Tournoi d’Aegis – FINALE – Swann face à Lanre

EVENT RP - Seuls les deux noms cités peuvent poster

[ Hors timeline ]

Withered


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(vide)

Vous vous engouffrez dans une des ruelles sombres du boug. En apparence elle n’a rien de spécial, et c’est peut-être pour ça qu’elle n’a jamais été remarquée. Pourtant, vous continuez votre périple, vous enfonçant entre deux boutiques, dans une impasse. Mais seulement pour celui qui ne connait pas son secret : votre guide actionne une pierre sur le sol, et tout à coup, un pan de mur se décale légèrement. L’air qui s’y échappe est glacial, et sent le renfermé. Vous suivez à contre cœur celui qui vous conduit, et vous vous glissez dans le maigre espace. Il fait plus noir qua dans un four dans ce tunnel, et vous n’avancez qu’en vous repérant au bruit des pas de celui qui vous précède. Et puis, sans prévenir, au détour d’un nouveau virage, la lumière.

Elle n’est pas vive. Elle n’est pas chaleureuse. Elle émane de quelques flammes fragiles, et de puissantes torches. L’ambiance est chaude, presque étouffante. La foule est déjà dense, la rumeur bouillonne. Les rubis commencent dores et déjà à passer de main en main, les noms des participants de cette année sont repérables parmi les conversations. Vous vous approchez. Vous êtes déjà venu, vous avez déjà vaincu, et la foule le sait.

L’arène se dresse devant vous. Qui pourrait croire qu’un tel espace se tient sous les pavés du bourg ? Des gradins bâtis dans la pierre, et au centre, le terrain. Isolé par un faussé des spectateurs, les seuls moyens d’y entrer sont les ponts de corde qui pointent à chaque extrémité. Les combattants, dès lors qu’ils rentrent dans le ring, sont livrés à eux même. Ils ne font plus qu’un avec le monde du duel de la nuit.
[ Inspiration pour le terrain, que tout le monde est la même chose en tête : http://2.bp.blogspot.com/-00qJdfDSuNw/T8ywVBhDc-I/AAAAAAAAAc8/mRSCwTFq30g/s1600/pro-bending_arena8iltl.png Sauf qu’évidemment c’est moins moderne et sans eau ! L'arène reste aussi de taille raisonnable, puisqu'elle est secrète et sous le bourg... ] S’ils doivent emprunter une arme, elles se trouvent avant leur entrée sur le terrain, mais en piteux état : rouillées, délabrées, elles ne peuvent que dépanner si un combattant étourdi a oublié la sienne…

Cette année encore, les plus féroces des spectateurs grognent : pourquoi ne pas mettre à mort les plus faibles ? Mais le monde de la nuit est beaucoup trop soudé pour mettre un terme à la vie d’un de ses guerriers. Face aux gardes et au pouvoir, la solidarité est leur unique force, et le tournoi d’Aegis le meilleur exemple.

La rumeur gronde de plus belle. C'est la finale, oui, la finale ! La foule est hystérique, encore grisée par les précédents combats. Les spectateurs retiennent leur souffle, et les derniers paris sont fait. Il ne reste plus que le combat ! Celui qui fera KO (ou adversaire qui reste au sol), poussera l'autre à l'abandon, ou sortie d'arène sera déclaré vainqueur !

[ Rappel des règles :
Le tournoi se déroulera par duel. Chaque combattant postera sa version du combat en totalité. Il devra donc faire interagir son personnage et celui de son adversaire, qu’il devra respecter au mieux grâce aux fiches.

Il est donc interdit de tuer le personnage d’en face, pour des raisons RP comme HRP.

On évitera bien sur les tacles dans les posts, qui visent le joueur plus que le personnage.

Une règle qui appartient plus au bon sens, on évitera de faire de son personnage un superman. Mais il faudra aussi trouver l’équilibre avec trop de blessures car le tournoi se déroule sur quelques nuits seulement, sans pause de récupération.

Il n’y a pas de longueur minimum comme maximum.

Dès l’instant où le post de début du duel sera posté (par l’organisation), les deux participants disposeront d’une semaine pour y répondre (sauf exception, si l’organisation est prévenue etc). Il n’y a pas d’ordre pour poster, mais si au bout de 7 jours l’un des deux combattants n’a pas répondu, il sera disqualifié. Si aucun combattant ne poste, le duel se soldera par un match nul et la disqualification des deux joueurs.
Ici donc, vous avez jusqu’au mardi 25 inclus pour poster !

Les résultats seront postés dans ce topic. Les juges noteront les participants selon une grille de notation (cohérence du post, respect des personnages, originalité, ressenti global etc), mais seul le résultat final sera communiqué. Si un des joueurs n’est pas d’accord avec le jugement, je l’inviterais à venir me voir, et UNIQUEMENT moi. S’il y a bien une chose que je ne laisserais pas passer, c’est harcèlement des juges suite à un désaccord. Sachez que dans tous les cas, les membres du jury n'ont pas l'obligation de discuter de leur jugement avec un participant, et que le détail des notes de chaque jury ne sera jamais communiqué.

N'oubliez pas cependant, mais CINQ autres combats se sont déroulés avant celui-ci, et ont amené des choses, comme instauré un contexte. Faites attention à bien respecter la version des précédents gagnants concernant l'ambiance par exemple !



Bon courage à vous deux ! ]


Lanre


Inventaire

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(vide)

∫ De poussière et de sang


L'émail perça sa garde sans qu'il ne puisse y faire grand chose. L'acier détourné, la lame bien étrange du Cygne Noir, scella leur énième passe. Elle était douée aux armes. Pas plus qu'il ne l'avait imaginé – l'un comme l'autre avait atteint la finale... – mais de toute évidence elle maîtrisait mieux son épée que lui ne le faisait. Il n'eut pas le temps de pester en silence que déjà la dent filait vers lui, après avoir pénétré sa défense. Elle glissa sur le cuir avant de heurter les mailles de sa cotte. La chemise de fer se déchira tandis que l'estocade attaquait son flanc. La sueur poissait déjà ses tempes et la douleur rendait son front luisant. Une large estafilade courrait au dessus de son bassin quand il poussa le premier râle du combat. Un râle étouffé, mais un râle tout de même.
*

