[Quête] Chasse à l'Heli-Tranche

PARTIE 2

[ Hors timeline ]

Marcus (Mr Mojo)


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(vide)

Il était midi. Le soldat Burk attendait sur le lieu de rendez-vous, à l'entrée de la citadelle. Quelques pas de plus, et c'était le pont-levis, précédant les brins d'herbe encore frais du matin qui jalonnaient l'immense plaine d'Hyrule. L'homme était un peu plus grand que la moyenne. Ce n'était pas un géant, mais il avait l'habitude de dépasser d'une tête tous ses compagnons de l'armée royale. En guise d'insigne officielle, il avait conservé son armure de fer portant les armoiries de la garde royale. Certes, il n'était pas un haut-gradé de cette armée, mais pour cette bataille, c'était à lui de guider et commander sa troupe.

Pour cette mission de chasse, le capitaine l'avait désigné. Un moyen pour cet homme de la trentaine de faire ses preuves. Un parchemin avec le nom des participants assez téméraires pour participer à la chasse lui avait été confié. A la caserne, quelques bouches avaient révélé à quoi ressemblaient les mercenaires engagés ce matin. Burk devait s'attendre à un attroupement disparate s'il en croyait les dires de ses collègues. A l'heure venue, les volontaires arrivèrent les uns après les autres.

Le premier arriva. Sa carrure était imposante, à peu près de la taille de celle du soldat. Peut-être même ce mercenaire était-il plus grand que le chef de troupe. Son équipement était modeste, mais apparemment suffisant pour le trajet à entreprendre. Et il était connu qu'un équipement trop lourd pouvait ralentir une troupe. Burk n'avait de souci à se faire à propos de ce gaillard-ci, qu'il salua simplement. L'oeil averti du soldat remarqua néanmoins la posture de cet homme. Impossible de mettre le doigt sur le détail qui gênait le soldat. Simplement, ce gaillard semblait cacher quelque chose, comme si son corps même trahissait une faiblesse, ou un déséquilibre. Il avait entendu parler d'un grand maigrichon qui n'avait pas froid aux yeux. Etait-ce lui ? Il est vrai que sa taille pouvait-être un atout dans de nombreuses batailles, et que l'expérience jouait beaucoup sur le résultat d'un affrontement. Burk prendrait le temps d'observer cet homme durant le trajet.

Le second était vêtu de vert, et disposait d'une monture magnifique aux écrins de neige. Il ne fallut qu'un seul regard pour comprendre que cet homme était plus jeune que lui. Mais malgré ce jeune âge, sa constitution, son armement, et sans doute son regard avisé révélait une expérience au combat qui n'était plus à prouver. Le soldat était curieux de voir cet homme en pleine action. Mais malgré ce constat à première vue optimiste, le soldat ne lui adressa qu'un simple salut muet, son visage ne trahissant guère ses pensées. L'homme conservait un visage placide et déterminé. A de nombreux soldats de l'armée, il était enseigné de conserver un visage sérieux, en toutes circonstances. C'était là un moyen de rester concentré, mais surtout de rassurer les citoyens en cas d'incident.

Le troisième fit son apparition. Une annotation était ajoutée sous le nom de ce membre de la troupe. Il y était précisé que ce fameux Marcus jouerait le rôle d'écuyer pour la troupe de mercenaires. Ce jeune homme, à peine la vingtaine, avait un point commun avec les deux autres ... c'était un maigrichon. Le marchand était arrivé avec un énorme sac sur son dos. Une telle prouesse trahissait une force quelconque pour parvenir à se mouvoir avec un tel équipement. Mais le soldat fut d'avantage interloqué par le regard de cet homme qui, en arrivant, était souriant. Les yeux de ce gamin paraissaient analyser chaque membre présent de la troupe, comme pour y chercher une faille, un point faible. Il se présenta comme un humble serviteur des membres de la troupe, et que pour une somme modique, il se proposait quelques douceurs sucrées, et autres passe-temps réconfortants. Burk savait qu'une longue marche pouvait être fatigante, physiquement ou mentalement. Une bonne chanson ou un bon repas pouvait être revigorant. Ce marchant était malin de profiter de cette chasse pour proposer ses services. Le soldat ignorait néanmoins comment il était parvenu à obtenir une place dans la troupe. Ce Marcus, ou un de ses proches, devait avoir le bras long pour lui permettre de les accompagner.

