Tous ceux qui errent ne sont pas perdus

Libre, premier post pour Darunia.

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Eckard Falskord


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Voilà à présent deux longs mois, si ce n'était plus que cela, que l'étranger se trouvait en ce pays bien étrange qu'est Hyrule. Une large semaine s'était écoulée lors du séjour d'Eckard au Ranch Lon Lon, durant laquelle il s'était pris d'affection pour le propriétaire des lieux. Talon avait surpris l'homme guidant un de ses ô combien précieux étalons il ne savait trop où. Tous les autres semblant avoir complètement disparu. Aussi le fermier ne manqua-t-il pas de paniquer et de virer au rouge en menaçant l'intrus d'une fourche, jusqu'à ce que le nordique ne lui dévoile, en ouvrant les portes des écuries, que tous les autres chevaux s'y trouvaient, rangés dans leurs cases à grignoter le foin qui leur restait. Le vent s'était levé et avait soufflé dru en cette supposée première journée de printemps, où givre et neige fondaient à vue d’œil. Cet ersatz de tempête avait grandement profité au chasseur qui se vit remercié par le fermier pour sa bonté. Eckard ne demanda en échange qu'asile pour tempérer la rudesse de son périple. Talon lui fit grâce d'une nuit pour service rendu à la ferme, et le fit en revanche travailler dur pour pouvoir continuer à séjourner dans le ranch en toute liberté.

Durant les dix jours que le barbu avait passé dans l'enceinte du ranch, il avait aidé le propriétaire dans toutes les tâches relatives au milieu et auxquelles le bon Talon s'adonnait chaque jour : nourrir les vaches, cochons, chevaux, lapins et poules très tôt dans la matinée, remplir les auges en prévision des prochains jours à venir, changer le foin des étables et écuries tous les deux ou trois jours, planter les premières graines de fleurs printanières, les arroser, de même pour les premières pousses de légumes dans le potager, donner du grain aux volatiles fréquemment, récolter les œufs tous les soirs, nettoyer les animaux, régler leur compte aux goupils affamés s'aventurant trop avant dans le ranch et bien d'autres tâches déplaisantes auxquelles Eckard se plaisait pourtant énormément. Il était même, de son propre chef, parti chasser quelques lièvres pour le plus grand plaisir du moustachu qui ne fit qu'apprécier de plus en plus son hôte.

En effet, les deux hommes s'entendaient comme cul et chemise, presque au point de pouvoir dire qu'ils avaient élevé les cochons ensemble, ce qui n'était pas si loin de la réalité. Eckard avait fortement avancé le travail du fermier si occupé à gérer l'entièreté de la ferme, en plus de son commerce de lait et de légumes. Ce n'était toutefois pas sans compter la présence des quelques aides de travail du moustachu, mais fort était de constater qu'une épine lui avait été retirée de son gros pied poilu.

Durant chaque journée passée à la ferme Lon Lon, Talon n'eut que peu l'occasion de voir Eckard, lui donnant la plupart du temps ses instructions depuis une fenêtre d'un bâtiment ou bien de l'autre bout de l'enclos. Ce fut notamment lors des soirées passées près du feu -car les nuits demeuraient des plus roides- que les deux compères purent discuter un peu d'eux réciproquement, du travail, de tout et de rien. Le second jour, le fermier avait affiché une mine mélancolique qui n'avait guère manqué de faire réagir le nordique. C'est ainsi que Talon avait évoqué sa fille Malon ayant fugué du ranch il y a de cela des mois, demeurant introuvable. L'homme ne s'attarda pas sur les détails mais était très inquiet pour sa petite protégée. Eckard avait dégluti difficilement et s'était également confié à propos de la perte de sa femme et sa fille sans non plus rentrer dans les détails, ce qu'il désirait de toutes façon éviter par-dessus tout.
Leur discussion de ce soir avait commencé à les rapprocher. Aussi se traitaient-ils réciproquement avec égards, comme de vieux amis s'étant retrouvés après moult années, ne se connaissant plus trop. Une sorte de respect amical, de compassion mêlée d'accolades, signes qu'ils se comprenaient et se soutenaient mutuellement.

Eckard s'en était allé à l'aube du dixième jour, remercié par Talon pour son aide. L'une des phrases du gros bonhomme lui était d'ailleurs resté en tête durant tout le voyage qui venait de reprendre :
« Si un plus grand nombre d'entre nous préférait la nourriture, la gaieté et les chansons aux entassements d'or, le monde serait plus rempli de joie. »
Le nordique revoyait le fermier hoqueter après la gorgée de bière qui suivit cette phrase, et se mit à sourire. Ce bon bonhomme allait lui manquer, pour sûr.

