Concours d'écriture DECEMBRE 2014

Hyrule vue par les autres

Astre


Inventaire

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(vide)

Pour essayer de ne pas perdre les sept potentiels lecteurs du journal, nous avons décidé de mettre en place un petit concours d’écriture. Notre grand lectorat, grand dans l’âme, grand dans les gestes, oui, notre gratifiant lectorat mérite indubitablement un peu de divertissement. Qui a dit que plus on est de fous plus on rit ? On est déjà très bien comme ça entre nous, les copains ! En famille, il y a un peu plus d’intimité et tout autant de liesse que dans une masse grouillante de farfelus. Alors tâchons de poursuivre un peu la distraction !

« Hyrule vue par les autres : vous êtes un chroniqueur, historien en votre contrée. Dans votre énorme encyclopédie des royaumes et des empires, des cités et des îles, des mers et des montagnes, il y a une page qui se concentre sur Hyrule. Décrivez Hyrule de ce point de vue étranger : est-ce la Tanelorn rêvée, cité de la paix et de l’unité, la terre promise à la glèbe riche et à la population érudite et supérieure ? Est-ce au contraire une terre de désolation, Sodome à ses dernières heures ?
Dans votre description, incluez un paragraphe sur le contexte de ce que vous décrivez (vous avez le droit de peindre une Hyrule antérieure à celle d’HJ, comme vous avez le droit de capitaliser celle de notre HJ en conflit). Vous avez le droit de balayer la géographie, les races, les mœurs, la cour des Nohansen Hyrule, ou ne vous concentrer que sur un aspect, du moment que vous justifiez votre méconnaissance/connaissance du sujet (« Lors de mes voyages, j’ai pu admirer… » ou alors « un marchand qui venait de X m’a dit que… »). Attention : il s’agit pour vous d’agir en chroniqueur/historien (type Moyen-Âge) : laissez libre cours à votre narration, nous ne vous demandons pas une dissertation ! Bon courage.
»

On vous sait gourmands, il y aura des prix, vous n’êtes pas bénévoles ! L’art pour l’art, c’est un peu passé de mode (et puis au-delà de la ringardise, c’est assez prétentieux : préférons la petite production artisanale de l’humble moinillon à la grandiloquence des muets agités du bocal).
Le jury sera composé des membres de l’équipe journalistique : nous publierons les textes par la suite.
Vous avez jusqu'au dimanche 21 décembre 2014, 5h du matin, pour m'envoyer vos productions par MP sur le forum ou sur le site (après nous entrons dans la période de Noël et ce sera un poil plus complexe, d'où le délai assez court, mais les passionnés trouveront du courage et de la foi, après tout, ils en ont vu d'autres !).

Astre"



Raven


Inventaire

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(vide)

Par Hyrule, tu entends le bourg d'Hyrule ou la contrée d'Hyrule (avec toutes les zones) ?


Astre


Inventaire

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(vide)

Pas de limites géographiques: par Hyrule, j'entends espace géographique autant que civilisation. Le participant est assez libre d'interpréter le sujet comme il l'entend. Le chroniqueur/historien est un érudit mais il n'a pas forcément la science infuse ni les connaissances établies: il se base sur des données parfois peu scientifiques (rumeurs, interprétations de témoignages, etc.) qui du coup forment parfois une conception assez loin de la réalité et plutôt fabuleuse.

Donc Hyrule, c'est à toi de le définir finalement, de définir comment toi, en tant que "X, chroniqueur du Prince Z", conçoit Hyrule: réalité géopolitique, couronne, espace géographique, etc. Ca peut être une synthèse de tout cela, ça peut être l'un de ces aspects seulement. 2 cas de figure également: vision réaliste et véridique ou une interprétation/idéalisation (due à une méconnaissance, ou par grandiloquence lyrique !).

Ai-je répondu à ta question ?


Raven


Inventaire

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(vide)


Dreack


Inventaire

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(vide)

Est ce que le choix du rédacteur de la chronique est libre ? Je veux dire par là, est qu'on est obligé d'être forcement un historien typé moyen-âge ( Genre le vieillard qui écrit dans son grand livre ) ou peut-on avoir un point de vue totalement décalé ( Genre le journal d'un aventurier ) ?