Enfin, le dernier fit son apparition. Et Burk se demanda à quoi pensaient ses supérieurs. Qui était cet homme aux longs cheveux roux. Il ne ressemblait en rien à un guerrier. Un instant, le soldat se demanda s'il n'y avait pas erreur. Il interrogea l'individu :

"Sieur Pyrope ?"

Le soldat partait en chasse, et espérait pouvoir compter sur chacun des individus ici présents. Nul doute que durant le trajet, il ferait en sorte d'en savoir d'avantage sur les capacités de chacun des mercenaires. Il était midi vingt déjà, et Burk prit le temps, sa lance en main, de faire face à sa troupe, et leur déclama :

"Mercenaires, je tiens en premier lieu à vous remercier d'avoir, par votre volontariat, décidé de servir la noble famille royale d'Hyrule.
Cette chasse pour laquelle nous partons, ne restera sans doute pas dans nos mémoires, mais appartiendra à nos coeurs. Dans nos coeurs, nous savons qu'en agissant aussi noblement, nous défendons non seulement la population de notre contrée, mais également l'honneur de notre souverain. Parce que nous croyons en son honneur, nous nous battrons vaillamment contre notre cible.
Sous nos lames, cet Heli-Tranche périra, et sous mon commandement, moi, Burk, soldat de la garde royale d'Hyrule, je vous conduirai à la réussite de notre mission.

Suivez-moi, ô mercenaires, et vainquons !"


Sa voix était forte, autoritaire, mais pleine de courage et de charisme. L'homme croyait en ses paroles, et en les clamant ainsi, rappelait aux membres de sa troupe que le temps de cette mission, il était de leur devoir de se battre pour le royaume d'Hyrule. C'était là l'entraînement de la garde royale, savoir briller dans ces moments forts, savoir motiver les troupes et avoir des raisons de se battre. Nombreux mercenaires sans but avaient rejoints la garde pour y trouver un but.

La troupe se mit en marche, suivant la route principale, en direction du lieu des attaques. Cette destination était lointaine. Burk profita de la première partie du voyage pour faire connaissance avec les membres de sa troupe.

HRP : Deuxième partie de la quête. Je vous laisse réagir au départ, et à la première partie du voyage. ATTENTION : Ne précisez pas que nous arrivons. En gros, le temps de vos rps se passe entre midi, et l'après-midi. La route se passe sans incident majeur. Le soldat Burk se rapproche de vous, si vous lui laissez lui parler, il vous demande poliment vos capacités au combat, si vous avez de l'expérience. C'est un homme patient, responsable et respectueux, qui s'ouvrira à la conversation si vous lui posez des questions (son histoire est simple, il s'est engagé dans l'armée après la destruction de sa ferme par des brigands. Depuis, il sert humblement, c'est sa première vraie mission où il commande une troupe). Si vous l'ignorez, il s'éloigne de vous calmement. Si vous ne savez pas comment faire répondre le soldat, n'hésitez pas à m'envoyer un MP, et je vous enverra sa réponse.

Si vous demandez des choses à Marcus, vous pouvez m'envoyez un MP également, je vous répondra avec précision.

Pour Gris, vu que ton post ne précisait pas si tu te présentais aux inscriptions, je ne t'ai pas inclus dans la troupe. A toi de voir si tu nous suis discrètement, si tu te présentes à nous. Ou autre. N'hésites pas à m'envoyer un MP pour qu'on en parle tranquillement.

Je devrais faire un post dans la peau de Marcus avant le prochain post qui permettra de faire avancer le jeu.
Amusez vous bien, et n'hésitez pas à m'envoyer un MP pour de nouvelles questions.

Deadline : dans environ une semaine et demi/deux semaines, selon le rythme des posts ;).