Le sang avait coulé à flot, ce soir là. Il avait couru sur son torse, chaud, alors qu'il restait ébahi, le regard perdu, craintif. « Dorénavant, tu connais le prix du fer, Fils. »,  déclarait Aaricia, sous le regard des Wyrms, des Faëls, du Grand-Ours et de son Clan. Le Ceald avait achevé de se préparer plus tôt qu'il l'eut crû cette fois-ci et son regard empli de souvenirs monta le long de l'acier de la claymore d'Aedelrik. « Tu as senti la douleur qu'il peut infliger. », avait continué la guerrière, toisant son garçon d'une dizaine d'années, surpris, une lueur apeurée et incomprise dans l'oeil. Son torse se soulevait vite et pourtant son souffle lui manquait. Le paria souleva doucement les pelisses, le cuir et les mailles qui lui couvraient le tronc. La cicatrice demeurait, après tant d'années. Il se rappelait le froid sur sa peau, quand le vent et la pluie le giflaient de concert. Il n'oubliait pas non plus les visages tirés des anciens, ceux fermés et fiers de ses frères. Les torches brûlaient dans des cieux noircis par les nuages. Tous avaient déjà reçu les crocs de fer, comme le voulait la tradition. Il se souvenait également de la souffrance que la Belle lui avait infligé, de la peur soudaine qui l'avait envahi. Il ne s'était jamais senti plus frêle que ce soir-là. « A présent, Fils, puisses-tu t'en servir sans faiblir, ni frémir. » Sa mère, achevant le rituel, lui avait alors donné cette même lame qui avait avait mordu sa chaire nue. Et l'avait marquée à vie. L'enfant d'hier était bien différent de l'adulte qu'il était aujourd'hui, mais son être porterait à jamais les mêmes signes. Hier il était devenu homme, et cela lui avait toujours suffit. Aujourd'hui, il était en passe de devenir un brave et il n'était pas sûr de le vouloir. Il laissait volontiers ce destin à d'autres prêts à s'enchaîner à la volonté des dieux.

Sa main ne gagna pas sa lame, quand il se leva une dernière fois. Foulant du pied un peu de terreau dont il ignorait la provenance, il se saisit d'une motte. Dans un silence presque religieux, le trappeur écrasa la terre entre ses doigts puis contre ses paumes. Ses mains noircies d'un limon sec, il huma l'odeur d'un dehors qu'il ne reverrait pas sans se hisser. Il ne souhaitait pas devenir un héros, fut-il couleur de nuit mais il devait tout de même l'emporter. Jetant son bras à la recherche de son arme, il quitta la loge, l'air grave mais serein.
*

Une bouffée de chaud s'empara de lui bien trop vite. Il avait tout juste eu le temps de lever sa lame quand celle de l'assassin ne manquait son œil que de peu. Elle avait frappé d'estoc, l'assaillant aussitôt qu'il avait posé le pied dans l'amphithéâtre souterrain. Le combat avait débuté avant même qu'il ne le réalise. Pour la première fois depuis le début du tournois, il avait été véritablement pris au dépourvu et a failli y perdre nettement plus qu'un peu d'orgueil. Il grogna, tandis que les lames crissaient vivement. Les tranches s'étaient rencontrées avec une force inattendue sitôt qu'il avait esquissé un mouvement pour se protéger. Appuyant sa main à l'arrière de son épée, sur le plat de celle-ci, il joua des épaules, forçant le  Cygne dans son élan. Elle avait frappé vivement et payait le contre-coup d'une stratégie qui comportait un certain nombre de risques.

Aussitôt que leurs lames se séparèrent, le Ceald fit un pas de côté. Tant pour s'éloigner du bord qu'il n'avait pas eu le temps de quitter que pour se glisser dans le dos de la bretteuse, drapée d'un noir plus sombre que la nuit. Ses doigts se refermèrent un peu sur le cuir qui gainait sa lame, tandis qu'il armait ses bras. Quand l'espadon fendit l'air dans une frappe de tranche, qui visait les genoux de la demoiselle, l'air sifflait d'un son strident. S'il parvenait à la remporter, cette première passe pourrait aussi bien être la dernière. Mais contre toute attente, l'oiseau s'éleva et il n'eut pas le temps de pester que déjà Swann passait au dessus de la menace d'un coupe-jarret.

La Belle de Villarreal montait en l'air, plus gracieuse qu'une colombe en plein envol, un léger sourire dissimulé sous le masque mortuaire qu'elle portait de nouveau. En un salto arrière elle s'arracha au sol poussiéreux et repassa derrière son adversaire. Sans s'être particulièrement intéressée au barbare, elle savait suffisamment de choses pour ne pas s'autoriser la même légèreté qu'au cours des précédents combats. Elle n'était pas inquiète, loin de là. Sans quoi elle n'aurait pu s'amuser de la simplicité de l'assaut qu'il lui opposait. Sans un bruit, elle retrouva le sol, à la manière d'un félin. Sa main gauche l'aida à se réceptionner tandis que l'autre maintenait fermement la pression sur sa lame. En un bond elle se hissa sur ses deux jambes et s'élança sur le sauvageon, estoc en avant.

Le Ceald laissa glisser sa main gauche jusqu'à ce qu'elle passe la garde de sa lames, au devant des quillons. D'une poigne ferme, il étouffa la lanière de peau qui enveloppait la naissance de sa lame et la pointa vers la femme qui se jetait sur lui avec une vigueur qu'il n'avait pas prévue non plus. Serrant les dents en attendant le choc. En deux passes d'armes à peine elle avait su briser le statut quo qui n'avait pu exister, faute de temps.

Elle se fendit brusquement d'une estocade, qu'il contra d'un revers en portant sa lame vers son aisselle. Ne reculant que d'un demi-pas, la Lionne au masque de mort se jeta à nouveau à l'assaut. D'un nouvel estoc, elle chercha à percer la garde de l'Étranger, mais une seconde fois leur lames s'épousèrent. Pourtant, l'Homme se faisait plus lent, moins habile. Alors elle força la cadence, le harcelant plus encore. Tantôt l'émail allait chercher la cuisse, tantôt il remontait vers la gorge, tantôt il prenait en chasse l'insolente main que le balafré avait osé laisser si en évidence.

Lanre grogna, perdant doucement le peu de terrain qu'il avait su conquérir. A peine était-il arrivé que la tigresse s'était jetée sur lui et il peinait dorénavant à s'éloigner du bord. Dans son dos, à quelques pieds seulement, s'ouvrait le profond gouffre qui avait vu la fin d'Aedelrik, quelques jours plus tôt. Les muscles tendus transpiraient à grosses gouttes sous les gants de fourrure quand le peuple de la nuit hurlait, mi-figue mi-raisin. A l'inverse d'un véritable affrontement, une finale ne pouvait pas prendre fin en trois pauvres échanges sans doute. Et pourtant... Il lui semblait presque que la lame de la jeune femme se mouvait seule, comme un serpent doué d'une conscience propre. L'espace d'un instant, de trop, il se concentra sur l'animal qu'il croyait voir. Jusqu'à ce que poing et pommeau de la Belle lui montent au visage.