Le chasseur respecta à présent les conseils de son ami en suivant la route de jour, et en s'en écartant la nuit pour éviter qu'un coupe-jarret ne décide de le détrousser. Comme à son habitude dans la plaine, l'homme dormait peu mais tâchait de s'abriter près des arbres ou des rochers par nuits et temps sombres. Des cernes ne tardèrent pas à réapparaître sur son faciès après deux semaines de marche éprouvante, agrémentées seulement de quelques animaux à chasser.
Parfois, un petit village apparaissait sur son chemin où il put rendre à nouveau service du mieux qu'il pouvait pour se faire un peu d'argent. Mais la plupart de ses demandes se soldaient bien souvent par un simple regard de travers. Le peu de piécettes qu'il parvint à se faire lui servirent à se payer des repas chauds et une bière dans des tavernes crasseuses aux enseignes illisibles. Et bien que les villageois hyliens fussent des plus mornes, ces petits moments lui paraissaient toujours plus chaleureux que la rude plaine.

Reprenant la route, baluchon sur une épaule meurtrie par la lanière de cuir malgré d'épaisses fourrures, l'homme aperçut enfin distinctement cette infime pointe se dressant à la fin de la route. La Citadelle d'Hylia. Eckard, qui n'avait jamais vu de grande ville de sa vie, imaginait déjà tout ce qu'il pourrait y trouver. Des gens accueillant, des auberges chaleureuses où la bière et la pitance seraient bonnes, des marchés, de hautes maisons et un sol recouvert de pavés. C'est ainsi que le fermier en parlait, bien qu'il sembla que cela fusse un long moment qu'il ne s'y soit plus rendu.
Le chemin se dessinait droit devant lui, cessant enfin de serpenter inutilement entre les escarpements de la plaine.

Jusqu'alors, rien d'étrange ne s'était produit depuis la reprise de son voyage, mais il vit une immense et large silhouette s'avancer d'un pas fort et résonnant au loin, comme si chacun des pas remuait la terre et la faisait tressaillir de toutes parts.
« Qu'est-ce que cela ? » susurra-t-il à lui-même, pensant trouver une réponse sans même y réfléchir, tant la masse imposante l'impressionnait à mesure qu'elle se rapprochait.


Peu après l'attaque du village Cocorico par la Bête et les Dragmire, le chef goron se mit en route en direction de la citadelle d'Hylia. Il le fit à contrecoeur, certes, mais il lui semblait nécessaire de demander une audience à Sa Majesté aussi vite que possible. La sécurité de sa montagne n'était plus vraiment tenue depuis quelques temps par les hyliens, d'autant plus que les lieux étaient dorénavant bien plus dangereux suite aux quelques glissements de terrain et éboulements. La montagne n'était plus du tout un lieu sauf, même pour les gorons. Il fallait donc y entamer des travaux et poster également une troupe de surveillance, si jamais les Dragmire souhaitaient lancer un nouvel assaut.

Le goron barbu s'apprêtait à fouler de ses grands pieds le sol pavé de la citadelle, aidant quelques hyliens volontaires à transférer les blessés de la bataille en sécurité, et en un lieu où soins pourront être apportés et où nourriture sera distribuée. Béquilles improvisées avec des branches de bois, charrettes aux roues chancelantes si celles-ci n'étaient pas manquante, et tractées par une poignée d'hommes dans un état relativement correct pour les tirer sans peiner. Darunia lui, qui portait trois blessés sur ses épaules, commençait à peiner après deux semaines de marche. D'autant plus qu'ils passèrent quelques nuits mouvementées, à empêcher quelques sakdoss de s'approcher des convalescents. Leurs réserves de nourritures s'épuisaient, et la petite troupe avait commencer à se rationner dès les premiers jours. Ils laissèrent la plus grosse partie du peu qu'ils purent récupérer après la bataille aux blessés, et un arrêt au Ranch Lon Lon aurait été une trop grosse perte de temps. Sans oublier le fait que Talon n'était certainement pas en mesure d'avancer l'équipe de Darunia pour autant de personnes.

Enfin, après ces nouvelles péripéties, ils aperçurent les remparts de la citadelle et le Castel Royal, leur objectif. Un des hyliens stoppa l'avancée de la charrette et s'arrêta subitement en s'écroulant sur l'herbe. Le goron, quelques mètres devant eux, s'arrêta aussitôt lorsqu'il remarqua que les deux roues et demi de la charrette ne grinçaient plus.