Lloyfell


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(vide)

Le soleil frappait fort en cette fin d'automne. Il suait déjà de cette chaleur, sous sa chemise jaunie par les combats et par le temps, en plus de ses sudations dues à sa condition actuelle qui feraient bientôt disparaître tout reste de blancheur sur ce vêtement qui était d'origine d'un blanc immaculé. Le maigre épéiste était dans un état assez déplorable, bien qu'il eût connu bien pire. Une fois encore Lloyfell était sous les emprises de la drogue, mais elle ne l'abrutissait pas, elle le rendait plus... lucide. Autrement, le pauvre homme paraissait constamment hébété. Et si le bretteur semblait étrangement plus sensé en état d'ivresse, sa langue n'en était pas moins nouée. Plus tôt, il n'avait pas manqué une occasion de rabaisser à sa façon les gardes qui s'occupaient du recrutement pour cette mission. Les yeux rougis par la drogue et le teint aussi pâle que le fossoyeur de Cocorico, il était facile de deviner que le vagabond était quelque peu esquinté. Mais paradoxalement, il ne lui avait jamais semblé être en meilleure forme que dans cet état là.
Il secouait sa chemise avec sa main droite tout en évitant une vieille blessure pas encore complètement refermée, espérant créer assez d'air pour se sentir mieux dans ses fripes, et étalait la sueur de son front sur ses joues jusqu'à en faire luire sa barbe.


« ...savons qu'en agissant aussi noblement, nous défendons non seulement la population de notre contrée, mais également l'honneur de notre souverain. Parce que nous croyons en son honneur... Le soldat parlait, semblait déblatérer un laïus inintéressant. Lloyfell n'écoutait qu'à moitié, étant trop occupé à essayer de refroidir les ardeurs de ses glandes sudoripares. Sous nos lames, cet Heli-Tranche périra, et sous mon commandement, moi, Burk, soldat de la garde royale d'Hyrule, je vous conduirai à la réussite de notre mission. »

"Mais quel parent pourrait appeler son gamin Burk ?" pensa instinctivement le maigrichon. Le soldat marchait à une dizaine de pieds de lui. Lloyfell fixa un instant ce dernier, qui finit par tourner également son regard vers lui. « Y a-t-il un problème, mercenaire ? Il n'était pas question de commencer à s'attirer des ennuis alors qu'il ne connaissait personne ici, le vagabond noua cette fois-ci sa langue, peut-être pour la première fois.
-Non, aucun soucis. Hâtons-nous, lui répondit-il en ramenant son regard devant lui.
-Puis-je vous demander quelles sont vos capacités au combat, mercenaire... ? questionnant l'épéiste, et l'observant de la tête aux pieds.
-Lloyfell. Je manie l'épée depuis une bonne quinzaine d'années et j'ai récemment fait l'acquisition d'une masse d'armes, on n'est jamais trop prudent. J'ai participé à quelques batailles, notamment au sein des troupes du Phénix et quelques groupuscules qui n'ont pas fait long feu. Je suis mercenaire après tout ; j'erre çà et là, et si mon employeur m'a menti quant à ma rémunération ou l'objectif, je démantèle le groupuscule auquel il appartient par quelconque moyen et fait passer l'information afin que la nouvelle soit annoncée sur la place du bourg. »

Le maigre bretteur ne garda pas sa langue nouée très longtemps. En cherchant à cacher son ancienne affiliation avec la Compagnie Ocre, il était allé trop loin dans les justificatifs et avait donné trop de détails. Son laïus, tout aussi inintéressant que celui du soldat, semblait un peu trop faux. Le fauconnier ravala sa salive et continua à aérer son buste. Pendant que l'angoisse liée à ses excuses retombait, il heurta la grande cicatrice qui parcourait son flanc droit. La silhouette de l'oiseau noir apparut dans ses pensées pendant un court instant. Il jeta un regard à sa camarade, qui surveillait la troupe depuis le départ de la citadelle. Leanne les survolait de quelques centaines de pieds, prête à fondre sur une éventuelle proie.