L'os percuta sa joue tandis que les phalanges de la Dragmire heurtaient son nez. Il recula d'un pas, incapable de rester immobile et sa main gauche lâcha prise. L'émail perça sa garde sans qu'il ne puisse y faire grand chose. L'acier détourné, la lame bien étrange du Cygne Noir scella leur énième passe : la dent filait vers lui, après avoir pénétré sa défense. Elle glissa sur le cuir avant de heurter les mailles de sa cotte. La chemise de fer se déchira tandis que l'estocade attaquait son flanc. La sueur poissait déjà ses tempes et la douleur rendait son front luisant. Une large estafilade courrait au dessus de son bassin quand son genou flancha avant de rencontrer le sol. Ses doigts blanchis par la pression restaient vissés sur la hampe de son arme mais sa respiration difficile autant que le râle qu'il avait poussé trahissaient son mal.

Plus que la première passe, elle avait remporté le premier sang.

Elle n'accorda comme répit à son adversaire que la demi-seconde qu'il lui fallait pour observer sa nuque. En tant normal, c'est là qu'elle aurait frappé si, comme dans la situation actuelle, elle n'avait pas pu s'attaquer directement au cœur. De tout temps, l'assassin avait été formée à tuer et de tout temps elle avait cherché à le faire le plus rapidement qui soit. Elle arma son bras, prête à perforer l'épaule du maraudeur.

La rapière de la Belle fut stoppée par l'acier. Vif malgré la douleur, Lanre avait opposé le plat à l'estoc, enfonçant la pointe de sa propre lame dans une estrade usée par les âges et les batailles. Certains parlaient d'or et Swann en faisait partie — depuis son arrivée il n'avait rencontré personne à parler le même langage que que le sien. Celui du fer, celui du sang. L'aiguille d'ivoire avait fragilisé l'espadon au point d'en inciser la lame, mais le bras de la Dragmire tremblait, secouée par le ricochet. Sans plus attendre, il envoya sa garde droit dans le foie de sa vis-à-vis. Malgré le masque il put l'entendre chercher l'oxygène. Elle recula assez pour qu'il puisse se négocier une distance de sécurité.

Les yeux du rouquin plongèrent dans ceux ambre des Larmes du Clan. De nouveau en pleine possession d'un équilibre qu'elle semblait n'avoir jamais perdu, elle avançait vers le Ceald avec l'adresse des lionnes. Une seconde fois, il se saisit de la claymore à la façon d'une lance, mais cette fois-ci, il ne comptait pas jouer du pommeau ou des quillons. Avant que la fille du Désert n'ai franchi la distance nécessaire pour disposer d'assez d'allonge, il jaillit à sa rencontre. Jouant de la portée de sa lame, il frappa le premier. L'espadon ne manqua le foie que de quelques centimètres, comme il l'avait pressenti. Il ne cherchait pas tant à la toucher qu'à briser sa dynamique. Son visage se crispa alors que le mouvement lui tirait un demi-gémissement.

Quand l'acier du barbare vint quêter son genou, elle était déjà haut. Il l'avait tenue à distance mais ne le ferait pas deux fois. La claymore, si maladroite qu'elle puisse être, ne saurait tarder. Elle prit les devants quand son talon s'appuya sur la lame, avant de s'en servir comme d'un tremplin. Le Cygne ne touchait plus terre et s'élevait de nouveau glissant sur les ombres comme l'esquif sur les eaux calmes. L'arène entière s'obscurcissait, les torches mourraient. Avant qu'elle n'ai tout à fait disparu, un noir de suie avait avalé les lieux.

Le paria pesta bruyamment, repensant aux stratagèmes d'Aedelrik. Le cuir cogna sa joue, brutalement. L'assaut venait de partout et de nulle part à la fois et il eut beau se mettre en garde, il ne put contrer ou éviter un deuxième coup. L'Hylienne, profitant de sa surprise, s'était affranchie de son champ de vision avant de frapper encore et toujours. Il chancela, perdant presque pied. Son flanc le lançait douloureusement. La lame ne l'avait que griffée et pourtant elle mordait plus qu'aucun acier qu'il ait pu connaître.

Une fois de plus, elle menait la danse. Il ne saurait la voir tant qu'elle resterait cachée sous ce suaire de ténèbres qu'elle avait jeté sur le Colisée enterré. La jeune femme s'approcha au pas, ménageant sa propre fatigue tant que demeurait l'obscurité, elle laissait sa lame tournoyer autour d'elle dans de sordides moulinets d'acier. Ses lèvres restaient fermées quand elle s'élança.

L'acier claqua contre le bois sec avant qu'il ne comprenne que la claymore fuyait ses doigts. Son dos se brisa en deux alors qu'il se pliait, incapable de cerner son adversaire. La respiration lui manquait, la sueur trempait les fourrures, maculait son visage et faisait couler les peintures. Un assaut de plus le jeta au sol. Sa gueule ricocha contre le bois comme un galet sur un lac. Il toussa et cracha à mesure qu'un sentiment de noyade ne s'emparait de son être. Poussant sur ses deux mains, désormais libre, il s'arracha aux planches miteuses de la scène jusqu'à se retourner. Une lame lui chatouillait la gorge tandis que pesait sur lui la menace d'un deuxième sourire, sous le menton. Un sourire carmin.

« C'est fini, garçon », souffla Swann Villarreal Dragmire. Sa voix faible résonnait dans l'opacité malgré le masque et la fatigue qui l'étouffaient. Une à une, les torches renaissaient, et avec elle une luminosité qu'il avait presque oublié. Sa poitrine se soulevait vite, plus qu'usuellement. Il haletait, à bout de souffle. Son regard chercha celui, victorieux, de la jeune femme. La colère qui s'emparait de lui l'invita à fracasser ce masque qu'elle portait pour découvrir le visage qu'elle refusait de lui dévoiler, qu'elle lui interdisait dans ce qui lui paraissait un élan de lâcheté sans nom. Il grinça des dents, fier, soutenant les pupilles d'or.