Astre


Inventaire

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(vide)

Bah faut se mettre dans la tête qu'un "historien/chroniqueur typé Moyen-âge (genre vieillard qui écrit dans son grand livre"), c'est généralement soit un érudit qui ne puise ses informations que dans des ouvrages qui circulent de ville en ville, soit un voyageur qui est reçu à la cour et/ou ailleurs. Donc, oui pour que tu ne te places pas dans une optique "vieillard sénile dégoulinant d'érudition" pour développer un rapport plus vivant, non pour la perspective "aventurier" qui est un peu anachronique (au moins d'un point de vue de vocabulaire).

En fait, tant que tu ne te places pas toi en tant qu'aventurier type Indiana Jones (ou même tous les aventuriers du XIXème qui ont circulé sur la planète), y a pas de problèmes à ce que tu me fasses une description mouvementée qui relève plus du témoignage/journal (la plupart des voyageurs au Moyen-âge/époque moderne tenaient un journal de bord qui était la base de productions plus élaborées). Donc si tu veux écrire "J'ai vu le sire Machin la semaine dernière: son palais était paré des plus belles pierres etc etc", il n'y a pas de problèmes tant que tu inscris ta description dans une perspective plus globalisante et moins anecdotique. Pour reprendre l'exemple ci-dessus, après avoir écrit cette phrase, il faudrait que tu ajoutes: "Tous ces ornements de puissance et d'aisance prouvaient que la cour était très riche".

Ai-je répondu à ta question ? (bis) ;)


Dreack


Inventaire

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(vide)

On va dire que oui. Faudrait déja que je trouve le temps d'écrire un truc convenable avant la date butoirs. Je l'enverrai et si je suis HS tant pis, de toute façon, ça faisait un moment que je voulais écrire un texte de cette sorte.


Vlad Astaroth


Inventaire

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(vide)

Je viens de t'envoyer ma prod' en mp sur le forum Astre ! Merci à vous toutes et à vous tous pour ce concours ! Et bonnes fêtes à toutes et à tous ! :[yiiii]:


Withered


Inventaire

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(vide)

3 mois plus tard o/ Merci pour ce concours qui pour le coup m'avait bien inspiré ! :)
Mémoires d’un voyageur - Chapitre XXII - Hyrule.

Ahhh. Mes doigts sont bien fébriles pour entamer ce dernier chapitre de mes voyages. Il faut dire que le trajet jusqu’à Hyrule m’aura épuisé tant moralement que physiquement. Mais mon vieil esprit malade divague encore.

Hyrule… Terre aux multiples paysages, ce pays était néanmoins méconnu de mon peuple avant que j’en entende parler. Ce pays dispose de ses croyances propres, de peuples variés et d’une politique très particulière. Parfois en avance sur son temps, cette contrée ne semble toutefois pas exploiter tout son potentiel. Voilée de mystères, il faut vraiment y aller par soi-même pour tenter de saisir ne serait-ce qu’un quart des subtilités qui lui sont liées, et des contradictions qui l’habitent.

Hyrule m’a d’abord été présenté par une femme posée et calme qui quittait cette terre. Un jeune homme blond avec elle, elle n’est pas rentrée dans les détails mais elle m’expliqua que sur cette terre existait de puissantes entités magiques qui menaçait le jeune homme : une sorcière ou je ne sais quelle autre créature avait jeté son dévolu sur lui. Elle avait tout quitté pour le mettre à l’abri : son poste de rédactrice en chef, son organisation se battant pour la justice – un arc pendait dans son dos -, et ses amis. Ses yeux bleus semblaient refléter la glace qui entourait désormais son cœur, mais je ne pouvais nier que c’était une femme magnifique.

Nous n’eûmes pas l’occasion d’échanger longtemps sur cette terre, mais ma curiosité était déjà piquée à vif. Je n’étais pas sûr que mes vieux os supportent un ultime voyage, mais une fois encore, ma soif d’aventure était attisée et je ne pouvais lui résister.

J’ai rejoint bien des contrées pour tenir ces mémoires. Mais aucun voyage ne fut plus difficile que celui qui me mena jusqu’à Hyrule.