Le fauconnier profita de sa retombée de chaleur et d'anxiété pour enfin observer ses compagnons. Un homme semblait-il, capuchonné, recouvert d'une longue cape et accompagné par une belle jument. Il y avait un autre homme tout aussi chétif que lui, mais qui n'avait en rien l'air d'un guerrier. Il transportait un énorme et étrange sac sur son dos. Que pouvait-il bien faire avec cela ? Il avait entendu parler d'un marchand au poste de garde, mais n'était pas sûr qu'il fasse partie de l'expédition. Qu'allaient-ils bien pouvoir faire d'un marchand lorsque la mission consiste à éliminer un monstre ? Et enfin, encore un autre maigrichon, mais cette fois avec des cheveux roux, longs et bouclés. Il n'était même pas sûr de pouvoir dire si c'était un homme ou une femme. Est-ce que ce roux avait des traits trop androgynes, ou était-ce la drogue qui lui montrait cela ? Dans le doute, le roturier reprit une lampée, il en avait de toute façon assez pour le voyage.
Cependant en apparence, hormis Burk, un seul de ses compagnons semblait avoir un bon équipement et les bonnes conditions pour cette mission, et c'était le plus mystérieux. On ne pouvait voir son visage, et son équipement n'était que très peu discernable. Mais il dégageait quelque chose, une aura que le roturier avait déjà senti quelque part, comme s'il avait déjà été en présence de cet homme. Il s'approcha de lui tout en l'observant, à son tour, de la tête aux pieds.


« On ne se serait pas déjà croisés quelque part ? » lui demanda-t-il simplement, cherchant une paire d'yeux sous cette grande capuche.


[HRP : Désolé, fidèle à moi-même, j'ai encore mis le temps. D:]


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Héros du Temps

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(vide)

La seule évocation d'une quelconque forme de mercenariat suffit à le faire grimacer. L'Hylien balaya brièvement du regard la petite troupe qui se composait sous ses yeux, non sans flatter l'encolure de sa jument au passage. En tout et pour tout, ils partaient à cinq pour mener l'expédition de tourne-casaques dans laquelle il avait décidé de s'engager. L'homme qui en prenait la tête, un soldat dont il ignorait encore le nom, les haranguait tous les uns après les autres, son regard accrochant chacun d'eux. Gardant les lèvres pincées, tout du long du discours, l'Enfant-des-Bois ne tarda guère à mettre pied-à-terre, quand le sous-officier – tout dans son attirail laissait à penser qu'il n'était au plus qu'un sergent – les invita à avancer. Puisqu'il était le seul à posséder une monture, c'était à lui de s'adapter au rythme de ses compagnons. Non sans un compliment pour l'animal, il se délesta de quelques poids dont il n'aurait pas besoin dans l'immédiat. Aux contre sanglons, il accrocha la bandoulière dans laquelle il conservait quelques lanières de viande fumée et salée, deux outres d'eau claire et un vieux quignon de pain. Il sangla également son bouclier, près de la lame de Swann, avant de saisir les brides pour guider l'alezan rouge au travers du périple. Bien vite, et sous les regards d'une partie de la population dont il n'aurait su dire s'ils étaient sceptiques, curieux ou inquiets, ils quittèrent la Grand-Place, puis passèrent les murs d'enceintes et le pont-levis. Sitôt la Ville-Close derrière eux, le vent que les remparts se chargeaient d'arrêter vint leur griffer le visage.  L'immensité des Plaines d'Hyrule qui s'étalaient jusqu'à l'horizon, aussi loin que voyait son regard, l'emplit d'une sérénité qu'il ne parvenait jamais à trouver dans la Citadelle. Dans un demi sourire, il rabaissa la capuche qui couvrait sa gueule jusqu'à lors, puis huma une bonne bouffée de cet air qu'il affectionnait tant.