La situation lui sembla durer une éternité quand elle ne dura que quelques secondes. Le vert-de-gris demeurait plongé dans l'ambre jaune quand il envoya son pied à l'assaut du genou de Swann. Tout du long de l'affrontement, elle n'avait joué presque que des jambes — c'était là qu'il fallait frapper s'il souhaiter dominer. Le fer clouté de sa botte embrassa sans vergogne le genou de la Belle. Quand l'os craqua, il sut qu'il avait brisé la première aile du Cygne. « Pour immobiliser un oiseau, bloque-lui les ailes », disait autrefois Brieg avant de libérer ses faucons. Perdant un premier appui, la Dragmire manqua de chuter. « Bordel de merde … ! — », cracha-t-elle. Entre les dents du masque, le Ceald distinguait sa peine. Il n'eut pas le temps de sourire.

Ses traits se durcirent tandis qu'il contractait tous les muscles qui pavaient son torse et son ventre. Les abdominaux contractés tiraient sur les blessures fraiches que Swann avait su ouvrir mais il parvint à basculer. Se hissant au dessus de la Belle, désormais genou à terre, il la plaqua lourdement au sol. La jeune femme s'effondra, quittant les cieux qu'elle affectionnait tant pour une terre plus barbare, plus rêche. Le plancher poussiéreux cogna l'arrière de son crâne, ouvrant une belle plaie sous sa crinière de jais. « Fini, hein ? », grommela le sauvage qui s'était installé sur son bassin aussitôt qu'elle avait lâché son épée. Dans ses mains brillait une dague blanche, qu'il levait haut au dessus de son gueule bariolée de sang et de peinture.

Elle pensa à toute vitesse, consciente qu'elle risquait beaucoup trop. Une défaite était inacceptable, impossible. Pas après tout ce chemin parcouru ! La grimace qui barrait son visage sous le masque aurait presque pu symboliser tout ce pourquoi elle se battait. Pour un prix ? Peuh ! Le seul prix dont elle voulait bien, c'était la tête de Zelda. Et c'était précisément pour cela que la défaite était exclue. Elle devait rallier à elle le peuple de la nuit et le libérer du joug des Nohansen Hyrule. « Ta gueule ! » Siffla-t-elle, tirant une carte de papier blanc. Sans attendre, elle la plaqua sur le torse du barbare, collant ses deux mains dessus. L'air chaud s'anima entre ses doigts.

L’éther crépita avant d'exploser sans la moindre flamme. D'une bourrasque naissante entre les mains de Swann, la carte devint un ouragan. Le rouquin se sentit décoller, soulevé par un courroux surnaturel et elle le regarda mordre la poussière, tâchant de se relever. Sa jambe l'abandonna tandis qu'elle hurlait de douleur. « Fais chier ! » Gémit-elle, portant sa main à sa jambe. Et en dépit du mal qui rongeait sa jambe, elle réessaya. Par les Déesses ! Elle était Swann Dragmire ! Les Larmes du Clan, et elle tutoyait la mort elle même ! Ca n'était pas un simple barbare qui saurait la défaire ! Elle était intouchable, invinci... —

Quand il réalisa qu'elle s'était relevée, Lanre comprit qu'elle n'avait pas le genou brisé, mais déboité. La douleur ne serait pas moins atroce, loin de là, et elle pourrait continuer à marcher au terme de ce duel. Les Wyrms avaient été cléments, de toute évidence. Ses doigts se refermèrent plus fort sur la dague de Blanche, conscient qu'il ne disposait de presque plus rien. Cet adversaire là, il ne saurait sans doute pas s'en débarrasser de quelques coups de poings. Serrant le couteau d'os, il se jeta sur la jeune femme, sans un cri. La foule hurlait déjà pour deux.

Elle savait qu'il arrivait mais pris à peine le temps de le regarder. Elle avait perdu son épée ! La jeune femme pesta, en proie à une fureur innommable. Par deux fois en trois combats, elle se séparait de son arme... Elle grogna avant d'appuyer violemment sur son genoux. Sa jambe craqua dans un bruit sinistre quand elle parvint à la recaler. Deux mètres les séparaient, dorénavant. Elle grinça des dents, cessant de rechercher sa lame quand un râtelier d'armes disposé de l'autre côté du gouffre attira son attention. Sans même réfléchir aux risques pour la cohue en transe, la fille du Désert positionna une nouvelle carte. L'orage qui s'extirpa du petit morceau de papier percuta la balustrade de plein fouet, envoyant voler les armes dessus. Précisément comme elle l'escomptait. Ce rouquin avait su la sortir de sa zone de « confort », et elle saurait lui montrer ce qu'il en coutait.

L'os perça le tissu et incisa sa peau. Le coutelas du barbare pénétra sa jambe nue plus aisément que la pierre ne coule au fond du ruisseau. Leur regard se croisèrent à nouveau tandis qu'il enfonçait un peu plus l'arme dans sa cuisse. Elle ne hurla pas, presque trop surprise pour. Un froid malsain gagnait son cœur de lion et son sang de feu. La hallebarde qu'elle avait espéré récupérer martela le plancher dans un son mat sans qu'elle ne parvienne à la conquérir. Dans sa jambe, l'hiver se déchaînait, farouche. Cruel.

Le gel s'insinuait dans la jambe de la Belle et la rongeait aussi surement que les flammes du brasier ne léchaient avidement le bois. Il crut voir passer la désolation dans le regard de son adversaire, quand son bras accrocha sa nuque et qu'il la força à se plier en deux. Alors que le froid cristallisait dans la plaie, sa rotule percuta puissamment la poitrine de Swann. Son genou comprima les seins de son adversaire, mais ne cessa de monter que lorsqu'elle suffoqua. Sous sa chair, le givre devenait verre puis glace. Il frappa une seconde fois avant de tirer sur la chevelure du Cygne. Il l'entendait s'asphyxier à mesure que sa poigne ne pesait sur son joli plumage. Jouant du poignet, il mena l'Enfant de Ganondorf au sol d'un coup sec, arrachant presque la parure nocturne de l'oiseau.

Coutelas d'ivoire toujours en main, Lanre ne la regarda pas chuter. Sans attendre une seconde, il récupéra la hallebarde qui dormait non loin, conscient que tout pouvait encore basculer s'il ne procédait pas au plus vite. Un simple coup d'oeil à l'arme le renseigna autant qu'il ne l'inspira. La lance qui concluait la hampe montait haut, et l'écart avec l'arête de la hache qui y avait été fixée offrait une courbe presque parfaite. Pivotant subitement, il se retourna sur une Swann encore affalée, qui s'étranglait sous son masque. Sans un mot, sa main gauche monta sur la hampe de l'arme d'hast avant de la brandir haut au dessus de son crâne. La pointe de lance alignée sur la gorge de sa proie.

