Les cendres de la défaite

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Llanistar van Rusadir


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(vide)

Du haut de sa selle, Llanistar observait la colonne de ses soldats progresser en dessous de lui. Craignant que leurs ennemis n'essayent de les poursuivre, il avait cherché un point suffisamment élevé dans ces collines rocheuses pour lui permettre de voir arriver un possible assaut. Mais les forces du gérudo semblaient s'être satisfait d'avoir conservé leur forteresse et il n'en avait pas vu l'ombre d'une seule. Néanmoins, plus méfiant que jamais envers les sales tours de magie de l'envahisseur, le général scrutait du regard les environs tandis que ses hommes quittaient peu à peu la vallée pour retrouver la vaste et verdoyante plaine d'Hyrule.
Un mouvement d'impatience d'Anthem, son cheval, lui arracha une grimace. Dés qu'il avait rejoint les lignes arrières, un médecin avait insisté pour bander ses blessures et appliquer un onguent de sa fabrication. Une fois ces plaies pansées, on avait insisté pour qu'il se repose et qu'il délègue la retraite à d'autres, mais c'était là mal le connaître. Sans céder à ces conseils et aux menaces du médecin de le droguer pour éviter qu'il se mette en danger, Llanistar avait prit dans sa main la fiole de lait de pavot et en avait avalé d'un trait une grande gorgée. Dés lors, la douleur s'était atténuée tandis que son esprit conservait une bonne partie de sa vigueur. Mais à présent qu'une heure s'était écoulée, ses blessures se réveillaient à chaque mouvement de sa monture. Plus d'une fois, il avait été prit de nausées au point de manquer de chuter de son cheval. Et pourtant, rien ni personne n'aurait pu le convaincre de prendre du repos, tant il s'en voulait.

Le nordique, décidé à endosser intégralement la défaite, ne pouvait se pardonner son échec. Trop impétueux, il avait conduit la moitié de l'armée dans un coup gorge aux mains de l'ennemi, sans essaye de connaître le terrain. Trop inconscient, il avait accepté comme champ de bataille une pente raide où les gérudos, plus rapides et agiles, avaient un avantage certain. Trop sceptique vis à vis de la magie, il s'était laissé surprendre par les revenants. Et surtout, trop sur de lui, il s'était lancé dans un duel alors que les blessures laissées par le Cygne Noir ne lui permettaient pas de gagner.
Son maigre réconfort venait du fait d'avoir malmené la salope qui avait tenté d'assassiner Zelda et de l'avoir fait fuir. Mais ça n'était rien comparé au déchirement d'avoir à laisser entre les mains de l'ennemi Tali, une des seules personnes en ce royaume qui pouvait le comprendre et qu'il considérait presque comme une amie. La simple pensée de cette femme libre et sauvage enfermée dans cette armure suffisait à le faire enrager contre lui même. Car il n'avait pas su la sauver et le démon qui l'emprisonnait l'avait battu à plates coutures. Toujours, Llanistar n'avait connu que des victoires à la guerre, à présent qu'il goûtait à une défaite aussi humiliante, il lui semblait que sa bouche était pleine de cendres et d'un goût amer.

Un renard passa devant Anthem, qui se cabra soudainement. Surprit autant par sa monture que par la douleur que ce geste brusque réveilla, le Rusadir se sentit chuter et agrippa de sa seule main valide les rênes et tenta en tirant dessus de se retenir de tomber. Mais il ne dut son salut qu'à l'intervention d'un cavalier non loin qui l'avait vu en difficulté et avait foncé pour le rattraper et le remettre en selle. Toujours tiraillé par ses blessures, le général ne put le remercier aussitôt et resta quelques instants le souffle court, à tenir son épaule d'une main crispée. Il se rendit finalement compte que son sauveur était le jeune frère d'Holon, son second. Incapable de se rappeler de son nom exact, il lui dit d'une voix faible et enrouée.


"Merci, mon gars. Tu es arrivé à point nommé."
"Ca n'est rien, général. Je vous dois bien ça."

Llanistar émit un grognement sceptique. Il doutait fortement de cela. Cette défaite était la sienne, et tous ceux de ses hommes qui étaient tombés en ce jour pèseraient sur sa conscience à jamais. A côté des souffrances qu'Hyrule venait d'endurer, les siennes n'étaient rien. Pourtant, il avait fait de son mieux. Mais contre Ganondorf et ses abominations, il devait bien avouer qu'il n'était pas à la hauteur. Finalement, il répondit d'un ton las,

"La seule personne qui me doit quelque chose aujourd'hui est notre ennemi. En me précipitant, je lui ai offert une victoire aisée. Chaque goutte de sang versé dans cette vallée l'a été par ma faute."
"Sauf votre respect ser, vous vous trompez. J'étais en première ligne lorsqu'un revenant m'a foncé dessus avec un marteau grand comme moi. Je serais mort si vous ne l'aviez tranché en deux. Et si je puis vous parler franchement... Vous n'auriez pas pu mieux nous préparer à cette bataille, ni prévoir les atrocités que le Dragmire nous a envoyé. Nous affrontons un démon. Quels chances avons nous ? Quel homme pourrait vaincre un démon ?"

Le désespoir perçait dans sa voix, et Llanistar se sentit touché par cette émotion dévastatrice, qui glaçait les coeurs les plus vaillants. Mais il refusa d'y succomber. Chaque fois qu'il l'avait fait, les événements avaient empirés. Si il incarnait le bouclier d'Hyrule, il se devait d'incarner en même temps l'espoir. C'était bien là ce qui faisait la force des hommes, et ce qui lui avait toujours réussit. Un sourire forcé naissant au coin de ses lèvres, il posa une main réconfortante sur l'épaule du soldat avant de lui répondre, une force nouvelle dans la voix

"Link. Lui peut le vaincre. Mais il n'y arrivera pas seul. Il aura besoin de chacun d'entre nous pour lui ouvrir le chemin jusqu'à notre ennemi. Et c'est en cela que notre combat est juste, et nécessaire. Il soupira, soulagé de voir le jeune homme reprendre confiance, avant de reprendre, Merci mon gars. Tes mots m'ont fait du bien. Je suis heureux que tu ais survécu à cet enfer."

Penser aux vivants était sans doute alors la meilleur chose à faire. Il faudrait bientôt cesser de pleurer les morts et se préparer à la prochaine bataille. A présent que la guerre parvenait aux terres même d'Hyrule, il n'y aurait plus de repos jusqu'à la mort de Ganondorf...ou de Zelda.
Tandis que les derniers soldats passaient en dessous de lui et que le soleil se couchait vers l'ouest, Llanistar fit signe à son escorte de le suivre et descendit sur la plaine, rejoindre le campement de l'armée. Là, il se rendit au milieu des hommes éreintés qui tombaient dans le sommeil, des blessés qui oubliaient leurs douleurs avec un verre d'alcool et des accablés ayant perdu des proches qui les pleuraient tandis que quelques musiciens jouaient des airs tristes. Il partagea les peines des uns, les souffrances des autres et aida du mieux qu'il put. Cette nuit là, alors que lui même se haïssait pour ses erreurs, il ne lut qu'une amitié fraternelle dans les regards qu'il croisa. Persuadé qu'il ne la méritait pas, il profita de quelques instants où personne ne le remarquait pour s'éclipser au pied d'un arbre et, tiraillé par la douleur de son corps et de son âme, verser des larmes. Les siennes. Pour tous ceux qui étaient tombés, loyaux, braves, dans une guerre absurde.


Orpheos


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(vide)

Depuis sa naissance,
Jusqu’à sa mort,
Elle qui serait lié à lui toute leur vie,
Elle avait finalement réussi à se soustraire de son corps.

Depuis que son Maître avait lié un pacte avec des forces qui les dépassaient, elle avait pris une forme de conscience véritable. Elle avait pu se mouvoir, s’échapper, décider d’où elle irait… Elle avait été libre. Enchaînée depuis un quart de siècle à un corps dont elle était condamnée à imiter les moindres gestes, ce pacte lui avait été salvateur. Ces forces de l’au-delà lui avait permis de détacher ses pieds des siens, de se doter d’une volonté, et de briser la chaîne invisible qui les liait depuis le jour où il était sorti du ventre d’une pauvre femme.

Du moins, c’était ce qu’elle avait cru…

La magie, qui lui avait offert cette liberté inestimable, était venue la rattraper. Elle l’avait rappelée à l’ordre, par un nocturne joué sous la lune. Elle lui avait remémoré le fait qu’elle aurait toujours un maître, qu’il en était ainsi, et qu’il s’agissait des simples lois de la Nature. Mais le pacte avait tout de même créé un arrangement avec celle-ci : elle pourrait toujours se glisser où bon lui semblerait, tant qu’elle obéissait à ce Maître.

Après tout, elle n’avait pas le choix.
Que se passerait-il si elle désobéissait et brisait le lien désormais magique qui les unissait… ? Son Maître lui-même n’osait y songer.

"Elles" les surveillaient.


En tant que Maître, il lui avait ordonné de porter l’instrument qui consolidait son pouvoir. Le porter à son amant… Cet homme dont elle voyait qu’il s’amourachait. Un général à la cour qui avait déjà dû remarquer son absence… mais qui serait peut-être tout de même surpris de la voir seule, comme perdue, sans être rattachée au corps rabougri de son Maître. Un corps qu’elle avait dû laisser derrière à la forteresse, et qui ne devait plus être en très bon état.

Elle avait tout vu de son combat, avait tenté de tuer une ennemie du Maître sur sa demande, mais n’avait rien pu faire lorsque les "monstres" étaient venus leur casser les bras.

Elle avait cheminé parmi les projections ombrageuses d’une armée de personnes meurtries par la bataille, et avait discrètement attendu son heure. L’heure de livrer le cadeau du Maître à son amant… en espérant que ce ne soit pas le dernier.

L’heure était d’ailleurs proche de Minuit, et le général s’était enfin éloigné de ses troupes. Il fuyait la lumière pour se réfugier dans les ténèbres et la solitude. Elle aussi faisait cela. Ce qu’elle ne pourrait jamais faire, en revanche, c’était bien de verser des larmes. Le général pleurait contre le tronc de son arbre… Peut-être se plaignait-il pour toutes les vies qu’il avait menées là où posséder une ombre ne signifiait plus rien. Le Maître aurait certainement voulu le soutenir et faire sécher ces flots de sel. Mais puisqu’il était emprisonné loin derrière, il ne pourrait faire que ce qu’il avait demandé d’accomplir à son intermédiaire.


Elle rampa sur l’herbe de la plaine alors que le silence régnait. Elle ne pouvait émettre le moindre son, et lui-même pleurait sans bruit. Le vent se taisait pour les respecter. Alors, pour ne pas le surprendre, elle se plaça juste sous ses yeux et attendit qu’il la remarque…

Tandis qu’elle portait son ombre à bout de bras, la lyre dorée flottait dans les airs. Les cheveux blancs et le sang séché se trouvaient encore sur ses cordes, traces des adversaires qu’il n’avait pas réussi à tuer. L’amant du Maître reconnaitrait-il la provenance des mèches ou celle de l’hémoglobine ? Il saurait dans l’immédiat, en tous les cas, à qui appartenait cette lyre enchantée.

Lorsque le général leva finalement son regard trempé, elle prit quelques instants d’attente pour qu’il puisse bien identifier sa forme. Celle du Maître. Puis, lorsqu’il eut prononcé quelques mots d’une voix brisée, elle laissa doucement retomber la lyre sur l’herbe qui lui faisait face.

Elle lui avait porté l’instrument du Maître. Sa mission était accomplie.

Sans plus d’épilogue, elle recula silencieusement de quelques pas entre les brins d’herbe, et s’échappa à vive allure de cet endroit. Elle devait laisser le général pleurant pour retrouver son Maître, abandonné là-bas dans l’ignorance de tous, y compris celle de son bien-aimé larmoyant.

Le Maître aussi, dans sa geôle, devait être en train de souffrir.


Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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[ Suite directe de https://hyrulesjourney.forum2jeux.com/t3257-to-lord-and-land-infiltration-silencieuse ]

Nul doute que sa proie avait plus de force que lui, et alors qu’il lui sembla avoir touché sa cible, il sentit la corde le tirer en avant. Il n’avait guère de prises, et il sentit rapidement que le seul effort de ses bras ne suffirait pas à l’empêcher de décoller en avant. Un bref coup d’œil lui indiqua que face à  lui se trouvait une grille qui allait le réceptionner, plutôt violemment s’il ne réagissait pas. D’un bond, il se positionna perpendiculaire au mur de sorte que, dès que ce furent ses pieds qui la heurtèrent, lui permettant de tirer avec une meilleur prise sur la corde.

Leurs efforts combinés semblaient avoir porté leurs fruits puisque leur adversaire finit par tomber à terre, et Sheik lâcha la corde pour se réceptionner à terre. Une main portée à son ventre, il serra les dents. Son ventre continuait de lui faire mal, d’autant plus à chaque mouvement trop brusque. Il devait pourtant garder son attention sur leur ennemi, et alors que ce dernier criait à l’injustice, il tourna des yeux pour le surveiller. Toutefois, alors que son regard suivait la main de ce dernier, il écarquilla les yeux en apercevant une fée qui lui semblait familière à la ceinture de l’homme. Navi !? Si Link était sur place c’était plausible, mais pourquoi alors l’aurait-elle quitté ? Il ne s’agissait d’ailleurs pas de la seule fée apparemment captive.

Sheik n’aurait cependant pas l’occasion de vérifier et d’obtenir une réponse, ni même de sauver la fée. Alors que son attention était détournée par la petite compagne de Link, le Traqueur venait de lancer la jarre qu’il avait récupérée sur une autre, plus grande, qui trônait dans la pièce et le résultat ne se fit pas attendre.

« Héhé, boum », ce furent les derniers mots qu’il entendit avant la détonation et l’aveuglement complet. Il se serait attendu à tout sauf à cette déclaration enfantine venant d’un homme qui se trouvait tout autant qu’eux plongé au cœur de l’explosion. Comme si tout cela n’avait été finalement qu’un jeu, comme si lui-même n’avait pas conscience des vies qui risquaient d’être sacrifiées par ses actes, y compris la sienne.

Les événements s’enchaînèrent assez vite, et encore après, en y repensant, il avait du mal à comprendre ce qui s’était passé, ou du moins comment il avait réussi à utiliser la magie de Zelda. Toujours est-il que, lorsque tout devint blanc autour d’eux et que le souffle de l’explosion prit de l’ampleur, il n’y avait plus tellement le temps de réagir mais par réflexe il tendit une main, l’autre placée devant son visage pour le protéger. Lorsqu’il écarta son bras, curieux d’avoir senti un choc violent et la chaleur autour de lui sans avoir été réduit en pièces, il sentit un bouclier qui s’était formé autour de lui. Incapable de le contrôler ou de l’utiliser pour les autres, il espéra qu’eux-mêmes avaient trouvé une façon de se protéger, alors que la déflagration continuait et l’empêcha de garder les pieds à terre. Il sentit tout son corps trembler, réveillant les plaies et blessures qu’il s’était fait, alors qu’il se faisait soulever de terre et éjecter de la forteresse.

Il ne savait pas ce qu’il devait le plus craindre : la chute ou que le bouclier ne se brise. Heureusement pour lui, le bouclier ne se brisa pas trop vite, quant à la chute, c’était plus délicat. Voyant que les prisonniers avaient été éjectés avec lui et ses compagnons, et que ces derniers s’étaient déjà saisis de deux d’entre eux, il s’agrippa à la cage qui avait retenue prisonnière la Sage de l’Esprit, cette dernière semblant incapable de se rattraper convenablement au sol. S’il était agile et n’eut pas de mal à se placer correctement pour soutenir la cage et amortir le choc de la Gerudo, inutile de dire que l’atterrissage fut bien plus douloureux pour lui. Ses prières aux Déesses n’eurent que peu d’effet et il eut l’impression que son épaule venait d’éclater en morceaux alors qu’elle claquait contre le sol. S’il lui sembla que les pouvoirs de la Princesse étaient de nouveau intervenus, cela n’avait pas suffit à lui procurer un atterrissage en douceur.

Des étoiles dansant devant ses yeux, il fit glisser la cage sur le côté pour se dégager, serrant les dents au moindre mouvement. Il ne pouvait pas rester là. Si les pouvoirs de la Princesse lui avaient sans doute sauvé la vie ou évité de finir en bien pire état, ils avaient aussi pu signaler la présence de cette dernière. Il devait quitter les lieux au plus vite.
Il soutint son épaule blessée du mieux possible avec son bras valide, se relevant non sans effort. La demoiselle qui l’accompagnait venait déjà de héler les gardes pour prendre les dispositions nécessaires concernant les prisonniers, et un coup d’œil lui apprit qu’ils se trouvaient du côté du vallon. Ce n’était malheureusement pas la seule nouvelle qu’il avait à apprendre, et il comprit bien vite que les soldats étaient actuellement en plein replis. Il ne restait plus qu’à partir… Il sentit son cœur, qui n’était jamais que le même que celui de la Princesse, se serrer. Au moins avaient-ils pu porter secours aux captifs de la forteresse, mais ce n’était pas suffisant, la reprise de la forteresse était un échec, et il savait que la suite n’en serait rendue que plus complexe. Il n’avait pour autant pas le choix, il ne pourrait plus faire grand-chose sur place.


Son regard se porta un instant en arrière, Zelda inquiète de savoir si son Héros avait pu se replier lui aussi, mais il se força à aller de l’avant. Il espérait que Link ait le réflexe de rentrer avec les soldats, pour peu qu’il veuille prendre la direction du château, alors s’il voulait le retrouver le plus simple serait de rejoindre l’armée. C’était de toute façon la décision la plus raisonnable pour le Sheikah, faire route seul à présent serait plus dangereux. Il avait en outre été chargé de prendre soin de la Prêtresse de Nayru qu’il hissa sur l’épaule qui avait le moins souffert. Si légère qu’elle soit, la douleur se réveilla malgré tout et il sentit que le trajet allait être long.

Il fut soulagé d’arriver enfin auprès de l’armée et d’obtenir de l’aide pour prendre soin d’elle. S’il préférait rester discret et se fondre dans la masse de soldats, il gardait toutefois un œil sur la femme de foi. Ses yeux scrutaient aussi la foule, à la recherche d’une tignasse blonde. Il savait au moins que le jeune homme était en vie grâce à la boucle d’oreille qu’il portait, et il avait l’impression qu’il n’était pas si loin. Pour autant, son regard ne le rencontra pas. Silencieux et morose, il se contenta de tendre l’oreille et d’écouter les discussions autour de lui, peu désireux d’en démarrer une lui-même, préférant continuer à observer la foule qu’aller s’asseoir dans un coin.