Le désert et les gerudos
Le seul itinéraire que je connaissais fut celui indiqué par la jeune femme : le désert. Je connaissais bien le désert de mon pays pour y avoir passé mes jeunes années à le cartographier et à l’étudier, mais le désert hyrulien n’avait rien à voir. Je ne sais pas si c’était mon imagination, mais il me sembla que ce désert là était plus hostile, moins riche –je ne tombais que sur si peu d’oasis ou de temples…-, et presque maléfique. Comme s’il essayait de me chasser de ses dunes.
Mais le désert ne fut pas le seul à essayer de me faire fuir. Après des jours à marcher, je tombais sur des femmes à l’air dur et aux sabres aiguisés. Je ne comprenais pas ce qu’elles me disaient, la barrière de la langue s’interposant entre nous. L’une d’elle finit pourtant par sortir du lot. Rousse aux yeux dorés comme ses sœurs, sa peau était pourtant plus pâle et sa lance remplaçait le sabre. Avec des signes, nous finîmes par nous comprendre. J’étais un homme, et la seule place accordée aux gens de mon sexe dans ce désert, c’était en prison.
L’étrangeté et l’absurdité de cette information me frappèrent, et l’incompréhension dut se lire dans mes yeux car la jeune femme qui intervint quelques instants plus tôt parla aux autres femmes, et un accord fût passé : on me raccompagnait à la lisière du désert. La jeune femme fût désignée pour me guider : je ne cachai pas ma joie, car elle semblait beaucoup plus douce et diplomate que les autres.
Le trajet fut enrichissant. Nous apprîmes à communiquer ensemble, et elle put m’en apprendre plus sur l’endroit où j’avais atterri. Le désert appartenait aux femmes dites Gerudos : un peuple guerrier où un homme naissait tous les 100 ans pour les gouverner. Son regard s’assombrit et elle se ferma, je pus donc déduire facilement que quelque chose n’allait pas avec le Gerudo Roi actuel.
Le voyage fut long et éprouvant. La végétation était pauvre, et le climat aride. Nous passâmes non loin d’une grande bâtisse. Ma guide me fit comprendre qu’il s’agissait là du bastion originel des Gerudos, mais qu’il était tombé entre de mauvaises mains. La guerre faisait rage en Hyrule, cela ne faisait plus aucun doute. Elle retrouva son sourire quand elle essaya de me parler de la religion Hyrulienne. Il y avait 3 grandes déesses : Din, Nayru et Farore. Elles représentaient chacun 3 valeurs, respectivement la Force, la Sagesse et le Courage. Je trouvais cette image intéressante, et surtout je fus étonné que des femmes soient au centre des croyances de ce pays. Hyrule semblait être un monde ouvert, du moins plus ouvert que le mien où les hommes-dieux sont largement plus représentés que les femmes.
Elle me laissa à l’orée d’une vaste plaine verdoyante, beaucoup plus accueillante et chatoyante que le sombre océan de sable. Elle devait retourner auprès de sa Reine, et je me demandai si je n’avais pas manqué quelques subtilités quand elle m’avait parlé de son peuple. Il me faudrait au plus vite trouver un interprète, si cela était possible. Avant de partir, elle réussit à me mettre en garde sur les monstres qui rôdaient dans la plaine. Elle m’indiqua que souvent, une caravane effectuait le trajet jusqu’au bourg et que je n’aurais qu’à lui donner un peu d’argent pour qu’on me laisse faire le voyage avec eux. Elle m’offrit alors quelques pierres précieuses, monnaie du pays.
Je profitai de l’attente pour faire le point sur ce que j’avais appris. Certains peuples étaient cloisonnés dans des zones géographiques et s’étaient adaptées à elles. Si Hyrule m’avait paru ouverte et moderne avec une religion à la gloire des femmes, cette séparation des peuples par la géographie m’apparut rustique et primaire. Cette contrée me promettait son lot de contradictions.
J’étudiai les pierres que m’avait offertes ma guide. Brillantes de mille feux, ces pierres précieuses étaient travaillées et agréables à regarder. Les joailliers devaient être de vrais artistes, et le pays riche pour avoir le luxe d’échanger des pierres d’une telle qualité. Mais un mystère demeurait : la gerudo m’avait fait un bref récapitulatif de la géographie locale, mais pas à un moment elle n’avait évoquée une mine ou une carrière d’où provenaient les rubis.
Ma réflexion fut interrompue par l’arrivée d’une caravane marchande, comme promis par ma guide. Je tentai de me faire comprendre par des signes, mais les pierres précieuses furent plus loquaces que moi : la mine fatiguée et sale du conducteur s’illumina quand il les vit, et il manqua de me les arracher de la main avant de m’inviter à grimper dans la rudimentaire carriole. Le voyage fut l’occasion de m’interroger sur le peuple et la richesse que j’avais supposée. Etait-ce vraiment le cas ?