Ils s'avancèrent sur la route principale, à pas lent, comme aurait pu le faire une caravane marchande. Le sous-officier avait cessé de mener la marche, les laissant progresser sur le chemin de terre, dont on pouvait distinguer certains anciens pavés. Silencieux, comme à son habitude, il se contenta de suivre la voie qui s'ouvrait devant eux, plus occupé à refréner l'air qui lui chatouillait les lèvres qu'à prêter l'oreille à ce qui se disait jusqu'à présent. Il n'avait jamais eu pour habitude de juger les gens sur leur seule apparence ; et ce défaut l'aurait fait tué à de nombreuses reprises par le passé. Il lui avait semblé reconnaître la silhouette d'un vieil ami, qu'il n'avait plus vu depuis son premier combat avec la Lionne, mais l'ancien milicien semblait trop perdu dans ses pensées pour qu'il ne décide d'aller l'ennuyer. Lloyfell avait toujours été un étrange paradoxe, entre vantardise et taciturnité, entre bravoure et veulerie, entre honneur, force, bonté et fourberie, égoïsme. Son caractère ambivalent ne l'avait pas frappé immédiatement, mais depuis la chute du Phénix, il devenait difficile à ne pas repérer. « Tout doux, ma belle. » Fit-il doucement, à l'adresse d'Epona, portant sa main sur ses naseaux. Burk s'éloigna du « Chevalier » – le terme lui avait toujours semblé étrange tant sur Lloyfell que pour lui, quand on avait tenté de l'amener à rejoindre la Confrérie – pour rejoindre un autre de leurs compagnons. D'une main, tenant toujours les rennes de la seconde, il réajusta la cape de bure qui lui recouvrait les épaules, l'ensemble du dos, et un pan du thorax.

La voix de son compagnon d'arme s'éleva, et il devina que celui-ci avait forcé le pas pour le rattraper en tête de file. Un demi-sourire presque narquois tira les lèvres du faux-Kokiri, qui s'amusait encore souvent de l'anonymat qu'il parvenait à conserver sans trop de mal. « Je crois qu'on s'est croisés, oui. » Fit-il sobrement, mais d'humeur taquine. Son ami ne semblait pas l'avoir reconnu, mais cela ne saurait tarder beaucoup plus. Il enchaîna. « A plus d'une reprise, d'ailleurs. » Les yeux de givres percèrent ceux, malades, de l'ancien pilier du Phénix. Ils s'arrêtèrent sur son visage émacié, la barbe parsemée et inégale qui lui rongeait tantôt les joues, tantôt le menton. Ils contemplèrent également, inquisiteurs, les larges cernes qui marquaient ses pommettes, trahissaient sa fatigue. « Tu avais l'air plus reposé, la fois passée. », lâcha-t-il simplement, moins réprobateur qu'inquiet. Depuis la bataille de la Citadelle, il lui semblait voir son ami décline... comme si, de ses combats, il n'avait jamais récupéré. « Qu'est-ce que tu deviens ? », s'enquit-il, plus bavard qu'à son habitude, avant de reprendre « Ta bourse se fait légère ? » Il n'aurait su dire pourquoi, mais depuis leur expédition dans les égouts, le Sans-Lignage nourrissait la crainte que son camarade ait changé. Que les affrontements qu'il avait pu mener aient fini par laisser leurs marques dans sa chair, au point de le décourager — de lui enlever toute foi en leur quête. Il espérait sincèrement le voir démentir sa question, comme il l'aurait fait par le passé, et jouait tant bien que mal avec lui même pour se convaincre de sa réponse à venir. Une nouvelle fois, le givre bleuté de ses yeux monta à l'assaut de l'ambre ternie de son compagnon d'hier. Souvent, les regards en disaient plus que les mots.

Avant que son camarade n'ai l'occasion, cependant, de lui répondre le sous-officier se présenta à eux. Quand il lui demanda s'il était bien le « Link » qui avait signé le formulaire, l'Hylien se contenta d'un hochement de tête pour toute approbation. « Hm-m. » Fit-il, ensuite, quand l'homme lui demanda s'il avait déjà chassé, combattu ou rencontré des créatures comparables à celles qu'ils devaient traquer pour les prochains jours à venir. Ses doigts se resserrèrent doucement sur la bride et le mors qui lui permettaient de guide son amie. Si, désormais, elle paniquait moins face aux incarnations étranges qui parcouraient les terres du Royaume, il savait que cela restait une épreuve pour elle. Que les monstres soient humains ou bestiaux, les champs de bataille l'avaient toujours laissée tremblante. « Je sais m'adapter, revendiqua-t-il sans vantardise quand le soldat le questionna sur ses capacités au combat, et je connais ce genre de bêtes. » Ajouta-t-il sans pour autant souhaiter rentrer dans les détails de son passé. Depuis bien longtemps déjà, il avait pris l'habitude de garder pour lui ce qu'il vivait, et de ne s'en ouvrir à personne. Prêt à questionner leur maître de troupe à son tour, il se ravisa néanmoins, réalisant que cela pourrait être mal pris. Combien d’egos avait-il vu se froisser pour une question malavisée ? Souvent, le silence s'avérait le meilleur de ses alliés.