Link

Héros du Temps

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Les flammes léchaient ses vêtements alors que les braises et la poussière virevoltaient sereinement. Du troisième palier de cette Forteresse qu'il avait jadis infiltré, il ne restait qu'une moitié. L'autre avait purement et simplement disparue, rongée par le feu et brisée par la poudre. Et malgré ce pressentiment qui le gagnait et manquait de lui faire perdre tout sens de raison, il tâcha de conserver son sang-froid. Certains le disaient sans peur. C'était absolument faux : il éprouvait les mêmes peurs que n'importe quel homme, et au mieux les combattait avec un peu plus d'ardeur. Non, ce qui faisait peut être la différence, c'était qu'en toute situation, il essayait de garder le plus possible la tête sur les épaules. Il craignait bien des choses, mais il ne paniquait pas. 

Ou si rarement.



Tenant son épaule mutilée, l'Hylien fléchit les genoux assez lentement pour ne pas grimacer. Quand il arriva suffisamment bas, il tâcha de recueillir entre ses doigts quelques débris restés au sol. Un souvenir boisé, de toute évidence. Tout était encore en proie à l'incendie, et pourtant quelques feuilles demeuraient sur le sol, comme si elles avaient survécu à l'explosion qu'il avait entendu plus tôt. Ses dents se crispèrent, alors que de bien sombres pensées venaient le tourmenter. S'il ne paniquait que si rarement, il aurait été faux de dire qu'aucune angoisse ne venait tordre sa gorge, alors qu'il réalisait que chaque être à qui il tenait disparaissait tôt ou tard ; parce qu'il n'était pas à même de les protéger. Que la Forêt avait brûlé parce qu'il n'avait pas su l'empêcher. Qu'Hyrule était à feu et a sang parce que sa main n'avait pas suffisamment de force pour mettre fin à cette guerre. Il songea à Malon, repensa à Flora qu'il avait abandonnée aux mains de mercenaires, puis à Belle qu'il avait cru en sécurité au Castel. Son poing se referma sur la feuille, alors qu'il reniflait méchamment. Quand ses doigts se délièrent , il ne restait plus que des cendres. Des cendres et une larme.


Tant bien que mal, il se releva, avec la certitude qu'elle était en vie. Il n'avait strictement aucun moyen de le prouver, mais une forme d'intuition à laquelle il s'était assez souvent fié pour miser une nouvelle fois dessus. Quand bien même l'enjeu était le plus massif de tout ceux qu'il avait jamais eu à traiter. Ses yeux de givre parcoururent une nouvelles fois les ruines de la Forteresse, à la recherche d'un indice, sans rien lui révéler ; ou presque. Son regard s'arrêta sur un morceau d'acier noirci par la déflagration. Toujours ancré dans le sol, il dévoilait les restes d'une ancienne cellule. Il savait l'état de la prison principale – celle dans laquelle il avait fini parfois, avant de s'évader – pour être passé devant et en déduit que c'était ici que les prisonniers devaient être. Sans doute, son raisonnement était porté par l'espoir de retrouver la Prêtresse en vie (il était déjà persuadé de la survie de la Princesse), mais il se prit à croire que tout était possible... — en dépit de ce qu'il savait déjà. Il avait connu trop de drames pour se réfugier dans les illusions.


Le cuir de ses bottes racla une fois de plus les débris alors qu'il se mettait en marche vers l'Est. La logique voulait que Belle se soit dirigée par là ; vers les terres du Royaume, ce que n'était de toute évidence plus la Vallée. Il espérait retrouver avec elle les deux amies qu'il avait abandonnée, dans la fougue des combats et son coeur brûlait du désir et de l'espoir qu'elle n'ai rien. Ses pas devinrent des foulées, alors qu'il commençait à courir, le sang lui battant les tempes dans un rythme enfiévré. Bientôt, il atteint le bord du Troisième Palier et bondit sans hésiter. Il se réceptionna un peu plus bas, sur le toit du rez-de-chaussé, avant de sauter une seconde fois. Ses pieds s'enfoncèrent dans le sable, avant que son corps ne parte en avant. Il roula, non sans une grimace de douleur, quand ses plaies s'étirèrent une fois de plus. Le vagabond se releva tant bien que mal, haletant, le front moite d'une sueur due tant à l'incendie qu'à la fièvre qui devait sans doute le gagner. Longuement, il avança entre les dunes, gravissant petit à petit le Vallon. Ce qui n'aurait été qu'une pente toute bête devenait désormais une épreuve. Surmontable, sans le moindre doute, mais néanmoins plus complexe.


A peine avait-il passé les gorges qu'il porta l'Ocarina du Temps à ses lèvres et entama la douce mélodie d'Epona. Son amie équidé n'arriverait pas avant un moment, il en avait conscience, aussi plus il l'appelait tôt, moins il aurait à marcher. Il ne prit toutefois pas le temps d'attendre – elle saurait le retrouver, elle l'avait toujours fait – et reprit d'ores et déjà sa course. Le sable d'hier s'effaça pour laisser place à la terre rouge et poussiéreuse qui marquait la frontière entre le Désert et les Plaines. Doucement mais sûrement, le Sans-Lignage gagnait du terrain et approcher des pays que le Royaume n'avait pas perdu. Pas encore, pensa-t-il amèrement. 


Après des lieux à marcher, sans qu'il fut capable d'en estimer la distance – la tête trop absorbée par une autre tâche –,  il lui sembla qu'un nuage de fumée venait titiller ses narines. Sans doute fumait-on un jambon, pour mieux le conserver. Son ventre eut un sursaut, et il réalisa qu'il n'avalait guère que des racines depuis trop longtemps. Son estomac ne tarda pas à se tordre alors que l'ensemble de son être criait à la famine. Funérailles, il avait faim. Il avait froid, il avait mal et il avait sommeil. Mais il fallait continuer. Avait-il vraiment le choix, de toute façon ? Il n'allait pas voler la nourriture d'un autre, et n'avait ni le temps ni les moyens de se lancer dans une autre traque que celle qu'il menait déjà. Portant sa main valide à ses intestins, il tâcha de faire taire la grogne que son ventre poussait, tout en haut grimpant une énième de ces collines qui jalonnaient les landes d'Hyrule. 


Link trébucha, sans doute contre une de ces aspérités qu'on retrouve un peu partout. Sans même chercher à retrouver son équilibre, il chuta lourdement. Présentant son flanc gauche, il percuta le sol avant de pousser un petit râle de douleur. « La peste... — » Murmura-t-il, alors qu'il se hissait à quatre pattes et cherchait à remplir ses poumons de tout l'air qu'il avait été contraint d'expulser. Et quand il parvint enfin à esquisser un geste pour se relever, la fatigue se joua de lui. Ses bras cédèrent, il tomba à nouveau. « Uh ! » Lâcha-t-il, alors que l'oxygène le fuyait une seconde fois. « ... Foutues... — » Lança-t-il, tandis que ses yeux se perdaient dans le ciel ; avant de s'arrêter et de jeter sur les billes de givres un voile de chair. Les Déesses avaient peut être beaucoup à voir avec la situation d'Hyrule – quelle idée de laisser trois Fragments de Pouvoir Divin sur terre...? –, Elles ne pouvaient pas pour autant être tenues responsables de ses échecs. S'il était incapable d'être fort, c'état de sa faute, et de sa faute seulement.


Il se redressa soudainement, en proie à des sueurs froides. Le côté brusque de son geste lui arracha un gémissement plaintif, quand son organisme le rappela à ses blessures. Il n'aurait su dire combien de temps il avait cauchemardé, ni à quel point la nuit était avancée. Tout lui semblait si noir... Comme si la Lune elle même se cachait à l'Enfer Polaire qui brûlait au fond de ses yeux. Lentement et précautionneusement, il se releva, non sans se maudire dans un silence triste. Il manqua de tomber une troisième fois, mais ce repos forcé lui avait permis de reprendre un tant soit peu du poil de la bête. Il serra les dents mais parvint à rester debout.


Bientôt, les lieux qui se dessinaient sous ses yeux s'illuminèrent de feus. De feus de camp de toute évidence. Les cieux s'emplirent de voix, de mélopées dramatiques, de luths tristes, et son propre regard finit par s'habituer à l'obscurité ambiante de cette nuit sans lune. Tant bien que mal, il s'aventura dans la petite vallée en contrebas du relief où il se situait un peu plus tôt ; et où le campement royal avait été monté. Et malgré tout ce qui lui nouait l'estomac, il fut soulagé de voir que tant d'hommes avaient survécu.


Le jadis-Champion-de-Farore remonta les allées improvisées sans se soucier des regards qui pourraient s'arrêter sur lui. Il cherchait quelqu'un qu'il ne savait pas où trouver. L'inquiétude se mélangea bien vite à la colère, tandis qu'il écumait le campement à la recherche d'une Princesse frappée par une déraison presque suicidaire. 


Ses pas le menèrent jusque dans une petite « ruelle », vers le centre des tentes qui avaient été installées. Autour d'un feu de camp, quelques hommes discutaient, certains jouaient une de ces chansons trop tristes pour qu'il les ai jamais apprécié. Et un Sheikah demeurait silencieux, assis sur un rondin transformé en banc pour l'occasion, une tasse entre les mains.

"Toi..." Souffla-t-il, furieux. Fou d'inquiétude, rongé par l'angoisse. « Toi ! » Reprit-il plus haut, alors qu'il se jetait sur son ami et le soulevait par le vêtement, le forçant à se lever. Autour d'eux le silence s'était fait sans qu'aucun homme ne réagisse. « Par quelle folie..?! » Il avait le souffle coupé devant la bêtise de la demoiselle aux cheveux d'or. Les mots restaient coincés dans sa gorge, tandis qu'il ne parvenait pas à exprimer la moindre des émotions qui le secouait. «... Tu... — Tu as pensé une seule seconde à ce qui aurait pu se passer..?! As-tu seulement idée de ce qui a failli arriver ? De ce que nous avons évité je ne sais comment ?! — » Son propre visage semblait cramoisi, à la lueur des flammes, quand il lâcha enfin Zelda et fit volte face, tétanisé par une forme d'égoïsme qu'il ne soupçonnait pas et, qu'au fond, il savait motivé par d'autres ambitions.


Avant d'avoir fait un pas, il se retourna soudainement et gifla la Suzeraine, sans le moindre respect du protocole ou de son rang. « Ne fais plus jamais ça. » Jamais il n'avait parlé aussi sèchement à Belle. « Ne refais plus jamais ça, ou je t'enchaine. » L'Hylien renifla, avant de passer le bras sous son nez pour essuyer le sang qui recommençait à couler. La gueule violacée par les coups de Ganondorf et maculée de sang, il sentit soudainement touché par une faiblesse qu'il n'avait jamais eu à combattre.


Quelques hommes avaient désormais le poing collé à l'épée. S'ils venaient l'affronter, il savait qu'il n'aurait pas le coeur de se défendre. La tête lui tournait, la faim le tenaillait et sa gorge le faisait souffrir le martyr. Il n'était même pas sûr de pouvoir tenir son épée, si combat il devait y avoir. Et parmi tous ces vétérans il n'y en avait qu'un qui n'avait pas fait mine de vouloir se battre. Le seul qu'il reconnaissait, au demeurant. Son regard croisa celui de son Frère-de-Sang, et il ne fallut pas plus au Fils-de-Personne pour savoir que cette attitude de rempart n'était qu'une façade. Il se déporta une dernière fois sur Zelda, et lui lâcha un regard aussi noir que celui qu'il avait broyé à se demander dans quel état il allait la trouver. Et même s'il n'en disait rien, un poids s'était envolé quand il l'avait vue presque intouchée. 


Le Héros du Temps s'avança vers le Général, suivi par l'ensemble des regards de ses hommes, méfiants. Il s'accroupit devant son ami, avant de s'essayer à un des exercices qu'il maitrisait le moins au monde. « Frère... » Commença-t-il, sur un ton tout bas, en essayant de ne plus penser au regard de Belle qui pesait sur épaules. « Frère, écoutes moi. » Son regard croisa la lyre que Llanistar tenait serrée contre son torse. Il ignorait à qui elle appartenait, mais il avait le sentiment que c'était les derniers restes d'un être aimé. Et même s'il brûlait d'envie de partir à la recherche de ceux qui avaient disparu de son côté, il reprit. « Je ne peux pas le ramener, mais... » Il tira le coutelas de sa ceinture : celui qui l'avait loyalement servi depuis des années. « Accepte ce présent. Il... — » Tandis qu'il manquait de mot pour panser la plaie du Rusadir, il ferma ses doigts autour des siens. La petite lame avait changé de mains.


Llanistar van Rusadir


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Les larmes coulaient sur ses joues, une par une, tombant lourdement dans les hautes herbes. Ainsi, son chagrin finirait dans la terre pour abreuver les dieux. Car c'était bien de cela qu'ils semblaient vivre, ces entités qui tissaient la grande toile du destin des Hommes. Malgré les prières, les rituels, les sacrifices, le monde continuait à souffrir et les innocents à en subir les malheurs. Nombre d'entre eux étaient tombés ce jour là, sans raison autre que la folie d'un homme en noir. Leur sang avait nourrit la terre, comme les larmes de Llanistar, et celui ci n'avait même pas su gagner la bataille. Morts...pour rien. Le Rusadir enrageait de désespoir à cette simple pensée. Combien de soldats étaient ainsi morts sous ses ordres, depuis dix ans ? Combien l'avaient été pour rien ? Existait il seulement une seule raison valable de mourir ?

Au fond de lui, le nordique connaissait la réponse. Il savait que rien ne justifie la fin d'une vie humaine, aussi insignifiante soit elle. Un berger peut chasser le loup pour protéger ses moutons. Un meunier peut chasser le rat pour conserver ses céréales. Un forestier peut chasser le cerf pour se nourrir. Et nul ne peut de même reprocher aux animaux d'agir pour leur servie. Mais rien ne justifie la guerre. Aucun animal ne peut même la penser, ils sont trop sages pour cela. Levant les yeux vers la lune en croissant au dessus de lui, Llanistar fut prit d'un désir soudain de tout arrêter. De sortir de ce jeu destructeur sans fin, de laisser la violence derrière lui et même d'abandonner son espoir de rendre justice à Artensir... Mais l'instant d'après, laissant échapper un profond soupire las, il sut qu'il continuerait à se battre dés le lendemain. Parce que la cause de Zelda était juste et son amour pour son peuple sincère, que la tyrannie victorieuse de Ganondorf provoquerait d'autres guerres et surtout parce que ses soldats comptaient sur lui. Se retirer du jeu, c'était admettre la défaite. C'était agir comme Ardavin van Rusadir, en détournant les yeux et en laissant les tyrans gagner.

Les siens étaient baissés lorsqu'il sentit une aura étrange aux alentours. Un frisson le parcouru lorsqu'il crut reconnaître celui qui se dirigeait vers lui. Mais lorsque ses yeux se levèrent, il ne vit rien. Dans la direction que son don lui indiquait, on ne voyait pas l'ombre d'une silhouette au loin. Llanistar pensa alors que la fatigue, ses blessures et son chagrin le faisait délirer. Ca n'était pas la première fois qu'il croyait sentir la présence d'un être aimé lorsque son coeur l'eut ardemment désiré.
Mais cette fois, l'impression ne faiblit pas après qu'il se fut aperçu de son erreur. L'aura de son amant se trouvait toujours prés de lui. En silence, il pesta contre ce don qui le torturait et son regard replongea vers le sol. Et puis soudain, quelques minutes après, l'aura sembla s'immobiliser, tout proche de lui. Le coeur plein d'un espoir inconsidéré, le Rusadir releva les yeux pour assister à un des spectacles les plus hors du commun qu'il ait jamais vu. Devant lui semblait se tenir l'ombre de son amant, tenant sa lyre. Figé par la surprise, craignant de briser la scène au moindre geste, il resta assis contre l'arbre, incapable de prononcer un mot.
Et sans lui donner une réponse aux mille questions qui se bousculaient déjà dans son esprit, l'ombre laissa l'instrument choir sur le sol et s'en alla, en direction de la forteresse. D'un coup, Llanistar bondit sur ses pieds et, le bras tendu comme pour la retenir, en essayant à grande peine de courir, lui cria,


"Attends !"

Mais déjà, elle disparaissait dans la nuit.

"Orpheos..."

Le murmure s'en alla, porté par le vent,
Un instant, le général cru à un rêve ou une hallucination. Mais un regard vers le sol et la lyre lui confirma ce dont son coeur était certain : ce à quoi il venait d'assister était bien réel. Et, réalisant ce que cela signifiait, il tomba à genoux, prêt à fondre en larmes à nouveau. L'ombre venait de la forteresse et y retournait. Cela signifiait que son amant s'y trouvait et qu'il n'était vraisemblablement pas en mesure de le rejoindre. Avait il prit part aux combats ? Pourquoi donc le faire aussi secrètement ? Llanistar ne l'aurait pas empêché de se battre mais il aurait été à ses côtés ! Ecumant d'une rage emplie de détresse, se sentant plus impuissant que jamais face aux coups du destin, le nordique se frappait la poitrine, quitte à refaire saigner ses plaies. Il se souvint d'avoir senti sa présence lors de son duel avec le Cygne Noir, et d'avoir préféré l'ignorer. Si seulement...

Son dernier coup rouvrit soudainement sa plaie au ventre et il se tordit de douleur sur le sol, lamentable et pathétique, comme si les dieux eux mêmes le battaient à mort. Couché au sol sur le ventre, immobile, il attendait que ses souffrances ne se calment, ses larmes versées directement dans la terre. Il passa plusieurs minutes avant que, calmé, ses yeux ne devinrent trop secs pour pleurer encore. Alors, il s'assit, s'empara de la lyre et tenta de comprendre pourquoi Orpheos lui avait envoyé son instrument. Si sa peur lui inspirait l'idée qu'il s'agissait peut être d'un cadeau d'adieu, sa raison lui intimait de ne pas croire cela. Car si l'ombre vivait, son corps était certainement en vie lui aussi. Pour autant, rien n'assurait qu'il le reste. Néanmoins, Ganondorf connaîtrait la valeur de son prisonnier. Llanistar pouvait s'accrocher à l'espoir que le seigneur du malin veuille l'utiliser en guise d'otage. Mieux valait ça que la mort. Tout sauf la mort, et que les dieux aient pitié, pour une fois !