La plaine et le peuple
Bien qu’effectuait grâce à des chevaux, le trajet ne fut pas de tout repos, loin de là. Il nous fallut deux semaines pour rejoindre le bourg d’Hyrule, mais à aucun moment je n’ai eu la certitude de le voir un jour. Le jour, nous devions faire attention aux bandits de grands chemins et aux apprentis voleurs, plus affamés que réellement violents. La nuit, les monstres étaient légions. Certains n’étaient que des sortes de squelettes que le conducteur et un mercenaire qui nous avait rejoint pouvaient éliminer facilement, mais d’autres étaient plus imposants et beaucoup plus forts. Une créature, comme un énorme lézard en armure, nous prit par surprise une nuit sans lune. Le marchand fut gravement blessé, et le mercenaire perdit la vie. Je réussis à sauver le premier en sautant sur le cheval, qui sous la surprise partit au galop. Nous laissâmes le monstre avec son malheureux trophée, et je distinguai le marchand en train de prier.
Je m’étais illusionné en supposant la richesse du peuple. Il était pauvre et méfiant, à l’image de ce marchand qui, bien qu’il accepta mes rubis et m’emmena avec lui, refusait que j’examine sa blessure à l’issu de notre fuite. Il me dévisageait sans cesse, et le mercenaire avait même craché à mes pieds lorsqu’ils nous avaient rejoints.
Les bandits que nous avions croisé appartenaient à deux catégories distinctes : les bandes organisées, qui semblaient se réjouir de leur activités, agissant presque impunément ; et les paysans, qui ne devaient pas avoir d’autres moyens de survivre, et dont la fatigue se lisait aisément sur leurs traits. Ayant vu plus d’une fois la misère du monde, je ne pouvais cependant empêcher mon cœur de se serrer. Je comprenais maintenant pourquoi la jeune femme à l’arc avait fui et ne s’était pas étendu sur la situation de cette contrée.
Nous nous arrêtèrent dans plusieurs hameaux avant d’atteindre ce que je supposais être la capitale du pays. Si les portes s’ouvraient pour le marchand, elles me restaient fermées et j’étais invité à rester dans la remorque de bois si nous devions passer une nuit. Je ne pouvais pas en vouloir à ces gens : j’étais un étranger ne parlant pas la langue, aux vêtements étranges et toujours en train de griffonner en les étudiants. Mais une telle hostilité ne pouvait être que le résultat d’une seule chose : la guerre.
Je m’interrogeais de plus en plus sur cette guerre qui couvait. Je n’avais rien pu tirer du marchand qui refusait de m’adresser la parole –je supposais qu’il n’avait pas envie de se démener à essayer de se faire comprendre par un étranger-, alors j’exploitai ce que j’avais appris avec la gerudo. Le Gerudo Roi semblait à l’origine d’un conflit, au sein même du désert. Avait-il étendu son influence, ou bien cette situation était-elle isolée du reste d’Hyrule ? Ma guide m’avait parlé d’une Reine, mais il me semblait qu’il s’agissait d’une autre femme du désert.
L’arrivée au bourg fut salvatrice. La citadelle n’avait d’ailleurs rien à voir avec les villages que nous avions traversé. L’architecture y était rustique, mais certaines bâtisses étaient plus colorées, et je compris rapidement qu’il s’agissait de boutique. Une grande place siégeait au centre de cette ville –si on pouvait l’appeler ainsi-, où la vie était abondante. Le marchand fila vers un temple, tandis que j’étudiais ce nouvel endroit.
J’étais en train de griffonner quand une main gantée de fer se posa sur mon épaule. Je levais la tête, me retrouvant nez à nez avec ce qui pouvait s’apparenter à un garde. Une légère armure sur le dos et l’épée à la main, son regard était interrogateur tandis que ses lèvres prononçaient des mots que je ne comprenais pas. Je lui fis comprendre que je ne comprenais pas, et il utilisa un mot que j’avais entendu chez ma guide, le marchand et le mercenaire. J’avais deviné qu’il demandait si j’étais un étranger. J’acquiesçais rapidement, et il m’étudia. Mes vêtements étaient sales mais portaient des broderies riches. Il demanda à jeter un œil à mon carnet, et fut surpris des dessins de cartes, de monstres ou du désert. Il se gratta la tête, appela sa camarade et ils échangèrent un moment. La seconde venue avait l’air plus hostile, et feuilleta mon carnet en serrant les mâchoires. Le premier avait l’air plus curieux, et après quelques mots plus secs, il m’invita à le suivre.

