De Donjons en Dangers - Rp libre.

[Chasse au trésor - course a l'équipement]

[ Hors timeline ]

Luka

Le Changelin

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(vide)

« On va sauver le peuple Zora. L'hiver qui s'est installé ici est anormal. »

Par les Déesses. Sauver le peuple Zora. Rien que ça. Luka passa en revue le petit groupe, à deux reprises. Oui, il avait bien compté : Quatre. Ils étaient quatre. C'était une mission suicide. Honorable, bien entendu, mais même pour des mercenaires aguerris, la tâche lui paraissait bien peu enviable. Il espérait que ces pauvres gens seraient au moins richement payés, s'il sortait vivant de cette caverne sombre et glacée. L'étrange sensation de mal qui en émanait lui donnait la chair de poule. Il acquiesça d'un signe de tête, afin de montrer qu'il avait encaissé l'information, avant de se tourner vers Aalis et de la prendre en aparté :

« C'est bon, on sait pourquoi ils sont là. On rentre ? »

Un regard incrédule fut, pendant quelques secondes, la seule réponse qui lui fut apportée. Puis, son amie pointa du pouce la route qu'ils avaient prise pour arriver jusqu'ici. Plus aucune trace de pas n'était visible à ce stade-là, tant la neige se déversait sur eux en continu. Cela ne faisait pourtant que quelques minutes...! Luka s'essuya les yeux du revers de la manche, pour tenter de retirer de ses cils les flocons qui venaient s'y déposer.

Aalis repris, intransigeante : « Regarde derrière toi. Tu veux aller où ? »

Silence. Le comédien commençait à se rendre compte que s'ils avaient tant peiné pour parvenir là où ils se trouvaient actuellement, revenir sur leurs pas était désormais impossible. La tempête empirait à chaque instant, si c'était physiquement possible...
Il pivota brusquement sur ses talons pour scruter le petit groupe, ce seul vestige de vie dans un terrain de glace et de mort. La panique formait un poids dans le creux de son ventre. Il ne savait plus quoi faire.

Hébété, il écouta avec peine la jeune Zora qui les accueillait d'un grand sourire. Perla, se présenta-t-elle, et voici... Chaque personne eut droit à une petite présentation rapide. Seule une, Keith, répondit à l'appel par un signe de main. Les deux autres se détournèrent sans un regard pour eux. Luka avait l'habitude, ce pour quoi il ne s'offusqua pas. Mais avait-il bien entendu ? Cet homme, était-ce bien...?
Il n'eut pas le temps de s'enquérir plus, car déjà le groupe s'engouffrait dans les profondeurs de la caverne. Le malaise ne cessait de s'accroître au fur et à mesure de leur progression, et le jeune homme hésita bien des fois. Aalis ne tarda pas à le remarquer, et elle posa brièvement sa main sur son épaule ; une présence rassurante à ses côtés.


« Maintenant qu'on est là, autant continuer, non ? Seuls et sans guide, on a aucune chance dehors. Alors qu'ici, il y a plein de monde... »

Un clin d'oeil chaleureux, un sourire espiègle. Malgré le froid qui lui engourdissait les membres, Luka sentit sa poitrine se réchauffer à la simple vue de ces lèvres amies qui s'étiraient.

« Et puis, le Héros du Temps. »

En temps normal, le jeune dramaturge en aurait éclaté de rire. Mais dans les circonstances sinistres où ils se trouvaient, cette réplique ne put que lui tirer un maigre sourire. Peu importe : il serra brièvement la main de la jeune femme, gant contre gant, avant de reprendre la marche d'un pas plus soutenu. Des pensées plus optimistes effleuraient désormais sa conscience, comme si Lis avait réussi à débloquer un nœud mental dont il ne connaissait pas l'existence. Mais oui. Le Héros du Temps. Ils étaient saufs, tant que le Héros serait là. C'était avec cette conviction en tête qu'ils rattrapèrent le groupe.

Sauf que. C'était un cul-de-sac.


« Mince y'a pas de porte ! On est coincés ! »

Il tourna la tête vers la sortie, la seule route praticable ; ils avaient dû manquer de voir un indice essentiel, quelque chose qui aurait pu indiquer un chemin alternatif ! Mais il eut à peine le temps d'ouvrir la bouche que le sol craquela sous leurs pieds avant de céder.
Le sang bourdonnait si fort dans ses oreilles qu'il ne s'entendit même pas crier. Quelqu'un, la jeune Zora s'était accrochée à son bras ; par réflexe, il saisit celui d'Aalis alors même qu'il se sentait happé par la gravité. Une sensation de chute si habituelle qu'il crut pendant un laps de temps pouvoir se réveiller de ce cauchemar ; mais le monde onirique était bien loin. Il ne rêvait pas : l'atterrissage brutal le prouvait clairement, bien que celui-ci ait pu être amorti par le gros tas de poudreuse dans lequel ils s'étaient tous enfoncés.


« Où sommes nous ? Est ce que tout le monde va bien? »

Au même titre que les autres, Luka était trempé jusqu'aux os. Il voulut répondre, mais ses dents claquaient si fort sous le choc et sous le froid qu'il ne parvenait pas à articuler un seul mot. La pauvre Prêtresse, elle était dans un état bien plus pitoyable, car privée de ses moufles et de ses bottes ; Luka n'osait pas imaginer quel calvaire ce devait être. Il s'empressa de réajuster ses gants à ses mains, ceux-ci ayant manqué de peu de se perdre également dans la chute.
Les réponses des autres lui parvinrent distraitement à l'oreille, et les voici qui reprenaient leur route. Le couloir de glace qui s'étendaient devant eux parut lui durer une éternité, misérable et frigorifié comme il l'était, mais il resta collé à Aalis pendant tout le trajet. Il ne sentait pas grand chose à travers toutes leurs couches de vêtements, mais il avait comme l'impression de partager un peu de leur chaleur malgré tout. C'était du pur déni de réalité, mais cela rendit le trajet un peu plus supportable.

Un pont. Un torrent continu. Le souffle coupé devant la beauté de ces lieux souterrains, Luka s'arrêta sur place. Les yeux grand ouvert sur le monde, il tenta de retenir l'image dans son esprit. C'était vertigineux. Son esprit divaguait contre son gré, car il aurait voulu graver à jamais ce spectacle du déchaînement naturel entre ses paupières. Ce n'est que lorsque Aalis saisit son bras pour le tirer vers le groupe qu'il reprit conscience du péril qu'ils couraient en ces lieux.

Deux golems de glace. Keith en avait touché un à l'armature, la sorte de coquille qui protégeait le coeur du freezer de toute attaque. Et le Héros... Le Héros s'avançait pieds nus sur le pont, l'Epée de Légende entre ses mains. Un coup d'oeil au reste du groupe suffisait pour comprendre ce qui avait poussé l'Hylien à se déposséder de ses affaires. Luka avait l'impression de se trouver dans une fresque historique ; il ne put qu'admirer la grandeur d'âme de cet homme mythique, capable de céder ses affaires à une jeune femme, au dépens même de son propre bien-être. C'était comme un rêve devenu réalité. Un rêve qu'il ne se savait pas même entretenir.
(Il aurait voulu d'un Héros dans son pays, trois ans plus tôt. Il aurait voulu être ce Héros.)

Le bruit de la glace qui se brisait le tira de ses pensées. Une fois, deux fois : deux coups puissants mais non mortels, car le freezer contre-attaquait ; le coeur de Luka se souleva dans sa poitrine, et l'angoisse se peignit sur ses traits alors qu'il assistait avec horreur la situation du Héros du Temps. Quelqu'un. Quelque chose. Il tendit par instinct son esprit vers ces golems, mais seule la glace lui renvoya ses pensées ; il ne pouvait rien faire.
Lis. Aalis saurait quoi faire. Il se tourna vers son amie, et lui empoigna le bras en retour. Sa prise se faisait nerveuse sans pour autant la brusquer.


« Ton lance-pierre, Lis ! Il y a une ouverture dans la carapace de glace, vise-la, s'il te plaît ! »


Aalis


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(vide)

« C'est bon, on sait pourquoi ils sont là. On rentre ? »

Foutre-Din ! Que ce gamin pouvait être idiot, parfois. On rentre ? Bien sûr, d’accord. Mais par où ? La tempête s’aggravait de minutes en minutes, et pire encore, ils étaient arrivés jusqu’ici en se perdant. Elle était vraiment peu sûre, s’ils repartaient, que le hasard les conduirait gentiment à la maison.

« Regarde derrière toi. Tu veux aller où ? »

Le pauvre eu l’air effondré par la révélation : ils étaient coincés, alors quitte à mourir de froid, autant que ce soit accompagnés.  La petite Zora du groupe, malgré la situation, les accueilli cependant avec le sourire, et au fond d’elle elle admira cette capacité à garder un visage avenant. Elle se présenta, Perla, et désigna par leur nom le reste du groupe : Keith, qui les salua d’un signe, la Prêtresse, qui, la pauvre, avait l’air bien préoccupée et… Non. Impossible. Tandis qu’elle allait faire une remarque à Luka, un large sourire aux lèvres, le groupe commença à avancer plus au fond de la caverne. Elle lui fit remarquer, tout de même :

« Maintenant qu'on est là, autant continuer, non ? Seuls et sans guide, on a aucune chance dehors. Alors qu'ici, il y a plein de monde... Et puis, le Héros du Temps. »

C’eut au moins le mérite de lui tirer un maigre sourire. Mais ils continuèrent. Ils avancèrent, avancèrent… Et arrivèrent dans une espèce de cavité. Sans porte. Zut ! V’là qu’ils avaient l’air bien fins ! C’était bien la peine !

« Mince ! On est coincés ! »

Les autres se mirent à explorer les alentours, quant à elle, elle serra les dents. La voie par laquelle ils étaient entrés semblait être la seule issue. Elle ne savait pas ce qu’ils étaient venus spécifiquement chercher dans cette caverne, mais selon elle, ils n’avaient plus qu’à attendre que la tempête cesse et aller voir dehors. Si un jour cette tempête cessait. Comme l’avait dit la Prêtresse, tout ce froid était anormal…

… C’est là qu’ils tombèrent.

Le sol craqua sous leurs pieds, et ainsi s’ouvrit l’issue qu’ils espéraient. Elle n’eut le temps que de sentir un bras qui l’agrippait et la tirait en arrière, et le désagréable manque de solide sous ses pieds. Merde, mourir comme ça, c’était trop bête, trop bête, vraiment ! Elle…
L’atterrissage fut rude. Mais elle s’en sortit entière : la poudreuse s’était amassée en dessous d’eux, et avait amorti le choc. Elle avait froid, elle était trempée, mais elle était vivante, et globalement indemne. Certains eurent moins de chance qu’elle : elle vit la Prêtresse les pieds et les mains nus, elle remarqua également Perla, qui, si elle n’avait pas été déjà bleue de base, aurait sûrement affiché une couleur inquiétante, tellement elle avait l’air frigorifiée. Aalis sentit Luka, tout proche d’elle, et lui prit le bras. La torche s’était éteinte lors de la chute, et trempée, morte de froid, dans un environnement inconnu et sombre, elle n’était pas vraiment rassurée. Mais avancer, avancer vite, ne surtout pas rester sur place : c’était la règle de base s’ils ne voulaient pas finir trop vite transformés en glaçon.