La lance perça le bois à quelques millimètres de son cou quand la saillie de la hache vint froidement caresser sa jugulaire, sans la toucher pour autant. Swann hissa tant bien que mal ses deux mains sur la hampe, se démenant vainement sous l'étau de fer que le Ceald lui avait imposé. Elle sentait ses forces l'abandonner quand l'homme s'agenouilla près de son visage. « Shhht. » Fit-il, tandis que sa main se glissait sur son faciès. Elle attendait un coup qui ne vint jamais. Au lieu de quoi, le trappeur lui retira le masque dans un geste d'une délicatesse qui tranchait avec le reste de l'affrontement. « Tu es douée aux armes, joli cygne. » Lâcha-t-il ensuite. La Belle de Villarreal cracha. Sa haine, son mépris, sa colère. Une colère tant dirigée contre son échec, contre elle-même que contre lui. Le trappeur accusa la bile sans s'en offusquer. D'un geste du bras, il s'essuya le visage. « Mais aujourd'hui, tu es un oiseau en cage. » Acheva-t-il avant de se lever et de lever haut le masque qu'il lui avait volé. Dans un mouvement unique la foule s'éleva, acclamant un homme, sacrant un champion.

L'ambre seule était encore consumée par la rage.


Swann

Championne d'Aegis

Inventaire

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(vide)

[Je voulais juste vous remercier - et notamment Withered - pour ce tournoi. C'était franchement cool ! Et un grand merci pour m'avoir fait tenir jusque là. Sur ce, voici mon dernier post dans cet évent ! See ya]




    Finale : Bas les masques !


    Les deux épées glissèrent pour la première fois l'une contre l'autre, le crissement couvert par les cris d'un public en ébullition. Chacun des deux épéistes concéda un pas en arrière pour instaurer une distance.


    Le combat qui opposait les deux protagonistes se déroulait davantage dans leur yeux en cet instant. Tous deux se renvoyaient un regard de givre qu'aucun feu ne semblait pouvoir réchauffer ; Et si le Ceald ne possédait pas un masque comme le Cygne Noir, son visage s'était figé, impassible, ne laissant pas le loisir à son adversaire de le déchiffrer. Swann ne douta pas qu'il puisse dissimuler une appréhension toute particulière pour ce combat. Comme elle. Trop de fois elle avait fais preuve de relâchement dans ce tournois et parfois cela avait failli lui coûter la victoire. Inconsciemment, elle se bridait, et bien que l'étranger n'était pas un fin psychologue, il remarqua sans mal la frilosité de la dragmire. Comme tous. Après tout, n'était-elle pas celle qui avait sauté par-dessus son adversaire avant même d'avoir tiré l'épée lors de son premier combat ? N'était-elle pas aussi celle qui avait percé un robuste pavois en une seule attaque, lors du second ?

    Il décida d'en jouer. Lanre recula de trois pas en arrière et porta son épée comme s'il s'agissait d'une lance ; la main droite resserrée sur le pommeau tandis que la gauche stabilisait la lourde claymore à la base de la lame, pourvue dans ce genre d'occasion d'un revêtement en cuir. Une posture aussi défensive ne manquerait pas d'imposer à cette donzelle de sortir de ses retranchements, pensa-t-il.


    Cela n'y manqua pas, Swann se jetant à l'assaut presque aussitôt.


    Le Ceald porta une estocade, lente, qu'elle évita sans mal en glissant vers son flanc gauche. Et alors qu'elle allait envoyer son épée percer le cuir de l'armure, il eut un mouvement vif et rapide de son bras gauche. Il frappa sèchement avec son coude et atteignit sans mal le front dans l'enfant du Champion de Din. Celle-ci chancela en arrière ; la claymore aux reflets bleus se leva bien haute et s'abattit sur elle, cette fois dans un coup de tranche. Elle décida de glisser sur la gauche ; aussitôt l'esquive réalisée, la jambe droite de Lanre attrapait l'un après l'autre ses deux pieds et fit chuter lourdement la dragmire face contre terre. Relevant la tête, elle s'empressa de rouler en arrière pour éviter que la botte du Ceald ne l'écrase.

    Les coups portés n'étaient pas puissants – du moins pas assez pour la faire plier – mais suffisamment déstabilisants pour mettre la lionne dans une position extrêmement délicate. Elle était à peine relevée lorsqu'elle vit l'étranger la charger à son tour. Il ne lui laissait aucun répit ! Alors que la claymore pointait méchamment dans sa direction pour une seconde estocade, elle réalisa un bond félin en poussant sur ses deux jambes et passer dans le dos son ennemi, celui-ci emporté par le poids de son épée et incapable de réagir avec assez de vitesse pour l'en empêcher. Elle se réceptionna a bien trois mètres de lui, d'abord sur les mains, ensuite sur les pieds après une acrobatie à couper le souffle.


    La foule applaudit cette première passe prometteuse.


    Swann fronçait les sourcils, déjà. Elle se sentait bousculée, elle pourtant si confiante par ailleurs. La semi-obscurité dans laquelle l'arène était plongée depuis son arrivée la rassura quelque peu ; et elle remercia son amie pour avoir de nouveau changer la couleur des flammes en toute discrétion, comme lors de son précédent combat. Mais malgré cela, elle restait agacée. L'étranger était bon et sa claymore diablement dangereuse. Bien qu'il soit formellement interdit de tuer son adversaire dans le tournois, elle restait craintive de la puissance dévastatrice d'une telle lame, qui d'un seul coup de tranche pouvait la fendre en deux. Même une parade avec sa propre arme restait inutile et le fait d'être condamnée à l'esquive ne lui plaisait pas.

    Le Cygne Noir remonta les épaules fièrement et souffla profondément pour tenter d'évacuer ses craintes. Elle se mit à tourner autours de Lanre, celui-ci ayant reprit une posture défensive. D'abord, elle avança sur la gauche de son adversaire, dont les pieds glissèrent en conséquence sur le plancher pour réajuster ses appuis. Puis elle partit au petit trot en sens inverse. Il suivit le mouvement. Elle observa la parfaite posture de l'homme, visiblement bien plus renseigné sur les arts du combat que ne le laissait présager les apparences. Elle s'arrêta, l'épée-émaille dans sa main droite, garde basse, le corps tourné de trois quart face à l'étranger. Une forte tension la gagna, alors que le public commençait à pousser pour que le combat reprenne au plus vite. Mais que devait-elle faire ? Quel était le meilleur angle d'attaque ? La pauvre se noyait dans ses propres questions.

