Dans la gueule du loup

LIBRE

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Blanche


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(vide)

Tu t’étais enfuie avec un bambin dans les bras. Tu l’avais enroulé bien serré dans une couverture de coton avant de quitter l’orphelinat. La vieille dame s’occupant du lieu n’avait jamais eu droit à ta confiance totale. Surtout pas dans ce genre de situation où tout brulait autour de toi. Ça te rappelait les temps en ma compagnie.

Douce mélodie du passé.

Tu t’élançais. Tes jambes effilées te poussaient contre la terre imbibée de sang alors que tu cherchais une sortie à cet enfer qui portait, en cette nuit sans lune, le nom du village Cocorico. Que faisais-tu à courir comme une flèche parmi les morts et ceux qui guerroyaient toujours ? Ce n’était pas toi, lokaal, de t’en faire pour un enfant qui n’était pas le tien. Je ne savais pas que tu tenais autant à la promesse que tu avais faite. Tu t’époumonais plus rapidement qu’à l’habitude alors que les cris d’un vriid t’arrachaient les tympans. Peut-être que les pleurs de l’enfant te volaient des forces. Il n’était pas bien lourd en tout cas.

Le vent s’emmêlait dans tes cheveux et asséchait ta gorge comme s’il eut été désert brulant. Dans ton sang bouillait le poison de la magie noire. Tu fis taire cette envie de carmin et de chair sur ta peau en te concentrant sur le grand arbre qui enjolivait la sortie du village.
______________

« Merci. »

Les mots que tu avais prononcés de ton fort accent étaient plus que sincères. Voilà une semaine et demie que tu avais déposé le petit bout d’homme au Temple du Temps. Il pourrait faire un bon disciple plus tard. Les prêtres ne pouvaient cracher sur une offrande si facile. Tu ne comptais pas retourner au village de sitôt, même si tu doutais que la capitale fût un endroit plus sûr. Avec un mage capable d’ouvrir des portails, le Seigneur des Gérudos pouvait apparaitre pratiquement là où il le désirait. C’était bien de cet homme que les nouvelles avaient parlé.

Tu t’étais retournée alors que les chants religieux abreuvaient l’air léger du lieu sacré. Si tu venais dans cet endroit tous les jours lors de ton arrivée, maintenant, tu venais au trois jours voir l’enfant et prier. Les trois Déesses t’apportaient un soutien moral et spirituel bien plus fort que tous les esprits que tu avais pu sentir jusqu’à aujourd’hui. L’enfant, quant à lui, se portait pour le mieux et gazouillait lorsqu’il te voyait. Le Temple était un lieu de paix, mais cette pensée terre à terre qu’elle pouvait toujours être troublée. Tout était éphémère dans cette vie.

Fatiguée, tu t’étais laissée tomber en plein milieu des escaliers à la sortie du Temple, arrachant des regards aux passants. Pour ton plus grand bonheur, aucun d’entre eux n’eut la gentillesse de venir s’enquérir de ta situation. Ton épaule te faisait un mal de chien alors que ta jambe ne montrait que très peu de signes de guérison : elle saignait toujours, par occasion. Je voyais les fourrures que tu tentais de disperser sur ton corps de manière à cacher les bandages souillés. Tu ne pouvais tromper tout le monde, Blanche.

Tu étais sans le sou et pour une des rares fois, tu étais sans les ressources. Tu ne pouvais t’élancer dans une partie de chasse et il semblait que les réfugiés avaient ravagé ton coin favori pour cueillir des herbes médicinales. Toi qui étais indépendante et forte, tu sentais cette image de toi s’écrouler. Les prêtres et les sœurs du temple avaient déjà accueilli le bambin … tu ne pouvais te permettre d’abuser de leur générosité.

Ce fils de pute ne t’avait pas manqué en tout cas. Un chasseur et son chien. Un malheureux qui croyait bien faire en voulant t’abattre comme un vulgaire animal alors que tu faisais le chemin du village Cocorico au bourg d’Hyrule. Avec l’attaque du Seigneur Noir, il était normal que les autres villages prennent la défensive devant des inconnus. Le premier t’avait arraché un cri de douleur lorsque sa flèche s’était enfoncée dans ton dos alors que le canidé s’était attaqué à ton mollet.  La peur, la confusion, la colère s’étaient mêlées à tes larmes ainsi qu’à ton sang. Ni tes mots ni les cris de l’enfant trouvèrent raison auprès du chasseur. Tu n’avais su garder le contrôle de la situation. Tu l’avais tué d’un sort malicieux et bien sombre. Tu sais que tu aurais pu le geler de la tête au pied, le pétrifié de froid, mais tu l’avais plutôt transformé en pâté sanglant et fétide à en faire fuir le clébard. Blanche, tu me dégoute toujours autant.  

