son bras, puis frappa de tranche. La masse siffla alors qu'elle grimpait à l'assaut du flanc de son adversaire. Mais le bras de Lanre arrêta le sien, ouvrant sa garde. Aedelrik grogna quand le poing du paria heurta son foie. Son souffle le fuyait. « Enfoiré ! » Lâcha-t-il soudainement, alors que le barbare reculait après son attaque.  Il se jeta sur son associé, cherchant à frapper à l'épaule. S'il parvenait à la molester suffisamment, il n'aurait plus à craindre un second uppercut de la sorte.

La masse fonçait sur lui à nouveau, quand le rouquin leva haut le bras. L'assaut porté sur son épaule dévia vers ses cotes, comme il l'attendait, et il s'avança succinctement, avant de refermer le bras sur celui d'Aedelrik. Maintenant son camarade prisonnier, il pivota pour le frapper du coude, conscient qu'il devait pour cela présenter son dos. Il savait le voleur roublard, mais savait aussi qu'il n'en profiterait pas. Pas après qu'il lui ai sauvé la vie.  Son articulation percuta la mâchoire dans un bruit sec et la douleur envahit tout son bras. Il grogna, avant de laisser passer un cri véritable. L'acier lécha sa peau, comme une langue de glace, avant de la percer. La lame s'enfonça et passa au dessus de son bassin avec une précision quasiment chirurgicale. Et s'il maintenait toujours le bras droit du vaurien, il sentit sa poigne perdre en intensité à mesure que ses bras ne lui semblaient plus lourds et ses doigts plus gourds. « Avance ! » Asséna son adversaire, avant de frapper une deuxième fois. Cette fois-ci, le pied d'Aedelrik trouva le creux de son genou, le forçant à se laisser tomber sur les rotules. Les mains du Ceald lui évitèrent de mordre la poussière, au sens premier du terme.

La sueur perlait sur son front. Son corps tout entier semblait souffrir de fièvre. Il haleta, incapable de penser, de réagir. La foule dans les gradins hurlait, sans doute. Il ne l'entendait pas. Ses oreilles bourdonnaient comme si le sang qui battait ses tempes s'improvisait tambour de guerre. L'air lui manquait. Cruellement. Il referma les poings. Ses ongles griffèrent le plancher, les muscles de ses bras se bombèrent alors qu'il luttait pour s'arracher au sol. Au fond de lui, il bouillonnait. Après s'être joué de lui, son camarade le poignardait. Une fois de plus, une fois de trop. Sa main glissa jusqu'à sa cuisse, lui servant d'appui, tandis qu'il se relevait tant bien que mal. Le sang courrait sur la fourrure comme la gnôle sur son menton.

« Allons, allons ! Ne me fais pas ces yeux-là ! » Le tança-t-il gaiement. Le Ceald peinait à tenir sur pied, mais ne cherchait pas à guerroyer pour la victoire ou la défaite. « On a quelques comptes à régler, toi et moi. » Fixant son vis-à-vis, il cracha à la fois sa colère et son mépris. « Bats toi. Comme un homme ! » Il alpaguait Aedelrik tout en se mettant en route, plus menaçant qu'il ne l'avait jamais été. Le ricanement de son ami-ennemi ne parvint pas à l'arrêter.

Le tire-laine murmura quelque chose qu'il ne put entendre, avant d'éclater une bille au sol. Tout un pan de l'arène disparût sous la fumée et Aedelrik avec. Lanre s'immobilisa, tendant l'oreille et pestant intérieurement contre la fourberie qu'il devait affronter. D'abord un poison dont il ignorait les effets sur le long terme, ensuite ça ?! Il ignorait de quels autres tours le brigand était maître mais savait qu'il n'aurait pas beaucoup plus d'occasions que celle qu'il avait laissé filé.

Le malin renard observa ce reître, qu'il venait de leurrer, le chercher des yeux sans le voir. Tapi dans la brume, il laissa sa main un peu moite glisser contre la hampe de sa masse, avant de s'avancer. Jouant de la cécité temporaire de son adversaire, il s'était glissé dans son dos une seconde fois et se précipita vers la nuque de Lanre. La masse s'éleva de nouveau, avec la grâce d'une dague déchirant un nuage de soie.

Les yeux fermés il sût comme inconsciemment d'où venait Aedelrik. Jouant des épaules, des jambes et de la force du voleur, le paria parvint à plaquer son dos contre le torse du maître-chanteur. Des deux mains il agrippa le bras qu'il avait fait passer entre sa gorge et son échine, puis se baissa subitement. L'élan qu'avait pris le trafiquant imprima au mouvement sa trajectoire. Le bois claqua sinistrement, en giflant le malfrat qui lâcha son arme. « Putain... — », murmura-t-il, tendant difficilement le bras vers la masse. Dardant le pauvre homme d'un regard gorgé de mépris, le sauvageon laissa faire. Les doigts de Foxclaw rongeaient lentement la distance qui les séparaient du gourdin de fer. Deux centimètres. Un centimètre. Quelques millimètres. Le talon du Ceald s’effondra, broyant phalanges et os.

De la pointe du pied, Lanre repoussa ensuite la masse. La matraque roula dans un bruit sourd jusqu'à ce qu'il se baisse pour la ramasser à son tour. En un moulinet ou deux, il échauffa son poignet, alors que les vapeurs se levaient tout juste. « Viens par ici... » Souffla-t-il, alerte. Où que se pose son regard, il ne rencontrait que le bois usé de la scène. Sa hanche le lançait de plus en plus. Il grinça des dents quand la sueur commença à poisser ses tempes, quand ses oreilles bourdonnèrent à nouveau. Sa vue se troublait. « Montre-toi ! » Hurla-t-il alors, véhément. Le voleur avait disparu et cela ne présageait rien de bon. Tireur comme il le connaissait, il regretta de n'avoir pu se munir d'une targe de fer et de bois.