Au moins, le paysage était beau. Toute cette eau, toute cette glace, et ce pont gigantesque qu’ils devaient traverser avaient quelque chose de féérique. Habituée au grand air, Aalis n’aurait jamais pu imaginer qu’il y avait ce genre d’endroits, sous terre. Mais l’heure n’était pas au lyrisme. Car au bout du pont qu’ils devaient traverser, deux statues de glace gardaient la porte. Et ces statues
bougeaient.
Ce fut lorsqu’elle vit les flèches de Keith Lyne voler en l’air pour toucher les créatures qu’elle comprit que ce n’était pas là pour faire joli. Danger. Elle regarda, fascinée, le Héros du Temps partir, pieds nus, à l’assaut de ces brutes. Elle se sentit brusquement toute petite, insignifiante, inutile. Quelle drôle d’idée avait-elle eu de les accompagner ! Elle était bien peu dégourdie, face aux autres membres du groupe ! Que pouvait-elle faire contre ces deux monstres de glace, postés sur ce pont si glissant que si elle osait y poser le pied, elle finirait sûrement illico quelques mètres plus bas ? Encore une fois, elle admira l’équilibre de celui qui osait affronter, seul et sans chaussures, les deux freezards. Quelque chose, faire quelque chose pour les aider, n’importe quoi…

« Ton lance-pierre, Lis ! Il y a une ouverture dans la carapace de glace, vise-la, s'il te plaît ! »

Luka avait l’air aussi nerveux qu’elle. Foutre-Din, quelle idiote ! Bien sûr, son lance pierre ! Voilà donc qui lui permettrait d’attaquer à distance sans se risquer à glisser ! Elle se fouilla, méticuleusement, à la recherche de son arme et des quelques réserves de cailloux bien tranchants qu’elle se trimballait toujours, au cas où. Zut, mais où étaient-ils ? Elle ne les trouvait pas, par les Trois ! Pourquoi son frère aimait-il toujours avoir autant de poches dans ses vêtements… ? Ah ! Elle sentit enfin sous ses doigts le bois de son arme, ainsi que les pierres. Vite, faire vite, et faire bien, ma grosse. Elle se dégagea de la poigne de son ami, pour pouvoir viser tranquille. Celui que le Héros attaquait… Mais ne pas toucher Link. Ne pas toucher Link.
Elle visa, concentrée… Et tira. La pierre ricocha sur le pont de glace, et tomba dans le vide, allant plonger dans le torrent qui coulait sous leurs pieds. Elle jura. Lis, dépêche, tu peux le faire, ma grande ! Elle prit un deuxième caillou dans sa poche, et nota le fait que ses provisions étaient limitées. Elle allait devoir faire mouche, et vite.
Elle plaça la pierre, tirant fort sur l’élastique, les deux yeux ouverts pour être sûre de ne pas louper sa cible. Le Héros bougeait, évidemment, ce qui ne rendait pas les choses plus faciles…

Elle tira encore.

Touché ! Elle ne put s’empêcher de lâcher une petite exclamation de victoire. Tout ce qu’elle espérait à présent, c’était que les dommages infligés à la statue soient assez importants. Elle chargea à nouveau son arme, et le vol de ses pierres accompagna celui des flèches de Keith. Concentrer tous ses efforts sur l’un, puis sur l’autre, lui semblait le moyen le plus efficace d’en venir à bout rapidement.


Un cris résonna derrière elle : « FLORA ! » et le bruit précipité d'une course. Flora était en train de murmurer des remerciement a Keith pour la fourrure et lui signaler que la petite Zora en aurait bien plus besoin qu'elle. L'enfant de la sagesse ne sentait plus ses pieds. Pour elle, ils n’étaient plus qu'une vague masse douloureuse au bas de son corps. Bien sur, retrouver ses bottes n'aurais pas été un luxe, d'autant plus que le souffle glacé des golem ajoutait a sa souffrance.

Elle tremblait de froid malgré la douce fourrure … humide. Un souffle a sa droite lui signala une présence. Un rapide calcul et Flora déduisit qu'il ne restait que Perla a ses cotés. Toutes les deux étaient des femmes de l'Eau et Flora ne comprenait que trop bien le malaise que la Zora éprouvait. Aussi elle s’approchât gentiment et enroula la cape de Keith autour d'elle.
« Tiens tu en a plus besoin que moi. » murmura l'enfant de foi.

Et bien sur c’était sans compter sur la course folle du Héros des Temps. Celle ci prit fin juste a coté d'elle accompagné d'un
« Tu vas bien ? » Elle prit le temps de pencher la tête de coté, comme pour réfléchir, mais tout son corps était agités par des spasmes dus au froid. « J'ai connu mieux » avoua la Choisie de Nayru en claquant des dents. « Ne bouge pas... D'accord ? » Oh ben t'en fais pas, je n'ai pas l'intention de partir songea la demoiselle. La route était close, deux freezards en étaient les gardes … Et ils la montaient bien la garde … « La route est close » Marmonna Flora, a demi absente.

Une paire de gants, lourde et rigide vint s'ajuster sur ses mains déjà fragiles et attaquées par les engelures. Flora se souvenait très bien de cet après midi, aux abords du ranch. La douleur qui la rongeait ce jour la, était une douce caresse en comparaison a celle que Link tentait d'amoindrir. Ses pieds lui piquaient elle n'osait rien dire. Et sûrement que son visage parlait pour elle car le blond la prit par les aisselles pour la soulever du sol et la déposer dans les bottes qu'il venait de quitter. L'aveugle sentait encore le tissus chaud sous la plante de ses pieds. Elle voulut faire un pas en avant, remercier son ami, le voleur de son cœur, mais elle trébucha. Link quant a lui partait déjà sauver la troupe en détresse, détruisant a lui seul un des golems au souffle de l'enfer. Il para, frappa et ne se laissa pas piéger par les glaces mortelles. Le cœur de Flora battait a tout rompre a l'idée que ces gens qu'elle avait attiré ici puissent finir tel ces statues de glaces, gardiens éternels et décolorés du pays glacé du tyran de l'Hiver. Keith, Luka et Aalis mirent fin aux jours du second en lui envoyant des projectiles tandis que le monstre leur envoyait de la glace au visage, et faisait descendre la température de l'air en dessus du supportable. Tous revirent vers Flora et Perla les cils encroûtés de glace et leurs nez rouges.

Flora tendit la main vers Aalis. La comédienne avait crié, mais avec la pelisse trop grande de Link la prêtresse n'avait pas bien comprit la raison de cette exclamation. Et entre temps elle avait a reconnaître ses compagnons aux rythmes de leurs souffles et a leurs façons de marcher. Tous avait une petite subtilité qui les rendaient uniques et reconnaissables.
Dès que la jeune femme lui eu répondu, Flora se déchaussa et murmura :
« Merci mon ami, mais elles sont trop grandes pour moi, je risque plus de tomber. » Et si je perds un orteil au cours de cette aventure mais que le peuple de l'Eau est sauf, on pourra dire que c'est pas bien grave.

L'infirme tendis alors les mains devant elle, et murmura un sort. Elle n'avait pas eu le temps de le faire avant. Ou alors elle avait oublié, dans le stress de la chute. Mais aussitôt toute l'eau qui gelait les vêtements s’évapora.
« Je crois que ce sera mieux ainsi » murmura la prêtresse dont les joues devinrent subitement pales. Elle avait oublié qu'ici son don ne semblait pas réagir de la même façon qu'en dehors de ce palais glacé. Une main se posa entre ses omoplates. Flora lança un regard fatigué et inutile en direction de ce sauveur improvisé. « Merci, mais je vais bien. »

Mais tout cela serait bien trop facile si derrière l'arche de pierre se trouvait le géant ennemi. Quand la troupe de la prêtresse franchit la première porte, ce fut pour mieux découvrir les deux chemins qui s'offraient a eux.
« Que proposez vous ? Se séparer pour tout explorer ? Ou rester grouper avec le risque de manquer un élément capital a notre quête ? » demanda Flora dont la voix se teintait non seulement de fatigue mais aussi d'angoisse. Car elle sentait sur son corps quelque chose comme un regard, lourd et malsain. La jeune femme se sentait nue sous le poids de cette présence et sentait un froid prendre possession de son âme.

« He regardez, s'exclama quelqu'un, en voilà un drôle d'endroit pour voir pousser des graines ! »
Le trésor ainsi trouvé passa de mains en mains jusqu'aux doigts agiles de Flora. En faisant tourner le fruit entre ses doigts la fille de foi s’aperçut de leur forme étrange. Une intuition presque aussitôt  noyée par le malaise lui vint. « Nous devrions en emporter quelques unes, chacun. Mon cœur me dit que nous pourrions en avoir besoin. »

Ce compte est un compte narrateur : les personnages joués par le narrateur ne peuvent pas être utilisés par les joueurs ou joueuses dans leur post (sauf autorisation d'un admin) et les jets de dé du narrateur sont contraignants.



Perla


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(vide)

Pour tu te caches ? Perla contempla, sidérée, le monde tourner autour d'elle et se précipiter. Les autres se lancèrent en avant, et derrière Keith qui bondit avec la grâce d'un chat et déjà encochait une flèche mortelle, la jeune Zora aperçue enfin le barrage qui coupait la route à la petite troupe : deux énormes statues de glace grondaient sourdement, leurs gueule lançant des éclats glacés ; un frisson parcouru l'échine de la Zora, et elle trembla encore plus. Mais plus uniquement à cause du froid, un mauvais pressentiment glaçait ses veines elles-même. Et Perla ne put faire un pas sans que tout son corps soit secoué de spasmes. Cette température n'était pas normale: elle était dangereuse. Une entité propre qui semblait vouloir repousser les intrus.

Impuissante, Perla regarda les trois autres se dresser devant les monstres, ses bras serrés autour d'elle dans l'espoir futile de trouver quelques chaleur. Au moins était-elle certaine de ne pas être un boulet, heu, enfin un poids, comme d'habitude. L'impression de ne servir à rien était tellement grande qu'elle lui serrait la poitrine, aussi tourna-t-elle la tête et préféra contempler le mur, plus froid que la pierre. Elle ne sentait presque plus ses jambes, à ne pas parler de ses orteils qui pourraient se casser qu'elle ne sentirait rien... elle n'osait imaginer ce qui arriverai s'ils échouaient: une image furtive du lieu de son enfance emprisonné dans la glace éternelle, toute sa famille morte s'insinua dans son esprit et les larmes lui vinrent aux yeux. Cela ne devait pas arriver, sous aucun prétexte. Et même si elle ne pouvait pas se battre aussi bien que la sauvage ou l'héro, même si elle n'avait pas la panache de l'artiste ou du comédien, même si elle ne pouvait soigner et guérir aussi bien que la prêtresse, elle pourrait certainement faire quelques chose, elle aussi.

La jeune adulte se retourna d'un mouvement brusque qui fit glisser la cape que Flora venait de lui remettre ; la prêtresse était aussi bleue que sa déesse. Un plaisantin y aurait sans doute trouvé une drôle de remarque à faire mais Perla n'y voyait rien d'amusant... c'était une marque mortelle. Et même l'immense amour de l'enfant de foi ne saurait dégeler son coeur une fois celui ci glacé dans le temps. La fille de l'eau se sentit soudain très mal: comment avait-elle pu s'inquiéter pour elle-même alors que cette femme qui était beaucoup plus importante, mais surtout beaucoup plus vertueuse souffrait tout autant ou peut être même plus?

"Non, j-je ... re-reprends l-là! Ou r-rendons ç-ça à K-keith...

Elle se sentait déjà mieux. Oui, si elle se mordait très fort la joue, elle ne sentirait même plus le froid mordre chaque parcelle de son corps. Si elle s'en convainquait très fort, elle finirait par l'oublier. Pense que tu es dans un bain chaud, très chaud... aïe! Brulant!
Bon, ça ne marchait pas vraiment mais... une petite amélioration se fit tout de même quand le dernier monstre fut battu.