[HRP : Toutes mes excuses pour le délais. Comme certains l'auront constaté, j'ai eu des empêchements qui ne m'ont pas permis de revenir au RP aussi vite que je l'espérais. J'ai conscience que je relance un topic peut-être un peu mort, mais j'espère que vous serez partant, Marcus le premier (encore désolé... :[hum]:) pour le reprendre !]


Ils comptaient au moins deux guerriers dans la troupe, et même si le second s'était montré moins bavard il semblait disposer aussi d'expérience dans le domaine. C'était rassurant. D'expérience, et surtout en temps de guerre, il savait que ce genre de récompense attirait souvent des gens désespérés, qui sous-estimaient les risques de l'expédition.

Il ne s'attendait pas du marchand qui les accompagnait qu'il prenne part aux combats, en revanche il était plus étonné du silence du dernier membre de leur petite expédition. Il ne savait si c'était de la timidité ou une autre raison qui poussait le jeune homme à ignorer sa question. Il avait la responsabilité de la petite troupe et de s'assurer qu'ils revenaient tous victorieux, savoir à quoi s'attendre en matière de compétences était important pour ça.

Souhaitant retenter sa chance il repassa à côté du rouquin pour l'interroger.

"Sieur Pyrope ? Mes supérieurs n'ont jugé bon que de noter votre nom sur ce parchemin."

D'un geste de la main il tapota la maigre liste de noms.

"Je souhaite que nous rentrions tous en un morceau, et pour ça j'ai besoin de savoir à quoi m'attendre. Quels sont vos talents, quelle expérience du combat avez-vous ?"

Attentif à la réaction du jeune homme et espérant une réponse, il arriva toutefois un moment où la première étape de leur traque arriva en vue. Le soldat donna l'ordre de faire halte. Ils s'arrêtèrent devant la scène de carnage qui s'offrait à eux.

À côté des chariots de la malheureuse caravane marchande renversés et en morceaux, des marchandises renversées dont l'état de fraicheur passé laissaient comprendre que l'attaque n'était pas la plus récente. Mais ce qui était le plus dérangeant, ce n'étaient pas les traces de sang déjà séché à terre qui maculaient l'herbe, c'était l'odeur des cadavres en décomposition. Sans doute était-ce le même manque de recrues qui poussait à engager des mercenaires qui avait empêché à ses collègues de procéder au nettoyage du lieu.

"On va vite voir ceux qui ont l'expérience du terrain, croyez que j'en suis désolé pour les autres."

Ses yeux scrutèrent la scène de désolation devant eux. C'était là qu'on avait signalé l'attaque, la suite de leur route allait dépendre de leur capacité à retrouver la trace de la bête responsable, à moins qu'elles ne soient plusieurs.

"On n'a pas le temps de s'occuper des morts. Inspectez chaque morceau de terrain, les débris, et même les corps oui. Le truc qu'on chasse est responsable de ça. Je veux savoir s'il est seul ou non, je veux savoir où il est allé. Le moindre indice compte."

Un simple regard sur les cadavres lui tira une grimace. Le moins qu'on puisse dire c'était que le spectacle n'était pas très beau à voir, et leur état bien loin de ce à quoi ils avaient pu ressembler de leur vivant.



[ HRP : Je (=Zelda) vais reprendre la suite de la narration pour permettre au RP d'avancer :)
@Gris : Comme Marcus je ne savais pas exactement comment tu voulais faire ton entrée dans le RP donc je te laisse aviser à ta manière
@Tous : Nous voici donc arrivés sur la première scène de crime, l'hélitranche n'est plus là depuis un moment mais il est intéressant de récupérer des indices avant de continuer. ]

Ce compte est un compte narrateur : les personnages joués par le narrateur ne peuvent pas être utilisés par les joueurs ou joueuses dans leur post (sauf autorisation d'un admin) et les jets de dé du narrateur sont contraignants.