Le trait frôla sa jambe, avant de se ficher près d'un mètre derrière lui. Le regard de Lanre avait suivi sa course jusqu'à sa chute, tout près de son épée, toujours plantée dans le bois. Un demi-sourire étira ses lèvres sous le masque d'ébène qu'il portait. Prestement, il regagna sa propre lame, puis chercha Aedelrik du regard. Un nouveau trait le manqua de peu. Trop peu. Saisissant le maillet  à deux mains, il frappa le bois de toute ses forces. Une fois. Deux fois. La fissure grandissait vite, mais il craignait que d'autres projectiles ne viennent le cueillir. Une troisième flèche le manqua et il grogna. Le voleur n'avait jamais été si mauvais. Jamais. Il frappa une fois encore, sans s'interroger sur le plan que devait avoir son ennemi. Et la planche céda.

Le maître-chanteur avait crié. De douleur, d'abord. De rage ensuite. Ses doigts brisés et meurtris n'en serraient pas moins la corde l'arc court qu'il avait pris soin d'emporter, en prévision d'un autre combat. Il était bon tireur. Excellent, même. Mais la main que lui avait laissé le Ceald ne lui permettait plus de tirer plus vite que son ombre et il peinait à ramener empennage aussi loin qu'il aurait du. Ses tirs ne manquaient pas de rigueur : ils manquaient d'une puissance et d'une ardeur que le barbare lui avait volé en même temps que son pied n'avait pris ses doigts. Aedelrik encocha une quatrième flèche, priant pour que le poison qui imbibait sa lame et courrait dans les veines du paria fasse effet au plus vite. S'il parvenait à jouer sur le temps, il pouvait encore s'en sortir. Mieux. Il pouvait gagner.

À l'inverse des débutants, il ne ferma pas d'oeil en ajustant son tir. L'étranger ne l'avait pas vu, et il rendit grâce une fois de plus au poison qui enduisait toutes ses lames. Ramenant sa main mutilée aussi près de sa joue qu'il n'y arrivait, il inspira et retint sa respiration. Sa cible avait cessé de bouger depuis un moment déjà, s'acharnant sur le sol sans raison et il avait bon espoir de ne pas la manquer à nouveau. Dans un râle sordide, il décocha un trait de plus.

Lanre arracha le pan de planche qu'il avait su fracturé et le plaça devant lui, aussi soudainement que subitement. Le trait d'Aedelrick s'y ficha, perforant ce bouclier improvisé à peine plus grand que son avant bras et large comme deux fois ses cuisses. L'acier lui caressait le nez quand il remercia les Wyrms de l'avoir épargné ce jour. Empoignant le morceau de bois à deux mains, il s'arracha une fois de plus au sol, quittant la position accroupie qui lui avait sauvé la vie. « Va-tu cesser de te cacher ?! » Vociféra le rouquin, cherchant encore et toujours son adversaire. Sur son front se dessinaient les rides du lion tandis que l'océan déchainé qui battait ses pupilles parcourait l'ensemble du Colisée souterrain qui l'avait déjà vu triompher de Robert. Jusqu'à croiser le regard d'Aedelrik. Ses phalanges blanchirent quand sa poigne se referma un peu plus sur le bois rance alors qu'il chargeait.

Aedelrik releva les yeux, soudainement, avant de reporter son regard sur la bombe qu'il tentait tant bien que mal de mettre à feu. Le briquet ne voulait pas partir. Le briquet ne voulait pas partir ! La peste soient ces outils de malheurs incapables de fonctionner quand il en avait le plus besoin ! Ses doigts le faisaient souffrir et ne parvenaient pas à allumer le feu. A chaque seconde qu'il perdait, le Ceald s'approchait un peu plus. Et à chacun des pas qu'il faisait, il progressait vers la victoire. « Bordel de merde ! » Cracha-t-il, en proie à une panique qu'il avait cessé de connaître quand il avait commencé à se droguer. Son corps avait mené son âme aux portes de l'enfer trop tôt encore pour qu'il ai pu s'offrir ce luxe cette fois-ci. Ses mains tremblaient quand la flamme prit enfin. Et au fond de ses yeux, une lueur s'illumina de nouveau. Tout n'était pas perdu. Jonglant brièvement avec la bourse emplie de poudre noire, il la lança sur le paria. L'explosion promettait un joli feu d'artifice.

La grenade rebondit contre le pavois artisanal du Ceald avant d'exploser. Tout sembla s'arrêter, l'espace d'un instant. Le souffle arracha le rouquin au sol qui décolla, projeté en arrière. La détonation, violente, avait eu lieu à quelques centimètres seulement de son crâne tout juste protégé par une planche de bois malmené par les âges et l'humidité. Une véritable déflagration l'assaillit quelques secondes seulement, mais suffisamment longtemps pour le jeter au sol et lui arracher  masse comme écu, qu'il avait eu tant de mal à récupérer. Son visage épousa le sol bancal du colisée enterré. L'estrade percuta son torse avec une rare violence. La charge qu'avait employé le voleur n'avait rien de mortelle, mais elle assommait un homme sans mal.