Les autres revinrent alors dans leur directions, et Perla les accueils avec un grand sourire. Ca au moins, elle pouvait le faire, Na! Et, pour preuve, elle avait même arrêté de trembler !

"Vous êtes vraiment impressionnants ! "

L'agile et forte femme, la fille joyeuses, le garçon intelligent, le "héro" audacieux et la douce prêtresse. Ainsi qu'une petite Zora. Etrange assemblement. A cet instant, elle fut presque heureuse... Heureuse de faire partie de ce groupe, d'en être un membre et de faire quelques chose, de vraiment utile. Pour une fois! Son sourire devint encore plus grand et, oui, pendant un court instant elle avait oublié la glace et le froid.

Pourquoi ? Comme une lame pointée dans son dos. Etrange... pendant un instant, un murmure, comme si quelques chose avait voulu l'interpeller, au coeur du royaume glacé. Mais non, il n'y avait rien. Rien? Perla se retourna, franchement surprise, mais non il n'y avait personne. Juste son reflet déformé dans la paroi de glace brute. Elle contempla un instant son image, puis se retourna d'un coup. Les autres avait déjà avancé. La jeune adulte se lança à leur poursuite, glissa (encore) en voulant aller trop vite et finit par se rattraper, cette fois sur la jeune comédienne du nom de ... alice ? Ah, non, Aalis ! Et elle était l'amie de l'autre, hum... Lulu? La zora fit une mimique, comme pour dire "Désolée, j'aime pas les chaussures ... " Puis leva la tête d'un coup.

Ils étaient devant deux chemins qui partaient, dans deux directions différentes, une intersection : la route coupée en deux. Laquelle prendre? La question était épineuse, et Perla y réfléchit un moment avant de prendre la parole. Elle était loin de vouloir faire un choix mais, puisqu'ils étaient une équipe, il fallait bien que chacun donne son point de vue, non? Elle prit la parole en choisissant soigneusement ses mots:

"La prudence recommande dans ce cas de rester groupés: nous séparés risquerait de nous exposer à des dangers, ou pourrait nous faire perdre. Mais en même temps, vu une situation où nous recherchons justement la réponse à un problème, chaque détails peut être primordial, il faudrait mieux ne rien manquer. "

Elle se tut un instant, et réfléchit, laissant les autres en parler. Entre temps, ils découvrirent une mystérieuse plante. Perla en prit une aussi, convaincue que la Prêtresse savait ce qu'elle faisait d'ailleurs, elle n'a toujours pas l'air très bien... enfin, je la comprends, il fait si froid, et puis cette impression malsaine qui se dégage de cette glace ... fait juste flipper !Elle leva les yeux, après avoir rangé le fruit dans la petite sacoche qu'elle portait autour de la taille, et exposa son point de vue.

"Nous pouvons nous diviser en deux groupes de "compétences" égales, de cette façon nous n'aurions pas trop de problèmes. Et puis je crois que combattre en espace réduit n'est pas très pratique à plusieurs. " Elle les interrogea du regards, "Je propose de nous séparer en deux groupes ; nous n'avons qu'à marquer notre chemin au cas où un groupe voudrait rejoindre l'autre.

Elle avait vraiment très très très peur. Même si elle ne tremblait plus autant, grace à la Déesse, le froid se refermait toujours autour d'elle et Perla avait la ferme impression d'être enfermée dans un tombeau de glace où ils allaient tous mourir glacés... des statues de glace pour l'éternité, et personne n'en saurait rien. Reprends toi ! Elle soupira et regarda la prêtresse en face. Elle était si forte ! Ah, non, sage surtout. Oui, sage. La décision finale lui reviendrait.


Keith Lyne


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(vide)

Keith eut la satisfaction de voir que sa flèche avait blessé une des aberrations qui leur faisaient face. Du moins elle en avait eu l'impression, mais c'était une bonne nouvelle car elle aurait été à court d'idées si ç'avait été inefficace. Se battre à main nues au corps à corps avec ces choses-là semblait plus que risqué sur l'étroit pont glissant. Bien décidée à ne pas laisser la statue de glace qu'elle avait pris en joue les approcher de trop près, elle réencocha prestement une nouvelle flèche et fit feu à nouveau. Elle grimaça toutefois en s'apercevant que la créature avait l'air toujours en forme. Elle disposait encore de presque tout son stock de flèches mais il ne serait pas infini, et ils n'étaient sans doute pas au bout de la route, elle osait espérer qu'elle ne s'était pas trompée et que ses munitions avaient bien un effet. Toutefois elle avait à peine encoché la flèche suivante qu'elle suspendit son geste en voyant débarquer le Héros du Temps du temps sur le pont.

Pieds nus, il avançait à pas prudents vers l'un des monstres de glace. Elle écarquilla les yeux devant le spectacle. Elle ignorait s'il glissait moins ainsi qu'avec ses bottes, mais n'ayant pas suivi la discussion du jeune homme avec la prêtresse, elle ne comprenait pas ce qu'il faisait là si exposé au froid. Elle trouvait de toute façon encore plus inconscient d'approcher leurs ennemis de si près, au vu des souffles glacés qui malgré la distance arrivaient déjà jusqu'à eux, atténués heureusement, et la potentielle chute en cas de glissade. Elle n'avait cependant pas le loisir de s'interroger plus longuement sur les chances de survie du Héros et de concentra à nouveau sur la statue qu'il n'assaillait pas de son épée.

Un coup d'oeil rapide après avoir usé quelques nouvelles flèches lui apprit toutefois qu'il était en danger, exposé au souffle glacé de la créature. Elle s'en apercevait un peu tard, le temps d'encocher une flèche et de viser, d'atténuer les tremblements de son bras dus au froid pour éviter de le toucher et il serait trop tard. Mais alors qu'elle tentait quand même l'opération, elle n'eut pas terminé qu'un caillou la devançait et frappait de plein fouet la statue, stoppant le souffle mortel et glacial. Entendant un cri de triomphe elle jeta un regard derrière elle, sourire aux lèvres.

"Bien joué ! ~"

Mais il valait mieux ne pas trop s'attarder sur une victoire temporaire et se tournant à nouveau face au pont elle ré-arma son arc. Il leur fallut un moment pour venir à bout des créatures mais elle eut un soupir de soulagement lorsque ce fut le cas. Il était vraiment temps, même à distance elle était frigorifiée, pour preuve des cristaux de glaces accrochés tout au long de ses cheveux roux. Elle osait à peine imaginer l'état du Héros du Temps. Elle hésitait toujours : brave ou inconscient ? Dans tous les cas, la témérité lui avait toujours plu. Revenant vers le petit groupe en même temps que le guerrier, elle le félicita en le gratifiant d'une petite tape dans le dos avant de se pencher à son oreille pour murmurer.

"En d'autres circonstances, je t'aurais réchauffé ~"

Elle avait toutefois du mal à se tenir chaud à elle-même alors que Perla les accueillait avec enthousiasme en saluant leur victoire. Elle suivit peu les arrangements entre le Héros et la Prêtresse mais elle sentit une nette amélioration de confort lorsque cette dernière utilisa ses pouvoirs pour sécher leurs vêtements. Elle avait beau garder une distance prudente avec ce qui relevait de la magie, c'était ce genre de tour de passe-passe qui la lui rendait presque sympathique. Certes leur guide avait l'air quelque peu affaiblie après ce sort, mais elle ne savait pas si elle devait s'en inquiéter. Des vêtements secs lui feraient autant de bien qu'à eux, et elle connaissait trop peu la magie pour savoir quelle était la limite, estimant que la jeune femme était seule juge de la sienne.

Elle reprit donc la route avec le petit groupe sans se poser plus de questions que celle de savoir quand elle retrouverait enfin un bon feu de camp et ce qu'ils allaient encore croiser dans ces tunnels. Ils s'arrêtèrent finalement en découvrant que le chemin se séparait en deux parties. Leur guide proposait deux solutions : soit ils restaient groupés, soit ils se séparaient pour explorer les moindres recoins. La Zora exposa à haute voix les avantages et inconvénients de chaque solution. De toute évidence il était plus risqué de se séparer, mais ils risquaient moins de passer à côté d'un détail. Au plus vite ils auraient résolu le problème de ce froid malsain et au plus tôt ils retrouvaient une chaleur salvatrice. Elle n'avait pas l'intention de tourner en rond indéfiniment dans cet enfer glacé.

Alors qu'elle réfléchissait, les autres venaient de trouver des graines et chacun en prenait sa part. Pourquoi pas ? Elle n'en voyait pas immédiatement l'utilité mais ils ne risquaient pas d'en trouver à tous les croisements et c'était léger à transporter. Sitôt qu'elle les eut rangées dans son sac, Perla ramena le sujet de la suite de leur petite promenade dans la neige, préconisant finalement la séparation. C'était la solution qui lui semblait la plus judicieuse, de même qu'il valait mieux que chaque groupe soit paré à faire face aux difficultés. Elle jeta un coup d'oeil à Link, se demandant s'il pensait la même chose qu'elle : il valait sans doute mieux qu'ils prennent chacun une direction différente.

"Je suis du même avis. Je vais prendre à gauche avec les volontaires. Le Héros du Temps n'aura qu'à accompagner le reste du groupe à droite. C'est dommage qu'on ne puisse pas communiquer à distance, je crois que les cris seraient une bien mauvaise idée dans cette caverne, mais si un groupe trouve quelque chose, il n'a qu'à essayer de laisser un signe derrière lui au cas où l'autre passe par là."


Link

Héros du Temps

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Il grinça des dents tandis que le souffle gelé ondulait à quelques pouces de son faciès, là où il se tenait quelques secondes plutôt. Le froid qui cristallisait dans l'air aurait rongé ses os s'il n'avait pas eu le temps de jeter sa carcasse - maigre et noueuse - en arrière. Et désormais, c'était tant ses pieds que ses mains que l'Hiver attaquait avec une férocité nouvelle. Il manqua de grogner mais parvint à conserver le silence, alors que ses muscles bandés commençaient à le lancer. La peste que ces golems ! Une larme de sueur marquait son front, courrait sur sa tempe et poissait ses cheveux tandis que le souffle de la bête jamais ne faiblissait. L'homoncule de glace lui même ne semblait pas frémir ni faillir et l'aigreur du canal sur lequel il combattait lui brûlait les doigts mieux qu'aucune flamme n'avait jamais su le faire. Tout cela commençait à lui peser, plus lourdement qu'il ne l'aurait pensé. Sa respiration devenait plus difficile, à mesure que l'air ne se raréfiait autour de lui et s'il n'aurait pas donné cher de sa vieille peau, une fois prise dans l'haleine polaire de la créature, il lui tardait de pouvoir se relever.

L'Hylien l'entendit à peine, mais il laissa échapper un râle alors que le premier Veilleur de Verre s'effondrait dans un bruit cinglant. Accablée de projectiles que l'Enfant-des-Bois peinait à distinguer, la créature s'était tout simplement brisée, comme lorsqu'une bouteille roulait d'un comptoir et épousait la pierre une fois de trop. Et elle n'était pas la seule à glisser : le verglas du pont emportait doucement mais sûrement des talons qu'il ne parvenait pas à ancrer correctement dans le gel. Se sentant déraper, il inspira profondément alors que résonnait le claquement sec de la corde qui se détend. Jouant des bras, il gratta la glace pour pouvoir mieux enfoncer ses poings. Il lui semblait qu'un Enfer Polaire et vorace s'enflammait sous ses ongles, érodait ses doigts, dévorait ses bras et consumait son être. Ses lèvres se pinçaient et ses traits se durcissaient, à mesure qu'il n'arrachait au sol ses deux meilleurs appuis. Quand les projectiles percutèrent enfin le Soldat d'Hiver, ses propres pieds filaient droit vers ce qui faisait office de tronc à la sculpture de glace.