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Héros du Temps

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(vide)

C'était un spectacle qu'il ne supportait jamais vraiment. Les dépouilles des caravaniers n'étaient pas empilées, comme cela arrivait parfois après une razzia revancharde, mais éparpillés çà et là. Un cheval et un chien gisaient également aux côtés des hommes et des femmes, dont les faciès reposaient désormais sous la boue. Sans un mot – et sans prêter plus d'attention aux réponses que Pyrope pouvait fournir au sous-officier, l'Hylien remonta un peu de tissu, jusqu'à couvrir la moitié de son visage — et surtout son nez. D'une main, il flatta brièvement l'encolure de la jument, avant de mettre pied à terre. Il sentait son mal-être et réalisait, somme toute, à quelle point l'animal était mal-chanceux en sa compagnie : c'était un destrier rapide, peut-être le plus rapide du Royaume, mais rien ne la présageait a un avenir de guerres, d'escarmouches et de conflits avant qu'ils ne se lient. « Tout doux, tout doux... », siffla-t-il doucement, la voix étouffée par son masque d'étoffe, caressant gentiment la mâchoire et les naseaux de son amie. Ramenant ensuite ses doigts autour de la cape qui couvrait ses épaules et sa gorge, l'Enfant-des-Bois progressa doucement vers le pogrom aux allures d'hécatombes. Sous la bure épaisse, ses lèvres se fendirent en une grimace, alors que ses yeux embrassaient à nouveau le massacre.

Le chariot de la caravane, qui avait été littéralement déchiré en deux, trônait au centre d'une scène mortifère. Autour de lui semblait graviter toute la désolation, toute l'amertume et toute la violence d'un affrontement qui, à l'évidence, avait tourné à l’exécution. Le temps semblait comme suspendu, presque comme si depuis le passage de la bête, rien n'avait osé approcher les lieux, perturber le sommeil des défunts. Les biens que transportaient les marchands avaient roulés un peu partout. Du vase de qualité à la tunique de scène en passant par des outres gorgées de sang ou de vin – il n'en était pas très sûr –, le stock des commerçants avait été jeté au sol, et avec lui leur intimité. L'espace d'un instant, il ferma les yeux, comme touché par la brutalité qui se dessinait sous son regard. Machinalement, pour s'arracher à ces images, il réajusta sa pèlerine, tâchant tant bien que mal d'ignorer les scénarios qui lui venaient en tête presque aussi naturellement qu'il ne respirait ; d'en faire abstraction. Partout sur sa route, il trouvait le chaos. Sans cesse, il arrivait trop tard. Quelques pas de plus le menèrent jusqu'aux restes d'une jeune femme, visiblement fauchée dans la fleur de l'âge. Le Sans-Fée s'accroupit devant la dépouille, dont la tête avait été partiellement déchiquetée, juste au dessus du nez. La diagonale découpait son crâne en deux passant sous l'orbite droit et dans l'orbite gauche. Le sang imbibait ses vêtements et nourrissait la terre. Sa main droite avait été sectionnée juste sous le poignet. Le même bras avait été la cible d'un autre assaut, tranchant os et tissus quelques pouces au dessus du coude. Une longue estafilade, encore rougie courrait le long de son sein dénudé jusqu'à sa clavicule. « Peste... — », siffla-t-il en réalisant que la jeune femme devait être en train de se changer quand l'attaque l'avait surprise. Tirant son bras de sous sa cape, le Fils-de-Personne glissa un doigt dans la plaie, non sans une mimique de dégoût. Il n'avait jamais aimé déranger les défunts, malgré des dizaines d'expéditions dans leurs sanctuaires ancestraux. Son index grimpa, sous les chairs et la peau, jusqu'à la première cotte. Brisée, sans un accroc. Il continua jusqu'à la deuxième, dans le même état que la première, puis la troisième et enfin la quatrième qui semblait avoir mieux réussi. Comme pour briser le macabre de l'instant, il commença à se parler. « Ça coupe fort, mais pas autant qu'une épée... », lança-t-il un peu dans le vide, avant d'arracher son doigt à l'escarre. Les quelques couches de tissu de la jeune femme n'avait été d'aucune protection, mais cela n'avait rien d'étonnant : il n'y avait que les ignorants pour penser qu'une lame – fut-elle d'acier, d'os ou de bois – ne tranche pas.