Maladroitement à cause de sa main de métal brisée, le nordique examina la lyre et venait d'y remarquer une tache de sang et des cheveux attachés aux cordes quand un officier s'approcha de lui, prudemment, craignant surement de l'offenser. Décidé à assumer son rôle jusqu'au plus profond de sa tristesse et à ne pas la laisser paraître, il essuya ses joues humides et lui demanda d'une voix la plus forte possible,


"Qu'y a t'il, capitaine ?"

Le jeune homme, visiblement surprit d'avoir été entendu, bafouilla un instant avant de se reprendre et de répondre, visiblement peu assuré, comme si il s'attendait à un savon,

"C'est le médecin qui m'envoie. Il souhaite refaire vos pansements." Il marqua une pause, puis continua plus rapidement, comme si il craignait d'être interrompu, "Il dit que c'est important, qu'autrement vos blessures pouvaient s'aggraver dans la nuit. Et il..."
"Très bien je viens."

Llanistar avait comprit que le capitaine ne l'avait pas prévu aussi coopératif et qu'il avait soigneusement préparé ses arguments avant de le rejoindre. En une autre occasion, il lui aurait peut être conseillé sèchement d'aller s'occuper de ses affaires... Mais après les coups qu'il venait de se porter, le Rusadir se savait exposé à une infection de ses blessures les plus graves. Et bouger un peu lui ferait du bien. Avec difficulté et une grimace de douleur, il se leva, la lyre sous le bras et fit signe à l'officier surprit de lui montrer le chemin.
* * *

"Et surtout cessez de faire l'imbécile ! Reposez vous ou je vous attache à un lit jusqu'à demain !"

Llanistar grogna un remerciement et sortit de la tente du médecin en tâtant son nouveau bandage, en dessous de sa tunique de lin. Sortir de son armure lui avait fait un bien fou mais faire changer des pansements restait toujours une expérience douloureuse. Heureusement, il était à présent délivré de cette obligation et aussi du médecin. Le nordique n'aurait pas su dire si il l'aimait bien ou si il ne le supportait pas. Sans doute un peu des deux, le fort caractère du bonhomme n'y étant pas étranger.
Un instant, il craignit d'avoir perdu la lyre d'Orpheos avant de se rendre compte qu'il la pressait contre lui. Le soigneur avait insisté pour qu'il la lâche le temps de le bander à nouveau mais dés qu'il avait pu, le Rusadir l'avait reprit dans sa main. Pas un instant il n'avait cessé de penser à son amant, imaginant toutes les horreurs dont son esprit était capable, n'osant pour autant se résoudre au désespoir, à la pensée que son amour était peut être mort. Et lorsque son esprit effleurait cette hypothèse, il resserrait sa prise sur les bords dorés de l'instrument, craignant que ce soit la seule chose qu'il lui reste du chancelier.

Ce fut tourmenté par ces questions qu'il approcha du feu de camp le plus proche. Sur son chemin, les hommes lui laissaient le passage et on lui laissa une large place sur un banc. Llanistar leur aurait bien dit de ne pas se formaliser autant avec son grade, de continuer d'agir naturellement en sa présence, mais son état moral le lui interdisait. Tout comme la nature...inhabituelle de sa relation avec Orpheos lui interdisait de leur avouer la cause de cet état.
On lui tendit une chope en bois remplie de ce qui semblait être un alcool fort et puant. Il la prit en bredouillant un merci et la vida d'un coup. L'alcool l'envahit d'un coup, atténuant sa douleur mais augmentant ses craintes et sa capacité à imaginer le pire. Aussi poliment qu'il le put, il refusa une nouvelle chope, conscient qu'il pourrait en dire trop une fois l'esprit embrumé.

Il ne parla plus, ne bougea plus et on finit par faire semblant qu'il n'était pas là avant de l'oublier réellement. De toute façon, le général ne voulait pas qu'on s'intéressât à lui cette nuit là. Il voulait entendre et voir de la vie autour de lui sans en être. C'était ainsi qu'il pouvait supporter ces heures sombres. Plusieurs heures passèrent avant que le premier événement notable n'advint.

* * *

Llanistar manquait de s'endormir lorsque le bruit d'une gifle violente le tira de sa torpeur. Intrigué, il releva la tête pour voir son frère de sang, Link, faire face à un jeune sheikah qui lui était inconnu. Si il se fichait bien de la raison d'un tel geste, il fut stupéfait par la présence même du héros. Un instant, il pensa que ce dernier arrivait après la bataille mais un simple regard sur ses blessures encore saignantes  et ses vêtements déchirés lui informa que le garçon avait bien, lui aussi, combattu. Le général serra le poing en se demandant combien de combattants de Zelda avaient ainsi oublié de le prévenir de leur présence... Et cela lui fit se rappeler d'Orpheos. Plaquant la lyre contre lui, il replongea dans ses ténèbres en étouffant un sanglot.

« Ne fais plus jamais ça. » continuait de dire Link. « Ne refais plus jamais ça, ou je t'enchaine. » Le dernier mot fit écho à une image que le nordique avait imaginé de son amant, et il releva la tête, pour croiser le regard du héros.

A cet instant, Llanistar eut envie de disparaître. De s'enfoncer sous terre ou dans les ténèbres de la nuit.. Qu'importe ! N'importe où plutôt que devant ce feu, ainsi fixé par son frère. Oh il devait bien paraître pitoyable ce général qui agissait comme le plus fragile des enfants. Mais c'était bien là la faiblesse du Rusadir : il y avait encore de l'enfant en lui. Et cet enfant n'était pas armé pour supporter autant de coups du destin. Il rabaissa son regard vers les flammes, le dos courbé, tâchant de se faire le plus petit qu'il pouvait.
Mais il sentait l'aura de Link s'approcher et le poids de tous les regards sur lui. Il avait envie de le supplier de repartir, de lui hurler de le laisser à sa peine, même de le repousser si il s'approchait trop prés...Et puis, un seul regard vers ces yeux d'azurs le désarma.


« Frère... »

Llanistar frissonna, et aussitôt on lui plaça un manteau sur les épaules. En réalité, c'était de dégoût contre lui même que le nordique éprouvait ce frisson. Comment pouvait il être considéré comme un frère par un tel héros alors qu'il était si faible, si minable ? Il détourna la tête un instant mais aussitôt, la voix  de Link lui revint et il replongea dans son regard,

« Frère, écoutes moi. »

Le Rusadir sentit ses hommes surprit que le héros l'appelle ainsi. Il est vrai qu'eux ne savaient pas. Aucun d'entre eux n'avait assisté à leur pacte de sang, lorsque Link l'avait poussé à ne pas sombrer, après une nuit de découragement et d'alcool.

« Je ne peux pas le ramener, mais... Accepte ce présent. Il... — »

Llanistar eut du mal à ne pas céder aux larmes lorsqu'il vit le présent dans la main que son frère avait refermée. Un simple couteau, sans grande finesse, sans pierres précieuses ni surement de légende attachée à son acier très commun... Mais cette lame simple valut dés cet instant plus que tous les joyaux que la terre pouvait contenir. Avec émotion, il pensa que son grand père, Ardavin, avait surement connu le même sentiment, presque quarante ans auparavant, bien loin de là.

"M...Merci."

D'aucuns jugeront ces remerciements brefs et peu expressifs, mais ce fut le seul mot dont se sentit capable Llanistar en cet instant, et le seul qui lui parut nécessaire. Link n'était pas de ceux qui s'embarrassent de longs discours émouvants ni de présents royaux. A un cadeau simple et touchant répondait un mot simple, d'une voix profondément émue. Touché, Llanistar l'était. Et cela lui redonna une force qui l'avait abandonné. Se redressant lentement sur le banc, il passa le couteau à sa ceinture et se leva. Dés que Link eut fait de même, il lui donna une longue et sincère étreinte.
Il avait lu une sincérité, une compréhension, dans le regard de son ami, de son frère. Mais aussi, il avait lu sa force, son courage, sa volonté. Et cela l'inspirait, tout comme son réveil semblait inspirer les soldats autour d'eux. Néanmoins, lorsqu'il se dégagea du Héros, il sentit sa tunique poisseuse en un endroit, et constata qu'elle était maculée de sang... Du sang de Link.
Il ne remarqua que là à quel point son frère avait souffert lors de cette bataille et à quel point ses séquelles étaient sérieuses. Désormais plus inquiet pour lui que pour toute autre chose, il lui dit,


"Frère, il faut que tu te fasses soigner ! Viens donc avec moi !"

Il fit un pas vers la tente du médecin et lui tendit la main en une invitation à le suivre.


Roshu Aaron


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Comme porter par le courant d'une rivière, il se laissa porter par la mort. Écrasé par le poids du prisonnier, il ne pouvait plus bouger, le goût du sang commençait à se sentir dans sa bouche et le sorcier ne sentit plus son pied, ses sens commençaient à l'abandonner. Le fait qu'il soit utilisé comme un coussin blessa son amour-propre mais qu'il ai réussi à sauver une personne, lui permettait de partir dignement. Le mourant ouvrit les yeux encore une fois pour regarder au alentour, voyant ses alliés s'en sortir un par un. Puis il s'endormi pour de bon, se remémorant de ses merveilleux souvenir passé sur ses terres et chez lui ... Sauf qu'aucun de ses souvenirs lui parviennent à l'esprit. La seule pensée qui lui vint en tête est celui ci, un souvenir enfoui depuis très longtemps refaisant surface, pourquoi maintenant ...

Quelques années plus tôt, à Solar


On le surnommait Decem Aaron, le père de Roshu. Ce qui signifiait " Le Dixième " de la famille des Aaron. C'étais un sorcier connu du royaume de Solar, possédant un incroyable pouvoir magique, pouvant détruire une escouade de dizaines de magiciens et de paladins à lui tout seul. Cela veut dire qu'il était aussi la cible première des mages noires ou d'organisation ténébreuses voulant renverser le royaume car il faisait parti des Gallyfreyans , un ordre conçu pour la défense du continent  ... Une journée ensoleillée, très calme, le jeune Roshu n'avait que 6 ans et ne maîtrisait qu'à peine les arcanes de la magie qu'il a été attaqué en rentrant de chez lui, dans une rue par des mages noires. Si on ne peut pas attaquer le patriarche, attaquons sa famille pour le toucher au cœur. Et le jeune sorcier fut la 1ere victime de ce complot.

A l'hôpital de la ville, les sages ont diagnostiqué une forme de poison violent au niveau de sa tête, plus précisément son œil droit. Une magie extrêmement dangereuse dans lequel l'utilisation d'une quelconque magie de soin peut s’avérer fatale. Le sorcier aux cheveux bleu était allongé sur la table d’opération, une sombre marque de couleur violet-noir commençait à grossir autour de son œil droit, montrant que l'avancée du poison est très inquiétante, il ne lui restait plus que quelques heures avant de mourir, il ne survivrai pas la nuit. Alors Decem, trouva une solution radicale pour son fils, seul descendant de sa lignée de sorcier, Alex étant le fils de sa femme mais pas n'est pas le fils biologique de Decem.

Il entra brusquement dans la salle d’opération avec Alex. Les événements commencent à lui échapper, il venait d'apprendre que la mère d'Alex est morte quelques minutes plus tôt chez elle à cause d'une explosion, des témoins avaient vu un groupe de mage prés des lieux de l'explosion. Le sorcier commença à déprimer, au point de prendre un risque en essayant une magie. Roshu servira de cobaye pour le test de sa magie : La Regeneration. Une magie perdue consistant à tromper la mort mais qui entraîne des changements brutaux. Decem implanta cette magie dans le corps du sorcier, permettant à la magie d’opérer automatiquement, soignant chaque cellule, chaque partie du corps de Roshu, soignant même le poison. Une lumière jaune éclaira la salle, elle venait de l’énergie de la régénération, puis les sages fixa une sorte de glyphe rouge sur l’œil droit, évitant que le poison revienne. Decem fit signe de la tête à Alex de sortir de la salle.


"J'ai pris une décision, c'est à cause de moi que Roshu à failli mourir et que ta mére  à succombé ce soir..." Il fit une pause de quelques secondes, histoire d'essuyer ses larmes puis continua
"A partir de maintenant, je n'existerais plus. Je vais alterner la mémoire de Roshu pour qu'il croit que ses parents sont morts dans un accident, il croira que sa marque rouge a toujours été là et il n'aura plus aucun souvenir de ce qu'il vient de se passer ces derniers 24 heures. Tu seras maintenant sa seule famille, alors veille sur lui. "
Sous les protestations d'Alex, Decem décida quand même à abandonner ces 2 fils pour leurs sécurités. Il retourna dans la salle d’opération et lança le sort d’altération de souvenir sur Roshu puis embrassa une dernière fois ses fils avant de disparaître dans la nature. Au réveil, le sorcier aux cheveux bleux se rappela que ses parents sont morts à cause de ces mages noires. Le sort ayant fonctionné à moitié, car au lieu de l'accident, Roshu s'est souvenu des mages noires qui ont tué ses parents. Decem avait implanté dans son esprit une idée grâce à l’altération de souvenir : le combat contre le mal.

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Roshu se réveilla, il ré ouvrit les yeux doucement, comme réveiller par les rayons de l'aube. Il était porté par une personne, au vu des cottes de mailles, il s'agit d'un soldat. Le jeune sorcier a donc réussi à s’échapper du champ de bataille. Ce dernier, surpris le soldat qui le transportait, mit pied à terre, exprimant sa joie
" Je ... je suis vivant ! Je suis toujours vivant !" Mais se rappela ce qu'il venait de rêver ou de se ressouvenir. La magie de régénération permettait de tromper la mort et est utilisé automatiquement. Le garçon fixa son pied droit et vit de la lumière jaune en sortir, puis elle disparu et fit place à son pied droit, fraîchement régénéré. La joie fit place à de la peur, le sourire qu'il affichait laissa place à de l'effroi et à de la tristesse. La magie perdu à été activée mais dans le rêve, il parlait de changement brutaux, qu'est ce donc ? Entre les témoins qui vénèrent de voir un miracle, Roshu vit son frère. " Pourquoi... a-t-il fait ça ... pourquoi !"
" Pourquoi t'a t-il sauvé ? Pourquoi t'a t-il fait oublier tes souvenirs ? Bon sang pour te proteger !" Son coeur bat très fort, ayant peur de la réponse à sa question
" Quelle sont ces changements ... "
" ... C'est une de ses raisons pour que Papa efface tes souvenirs. "
Alex n'étais que le produit de l'imagination de Roshu donc le jeune sorcier connaissait déjà les changements mais cette information a aussi été enfoui ...
" Tu changeras de tête, de corps ainsi que de personnalité. Il y aura aussi des petits problèmes comme par exemple des mini crises cardiaques fréquemment. "

Sous le choc de cette révélation, le jeune sorcier se pose sur le mur et s'assit, ce qui agaça l'escorte car ils voulaient tous partir de cette endroit. Roshu n'imaginerais pas avoir un autre visage que celui-ci. Des larmes commencèrent à sortir, il donna un coup de poing sur le mur de pierre en criant
" Ce n'est pas juste ! Il ne pouvais pas faire ça ! C'est inhumain !"
" Il était au bout ! On venait de tuer sa femme et son fils allait y rester ! Qu'est ce que tu aurais fait à sa place ?!"
Le jeune Roshu ne disait plus rien, lorsqu'il se sentit observer, le prenant pour un fou, il décida de se lever et d'avancer. La jeune femme qui lui avait sauvé la vie il y a quelques heures lui demanda qu'est ce qu'il se passe, il ne répondit pas, continuant d'avancer tout en pensant à ce qu'il va lui arriver bientôt ...

La prophétie mentionnait qu'une vie sera perdu mais une autre sauvé, et si elle ne parlais pas du prisonnier mais de Roshu en lui même, qu'il perdrait une vie mais qu'il gagnera une autre en changeant de corps. C'est alors qu'il s’écroula subitement, il tenait sa main sur sa poitrine. Voilà ce qu'on ressent quand on a un infarctus ... Son cœur recommença à battre mais il se sentait faible de nouveau, ses forces lui échappent et il ne sentit plus sa magie.
" Ça a commencé ... Le processus de régénération... Il étais à terre, le sorcier revit son frère qui s'approchait de lui, mais qui était en réalité l’alchimiste qui demanda s'il fallait de l'aide.
" Tu sais, Maman chantait une chanson quand nous étions petits. Une chanson qui nous aidait à s'endormir. Cette fois, je vais chanter cette chanson, pour t'aider à t'endormir ...  
Roshu accepta la réalité ainsi le fait du changement de vie. Il se leva, et dit à l'alchemiste
" Merci pour tout à l'heure en fait, ça m'a été très utile ... " Puis il avança devant lui, tout en chantant avec son frère

"Rest now…..my warrior.
Rest now, hardship is over.
Live. Wake up. Wake up.
And let the cloak, of life – cling to your bones. Cling to your bones.
Wake up, wake up.
Live. Wake up. Wake up.
And let the cloak, of life – cling to your bones. Cling to your bones
Wake up. Wake up!
Live! Wake up! Wake up!
And let the cloak! Of life! Cling to your bones! Cling to your bones!
Wake up! Wake up!


Ses mains commençait à luire, une lumière étincelante en sortit, il les observait un par un avec attention, sentant un nouveau souffle à l’intérieur de lui même. La régénération était en cours. Roshu respirait lentement, toujours sous la peur du changement.
" Lorsque tu te réveillera, tu endossera le manteau de la vie, comme dit la chanson. Voilà ce que Papa t'as donné : la vie. Tu peux accepter son cadeau ou le refuser. Choisis ..." L'hallucination du jeune sorcier disparu, laissant place à de la stupeur chez le groupe. Il fixa ensuite l’alchimiste, le sorcier était tombé amoureux de cette femme, celle qui l'avait sauvé de l'explosion ... Puis leva les yeux au ciel et prononça ces dernières paroles
" Je ne veux pas m'en aller ."

La lumière jaillit des mains et de la tête du jeune sorcier, provoquant un sorte d'explosion mais inoffensif, on dirait une étoile qui explosait. Cela ne durait que quelques secondes jusqu'à ce que la lumière cesse, laissant apparaître un visage totalement inconnu, des cheveux de couleurs blanche, le glyphe changeant de coté du visage et des traits plus jeune, on dirait plus un adolescent de 15 ans qu'à un jeune adulte de 17 ans. Lorsqu'il essaya de parler, sa voix semblait un peu plus aigu, une note ou deux de différence entre sa ancienne voix.