Le cristal ne tarda pas à se fendre sur toute la longueur, avant de se séparer. Ce qui faisait office de tête chuta, percée d'un trait enfoncé jusqu'à l'empennage. L'acier sacré perfora la surface du pont, tandis qu'il s'appuyait lourdement sur la hampe de sa lame pour se relever. D'un coup d'oeil, il remarqua la fracture à la mâchoire et le galet qui obstruait la gorge. Il s'accorda un soupir, tandis que ses jambes tremblaient plus que de raison, plus qu'il ne l'aurait souhaité. Cela faisait des années qu'il n'avait plus eu froid. Pas de la sorte, du moins. Depuis sa tendre enfance, il n'avait eu que les étoiles comme toiture, le vent et la pluie pour unique édredon. Il avait grelotté, souvent, mais jamais il n'avait eu à souffrir de la sorte d'un froid si... contre-nature. Tirant l'épée de la glace, il s'approcha du groupe, à petits pas, cherchant Flora du regard. S'il avait jadis été droit, il se sentait désormais frêle... et gelé. « Corps-dieu...— » murmura-t-il en se remémorant quelques réflexes de survie, appris lors de ses passages par les Pics des Neiges et les Terres du Jarl. Sans se séparer de son arme, il ramena ses mains bleuies par l'Hiver jusqu'à ses lèvres, pratiquement scellées par le givre. Du mieux qu'il put, le va-nu-pied commença à souffler, dans l'espoir de réchauffer les doigts qu'il ne sentait plus.

Avant qu'il ne la remarque, la rouquine lui murmurait quelques mots doux à l'oreille. Ses mains avaient beau dissimuler ses joues, au moins en partie, elles ne s'en teintèrent pas moins d'un rouge chaud, aux reflets rosées. « Je... C'est que... — », bredouilla-t-il maladroitement, d'une voix tout juste plus forte que celle de la jeune femme qui le devançait déjà. Instinctivement, sans doute puisqu'il ne s'en rendit pas compte immédiatement, son regard commença à suivre la chasseresse, puis à envelopper sa silhouette. Quand il réalisa que ses yeux suivaient presque le balancier qu'improvisaient les hanches de l'archère, les extrémités de ses esgourdes elles-même viraient au cramoisi. La chasseuse était déjà loin, en train d'échanger avec le reste de ses camarades d'infortune de sujets qu'il saisissait tout juste... Dieu qu'il avait froid. Lentement et sans un mot de plus, il se rapprocha. La Prêtresse parlait de graines comme de véritables porte-bonheur. En dépit du caractère dramatique de la situation, il ne put s'empêcher un léger sourire : des années plutôt, il avait cessé de compter sur les Déités et les légendes. Les combats et les jours sombres lui avaient appris à croire davantage en la force de son bras qu'en celle de héros de contes et de jadis. C'était l'un des aspects qu'il retrouvait et qu'il appréciait chez Llanistar.

"Si tu y tiens." Souffla-t-il doucement à l'attention de la Dame Bleue, tant en récupérant ses bottes qu'en attrapant une des petites graines. Sa bourse restait bien trop vide pour qu'il puisse de toute façon protester. « Je doute que cela serve beaucoup, mais si cela peut te faire plaisir ~ », lui glissa-t-il en privé, un ton taquin dans la voix. Derrière lui, des groupes s'organisaient et décidaient des directions dans lesquelles s'aventurer. « Puisque nous devons nous séparer... » Commença-t-il, à l'adresse de la jeune femme de foi, ramenant son regard à la hauteur du sien. Ses mains partirent à la recherche de sa sacoche et ses doigts se refermèrent sur l'aiguille de glace qu'il avait su arracher à la porte. « Prends-ça. » Fit-il, lui glissant l'objet entre les mains. Il n'était pas très long, fin et pointu. Froid également. Et s'il n'avait rien d'une arme, peut-être pourrait-il représenter une forme de présence, ou bien la magie de Flora del Carmen saurait le transformer. « Courage. Et Sagesse. Reste prudente. » Conclua-t-il, refermant les mains de l’ecclésiaste sur cette presque-dague qu'il lui offrait.

Se retournant après avoir enfilé ses bottes, il jeta un regard sur l'intégralité de l'assemblée. Il croisa celui de Keith, de Perla mais aussi celui des comédiens. « Je prendrais au nord. » Lança-t-il après un temps de silence. L'air grave qu'il arborait dorénavant tranchait résolument avec celui presque taquin qu'il avait un peu plus tôt. « Qu'un d'entre vous m'accompagne. Le reste suivra le chemin de Flora. » Lâcha l'Oublié de Farore, avant de s'élancer vers le sentier étriqué qu'il avait choisi d'emprunter. Il ignorait qui s'était désigné pour partager sa route, et s'inquiétait davantage de qui choisirait de guider son amie, en vérité.

Sa main vint s'appuyer sur la glace qui recouvrait la paroi, tandis qu'il se baissait pour pouvoir entrer. « La peste... ! — » Siffla-t-il, agacé, quand son front épousait un insolent stalactite. Il lui avait pourtant semblé que la traverse dans laquelle il s'était engouffré était vide une seconde auparavant. Un étrange pressentiment serra sa gorge, au fur et à mesure qu'il ne progressait. Sans en être véritablement sur, il avait l'impression que petit à petit les murs se rapprochaient et que l'Hiver menait le givre vers eux, comme les Bois savaient étouffer et pendre ces fameux « Hyliens de trop ». Il ne déglutit pas quand le froid commença à grimper le cuir de ses bottes, mais sa main gagna la hampe de l'épée qu'il avait attaché à sa ceinture avant de pénétrer. « Tu t'en so... — » Commença-t-il, à l'attention de celui ou celle qui s'était décidé à l'accompagner avant que ne croassent les premiers corbeaux. La paume de sa main s'écrasa contre la cloison, gelée. Le ramage des oiseaux et le bruissement du Noroît composaient une litanie sinistre, mortelle. Il frissonna alors qu'un étrange verglas semblait mordre jusqu'à ses os, s'infiltrer à l'intérieur de ses chaires et de son être.

Son camarade le heurta et il réalisa seulement qu'il s'était immobilisé. Anticipant une remarque ou une question, il plaqua sa main gauche - celle qui tenait la fusée de sa lame - sur la bouche de son compagnon. « Pas un mot. » Intima-t-il en chuchotant. Plus ils s'enfonçaient dans les entrailles de cette caverne, plus il lui semblait que la neige et la glace blanche de jadis se teintait d'un rouge sang noirci par les âges. Faisant preuve d'une précaution rare, il hissa le pied gauche et l'avança dans un silence presque total, avant de le reposer, débutant une marche plus furtive et plus complexe que jamais. Un aventurier qui ne témoignait pas d'une certaine vivacité d'esprit aurait tôt fait de finir enfoui sous la calotte polaire qui leur servait de sentier. Le chemin bifurqua une fois, après près de cinquante pas. Toujours accroupi, le Héros déchu grinça des dents. Lentement mais sûrement, ce pas de loup et cet aplomb de vieillard l'usait.

Le sentier s'arrêta, soudainement. Il ne le comprit que quand son pied s'enfonça dans le vide. Le vent continuait de souffler, fort, tandis que les corbeaux piaillaient encore. Sur la Caverne de Glace était tombé un noir de nuit. Ses doigts lui sauvèrent sans doute la vie, quand ils se refermèrent sur le rebord de givre. Il grogna en se cognant contre la falaise de glace. Aussitôt, deux loups jappèrent, puis hurlèrent. « Funérailles..— » Grommela-t-il, avant de se laisser tomber de la petite fenêtre. Ses bottes s'enfonçaient dans la poudreuse quand il tira son épée, brillant et scintillant de reflets bleutés. Deux torches, puis quatre, aux flammes azurs s'allumaient, dévoilant la dépouille d'un boucanier trop sûr de lui, mort de froid. Ca et là, son armure fissurée avait laissé le gel remplacer les protections. Et lentement, dans un faisceau de lumière cobalt, les morts se relevèrent, prêts à marcher de nouveau. Les corbeaux croassèrent, avant de se nicher sur les épaules du cadavre. Son regard sans vie, fixé sur l'intrus, il articula, bougeant tant bien que mal la mâchoire, sans qu'aucun son ne passe ses dents salies et rongées.

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Luka

Le Changelin

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« Oh, bien ! Merci, Prêtresse ! »

Luka était aux anges, maintenant que l'édile de Nayru avait usé de sa magie pour retirer l'eau gelée qui couvrait les vêtements de tout le monde. Le comédien se sentait enfin libre de ses mouvements. Il s'empressa d'ailleurs de soutenir la jeune aveugle, celle-ci était sans doute affaiblie par sa brusque combustion d'énergie... Son visage pâlot lui faisait de la peine à voir, mais il n'avait malheureusement rien sur lui qui puisse soulager un peu son épuisement momentané. Si encore, il avait eu l'idée de ramener une petite gourde à alcool... Mais non, rien.

« Merci, mais je vais bien, »
lui assura pourtant la jeune sainte, et le garçon s'inclina face à sa volonté. Il la lâcha, et s'empressa de rejoindre Aalis. La présence de son amie en ces lieux hostiles l'ancrait à une sorte d'optimisme qu'il accueillait à bras ouverts. S'il fallait vraiment mourir, autant mourir le sourire aux lèvres.

Ils avancèrent, sous la conduite de la Prêtresse. Lorsque celle-ci s'arrêta à une intersection, la jeune Zora - Perle, ou Perla, il ne savait plus trop - percuta Aalis et manqua de faire trébucher à la fois celle-ci et Luka qui se tenait tout juste à côté. La fille de l'eau leur adressa une petite mimique désolée, que le comédien trouva à croquer. Il lui décocha un sourire rassurant ; ce n'était pas grave, elle avait tout simplement glissée. Mais avant qu'il puisse ouvrir la bouche, l'édile de Nayru le devança :


« Que proposez vous ? Se séparer pour tout explorer ? Ou rester grouper avec le risque de manquer un élément capital a notre quête ? »

« Je propose de nous séparer en deux groupes ; nous n'avons qu'à marquer notre chemin au cas où un groupe voudrait rejoindre l'autre, » s'aventura la jeune Zora, l'air un peu inquiète tout de même. En percevant son hésitation, Luka sentit un frisson d'angoisse, comme un mauvais présage, parcourir sa nuque. Par instinct, sa main gantée vint se nicher au creux du coude de Lis. Il n'osa pas la regarder, mais le message qu'il lui envoyait était clair : hors de question de se séparer maintenant.

« C'est dommage qu'on ne puisse pas communiquer à distance, » songea Keith à voix haute, et ce simple bout de phrase figea le jeune homme sur place. Il manqua bien le restant de la discussion, car il avait une idée. Etait-ce réellement envisageable ? Sa main se resserra légèrement sur le bras de son amie, alors qu'il réfléchissait à toute vitesse. Il était déjà mentalement lié à Lis ; par un effort de concentration, il pourrait lui envoyer des informations sur ce qu'il voyait présentement... Mais il avait si peur de la quitter. Cette fois-ci, il baissa les yeux vers elle, ce petit bout de femme qui lui était devenue beaucoup plus précieuse que n'importe quelle soeur de sang, et il sut qu'il ne pourrait pas.