C'est douloureusement qu'il parvint à se hisser sur ses quatre pattes. Le sang grimait sa gueule comme un masque mortuaire venant se superposer au crâne de charbon qu'il portait. Lanre fut secoué par une quinte de toux, avant de cracher carmin. Dans son dos, le maître-chanteur hurla une syllabe dont il ignorait la signification. « FYR ! » S'époumonait-il, lui qui de toute évidence pouvait encore respirer. « Fermes ta putain de gueule... — » Glissa-t-il, en proie à une colère plus forte encore qu'au début de l'affrontement. Son poing monta jusqu'à ses lèvres maculées d'un cramoisi saisissant. La fourrure vint essuyer le bas de son faciès et, chancelant, il se redressa. Les couleurs lui semblaient plus vives, tandis que les sons devenaient plus intenses. Et encore une fois, le voleur fuyait. Il ne put réprimer un rire nerveux.

Il ne pouvait prétendre haïr les ennemis invisibles : lui même l'avait été. Il savait pertinemment qu'harceler un ennemi de la sorte était la meilleure façon de l'abattre. Et pourtant, il n'en détestait pas moins la magie qu'Aedelrik avait mis en place. « Cesse d'avoir peur de la vie.. — » Siffla-t-il, la respiration encore  ardue. Loin d'une provocation, il crachait pour lui ce qu'il souhaitait voir changer chez son ami. S'accroupissant pour pouvoir mieux se cacher derrière un pavois de bois désormais roussi, éventré et réduit de moitié, il resta immobile. Sa main grimpa toutefois sur sur l'un des rebords déchiré du bouclier. Il força dessus jusqu'à ce que le sang inonde doucement sa paume. Il ferma le poing. D'un cri, il exhorta son adversaire à le rejoindre, mais Aedelrik ne se montra pas. Pour autant, pour avoir vu Blanche user de tels artifices il savait qu'ils étaient limités dans le temps. La chasse lui avait appris à guetter, si longuement qu'il le faudrait.

Un énième couteau fusa dans sa direction. D'instinct, Lanre jeta son bras et ouvrit le poing. La gerbe de sang qu'il avait gardé entre ses doigts s'envola, à l'image d'une colombe vermeil. Et s'il crût d'abord manquer sa cible, il ne lui fallut que peu de temps pour cesser de s'ébahir. Son sang volait. Littéralement. « Alors tu es là.. » Murmura-t-il en se levant brusquement. En deux bonds il avait rejoint son ami invisible, de toute évidence trop surpris pour réagir. La planche se brisa sur toute sa longueur quand elle percuta son crâne.

Aedelrik ne chancela pas. Il ne tituba pas. Il vacilla comme la flamme mourante d'une bougie en fin de vie. Le bois cogna sa tempe avant d'emboutir son arcade gauche. Le sang marqua son visage alors que la planche du Ceald le giflait mieux qu'aucune femme ne l'aurait jamais fait. Il sentit à peine son équilibre lui faire défaut, tant le mal inondait sa figure. Avant qu'il ne comprenne qu'un nouvel assaut se préparait, l'arme de l'exilé enfonçait son plexus, coupant brutalement sa respiration. Il trébucha, tombant à genoux en reculant, tandis que Lanre se débarrassait rageusement de son arme. Le voleur craignait le voile qui, doucement, recouvrait ses yeux. Les doigts qu'il avait conservé indemnes cherchaient désespérément à s'accrocher sur un sol devenu bien trop lisse. Le monde autour de lui s'effaçait et il ne pouvait que constater son impuissance.

Les mains du fou furieux qui s'en prenait à lui le soulevèrent et le forcèrent à se tenir droit, sur ses pieds. Un front devenu tâche de couleur indiscernable s'avança droit sur lui. Sa pommette se brisa. Il ne retint pas ses gémissements. « A te cacher et à fuir tu en oublies de vivre, Voleur. » Fulmina le Ceald, avant de le pousser en arrière, non sans le maintenir encore. Aedelrik ne sentait déjà plus le gouffre qui s'ouvrait derrière lui. « Sans rancune, hein ? » Cracha l'homme qui le gardait suspendu. Il l'entendait à peine. La foule en liesse hurlait à l'affrontement entre deux frères et que le barbare commençait seulement à s'apaiser. Sur Aedelrik tombait la nuit, noire de charbon. Noire de suie.


Aedelrik


Inventaire

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(vide)

« Le théâtre est une tribune. Le théâtre est une chaire.
Le théâtre parle fort et parle haut »


- Plus que quelques minutes, les rouquines !

Aedelrik jeta un regard froid vers le jeune garçon au sourire narquois, qui disparu aussitôt, laissant le voleur retourner à son ouvrage. Quelques minutes avant le début du combat... Autant dire à peine un instant. Avec précaution, il tira un charbon chaud des braises en déclin, et commença à maculer ses mains de suie noire. Derrière lui, il entendait Lanre faire du tri dans un râtelier d'armes. Les deux hommes ne se parlaient pas depuis plusieurs minutes, non pas par froideur mais parce que leur préparation exigeait d'eux un soin particulier qu'une discussion frivole aurait risqué de perturber.
Pendant un assez long moment, Aedelrik avait observé son ami appliquer des pigments sur son corps, formant des symboles étranges, sans doute une tradition ancestrale. Au dessus de ces bizarreries, le Ceald porterait une cotte de maille surmontée d'une armure de cuir, typique du pays d'où il venait. Au final, le Renard connaissait très peu le peuple de Lanre et notamment sa manière de se battre. Heureusement, le Renard se moquait bien de cela en cet instant. Oh, son esprit était toujours curieux d'en apprendre plus, mais pour ce jour là, la technique guerrière de l'autre rouquin ne comptait pas. Pas pour ce qu'ils avaient prévu.