« Alors, qu'est-ce qu'il vous arrive ? On est presque à destination, pas le temps de faire une pause ! s'exclama Darunia, grognant un peu.
-On est crevé, Darunia. On n'a pas vos cuisses et certains d'entre nous sont un peu amochés. Laissez-nous nous reposer, même juste quelques minutes. Sans oublier qu'cette charrette est assez lourde avec tout le monde dedans, et pas pratique à manier, répondit l'hylien.
-Bon, très bien, grommela-t-il. On s'arrête une demi-heure, pas plus. Mais surveillez bien les alentours, on est à découvert et je n'ai pas envie de perdre un peu plus de blessés alors qu'on est si près du but. Je vous laisse ces trois-là, dit-il en allongeant délicatement les trois blessés qu'il portait sur l'herbe. J'avance un peu pour voir si la route est sûre. Faites gaffe ! »

Le goron ne fit rien paraître, mais il était un peu fatigué aussi. Trois hommes sur ses épaules depuis deux semaines, même si ces dernières sont faites de roc, ça commençait à peser. Mais il n'y avait pas de pause pour lui. Il partit en repérage, et n'aperçut au loin que d'immenses étendues d'herbe verte, encore et toujours. Son foyer chaud et sec lui manquait terriblement, et il avait hâte d'arriver à la citadelle pour pouvoir enfin prendre le chemin de retour.
En continuant son chemin, il trouva un autre homme, seul, avec un baluchon par-dessus l'épaule. En observant son accoutrement, Darunia remarqua que cet homme n'était assurément pas un hylien.


« Hey, l'étranger ! Tu vas à la citadelle ? Si t'y vas, pars pas les mains vides. J'ai besoin de mains et tu m'as l'air costaud, même si t'es qu'un hylien. On a une charrette assez lourde et j'ai avec moi des gringalets qui ont besoin d'une vingtaine de pauses chaque jour. Alors, t'es de la partie, gamin ? » rajouta-t-il, tapant dans le dos de son compagnon auquel il força un peu la main, le ramenant en direction des blessés.

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Eckard Falskord


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Cette silhouette si prodigieuse et aux épaules larges comme deux monts jumeaux s'exprimait, contre toute attente dans une langue intelligible. Sa voix était éraillée, rocailleuse, semblant provenir des tréfonds de la terre, d'un ton bas et enjoué à la fois, malgré ces corps sans vie qu'il transportait ; des corps paraissant légers comme autant de plumes. L'homme -si tant est qu'il en fut un- devait bien mesurer un mètre de plus qu'Eckard, ou moins. Une montagne, se dit le forgeron déchu. Une montagne qui écraserait n'importe quel homme d'une simple pichenette. Cette idée donna un frisson au barbu mais n'en laissa pas moins rien paraître. L'homme de pierre le toisait de toute sa hauteur, affichant une mine interrogative. L'homme peinait à répondre, peinait à penser ne serait-ce qu'à cette éventuelle réponse qu'il ne pouvait pas formuler, tant l'homme-montagne l'impressionnait. Puis il finit par ouvrir la bouche, après avoir jeté un bref regard, au loin, en direction de la Citadelle bien visible :

« Si fait. Je me rends à la Citadelle. Mais mon voyage a été long et éreintant. Je n'ai plus de vivres et mes jambes ne sont pas de pierre, avait lâché le nordien d'une traite. Que gagnerai-je à vous venir en aide, moi qui ne vous connais guère, homme de roche ? Vous délesteriez-vous d'un peu de monnaie ? Ou de victuailles ? Loin de moi l'intention de mendier mais il me faut de quoi poursuivre ma route par la suite. Vous m'aidez, je vous aide. »

Les temps sont durs, s'empressa-t-il d'ajouter pour lui-même. Il se répétait fréquemment cette petite phrase comme pour garder en tête le fait qu'il faille rationner ses vivres à longueur de temps, étant la plupart de son temps en cavale dans la nature, lorsqu'il n'était pas occupé à sa forge. Ce travail ne lui avait de plus jamais fourni une rémunération aussi convenable que le nordique n'osait l'espérer, mais tout de même bien assez pour lui permettre de nourrir sa femme et sa fille.
Foutredieux ! Pourquoi fallait-il qu'il se ressasse encore ces souvenirs ? Elsa et Olivia n'auront jamais manqué de rien, mais à présent que ses deux bien-aimées n'étaient plus de ce monde, le bonhomme se sentait bien con de s'être entêté à répéter encore maintenant cette pseudo-devise inutile. Le réflexe demeurait au plus profond de son être à présent. Cette phrase démunie de sens qu'il s'était tant rabâchée lui faisait maintenant l'effet d'un bloc de glace indigeste empli d'horribles souvenances. Les fantômes de son passé lui paraissaient pourtant si loin dorénavant...