Ses yeux parcoururent l'assistance, attentivement.


« Qu'un d'entre vous m'accompagne, » indiqua Link. « Le reste suivra le chemin de Flora. »

Qui prendrait la route du Héros ? Perla, ou bien Keith ? Quelque chose dans l'esprit combattif de cette dernière lui donnait l'impression que la balance pencherait peut-être plutôt de son côté, et sans trop y réfléchir, le comédien s'avança vers elle. L'air grave, il attira l'attention du petit groupe hétéroclite qu'ils formaient ensemble :

« Je connais un moyen de communiquer à distance, sans user de sa voix. Je... » Une brève hésitation, car il n'aimait pas parler de lui devant une flopée d'inconnus. Mais cela pouvait bien s'avérer une question de vie ou de mort ; il se lança à nouveau, d'un ton plus assuré : « J'ai la chance d'avoir été doté d'un pouvoir qui peut me permettre de relier mon esprit à celui d'un autre. Je n'ai jamais essayé de le faire consciemment, à vrai dire, mais je peux toujours tenter. C'est une sorte de... pont mental, je n'ai pas de meilleurs termes, et nous serions donc peut-être en mesure de faire circuler des informations aux membres de l'autre groupe, même si nous sommes séparés. »

Il retira soigneusement l'un de ses gants, malgré le froid, et adressa un faible sourire à la chasseresse, la plus hardie d'entre tous. Il lui tendit sa main nue. De l'autre côté, il effectua une pression sur le bras de Lis, avant de la relâcher, comme pour lui inciter de passer sous silence le lien spirituel qui la connectait déjà à lui-même. A Keith : « Souhaitez-vous suivre les traces du Héros, ma dame ? Si tel est le cas, ou si quelqu'un d'autre souhaite se désigner, » (et à ces mots, son regard se posa sur Perla, interrogatif), « je vous en prie, serrez ma main. Je ne souhaite qu'une seule chose : trouver la source de ce mal, la vaincre au plus vite, et sortir de cette maudite grotte une bonne fois pour toutes. Bien sûr, vous avez vos secrets, tout comme j'ai les miens, et je ne compte pas les violer ; liez-vous simplement à moi, et vous saurez à peine que je suis là tant je ne m'immiscerai pas dans vos affaires. »

Alors qu'il attendait une réponse, le jeune homme crut entendre Lis s'exclamer derrière lui, et il pivota légèrement de la tête pour s'apercevoir que celle-ci avait trouvé des graines étranges à quelques pas du groupe. La Prêtresse s'empressait de les examiner, mais de là où il se trouvait, le comédien ne pouvait pas bouger. Ses yeux ocre revinrent se fixer sur le reste du groupe, alors que son esprit se préparait mentalement à quitter les limites de sa chair. Pas trop intrusif, jamais ; il manierait son élément avec prudence, il le savait d'avance, car il souhaitait tout autant protéger son palais de mémoire que protéger l'intimité de l'autre.

~ Prends une graine pour moi, veux-tu ? ~ pensa-t-il très fort, en essayant d'orienter son esprit vers le pont qui existait déjà, solide et stable, entre Aalis et lui. Il ne savait pas si elle avait accusé réception, mais du moins, il testait déjà l'efficacité du procédé. En continu, ces connexions finiraient par l'user mentalement, mais pour l'instant, il n'avait pas l'impression de puiser dans ses réserves d'énergie.


Aalis


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Elle répondit à la chasseresse par un sourire lorsque celle-ci la félicita, avant de reporter son attention sur les golems. Ils finirent par les achever, au bout d’un certain temps, au cours duquel elle fut si concentrée qu’elle en oublia d’être impressionnée par la précision des tirs de la rouquine et la bravoure du Héros. Qui lui revinrent en pleine face lorsque le dernier de ces monstres ne tint plus, et que, un peu rouge, elle les laissa marcher derrière elle tandis qu’elle se hâtait de rejoindre leur groupe, souriant encore une fois, encore gênée, à la petite Zora qui les accueillait joyeusement. Elle serra brièvement la main de Flora lorsque celle-ci la lui tendit, en signe de respect, ce geste de reconnaissance lui donnant la sensation de faire véritablement partie du groupe qu’elle commençait à connaître un peu.

Elle se hâta de rejoindre son ami, point de repère tangible dans ce monde de fous. (Foutre-Din ! Jamais elle ne se les était autant caillées de toute sa vie !) et poussa un long et audible soupir de soulagement lorsque la prêtresse usa de sa magie pour sécher leurs vêtements.


« Par les Trois, pour sûr que vous êtes une sainte ! »

Oups. On ne jure pas devant les Choisies des Déesses.

« Sauf votre respect ».

Et la petite troupe, hétéroclite il est vrai, mais solidaire face au froid qui restait mordant malgré l’amélioration notable apportée par la mort des freezards et le sort de la prêtresse, se remit en marche, vaillamment… Avant qu’un petit bolide ne lui rentre dedans, manquant de faire se rencontrer sa face avec le sol glacé de la caverne. Elle se retourna, et vit la petite Zora... hm… Perla, lui faire une mimique d’excuse. Elle lui fit un geste de la main pour lui signifier que ce n’était rien. Elle pouvait imaginer le désarroi de cette petite. C’était son peuple, les siens, sa famille à elle qui était concernée en premier lieu par ce froid inhabituel. Normal qu’elle ait des petits moments d’égarement. Elle la prit par un bras pour la soutenir un peu - le terrain était glissant...- mais la lâcha bien vite, lorsqu’ils se retrouvèrent pris entre deux chemins possibles.

Elle approuva lorsque l’idée fut émise de se séparer : plus vite ils trouveraient ce qui causait ce froid anormal, plus vite ils sortiraient d’ici, ce qui n’était pas pour lui déplaire. Elle n’avait jamais été une amoureuse des trous glacés.


« C'est dommage qu'on ne puisse pas communiquer à distance, »lança alors Keith, et elle tourna de suite la tête vers son ami, une pression dans le creux de son bras lui indiquant qu’il avait pensé à la même chose qu’elle. S’il y avait quelqu’un qui pouvait faire l’office de pigeon voyageur instantané dans ce groupe, c’était bien lui. Il ne lui avait jamais vraiment communiqué des mots via le lien mental qui le reliait à elle, mais il lui était arrivé à plusieurs reprises de capter des émotions, des couleurs, lorsque celui-ci désirait les lui transmettre. C’était quelque chose qu’il tenait généralement secret, mais étant donné les circonstances…

Alors qu’il s’approchait des potentielles candidates, elle laissa son regard vagabonder, et partit farfouiller dans les alentours. Deux bêtes chemins glacés, dans cette bête caverne glacée. Sur le plafond, des stalactites, et entre les rochers, glacés eux aussi, des petites graines étaient nichées. Quoi ? Des petites graines ? Quel genre de type était allé fiche des graines ici ?


« Hé, regardez », lança-t-elle à la cantonade. « En voilà un drôle d’endroit pour voir pousser des graines ! »

Elle en prit une poignée, pour les faire circuler dans le petit groupe qui s’était rapproché. Elle ne savait pas trop pourquoi il fallait en prendre, mais eh, elle n’était pas là pour discuter les ordres d’une prêtresse.

*Prend des graines pour moi, veux-tu ?*

Elle se figea, un instant, son regard cherchant celui de Luka. Sa voix venait d’émerger dans sa tête. Première fois qu’il lui faisait le coup. Elle n’était pas préparée. Ça faisait bizarre.

Elle prit des graines pour lui, essayant de se rendre bien visible lorsqu’elle enfourna une poignée supplémentaire dans sa sacoche. Bien reçu.

Elle remarqua avec soulagement que le Héros avait choisi le chemin qui semblait le plus ardu à emprunter. Pas qu’elle était froussarde, hein. Juste qu’elle ne ferait sûrement pas montre des mêmes capacités qu’un type qui avait été élu par les Déesses. Attrapant de nouveau son ami par le bras, elle s’aventura à la suite de la prêtresse. Elle se tourna vers la personne qui avait suivi le même guide qu’eux, et lança d’un air joyeux.
« Et bien, je suppose qu’il faudra bien compter sur nos bras, à présent. »


La prêtresse de Nayru sentit l’incompréhension de la part des ses compagnons et en même temps de la reconnaissance pour avoir asséché leurs vêtements. Pourtant elle insista quant au sujet des graines, sans pour autant en prendre elle même. Elle venait de remarquer que le contact lisse des petits objets lui brûlait la peau, sans pour autant laisser une cicatrice. Un frisson la parcourut, alors que des pas se rapprochaient d'elle.

Quelques paroles qu'elle n’écouta pas, un peu perdue dans ses pensées. Un objet froids qui se glisse entre ses doigts
« Courage. Et Sagesse. Reste prudente. Je prendrais au nord. » Quoi ?? Elle leva les yeux, inutiles bien sur mais qui étaient marqués par la surprise  « Qu'un d'entre vous m'accompagne. Le reste suivra le chemin de Flora. »

Non ! Décidément ce n'était pas a ça que Flora pensait en proposant de se séparer. Elle comptait sur un équilibre de leurs forces et voilà que leurs deux bretteurs s'en allaient ensemble. Flora tremblait, un peu jalouse – non terriblement jalouse - de l'assurance Keith. « Oui crier a travers les couloirs … Pourrait attirer l'attention sur nous. » Songeuse et rêveuse, Flora laissa a chacun le soin de choisir son chemin. Bientôt il n’eut plus qu'Aalis, Luka et Perla a ses cotés. Ses doigts gourds serraient l'aiguille gelée, elle devait faire attention a ne pas y rester collée. Pourtant elle tenait cette arme improvisée non pas comme une épée, ou autre objet tranchant, mais plutôt comme un bâton, de mage, ou plutôt comme sa canne blanche : a deux mains, remontées sur son sternum. Un peu comme un trésor aussi.

« Et bien, je suppose qu’il faudra bien compter sur nos bras, à présent. » Flora écouta les pas de Link et Keith s’éloigner. Un long frisson, désagréable, lui remonta depuis les reins jusque dans la nuque. Elle avait toujours cette horrible sensation. Celle de quelqu'un en train de les observer. Depuis un moment elle avait l'impression qu'on lui chuchotait a l'oreille. Des mots pour le moment intelligibles, sans queue ni tête, mais au ton si inquiétant. La Prêtresse secoua la tête, pour chasser ce sentiment. Aalis avait raison et il était plus que temps de se bouger un peu.

« Alors allons y. » murmura-t-elle en tournant les talons, une main posée sur les parois de glace.
Luka avait raison. Crier pour se faire entendre d'un groupe a l'autre n’était pas une bonne idée. Celui de la prêtresse put bientôt le constater, quand ils perçurent les cris d'une meute de loups. Ces bêtes avaient élu domicile dans les grottes et maintenant il était l'heure de chasser.


« Je crois qu'on risque d'avoir un problème. » souffla la Prêtresse de Nayru. Elle ferma ses yeux, regrettant que les deux combattants de leur groupe soient partis.
Les animaux surgirent du tournant suivant. Au nombre de trois, chiffre raisonnable pour leur troupe. Pour le coup, elles sont ou les compétences égales là??

Ce compte est un compte narrateur : les personnages joués par le narrateur ne peuvent pas être utilisés par les joueurs ou joueuses dans leur post (sauf autorisation d'un admin) et les jets de dé du narrateur sont contraignants.