Toujours accroupi, il ramena son index devant ses yeux, désormais enduit d'une fine pellicule translucide. Link baissa le masque d'étoffe qui rongeait ses joues pour porter la substance devant son nez, d'abord, puis à ses lèvres. Ignorant tant bien que mal le fumet putride qui planait sur les lieux, il glissa le liquide sur sa langue. Le feu lui dévora la gueule, brièvement mais intensément, tandis qu'un goût de chair faisandée s’emparait de son claquoir. D'instinct, l'Hylien recracha sans avaler, le visage crispé dans une mimique de dégoût profond. Sans un mot, il essuya son index contre un brin de terre, puis couvrit la dépouille d'un bout de toile, comme pour sauver les restes de dignité d'un cadavre dont il ignorait tout, sinon peut-être la détresse passée. Il s'éloigna doucement de la jeune femme, marchant entre les rangées de corps, les maillages de tripes, d'intestins, les mares de sang caillé et les foires de foie renversés. Dans les décombres, un bras attira soudainement son attention. Le genoux plié, épousant la fange, le Sans-Lignage se pencha sur ce qui ressemblait plus qu'à un morceau de viande boulotté qu'à un avant-bras. Seule la forme de la main lui indiquait encore de quoi il s'agissait, en vérité. Un petit cerceau de bois sombre ceinturait l'auriculaire, auquel il manquait presque deux phalanges. « Qu'est-ce que... ?! — » Lança-t-il, visiblement surpris. Rapidement, l'enfer polaire qui battait ses yeux glissa de la bague aux alentours. Il s'accorda une seconde et un coup d’œil circulaire : il avait déjà réalisé que l'essieu de la caravane s'était fracturé dans un nid-de-poule de la route, mais n'avait pas réalisé à quel point celle-ci longeait un petit sous-bois, qui grimpait le long de la colline. Son regard scruta les arbres, l'ombre qu'ils projetaient de plus en plus sur la petite troupe à mesure que ne mourrait le soleil. Ses dents grincèrent en silence tandis que ses lèvres se déchiraient à l'avance, anticipant une situation qu'il aurait mille fois préféré ne pas affronter. « Lloyfell ? — » S'enquit-il calmement, avec la froideur d'un barbier-chirurgien pratiquant son ouvrage. Sa main gauche gagna sa ceinture, puis la fusée de sa lame, sans pour autant la tirer immédiatement. De la main droite, il retira la chevalière d'ébène au doigt à moitié dévoré, sans prêter grande attention à l'héraldique. Il aurait tout le temps de retrouver la famille de la victime plus tard.

Laissant sa question en suspens, toujours a genoux, il reporta son regard sur sa trouvaille : des traces de morsures, mais aussi de griffures. La peau avait été découpée en lamelle. Çà et là, les muscles et la viande commençaient à pourrir. Les marques de crocs n'arrachaient pas des pans entiers du bras : elles se contentaient de l'ouvrir, quand elle ne le morcelait pas. Peu à peu, il commençait à reconstruire le puzzle. La bête qu'ils traquaient les distançaient toujours, c'était l'évidence, mais d'autres créatures profitaient de ses carnages. « On risque d'avoir un peu de compagnie, vieux », fit-il sans en dire davantage. Il ignorait quelles menaces l'ancien Phénix avait été amené à affronter, s'il avait déjà porté le fer contre les créatures qu'ils talonnaient à l'évidence. Dans son dos, le vent soufflait tranquillement, portant avec lui la bruine traditionnelle des mois d'Hiver. Depuis le début du conflit, il lui semblait que les charognes se faisaient de plus en plus nombreuses – presque plus que les morts – et surtout de plus en plus hardies. Suffisamment pour sortir des cryptes, errer dans les plaines, gagner les steppes, s'abriter sous l'ombre des arbres et démembrer les cadavres qui parsemaient les routes commerciales du Royaume. Les lueurs qui brillaient dans l'obscurité des cimes ne souffraient d'aucune ambiguité.