" Hum ... Euh... Nouvelle voix ... D'accord ... Super j'ai toujours des jambes !"
Puis regarda le groupe qui semblait tous surpris de cette transformation
" Bonjour ! Je suis Roshu Aaron mais vous pouvez m'appelez ... Gallyfrey "


La prêtresse de Nayru se redressa subitement sur son lit. Qu’est ce qui l’avait ainsi réveillée ? Tendant l’oreille a gauche et a droite, l’Enfant de Foi cherchait à se repérer. Son esprit se souvenait du désert, de la fuite dans les dédales de la forteresse. De l’affrontement verbal avec Swann Dragmire, celle qui quelques semaines auparavant lui avait avoué avoir passé un bon moment en sa compagnie. Qu’était il arrivé ensuite ? Flora n’en savait plus rien. Son corps tremblait au souvenir du soldat s’appuyant sur elle, prêt à profaner son innocence. Mais sinon a part ca … la jeune fille se souvenait de rien.

Ses lèvres s’ouvrirent et elle voulut appeler «
Link ? » mais rien d’autre qu’un croassement rauque ne sortit de sa bouche. C’est alors que Flora se rendit compte a quel point elle mourrait de soif. Dès son arrivée dans la terre aride du Désert, comme à chaque seconde qu’elle y avait passée. Une enfant de l’eau n’avait pas sa place dans l’étendue de sable du gérudo.

Elle posa ses pieds sur le sol, et fut surprise de découvrir de l’herbe et non pas de l’or en grain lui caresser la voute plantaire. La prêtresse fit un ou deux pas hésitants. Sa main rencontra une épaisseur de tissu ciré, tendue depuis le sol, jusqu'à un bras de haut au-dessus de sa tête. Elle avait du se hisser sur la pointe des pieds pour l’effleurer jusqu’au bout alors que les pans de la toile se resserrait au centre de la tente. Pas idiote pour un sou, la jeune fille comprit très vite que la forteresse était loin derrière elle maintenant. Demeurai une seule question : ou était son compagnon ?

Flora avait donc quitté la quiétude de sa tente de rescapée pour partir en quête du Héros du Temps. Questionnant ca et la tous ceux qui rencontraient sa route, la demoiselle bleue chercha sans relâche Link. C’est seulement vers les coups de midi qu’un médecin de campagne lui attrapa le coude pour lui demander si elle était bien l’Enfant de Nayru. Avec la réponse affirmative de Flora, l’homme l’entraina vers un autre groupement de tentes. De celles-ci s’élevaient les gémissements des blessés et des mourants.

Quand le chirurgien la lâcha enfin, Flora eu une moue triste.
«
J’ai besoin de votre aide » supplia l’homme de médecine. Il n’avait pas besoin d’en dire plus. L’enfant de foi se mit à déambuler parmi les hommes et femmes allongés, parfois a même le sol. De ci, de la, la prêtresse dispensait les soins de base, donnant sa vraiment compter comme a son habitude. Quand elle le pouvait, Flora sauvait. Quand cela se révélait impossible, elle tachait d’accompagner les derniers instants du moribond, de lui murmurer des mots apaisants et a être a ses cotés alors que le grand voyage se profilai.

Combien de temps elle passa ainsi à prodiguer la parole de la Sagesse, a prêcher doucement au dessus des mourants ? Flora perdit la notion du temps dès lors que ses genoux avaient touché le sol aux cotés d’une paillasse. C’est une main, secouant gentiment son épaule qui lui fit redresser la tête.
«
Le chirurgien vous demande. Le général Llanistar a un ami gravement blessé. »

Prenant appui sur la main de cet homme qu’on lui avait envoyé, Flora se redressa sur ses jambes. A petits pas elle suivit l’homme jusqu'à la tente du général. Le pan de toile qui servait de porte fut rabattu devant elle, pour libérer le passage. Avec une maladresse infantile, la prêtresse se glissa a l’intérieur.

Ce compte est un compte narrateur : les personnages joués par le narrateur ne peuvent pas être utilisés par les joueurs ou joueuses dans leur post (sauf autorisation d'un admin) et les jets de dé du narrateur sont contraignants.



Cecilia Iole Mentina


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Le chemin semblait interminable, le poids qu'elle avait sur les épaules ne cessait pas de s'intensifier. Cecilia avait toujours été comme ça depuis qu'elle était petite, elle faisait toujours passer les autres avant elle et c'était encore le cas dans ce moment difficile. Les quatre inconnus continuaient de marcher dans la vallée gerudo, fuyant le carnage qui s'était installé à la forteresse. Tout le monde était épuisée par les combats et il fallait encore parcourir une longue distance avant d'atteindre le campement, sachant que chacun transportait un prisonnier avec lui. Pour faciliter leur progression, l'alchimiste avait entouré chacun des blessés avec un fin bouclier de vent pour alléger leur poids et ainsi aider les personnes qui les portaient jusqu'à la plaine d'Hyrule. Elle s'était chargée de porter la cage renfermant la sage de l'esprit avec l'aide d'un soldat. Malgré l'explosion et la déflagration, la prison de fer avait tenu bon même si elle était gravement endommagée. D'un côté, ces matériaux avaient encaissé le feu et les dégâts sur son occupante étaient amoindris, mais il fallait absolument s'occuper de son cas une fois qu'ils seraient à l'abri.

Un énième petit moment d’inattention et la gerudo trébucha, manquant d'emmener avec elle la cage et le soldat. Elle arrivait toujours à se rattraper de justesse mais elle commençait à s'épuiser de plus en plus entre ses multiples blessures, cette marche interminable et la fatigue due aux multiples combats auxquels elle avait participé. C'était déjà un miracle qu'elle soit encore debout, elle ne cessait pas de reculer encore et encore les limites de son corps et elle savait bien qu'elle allait en subir les conséquences.

Tout d'un coup, une lumière attira son attention. Elle s'était concentrée sur le mage qui venait miraculeusement de se réveiller indemne. Il y avait quelque chose qui n'allait pas chez lui, il avait l'air de parler tout seul. Plusieurs fois l'alchimiste lui avait demandé s'il allait bien, et elle avait demandé une petite halte au soldat qui l'aidait à porter la sage pour aller secourir le jeune homme. Le spectacle qui se déroulait ensuite sous ses yeux la laissait sans voix, elle n'avait pas vraiment compris ce qui s'était passé mais le mage avait changé. Elle pensait voir une autre personne et pourtant c'était bien lui qui se trouvait devant elle. En tout cas, il avait l'air d'être en forme et il allait pouvoir marcher de lui-même jusqu'à un lieu sûr. Et la jeune femme se remémora d'un détail qui pouvait leur faciliter les choses.

"Est-ce que tu peux utiliser ta magie pour la dégager de là ?"

La nuit venait de tomber et le petit groupe marchait dans la plaine. La sage était sortit de sa prison et le garde la portait seul. Malgré tout, le sort de Cecilia était toujours actif et elle commençait à être à bout. Elle sentait à peine ses bras et son corps commençait à refuser les ordres que lui ordonnaient son esprit. Elle ne tiendrait pas une heure de plus, elle le savait et pourtant, il fallait qu'elle continue jusqu'à ce qu'ils soient à l'abri.

C'est à ce moment-là qu'elle vit ce qui ressemblait à un campement, et l'un des soldats venaient de confirmer que c'était à cet endroit que les soldats rescapés de la forteresse se rendaient. Des hommes accoururent vers le groupe pour les soutenir et emmener les blessés dans des tentes.  Lorsque l'alchimiste arrêta le sortilège, elle avait l'impression qu'un poids s'était retiré de ses épaules. Le sheikah s'était éclipsé comme les deux autres gardes et la gerudo suivait sans dire un mot les soldats qui emportait la sage sous une tente.


"Un médecin va s'occuper d'elle, vous devriez aller vous reposer."

"Je suis médecin, je peux m'occuper d'elle !"

Au vue de la détermination de la jeune femme, le soldat se stoppa et la laissa entrer dans la tente. La sage de l'esprit avait été installée sur un lit mais personne n'était encore venu la soigner. Même si la fatigue la tourmentait, Cecilia se devait de la soigner puisqu'elle était en bien meilleur état que elle. Elle observa les blessures de la gerudo et après avoir pris tout le matériel dont elle avait besoin dans sa sacoche, elle commença à la soigner.


Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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(vide)

Si la princesse avait déjà vécu des défaites, et l'état d'esprit qui suivait, elle n'avait encore jamais partagé la douleur d'une armée. C'était un sentiment étrange, elle avait toujours souffert seule habituellement, alors que cette fois, autour d'elle se trouvaient les gens qui partageaient son désarroi, peut-être même touchés plus personnellement. Elle se sentait terriblement désolée et responsable de leur douleur. Et quand elle chercha à se rappeler les raisons qui avaient motivé sa décision d'envoyer l'armée jusqu'au désert, cela ne fit que lui rappeler les conséquences qu'elle avait cherché à éviter et auxquels ils auraient à faire face.

Sheik ignorait comment les réconforter. Sans doute lui fallait-il un peu de temps lui-même, de toute façon il n'était guère qu'un inconnu à leurs yeux, et ne faisait même pas partie de l'armée, la princesse pourrait toujours passer les voir une fois rentrés au château. Et dans l'immédiat son regard cherchait toujours après Link, alors qu'il commençait à se demander s'il n'avait pas eu tort. Il était encore loin d'avoir parcouru tout le camp, mais connaissant le jeune homme, il avait très bien pu choisir de se rendre seul au château, sans se joindre à l'armée, voire même une toute autre destination. Le trouver ici, ce n'était jamais que ce qu'il avait espéré.
Il ne pouvait s'empêcher d'être inquiet même s'il savait son ami en vie et débrouillard, il aurait voulu s'assurer de son état par lui-même. Mais s'il n'était pas dans les environs il aurait beau chercher cela ne changerait rien. Il hésitait à partir à sa recherche, aidé de la boucle d'oreille, mais avant cela il s'assit un instant pour reposer un peu son corps qui le faisait toujours souffrir et boire un petit quelque chose. L'explosion et le sable omniprésents lui avaient laissé la gorge complètement sèche et il se rendait compte de la fatigue qui le prenait et ne l'emmènerait pas bien loin s'il partait tête baissée.


Il fit taire ses inquiétudes un instant pour aller s’installer sur un petit rondin de bois après avoir demandé à un soldat qui passait par là s’il pouvait avoir de quoi se désaltérer. Les yeux plongés dans le feu qui crépitait, trop distrait pour écouter les conversations autour de lui, le Sheikah réfléchissait à ce que risquait d’être la suite des événements quand il eut l’impression qu’on lui parlait, ou du moins qu’on hélait quelqu’un avec insistance. Il n’eut pas le temps de relever la tête qu’il se sentait soulevé violemment pour tomber nez à nez avec Link.

S’il sentit le soulagement monter en lui à la vue du jeune homme, son enthousiasme descendit bien vite lorsqu’il vit le regard qui était posé sur lui, sentant un silence pesant autour d’eux. Il n’eut pas à attendre les reproches bien longtemps, se retrouvant incapable de savoir quoi répondre, trop surpris pour répliquer, même si son ami lui en avait laissé le temps. Il l’avait rarement – non, jamais – vu aussi en colère. Il ne pensa même pas à se dégager, et resta tout aussi muet quand le jeune homme le lâcha finalement en lui tournant le dos. Les pensées se bousculaient dans sa tête. Il s’apprêtait à ouvrir la bouche, cherchant à formuler des excuses quand Link se retourna et qu’il sentit la main de son ami claquer contre sa joue. Sonnée, la Princesse porta la main à sa joue rougie, les yeux du Sheikah virant doucement au bleu alors qu’elle se sentait complètement perdue, la joue douloureuse.
Jamais personne n’avait osé porter ainsi la main sur elle, jamais personne au château n’aurait osé la malmener ou faire le quart de ce que venait de faire le jeune homme. Pourtant, elle se sentait plus désemparée et choquée qu’en colère comme on aurait pu s’y attendre.


Elle se sentait d’autant plus gênée qu’elle ignorait pourquoi elle se tenait là à la place de Sheik, sans avoir perdu son déguisement pour autant, et elle sentait les regards curieux toujours posés sur eux. Si elle avait été moins tracassée par les reproches de son ami, elle aurait sûrement trouvé amusant de noter que pour une fois, ce n’était pas elle qui semblait ne pas être à sa place. Elle n’était pas princesse, mais un inconnu ou une inconnue – Ils ne pouvaient pas savoir, mais quelle importance au fond ? Elle savait – qui venait d’avoir une altercation avec le Héros. Elle eut peur un instant d’être reconnue, et releva légèrement les bandages qui la cachaient, mais mis à part ses yeux, le changement était peu notable. Des yeux qui cherchaient désespérément à accrocher ceux de Link pour lui faire comprendre son désarroi, mais il finit par lui tourner le dos après un regard particulièrement noir. Elle n’avait pas manqué de noter non plus son geste pour essayer son propre sang, et combien il semblait mal en point. Son cœur se serra en le voyant s’éloigner pour rejoindre le Général. Elle n’écouta pas ce qu’il lui disait, elle n’observait pas ce qui se passait, elle voulait juste rejoindre les bras de Link. Elle n’aurait pas su dire combien de temps elle était restée immobile, mais elle finit par se secouer et parcourut distraitement la distance qui les séparait pour aller se coller dans son dos et passer les bras autour de sa taille. Avant qu’il ne parte.

« Pardonne-moi … »

Elle s’en sentait réellement désolée, et elle n’aimait pas le voir dans cet état, mais n’arrivait pas à regretter tout à fait. Les prisonniers auraient-ils pu être tous sauvés si elle avait été absente ? Et ce plaisir égoïste et coupable de le serrer contre elle, de s’assurer de son état juste après la bataille lui évitait bien des nuits blanches…
« J’en suis capable, tu sais ? », elle aurait voulu le lui expliquer, mais cette part d’elle venait de se ré-endormir et elle n’en fit rien, un peu perdue. Elle ne voulait pas passer sa vie les bras croisés, elle n’était pas aussi vulnérable et sans défense qu’il le pensait, même si elle avait conscience du risque qu’elle avait pris de réduire à néant tous les efforts fournis par les combattants lors de cette bataille si elle y avait perdu la vie.
Elle n’osa pas lui mentir en lui promettant de ne plus recommencer. Elle ne savait pas si elle réitèrerait l’expérience, elle ne s’en sentait pas l’envie dans l’immédiat après sa réaction, mais elle n’était pas sûre pour autant qu’elle pourrait s’en empêcher. Elle préféra donc s’en tenir aux excuses plutôt qu’aux promesses.


« Je ne voulais pas… t’inquiéter … »

C’était du moins ce qu’il lui avait semblé comprendre. Elle le serra plus fort dans ses bras, glissant la tête dans son cou et retenant ses larmes. Elle espérait qu’il lui pardonnerait. Elle n’aimait pas qu’il soit fâché contre elle.

Sans desserrer sa prise, elle jeta un regard par-dessus son épaule, et aperçut le général qui attendait Link. Elle remarqua qu’il n’était pas dans son état habituel. C’était normal en un sens après ce qui était arrivé, elle-même n’était pas en très grande forme, mais elle remarqua un autre détail qu’elle avait négligé jusque là.

« … Cette lyre c’est … »

Elle l’avait vue assez souvent pour la reconnaître au premier coup d’œil. C’était la lyre de son Chancelier, un de ses si rares amis proches. Que faisait-elle là ? Elle ne se souvenait pas de l’avoir vu jamais s’en séparer. Est-ce que ça voulait dire qu’il était dans les environs… Ou qu’il s’y était trouvé ? Qu’il s’était battu pour Hyrule et … ?

« Il ne la quitte jamais … Où est-il … ? »

Elle ne voulait pas croire à l’hypothèse qui venait de lui passer par la tête. Elle sentit une boule se former dans sa gorge en attendant d’en apprendre plus… Elle l’avait quitté sur une dispute…


Roshu Aaron


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On l'interpella de suite après sa transformation, la jeune alchimiste ainsi que tous le reste du groupe était surpris de voir le nouveau individu. Elle lui demanda de sortir la femme qui était dans la cage avec sa magie. L'être qui venait de se régénéré accepta sauf que la regeneration à utilisé toutes ses réserves magiques, lui vint alors une idée de prendre une épée d'un des gardes et de forcer la serrure, grâce à la regeneration, il pu retrouver une partie de sa force physique.

On dirait un enfant qui venait de découvrir un nouveau jouet. Le nouveau Roshu baissa la tête pour analyser les changements, de la pointe des pieds jusqu'au bout des cheveux. D'abord il se sentit moins lourd au niveau des jambes, son pied droit était guérie et ne présentait pas de trace de morsure du piège de chasse. Puis le niveau de la taille n'avait pas changer. Il observa ensuite ses 2 mains, qui étaient toutes nouvelles et d'une teinte blanche, plus de trace de blessure et la cicatrice sur sa main droite avait disparu. N'ayant pas de miroir dans ses poches, il se contentera de regarder ses cheveux, de couleur blanc, ce qui l'effraie, croyant être devenu une vieille personne. Le garçon aux cheveux blancs se tapota le visage, s'il n'avait pas des traces de vieillesses comme des rides mais il en était rien. Il ne pouvait avoir confirmation de son visage seulement en regardant dans un reflet et ce dernier devait attendre.

A cause de son analyse corporelle, Roshu commençait à perdre de vue le groupe. Voulant les rattraper, il courra, testant en même temps l'endurance de son nouveau corps mais s'arrêta vite à cause du mini crise cardiaque. Il fit un tour sur lui même en empoignant sa poitrine et respira rapidement par la bouche. 2 en à peine 10 minutes environ, c'est inquiétant mais il devra faire avec. Le Solarien reprit la route en marche rapide. Il se rappela, pendant sa folie, d'avoir vu une jeune femme aux cheveux bleus clair, lui rappelant Flora, la prêtresse qui l'avait croisé quelques mois plus tôt. Certes, il avait conclu un marché avec elle mais il avait complètement oublié son existence, toujours pris dans ses travaux. D'un coup, il sentit un pincement au cœur.

La nuit tomba, le jeune sorcier vit une lueur au bout du chemin, c'était le campement des royalistes. Comme il était en retard comparé au reste du groupe, les gardes qui se sont posté à la sortie du chemin, prit peur croyant à un ennemi qui les aurais suivis, menaça Roshu avec leurs armes. Ce dernier leva vite les mains, lui aussi fût surpris par leurs réactions.


" Non non, je suis un allié ! Allié, ami, camarade, collègue... "
Les gardes baissèrent leurs armes et le laissa passer. L'endroit grouillait de personnes blessé, de gens à soigné. La tentative de reprise fût veine, nous avons tant de mort que de personne encore vivante...
Roshu n'aurait jamais dû aller au combat, ça lui a coûté une vie. D'ailleurs, il avait vu lors d'une fraction de second, lors de la bataille, certaine personne qu'il avait déjà rencontré, espérant qu'ils se sont sortis de ce carnage.