Et avec ses sombres souvenirs, tu t’étais retrouvée à nouveau à la place du marché. Il y avait foule. Comme à chaque jour. Les gens s’activaient à réaliser leur routine quotidienne, à gagner leur pain malgré la grisaille. Tu te promenais parmi les corps ambulants et pour une fois, tu t’y fondais. Tu avais dénudé ton visage de toute peinture tandis que le coton remplaçait la majorité de tes fourrures, quoique toujours présentes. Tu te pris à regarder les toits où tu avais longtemps parlé à un certain Aedelrik. Il volait pour le plaisir. Tu volais par nécessité. Et cette nécessité aujourd’hui était plus grande que tout. Tu ne voulais pas replonger dans ce qui avait couté la vie à plusieurs êtres aimés, mais tes possibilités étaient faibles. Comme toi.

Ce qui pressait, avant tout, c’était de guérir cette foutue jambe qui te ralentissait. Mendier était une option trop longue, mais sincère. Tu devrais amasser une bonne somme pour payer un guérisseur. Tu te fis un schéma mental de la place du marché : les allées, les étals, la fontaine, les tours de gardes, etc. Tu pouvais maintenant passer à l’acte. Tu te faufilais comme un coup de vent à travers tes diverses cibles, tes mains se déliant et se refermant sur des bourses comme ton ancien amant t’avait enseigné. Tu dansais à travers la cohue en faisant bien attention de ne pas repasser par deux fois au même endroit. Ton manège ne dura pas bien assez longtemps pour que tu te remplisses les poches comme tu l’aurais souhaité.

Tes doigts s’étaient emmêlés délicatement entre les ficelles de la bourse, mais lorsque tu les tiras pour en prendre ton butin, les rubis tombèrent au sol. Maladroite. Idiote. Vipère. Il n’y a pas un nom qui n’écorcha ton esprit face à ta bêtise. Blanche à deux faces. Tu revêtus celle de la pauvre paysanne, ne pouvant te permettre de courir comme le vent à causes de tes blessures.

« Pardonnez ma maladresse, laissez-moi vous aider. »

Tu ne savais à qui tu t’adressais, n’osant fixer tes prunelles dans celle de l’inconnu. Joignant la parole aux gestes, tu étais déjà à quatre pattes au sol, ramassant les rubis dans tes mains couvertes de bandages. L’envie trop forte, tu ne put t’empêcher dans glisser un dans des fourrures alors que tu tendais le reste à leur propriétaire.


[spoiler=HRP]Le « tu » est employé car il s'agit d'un esprit qui raconte les mésaventures de Blanche.[/spoiler]


Roshu Aaron


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(vide)

Les joies du boucan infernal de la place du marché. Tous ces marchands et citoyens de la citadelle, réunit dans un seul et unique lieu. Si vous voulez faire une grasse matinée, autant aller au village Cocorico. Le jeune homme venait de passer une sacrée nuit et il avait besoin de beaucoup de repos. Il avait été réveillé par ce fameux marchand de poisson qui hurlait que ses produits étaient frais. Et le comble de la situation, c’était que le sorcier de feu avait eu un réveil brutal, tombant de son lit. Ce type de signe est avant-coureur d’une journée totalement pourrie. Mais le Solarien prit son courage à deux mains et au lieu de rester morfler dans son lit, il préféra sortir de son antre.

Roshu pouvait continuer sa nouvelle quête, celle de récupérer une nouvelle arme. Il avait longuement réfléchi sur la question, sur comment devenir plus fort au combat. L’une de ses idées serait de récupérer une seconde baguette afin de posséder une meilleure force de frappe. L’autre serait d’apprendre de nouveau sort plus puissant. Depuis le temps qu’il était arrivé à Hyrule, il n’utilisait que des sorts qu’il avait appris dans son royaume natal. Son combat contre cette mage de feu lui avait fait prendre conscience qu’il n’était pas le meilleur dans son domaine. Pour son groupe, il se devait de devenir plus fort.