« Je ne peux en revanche transporter qu'une seule personne sur moi. »


[HRP : Le RP continuera à partir d'ici dans la citadelle d'Hylia. On évitera ainsi d'ouvrir un sujet pour un ou deux posts.]

*****


« Je ne peux en revanche transporter qu'une seule personne sur moi. »

Seulement une personne ? L'homme n'allait pas se montrer bien utile. Il pourrait cependant remplacer un de ces fainéants qui réclament toujours des pauses, ou bien servir de roue de substitution pour celle qui manquait, qui sait... Et puis, la compagnie serait plus variée et plus agréable. Les blessés arriveraient tout de même plus vite à bon port, et chaque minute comptait, pour certains d'entre eux.

« J'espère que t'as encore des forces, l'étranger. Y a encore un peu de route jusqu'au bourg, et je n'aimerais pas te foutre dans le chariot pour que tu nous ralentisses plus qu'on ne l'est déjà. C'est qu'ils sont pas bien forts, ces Hyliens... »

Sur ces mots, Darunia retrouva ses compagnons de voyages, installa non confortablement deux blessés sur ses épaules de pierre et réouvrit la marche vers la citadelle, avec un nouveau camarade à ses côtés.

Le goron et sa compagnie atteignirent enfin le pont-levis, après quelques heures de marche. Les Hyliens qui tiraient le chariot n'en pouvaient plus. Ils suaient et leur peau luisante gagnait en pâleur. Certains d'entre eux s'écroulèrent de fatigue quand d'autres s'adossèrent simplement au chariot un instant. L'un d'eux, ayant quelques bases de connaissances en médecine continuait à administrer quelques soins aux blessés avec ce qu'il lui restait de bandages et préparations à base de plantes trouvées sur la route.


« Ouvrez-nous ! cria le goron aux gardes, c'est Darunia, chef goron de la tribu de la montagne de la mort. Nous venons de Cocorico, j'ai dans mon chariot des blessés de la récente bataille. Nous sommes venus pour les laisser à l'hospice ou à un guérisseur du bourg.
-Vous savez où vous adresser, ermite goron ? lui répondit froidement un des soldats qui gardaient l'entrée. Ça fait des années qu'on ne vous voit plus, je ne pense pas que quelqu'un ne daigne vous adresser la parole aujourd'hui. Le garde fit ensuite signe d'abaisser le pont-levis. »

"Ermite goron ?" Répéta-t-il dans ses pensées. Darunia savait que le garde mentionnait les années que les gorons avaient passé en autocratie, refusant la plupart des visites extérieures. Mais le chef goron souhaitait bien changer cela. Regagner la confiance des hyliens et mettre fin au conflit une bonne fois pour toute.
La compagnie arriva enfin à la citadelle. Darunia avait à faire ailleurs et n'avait pas le temps de s'occuper des blessés à l'hospice. Aussi, il possédait un contact dans les petites ruelles commercantes du bourg. Il devait le retrouver, lui confier les blessés et également faire passer un message.
Il n'eut aucun mal à trouver son contact, un marchand goron qui s'était installé dans le quartier. Et comme tout marchand qui se respecte, il était plus aisé pour eux de faire passer des messages aux personnes les moins accessibles qu'en passant par un simple habitant.


« Vieux frère ! s'écria Darunia à la vue de son ami, accompagnant ses paroles d'une accolade et de quelques rires. Je m'excuse mon frère, je n'ai pas le temps de discuter. J'ai beaucoup à faire et te rendrai visite dès que le temps me le permettra. Pour l'heure, j'ai besoin de ton aide. J'ai des blessés à transporter au plus vite en compagnie d'un guérisseur, et un message à te faire passer. Darunia s'approcha de l'oreille du marchand goron et lui murmura quelques mots. J'ai besoin de voir Zelda et de parler au général de l'armée royale. Peux-tu essayer de m'arranger ça au plus vite ?
-Je ferai ce qu'il faut frangin, mais je ne peux rien t'assurer. C'est pas si facile que ça que de faire passer un mot à des grosses têtes comme eux. »

S'ensuivit une seconde accolade, et Darunia repartit aussitôt. Il laissa le chariot à son ami et revint vers Eckard, qu'il avait laissé en retrait tout ce temps.