" Vous, comment ça se fait que vous n'ayez pas de blessure apparente? "
" Oh bah, j'ai utiliser un remède spécial, pas besoin de M'AUSCULTER !"
Il s'exclama à la fin de sa phrase à cause d'une mini crise cardiaque, il empoigna aussitôt sa poitrine.
"Vous êtes sûr que vous avez pas besoin d'aide?"
Le garçon aux cheveux blanc secoua la tête, et alla s’asseoir prés du feu de camp et se noya dans ses pensées...


Link

Héros du Temps

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Les doigts de Llanistar se refermèrent sur la petite lame et il la laissa s'en aller, avant de renifler brusquement. Le blond décala ensuite sa tête sur le côté et cracha le sang qui lui restait encore en bouche. Le général se releva lentement, et il en fit de même, malgré la tête qui lui tournait et son esprit qui lui imposait de se laisser mollement aller à un sommeil plus long que de raison. Alors qu'il se hissait péniblement au niveau du nordique, il sentait son corps qui s'indignait, qui exigeait que l'on cesse de se jouer ainsi de lui. Et alors qu'il ne manquait de défaillir, le Rusadir le serra contre lui. — Comme font les hommes, pour se remercier ; pensa-t-il. Rares étaient ceux qu'il avait déjà remercié. Rares étaient ceux qui prenaient la peine de leur témoigner une quelconque gratitude. Peut être en éprouvaient-ils ; ça n'était de toute façon pas ce qu'il cherchait. Du moins... — Si. Si, sans doute. Comment aurait-il pu prétendre qu'il n'attendait rien en retour ? Quel homme aurait pu soutenir un mensonge pareil ? Ca n'était pas pour quoi il se battait, mais indéniablement un regard, un sourire ou un mot venaient panser les plaies mieux qu'il n'aurait su le faire, seul face à l'eau claire qui servait à les laver.


Llanistar l'invita d'une main à le suivre, à l'heure ou il lui semblait que son crâne se retrouvait compressé, comme maintenu aussi fermement que faire se peut par un étau invisible. Et malgré cette pression, sa tête lui tournait comme rarement. Un instant, il pesta contre ces pérégrinations qu'il faisait sans vivres ni provisions. Et puis il se décida à avancer, sans plus rien dire, comme pour économiser le peu de salive qui lui restait encore. Il avait la gorge sèche comme jamais, le ventre aussi vide que celui de Jabu-Jabu n'était infesté et, surtout, il souffrait suffisamment pour ne pas savoir s'il serait en mesure d'avancer à nouveau son pied devant lui. Sa main – il n'aurait plus été en mesure de dire laquelle, mais de toute évidence il s'agissait de la droite – vint s'appuyer sur l'une des tiges de bois qui soutenait une tente. Ses doigts se replièrent voracement sur cet appui presque inespéré. Chacun de ses mouvements lui tirait une grimace, ou quasi, maintenant l'adrénaline retombée. « Funérailles... — » Souffla-t-il, d'avantage pour lui que pour les autres. Il n'avait jamais été de ceux qui se plaignaient. Peut être parce qu'il avait toujours combattu jusqu'à vaincre ou ne plus avoir la force de rechigner ensuite.

Et tandis qu'il peinait à la tache, un nouveau poids vint le ralentir. Avant qu'il ne comprenne qu'il ne s'agissait des bras de sa Princesse, un nouveau rictus balaya l'harmonie de ses traits. Entre ses lèvres s'accumulait le sang qui lui remontait déjà à la bouche. L'Hylien se retint de cracher une seconde fois, et respira profondément, pour lutter contre la douleur qui irradiait et torturait le moindre de ses muscles. Il n'allait pas mourir de ses blessures, aussi pouvait-il attendre encore un instant. Si ses craintes et sa colère n'avaient su s'évaporer aussi vite que Zelda n'était revenue à lui, sa présence – maintenant qu'il la savait en sécurité – l'apaisait, incontestablement. 


Ce fut la première fois que cette sérénité se muait en un courroux qui lui donna suffisamment de vigueur pour se défaire de cette étreinte au parfum d'aigre-doux. D'un coup de l'épaule gauche, que la douleur l'amena bien vite à regretter, il brisa la cage que formaient les bras de l'Élue de Nayru. Ignorant le vermeil qui poissait sa tunique et coulait le long de son bras, il jeta un regard mauvais à son amie, sans se retourner réellement. « Vraiment ? — » Cracha-t-il, alors qu'elle réveillait les flammes de sa rage autant que celles de son tourment. Devant ses yeux se chevauchaient les images du présent et de ce qui aurait pu arriver. Un présent alternatif et... Autrement moins joyeux. « Et tu as un jour pensé me connaitre ? » Sa voix n'avait pas pris d'ampleur, mais le silence s'était fait au tour d'eux. Les buches du feu de camp crépitèrent, comme pour souligner ce mutisme devenu pesant. « Tu as véritablement cru que je danserais de joie ? Pauvre idio.. — » L'insulte ne tarda pas à mourir dans sa gorge, alors qu'il faisait un effort pour ne pas dévoiler ce que personne ici n'avait besoin de savoir. Pour garder ce secret qu'il se plaisait à croire sien, à elle, à lui. A eux.

"Tais-toi. Boucle-là." Lui intima-t-il, alors que ses jointures ne se coloraient d'un blanc saisissant. Ses yeux cessèrent de la darder et revinrent sur le Rusadir tandis que ses pensées vagabondaient ailleurs. Son coeur se serrait depuis qu'il réalisait qu'elle n'avait pas pensé une seconde qu'il puisse s'inquiétait pour elle, et il fallut un moment avant qu'il ne fasse un pas à nouveau. Le vagabond se redressa, en silence, laissant mourir sa colère. Il se hissa jusqu'à la hauteur du Général, à quelques pieds devant lui, et passa sa main gauche sur l'épaule droite du nordique. « Je trouverais, Frère. » Lâcha-t-il un peu brusquement à celui qui partageait son sang. « Ne t'en fais pas pour moi. Ce n'est pas pour moi qu'il faut s'inquiéter. » Termina-t-il ensuite, non sans préciser qui méritait, à son sens, les angoisses des autres.


Le Garçon-des-Bois s'éloigna ensuite tant bien que mal. Il ne souhaitait pas laisser, à l'une ni à l'autre, l'occasion de répliquer. Loin, derrière lui, il laissait les explications et les débats à ceux qui aimaient à parler. Lui ; le sang et la rancoeur lui meurtrissaient trop la bouche pour qu'il ai ne serait-ce que l'envie de se joindre à eux. Le cuir de ses bottes racla longuement le sol et souleva la poussière pendant longtemps, avant qu'il ne trouve la fameuse tente dont l'Officier-en-Chef lui avait touché deux mots.


C'est la main rouge du sang qu'il laissa sur le cuir tanné qu'il entra, après avoir écarté le lourd pan de tissu qui isolait les mourants de ceux qui passeraient la nuit et – sans doute – survivraient aux aventures du retour. "Du retour d'une gamine couronnée, en vadrouille, et d'une armée brisée.", pensa-t-il. Une geste épique qui lui tira un sourire ironique, alors qu'il se découvrait un sens du sarcasmes et du cynisme qu'il n'avait qu'au plus profond du désespoir. Quand la bile venait maculer sa langue et le poison noircir son palpitant. Une quinte de toux le tira hors des affres de sa détresse. Un blessé qui murmurait sa peine le gifla — sans le moindre contact physique, certes, mais ce fut une claque comme il en prenait rarement. L'homme avait perdu les deux jambes et l'avant bras. De toute évidence, une flèche ou un carreau avait perforé le biceps qui restait à son membre amputé. Une de ses oreilles avait été arraché, au vu du large bandage qui masquait les trois quart de son visage.


Une puissante faiblesse s'empara de lui, et il plia les jambes jusqu'à redescendre sur terre. Il avait cru, un instant, que personne ne comprenait son mal, et il comprenait qu'il ne souffrait pas. Certains étaient morts, d'autres allaient les rejoindre. Lui vivait, et ne craignait pas pour son avenir prochain. Les piliers de son existence demeuraient intacts et pourtant, il en arrivait encore à nourrir une amertume insensée. Assis sur un rondin, dans un des coins de la pièce, le Fils-de-Personne jeta un regard sur la paume de ses deux mains. Ses deux mains carmins.


A peine Flora était passée sous la tente du chirurgien qu’un assistant lui prit la main et l’entraina entre les rangées de civières. Flora était épuisée, soigner lui était difficile. Souvent la jeune fille se contentait de prier au chevet des blesses et des mourants, de pleurer silencieusement avec eux. De les écouter, de leur parler.

Le cœur de la jeune prêtresse se brisait autant de fois qu’il y avait de soldats nécessitant son aide. Le temps lui sembla de plus en plus long, elle rêvait de retrouver la quiétude du Temple du Temps, son doux refuge. Elle rêvait de pouvoir poser la tête, d’oublier ces dernières semaines, d’oublier la journée. Oublier. Mais ce luxe ne lui était pas accordé et Flora continua de déambuler parmi les gémissants.

C’est alors qu’un des assistants du chirurgien lui saisissait la main et la guider vers un autre homme, que Flora supplia :

« Pitié, je n’en puis plus. Pitié, je souhaiterais me reposer. »

La voix douce du jeune homme lui répondit : « Un dernier Prêtresse, il est dans un état critique, léthargique, il semble presque de l’autre coté. » Il fit faire a Flora quelques pas, puis la laissa se mettre a genoux tout prêt de l’homme qui avait tant besoin de ses soins. Les doigts-yeux de Flora parcoururent son corps, notant toutes les blessures. Il empestait le sang, donnant la nausée à la petite prêtresse. Mais sous l’odeur de l’hémoglobine, une autre, plus douce et familière était présente. Une odeur d’écurie.

La main de la jeune fille remonta sur le visage, cherchant les arêtes qui lui permettrait de reconnaitre l’homme. Un horrible soupons rampait dans son cœur, étreignant sa poitrine, coupant son souffle. Mais son sens du toucher irréprochable lui fourni tout ce dont elle avait besoin. Le nez, la forme du menton, les pommettes, les lèvres. Tous ces détails, Flora les avait déjà rencontrés sur le visage de Dark Link. Un sanglot secoua la jeune prêtresse, qui tendit les bras pour attirer contre elle cet ami, cet homme que Nayru lui avait donné à protéger. Bien sur il respirait encore mais …

La jeune fille leva les yeux vers l’apprenti chirurgien prêt d’elle.
« S’il se réveille, dites lui … que … » Elle ne sut pas que le jeune homme n’osait pas lui dire que son ami était bel et bien conscient et qu’il l’observait hébété. Flora ne savait pas qu'elle annonçait ses sentiments tout haut devant celui qui devait les ignorer. Autrement la jeune fille n'aurait rien dit, et se serait simplement mordu la langue.

Flora se tut, et esquissa un sourire entendu. Puis elle cala le front du blondinet contre son propre cou, comme une mère berçant son enfant. Avec tendresse et une habileté qui pourrait presque démentir son handicap, la jeune fille remit en place les mèches ébouriffées sur le front du blessé.
Sans hésiter, la prêtresse chercha en elle les dernières gouttes de magie, les derniers fragments de sa propre force.

De sa voix douce, Flora chanta les psaumes et les incantations de la guérison. Ses mains tenaient fermement Link tout contre elle, pour lui épargner le froid polaire. Étrange, car pour la première fois de sa vie, Flora ressentit elle aussi ce froid. Le froid et la sensation de vide. L’Enfant de Nayru guéri tout ce qu’elle put.

Et bientôt le flux de magie se tari. Guère plus qu’une poupée de chiffon, sèche et vide, la prêtresse laissa le corps de son ami basculer vers l’arrière. Elle n’avait plus la force de le retenir, plus la force de l’aider. L’oracle bleu suivit le mouvement, ses yeux mi-clos. Elle s’affala, a son tour dans les bras d’un être connu.


[Fin du Rp pour Flora]

Ce compte est un compte narrateur : les personnages joués par le narrateur ne peuvent pas être utilisés par les joueurs ou joueuses dans leur post (sauf autorisation d'un admin) et les jets de dé du narrateur sont contraignants.



Llanistar van Rusadir


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« Pardonne-moi … »

Llanistar se figea d'un coup.
Ces quelques mots venaient de le faire sortir de sa léthargie, plus vite que ne l'aurait fait une gifle ou un coup de poing au visage. Le nordique resta interdit, ne comprenant qu'après un long instant que c'était le Sheikah qui venait de parler. Un homme avec une voix de femme, et pas n'importe laquelle. Une voix que Llanistar connaissait bien et qu'il ne se serait jamais attendu à entendre cette nuit, en ce lieu.
Abasourdi, il entendit une seconde fois le Sheikah qui se pressait contre Link, ce que certains hommes autour d'eux commençaient à trouver étrange.


« Je ne voulais pas… t’inquiéter … »

Le Rusadir déglutis, son doute s'effaçant pour une certitude grandissante. Il sut qu'il n'y avait cependant qu'un seul moyen de s'en assurer. Si son don ne lui avait permit de reconnaître le Cygne Noir, plus tôt dans la journée, à cause de l'influence de Ganondorf dont était imprégnée son armure, cette fois, il ne lui ferait pas défaut. Parce que celle à laquelle il pensait possédait une aura bien plus forte que n'importe quel autre être vivant en Hyrule. Une aura à laquelle il était presque dangereux de s'ouvrir, comme le soleil peut brûler les yeux d'un inconscient.
Llanistar ouvrit alors son esprit, prudemment, de la même manière qu'on entrouvre une porte. Aussitôt, il sut qu'il avait vu juste. Sur le camp et sur la plaine, repoussant la nuit noire, une aura d'or éclatante de lumière jaillit, révélée à ses yeux. La princesse Zelda se trouvait donc là, devant lui, dans un déguisement d'homme, et elle avait participé aux combats. Rien d'étonnant à ce que Link lui en veuille, après un acte aussi irréfléchi, qui pouvait précipiter la chute du royaume en une après midi. Le général se retint lui même d'exploser après elle, de justesse, en entendant son frère de sang lui répondre comme si elle était un homme, et sur un ton tranchant et sec.

Le nordique était encore sous le choc de sa découverte lorsque Link le dépassa, en lui assurant qu'il s'en tirerait seul. Llanistar esquissa un geste pour le forcer à accepter son aide, mais se ravisa. Sans doute son frère avait il besoin d'un instant de tranquillité, comme lui même auparavant. Il se suivit du regard entrer dans la tente du médecin, avec soulagement. Le héros du temps se devait de se remettre de ses blessures. Après une telle défaite, Hyrule avait plus que jamais besoin de lui.


« … Cette lyre c’est … »

Les doigts de Llanistar se crispèrent sur l'instrument tandis qu'il se retournait vers sa suzeraine. Elle semblait autant surprise qu'inquiète, comme lui. Orpheos n'avait donc prévenu personne de sa venue ? Au moins le nordique ne s'était il pas trompé en pensant reconnaître la Lyre de son amant. Zelda connaissait le chancelier depuis trop longtemps pour la confondre avec une autre.

« Il ne la quitte jamais … Où est-il … ? »

En proie à des émotions contradictoires, le général aurait voulu à la fois exprimer la même colère que Link, tout lui raconter afin de pouvoir se décharger un peu ou encore lui demander son pardon pour son échec. Mais finalement, conscient que les regards s'attardaient trop sur eux deux pour qu'il puisse parler librement, il fit signe d'un geste de la main à Zelda de le suivre, sans oser ajouter un mot, de peur de trahir ce qui s'était révélé à lui. Tentant de rester le plus calme et neutre possible devant les soldats, il se dirigea vers sa tente, où ils pourraient parler plus librement.
A peine quelques minutes s'écoulèrent avant qu'ils n'arrivent à destination mais ce fut suffisant pour qu'il remette de l'ordre dans ses idées, et qu'il refoule discrètement les larmes qui lui étaient revenues en repensant à Orpheos. Finalement, il parvint à la tente, isolée des autres et plus spacieuse car c'était à l'intérieur que Llanistar avait prévu de réunir les conseils stratégiques. D'un ordre, il renvoya les deux gardes à l'entrée et pénétra au sein de son sanctuaire de toile.

A l'intérieur brûlait un petit brasero qui diffusait une légère chaleur réconfortante. Sur une table étaient disposées diverses cartes ainsi qu'un fut de bière. Conscient que l'alcool n'allait pas lui être inutile, Llanistar posa la lyre sur les cartes, s'empara d'une chope en bois et la remplit à ras bord avant de la vider d'un trait. C'était là un délice d'autant meilleur après les souffrances qu'il avait enduré, et continuait à ressentir au moindre mouvement trop brusque de son dos.
Et il lui fallu ce délice pour oser se retourner vers l'actrice dont le masque s'était fissuré, et lui déclarer en face, sans trembler,


"Vous êtes sans doute la souveraine la plus idiote, la plus inconsciente...Et la plus courageuse que j'ai jamais rencontré, reine Zelda." Au fil de ses mots, la sévérité avait fait place à une expression qui aurait pu être complice si tous deux avaient été au même rang," Vous avez tout risqué aujourd'hui. Votre vie, votre royaume voir le monde entier peut être ! Je devrais être furieux, comme l'est le héros. Mais... J'ai trop souvent vu des hommes et des femmes puissants se cacher, refuser de se salir les mains, de sortir de leurs tours d'ivoires. Je devrais être furieux... Mais vous m'avez impressionné."

Il souriait à présent. Conscient pourtant que la situation ne s'y prêtait pas, il ne pouvait s'en empêcher. C'était là une joie nerveuse, incontrôlable et qui lui donnait presque envie de rire. Toutes une journée, Llanistar avait été tendu comme la corde d'un arc, s'interdisant le moindre relâchement. A présent, aidé en cela par la bière, il s'autorisait à se détendre un peu. Néanmoins, il comprit que sa souveraine ne partageait pas cet état d'esprit et rajouta, espérant lui redonner un peu de bonne humeur,

"Il a eu peur pour vous, mais il ne en gardera pas rancune. Il tient trop à vous pour cela. Là, il doit déjà être en train de regretter ses mots, mais j'aurais réagit pareillement si Orpheos s'en était tiré..."

Sa bonne humeur se refroidit à cette idée. A dire vrai, Llanistar aurait préféré n'importe quelle dispute avec son amant, à propos de sa participation imprévue à cette bataille ou un quelconque autre sujet, si il avait pu être là à ses côtés. Si il pouvait avoir moins froid...