Il se souvint toujours de ce bazar, qu’il avait trouvé dans les ruelles de la citadelle. C’était là-bas qu’il avait trouvé sa seconde baguette. Cela n’avait pas duré longtemps, puisque qu’il l’avait ensuite perdu pendant la contre-attaque de la forteresse. Un souvenir vraiment douloureux. Mais ce fut avec tristesse que le garçon aux cheveux blancs découvrit que le marchand ne vendait plus ce type d’objet extrêmement rare sur ces terres. L’ambré avait économisé pour pouvoir acheter une nouvelle baguette. Ces recherches devront se poursuivre.

Une autre boutique qui pouvait proposer des armes magiques. Les baguettes de sorcier n’étaient pas très communes, à Hyrule. Ils y en avaient peut-être dans d’autres royaumes. La prochaine fois, lorsqu’il pensera qu’il allait mourir, il garde ses armes, juste au cas où il deviendrait un mort-vivant. On l’enterrera même avec ses deux armes. Maintenant, continuant à errer, il se retrouvera sur la grande place, parmi la foule.

Puis tout à coup, il sentit quelque chose derrière, au niveau de sa ceinture. Sa bourse de rubis venait d’être ouverte. Roshu fit immédiatement volte-face. Ses rubis tombèrent au sol. Il pouvait voir une femme en train de ramasser son argent. Etait-elle en train de voler l’argent qu’il avait difficilement amassé ou bien un malheureux accident ? En tout cas, le garçon se baissa également, récupérant les rubis à l’aide de cette femme blessée. Elle avait des bandages sur ses mains. Le jeune adulte était curieux, fixant le tissu blanc. Il reprit son dû tout en adressant un simple « Merci » à son attention avant de compter ses rubis. Il restait toujours méfiant à son égard. Ses doutes se confirmaient. L’éclat doré rangea le tout dans ses poches avant d’interpeller cette femme aux cheveux noirs, posant sa main sur son épaule.

« Attendez une minute. »

Il était presque sûr que c’était elle qui venait de lui prendre son rubis pourpre. Impossible qu’il ait pu rouler et disparaitre à travers cette foule.

«Il me semble que vous vous êtes octroyés un petit bonus, non ? »

Le jeune homme aux cheveux blancs tendit sa main, attendant qu’on lui rende ce qui lui appartient. Il n’allait pas envoyer cette voleuse aux mains de la garde. Sauf si elle niait totalement les faits. Disons aussi qu’un voleur avait un but dans son larcin. Un objectif. Là, Roshu avait un semblant d’idée. Peut-être qu’elle ne pouvait plus travailler à cause de ses blessures. Il pencha sa tête, observant le faciès de son interlocutrice.

« Vous ne voulez pas des soins, plutôt que des simples rubis ? »


Blanche


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(vide)

Tu avais observé ses yeux sur tes bandages alors que l’individu s’était accroupi à tes côtés. Cheveux et yeux cendrés, visage fin et jeune marqué par une drôle de marque rouge. Tu inspiras l’air comme un animal épuisé : la magie des alentours te picotait le nez. La magie était présente chez le garçon, mais tu n’aurais su dire s’il était puissant. Tes yeux s’abaissèrent à nouveau sur la tâche que tes mains terminaient.

Doucement, mais surement, tu t’étais remise sur tes deux pieds bien après le cendré qui t’avait remercié. Tu avais hoché la tête doucement avant de reprendre la route – tu ne savais pas encore quelle était ta destination, mais tu devais quitter la place du marché. Tes pas devaient surtout t’emporter loin de cet être toujours inconscient de la situation. Tu trainais des pieds, toujours dans la peau de la pauvre femme. À ton plus grand malheur, il t’interpelait. Tu faisais la sourde oreille, viraillant entre les passants comme s’ils furent labyrinthe. Sa main sur ton épaule blessée t’arrêta complètement.

Tu inspiras difficilement, tes lèvres se pinçant douloureusement entre deux tremblements pour cacher la douleur que sa main avait fait parcourir dans ton épaule. Dans toutes les fibres de ton dos. Tu n’avais pas bien compris la fin de ses mots, comme si pendant un instant, tu eues oublié l’hylien et que tu comprenais seulement les tambours que ton cœur jouait au fond de ta poitrine. D’un mouvement sec, tu t’étais arraché de son touché. Il ne méritait même pas que tu lui fasses face à nouveau. Blessée et rancunière, tu jugeas sa main gentiment tendue. Il n’eut droit qu’à un de ses regards meurtriers que tu maitrisais si bien. Froid comme la glace qu’était ton cœur.

