Posté le 01/08/2015 01:58
« Dame Helrym, vous êtes accusée d'avoir fuit votre poste, d'avoir trahi la sainte Église des Déesses et d'avoir comploté pour sa destruction. De plus, vous l'avez humilié en vous faisant prendre acoquinée avec les Dragmires. Que vous tentiez de renverser la Princesse, cela ne nous importe pas, mais faite le discrètement ! »
Oh ? Mais elle avait été très discrète, personne ne savait qu’elle avait rejoint Ganondorf avant les évènements de Cocorico –enfin, à part un bênet de mage- et aussi pendant la bataille, elle avait été discrète… enfin, avant qu’on ne l’attrape. Mais ça, c’était une autre histoire.
Que voulait-il au juste ? Des excuses, peut-être ? Je suis désolée monsieur l’inquisiteur, vraiment, je ne voulais pas mettre votre chère Eglise d’hypocrite tant à mal et de raconter tant de mensonges…
Une gifle phénoménale lui décrocha la mâchoire, suivie d’une autre. Serrer les dents, ne surtout pas crier. Helrym aurait bien voulu vérifier que sa mâchoire était toujours en place, mais malheureusement elle ne pouvait bouger ses mains. Il fallait se contenter de l’impression d’avoir perdue toute ses dents.
Bon, la partie de thé tombait à l’eau. Quel dommage, elle avait déjà mis l’eau à bouillir. Le comportement de cet homme envers elle était tout de même étrange : la façon dont il lui parlait en employant son titre montrait un certain respect, mais ni le ton moqueur ni la situation ne collait à cette mise en scène piteuse. Des gens l’avaient appelée « sainte », d’autres juste « enfant, fille, gueuse » mais personne ne l’avait jamais considérée comme les deux en même temps. Elle avait en face d’elle quelqu’un de très étrange. Quelqu’un, même, de plus perturbé qu’elle.
La prêtresse se demanda s’il fallait en avoir pitié.
« On m'as demandé de vous punir, mais si vous jurez obéissance aux Trois, a leurs Pontife et a l'Eglise unique, vous serez libérée. Libre d'aller ou bon vous semble, même de rejoindre l'avatar de Din si cela vous plait... Et avec notre amitié pour lui. »
Peut-être pas une bonne idée, finalement. Et pourtant, le brassier qui brûlait en elle descendit d’un cran. Non pas à cause de ses paroles, qu’elle n’écoutait que d’une oreille distraite, mais car elle venait de comprendre quelque chose sur son bourreau, quelque chose de très important.
« Sinon, je serais contrains d'aller crescendo dans la souffrance pour que vous puissiez retrouvez raison. »
C’était un fanatique ; les chiens les plus fidèles du Pontife. Il était capable de tout, surtout qu’il était bien équipé, le bougre ! Mordiable, s’il pensait que ça allait l’arrêter… elle savait son corps petit, fragile, humain. Il lui serrait plus que simple de le briser. Son esprit, lui, ne faillirait pas. Et quand bien même l’idée d’une liberté était alléchante, la petite savait bien ce qu’elle valait, cette prétendue « liberté ». Pas un rubis, oh que non.
Suivant toujours de ses prunelles ambre chacun des mouvements de l’Innocent, elle parla et sa voix fut rauque de n’avoir pas été utilisée depuis un moment :
« Je jure ma soumission éternelle aux Créatrices chaque jour de ma pitoyable existence. » Elle ferma les yeux. Cet endroit était pire que la prison, car c’était ici qu’elle avait été enfermée une trop grande, trop morne partie de sa vie. Les rouvrit, « Je ne peux pourtant prêter allégeance ni à un félon, ni à ce qui n’existe pas. » Bien sot était celui à croire qu’une église est unique. C'était un refus qui lui couterait cher, et qui pourtant restait sa seule et unique option. Elle ne revenait jamais en arrière.
La prêtresse sur son noble siège, le corps tendu et trempé par la peur, se crispa d’une attente terrible. Ses yeux n’en montraient rien car elle les gardaient obstinément fixés sur l’homme-sans-visage. Connaissait-il l’histoire de la femme ardente perdue par l’orgueil ? C’était une fable sans fin.
« Les flèches de glace et de sang qui tuèrent votre dernière déserteuse sont mon héritage, et celui des suivantes. »
Il y avait bien là, parmi ses nombreux outils, quelques uns qui permettait au torturé d'abréger ses souffrances, pour utiliser un terme vulgaire.
« Je pourrai mourir, d'ailleurs. Ce serrait regrettable, un malheureux accident. Peut être même la faute du mauvais traitement des gardes envers leurs prisonniers. Vous seriez débarrassés d'une gêne... qui serra toujours remplacée par la suivante. »
Que ferra-tu de ton âme, preux chevalier, si je meurs?
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