« Désolé gamin, ça m'a pris un peu de temps mais j'ai fait ce que j'avais à faire. J'te remercie pour ton aide, on en avait besoin. Enfin, surtout les bras cassés qui nous accompagnaient, murmura-t-il. Tu m'as dit que t'avais plus de quoi te nourrir, hein ? Allez, viens gamin, je t'invite à boire un coup avec moi ! Haha ! »

Une fois encore, c'est avec une frappe dans le dos à en décoller les poumons d'Eckard et le rire gras du goron que ce dernier ne laissa pas le choix à l'étranger. Les deux compères se dirigeaient vers la première auberge du quartier afin de se restaurer avant de reprendre chacun leur route.

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La cité était fort bien gardée. Et la sécurité avait probablement été renforcée du mieux possible en ces temps de troubles. Deux gardes fatigués se tenaient devant l'immense fossé humide que représentaient les douves. Il s'agissait là de la toute première fois que le nordien eut l'occasion de voir des douves et un pont-levis. De même qu'une grande citadelle telle qu'Hylia. Ses yeux bleus se perdaient dans l'immensité des murailles de pierres froides cerclant la ville d'un manteau rigide et impénétrable. Les montagnes de Fröstvalland sont-elles aussi grandes, s'interrogea l'homme en les contemplant.
Le pont-levis s'abaissa lentement dans un long et plaintif cliquetis de chaînes roulantes, rouillées, souffrantes du poids de la large planche de bois qu'elles soutenaient.
Aussitôt le pont franchi, une nouvelle ribambelle de gardes s'écarta pour laisser passer le chariot éventré avec tous ses infirmes. Les quelques blessés de guerre encore conscients poussèrent un gémissement lors que les roues franchirent la rude limite du pont pour entrer dans l'allée menant à la ville. Déjà, les maisons se succédaient par la droite et la gauche, ainsi que quelques échoppes par-ci, par-là. Eckard voyait enfin de ses propres yeux quel gouffre béant séparait Bourg-Froid et les villages qu'il avait connu, ceux croisés dans la plaine, et cette ville. Il n'y avait là rien à voir. Ici, le ciel semblait dégagé, bien qu'obscurci par les nombreuses hautes fondations. Les maisons étaient plus grandes, plus belles, et pouvaient abriter bien plus qu'un couple de miséreux et leurs deux enfants non désirés. Ici, on ne pataugeait plus dans la bourbe et les flaques d'eau. Les pavés -et Talon lui avait bien souligné cet aspect de la ville- étaient blanc, gris, ocres, propres. Tant et si bien que le barbu essuya ses bottes encroûtées de boue dans l'herbe sur les bords de l'allée avant de reposer ses pieds sur les pavés. Des arbres poussaient d'ailleurs en rangées nettes sur les rebords herbeux, symétriques, fraîchement taillés. Alors même les arbres se voient offrir les services de barbiers, ici ?

Pendant la marche agrémentée du grincement désagréable des roues du chariot ainsi que du frottement de celui-ci sur le sol en raison de sa roue manquante, d'autres gardes furent croisés, montés sur palefrois et se dirigeant vers la sortie de la ville. Ceux-ci saluèrent l'homme-montagne d'un sourire effacé ou d'un vague signe de tête, d'autres l'ignorèrent. Visiblement, Darunia suscitait à la fois une forme de respect, mais aussi une sorte de rancune de la part des soldats pour quelque absconse raison dont le chasseur ignorait les tenant et aboutissants. À vrai dire cela lui importait peu. Pour l'heure, l'homme se plaisait à écouter le claquement de sabots des équidés sur les pavés, bien plus agréables à l'oreille que le bruit de succion qu'ils faisaient dans les cloaques habituels.

Après quelques minutes de marches, un autre homme-montagne trouva Darunia et ce dernier lui confia le chariot et tous les infirmes y figurant. Un poids de moins à traîner, et Eckard se débarrassa du corps que l'autre lui avait refourgué, lui meurtrissant mortellement les épaules. Il grommela dans sa barbe. Des cicatrices partout, me faut en plus trimbaler c'te merde. J'espère que la rémunération en vaudra la chandelle. Les deux amis se quittèrent après moult accolades rocailleuses, sur quoi l'homme de pierre envoya valdinguer sa paume de titan dans le dos du barbu qui crut que sa colonne vertébrale s'était brisée. Il suffoqua un instant, s'apprêtant à jurer quand l'autre lui parla de boire un coup. Le chasseur ravala sa salive et effectua un petit sourire en coin. Les discussions avec Talon à propos des tavernes lui revenaient soudain en mémoire. "La bière est bonne et la chère sûrement plus goûteuse qu'ailleurs dans le pays" avait-il clamé haut et fort en se rinçant le gosier d'une gorgée d'hydromel sec.