Ses mains à présent totalement sombres, en une couche unie visant à les empêcher de transpirer, Aedelrik enfila ses gantelets d'acier, se redressa sur son siège et rabattit sa capuche devant lui. La douleur de son bras à peine cicatrisé se réveilla, et il eut une soudaine envie de fumer, pour l'apaiser. Néanmoins, il refréna la tentation, fermement. La drogue pouvait l'aider pour un combat classique mais pour ce qu'il s'apprêtait à faire... Elle ne ferait que lui embrouiller l'esprit. Légèrement tendu par le manque, il se leva et se pencha au dessus d'une bassine d'eau qui traînait sur une table. Son reflet lui tira un sourire de satisfaction. A la surface de l'eau, un autre semblait lui rendre son regard. Une figure digne d'un conte, rasée de prés, dotée de traits avantageux, d'une chevelure rousse soyeuse et au crâne recouvert par une peau de loup rendant le tout intimidant. Mais soudain, le plastron du Renard se décrocha et vint percuter la bassine, troublant l'eau à l'intérieur. Un juron échappa à Aedelrik, attirant aussitôt l'attention de Lanre, qui approcha avec un sourire.


- Tu n'as vraiment pas l'habitude d'enfiler une armure pareille.

Une fine observation, aussi réelle que vexante. Cela se voyait donc tant que ça ? Aedelrik grommela en réponse, peu fier d'avoir besoin de l'aide de celui qu'il était sensé affronter dans quelques minutes. Son ami s'affaira et aussitôt, le voleur sentit le plastron revenir en place et l'enserrer fortement en dessous des épaules. Un contact de l'acier avec sa blessure du combat contre Swann lui arracha une grimace. Ainsi engoncé dans une caisse d'acier, il perdait presque complètement son assurance et son air arrogant. Mais c'était une nécessité à laquelle il ne pouvait alors se soustraire. Sa main glissa vers la poignée de sa masse en fer, toujours accrochée à sa ceinture. Avec un soupir, il la détacha et la posa. Elle n'allait pas avec le rôle qu'il s'était choisi. Lanre fit jouer l'épaulière, vérifiant l'articulation des pièces d'acier, avant de venir inspecter le gant droit. Lui faisant face, Aedelrik remarqua la mine soucieuse du Ceald, comme si il se sentait un besoin honteux de parler. Finalement, il s'approcha de l'oreille du Renard et lui glissa, à voix basse,

- Sûr de toi, mon ami ?
- Plus que jamais. Tu as bien serré la deuxième sangle ? J'ai l'impression que c'est un peu lâche.
- Je ne comprends pas bien... l'intérêt du déguisement.
- Pas un déguisement, un costume.
- Comme tu veux, ça n'en est pas plus clair.

Le Renard lança à son associé un regard d'où perçait sa propre incompréhension. Il pensait pourtant avoir correctement expliqué. Le reste n'était qu'évidence, mais Lanre restait perplexe. Il prit une seconde pour choisir les bons mots, attentif au fait que le Ceald maîtrisait toujours moins la langue Hylienne que lui,

Pourtant c'est simple. Aedelrik l'étranger s'est fait écraser au premier tour, et par une bonne femme en plus. J'ai eu beau être sauvé sur le fil, j'ai subit ma pire humiliation depuis longtemps. Tu crois peut être que le public va m'accueillir à bras ouverts ?
Ils t'ont choisit pour revenir...
Ils veulent me revoir perdre, pouvoir se moquer doublement de moi, me jeter des tomates comme ils n'avaient pu le faire la première fois. Si Aedelrik revient sur cette scène, il sera hué et j'aurais perdu toute chance de voir mes projets se réaliser. Cela ne peut arriver. Donc, je ne serais pas Aedelrik, ni l'étranger à l'accent bizarre. Je serais un autre, et ce costume est là pour m'aider à le leur faire croire.


Lanre haussa les épaules, une expression moyennement approbatrice sur le visage. Il ne semblait pas pleinement convaincu par de tels arguments. Il s'écarta du voleur, les mains sur les hanches, contemplant son œuvre, guettant le moindre défaut. Sans doute aussi constatait-il la différence entre l'aspect ordinaire d'Aedelrik, et celui qu'il revêtait pour cette occasion. Enfin, son jugement tomba,

- Bizarre, de vouloir être quelqu'un d'autre que soi, surtout pour se battre.
- L'important n'est pas de gagner et tu le sais très bien. Lanre, ce qui compte vraiment c'est d'emporter les cœurs. Si le coup marche comme prévu, c'est tout bénef : moi, ils m'adoreront, et toi tu passeras en finale où tu pourras gagner ce tournoi. De la renommée pour nous deux et de l'argent en plus pour toi. Chacun y gagne. Enfin, si tout se passe bien... Ca fait longtemps que je n'ai plus joué à l'acteur...
- Et si tu n'en es plus capable ?
- Dis tout de suite que tu ne me fais pas confiance
- J'ai du mal. Un œil aiguisé verra que tu simules, et on aura du mal à faire avaler le tout au public. Tu ne peux pas juste te coucher après avoir fini ton numéro.
- Ne t'en fais pas, frère. Faire illusion est ma spécialité.
- Je ne sais pas...

Lanre se retourna, le dos voûté. Visiblement, la perspective que le coup soit découvert l'angoissait, assez pour qu'il remette en question plusieurs jours d'organisations Il refusait de devoir abandonner ainsi. Lentement, il approcha du Ceald.