« Je vais faire comme si je n’avais rien entendu. »

La douleur était encore vive dans ta voix. Elle tonna comme les éclairs qui déchiraient les cieux et comme les rivières rouges qui quittaient les montagnes du nord. Tes yeux violacés s’étaient emparés des gris de l’inconnu.

« Accuser une bonne samaritaine … » Ta voix s’était faite juge de dégout alors que tu présentais ton dos à nouveau au jeune homme. Convaincue qu’il n’avait aucune preuve, tu repris ton chemin en direction du pont-levis. « Et ne me touchez plus, naariv. »

Tu avais toujours était seule. Depuis le tout début. Ce n’est pas maintenant que tu laisserais un inconnu prendre soin de toi. Surtout cet inconnu. Un jeune garçon, maladroit au point de ranimer la douleur dans ton épaule. Il t’avait transformé en animal sans le vouloir. Et ce simple touché justifiait maintenant le vol que tu avais commis à son égard. La petite pierre violette reposait dans ta propre sacoche. Tu finirais par voir cette bonne vieille Meredith avec le cœur au bout des doigts quand elle voyait les rubis danser dans les mains de ses hôtes.

Après quelques pas, tu t’engageas dans une allée, celle-là même où tu avais rencontré Aedelrick. Celle-là même où il t’avait volé ta bourse pour mieux te la rendre. C’était un plaisir pour lui, une nécessité pour toi. Tes jambes s’éreintèrent rapidement et tu ressentis le besoin de prendre un moment pour t’arrêter contre le mur de briques d’une maison. De te vider un peu la tête et le cœur par la même occasion.


Roshu Aaron


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(vide)

Sacré rencontre. Cette femme agissait de manière extrêmement agressive. Surtout vu la façon dont elle regardait le sorcier. Totalement froide. Il se mit à sourciller. C’était pourtant elle qui avait provoqué tout ce remue-ménage. Qui plus est, le garçon aurait pu devenir brutal en sortant sa baguette et pointant son katana de flamme sur son cou. Sauf que là, il était plus diplomate. Parler avant d’agir en conséquence. Il avait choisi la voix de la sagesse mais cette « samaritaine », comme elle se qualifiait, agissait abruptement. Ce n’était pas le comportement d’une personne qui était innocent. Maintenant, il était bien convaincu que c’était elle qui possédait son dernier rubis.

« … Je ne m’appelle pas Naariv. »

Dit-il l’air étonné, penchant sa tête sur le côté, regardant cette voleuse partir. Il posa sa main sur sa nuque avant de descendre et de s’emparer de sa baguette. Il n’aimait pas qu’on se foute de sa gueule et qu’on lui mente. Surtout qu’en plus, elle avait l’air d’être blessé, alors des soins ne pouvaient que lui faire du grand bien. Roshu la vit partir vers les ruelles de la citadelle. A la bonne heure, pour discuter, ils seront plus tranquilles. Disons que si elle criait en pleine rue que le Solarien voulait la frapper, les gardes risqueront de la croire et de sauter sur le garçon.

Aider une pauvre âme en peine. C’était ce qu’il pensait. Par moment, l’ambré était vraiment naïf. Cette voleuse pouvait n’être qu’une simple manipulatrice. Mais il voulait prendre ce risque. Prenant son élan, il s’apprêtait à prendre son envol. Le sorcier de feu courut pointant sa baguette en arrière, vers le sol. Puis il lança son sort aérien, déchainant une grosse bourrasque, faisant voler le jeune adulte, vers les toits d’une maison. Avec cette vue, il pouvait la retrouver sans difficulté. Marchant sur les tuiles, gardant cet équilibre, il inspectait les allées où elle serait susceptible de passer.

C’est alors qu’il la voit, en train de reprendre son souffle. Elle ne pouvait pas aller plus loin. Blessée et à bout de force. Sauf si elle possédait une magie permettant de prendre la poudre d’escampette. Kyubi restait méfiant, gardant sa baguette de sa main.


« Hey, mademoiselle ! Sache que mon nom n’est pas Naariv mais Roshu ! »

Il l’interpella du haut de cette maison, s’accroupissant et affichant un grand sourire. Un drôle de situation pour être aussi heureux. Simplement qu’elle venait de lui offrir un moment d’exaltation. Une journée moins monotone. Une rencontre étrange. Il sauta alors, atterrissant au sol, posant sa main droite par terre. Ensuite, il se releva, s’approchant de la mystérieuse personne. L’ambré ne prit pas la peine de pointer son arme magique vers elle, ça n’aidera pas à débloquer la situation.