Perla


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Ah~ il y a quelque chose de pourri dans l'air. Moins qu'une odeur exécrable, c'était cette ambiance froide et pourtant poisseuse, cette impression d'incertitude qui rendait la jeune Zora très nerveuse. Ils ne faisaient qu'avancer sans un réel but, ni aucune idée claire de quoi chercher. Et il y avait ce vide, comme si une énorme erreur s'était glissée dans le scénario. Non, définitivement, elle ne voulais pas finir en glaçon pour thé à la menthe.

Pourtant, c'est très bien partit pour finir en morceaux à ramasser à la petite cuillère.
Que les deux combattants expérimentés partent ensemble n'était pas VRAIMENT ce qu'elle voulait dire par répartition équitable. Attends, c'est moi qui vient de penser ça? Un moment de doute, qui passa. A partir de maintenant, il fallait serrer les dents très fort et oublier le reste. Allons-y donc. Tout se passera bien, je ne vois pas pourquoi on devrais avoir des problèmes. Hein? Et puis cette Aalis avait raison, il fallait avoir confiance en leur capacités. Que Nayru nous protège...

Serrant son écaille entre sa mains aux doigts gelés, perla se lança à la poursuite de la prêtresse. Pendant qu'il marchaient ainsi, elle se rapprocha de ce, heu... Luka! Oui, voilà, Luka. Il venait de dire quelque chose qui, pour elle, était vraiment très intéressant...

"Alors, demanda-t-elle en calquant ses pas sur les siens, tu as réussi à ouvrir un lien avec Keith?

Elle ne voulait bien sur pas être oppressante, ou envahissante. Ce n'était qu'une question intéressée et oblique. Pour faire plus amble connaissance. Après tout, ils étaient tous dans le même bateau ; ou la même galère plutôt. La même caverne pour être exact. Oh, la ferme, petite voix. La Zora sourit au comédien. Il lui avait l'air d'être quelqu'un de très sympathique, pourquoi ne pas s'en faire un ami? Et puis...

"Pour être honnête, je voudrais bien essayer aussi. Je connais quelque chose de légèrement semblable... enfin, c'est totalement inconscient!"

Elle lâcha un sorte de rire nerveux, à placer sur le compte du stress, et redevint immédiatement sérieuse. Le moment n'était pas à la plaisanterie.

"Enfin, je ne voudrais pas t'embêter, mais est-ce que je peux te poser une question? Sans attendre de réponse précise, elle poursuivie, afin de s'expliquer plus amplement : Est-ce que tu sais d'où te vienne ces "pouvoirs" ? Moi, il m'arrive seulement de ressentir des émotions qui ne sont pas à moi, comme ça. Je ne peux même pas l'empêcher. C'est pour ça que je cherche quelqu'un qui... "

Mais cette phrase n'était pas à terminer, car voilà : elles... euh, ils étaient attaqués ! Rah, elle aurait dû le savoir. Mais que faire, que faire? Elle jeta un coup d'oeil semi-désespéré aux deux autres à côté d'elle, puis se retourna. Déjà, la prêtresse! Perla s'avança à côté d'elle pour l'aider. Les loups étaient encore loin, mais ils se rapprochaient à une vitesse dangereuse. En quelques mots, la Zora décrivit la situation plus exactement à la prêtresse: la taille des bêtes, leur localisation. Tout en faisant cela, elle essayait de trouver quelque chose aux alentours qui pourrait les aider. Quelques stalactites pendaient du plafond, peut-être pourraient-ils en faire tomber? Mais non, c'était trop dangereux. Effrayer les bêtes, les repousser, était peut être possible.

Il était l'heure de compter sur soit-même. Et peut importe si aucune de ses compétences ne pouvaient être utiles en cet instant, elle se battrait. Il n'y avait pas de retour possible. C'est ce qu'elle avait toujours voulu, non? Se battre? Et soudain, regardant à nouveau les cristaux, mais ceux qui montaient du sol cette fois, elle eut une idée folle.

Le premier loup arrivait tout près d'eux! Sans hésiter plus, Perla donna un grand coup de pied dans un petit stalagmite, le plus proche, pour le couper. Elle se cassa passablement le pied, mais finit avec un gros morceau de glace pointue entre les mains. Un rapide coup d'oeil en arrière pour s'assurer que les autres s'en sortaient plus ou moins bien, puis la Zora pointa le glaçon devant elle. Que le monstre, vienne. Dans cet univers de glace, elle l’accueillerait avec une froideur pointue.

[Quelqu'un à une ceinture pour me fouetter pour ce retard monstre? Et aussi pour cette réponse à un quaota -1 inspiration? y_y ]


Keith Lyne


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Alors qu'elle se demandait toujours comment ils pourraient efficacement communiquer si l'un des deux groupes trouvait une sortie, le Héros annonça d'un air décidé qu'il partirait vers le nord et qu'une personne pouvait l'accompagner, les autres resteraient auprès de la prêtresse. Sans doute souhaitait-il la savoir entourée autant que possible. La chasseresse n'avait pas manqué de remarquer combien il se montrait généralement prévenant envers la religieuse.

Elle jeta un regard au reste de la troupe improvisée. De toute évidence, vu comme ils étaient accrochés l'un à l'autre, les deux jeunes gens qui les avaient rejoints en cours de route ne souhaitaient pas se séparer. Toutefois, le jeune homme s'approcha d'elle pour lui révéler sa capacité à entretenir une sorte de lien mental à distance. Keith l'écouta attentivement, avant de le regarder retirer son gant et tendre sa main. C'était tout ? Il suffisait de serrer une main et il serait capable de faire irruption dans son esprit ? Sans doute aurait-elle dû se méfier plus souvent des politesses. Un peu hésitante face à une sorcellerie qu'elle ne comprenait pas et qu'elle était donc incapable de maîtriser, elle refusait pourtant de reculer comme une couarde. Avaient-ils vraiment le luxe de se séparer sans aucun moyen de communiquer entre eux ?

Elle aurait aimé pouvoir prétendre ne rien avoir à cacher, mais c'était loin d'être le cas. Au moins, parmi les secrets qu'elle cachait, la majorité n'avait que peu d'importance pour son entourage, c'était elle qui refusait de s'y confronter. Pour le reste, c'était un risque à courir.

"De toute façon, je coupe les langues trop bien pendues ~"

C'était une plaisanterie comme le laissait suggérer le ton, et elle n'avait jamais réellement mis à exécution cette menace. Ceci étant, le doute pouvait toujours être dissuasif, et le message restait sérieux : motus et bouche cousue. Espérant que sa part de louve ne pourrait pas être ressentie par ce... "lien ?", ou que le jeune homme saurait retenir sa langue, elle soupira puis tendit la main pour serrer celle qui lui était tendue.

"Et euh... C'est bon comme ça... ? ..."

La jeune femme n'avait jamais eu d'affinité particulière avec la magie, et cette poignée de main ne différait pas pour elle de celles dont elle avait l'habitude. En guise de test elle se concentra fort sur le mot bonjour, autant qu'elle le pouvait, espérant qu'il l'entende et qu'elle pourrait faire de même s'il essayait de communiquer avec elle. Elle attendit donc patiemment que l'expert lui fasse signe que tout était bon de son côté. Après tout, c'était à lui de faire le plus gros du travail.

"Fais-moi signe si vous trouvez quelque chose, je tâcherai d'en faire de même. Et... Appelle-moi aussi si les choses tournent vraiment mal. On fera demi-tour. Si on peut du moins."

Au vu de l'organisation qui se mettait en place, il semblait qu'elle allait accompagner le Héros vers le Nord, puisqu'elle était en mesure de servir de lien entre lui et le reste du groupe. Cela déséquilibrait toutefois leurs forces, même si elle ignorait les capacités magiques de la Prêtresse qui prenait la tête du second groupe, ce n'était de toute évidence pas une habituée des combats. D'où son conseil.

Une fois ce détail arrangé, elle se hâta de rattraper Link qui l'avait devancée. Il semblait assez peu soucieux de savoir qui l'accompagnerait, il n'avait même pas attendu de voir de qui il s'agissait. Et il avait emprunté le chemin qui semblait le moins agréable. Les étroites galeries qu'ils suivaient les rendaient encore plus vulnérables au froid. Son silence invita Keith à passer ses plaintes sous silence, mais l'envie de pester sur leur route ne manquait pas. Agacée, elle évitait au possible de rester trop longtemps immobile, sinon elle ressentait l'impression que la glace tentait de se saisir d'elle, seuls des mouvements un peu plus violents l'en libérait.

Enfin, le jeune homme sembla se rappeler qu'il était suivi, et il s'apprêta à s'adresser à Keith avait d'être interrompu par des cris de de corbeaux. Le bruit sembla attirer son attention plus que de raison, et la jeune femme qui avait continué à avancer sur sa lancée se heurta à lui. Pourquoi s'était-il arrêté comme ça ? Elle s'apprêtait à lui en demander la raison quand il lui intima le silence. Rassemblant ce qu'il lui restait de patience, elle attendit sans un mot qu'il se remette en route, poussant un soupir avant de le suivre tout aussi précautionneusement. Leur progression pouvait donc être encore plus inconfortable et lente. Et monotone en plus. Keith devait prendre sur elle pour ne pas faire de remarques, mais elle soupçonnait que l'injonction au silence qui lui avait été faite, et le redoublement de prudence dans leur avancée ne trahisse certaines faiblesses du chemin qu'ils suivaient. À choisir, elle préférait ça à subir une chute dans les profondeurs de la caverne ou rester coincée dans ces affreux tunnels.

La régularité de leur progression ne rendit que plus surprenante la chute de son guide. Le temps qu'elle tende sa main, le Héros s'était de toute façon rattrapé au bord par lui-même. Elle entendit des cris de loup qu'elle avait un peu de mal à localiser, et en frissonna. Les loups, elle connaissait. Ces cris, ils n'avaient rien de naturel. Elle tendit sa main pour aider son compagnon à remonter quand il eut l'air de volontairement lâcher la paroi. Elle soupira avant de descendre précautionneusement à sa suite. Après tout ils n'avaient pas vraiment le luxe d'emprunter un autre chemin.

Lorsqu'elle retomba à côté de lui elle sentit la neige crisser sous ses pieds. Instinctivement ses mains vinrent protéger ses yeux. Après leur progression dans la pénombre, les torches qui brûlaient autour d'eux étaient éblouissantes. Et la lueur qu'elles dégageaient étrangement colorée. Comment ces flammes pouvaient-elles brûler là ? Depuis quand ? À tout bien réfléchir elle n'avait pas repéré de lumière avant de suivre son compagnon.
Lorsqu'elle découvrit ses yeux, elle dut cligner plusieurs fois avant de croire ce qu'ils lui montraient. Un mort, qui se relevait.


"Ruth.... !"

Elle n'avait pas pu retenir un juron. Combien de fois ne s'était-elle pas moquée de ceux qui croyaient ces contes à dormir debout qui servaient juste à effrayer les enfants et les naïfs ? Ce qu'elle avait sous les yeux n'était tout simplement pas possible, et pourtant, c'était là, bien réel. Le mort les fixait, semblant tenter d'articuler un message. En vain.