- J'ai entendu tout ce que vous avez dit. Je regrette, mais votre combat n'aura pas lieu.

La voix, inconnue des oreilles de Lanre le fit se retourner, une boule de peur au ventre, pour se retrouver nez à nez à Aedelrik, qui le fixait d'un air grave, un air qu'il ne lui connaissait pas. Ses traits étaient tendus d'une manière à en faire un visage différent. Sous sa peau de loup, il apparaissait comme un autre homme. Nulle magie ou étrangeté là dedans, mais un savoir faire d'acteur longtemps exercé, au fil des années, jusqu'à presque devenir un maître. Aussi vite qu'il était devenu quelqu'un d'autre, le Renard revint. Son sourire narquois, ses fines rides habituelles autour de ses yeux. Sa voix reprit son léger accent. Il posa alors une main sur l'épaule de Lanre.

- Tu me crois maintenant ?

L'air contrit mais plus rassuré, le Ceald opina du chef. Alors, une trompe résonna dans l'arène, à travers la grille qui les en séparait. Aedelrik se rendit alors rapidement jusqu'à la table où étaient étalées ses affaires, boucla sa ceinture couvertes de diverses bourses en cuir autour de sa taille, y noua également son habituelle étoffe rouge et enfin, s'empara d'une épée qu'il avait déjà remarqué, sur un râtelier. A une main, assez longue, et en bon acier. Pas une arme de noble, l'accessoire parfait pour son rôle. En un dernier regard, il considéra satisfait son apparence. Sans être bardé de métal comme le combattant Robert, il était mieux protégé que d'ordinaire, avec une armure de plaques légères dont il avait retiré la côte de mailles en dessous. Après tout, seul ce qui se voyait comptait, le reste n'était qu'encombrement. Par dessus son plastron, sur un tabard blanc était représenté l'oiseau Hylien volant au dessus d'un loup, de même que sur son bouclier, qu'il récupéra de contre un mur. Ce symbole peint, aucun des spectateurs ne pourrait ignorer. Il vint se placer à côté de Lanre. Ce dernier l'observa un instant et remarqua aussitôt,

- Tu trembles.
- C'est le trac. Je sais gérer ça. Fais moi confiance.
- … Qui seras tu une fois dans l'arène ?
- Un héros qu'ils connaissent forcément, et que l'enfant en eux adore toujours.

La trompe résonna à nouveau, et avec elle, le tonnerre de la clameur du public envahit le lieu. Lentement, comme si le temps suspendait presque son vol, la herse s'éleva.

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A l'instant où Aedelrik vint dans la lumière, devançant son ami, il ne tremblait pas. Sa démarche était celle d'un chevalier lumineux, fier et volontaire. Et pour cause, le voleur n'en était plus un : il avait laissé sa place à son rôle. Celui du héros d'un conte populaire, que beaucoup de mères avaient déjà récité à leurs enfants pour les endormir. Une histoire simple, mais belle, avec des gentils vêtus de blanc et des méchants parés de noir. Ce rôle, c'était celui du Chevalier des Chemins, un héros qui avait vu un démon massacrer sa famille sous la forme d'un mercenaire sauvage. Dépouillé de ses biens, il était tombé dans la misère, pour finalement retrouver la voie de la lumière sous l'inspiration de Nayru, et reprendre sa place. Simple, peut être un peu trop, mais le récit était connu de tous. Et quoi de mieux qu'un classique pour toucher les cœurs ?
Tandis qu'il avançait sur le pont qui menait à l'arène, pour la deuxième fois, Aedelrik s'efforçait de faire le vide en lui. Au fond, il ne parvenait pas à croire complètement en son idée. Son expérience dans les arènes de son pays lui donnait un savoir faire, autant pour le théâtre que pour le combat spectaculaire, mais il ignorait si les hyliens seraient réceptifs, si ils allaient entrer dans son jeu. Néanmoins, la peur n'était plus acceptable à présent qu'il se tenait sous tous les regards. Il continua d'avancer la tête haute, sans peur ni honte. Les clameurs avaient laissé place aux murmures  surmontés de quelques cris. Comme prévu, la surprise et l'incrédulité semblait dominer. Les prochaines minutes allaient déterminer ce que le public lui enverrait : de la gloire, ou du ridicule.

Aedelrik et Lanre se placèrent chacun à un bout de l'arène. Aucun ne fit de geste vers l'autre, comme prévu à l'avance. Tous deux étaient déjà dans leur rôle. Car si le Renard était le personnage principal, son ami se devait, lui d'endosser la peau du méchant. Le démon brutal, que la lumière devait terrasser... Sauf que le final serait différent cette fois.
Les deux épées, banale pour Aedelrik, grande claymore pour Lanre, fut tirée dans un même mouvement. Dans la loge d'honneur, un homme se leva et fit sonner la cloche. Le combat débutait.


« Peuple d'Hyrule, écoutez ma voix,
Car présentement, je ne peux rester coi ! »


La voix du chevalier avait résonné, forte, dans toute l'arène, et le public s'était majoritairement tut. Quelques balourds hurlaient aux deux roux de combattre mais la plupart des spectateurs semblait suffisamment intrigués et curieux pour accepter de faire silence. Le regard d'Aedelrik parcouru les premiers rangs des gradins, comme si son personnage y cherchait un soutient, un visage familier. Et de fait, le renard y guettait des traits fins et juvéniles afin de pouvoir s'adresser au meilleur public qu'un acteur peut espérer : les enfants. Tout au théâtre était affaire de crédulité. Et si les adultes mettaient du temps à accepter de croire aux histoires qu'on leur racontait, les enfants plongeaient dans les récits comme dans des flaques de boues en Automne. Ayant repéré plusieurs bouilles aux joues rondes, il s'adressa spécialement à eux.