    Ce fut contre toute attente le Ceald qui s'élança le premier, rompant derechef avec son attitude attentiste. La dragmire releva aussitôt sa garde et fléchit les jambes. Mais là où elle s'attendait à un assaut frontal, son adversaire la feinta et se baissa au dernier moment ; il passa juste à côté d'elle et s'arrêta dans son dos. Alors qu'elle se retournait, le guerrier frappa dans l'os, au niveau du bassin, avec le pommeau de la claymore. « Gn... ! » Une vive douleur saisit la lionne, qui recula aussitôt d'un pas sans pouvoir amorcer de contre-attaque. Lanre se redressa, et, ne retenant que la claymore que par sa main gauche, envoya la droite cueillir le menton de Swann dans un uppercut soudain. Il passa ensuite la main à sa hanche, préparant sa prochaine offensive.

    Le Cygne Noir eut juste le temps de reprendre ses esprits qu'elle sentit une lame percer sa peau et sa chair au niveau de la cuisse gauche. Elle étouffa un cri sous son masque, tandis qu'elle sentit les muscles de sa jambe se rétracter subitement, sans explication. Une crampe ? Une crampe la gagnait, déjà ? Ses yeux s’écarquillèrent à cette idée, mais elle sentit vite que si la douleur était comparable, l'engourdissement de sa jambe qui suivis n'avait rien à voir, tout comme la vague de froid qui la submergea de l'intérieur. L'étincelle de Din, le don précieux que lui avait accordé son père, s'empressa de combattre le mal qui la dévorait.

    Elle n'avait pas eu le temps de voir par quel moyen l'étranger était parvenu à provoquer un tel effet et en maudit ses yeux traîtres. Pas longtemps néanmoins, puisque son adversaire profita de ce très court moment d'incompréhension pour balancer son genoux gauche dans son autre cuisse avec une violence barbare. La lionne plia mais ne rompit pas, serrant les dents à s'en faire saigner les gencives. D'un geste désespéré, elle fit virevolter son épée devant elle, repoussant aussitôt le Ceald et ainsi rompre la proximité entre les deux combattants.

    « Putain... », souffla une Swann qui commençait à perdre patience. A distance, il la maîtrisait ; de près, il la dominait. Elle n'arrivait à rien face à lui ! Le public ne s'y trompa pas en la sifflant copieusement. Le pire étant sans doute qu'elle ne pourrait pas inverser la tendance dans l'immédiat à cause des attaques qu'avaient encaissé ses jambes. Sa mobilité, sa vitesse et son équilibre, ses principales forces, venaient de là ! Et si elle parvenait à ne pas s'écrouler malgré la douleur, c'était à la seule force de sa volonté.


    La suite ne fut qu'une parodie de combat, longue et pénible pour un public incrédule.
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    Les ailes du cygne brisées, l'animal devenait terriblement facile à dompter pour un maître chasseur tel que Lanre. Celui-ci n'eut aucun mal à tenir en respect la jolie brune. Il la harcela de coups avec ses gantelets rembourrés de barrettes en fer ; par deux fois, il attrapa l'épaule de la dragmire ; une autre, il réussit à la toucher au visage, dans l'arcade, précisément celle déjà ouverte lors du combat contre Lloyfell. Avec la claymore, bien que la jeune femme continuait à l'éviter remarquablement, il réussit à ouvrir une plaie légère au bras et à la cuisse droite. En contre-partie, elle n'arrivait qu'à le menacer épisodiquement avec l'épée-émaille.

    Même en ayant perdue ses moyens, le Ceald remarqua avec quelle fougue elle parvenait à repousser l'échéance au fur et à mesure que les secondes défilaient. Mais elle s'épuisait. Ses lèvres se serraient, plus que jamais concentré, prêt à sauter sur l'instant qu'il guettait depuis le début de leur affrontement. Si Lanre ne tentait pas de folie pour mettre rapidement un terme à ce tournois, ce fut avant tout à cause du terrifiant regard que lui renvoyait Swann. De la colère, de l'incompréhension, mais avant tout un orgueil démesuré. Et une peur viscérale de la défaite qui la rendait d'autant plus dangereuse. Ce regard, Lanre ne l'avait que trop vu ; chez ses ennemis et chez les animaux qu'il avait traqué et tué par le passé. Et il savait que dans leurs derniers retranchements, blessés, ils étaient prêts à absolument n'importe quoi pour assurer leur survie. Aussi fallait-il se montrer plus prudent qu'habituellement.

    Sous les lumières azures, Swann balança son épée horizontalement de droite à gauche, sans parvenir à ne serait-ce qu'effleurer sa cible. L'étranger passa immédiatement à l'action ; en un bond, il rompit toute distance avec sa proie et la percuta violemment du genoux en pleine estomac, lui coupant le souffle. Pendant que le Cygne Noir chutait enfin, il planta la claymore dans le bois d'un coup vif. Enfin, il fit basculer la sombre femme sur le ventre ; il s'accroupit devant et attrapa d'une poigne de fer ses longs cheveux, sur lesquels il tira pour ramener le visage de l'enfant dragmire à porter de poing. Et là, il frappa.

    Le premier coup fut sans aucun doute le plus violent qu'elle eut reçut. Comme le marteau percute l'enclume, le poing percuta le masque d'os dans un silence pesant. Tous entendirent le craquement glauque qui résonna dans l'arène ; Swann avait l'impression que son crâne avait littéralement explosé. Le masque, lui, s'était fissuré. Déjà fortement sonnée, le second coup de poing, tout aussi rapide et puissant, n'eut pas le même impact, à ceci près qu'il manqua de la faire tomber dans les vapes.

    Devant un public médusé, le Ceald leva une troisième fois le bras ; cette fois, le coup serait fatidique. Certains parieurs se rassirent, perdants espoir. Était-il possible que le Cygne Noir sombre de cette façon ? Comment se l'expliquer ? Elle ne leur avait rien montré. Elle ne leur rendait pas le moindre honneur. Et cet homme, un étranger, qui bien qu'impressionnant n'avait aucune considération pour eux et allait l'abattre ? Une colère gronda en eux, et, la boule au ventre, ils attendirent.

    Mais alors que tout semblait perdu, tous virent le Ceald lâcher subitement prise et reculer de plusieurs pas en arrière. Sous les nombreux regards braqués sur elle, la dragmire s'enfonçait dans sa propre ombre comme un corps inerte coulerait dans un lac, jusqu'à ce que très vite elle ne disparaisse complètement. L'obscure tâche elle-même s'inséra sous le plancher, hors de vue, et le traqueur grimaça. Il serra le poing férocement.