« Nous sommes partis sur des mauvaises bases. Essayons de ne pas rester dans cette atmosphère d’animosité. »

Si cette femme aux cheveux noirs voulait se battre, il était prêt. Se battre pour garder ce simple rubis violet. Franchement, il n’y avait pas de raison aussi futile ? Mourir pour essayer de préserver son butin. Cela ne semblait pas dénué de sens, chacun son point de vue. Alors, Roshu devait se tenir attentif, ne baissant pas sa garde.

« Maintenant que mes accusations sont bien fondées, est ce que vous ne voulez pas faire un marché ? Mon rubis, contre des soins ? »

Toujours buté à vouloir aider son prochain. Il essayait de gagner sa confiance mais la tâche était rude. Le garçon aux cheveux blancs était relativement calme, ce n’était déjà pas une preuve de sa bonne foi ? Il haussa les épaules.

« J’aurai pu vous attaquer, vous forçant à me redonnant mon rubis pourpre. Pourtant, je n’ai toujours pas lancé un seul sort. »


Blanche


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(vide)

Ton dos appuyé sur le mur de brique de la maison, tu sentais la texture de la brique s’accrocher à ta peau. À nouveau, tu poussas un soupir, l’odeur de fond de bouteille d’alcool, d’herbe, de terre et de gerbe emplit tes narines. C’était ridicule. Tu étais ridicule. Le gamin était ridicule. Tu avais toujours refusé de voler les plus pauvres. Mais les Trois Déesses avaient posé ces mésaventures au travers de ton chemin et t’avais forcé la main. En quoi était-il courageux ou sage de pratiquer cette activité ? Ce devait être plus précisément l’œuvre de Din, sans doute.

Tu avais l’intention de reprendre ta route, mais cette voix t’interpela. Tu l’avais reconnue même si elle ne t’était pas encore familière. Tes muscles se contractèrent et ta poitrine s’éleva à nouveau. Tu te retournas. N’y voyant personne, tu relevas la tête vers les toits, y trouvant le gamin aux cheveux de cendre. Les traits de ton visage se morfondirent en une expression de dégout et de lassitude. Peut-être était-ce aussi le sourire fier qu’il affichait sur son faciès qui t’écœurait ?

Il s’était finalement jeté du toit pour rejoindre le sol après s’être présenté. Tu l’avais regardé de bas en haut. Sans broncher. Une fois. Deux fois. Trois fois. Tes yeux violacés décrivirent les courbes de ses vêtements ainsi que des mouvements de son corps quand il se releva pour mieux te faire face. Tu te fichais complètement de son nom. Et peut-être agissais-tu toi même comme une gamine, mais tu avais simplement envie d’oublier son nom et de continuer à le traiter de fou. Car c’était bien ce qu’il était.

« Je sais bien que ce n’est pas ton nom, naariv. » Avais-tu prononcé en accentuant le mot de ta langue maternelle tel un serpent qui pourlèche l’air. Tu n’avais même pas l’envie de lui expliquer ce que c’était réellement. Tu n’avais pas la même patience que tu avais eue avec l’inconnu roux que tu avais repêché par le passé. Dès qu’il avait marché dans ta direction, tu t’étais mise en route, lui présentant ton dos couvert de fourrures et d’une crinière noire. Tu ne voulais pas discuter avec lui. Tu ne voulais plus rien savoir de lui. Ton épaule te démangeait toujours. Comme si elle aurait donné naissance à des fourmis qui s’y promèneraient et s’en nourrirait. Tu sentais une chaude larme descendre sur ta scapula.

Partir sur de nouvelles bases ? Animosité ? Tu restas muette. Tu n’étais pas venue sur la place du marché te faire des amis. Non, c’était une mauvaise idée, car ils finissaient souvent morts, maudits ou aux oubliettes. Les seuls amis que tu possédais étaient les esprits. Au moins, ceux-là étaient déjà morts et pouvaient te hanter de regrettables réminiscences.

« Ah ! Et quelles preuves possèdes-tu, petit homme, pour avoir des accusations fondées ? » Agressive et sarcastique. Il disait des sottises comme tous les gamins de son âge. Comme tous ses jeunes adultes qui se pensaient déjà adultes et doter d’un savoir incommensurable. Tu avais seulement tourné la tête pour lui présenter ton sourire moqueur et carnassier. Son rubis violet était maintenant à toi. La loi du plus fort. Comme Din l’avait souhaité.