« En effet, je ne peux garder le silence,
Tandis que se retrouve devant mes yeux,
L'homme qui m'a pris ma descendance,
Et réduit en cendre le foyer de mes aïeux ! »


Presque aucune réaction apparente dans le public. Les spectateurs adultes soupiraient même, mais Aedelrik ne cessait pas d'y croire, car il lui suffisait de voir l'expression concentrée des quelques enfants qu'il avait commencé à toucher pour savoir qu'il tenait le bon bout. Afin de chasser les derniers doutes que d'aucuns pourraient garder quand à la pièce qu'il jouait, il leva son bouclier, brandissant le symbole du conte comme un étendard.

« Croyez moi, quand à ce que je prétends,
Je ne peux plus le cacher ni me travestir,
Ceci est est mon titre, ceci est mon sang,
Car je n'usurpe rien et ne saurait mentir
Je ne suis d'autre que le chevalier blanc,
Cette bête immonde, je m'en vais l'occire ! »


Cette fois, les enfants le suivirent pour de bon, et de frêles cris retentirent. Plusieurs autres, plus âgés les imitèrent, ouvertement moqués par leurs voisins. Le renard sut qu'il devait entrer dans le vif du sujet ou perdre cet entrain naissant. Cognant son épée contre son bouclier, il donna ainsi le signal à Lanre, et les deux amis s'approchèrent l'un de l'autre. La clameur du public avait reprit, car même les plus insensibles au jeu d'Aedelrik se satisfaisaient de voir enfin l'action qu'on leur avait promis.
Arrivés à distance de corps à corps, ils commencèrent à tourner l'un autour de l'autre. Soudain, le chevalier fit une brusque embardée, sur la droite de Lanre, ce que ce dernier reconnu aussitôt comme le premier pas de leur danse. Sa lame le para aisément, car le coup envoyé contre lui était trop lent pour le menacer réellement, mais l'impact produisit un grand choc sonore, qui fit son effet dans le public. Aussitôt, Aedelrik enchaîna avec quelques moulinets, chaque fois plus rapides mais toujours aussi inoffensifs. Enfin, il chargea vivement son ami et plaqua sa lame contre la sienne. Les deux combattants équilibraient leurs forces afin de faire croire à un accrochage plein de tension, mais finalement, le chevalier l'emporta comme prévu, et Lanre se jeta en arrière. Un peu gros, mais les plus naïfs commençaient à y croire et d'autres, à se laisser aller au jeu, consciemment ou non.


« Je n'ai que trop retardé ma vengeance.
Contre ce noir démon venu des enfers,
Pour les crimes qu'a commis cette engeance,
Je me dois de le passer par le fer ! »


Cette fois, un certain nombre de vivats lui répondirent. Plus seulement les enfants, mais également leurs mères, et d'autres qui se fondaient d'ordinaire dans la masse. Aedelrik excitait leur enthousiasme, brandissant son épée, poussant des cris guerriers. Une attitude peu chevaleresque, mais justement, ce personnage là venait du peuple, et c'était ça qui le rendait attachant aux yeux de tous. Jusque là, tout semblait aller pour le mieux... Excepté le regard d'un des maîtres du tournoi que le Renard croisa, et qui le glaça sur le coup. Lui n'y croyait pas, et il semblait prêt à révéler la supercherie. Si les deux amis continuaient ainsi, ils risquaient de tout perdre. Aedelrik eut un regard pour Lanre, qui s'était relevait et l'attendait avec un visage faussement mauvais. Évidemment, il ne pouvait lui passer le message... Il ne restait qu'à espérer que le Ceald comprenne.
Ils revinrent à distance de combat. Le chevalier se souvenait de ce qu'ils avaient prévu mais le regard inquisiteur du maître l'empêchait à présent d'agir selon leurs plans. Il fallait que ce combat fasse illusion.


Aedelrik se jeta alors sur le flanc de Lanre, contrairement à tout ce qu'ils avaient prévu. Ce dernier, surpris, réagit tardivement, et ne bloqua que maladroitement le coup de tranche de son ami, qui vint percuter violemment la claymore. Profitant de ce trouble, le Renard poursuivit sa course et jeta un violent assaut dans le bas du dos du Ceald, avec le pommeau arrondit de son arme. La puissance du choc, mal amortie lui tira un hoquet de douleur et il ne put empêcher Aedelrik de lui projeter sa jambe dans l'arrière du genou, le faisant chuter à moitié.

« Et bien, te voilà bien moins fier,
Toi qui pillait, brûlait toute... »


Il n'eut pas le temps de finir sa réplique. Le poing de Lanre venait de le percuter en plein visage, alors qu'il n'y faisait plus attention. Aedelrik eut un instant d'incrédulité, et il ne se retint qu'au dernier instant d'intimer au Ceald de le laisser jouer, puis il vit le regard de ce dernier. Lanre n'avait pas saisi son geste, et il semblait outré, en proie à une colère que son ami ne lui connaissait pas.  Cependant, la vérité ne peut pas apparaître nue sur une scène de théâtre, et le renard ne pouvait donc pas s'expliquer maintenant. Il lui fallait trouver une occasion, un instant propice.
Cette idée en tête, Aedelrik revint pleinement dans son rôle et reprit sa garde. Lanre s'élança alors, son immense épée fauchant l'air en direction de sa tête. D'instinct, le chevalier leva son bouclier, masquant de fait le Ceald à ses yeux. L'erreur était grossière, mais prévisible étant donné son manque d'expérience au combat en armure. Comme on pouvait s'y attendre, cela n'échappa pas à Lanre, qui interrompit alors son coup, tandis que sa main venait saisir le bouclier. Avec fureur, il l'écarta et frappa de son poing ganté sous l'aisselle d'Aedelrik, là où une lame du Cygne Noir avait laissé une plaie encore vive. La douleur explosa dans tout le bras et toute l'épaule du Renard,  qui manqua de chuter sous l'impact. Mais le Ceald le maintint et lui envoya un féroce coup de front qui le percuta au niveau du nez et de l'arcade. Enfin, il le faucha d'une de ses jambes et l'envoya au sol.