Les deux compagnons arrivèrent alors sur la Place du Marché, principal seuil commercial du pays. Le monde affluait comme un essaim d'insectes entre les diverses échoppes, boutiques et autres stands marchands. L'on ressentait en ce lieu à la fois une intense activité, tout autant que se distinguaient les richesses des étals. À propos, Eckard n'eut guère de mal à distinguer les marchands aisés de ceux vivant plus maigrement : certains avaient leur propre établissement ou enseigne, munis d'écriteaux de bois où figurait un nom de boutique, d'autres encore vendaient leurs breloques sur de maigres tapis ou peaux d'animaux. La ville... confirma-t-il, impressionné en admirant la fontaine trônant au centre de la place, mais ne laissant rien paraître de son étonnement. Il me faudra un bon temps d'adaptation à tout ce joyeux foutoir.

Darunia bifurqua tout à coup sur la droite après l'imposante fontaine, vers une rue adjacente où le silence revint instantanément. Ou tout du moins était-ce simplement moins bruyant. Aussitôt, l'homme-montagne ouvrit une porte et s'insinua dans le bâtiment. Eckard eut du mal à croire que l'encadrement de la porte ait laissé passer Darunia, tant ce dernier était massif. Les compères trouvèrent une table libre et allèrent s'y asseoir. Un gars trapu et dégarni, d'une cinquantaine d'années passa sobrement en jetant un coup d'oeil méfiant à l'homme-montagne, s'arrêtant au niveau de leur table.

« M'sieurs, 'sera quoi pour vous ?
- Votre meilleur fût de brune, un bout de fromage et du pain.
- V's'avez de la chance qu'il reste d'la brune. J'vous apporte ça messires. »

Une fois l'homme parti, le chasseur se concentra de nouveau sur son compagnon de table et ils entamèrent quelque discussion sur le Royaume, l'infernale rixe ayant eu lieu il y a très récemment au Mont du Péril et à Cocorico. Le serveur revint bien vite avec un plateau contenant tout ce qui avait été commandé. « Dix pièces pour l'tout. 'me donnerez ça tout à l'heure. » Eckard acquiesça et l'homme s'en retourna à ses affaires. Le barbu coupa un morceau du fromage jaune et ferme puis arracha un bout de pain et se goinfra avec le tout. Cela lui fit un bien fou, autant l'arôme du fromage bien fais, que le simple fait d'être assis sur une chaise. Il se saisit alors de sa pinte de terre cuite, remplie à ras bord d'une mousse brunâtre et onctueuse le faisant saliver de plus belle, puis la leva en l'air.

« Santé, le gros. »


« Une pinte de brune pour moi aussi. Et un steak de roc, si vous en servez... »

Le serveur observa Darunia avec étonnement. Il n'était évidemment pas coutume de servir les mets traditionnels goron -et également savoureux, disait-on- en contrées hyliennes, et ce même dans la capitale. Les quelques gorons qui s'étaient installés s'habituèrent contre leur gré aux plats hyliens, puisqu'il demeurait plus compliqué de se procurer des steaks de roc dans les alentours, à moins de s'approprier les pavés qui parsemaient la ville ainsi que les murs et remparts du château. Ils n'auraient gagnés que l'exil forcé en dégradant ainsi la citadelle.

« Et si vous n'en trouvez pas... reprit aussitôt Darunia, fatigué de ne rien pouvoir se mettre sous la dent depuis plusieurs jours, apportez-moi seulement la bière, je m'en contenterai. »

À la fois déçu, gêné et dépité, Darunia couvrit son visage de ses mains. Il n'avait pas honte de sa demande, mais les auberges de quartier se devaient, selon lui, de pouvoir servir tout ce que chaque personne désire. Le chef goron avait un sens de l'hospitalité très prononcé, et accueillait ses visiteurs chez lui comme des rois, tant que ces derniers étaient des amis. Et il s'efforçait de se procurer ce que le visiteur pouvait désirer. Cela dit, il n'avait eu que très peu de visiteurs ces derniers temps, étant donné qu'il les renvoyait tous voir ailleurs s'il s'y trouvait. Sa dernière invitée était la princesse Ruto de la rivière, avec qui, il se rendit compte, n'avait pas prouver son sens de l'hospitalité qu'il se connaissait jusqu'à maintenant.