Le château et la cour
Il m’emmena au nord de la place, et je remarquai enfin le château qui se dressait avant moi. La pierre était belle et blanche, et l’architecture royale. Il me fit entrer sous le regard menaçant de nouveaux gardes à l’entrée, et me fit patienter. J’attendis un long moment, ne sachant ce qu’on me voulait. Je feuilletai mes notes, corrigeant quelques fautes d’inattention, avant de me concentrer sur la vie du château. Gardes et servants parcouraient les couloirs, comme de véritables fourmis en plein travail.
Bientôt il arriva un homme, à l’allure sombre mais au visage diamétralement opposé par sa chaleur. Un monocle rudimentaire ornait son œil gauche. Il articula quelques mots, auxquels je haussai une nouvelle fois les épaules. Je tentais de lui dire que j’étais étranger, et il réfléchit quelques instants. Après quelques hésitations, il prononça :
« Vous êtes le premier que j’entends parler cette langue. J’avais fini par songer que votre peuple était une légende. »
Son ton n’était pas fluide, son accent marqué, mais la phrase était correct et dans mon langage. J’ouvris de grands yeux, et les siens se plissèrent avec son sourire. Nous échangeâmes, soulagés de nous comprendre. J’appris qu’il était mage à la cour, et qu’il lisait énormément, raison pour laquelle on l’avait appelé. Il connaissait plusieurs dialectes, et il était le plus apte à pouvoir communiquer avec moi.
« Le garde qui vous a amené pense que vous êtes à la recherche d’informations, pour remplir une encyclopédie. Mais les autres pensent que vous êtes un espion. Qu’en est-il Messire ? »
J’eus un petit sourire. La méfiance était jusque dans les rangs des gardes, fidèles à leurs vertus de protection et de surveillance. Je lui expliquais que j’étais effectivement en train de recenser les différents pays et leurs caractéristiques dont nous entendions parler chez moi, dans un souci du partage des connaissances. Il exprima sa curiosité à lire un tel recueil, et je fus soulagé de tomber sur un homme de lettres.
Il me proposa alors d’éclairer ma lanterne sur les sujets qui m’intéressaient. Il me parla en premier lieu des différentes races, car il m’averti qu’il serait difficile pour moi de les rencontrer en chair et en os.
Je compris rapidement que les Hyliens et les Sheikahs pouvaient être identifiés comme les races humanoïdes de base, bien qu’une relation de soumission règne encore entre elles. Lui-même était un mage Sheikah.
« Les sheikahs ont longtemps servi certains hyliens, et les traditions ont la peau dure. »
Son regard s’attrista légèrement, avant qu’il ne me parle des autres. Les Kokiris étaient un peuple d’enfants éternels, souvent maternés par des fées. Je ne cachais pas ma surprise quand j’appris qu’ils vivaient essentiellement dans la forêt. Mais ce n’était pas la seule race à vivre à l’écart, dans leur zone : les Gorons, créatures de roche, vivaient dans la montagne tandis que les Zoras, hommes et femmes poissons, s’étaient établis près d’une rivière portant leur nom. Il me confirma aussi ce que m’avait appris ma guide sur les Gerudos, femmes du désert.
Mon analyse avait été juste : Hyrule souffrait d’un cloisonnement, et les êtres qui sortaient des rangs et quittaient leur région mère étaient des exceptions.
Il ne s’attarda que brièvement sur la structure de chaque peuple : chacun disposait d’un leader capable de diriger les siens, mais tous étaient soumis au règne de Zelda, la princesse d’Hyrule. Je lui exprimais mon intérêt pour ce pays croyant en des déesses, et dont la régente était une femme, ce qui le fit sourire d’autant plus.
« Zelda n’est pas une princesse comme les autres. Elle dirige son royaume avec sagesse, et beaucoup de décisions passent devant une cour de justice afin que tous les citoyens soient jugés sur le même pied d’égalité. »
Je fus stupéfait. Nous échangeâmes encore longtemps, lui m’aidant à éclaircir ce que je ne comprenais pas, moi lui parlant de mon pays et de mes autres recherches. Après quelques temps, je me décidai à quitter cette présence réconfortante pour voir Hyrule de mes propres yeux.