"Nous avons chacun nos secrets, ma reine. Vous pouvez prendre une apparence d'homme lorsque vous quittez le château en cachette... Mon secret est que j'aime un homme, Orpheos, et qu'il m'aime en retour." Il n'osait plus relever les yeux. Il se souvenait trop de la dernière fois qu'une tête couronné après apprit pour ce que les dieux appelaient une abomination. Néanmoins, sa langue à présent déliée du lien du silence, il continua à parler, "J'ignorais qu'il était présent aujourd'hui, lors de l'assaut. Il était parti en voyage, vous le savez. Ce n'est que cette nuit que la lyre m'est venue, par la main d'une étrange ombre qui est venu et repartie vers les terres de Ganondorf. J'ignore ce qui lui est arrivé... Mais je refuse de croire à sa mort !" Llanistar essayait autant d'en convaincre sa souveraine que lui même. Orpheos ne pouvait pas mourir, c'était impensable pour lui. Le Rusadir ne pouvait pas perdre deux de ses amours par la main de la tyrannie. Si les dieux attachaient un quelconque prix à la Justice, jamais il ne le laisserait périr. Tout en parlant, le nordique tremblait et ses yeux s'embuaient. "Si il avait combattu à mes côtés, je n'aurais jamais laissé l'ennemi lui faire du mal. Je serais mort pour lui ! Pourquoi a t'il choisit de se battre seul ? Pourquoi ?!"

Il avait relevé son regard éploré vers Zelda, dans l'espoir qu'elle ait une réponse, bonne ou mauvaise, mais qui saurait lui répondre. Si quelqu'un à Hyrule pouvait se vanter de connaître le chancelier, c'était elle, et il avait besoin de savoir, pour reposer sa conscience.
Malgré la chaleur du brasero, il avait si froid.


Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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Elle sentit son cœur se briser alors que le jeune homme la repoussait, et eut tout le mal du monde à se retenir de fondre immédiatement en larmes devant toute la petite assemblée. Elle n’osa même pas ouvrir la bouche alors que son ami laissait pleuvoir les reproches. Chaque phrase était un nouveau couteau planté dans son cœur, et elle savait qu’il aurait suffit qu’elle ouvre la bouche pour éclater en sanglots.

Elle ne savait plus ce qu’elle avait imaginé, mais sans doute pas ça. Elle avait beau connaître les raisons qui l’avaient poussée à quitter la protection du château, elle se sentait perdue en essayant de se rappeler ce qu’elle avait bien pu espérer. Impuissante, elle regarda celui dans les bras de qui elle avait cru qu’elle pourrait toujours se réfugier lui tourner le dos et s’éloigner. Elle baissa lentement la tête, par pudeur, incapable de retenir plus longtemps ses larmes. Les cheveux qui sortaient en pagaille de sous les bandages couvrant sa tête suffisaient à cacher ses yeux humides, mais pas les larmes qui tombèrent à terre. Elle espérait que les gens qui les avaient rejoints auraient trouvé un autre spectacle et ne faisaient plus attention à elle. Relevant maladroitement une main comme si elle cherchait à écarter les mèches qui lui tombaient sur le visage, elle en profita pour essuyer ses yeux comme elle le pouvait. C’est alors que ses yeux rencontraient une lyre qui n’aurait pas dû se trouver là et qu’elle questionna le Général dessus, inquiète.

Elle n’obtint pas de réponse immédiate à sa question, mais plutôt une invitation à le suivre. Elle jeta d’abord un regard vers l’endroit où s’était éloigné Link. Elle s’inquiétait pour ses blessures. Même si elle n’avait pas vraiment eu l’occasion d’aborder le sujet avec lui, elle l’avait eu pour remarquer combien il était mal en point. Elle aurait voulu le suivre malgré tout pour s’assurer qu’il était bien soigné, ou aider, mais elle sentit qu’elle ne serait pas la bienvenue. Elle devrait faire confiance aux médecins de l’armée, après tout ils étaient qualifiés. Link pourrait – et voulait – se débrouiller sans elle. Elle sentit son cœur se serrer de nouveau à cette pensée et préféra cesser d’y penser.
Sur le moment, elle avait juste envie de s’isoler, s’éloigner de ce camp pour se laisser aller et pleurer, mais elle avait besoin de réponses aux questions qu’elle avait posées et qui avaient éveillé une nouvelle inquiétude en elle. Si le Général souhaitait lui parler en privé, ce n’était pas forcément bon signe. Qui plus est elle sentait qu’il avait deviné qui elle était. Il la connaissait en tout cas assez pour avoir au moins des doutes, ses traits étaient les mêmes, et si elle cherchait à prendre l’attitude et la voix d’un garçon, la magie n’y était pour rien là-dedans et elle conservait moins facilement son rôle une fois que « Sheik » lui laissait reprendre les commandes. Même si elle ne se sentait pas la force de supporter de nouveaux reproches, elle savait qu’elle lui devait des explications, aussi lui emboita-t-elle le pas.


La chaleur et l’ambiance confortable qui régnaient dans la tente où il l’avait emmenée la soulagèrent peut-être un peu mais ne parvinrent pas à lui rendre le sourire. Elle se sentait toujours vide et brisée. Elle aurait dû se sentir rassurée de savoir au moins que son ami était en vie, mais c’était à présent un sentiment purement égoïste qui s’accrochait en elle et la tourmentait.
Elle baissa la tête croyant entendre à nouveau les mêmes reproches – justifiés – de la part du Général. Mais si sa phrase commença comme elle s’y était attendue, la fin la surpris. En relevant un regard curieux, elle décela même un début de sourire qui s’affirma au fur et à mesure que Llanistar s’exprimait. Malheureusement elle n’arrivait pas à partager son enthousiasme, et si elle était soulagée d’obtenir un soutien, sa réaction ne parvint pas à la réconforter vraiment, elle doutait toujours de ses actes. Elle sentit des sanglots dans sa voix alors qu’elle reprit la parole.


« J’ai conscience de ce qui aurait pu arriver, j’ai même… J’ai même cru que ça allait arriver, là-bas… Et je ne suis toujours pas certaine d’avoir pris la bonne décision. Pourtant… Je sais pourquoi je l’ai prise, et je me sens incapable de lui promettre de ne pas recommencer… Je ne peux pas rester là, au château, à attendre sans rien savoir, sans pouvoir intervenir… Je sais quels sont mes devoirs, mes obligations… Je sais ce qu’une erreur de ma part pourrait entraîner pour ce Royaume… Mais je me sens… Partagée… »

C’était le mot. Et peut-être que si elle y avait un peu plus réfléchi, elle y aurait vu une raison à la présence de Sheik. Elle n’avait jamais compris que son esprit ne se soit pas réunifié lors de son retour dans le temps, après qu’elle l’ait divisé pour échapper à la surveillance de Ganondorf, mais elle avait d’autres choses en tête dans l’immédiat.
Elle resta attentive lorsqu’il lui parla de Link, mais elle n’arrivait pas à se persuader qu’il avait raison.


« Je ne sais pas… Je ne l’ai jamais vu aussi énervé contre moi… »

Jamais elle n’aurait pu imaginer qu’il lui lance un regard si froid… Jamais elle n’aurait cru se faire un jour repousser par lui… Elle avait du mal à imaginer qu’il ne soit plus en colère, et peur de l’avoir à jamais perdu en cherchant naïvement à s’assurer de ne le pas le perdre. Sentant les larmes qui lui montaient à nouveau aux yeux, elle saisit elle aussi une chope qui trainait sur une table pour aller la remplir avant de la porter à ses lèvres et d’en boire une longue gorgée. Elle aurait sans doute dû adopter une attitude plus digne et plus convenable à présent qu’elle avait été reconnue, mais elle n’en avait pas le courage. N’avait-elle pas le droit encore un instant de ne plus être une princesse avant de réenfiler son masque ?

D’autant plus que la suite des paroles du Général l’avait glacée d’autant plus. Si elle comprenait sa comparaison, il venait de sous-entendre qu’Orpheos s’était trouvé lui aussi à la Vallée Gerudo, et qu’il n’en était pas revenu … ? Leur dispute lui revint en mémoire. Il ne savait pas qu’elle était Sheik, il ne savait pas qu’elle lui avait pardonné ses paroles, et il n’était pas revenu la voir depuis. Elle avait cru, face à Traqueur, qu’elle n’aurait pas l’occasion de le revoir, mais jamais elle n’avait pensé que ce pourrait être en le perdant lui. Elle était sûre d’avoir eu un rapport lui mentionnant la liste de ceux qui prendraient part à l’affrontement de la Forteresse, elle était certaine de ne pas y avoir lu son nom.

Elle écarquilla les yeux en entendant parler de la relation qui s’était nouée entre son Chancelier et son Général. Non parce qu’elle en était choquée, mais plutôt parce qu’elle n’avait rien vu venir. Mais après tout… Voilà un long moment qu’elle n’avait plus croisé Orpheos, et la seule occasion où elle l’avait vu en présence de Llanistar c’était lors de leur dispute. Elle ignorait s’ils avaient déjà eu beaucoup l’occasion de faire connaissance avant cela. Elle avait laissé passer tant de temps sans chercher à prendre de ses nouvelles, trop occupée à la gestion du Royaume. Sans doute avait-elle tellement pris l’habitude d’être seule qu’elle en avait oublié qu’elle avait renoncé à chercher à retenir les gens qui s’éloignaient d’elle. Ça devait changer, s’ils retrouvaient Orpheos... Et ils devaient le retrouver, elle voulait croire qu’il était encore en vie elle aussi, elle n’attendrait plus autant avant de chercher à obtenir de ses nouvelles…

Elle n’était apparemment pas seule à n’avoir pas su qu’il était présent sur le champ de bataille. Elle ne mentionna toutefois pas qu’elle ignorait tout du voyage dont il était question, n’ayant pas eu de nouvelles récentes. Pour la même raison, elle n’avait pas de véritables réponses à fournir à ses questions. Elle ne put pourtant pas s’empêcher de remarquer les similitudes avec sa propre présence au milieu des combats et la réaction de Link. Reprenant une longue gorgée avant de lui répondre, elle s’arrêta en se rendant compte que la chope était vide.

« Je… Je suis désolée… J’ignore quelles étaient ses motivations… Je ne peux que supposer que, comme moi, il a été entraîné par les événements, voulu se rendre utile… Il a toujours été très solitaire… Et puis, il est attaché aussi à Hyrule, il a sans doute voulu agir sans tarder… »

Elle ignorait si ça pourrait vraiment réconforter Llanistar, mais elle avait senti une certaine appréhension lorsqu’il lui avait parlé de son secret, et elle souhaitait au moins lui faire comprendre qu’elle le soutenait dans cette direction.

« Je ne savais pas que vous… Et Orpheos… Mais je suis heureuse qu’il ait trouvé quelqu’un… »

Elle n’ignorait pas les sentiments que le Chancelier avait nourris pour son ex-époux, il les lui avait lui-même avoués. Et même si ce genre de relation pouvait être désapprouvée par certains, et avaient pour elle une part d’inconnu, elle avait toujours voulu le bonheur de son ami.
Un détail cependant, qui aurait pourtant dû l’inquiéter, la rassurait sur le sort du Chancelier.


« Vous avez parlé d’une Ombre… »

Même s’il avait discuté avec Sheik, et non avec elle, elle n’en connaissant pas moins tout ce que le Chancelier avait pu lui dire à propos des entités avec lesquelles il avait conclu un pacte.

« Je ne crois pas non plus à sa mort… Je ne connais pas bien cette forme de magie, mais ces entités ne sont pas fidèles, si une Ombre lui a obéit, c’est qu’il peut encore leur rapporter quelque chose… Mais si elle est retournée vers la Forteresse, il doit s’y trouver encore… »

Ça faisait beaucoup de tracas… Un de ces moments où elle aurait aimé se glisser dans les bras de Link pour être apaisée… Mais ce soulagement lui était refusé, et elle ne savait pas si ça se reproduirait. Machinalement, retenant de nouvelles larmes, elle jeta un coup d’œil à la chope vide dans ses mains.

« Je ne sais pas comment on pourrait l’aider… »


Llanistar van Rusadir


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Llanistar se senti touché lorsque sa souveraine lui déclara sa joie qu'Orpheos ait trouvé "quelqu'un". Peu habitué à révéler son gout pour les hommes, le nordique s'attendait à une remarque outrée, choquée, maladroite ou même amusée, mais pas au respect qu'elle venait de manifester envers leur couple. C'était une des premières fois qu'il révélait ce secret sans être prit pour une bête de foire. Comme si cela était normal, et beau.
Seul son ancien maître, Alvar de Maln, avait su accueillir cette révélation avec autant de calme et de sagesse. Celui qu'il conseillait, Jehovaren, n'avait pas monté une telle tolérance. A nouveau, Llanistar eut le sentiment qu'il n'avait jamais rencontré aucune tête couronnée semblable à Zelda, impression encore accentuée lorsqu'elle s'empara de sa propre chope et but une grande gorgée de la bière de son général. Un pincement au coeur, le nordique tenta d'imaginer un instant le désastre qu'aurait été la capture de la jeune femme par Ganondorf, ce jour là. Sans doute le pire que Hyrule pouvait vivre. Un roi qui passe aux mains de son ennemi ne l'est plus jamais et sans Zelda pour porter la couronne, le royaume ne pourrait résister longtemps au conflit avec Ganondorf et à ses guerres intestines.

Sans doute son geste de se jeter dans la bataille était il idiot, puisque tout reposait sur ses épaules. Mais Llanistar ne parvenait pas à lui en vouloir. Au delà du protocole, de la hiérarchie, des lois... Il ressentait une profonde sympathie pour Zelda. Et ce sentiment lui donnait plus que jamais l'envie de la défendre, elle, et tout ce pour quoi elle se battait. Il se souvint alors de la proposition de la dame Sheikah, quelques jours avant que le gérudo ne lance l'assaut sur la forteresse. Impa lui avait proposé une place dans un ordre chargé de protéger Zelda, sans pour autant lui en confier la tête. Habitué et formé à diriger seul, le nordique avait refusé...Mais à présent il se demandait si son orgueil ne l'avait pas poussé dans ce choix. Le fait était là : seul, il avait échoué. La bataille de la vallée était son échec, sa défaite. Néanmoins, il refusait de se lamenter. L'important était à présent d'apprendre de cette erreur, et de ne plus la refaire. Il devait accepter de l'aide.
Il commençait à entrevoir ce qu'il devrait faire une fois rentré quand la voix claire de Zelda prononça des mots qui le glacèrent sur pied.


« Vous avez parlé d’une Ombre… »

Les doigts de Llanistar se crispèrent sur sa chope. Chaque fois qu'il repensait à son amant, il sentait le froid de la tristesse l'étreindre et son coeur s'alourdir. Néanmoins, il ne dit rien. Zelda en savait certainement plus que lui sur Orpheos, sur cette ombre et sur des secrets qu'un amant n'a pas forcément à connaître,

« Je ne crois pas non plus à sa mort… Je ne connais pas bien cette forme de magie, mais ces entités ne sont pas fidèles, si une Ombre lui a obéit, c’est qu’il peut encore leur rapporter quelque chose… Mais si elle est retournée vers la Forteresse, il doit s’y trouver encore… »

Inconsciemment, Llanistar tourna la tête vers la direction de la forteresse, bien que les pans de la tente ne masque les collines rouges de la vallée et l'horizon brûlant où se terrait à présent leur ennemi. Aux bordures de la terre verte d'Hyrule, presque sous leur nez.
Si il avait eu le temps de se rendre ivre, sans doute aurait il décidé d'aller sauver le chancelier, mais ça n'était pas le cas. Le nordique n'était clairement pas en état de se battre ni même de faire le chemin seul et discrètement à travers l'amas de roches et de poussière qui le séparaient de son amant. Et il ne laisserait personne d'autre prendre ce risque. Trop d'hommes étaient morts, et le gérudo s'attendait surement à ce genre d'initiatives téméraires.


« Je ne sais pas comment on pourrait l’aider… »

Elle semblait aussi touchée que lui. Orpheos était son ami depuis longtemps, l'idée qu'il leur soit enlevée devait lui paraître insupportable. Alors, enragé d'être autant impuissant, Llanistar se leva et fit ce qu'aucun protocole n'autorisait mais qui lui semblait approprié, humain. Il prit sa souveraine dans ses bras, espérant qu'ils pourraient se réconforter mutuellement, tout en lui murmurant avec fermeté,

« Il n'y a rien que nous ne puissions faire ce soir. Savoir qu'il est en vie est peu, mais je suis certain que Orpheos m'a envoyé cette ombre pour que nous gardions espoir. Il peut s'en sortir. Il est fort, bien plus qu'il ne l'imagine, et sans doute bien plus que l'ennemi ne le croira. Ganondorf a déjà commit des erreurs par orgueil. Espérons qu'il en fera une nouvelle.[/b] Il s'écarta de Zelda avec un sourire néanmoins peu assuré, et se pencha sur la table et les cartes qui y étaient étalées. Son visage s'affermit à mesure que son esprit construisait ses plans futurs. Lorsqu'il parla à nouveau, il avait remit son masque de général. A présent que l'ennemi possède la forteresse, le loup est à nos portes. Il est hors de question de le laisser entrer dans le royaume à sa guise. Il faut établir une position retranchée aux abords de la vallée et y laisser constamment des hommes afin de la garder. Autrement, Ganondorf aura les coudées libres pour agir comme bon lui semble. Il reste l'agresseur, et possède cet avantage qu'il a le choix d'attaquer où il le souhaite. Seulement, j'ai l'intention de lui opposer la plus rude des résistances partout où il se montrera. Hyrule a perdu une bataille mais pas la guerre. Et cette guerre, nous allons la gagner. »

Sans doute Llanistar cherchait il à s'épargner des pensées morbides en ne songeant plus à son amant. Sans doute était ce là un moyen de détourner son esprit pour ne plus avoir à souffrir de son impuissance. Au moins, le général retrouvait là un domaine dans lequel il excellait et pouvait nuire à son ennemi. Au fond de lui, il savait que son état l'empêchait de secourir Orpheos directement. Mais tous les coups qu'il porterait à Ganondorf seraient autant de chances de le retrouver.
Finalement, il releva les yeux de ses cartes et déclara à Zelda,


« Jusqu'au dernier instant, je ne perdrais pas espoir de le revoir vivant. Mais j'ai déjà trop versé de larmes et me suis déjà trop lamenté sur son sort. Il est temps de relever la tête. C'est ce que le royaume attend de nous. C'est surement ce que Link attend de vous.Son ton, bien que grave, n'était pas rude, et il ne voulait pas brusquer sa reine. Ses mots étaient autant destinés à elle qu'à lui même. Dans deux jours, nous repartons pour la cité. La moitié des hommes resterons ici avec pour mission d'établir une position fortifiée. Au moins ce passage sera il fermé à l'ennemi. Je reviendrais plus tard avec de nouvelles forces.»