Dans un silence tendu, Aedelrik se redressa. Il parcouru des yeux la salle. Les spectateurs étaient à présent stoïque, et il lisait du mépris chez un grand nombre d'entre eux. Si un chevalier pouvait prendre pareille rouste, il ne valait pas qu'on le soutienne. Et même, pire que tout, le Renard vit sur le visage d'un enfant une intense et sincère déception. Son cœur en fut brusquement serré, comme écrasé entre deux pierres. Son regard se posa sur Lanre, qui semblait toujours parcouru par la même colère. Difficilement, le chevalier se redressa, s'appuyant sur son épée. Soudain, une tomate percuta son épaulière, éclatant sur le coup, son jus répandu sur le métal et la joue de l'acteur. Aedelrik cligna des yeux et regarda le déchet chuter sur le sol. Le fruit rouge écrasé lui fit l'effet d'une claque. Jamais on ne lui avait fait cet affront. Et bien, puisqu'ils voulaient un vrai combat, ils allaient en avoir.

Aedelrik glissa son bras dans les sangles de son bouclier et s'empara de son épée à deux mains, tremblante sous une rage nouvelle. Comme toujours, Lanre gardait le silence. Il n'aimait pas parler, jamais. C'était pas leur truc, aux sauvages, d'agir comme des gens civilisés ! Le théâtre, la poésie, la parole, ils n'y connaissaient rien. Comme de la lumière sur un miroir, la colère que lui assénait Lanre lui était renvoyée avec la même force par Aedelrik. Les deux hommes retournèrent au contact, et le chevalier fonça.


« Démon, fuis ou meurs par ma main ! »

Il avait hurlé, comme jamais depuis le début de ce combat. Sans compter sur une technique qu'il ne possédait de toute façon pas, le chevalier chargea sans finesse, prêt à donner un violent coup de taille à la force de ses bras. Mais lorsqu'il parvint à la distance nécessaire, la lame de Lanre vint pour le contrer. Alors, il mis à profit la meilleure maniabilité de son épée, plus courte et fit un grand moulinet afin de changer d'angle sans perdre son élan. Le Ceald ramena sa longue lame... Trop longue, trop lourde, trop tard. Le coup de tranche le faucha au niveau du flanc, perçant le cuir, appuyant fortement sur la cote de mailles. Sans perdre de temps, Aedelrik lui décocha un violent crochet du droit mais, devant la menace de sa claymore, qui lui frôla le bras, il s'esquiva en arrière.

Un peu de sang semblait percer à travers les mailles, sur le flanc de Lanre. La foule, elle, commençait à se laisser emporter. Le coup d'éclat de son chevalier avait relancé les premiers enthousiastes et en avait conquit d'autres. Comme si il avait juste fallu accepter de ne plus faire semblant pour que tous acceptent d'y croire. Et finalement, mêmes les deux amis y croyaient, Aedelrik plus que jamais. Un sourire plein de joie aux lèvres, il répondait de sa forte voix aux acclamations tout en ne perdant pas de vue son adversaire. Il n'aurait pas cru prendre autant de plaisir à malmener son compagnon, mais en vérité, chacun de ses coups était chargé de la rancune et la frustration qu'il conservait envers lui depuis cette fameuse nuit où le Ceald l'avait privé du repos tant désiré. Lanre l'avait voulu vivant ? Il allait comprendre ce que cela signifiait vraiment.


« Tu en as assez ? Ne t'en fais pas, je vais te montrer la sortie ! »

Aedelrik n'était plus simplement le chevalier, il mettait de lui même au personnage, sans vraiment en sortir. C'était une nouvelle composition, une improvisation comme il les aimait. La réplique provoqua de nouveaux vivats, et cela lui donna envie d'en jouer. La poignée de cuir de son épée fermement maintenue une de ses mains, il arracha de sa taille son étoffe rouge et, à la manière de ce qui se faisait dans certaines arènes avec des taureaux, l'agita devant Lanre, tout en lui déclarant,

« Viens donc, si tu as de quoi dans tes chausses ! »

Le visage du Ceald s'empourpra, et il fonça en avant, son épée en position d'estoc. Aedelrik le fixa, évalua sa vitesse, la distance et... d'un bond, il s'esquiva sur le côté, au dernière moment. Rendu peu agile par son armure de plaques, il se retrouva un genoux en terre. Aussitôt, Lanre revint à la charge, son épée au dessus de lui. Le chevalier eut à peine le temps de lever son bouclier au dessus de lui que la claymore s'abattait, à répétition, sans s'arrêter. Le bras d'Aedelrik souffrait à chaque nouveau coup, et il ne pouvait empêcher son adversaire d'enfoncer un peu plus sa défense au fur et à mesure. Alors, il déposa son épée sur le sol, glissa sa main en dessous de son plastron, et pria le premier dieu qui lui passa par l'esprit : Faites que cela marche. Un nouveau coup s'abattit et l'arme se releva pour asséner le deuxième. Alors, le Renard redevint ce qu'il était. Écartant son bouclier, il prononça d'une voix forte,

