Posté le 09/12/2013 20:24
Elle ne savait pas exactement combien de temps s’était écoulé. Pas assez longtemps pour calmer son chagrin en tout cas, et elle avait toujours les yeux humides lorsqu’elle sentit une main glisser par-dessus sa bouche alors qu’elle se faisait emprisonner contre le torse d’un jeune homme. Elle ne paniqua pas un instant. Même le sable et le sang ne pouvaient masquer l’odeur d’herbe fraiche qui l’avait toujours accompagné et avait si souvent bercé ses pensées. Elle se détendit lentement en se laissant aller contre lui, profitant de sa chaleur rassurante. Elle l’entendit murmurer à son oreille, et ce furent des larmes de soulagement qui faillirent remplacer les précédentes lorsqu’elle entendit que sa colère avait disparu. Elle se retint, laissant seulement percer un sourire incontrôlable.
Il ne comprenait pas qu’elle était prête à tout si c’était nécessaire pour s’assurer de toujours pouvoir profiter de ses bras, ne jamais le perdre… Elle ne pourrait plus se contenter d’attendre avec les bras croisés alors que tout ce qu’elle chérissait était en péril. Elle y avait réfléchi. Elle en avait largement eu le temps, et pourtant même si elle doutait encore, elle ne pouvait toujours pas lui promettre de ne pas recommencer.
Au loin elle apercevait briller les lumières du camp. Elle n’enviait ni le bruit, ni l’agitation, ni la chaleur du feu, elle avait déjà tout ce qu’il lui fallait, et trop peu l’occasion d’en profiter d’ordinaire. Elle sentit ses yeux qui se fermaient doucement en regardant les flammes danser au loin, bien installée et apaisée. Elle se tourna délicatement face à son Héros pour se blottir contre lui et lui répondre d’une voix plus endormie qu’elle ne l’aurait cru.
« Volontiers... Surtout si tes bras sont les chaînes... ~ »
Sa tête glissa dans le cou de son ami. La journée avait été éprouvante, et elle avait perdu l’habitude de tant d’agitation. Sans compter qu’elle n’avait que peu dormi les jours précédents, trop inquiète pour fermer l’œil longtemps. Le sommeil la fuyait habituellement mais pas cette fois. Sans doute sa présence n’y était-elle pas étrangère.
« J’ai eu si peur de te perdre… »
… Mais il était dans ses bras à présent. Sa respiration se ralentit doucement alors qu’elle sombrait dans le sommeil, appuyée contre lui, un sourire toujours gravé sur les lèvres. Au moins une nuit elle aurait droit à un rêve heureux, loin des cauchemars qui étaient revenus la hanter depuis le retour du Seigneur du Malin.