Elle jeta un rapide coup d'oeil au Héros. Il semblait moins surpris qu'elle et n'avait pas attendu pour tirer son épée. Par réflexe plus que suite à une véritable réflexion, elle sortit son arc, encocha une flèche et tira. La rapidité pouvait parfois se révéler salvatrice, mais cette fois elle lui tira seulement un nouveau juron. Si ses yeux ne la trompaient pas, elle avait vu le projectile tranverser la gorge du monstre qui leur faisait face, pourtant il n'avait même pas démontré le moindre signe de douleur. Aucune réaction. À quoi est-ce qu'elle s'attendait ? L'ennui c'était qu'elle ignorait ce qui pouvait venir à bout de cette chose.
Avant d'épuiser son stock de flèches, elle fouilla dans sa mémoire aussi vite que possible, essayant de se remémorer ces histoires qui lui tiraient plus de rires moqueurs que de crainte. Argent, feu, sortilèges, ... Elle ignorait lesquelles étaient vraiment efficace mais n'avait rien de ce qui lui venait à l'esprit. Le seul feu à portée de vue n'avait absolument pas une couleur naturelle, sans compter que les torches étaient placées trop haut. De la roche, bien que réticente, elle aurait pu l'escalader, de la glace ce n'était pas la peine d'y penser. Le reste elle n'en transportait pas.


Déjà le mort s'approchait, et elle ne s'attendait pas vraiment à un accueil agréable. Elle n'avait donc pas le choix. Elle enleva si vite que possible et jeta plus loin la tenue de cuir et de fourrure qui la couvrait, se fichant bien du regard que le jeune homme pourrait porter sur elle. Elle n'avait pas de garde robe à proximité, et donc pas le luxe de les déchirer. Elle grelottait, inévitablement, la peau couverte de chair de poule, bien en mal de réchauffer sa poitrine mordue par le froid. Aux yeux de n'importe qui, elle aurait eu de quoi passer pour une folle à exposer ainsi son corps au gel. Face à un ennemi armé qui plus est. Ses yeux cherchèrent ceux de son compagnon à qui par la force des choses elle dévoilait son intimité dans un tout autre contexte que celui qu'elle avait suggéré plus tôt.

"Tu n'as pas intérêt à raconter ce que tu vas voir !"

Elle le connaissait assez peu pour savoir s'il était digne de confiance mais elle n'avait pas vraiment le choix. Elle se fierait à sa légendaire droiture, de toute façon il ne s'était pas montré très bavard tout au long du chemin, pourquoi le serait-il avec ses secrets à elle ? Tout au plus elle pouvait craindre un changement d'attitude à son égard, tant pis.

Elle maudit le froid, mais elle savait qu'elle n'aurait plus longtemps à le subir aussi durement. Elle ferma les yeux et son corps répondit à une injonction formée déjà des centaines de fois, instinctivement. Au début ç'avait été douloureux et déstabilisant, à présent elle en avait l'habitude, c'était une simple formalité. Bientôt, son corps fut couvert d'une épaisse fourrure, et ses quatre pattes étaient enfoncées dans la neige.

La louve grognait, le poil hérissé. Tentant le tout pour le tout, elle se jeta sur le mort. Cherchant à le mordre, à le jeter à terre, à arracher ses os. Elle avait choisi de parier sur la force brute de sa part animale, espérant que ses dents pourraient déstabiliser le cadavre, et à défaut de tuer une dépouille déjà sans vie, de la mettre hors d'état de leur nuire. Elle nourrissait toutefois aussi l'espoir que son compagnon soit paré à ce genre d'éventualité, au cas où sa tentative impulsive ne suffirait pas. Elle le chercha des yeux alors que ses dents mordaient dans les os couverts de chair puante du macchabée. Qu'il en profite !


Link

Héros du Temps

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(vide)

Les mailles partiellement défoncées par le froid cliquetèrent dans un grincement sinistre quand la bête se mit en marche. Le regard de l'Hylien s'attarda sur le cadavre, réfléchissant à une stratégie spécifique, tout en évitant consciencieusement son regard. Quand bien même il n'avait pas l'air d'un Effroi, le blond n'aurait su dire s'ils partageaient des similarités particulières. D'un moulinet, il prépara son poignet, fixant la jambe droite de son adversaire. Il grinça des dents en silence, tandis que le tibia de son adversaire s'acharnait à lui déchirer la jambe, à chaque pas. La chair noircie se perçait et s'éventrait sans un bruit et l'os se brisait un peu plus à chaque fois. Sa main droite ne tarda guère à rejoindre la gauche, sur la fusée de son épée. Son dos dessinait une courbe et ses genoux se fléchirent. À l'inverse de Keith, qui poussait ce qu'il devinait être un juron à la fois surpris et inquiet, il ne demeurait pas ébahi. Beaucoup moquaient l'existence de Non-morts. Lui même l'avait fait, enfant, lors de veillées avec les Kokiris. Mido racontaient des récits d'épouvantes, espérant récupérer Saria dans ses petit bras. Il avait appris bien vite, trop sans doute, qu'il n'y avait pas de honte à avoir peur du noir. Peur de ce qui s'y tapit. Jetant un rapide regard à sa compagne d'infortune, il eut tout juste le temps de la voir décocher un trait. Les corbeaux piaillèrent en s'envolant. Leurs plumes noires couvrirent quatre des six des torches bleutées, jetant la pièce tout entière dans une obscurité partielle. Il grogna.

"Ça ne marchera pas..." Souffla-t-il, davantage pour lui que pour la chasseresse. Les morts, à l'instar des Haches-Viandes, ignoraient la douleur. Un vieux fou rencontré au cours de différentes pérégrinations les lui avait déjà décrit comme les meilleurs soldats qu'une armée puisse rêver. « Ils ne reculent jamais, n'ont peur de rien. Un bras cassé ne les arrête pas, une épée entre les cotes pas plus », souriait le vieillard édenté. Il s'élança, conscient que la dépouille du boucanier finirait tôt ou tard par arriver sur eux. Les oiseaux croassèrent, charognards. Le Draugr leva la main qu'il avait gardé libre. Entre ses doigts décharnés brillait un feu blanc, de givre et de mort. Ses lèvres articulèrent un nouveau mot, sur lequel l'Enfant-des-Bois ne se concentra pas. La masse d'arme s'effondrait déjà sur lui, tandis que Keith lui hurlait quelque chose. De l'acier, il para le fer mordu par le gel qui filait droit sur son épaule. Jouant des quillons et du pommeau de son arme, il envoya un violent coup de poing dans la mâchoire déjà brisée de son ennemi. Ce dernier encaissa le choc comme s'il eut été caressé par le vent et sans un mot déposa son poing sur le torse du blond. L'impact fut brutal. Il grinça des dents en se sentant décoller du sol. l'Hiver martelait son torse, frappait à grand coup, rongeait son être et attaquait son coeur. Ses doigts lâchèrent douloureusement son épée et il s'enfonça dans la poudreuse presque sept coudées plus loin. « Hmmpf... — » Grimaça-t-il, se relevant péniblement et en frictionnant son poitrail, encore en proie au gel.

Son regard balaya la pièce, à la recherche de sa camarade. Avant de la trouver, il réalisa dans quel bourbier ils s'étaient fourrés : la salle qui les accueillait n'avait rien d'une simple grotte, c'était un cimetière. Une espèce d'ovale de glace où reposaient des dizaines de camarades similaires à celui qu'ils affrontaient dans l'immédiat. Tous restaient prisonnier du givre qui grimpaient sur les parois, mais çà et là, certains yeux bleus les suivaient presque mécaniquement. « Keith ? » Lança-t-il, dans l'espoir de l'avertir, en se hissant sur ses deux jambes. Sous ses pieds, le sol semblait se fendre en deux et la neige se transformait doucement mais sûrement en un piège mortel. S'appuyant tant bien que mal sur les murs qui entouraient, il s'arracha au traquenard qui cherchait à l'étouffer.  Une main cadavérique vint rencontrer la sienne, séparée par l'imposante couche de glace, un regard de mort chercha ses yeux de givre. Il n'y prêta pas attention. « Keith ? » Répéta-t-il avant de distinguer sa silhouette, presque nue, au travers du brouillard qui se levait peu à peu. « Qu'est-ce qu'elle...?! — » Siffla-t-il, tandis que le rouge lui montait aux joues et tintait le bout de ses oreilles. Sans un mot il remonta le cache-nez sur son visage, gommant presque la cicatrice qui lui rongeait la joue. Tirant le canif qui pendait à sa ceinture plutôt que de prendre le temps de récupérer son épée, il s'avança vers la jeune femme, inquiet pour elle. Le début de tempête le ralentissait, mais il parvint jusqu'à elle à temps. « Tout va bien ? » S'enquit-il, passant un bras autour de la chasseuse, qui s'effondrait. Bien vite elle fut recouvert d'une épaisse fourrure, tandis que sa gueule s'allongeait. Surpris, il eut un mouvement de recul, lâchant sa camarade qui se jeta sur la dépouille. « Funérailles... — » Murmura-t-il, abasourdi. Il avait déjà croisé des changeformes, mais c'était la première fois qu'il était amené à faire équipe avec l'un d'eux.

Récupérant la lame céleste qui sommeillait dans la neige, il ignora les regards que lançaient de plus en plus de Draugur. Les corbeaux croassèrent à nouveau, éteignant les dernières sources de lumière. Seul un rayon de lune teintait la fosse commune d'une lueur d'argent. Certains miroir d'Hiver la réfléchissait, de même que la masse du monstre. Les crocs de la louve, enfoncés dans son bras d'arme, il luttait tant bien que mal, sans parvenir à la décrocher. Dans un mouvement plus rapide que les autres, il leva le bras, dévoilant la nuque de la Lycan. Sa main de gel se posa sur la bête et le froid entoura ses poils. « KEITH ! » Tonna-t-il, résolument inquiet, fonçant vers l'adversaire au pas de course. La louve se laissa tomber, arrachant tout un pan de l'avant-bras avec elle. La main du Mort retomba dans la neige. Secoué par de violents spasmes, un son sinistre finit par passer la barrière de ses chicots détruits : un rire macabre, sarcastique et presque moqueur. La moitié de son bras avait beau être tombé comme l'orge qui s'affaisse au passage de la faux, il n'opposait pas la moindre réaction, pas la moindre douleur. De sa force décuplée, il lança un violent coup de pied en direction du flanc de Keith, avant de se tourner vers le vagabond.

Un pic de givre frôla son épaule, manquant de lui arracher l'oreille. Quatre coudées le séparait encore du Revenant. Optant pour un pas de côté, il s'évita le mal d'une nouvelle explosion de gel. Sans aucun appel, il fit balancer son épée de sa main gauche vers sa main droite avant de trancher, de bas en haut. La deuxième main du Mort s'enfonça dans la poudreuse, grésillante et fumante. Ramenant ses deux mains sur la garde, il se déporta sur le flanc du monstre d'une pirouette sur le flanc. Frappant d'estoc, il perça les mailles fragilisées à l'aisselle, enfonçant sa lame en profondeur. D'un coup sec, il ramena l'Épée de Légende jusqu'à lui, taillant ensuite au niveau du genou. La bête tomba, visage contre terre, sans que le manteau polaire ne parvienne à étouffer son rire. Le Fils-de-Personne poussa un soupir, avant de poser un pied sur la dépouille, encore en mouvement. D'un geste, il arracha le crâne du reste du corps, comme pour faire taire l'ironie de son sourire. L'une de ses mains persistait à bouger, trainant tant bien que mal une moitié de bras derrière elle. À l'évidence, elle ne représentait pas une menace véritable dans l'immédiat, mais il préférait s'en débarrasser néanmoins. De l'estoc, il déchira les chair mortes et les corbeaux cessèrent de piailler. Des murs provenaient les grognements de quelques Draugur qui n'avaient pas perdu la voix — ou qui venaient de la retrouver.