« Skor ! Que la lumière te terrasse ! »

La rune jaillit, et une immense lumière avec elle. Le flash frappa les spectateurs, mais surtout Lanre qui tituba en arrière, ses yeux aveuglés. Aedelrik se redressa alors, son épée à la main, sauvé par une astuce de théâtre. La foule explosa d'une clameur assourdissante, mais que le chevalier n'entendait presque pas. Seul comptait de mettre à bas le démon et d'en finir avec sa vindicte. Dans un cri vengeur, il se précipita sur le Ceald, le harcelant de sa lame. Rendu maladroit par l'aveuglement, ce dernier ne parvenait pas à parer efficacement et il laissa plusieurs touches au Renard, qui le fit finalement chuter, d'un brusque choc de son bouclier.

« Vengeance ! Justice ! »

Son cri fut largement reprit par le public qui était définitivement transporté, du plus naïf au plus incrédule. Les visages rayonnaient et même le maître s'autorisait un léger sourire en coin, satisfait. Aedelrik, extatique mais le souffle court, savourait sa victoire lorsqu'il se sentit chuter lui même.
Lanre venait de le plaquer au sol en enserrant ses deux jambes d'acier pour lui faire perdre l'équilibre. Engoncé dans sa cage d'acier, Aedelrik vit impuissant le sol venir à sa rencontre et le percuter lourdement. Avant même qu'il n'ait pu tenté de se retourner, Lanre vint se poser sur son plastron pour l'écraser de son poids. Il affichait expression inquiétante, que le Renard ne lui connaissait pas, et qui fit naître chez lui une profonde angoisse ; le Ceald perdait de vue que tout cela n'était qu'un jeu. La colère était en train de le faire dérailler.
Sa voix grave était pleine de colère lorsqu'il demanda,


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« Alors on veut jouer au ser ? »

Son poing s'abattit violemment sur le visage d'Aedelrik. Puis, ce fut sa blessure à l'aisselle, et le Renard ne put retenir un cri de douleur. Lanre continua en pressant sa main droite contre le bras encore mutilé du chevalier, tandis que son autre main continuait à le frapper au visage.
Aedelrik ne parvenait pas à réagir, pétrifié par ce déchaînement de violence. Au fond de lui, il ne comprenait pas comment lui et Lanre en étaient arrivés là. De bon camarade, le Ceald en était arrivé à lui infliger des douleurs digne d'un ennemi profondément haït. Son esprit ne comprenait pas. Que lui avait il donc fait pour qu'il lui en veuille à ce point ? Et puis il comprit. C'était parce qu'ils étaient amis que Lanre n'avait pas supporté son revirement inattendu. Parce qu'il lui faisait confiance qu'il s'était senti trahi et qu'il en tirait une telle colère. Le Renard se senti d'un coup aussi misérable que du purin, aussi pitoyable que le dernier des lâches. Lanre avait raison de le frapper ainsi, il le méritait. Mais dans un tournoi pareil, la justice ne comptait pas, elle n'avait même rien à y faire. Il n'était pas prêt à laisser la colère de son ami gagner, ni à perdre son amitié. Il y aurait un autre temps pour les explications, les justifications, et sans doute les excuses. En cet instant, il fallait l'arrêter pour que demain, leur camaraderie ait une chance d'avoir survécu.


« Pardonne moi, Feldr. »

Lanre fut stoppé net, en entendant le mot 'ami' prononcé dans sa langue. Ce fut l'instant de calme dans la tempête dont Aedelrik avait besoin. Son gant se glissa dans une de ses bourses, accrochée à sa ceinture et en tira une boule soporifique, qu'il brisa dans son poing. Aussitôt, il plaqua sa main sur le visage du Ceald, qui ne réagit pas à temps. La mixture était trop efficace et elle agissait trop vite. Avant même de l'avoir vraiment compris, la conscience de Lanre dériva en direction du sommeil, et un crochet du poing droit l'envoya au tapis. Il chuta, lourdement, sur le côté, et poussa un soupire endormi.
Aedelrik se releva, péniblement, le visage en sang, la douleur irradiant dans tout son torse et son bras. Un silence de mort régnait sur l'arène. Il ferma les yeux, huma la saveur de sa victoire et s'autorisa enfin à sourire. Son bras s'éleva alors et il hurla,

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« NAYRU VICTORIEUSE ! »

Le public entière lui répondit, d'un immense rugissement jaillissant de mille gorges. Chaque spectateur levait son bras en imitation de son geste, et exprimait sa joie sans retenue. Aedelrik s'efforça de tout retenir de cet instant : la lumière, l'odeur, le moindre détail capté par ses yeux, les cris, les vivats... Un bonheur pur, sans tâches, c'était ce qu'il s'efforçait de mémoriser.
Ce jour là, il avait gagné les cœurs, et son combat. Il abandonna son épée et son bouclier sur le sol de l'arène, mais sorti en portant son meilleur ami, suivit par un regard impérieux, mais pleinement satisfait. C'était sans doute la plus belle pièce de théâtre que le maître du tournoi avait vu de sa vie.



Withered


Inventaire

0,00


(vide)

Après le vote du jury, le gagnant de ce tour est
LANRE !
C'est donc sa version qui sera conservée pour le RP et pour la suite du tournoi, soyez tous attentifs.

Et voici le second finaliste ! C'était un beau combat, bravo à vous deux d'être arrivés jusque là !


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