Hyrule ou la contradiction
Voyager à travers Hyrule me fut plus simple après mon entrevue avec le mage Sheikah. Il m’avait fourni de nouveaux rubis, m’expliquant comment analyser le cout des choses, et surtout où trouver ce dont j’avais besoin. Mais comme il l’avait prédis, il me fut presque impossible de rencontrer les peuples dans leur zone géographique. Même les différents hyliens que je croisai refusaient de me parler.
Je pus m’approcher du Mont du Péril, haute chaine de montagne qui surplombait le Village Cocorico. Cet endroit n’était pas aussi grand que le bourg, mais il se distinguait des hameaux que j’avais pu traverser. Avec mes vieux os, je ne pus m’approcher de la rivière Zora, un peu plus au sud. Mais j’eus la chance de découvrir la forêt Kokiri, et les êtres vivants là bas me redonnèrent la jeunesse de mes 20 ans. Le lac hylia, à l’ouest de la forêt, est impressionnant pour sa superficie. Mais sa proximité avec le désert m’inquiétait.
Après quelques mois, je me décidai enfin à rentrer. Je ne retrouvai pas la guide gerudo, mais avec les conseils avisés du mage, je pus traverser le désert sans encombre et rejoindre mon chez moi.
Que dire de plus sur Hyrule ? Cette contrée a un potentiel incroyable, c’est certain. Certaines magies que j’ai pu observer sont largement plus puissantes que celles des autres pays, et certaines valeurs morales sont tellement modernes et justes qu’elles devraient permettre à ce pays de s’imposer. Mais les écarts entre les populations, cet isolement et la pauvreté ambiante gangrénise cette terre, qui devient alors proie à la guerre civile. Un leader un peu charismatique fera oublier la justesse de la Princesse, et il se trouvera des hommes pour se battre dans chaque camp. La communication des peuples entre eux est tellement faible qu’ils en oublient l’histoire qu’ils partagent, et refusent tout mélange qui leur serait pourtant bénéfique.
La géographie d’Hyrule est riche et variée, mais elle est tellement cloisonnée par son histoire qu’il devient impossible de tirer partie des différentes richesses accessibles. Les paysans se retrouvent ainsi obliger de mendier, les mineurs également, et les artisans peinent à trouver des matières premières.
J’ai du mal à croire que le pays puise être dans un état si déplorable alors que certaines têtes pensantes du château sont si bien éduquées. Là encore réside toute la contradiction de ce pays. La cour comporte autant de bons éléments que de vautours assoiffés de richesse, qui, s’ils prenaient de l’ampleur, ruineraient tout le bien fondé des actions de la régente.
Je ne peux pas croire qu’un tel monde se laisse engloutir de la sorte. Il faut que j’y retourne dès que possible. Je dois voir l’évolution d’Hyrule de mes propres yeux, voir comment elle va devenir belle et chatoyante, pour que tout espoir ne soit pas perdu pour les autres pays. Si Hyrule sombre dans le chaos, nous n’avons pas l’ombre d’une chance.

Le livre se ferme, et dans un souffle, la main âgée de l’explorateur lâche sa plume. Le voyage fut réellement éprouvant, et c’était son dernier. Les paupières closes, la tête sur l’ouvrage d’une vie, il ne reverrait jamais Hyrule. Du moins, pas dans cette vie là.


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