Déjà, il se sentait prêt à donner des ordres, planifier des opérations et remonter le moral de toutes les victimes de la bataille, mais il devait attendre le lendemain. Son corps ne tiendrait pas éveillé une nuit en plus, et ses blessures pourraient se rouvrir. Néanmoins, il sentait à nouveau l'espoir l'étreindre. Car c'était bien là ce qui lui restait de plus précieux.


Cecilia Iole Mentina


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L'alchimiste se mit à soupirer, il y avait bien trop de bruit dans la tente pour qu'elle puisse se concentrer uniquement sur les blessures de l'exaltée. En temps normal, tout ce brouhaha ne la gênerait pas mais elle était tellement épuisée à cause de ces combats, de cette marche interminable et de cette utilisation excessive de la magie qu'elle n'arrivait même plus à se focaliser sur son travail. Elle n'avait pas entendu l'homme qui venait d'entrer discrètement dans la même tente et qui s'était assis plus loin, mais ce qu'elle n'arrêtait pas de distinguer semblait être des pleurs. Lassée de cette situation, Cecilia détourna le regard pour constater de ses propres yeux l'origine de cette discorde lorsqu'elle reconnut sans grande difficulté cette femme aux cheveux bleus qu'elle avait secouru dans la prison de la forteresse gerudo.

Elle détourna le regard avec dégoût lorsqu'elle entendit que cette femme était la soi-disant prêtresse de Nayru. Au début, elle avait juste l'impression que c'était une blague car après tout, quelle incarnation de la sagesse serait aussi stupide pour participer à une guerre aussi dangereuse que celle-là ? Et elle ne faisait que se plaindre d'être fatiguée à force de soigner tous les blessés. Égoïsme était le premier mot qui venait à l'esprit de la gerudo, tous ces soldats avaient combattu durement pour le bien de Hyrule et avaient énormément souffert par rapport à ce que cette fille avait enduré. Il n'y avait aucune sagesse dans ses gestes, et la danseuse se retint plusieurs fois d'aller la voir pour lui dire le fond de sa pensée.

Après plusieurs minutes de travail, l'ambrée finit enfin de soigner les blessures de la sage de l'esprit. Elle posa ses mains sur le lit de fortune où elle reposait avant de baisser la tête. Sa respiration s’accélérait, elle commençait vraiment à être à bout de forces et elle savait bien qu'elle ne pouvait plus continuer dans un tel état. Alors qu'elle venait de se lever pour se diriger dans un endroit tranquille pour se reposer, la gerudo reconnut la personne avec qui la prêtresse parlait. Juste à ce moment là, cette dernière semblait s'évanouir de fatigue devant un homme qui semblait être bien surpris. La jeune femme regarda autour d'elle puis s'approcha de la tierce personne présente à leurs côtés.


"Vous devriez l'amener dans un endroit plus calme pour qu'elle se repose."

Son regard se dirigea sur l'homme en question et elle ne le quitta pas des yeux jusqu'à ce qu'il daigne porter la prêtresse pour l'emmener hors de la tente. Elle regarda ensuite le jeune homme qui était toujours assis sur ce même rondin avant de prendre la parole.

"On dit que la nuit porte conseil, vous..." Elle se tût quelques secondes, se rendant compte qu'elle se mettait à le vouvoyer de nouveau avant de reprendre. "Tu devrais aller te reposer maintenant et cesser de te préoccuper de ce qui s'est passé, cela ne ferait que te ralentir."

Elle se mit à sourire avant de s'éloigner, prête à aller se reposer avant de s'arrêter net. Les événements de la forteresse Gerudo lui revinrent en mémoire, et plus particulièrement ce moment où elle avait affronté ce hache-viande. Elle avait reçu une aide très précieuse qui lui avait permis de l'aider à s'éclipser pour venir en aide aux prisonniers, et c'était cet homme près d'elle qui était venu la secourir.

L'alchimiste se retourna pour le regarder à nouveau. Pleins de questions lui traversèrent l'esprit et pourtant, elle les gardait pour elle-même. Elle avait aperçu le seigneur noir affronter le héros du temps et elle ne savait pas du tout comment le combat s'était déroulé mais vu les blessures du jeune homme, le sorcier lui avait donné beaucoup de fil à retordre. néanmoins, recenser ce genre de souvenirs dans cette situation n'était pas l'idéal mais elle ne pouvait pas se permettre de partir comme ça alors qu'il l'avait aidé. Même si il l'avait déjà grondé une fois à la place du marché, Cecilia se pencha légèrement en avant pour le remercier.


"Au fait... Merci pour votre aide à la forteresse Gerudo, je n'avais jamais affronté de hache-viande et c'est un adversaire très coriace. J'espère ne jamais en rencontrer de nouveau mais cela risque d'arriver si je continue de fréquenter les champs de bataille n'est-ce pas ?"

Elle se mit à rire sur ses mots avant de perdre son sourire et détourna le regard. Cette réflexion était stupide et elle le savait bien mais elle n'avait pas pris la peine de mesurer ses paroles, elle était trop épuisée pour cela. La jeune femme se redressa, toutes ses affaires étaient prêtes et dans quelques minutes, elle ne tarderait pas à trouver un endroit pour pouvoir rejoindre Morphée. De toute façon, elle ne tiendrait pas une heure de plus, elle sentait bien que son corps était épuisé et qu'un moment ou un autre, il cesserait totalement de lui obéir. C'était une chose qu'elle ne souhaitait pas subir, perdre connaissance à cause de la fatigue était négatif pour elle dans une situation pareil car elle aurait la chance de se réveiller après cela alors que beaucoup d'autres continueront de dormir à jamais.


Link

Héros du Temps

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Un par un, il plia et déplia l'ensemble de ses doigts. Au fond de sa main reposait encore une puissance qui ne semblait pas vouloir le quitter et qui rendait sa situation des milliers de fois plus attirante que celle de n'importe quel autre homme présent sous les toiles de la tente. Certains pleuraient, d'autre toussaient tandis que certains n'avaient plus même la force d'agoniser autrement qu'en silence. Lui avait ce sang qui lui couvrait les paumes, mais aussi cet espoir qui brûlait aussi fort que vif entre ses poings.


Sans doute, un jour, serait-il amené à sourire de nouveau – voir à rire – et c'était cet avenir là, encore plausible, qui lui interdisait de se laisser abattre. Par respect pour tous ceux qui étaient tombés, pour tous ceux qui tombaient et ceux qui les rejoindraient. Contrairement à tant d'autres, autour de lui et plus loin, il vivait et possédait encore ce qu'il avait de plus précieux. Le Rusadir lui même avait perdu là où lui semblait aussi intouchable qu'intouché. Certes, marcher relevait de l'épreuve de force ; bien entendu, il aurait été incapable de tenir une lame droite sans vaciller au bout de quelques instants et évidemment le simple fait de respirer lui était devenu particulièrement douloureux. Mais tout cela n'était, au fond, que des détails. Il finirait par se relever. Il se relevait toujours, quand bien même le courage ou la foi l'abandonnait. Parfois, il en arrivait à se demander si sa main lui appartenait véritablement, tant il avait l'impression qu'elle était guidée pour frapper au coeur du Seigneur du Malin. Comme si, quoiqu'il arrive, le choix ne lui appartiendrait pas de laisser l'épée de côté ou de continuer le combat.


Il soupira, tâchant de se vider l'esprit. Pour l'heure la bataille était terminée, et il ne souhaitait pas s'ombrager le crâne avec les sombres pensées qui l'envahissait depuis qu'il avait entendu la Princesse hurler son effroi au plus profond de sa tête. L'Hylien porta l'index et le majeur de chaque main à ses tempes poissées de sueur et de sang, de la même façon que certains se massent en cas de migraine qui, d'ailleurs, ne tardait pas à venir le titiller. Il aurait voulu cesser de penser, mais si la colère qu'il nourrissait à l'égard de la souveraine se taisait au fur et à mesure que son entourage l'aidait à réaliser sa chance, une certaine aigreur envahissait sa bouche. Ce parfum typique d'une douleur autrement plus ardue à endurer que la morsure du givre ou que le fil de l'acier. Une douleur qu'il souhaitait plus que jamais enterrer. Sans parvenir à mettre précisément le doigt sur ce qui le blessait à ce point, il avait le sentiment d'avoir été purement et simplement abandonné par Zelda. Aussi souvent qu'il ne tirait le fer au clair, il était prêt à mourir pour elle. Et... en prenant un risque pareil, elle balayait tout ce pourquoi il se battait. Un gout aussi âpre qu'amer ternissait sa langue, son palais, mais aussi son coeur. Alors qu'il ramenait ses mains près du petit feu de camp, pressé de s'effondrer dans un sommeil aussi lourd que noir et propre à l'oubli, il ne pouvait s'empêcher de se demander si son amie avait conscience du sacrifice auquel il était prêt pour elle ; et si elle y prêtait la moindre importance. Un doute malsain et pervers s'insinuait doucement, sans qu'il ne parvienne à le repousser.



Un pan de tissu finit par s'écarter, alors qu'il essayait de se concentrer sur les voix pour mieux s'isoler de tout le reste, et dévoila un visage qui parvint à lui tirer un sourire. Le soulagement chassa doucement la rancoeur, quand le visage enfantin de Flora s'avança vers lui. Il n'esquissa pas un mouvement, mais il fut heureux de voir qu'elle ne souffrait de rien, sinon la fatigue. Il aurait pu mille fois se maudire d'avoir une idée aussi idiote que de l'emmener avec lui, mais pour une fois, il fut tenté de croire que les Déesses avaient daigné le placer sous leur protection. Il devait le concéder, que la Prêtresse n'ai rien tenait presque du miracle. « Flora...? — Tu va bien ? » Lâcha-t-il, du peu de voix qu'il lui restait. Sous le joug de la colère, il avait trouvé la force de crier, mais dorénavant, il lui semblait que son ton n'était rien de plus qu'un tas de sonorités discordantes. Si la parole avait été le doux voyage d'une main sur un luth, il se serait représenté brisé, avec les seules cordes pour assurer une liaison entre les deux parties de l'instrument.



Le vagabond ne put réprimer un frisson quand les mains de l'avatar de Nayru rencontrèrent son visage. Non seulement car il n'avait pas un instant pensé qu'elle viendrait un jour chercher pareil contact, mais aussi parce que c'était quelque chose qui ne lui serait jamais venu à l'esprit : il n'avait jamais été de ceux qui se laissait aller et s'épandaient en caresses et étreintes. Les rares fois où son corps en rencontrait un autre, c'était dans le sang et les cris. Pour autant, il ne broncha pas plus. Il avait cette intime conviction que la Prêtresse ne l'avait pas entendu, et qu'elle le croyait plongé dans un état de léthargie, ou convalescent. Peut être l'aurait-il préféré, en vérité, tant cet élan de tendresse le mettait à mal. Plus les mains de l'enfant de Foi parcourait son visage, plus son malaise grandissait. Il savait pourquoi elle était dans cet état et savait à quel point il était coupable de sa faiblesse. Il esquissa tendrement un geste pour la serrer contre lui, quand elle cessa de naviguer sur son faciès, avant que la déchirure béante qui marquait son épaule ne le ramène brusquement à la raison. Sa nuque se brisa, tandis que dans un réflexe, il se recroquevillait tant bien que mal.

Ses doigts se crispèrent sur l'étoffe qui dormait sur son genou. Sans qu'il ne s'y soit attendu une seconde, l'Hiver avait frappé plus durement que jamais, sous les mains de Flora. Le râle s'effondra dans sa gorge, avant d'avoir pu sortir, tandis qu'à chaque vague de froid qui attaquait ses plaies comme autant de couteaux de glace ses dents grinçaient suffisamment vilainement pour qu'on puisse s'inquiéter de l'état de sa mâchoire. Par les Dieux, ça n'était jamais plus qu'un supplice qu'il endurait après chaque affrontement, chaque fois en se sentant vieilli de dix ans. 



L'Enfant-des-Bois aurait été incapable de dire comment il avait fait pour rester conscient, mais quand les assauts cessèrent, il voyait encore. Un voile opaque avait recouvert sa vue sans l'obstruer tout à fait, et des nuages s'échappaient de ses lèvres comme au coeur de l'hiver. Son bras ne le brûlait plus autant qu'auparavant et il ne sifflait plus à chaque respiration. La tête lui tournait comme rarement, certes, sa cuisse le faisait presque gémir et il lui semblait qu'une côte s'était détachée du reste, cependant les soins étaient terminés et il en était soulagé. Son amie s'était effondrée dans ses bras, désormais capables de se refermer contre elle. Il garda un instant le silence, plus inquiet pour elle que reconnaissant. Le givre qui dansait dans ses yeux ne tarda pas à descendre jusqu'au visage de la jeune fille en passe de devenir une femme. « Excuses-moi.. — » Murmura-t-il, tout en sachant pertinemment qu'elle ne l'entendrait pas ; et en remerciant le ciel de ne pas avoir à affronter cette situation immédiatement. « Je... Je n'aurais pas du te jeter au milieu des affrontements. J'en suis désolé, Flora, vraiment... Si tu... — » Il s'arrêta un instant, la bouche encore ouverte, avant de la fermer, puis de l'ouvrir une seconde fois, inspirant profondément. « Tout... Tout est de ma faute. J'espère que tu pourras me le pardonner. »


Une seconde fois, il se résigna au silence, avec la désagréable impression de parler trop ; et dans le vide. Il ferma les yeux, en la serrant toujours contre lui, comme pour la protéger de ce qui ne risquait de toute façon plus d'arriver.


Une voix le tira à nouveau loin de tout ça, et il se ressaisit doucement. Cherchant du regard ce nouveau personnage entré sur la grande scène des blessé de guerre, il finit par croiser une jeune femme d'une vingtaine d'années, qui lui rappelait étrangement quelque chose. Elle jeta un regard à l'homme qui avait accompagné la Prêtresse quand elle était venu vers lui, et ce dernier vint la récupérer pour l'emmener dans un endroit manifestement plus tranquille. Link laissa l'enfant changer de bras sans y opposer de résistance, conscient qu'il était impératif qu'elle prenne un peu de repos. Ses mains revinrent alors à ses tempes, comme pour stabiliser cette tête qui ne cessait pas de s'emballer. Il se pensait à nouveau seule quand la voix de la brune s'éleva encore. Tant bien que mal, il releva un regard d'un bleu glacé mais pas froid sur cette jolie demoiselle. « ... Merci. — » Souffla-t-il, en s'asseyant dans une position plus normale.


Il se saisit d'un pan de tissu propre, et commença à bander sa cuisse, persuadé que la Gérudo – ses oreilles l'avaient trahie – ne resterait pas plus longtemps. Une bande blanche ne tarda pas à barrer le vêtement d'un brun-beige semblable au sable, tandis qu'il serrait aussi fort qu'il n'en était encore capable — ce qui ne représentait pas énormément au vu de la fatigue qui l'éreintait et du reste de tout ce qui pouvait le bouleverser. Avant même qu'il eu terminé, le pansement s'imbibait déjà et une large trainée carmin nageait entre les mailles du tissu. Et quand il releva la tête pour mieux répondre à la femme du Désert, elle était nettement plus proche de lui qu'auparavant. S'il aurait du remarquer à quel point il était éreinté, au point de ne plus prêter attention à des faits qui lui auraient coûté la vie sur un champ de bataille ; son regard s'accrocha ailleurs. Bien loin de ces considérations.


Une tunique assez légère protégeait la guerrière du sable, mais assez peu des coups, comme en témoignait le large hématome qu'accueillait son épaule. La jeune femme s'était penchée en avant, comme pour se ramener à son niveau sans faire l'effort de se baisser. Sans être couverte de sang, elle avait le visage humide et rendu brillant par une écume discrète. La fatigue se lisait sur ses traits, et pourtant, elle trouvait encore le courage de s'enquérir sur son état. Du moins... Il supposait qu'il s'agisse de cela : il s'était arrêté sur les lèvres de cette femme qui lui rappelait étrangement quelque chose.


Le Fils-de-Personne tâcha de s'éloigner un tant soit peu, autant par soucis de décence que pour pouvoir prêter un peu d'attention à ce qu'elle disait. Mais ses yeux furent happés par une perle de sueur qui glissa discrètement le long du cou de la Gérudo. Sans que ça ne soit volontaire, il la suivit du regard, jusqu'à épouser des yeux les courbes généreusement dévoilées par le décolleté de la tunique. Partiellement absorbé, il ne réalisa que bien tard qu'elle s'était tu, et qu'elle attendait sa réponse. Esquissant un mouvement de recul, après avoir brièvement fermé les yeux, il manqua de tomber du rondin, par trop bancal pour permettre de pareilles acrobaties. Sa main gauche prit appui sur le sol rouge de cette terre typique de la vallée Gérudo, tandis qu'il s'acharnait à ramener son regard vers celui de l'inconnue-qui-n'en-était-pas-tout-à-fait-une. Le rondin roula en arrière sous son impulsion mais il parvint à maintenir un équilibre relatif, et à reprendre un minimum de contenance.

"Les Haches-Viandes, tu dis ? —" Lâcha-t-il d'un ton qui se voulait assuré mais qui était aussi parlant que ses pommettes magistralement empourprées. La honte lui chauffait les joues et le bout des oreilles, alors qu'il était tout entier gagné par la gène. « Je... — » Maugréa-t-il, pestant intérieurement contre lui même et en détournant tant le regard que le visage. « Tâche de les éviter... Il n'y a pas de honte à... — » Il ferma la bouche, conscient que ses propos faisaient un tantinet écho à ce qu'il ressentait présentement. « Ce sont des adversaires malsains, contre-natures. Des carcasses vides, animées par la seule volonté de leurs maitres et incapables du moindre petit détails qui fait de nous des hommes... — » ... Ou des femmes. « Parfois, s'entêter n'est pas la solution. Un blessé vaudra toujours mieux qu'un mort. » Glissa-t-il enfin, tout en sachant en son fort intérieur que si sa Princesse n'avait pas appelé, il n'aurait eu que faire de ces beaux conseils.


Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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Elle fut surprise de voir le général se diriger vers elle, et encore plus en le sentant refermer ses bras sur elle. Sans doute n'était-elle juste pas habituée aux marques d'affection ou de réconfort, à l'exception de quelques personnes dont elle était plus proche. Rares étaient les gens du château qui auraient pris la peine de chercher à la consoler sincèrement, encore plus ceux qui auraient pris l'initiative de venir la prendre dans leurs bras. Elle se rendit compte à quel point elle connaissait mal le général, et combien il pouvait être différent des nobles avec lesquels elle avait grandi. Elle ne regretta pas de l'avoir placé à ses côtés.