L'homme se retira et apporta peu après la commande des deux camarades. Eckard rompit son morceau de pain et commença à se remplir la panse avec une immense joie. Du moins, c'était ce que son visage semblait communiquer... Le pauvre homme n'avait pas dû manger depuis des jours.
Quant à Darunia, il se contentait de sa seule pinte, évidemment servie sans le moindre morceau de steak de roc.
Eckard semblait bien trop occupé à dévorer son unique repas de la semaine pour adresser la parole à l'homme de pierre, et le goron le jalousait. Il n'avait pas avaler de mets décents depuis plusieurs jours, et même sa condition physique d'acier en payait le prix. Le chef de la tribu, en partie réputé pour sa puissance phénoménale était à ce jour plutôt faible. Nul doute que si les Dragmire devaient attaquer la citadelle d'Hylia à cet instant précis, Darunia en pâtirait.
Comme prévu, l'homme de pierre posa quelques questions à son invité afin de faire plus ample connaissance avec cet homme qu'il trouvait fort sympathique.


« Au fait gamin, je ne connais toujours pas ton prénom ! Je sais déjà que t'es pas d'ici, alors que fais-tu à Hyrule aujourd'hui ? C'est pas vraiment le bon moment pour voyager, si tu veux mon avis ! On est en pleine guerre et les temps sont durs. Le goron s'arrêta un instant pour laisser son invité lui répondre, mais il reprit aussitôt. D'ailleurs moi c'est Darunia. J'dois te sembler un peu étrange, mais c'est poli de ta part de ne pas montrer ton étonnement ! Pour t'éclairer, je suis un goron. Un peuple d'hommes faits de pierre, m'enfin à ce niveau j't'apprends rien... On vit dans la montagne, au-dessus du village Cocorico, si t'y as déjà mis les pieds ! »

Cette fois, Darunia s'arrêta complètement, en attente d'une réponse afin d'en apprendre plus sur cet homme qui l'intriguait. Il paraissait fort, mais n'avait cependant pas l'air d'un guerrier. Et c'était d'hommes forts dont Hyrule avait besoin en ces temps troublés.

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Eckard Falskord


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Une bière comme ça, Eckard en avait rarement bu. Amère et avec un arrière goût fruité, les saveurs de sa pinte lui faisait tirer un sourire béat en direction de la chope tant désirée, et dont les mérites vantés par Talon eurent tôt fait d'hâter l'impatience du nordique à la dégustation de la fameuse cervoise hylienne. La mousse onctueuse venait s'échouer sur les poils hirsutes de sa barbe et de sa moustache, il se torcha la bouche d'un revers de main et reprit une bouchée du pain de campagne, aussi brun que la bière.
Alors, l'homme vit l'air dépité du dénommé Darunia. Il aurait même juré avoir entendu comme un gargouillis d'estomac, à moins que ce ne fusse la détonation d'une avalanche lointaine. Le barbu se saisit de son couteau de chasse et trancha une bonne moitié du fromage qu'il poussa vers l'homme-montagne alors qu'il eut terminé de parler. C'est lui qui régalait, après tout. La nourriture lui revenait de prime abord.
Eckard put donc en apprendre un peu plus sur l'espèce des hommes rocheux, les Gorons de la montagne. Une race d'êtres au moins aussi intéressante qu'étrange, à l'instar des Zoras de la rivière, sans oublier les fées des bois.

« Jamais foutu les pieds dans un village Cocorico. Je ne me suis pas approché suffisamment de la montagne en tout cas. Le nordique ravala une gorgée de brune savoureuse. Toutefois, reprit-il alors, je me suis rendu dans la grotte de ces hommes-poiscailles, les Zoras. Leur hospitalité m'a paru aussi froide que le pays d'où je viens, et leur amabilité... disons mhh, aussi aiguisée que leurs pointes. Ils m'ont piqué le cul avec, et à deux reprises par-dessus le marché, avant que je ne rencontre leur princesse. Comment s'appelait-elle déjà ? Ruto ? Plutôt coquette pour un poisson. M'enfin, je me passerais bien de les revoir, ceux-là. »

Le chasseur découpa un nouveau morceau de fromage et l'enfourna sur-le-champs, accompagné d'un énième bout de pain. Rudement bon, définitivement. Il s'étira ensuite durement les bras avant de se replonger dans le dialogue. « Je suis aussi allé à la ferme Lon Lon. Le meilleur endroit du pays, ça oui. Et c'est le proprio qui le dit ! Un bon gars, on a partagé des tas de choses et le travail là-bas est fort intéressant. Je m'y plaisais bien. Le chevelu marqua une courte pause, contemplant Darunia, buvant les paroles du nordique avec tout autant de vigueur que sa propre boisson. Mais j'en oublie mes bonnes manières. Je me nomme Eckard Falskord. »