    De la magie. De tout ce que le Cygne Noir aurait pu utilisé, il s'agissait probablement de ce qui le perturbait le plus.


    « Beiggd'ar », cracha-t-il, ne contenant qu'à moitié sa rage. Par les Wirms... ! Après quelques secondes, il se demandait encore s'il était question d'une illusion ou de quelque chose de plus déconcertant, tant la vision d'une femme s'enfonçant à même le sol était tout bonnement inconcevable pour un étranger aux arcanes et à la sorcellerie. C'était la première fois qu'il assistait à une telle utilisation de la magie noire. Les sourcils se rapprochant lentement l'un de l'autre, il essuya les insultes qui fusaient sur lui. Il renifla dans la foulée, agacé par la tournure des événements.

    Le talentueux guerrier se dépêcha de récupérer sa lourde lame et se mit en garde. La technique de dissimulation qu'employait son adversaire était bien différente de celle d'Aedelrick ; de fait, Swann n'existait même plus sous sa forme physique. Il lui était ainsi impossible de tenter de la débusquer, aussi resta-t-il alerte, jambes fléchies, prêt à réagir. Les secondes s'égrainèrent dans un silence de cathédrale. Lanre n'était pas stupide et savait qu'elle jouait autant avec ses nerfs qu'elle profitait de ce laps de temps pour se remettre des coups qu'il lui avait porté. Prudemment, le Ceald posait un pied devant l'autre, faisant grincer les lattes de bois les unes contre les autres sous ses imposantes bottes de fourrure.

    Ce fut finalement la foule, que la dragmire souhaitait séduire, qui la trahit ironiquement ; des cris fusèrent et le chasseur émérite en déduit qu'elle surgissait, fatalement, dans son dos. Il eut à peine le temps de se retourner pour la voir surgir de l'ombre, des yeux noirs de colère. Swann porta une attaque terrible à un Lanre qui reculait trop lentement pour qu'il l'évite ; d'un coup de tranche de l'épée-émaille, elle lui entailla sévèrement son bras gauche. La pointe pénétra l'armure comme dans du beurre au niveau du biceps, longea le membre en passant par le creux de son articulation et ne ressortit qu'au niveau du poignet alors qu'une pluie sanguine recouvrait le sol. « Arrrgh... », grogna le Ceald, dont les bienfaits des peintures de guerre ne suffirent pas à contenir la douleur qui lui lacéra le bras. Il n'eut pas le temps de réagir qu'une puissante bourrasque l'emporta. Il chuta, lourdement, à l'autre bout de l'arène, tandis que la foule exultait.

    Swann resta un instant fièrement debout avant de poser un genoux à terre. Elle avait la satisfaction d'avoir infligé une blessure pareille à son adversaire même si une forme de frustration subsistait pour ne pas pouvoir le charger dans la foulée, comme elle avait l'habitude de le faire. Elle avait le souffle court ; la quantité d'énergie qu'elle avait cédé pour sa technique des ombres était conséquente, mais nécessaire. Elle prit le temps de se remettre, ne lâchant pas le Ceald du regard, lui-même fortement touché par son assaut précédent. Il peinait à se redresser, et finit finalement dans la même position que la jeune femme, la main droite posé en partie sur la plaie béante qui lui déchirait les muscles du bras gauche.

    « Tu y as vraiment cru ? » Souffla Swann. Elle ne pu contenir un petit ricanement narquois. « Je suis chez moi ici. Pas toi », reprit-elle, commençant à se relever difficilement. Ses jambes étaient moins lourdes bien que les muscles étaient encore engourdis. « Et je ne me couche jamais, pauvre tare », cracha-t-elle avec plus de hargne. Lanre avait réussi à la piquer à vif dans son égo démesuré – et cela n'était guère à son avantage. Elle avait eu terriblement peur de lâcher la finale à cet étranger, aussi n'avait-il finalement réussi qu'à faire remonter à la surface la haine viscérale de le fille de Ganondorf pour la défaite. Elle ne devait pas perdre, jamais. Elle ne pouvait pas perdre. Plus maintenant. Elle avait parcouru trop de chemin pour qu'un imbécile dans son genre ne la prive de ce qu'elle convoitait.

    « Je suis Swann Dragmire de Villarreal, putain ! » dit-elle avec une férocité non feinte. « Tu crois que – »
    « Ta gueule », coupa très sèchement le Ceald, qui soutenait le regard ténébreux et furieux de la donzelle. « Viens. »

    Swann se raidit devant l'audace insupportable de son adversaire. Puis soudain, le masque mortuaire se fendit inexplicablement en deux. Les morceaux chutèrent sur le sol, dévoilant au passage la seconde moitié du visage de la lionne, dont les crocs acérés se serraient dans sa gueule. Le museau, brisé sous les furieux coups de poings du chasseur, laissait échapper quelques filaments carmins sur ses babines. Lanre n'avait pas seulement touché le fort intérieur de Swann en la maltraitant comme jamais ; en réduisant le masque du cygne en miette, il enterrait avec les derniers doutes qui dominaient la jeune femme dans cette finale. Ses échecs, comme cette maudite nuit de tempête où elle n'était pas parvenue à tuer la princesse ; ses défaites personnelles face au général et au chancelier ; tout cela ne gisait plus qu'aux pattes du fauve dans les derniers vestiges d'un passé inabouti de meurtrière sans foi ni loi.


    La lionne était libérée. Et sa sauvagerie avec.


    Elle lança quelques billes de part et d'autres du terrain, qui explosèrent et libérèrent deux écrans de fumée opaque à sa droite et à sa gauche ; seul restait épargné un couloir menant directement à sa proie qu'elle emprunta aussitôt, fondant sur lui. Elle s'imaginait finir en beauté dans ce feu d'artifice acclamé par les spectateurs. Mais elle n'avait pas prévu que Lanre voit en cette mise en scène une opportunité en or ; alors qu'elle allait le percuter de plein fouet, l'épée-émaille pointée vers l'avant pour une terrible estocade, il roula sur le côté et entra dans le brouillard, fuyant le courroux de la lionne contre toute attente. Celle-ci arrêta immédiatement sa course et manqua de chuter, posant une main à terre pour s'éviter d'épouser le plancher poussiéreux.