Si elle n'arrivait pas à oublier tout ce qui la chagrinait et le sentiment de vide qu'elle ressentait, au moins sentit-elle qu'elle n'était pas seule, et ce fait la rassura un peu. Pour ce qui était d'Orpheos il avait raison : le jeune homme n'avait pas attendu de la rencontrer ou de rejoindre le château pour se débrouiller. Elle l'avait connu musicien errant, et s'il avait pu survivre jusque là sans grands moyens et malgré les dangers qu'on peut rencontrer lors de voyages, sans doute cela témoignait-il de débrouillardise. Elle espérait que ce serait suffisant.

Le Général finit par la lâcher pour aller poser le regard sur les cartes qui étaient restées étendues sur la table. Elle se contenta de l’observer réfléchir en silence. Elle admirait sa capacité à se replonger directement dans les affaires de guerres et à penser aux décisions sérieuses qu’ils auraient à prendre. Pour sa part, elle ne s’en sentait pas le courage si tôt. Elle avait rarement pris une pause dans ses fonctions, et si elle ne voulait pas rester les bras croisés et n’avait pas pour ambition d’en prendre une, mais elle avait du mal à se concentrer sans revoir en pensée le regard que lui avait lancé Link. Jamais elle n’avait vu tant de colère dirigée contre elle dans ses yeux. Elle chassa tant bien que mal ces images de sa tête. Peut-être manquait-elle juste de connaissances en matière de guerre et de stratégie pour arriver à s’absorber autant que son Général dans la tâche qu’il avait entreprise, mais en attendant son verdict elle se permit de se resservir une chope de bière.
Elle n’en écouta pas moins attentivement les conclusions que le Rusadir lui exposa, hochant la tête, et attendant tout de même qu’elles soient terminées pour boire une gorgée du breuvage qu’elle tenait en main. Au moins, entendre parler de solutions concrètes et une vision optimiste de la situation la rassurait. Les conséquences étaient graves mais ils gardaient toujours l’avantage, il faudrait juste redoubler de prudence et surveiller de près l’évolution de la situation, jusqu’à pouvoir intervenir de nouveau.


« Il me semble en effet que c’est la meilleure solution. Je vous laisse carte blanche. Je ne peux pas regretter les siècles de paix qu’a traversé Hyrule, mais je me sens bien démunie de n’avoir reçu aucune éducation assez solide en la matière. »

Le Général quitta la carte des yeux pour les relever vers elle, et elle écouta attentivement ce qu’il avait à lui dire. Elle ne savait pas ce que Link attendait encore d’elle, et c’était bien ce qui la chagrinait, mais le royaume aurait bel et bien besoin d’elle dans les jours et les mois à venir, ça elle le savait.

« Je sais que je dois relever la tête j’ai juste… Besoin d’un peu de temps… Je ne peux de toute façon pas reprendre mes fonctions dans cette tenue, mais dès que nous arriverons au Château je serai prête. Je vais voyager avec l’armée, mais je vous quitterai un peu avant d’arriver, et j’irai rejoindre ma place… »

Elle comptait sur Impa pour avoir caché son absence jusque là, et elle préférait arriver au Château en toute discrétion, de préférence un peu avant que le Général ne fasse son entrée officielle. Elle posa la chope à nouveau vide sur un coin de la table avant de prendre congé.

« Je tenais à vous remercier pour… Pour tout en fait… Si vous souhaitez ma présence pour discuter en privé des détails sur les mesures à prendre, ou d’autres décisions, je serai là. Et sans doute en meilleur état demain… Pour l’heure je crois que j’ai besoin de sortir marcher un peu. Je vous souhaite une bonne nuit. »

Elle n’était pas sûre de l’état dans lequel elle serait le lendemain, mais elle serait prête à faire des efforts pour le Royaume. Hyrule devait être sa priorité, avant même sa propre personne. Même si c’était dur parfois, surtout en l’instant. Elle se força à offrir un sourire au Général avant de quitter sa tente, ressentant le besoin de se retrouver un peu seule. Elle traversa le camp sans vraiment prêter attention à ce qui se passait autour d’elle, jusqu’à en apercevoir la limite, qu’elle franchit elle aussi. Elle marcha encore sur plusieurs mètres pour trouver un endroit tranquille, vide et silencieux. Elle distinguait encore le camp à l’horizon, mais elle n’était plus vraiment en vue de ceux qui s’y trouvaient.

Elle s’assit doucement contre le tronc d’un arbre, son corps toujours endolori par l’explosion, même si elle s’en tirait mieux que beaucoup d’autres. Elle avait cru que se trouver un peu seule lui permettrait d’arriver à mieux s’y retrouver dans le flot de ses pensées mais elle se sentait toujours perdue. Elle avait mal au cœur, et le sentiment d’avoir perdu plus qu’elle n’avait gagné. Elle avait seulement voulu veiller sur Link… Elle avait voulu l’aider, au lieu de rester au Château à l’attendre, anxieuse… Elle avait failli le perdre lors de la bataille à la Citadelle, et elle n’aurait pas supporté qu’il ne rentre pas une nouvelle fois. Mais jamais elle n’avait voulu le blesser, et elle supportait mal l’idée qu’il soit en colère contre elle. Un instant, l’idée lui traversa l’esprit qu’il puisse ne pas lui pardonner ce qui l’avait mis autant en colère. Instinctivement sa main alla chercher la boucle d’oreille toujours cachée sous les bandages, et elle fondit en larmes.


Cecilia Iole Mentina


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L'alchimiste écoutait vaguement les rares paroles du jeune homme, elle ne l'avait pas quitté des yeux depuis le début et son regard restait fixé sur ce bandage qu'il avait fait lui-même. Le tissu venait déjà de virer de couleur et elle avait déjà constaté les multiples défauts de ce "bandage de fortune". La gerudo ne put s'empêcher de sourire, c'était comme s'il souhaitait se débrouiller tout seul alors qu'il y avait plusieurs médecins qui étaient là pour s'occuper des éventuels blessés. Mais ce sourire s'effaça rapidement lorsqu'une étrange pensée lui traversa l'esprit, elle avait l'impression que le héros du temps oubliait qu'il n'était pas seul à combattre ce mal et que c'était leur guerre à tous, pas seulement la sienne. Elle aurait voulu lui parler sur le coup, lui faire comprendre qu'il avait toujours un soutien derrière lui mais elle n'eut pas le temps.

Un petit remue ménage la fit sortir de ses pensées, elle eut juste le temps de relever la tête pour voir la petite acrobatie du jeune homme. Ne comprenant pas trop ce qui venait de se passer, la danseuse pencha légèrement la tête vers la gauche tout en le regardant se redresser maladroitement sur le rondin. Ses paroles semblaient vouloir détendre l'atmosphère après ce petit incident et pourtant, il semblait hésitant et non sûr de lui. Son regard fuyant et ses pommettes parlaient à sa place et cela l'amusait, au point d'éclater de rire lorsqu'il eut fini de parler. Elle savait qu'elle se mettait dans une situation un peu délicate en faisant cela mais elle tenta de reprendre très vite son calme avant de s'expliquer.


"Excuses moi, je n'aurais pas du réagir de cette façon mais pendant un instant, je me suis rappelée de ce jour où je t'ai rencontré à la place du marché. Tu n'as toujours pas changé tu sais ?"

Elle se mit à sourire avant de détourner son regard vers son sac. Il lui restait encore de quoi soigner deux-trois blessures et elle pouvait largement s'occuper de celle du jeune homme. La vraie question était de savoir si elle en serait vraiment capable car la fatigue commençait vraiment à s'emparer totalement d'elle et elle savait bien qu'elle pouvait tourner de l’œil très vite. Mais il fallait qu'elle continue son travail, elle n'en avait plus pour très longtemps et elle pourrait prendre un repos bien mérité après ça.

"Pour changer de sujet, tu es un bien meilleur combattant que médecin. Tes plaies ne se fermeront jamais correctement avec un tel bandage." Elle dirigea son regard vers cette vilaine plaie à la cuisse pour la lui montrer avant de le regarder à nouveau. "Je vais m'occuper de cette blessure, ne t'inquiètes pas."

Et sans attendre une réponse du jeune homme, la gerudo commença déjà à retirer le bandage qui venait d'être fraichement mis. La blessure ne s'était pas encore refermée et le tissu avait déjà pris la couleur de son sang. Elle prit une fiole dans son sac avant de verser une partie de son contenu sur la blessure, elle devrait vite se soigner avec de la chance. Cecilia posa ensuite la fiole sur le sol avant de se focaliser davantage sur la blessure et appliqua la solution sur sa cuisse tout en la massant pour que la pommade pénètre plus facilement dans la peau. Elle ne l'avait pas prévenu qu'il était possible que la plaie brûle légèrement mais ce n'était qu'une petite formalité par rapport à ce qui pouvait se passer si elle s'était mal refermée.

Au bout de quelques minutes, la danseuse prit un tissu qu'elle utilisa comme bandage. Certes ce soin n'était pas aussi rapide que les vrais guérisseurs qui utilisaient la magie pour soigner mais pour elle, l'alchimie avait quelque chose de plus. Une fois que son travail fut terminé, elle rangea tout son matériel avant de vérifier une dernière fois si tout était bon, puis elle regarda le jeune homme.


"Voilà, ta blessure va vite se cicatriser et tu seras très vite sur pied."

Elle laissa s'échapper un petit sourire avant de baisser la tête. A nouveau sa respiration venait de s’accélérer et elle sentait bien que son corps atteignait vraiment ses limites. Il était raisonnable qu'elle aille se reposer rapidement et pourtant, il y avait encore quelque chose qu'elle souhaitait faire, ou plutôt dire. Pour la dernière fois, elle regarda le jeune homme droit dans les yeux en prenant un air sérieux.

"Tu sais... Je suis peut-être mal placée pour te juger mais j'ai l'impression que tu prends toute cette histoire trop au sérieux, comme si tu avais tout le poids d'Hyrule sur tes épaules. Ce n'est pas ton combat mais notre combat à tous, ne l'oublies pas."

Son expression restait neutre pour bien insister sur ses paroles jusqu'à ce qu'un petit silence s'installe entre eux. L'alchimiste passa sa main droite dans ses cheveux avant de détourner le regard. Elle n'arrivait même plus à se concentrer sur quelque chose d'aussi simple à cause de toute la fatigue qu'elle avait accumulé. C'était une sale image qu'elle était en train de montrer d'elle-même et cela l'exaspérait mais il fallait d'abord qu'elle tente d'aider le héros du temps, c'était la seule chose qu'elle pouvait vraiment faire.


Llanistar van Rusadir


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« Je tenais à vous remercier pour… Pour tout en fait… Si vous souhaitez ma présence pour discuter en privé des détails sur les mesures à prendre, ou d’autres décisions, je serai là. Et sans doute en meilleur état demain… Pour l’heure je crois que j’ai besoin de sortir marcher un peu. Je vous souhaite une bonne nuit. »

Llanistar lui sourit et hocha de la tête, lui retournant ainsi la politesse. Il la regarda sortir, après un sourire. S'appréciaient ils plus qu'une semaine auparavant, lorsqu'elle lui avait ordonné de lancer l'attaque ? Pour ce qui était du général, c'était une évidence. Il estimait déjà la reine, il avait apprit à apprécier la femme. Quand à elle, elle allait sûrement broyer du noir à propos de son erreur et de la colère de Link envers elle. Le nordique savait qu'il aurait pu la rattraper et lui imposer un brin de compagnie afin qu'elle ne sombre pas trop dans la tristesse. Mais tous deux avaient sans doute besoin de passer le reste de la nuit seuls, avec eux mêmes.

Elle, parce qu'elle devait digérer une peine de cœur. Et lui, parce qu'il avait toujours surmonté ces heures d'après batailles ainsi. D'ailleurs, l'alcool commençait à l'atteindre, et le faisait glisser du désespoir et du chagrin vers une douce mélancolie. Des vieux souvenirs lui revenaient, l'amenaient des années en arrière. Sa première bataille, les yeux de la belle qui l'avait réchauffé la nuit d'après. Sa plus difficile bataille, le festin qui l'avait suivit. Sa plus dramatique et les chants qui essayaient de calmer les pleurs et la tristesse. Lui même avait souvent rit et pleuré après de telles épreuves. Une bataille est si épuisante, elle exige tant de vie de chaque soldat, que ceux qui y survivent et obtiennent la victoire sont plongés dans un état très étrange. Un état où larmes et rires jaillissent sans qu'on puisse les contrôler. Où le pire chanteur n'a plus honte de donner de la voix et où le pire des maladroits n'hésite pas à danser des heures durant.

Mais cette fois, pour la première fois, Llanistar connaissait le goût de la défaite. Un goût amer, de cendres. Et il ne se sentait pas d'aller chanter, ou danser, ou même rire et il avait trop pleuré. Assis, immobile, sa chope à la main, il fixait le vide en se rappelant de son ancienne vie. Et puis, machinalement, un vieux chant lui vint aux lèvres.

« So, fare the well,
My own true love.
I'll think of you night and day.
A place in my mind,
You will surely find.
Although I am so far away.
And when I'm alone,
Far away from home, 
I'll think of the good times once more.
Until I can make it back,
Some day,
Here to Paddy's green shore. »

Llnaistar s'éveilla avec les premières lueurs de l'aube, qui pénétraient par un trou de sa tente. La lumière sur son visage était agréable et elle parvint à le tirer d'un sommeil troublé. Encore ensommeillé, il constata que sa dernière chope n'était pas vide, qu'il était encore dans la même tenue que la veille au soir et qu'il puait. Le dos ankylosé, il se redressa et sentit une sourde douleur l'envahir. Ses blessures étaient loin d'être guéries. Une nuit passée ainsi assis n'avait surement rien arrangé. Mais le nordique ne pouvait faire attendre ses hommes. Il fallait rentrer au château.

« Luin ! Viens mon gars ! »

L'aide de camp arriva, l'air alerte. Il n'eut pas besoin d'ordres pour comprendre la raison de l'appel. La barbe hissurte et fatigué du général en disait assez. Il fit signe qu'il avait saisit et repartit. Le temps que Llanistar se soit presque déshabillé, il arrivait avec une barrique pleine d'eau. Et après une toilette rapide, il tailla la barbe du nordique afin qu'il n'eut plus l'air d'un vétéran mal dégrossit.
Finalement, le médecin passa pour changer les pansements, fronça fortement les sourcils lorsqu'il comprit que le général ne s'était pas reposé comme il aurait dû mais s'abstint de tout commentaire. L'homme avait l'air exténué et il ne serait pas fâché de recevoir le soutient d'une ville entière prête à aider ses blessés. Dés qu'il sortit de la tente, Llanistar ordonna à son aide de camp,


« Luin, fais donner l'ordre aux capitaines de me rejoindre. Et aide moi à enfiler quelque chose de plus approprié. »

Par là, il entendait une tenue qui soit militaire et que son état lui permette de porter. Le garçon lui apporta une tenue souple de maille et de cuir, surmontée d'un tabard aux armes des Nohansem Hyrule. De quoi faire bonne impression et le soulager au mieux.
Les capitaines arrivèrent les uns après les autres, assez rapidement. Seuls trois d'entre eux, sur une vingtaine, souffraient trop gravement pour être présents et ils s'étaient fait représentés. Llanistar commença à exposer son plan de ramener une moitié d'hommes, la moins en état, à la ville et de laisser une position fortement défendue pour surveiller la vallée. Il était en train de donner les affectations et de demander l'avis des capitaines sur l'état de leur division, quand un des remplaçants d'un capitaine blessé prit la parole en le coupant.


« Sauf mon respect, général, pourquoi pensez vous encore pouvoir nous diriger ? »

Le jeune effronté qui venait de parler avait fait ouvrir de grands yeux à plusieurs officiers qui n'en croyaient pas leurs oreilles, mais il avait visiblement touché juste étant donné l'expression de certains autres. Llanistar ne s'était pas attendu à ce que le doute les touche si rapidement. Lentement, il s'approcha du jeune homme, visiblement de noble naissance et lui posa la main sur l'épaule, avant de demander, ferme mais sans agressivité,

« Quel est ton nom, mon garçon ? »

« Lewyr de Roths. Et je suis pas votre garçon. »

« Alors écoute moi bien. Nous sommes en guerre. Vous avez fait serment de protéger le royaume, quoiqu'il arrive. Ce serment, vous l'avez fait devant moi. Pourquoi ? Parce que vous savez bien que je suis le plus compétent dans cet art de la guerre. La défaite d'hier est la mienne, mais elle ne signifie rien. Il faudra plus que ses tours de magie à Ganondorf pour abattre le royaume. Et moi, en tant que bouclier du trône et du peuple, je suis capitaine à bord. Si tu ne veux pas obéir, quitte le navire, et vas labourer tes champs. »

Llanistar commençait à se retourner vers la table et les cartes quand le garçon répliqua.

« Ce sont les étrangers comme toi qui devrait travailler dans mes champs, paysan ! »

Le poing d'acier du nordique le cueillit dans l'estomac, trop rapidement pour qu'il ait le temps de s'y préparer. Le garçon tomba à genoux, le souffle coupé, pour prendre une violente gifle, donnée par l'autre main cette fois. Enfin, Llanistar le prit au col et le força à le regarder dans les yeux,

« J'encule des garçons comme toi au petit déjeuner, alors ne joue pas au plus fort avec moi. Je sais mener une guerre et toi tu n'en sais rien. J'en déduis à ton beau visage intact que tu n'étais pas en première ligne hier. Moi j'y étais, comme toujours. Je sais ce qu'est une bataille et la violence qu'on y subit. Toi tu es juste bon à aboyer comme un chiot. Regarde moi !... La prochaine fois que tu insulte mes ancêtres en me traitant de paysan... »

Il leva son poing d'acier et lâcha l'officier, qui tomba sur le sol, visiblement choqué par la correction qu'il venait de recevoir. La réunion se déroula sans plus d'incidents après cela et le nordique vit dans les regards que la confiance venait d'être rétablie, sauf évidemment, en ce qui concernait le jeune imbécile, qui le fixait d'un regard noir.
Avant midi, Llanistar montait sur son cheval et prenait la tête d'une colonne en direction du château. Du mieux qu'il pouvait, il essayait de ne pas se morfondre sur son angoisse à propos d'Orpheos. Et plus que tout, il espérait le revoir en vie.


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