Et ses soins ? Non. Il récupèrerait son bien et te vendrait aux gardes. Des « soins » de prison, c’est tout ce qu’il pouvait te proposer.  À moins, bien sûr, qu’il soit vraiment doté d’une bonne âme. Mais tu ne voulais même pas t’essayer à goûter à la facilité qu’il t’offrait. Il faudrait tout même, au final, payer les soins. Et s’il tenait vivement à son rubis pourpre comme il le démontrait, tu le voyais mal s’acquitter des coûts du service. Même s’il osait te « menacer » de t’attaquer avec des sorts, tes idées restaient fermement ancrées. Tu avais deviné ses aptitudes juste avec l’énergie magique qui l’entourait. Bien que tu ne savais toujours pas de quoi sa magie était réellement faite. Les menaces détournées gentiment comme il l’avait fait ne te feraient pas broncher. Ni celles plus dures.

« Je suis désolée naariv, mais je n’ai pas ton rubis pourpre, comme tu le dis si bien. »

Tu lui avais donné un sourire désolé avant de continuer ta route tout bonnement vers l’autre bout de la ruelle. Tu étais peut-être blessée, mais tes aptitudes magiques ne s’en trouvaient point touchées. Tu n’avais pas l’intention de faire mumuse comme tu avais pu le faire avec Aedelrick.

« Tu l’as surement égaré chez toi. » Avais-tu lancé nonchalamment en resserrant l’embrasse de tes fourrures et des tissus sur ton corps.



Roshu Aaron


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Décidément, on dirait que personne écoutait ou croyait aux paroles du sorcier de feu. Impossible qu’il puisse négocier si la partie adverse était à chaque fois réticent et refusait son offre. Il fallait croire que dans ce monde, les gens ne comprenaient que la manière forte. Lâchant un soupir, il était désespéré à l’idée d’entendre cette femme niant toujours la vérité. Pourtant, il lui avait promis de ne pas la dénoncer aux gardes. Roshu se demandait pourquoi elle était tout aussi méfiante. Un traumatisme ? Quelque chose de ce genre.

« Rien que le fait que tu te sois enfui constitue une preuve. Aucun innocent ne réagirait de la sorte. Cela te va comme accusation fondée ? »

Elle risquait de franchir le point de non-retour. Sauf que c’était maintenant le cas. En se moquant impunément, l’ambré ne pouvait pas la laisser partir. C’était une question de principe. Il était sûr de ses propos, impossible qu’il avait perdu ce rubis chez lui. Se grattant la tête avec sa baguette de sorcier, il n’avait pas d’autre choix que d’engager un combat. Il pouvait ressentir une magie dégagé de cette voleuse. Cela tombait bien, parce que le second éclat n’allait pas affronter une personne dénuée de magie et blessée.

Il n’aimait pas qu’on se foutait de lui. Si cette femme avait simplement avoué son forfait, peut-être que le jeune adulte lui aurait laissé filer, simplement. Oui, parce que ce simple rubis pourpre, il aurait pu le récupérer en faisant d’autres boulots. Ce n’était pas une blague. Au moins, il aurait fait sa B.A. de la journée. Il aurait agi comme une âme charitable, donnant ce rubis à une personne dans le besoin. Sauf qu’elle avait quand même tenté de voler toute sa bourse. Clairement, elle venait d’attaquer l’égo du garçon aux cheveux blancs. Son visage souriant avait disparu, laissant place à un air plus calme.


« On dirait que j’ai affaire à une sale voleuse, tout compte fait. Désolé, je pensais que tu étais une bonne personne. Mais je suis trop naïf. »

Il n’y avait qu’une seule et unique option dans cette histoire. Malheureusement, ce n’était pas la plus heureuse. Du moins, cela dépendra de l’issue du combat. En tout cas, elle avait eu l’audace de donner une petite distraction qui voulait combattre depuis un moment. Roshu se devait de mettre les points sur les i. Lui haussant les épaules, il était bien déçu à l’idée de ne pas utiliser l’option diplomatique. Ça sera comme avec cet étranger qui lui avait volé son cheval. Il aurait dû attaquer avant, évitant ce gaspillage de salive. Il s’avança, lentement vers elle.

Puis d’un geste brusque, il porta sa baguette devant lui, comme s’il voulait poignarder avec son arme magique. Des flammes dorées commencèrent à sortir de sa baguette de sorcier, il venait d’incarner son premier sort, celui des lances de feu. 2 pour être exact, qui se dirigeaient à une grande vitesse vers sa cible.


« Désolé mais tu ne me laisses plus le choix, désormais. »


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