    « Lâche ! » Vociféra-t-elle, le regard de feu. L'adrénaline qui s'était emparée de tout son être ne disparut cependant en aucune façon ; elle comptait bien lui sauter dessus dès qu'il réapparaîtrait. Tendue, elle sentit comme une forte chaleur la gagner. Elle déboutonna le premier bouton de sa chemise, toujours alerte, pour retrouver un peu d'air. Qu'attendait-il ? Que faisait-il ainsi dissimulé dans les fumigènes ? L'animal abandonna toute lucidité et cessa finalement de se poser la moindre question.

    Il surgit soudainement, bondissant tout droit sur elle, le regard dur. Il percuta la lionne, qui en lâcha l'épée d'os. Ils chutèrent ensemble et roulèrent sur quelques mètres tout en se rouant de coups. Le maître chasseur tenta de contenir la lionne qui se débattait de toute ses forces. Finalement, il se prit le genoux de la Belle dans l'estomac, lui permettant de se dégager de son emprise. Il lui sembla entendre un grognement inhumain, alors qu'elle s'était déjà redressée sur ses deux jambes. Lentement, elle lui tournait autours de nouveau, d'une démarche féline et inquiétante.

    Swann contemplait un adversaire décidément plein de surprise. Celui-ci s'était dévêtu de sa brigandine, dont il avait semblait-il découpé une sangle afin de se faire un garrot de fortune pour son bras gauche. Il avait aussi abandonné la cote de maille, décidément trop lourde et inutile face à une adversaire qu'il savait adepte des coups d'estoc. Ainsi ne gardait-il finalement que les protections sur ses jambes et ses précieux gantelets de cuir et de fourrure, laissant à tous le loisir d'observer sa musculature athlétique et les nombreuses cicatrices qui lui parcouraient le torse et le dos, témoignage d'un passif de guerrier. Bien que ce ne soit pas dans le soucis de faire naître le désir chez les dames, mais bien d'accroître sa vitesse et son agilité, alors qu'à cause de son bras gauche meurtri il avait nettement perdu en force.

    Sous les encouragements, ils se jaugèrent ; rendus à un état des plus naturels, seul leur restait un instinct de survie pour cette fin de duel. Et l'un comme l'autre l'acceptait. La lionne s'arma de deux couteaux dans sa main droite, qu'elle coinça entre ses phalanges repliées comme s'il s'agissait de griffes. Le Ceald, quant à lui, se saisit de sa précieuse lame en os de renne, celle-la même pourvu du sortilège de glace. Ils n'entendaient plus la foule. Ils ne la voyaient plus. Seuls subsistaient le sol ; l'air ; et leur ennemi respectif. Ils n'avaient même plus conscience de la finale.


    Il n'était plus question de combat, mais de chasse.
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    L'animal blessé et le survivant diminué bondirent l'un vers l'autre au même moment. Les griffes de la lionne pénétrèrent les couches de peinture noires et de peau pour se planter dans le flanc du Ceald. Grimaçant, il élança son coutelas dans la foulée, à ceci prêt qu'il comptait bien l'immobiliser un temps grâce au sortilège. Mais la terrifiante dragmire bloqua aussitôt l'attaque en attrapant la lame dans sa main droite. Les tranchants lui entaillèrent les doigts et le givre commença à parcourir sa peau et ses vaisseaux. Mais au contraire de tout être sensé, Swann ne rompait pas le contact. Et malgré la violente douleur qui lui gagna le bras, elle résista, la main crispée. Le Ceald hallucinait. « Du'um ! » Cracha-t-il. S'il avait à un moment cru qu'une part de lucidité subsistait chez la jeune femme, il avait dorénavant la preuve qu'elle n'était pas plus maligne qu'une bête acharnée. De sa botte, il la repoussa en urgence. A peine reposa-t-il le pied par terre que le sombre animal était déjà prêt à sauter pour un nouvel assaut. Un dernier.


    Une carte de papier dans la main droite. Le poing gauche resserré et couvert de givre jusqu'au poignet.


    Elle bondit férocement en avant. La carte se consuma dans sa main et un éclair jaillit soudainement sur le chasseur, le paralysant. Lanre ne pouvait plus que contempler la lionne fondre sur lui ; le temps sembla ralentir alors qu'elle s'élevait toujours plus haut dans les airs, poing gauche levé dans le ciel. Il croisa son regard et comprit ; elle n'était pas motivée que par son instinct de survie ou sa haine de l'échec. Il y voyait autre chose, comme... une volonté de fer. Mieux : de l'espoir. Ce tournois représentait plus pour cette femme que pour n'importe qui.


    Et c'était précisément pour cette raison qu'elle ne pouvait pas perdre cette nuit-là.


    « Raaaaah ! » Rugit Swann, balançant son bras pour y mettre toute la rage et toute la force qui lui restaient. Le poing, devenu beaucoup plus dur à cause du sortilège de glace, cueillit le Ceald d'un sévère crochet en plein dans le creux de sa tempe. L'assassin aurait pu frapper avec une pierre que le choc aurait eu le même effet ; ç'aurait même été une douceur comparé à ce qui venait de vriller le crâne de l'étranger. Elle se réceptionna sur ses deux jambes, prête à achever le travail. « Et maintenant... ! », fulmina-t-elle, alors que son genoux percutait l'estomac du chasseur. « ... Dégage... ! » Elle frappa encore, du poing en plein visage, brisant sans mal un nez déjà fragilisé par son affrontement contre l'Inquisiteur. « ... DE MON... ! » La plante de son pied gauche se posa sur le torse d'un Ceald à peine conscient. « ... TERRITOIRE ! » Et avec force et vigueur, elle le repoussa en arrière, le faisant chuter dans le gouffre profond qui s'ouvrait derrière lui.

    Le malheureux finaliste sombra dans les ténèbres de la fosse et un bruit sourd l'accompagna lorsque son visage épousa la pierre pour la dernière fois. Les membres du public, tous debout depuis belle lurette, explosèrent alors en une liesse populaire enivrante. Ils s'empressèrent de dévaler les gradins et d'envahir l'arène pour porter leur championne en triomphe.


    Cette nuit-là, le Cygne Noir avait cédé, honteusement, sans honneur ; mais la Lionne Noire lui succédait de la plus belle des manières, en ayant fait preuve d'une immense abnégation. Et c'était tout ce qui comptait pour le peuple nocturne.



Withered


Inventaire

0,00


(vide)

Après le vote du jury, le vote des membres, et les nombreux combats, le suspense va enfin être levé...

Roulement de tambours...

...

...

Le vainqueur est....

...

...
SWANN DRAGMIRE, LE CYGNE NOIR !
Il n'y a que 3 points qui la sépare de son rival, mais les votes sont formels ! Félicitations à elle !


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