Les clients commencèrent à affluer dans la taverne, aussi les deux compères se retrouvèrent bien rapidement cernés d'autres personnes. L'homme ne désirait toutefois pas être entendu, aussi se pencha-t-il un peu plus sur la table de bois en jetant des regards à droite, à gauche en vue de s'assurer qu'aucune oreille indiscrète ne se prête à l'écoute de la conversation. L'homme du Nord se mit alors à chuchoter ses paroles et à mesurer chacun de ses mots. « Je suis forgeron. Ou étais, plutôt. J'exerçais à Bourgfroid, un village perdu sur les terres du pays de Fröstvalland. Je chassais pour le village également. Je ne compte pas rentrer dans les détails mais le bourg n'est plus à présent et me voilà dans ce pays qui m'est inconnu, cet Hyrule. Har ! Je ne sais même pas comment je me suis retrouvé ici ! Je pique un somme sur une barque au bord d'un lac et voilà que je me réveille au beau milieu d'une caverne où les Zoras m'ont chaleureusement accueilli. M'enfin, je te passe les détails encore une fois, gros. Tu peux bien comprendre. Je ne cherche qu'à me barrer d'ici. Et pour ça il me faut remplir ma bourse en vue d'un voyage en mer. Il n'y a qu'ainsi que je puis retrouver ma patrie glaciaire. Pas le temps de me la toucher ici. Des solutions ? Me faut de l'argent. Beaucoup. »

Vendre ses services pouvait bien se faire de multiples façons. La chasse au gibier et la forge étaient ses domaines de prédilections, mais rien ne l'empêchait de se mettre à d'autres travaux comme la cuisine -art dans lequel il se débrouillait plutôt bien- la charpenterie, le jardinage, l'élevage, l'escorte, n'importe quoi du moment qu'il empochait quelques piécettes. Ça et un cheval, tiens. Kald lui manquait. Cependant, ce n'était rien en comparaison d'Elsa et Olivia qui l'attendaient toutes deux dans leur prison de glace. Eckard attendait sa rédemption, qu'il ne pouvait obtenir que chez lui, à Fröstvalland.
Et il était bien loin de chez lui.


Les yeux du goron s'écarquillèrent lorsque le barbu lui parla de Ruto. Alors comme ça, il l'avait récemment rencontrée... Darunia esquissa un léger sourire et soupira de soulagement. Savoir que la princesse Zora était toujours en vie après le passage de la bête sur la montagne lui ôta ses doutes et le rassura.
Mais malgré son soulagement, le goron ne put détourner ses yeux du morceau de fromage que lui tendait Eckard. Il ne raffolait pas de la nourriture hylienne, et encore moins de ce bloc de lait caillé que les humains appelaient "fromage". Comment pouvait-on manger du lait après fermentation ? La simple vue de cette pâte jaunâtre et suintante de gras lui donnait la nausée. Mais son gargantuesque estomac continuait à se plaindre du manque de contenu à digérer. Darunia prit le morceau de fromage de ses gros doigts et l'avala tout rond, tout en s'empressant par la suite d'attraper un morceau de pain qu'il mastiqua longuement afin d'atténuer les répugnantes saveurs du fromage.

Eckard Falskord, s'appelait-il. Un nom ayant des origines bien trop étranges pour être d'un pays avoisinant Hyrule. Il lui parlait du hameau de Bourgfroid, et d'un pays nommé Fröstvalland. Des lieux dont il n'avait jamais entendu parler et qui ne figuraient sur aucune carte qu'il avait pu exploré. Mais tandis qu'il continuait à boire ses paroles, il réalisa ce que venait de lui dire le brun. Il était forgeron. Et il avait besoin de beaucoup d'argent.
Ainsi, Darunia approcha son visage de de celui de son compagnon. L'auberge continuait à se remplir, et les nuisances sonores ne faisaient que s'amplifier. Il chuchota quelques mots au voyageur tout en restant discret.


« Écoute-moi bien, Eckard. T'as besoin d'argent, j'ai besoin de mains. T'étais forgeron, et on a des soufflets remplis de poussière et des enclumes qui en sont recouvertes. J'te promet pas de pouvoir te payer, ou du moins pas dans l'immédiat. Mais disons que... je pourrais avoir certaines facilités pour te permettre d'installer une boutique dans la citadelle. Les forges de la montagne sont presque vides, viens avec moi et je te promet que tu finiras par toucher gros, gamin ! »

Le plan du chef de la tribu de la montagne était absolument clair dans sa tête. Il savait où il allait et savait où mener le barbu. Mais avant tout, il fallait qu'il devienne l'apprenti des forgerons de la montagne.

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