Son regard chercha ensuite celui de la Louve. « J'ignore si tu me comprends, ainsi, mais ton secret restera entre ces murs », lui assura-t-il, en essuyant son épée dans la poudreuse, avant de la ramener contre son flanc. « Tu n'as rien ? » S'enquit-il alors, en retournant inspecter la dépouille du Revenant. Retournant la créature, il arracha le collier qu'elle portait, sans trop s'expliquer pourquoi. La pierre était sculptée, représentant une lune muette qui suivait le cours des astres. Etonnement cette petite roche, qui n'avait pourtant rien de spécial, l'attirait tout particulièrement. Il n'aurait su dire ce qui lui donnait envie de s'en emparer, mais le fait était là : il en avait envie. Et, somme toute, cela le surprenait. Il n'avait jamais prêté tant d'attention aux bijoux. « Tiens. » Souffla-t-il à son compagne de route. « Si ce pendentif te plait, n'hésites pas à le garder. Mais méfies-t-en. » Tempéra-t-il, cependant. Souvent, les artefacts qu'il avait récupéré portait de puissants enchantements. Certains n'étaient pas des plus heureux pour le propriétaire. Sans plus un mot, il jeta la pierre en direction de Keith. S'éloignant doucement du cadavre, le Faux-Kokiri commença à explorer la pièce, tâchant d'ignorer les regards de tous les Non-Morts, prisonniers de la structure de glace. « Je n'aime pas tant leurs regards... » Glissa-t-il à l'intention de sa camarade. « Si jamais tu trouves une porte, ou un tunnel... N'hésite pas à le dire ! » Ajouta-t-il, longeant le mur, la main flattant les cavités, à la recherche d'il ne savait trop quoi.

Elle ne tarda guère à l'appeler. Sans un mot, il se rapprocha de la jeune femme, qui grelottait. Retirant la fourrure qui lui couvrait les épaules, il la passa sur les siennes. « Merci... Pour tout à l'heure. » Son regard chercha celui de la Louve, sincère. Il observa ensuite ce qu'elle avait découvert. Dans la paroi s'ouvrait une petite ouverture, en forme de demi-lune. Il y passa le doigt, curieux, réalisant que d'autres gravures parsemaient l'intérieur. Instinctivement, son regard revint sur la pierre qu'il venait d'offrir à Keith et qui pendait dorénavant autour de son cou. Il la fixa un instant, avant de lui demander, presque timidement. « Tu... Désolé de te demander ça, mais tu me prêterais ton collier une seconde ? » Après l'approbation de la jeune femme, il récupéra le pendentif et l'enfonça dans cette espèce de serrure. Dans un grincement sourd, la glace sembla s'ouvrir sur un nouveau tunnel. Rendant le collier à la Louve, il s'engagea dans l'allée, accroupi comme précédemment. Après une cinquantaine de pas, ils débouchèrent sur une énorme salle, semblable à une cathédrale gelée.


Luka

Le Changelin

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(vide)

« De toute façon, je coupe les langues trop bien pendues~ »

Face au ton léger de la chasseresse, qui contrastait si bien avec le poids de ses mots, Luka ne put qu'esquisser un sourire anxieux. Puisque sa langue était son gagne-pain, la menace de Keith avait une conséquence bien plus drastique pour lui que pour n'importe quel autre Hylien. Mais il savait bien que, quitte à connecter une infime partie de son esprit au sien, la jeune femme devait s'assurer une porte de sortie, si jamais l'affaire tournait mal. Et qui d'autre sinon lui aurait-il pu comprendre l'importance des secrets ? Aussi s'empressa-t-il de lui répondre, à peine un murmure, mais le visage très sobre : « Je te laisserai faire, tu sais. Si jamais je cafte. Une parole ça se donne, ça se reprend pas. »

Une poignée de main on ne peut plus ordinaire conclut le marché. Paume contre paume, Luka tendit furtivement son esprit vers celui de la jeune femme, et tissa un contact infime entre eux, comme s'il appliquait un tout petit point de couture entre deux tissus chargés d'histoire. Fier de son ouvrage magique, le ménestrel relâcha sa poigne et sourit à la chasseresse, comme pour lui indiquer qu'en effet, tout était prêt. Le groupe pouvait se scinder en toute sérénité.

« B O N J O U R . »

La surprise fut si grande, et l'intensité du message mental fut si forte que Luka flancha physiquement. Il se tint la tête pendant un temps, estomaqué. Keith ne devait sans doute pas être très réceptive à la magie de l'Esprit, mais malgré tout, il ne s'attendait pas à ce qu'elle établisse un contact aussi peu maîtrisé. « Tu m'entends ? » se contenta-t-il de lui renvoyer, plus subtilement... avant de se rendre compte qu'elle n'avait pas l'air d'avoir réceptionné le message. Alors, cette fois-ci, avec plus de puissance mentale : « Est-ce que tu m'entends ? »

Cette fois-ci Keith acquiesça, et ajouta comme une ultime recommandation :
« Fais-moi signe si vous trouvez quelque chose, je tâcherai d'en faire de même. Et... Appelle-moi aussi si les choses tournent vraiment mal. On fera demi-tour. Si on peut du moins. » Sur ces mots, et un bref hochement de tête échangé, les deux groupes se formèrent et se dispersèrent entre les deux routes qui se présentaient à eux.

Presque par instinct, le bras d'Aalis vint se nouer autour de celui du ménestrel. Surpris, mais reconnaissant, Luka tourna la tête vers son amie. Celle-ci déclara sur un ton jovial, comme pour conjurer le mauvais sort :
« Hé bien, je suppose qu’il faudra bien compter sur nos bras, à présent. » Et c'est ainsi qu'ils avancèrent dans le couloir glacé, transi de froid jusqu'aux os, mais en un petit groupe bien compact, bien solidaire. Le ménestrel offrit d'ailleurs son bras à la petite Zora qui marchait juste derrière lui. Il ne savait pas comment elle faisait pour ne pas congeler sur place, sans vêtements à proprement dits.

Celle-ci le rattrapa sans peine, et lui sourit d'un air avenant avant de lui demander, curieuse :
« Alors, tu as réussi à ouvrir un lien avec Keith ? » Un peu embarrassé dès qu'il s'agissait de parler de sa magie à des inconnus, Luka se contenta de lui répondre en toute simplicité : « On peut dire ça comme ça. »

Le rire nerveux de la jeune femme le surprit, bien qu'il esquissa un sourire hésitant en retour. « Pour être honnête, je voudrais bien essayer aussi, lui avoua-t-elle. Je connais quelque chose de légèrement semblable... enfin, c'est totalement inconscient! » A ces mots, la jeune Zora redevint plus solennelle. « Enfin, je ne voudrais pas t'embêter, mais est-ce que je peux te poser une question ? Est-ce que tu sais d'où te vienne ces "pouvoirs" ? »

La question était candide. Y répondre aurait dû être un jeu d'enfant. Et pourtant, malgré toute sa volonté, Luka ne put conserver son sourire plus longtemps. Son visage se décomposait face à la pression que cette simple interrogation venait brusquement déposer sur ses épaules, et il sentit sa gorge se nouer sous le poids des secrets qu'il gardait jalousement en son sein, verrouillés à double-tour. Oh pitié, pitié que Lis ne remarque rien... D'une voix sans doute un peu étranglé, il se contenta d'un simple : « Je ne sais pas... C'est de famille, je crois. »

Il ne s'épancha pas plus, considérant le sujet comme clos. Son visage impavide n'exprimait pas plus d'émotion qu'une toile vierge, et Perla dut sans doute sentir le malaise, puisqu'elle orienta la discussion sur elle-même : « Moi, il m'arrive seulement de ressentir des émotions qui ne sont pas à moi, comme ça. Je ne peux même pas l'empêcher. C'est pour ça que je cherche quelqu'un qui... » Mais sa phrase resta inachevée. Car surgissant de nulle part, des longs hurlements de loup se firent entendre. Tout en coupant la parole à Perla, ils coupèrent aussi le peu de souffle qui restait à Luka, et il sentit le bras d'Aalis se resserrer sur son bras.

« Je crois qu'on risque d'avoir un problème, » déclara la Prêtresse de Nayru, un peu inutilement, sans doute sous le coup du stress. Alors même que Perla s'avançait vers la non-voyante pour lui décrire la situation, Luka se sentit pris d'un élan de grandeur. C'était stupide, mais avoir parcouru un bout de chemin aux côtés du Héros du Temps lui avait donné l'impression que lui aussi pouvait être un homme d'exception. Ainsi, avec une certaine dose de sang-froid, le Rêveur se tourna mentalement vers le petit bout de lui-même qu'il avait laissé auprès de Keith. Le message qu'il lui transmit retentit comme un clairon, et empiéta sans doute sur le lien mental qu'il entretenait avec Lis tant il y mit de la vigueur - il avait désespérément besoin que la chasseresse l'entende : « Nous sommes attaqués ! Trois loups blancs, ils sont sur nous ! » Et sans même prendre le temps de réfléchir, le garçon rompit le contact mental afin de projeter son esprit en direction de la meute qui les assaillait.

Par chance, leurs opposants possédaient suffisamment d'âme animale pour que les sortilèges de Luka aient prise sur eux. Sous le coup de la panique (son sang-froid avait des limites), le Rêveur concentra toute sa puissance magique au bout de ses doigts avant de frapper le vide d'un coup de paume décisif, en direction des loups qui arrivaient sur eux. D'une manière presque proportionnelle à leur vitesse d'avancée, les bêtes furent propulsées en arrière, en direction de la paroi contre laquelle elles se heurtèrent en un bruit sourd.

La sueur perlait au front du magicien, malgré le froid, sous l'effort que son sort venait de lui coûter. Et pourtant, d'un geste machinal - presque mécanique - il tira son coutelas de l'intérieur de sa tunique. Ses mains toujours chargées de magie tremblaient, comme enfiévrées, lorsqu'il brandit son arme devant lui. Ses yeux perçants, qui reflétaient son esprit, étaient toujours projetés sur leurs ennemis, et brûlaient tant sa concentration ne s'était pas relâchée. Ses lèvres remuèrent pour former des mots, mais c'était uniquement par esprit qu'il formula, à l'intention d'Aalis : « Vise-les à la tête, vite ! » Il ne parut pas se rendre compte qu'il n'avait communiqué que par pensée.

D'un geste ferme, étrangement net, presque saccadé, son couteau trancha le vide devant lui. Au même instant, des plaies béantes s'ouvrirent aux jarrets des loups, comme dans l'espoir de les entraver dans leurs mouvements. Cependant, le coup que le Rêveur porta à chacune des bêtes se répartit de manière inégale : il lui était impossible de se concentrer aussi intensément pour les trois d'entre elles... Aussi, seule celle du milieu fut entaillée assez profondément pour ne plus pouvoir reprendre l'assaut. Les deux autres, bien que blessées, pouvaient encore s'élancer sur eux. Mais l'assaut mental de Luka eut au moins le bénéfice de les avoir ralenti... et de gagner un peu de temps au petit groupe pas si démuni que ça, au bout du compte.

Le Rêveur s'effondra. La magie se payait au prix fort, et il ne le savait que trop bien. Son pouls tambourinait, affolé, contre son crâne douloureux. Mais ses doigts restèrent crispés contre son coutelas, tant et si bien que ses jointures blanchissaient autour du manche. Le ménestrel était pâle, plus pâle que d'ordinaire, et son souffle se faisait erratique. Mais il gardait les yeux rivés sur les deux bêtes qui s'approchaient encore, et il y avait de la fermeté (sinon de la résignation) dans son regard ocre.
« Occupez-vous de vous-mêmes, souffla-t-il à l'intention de ses camarades, à haute voix cette fois-ci. Je me débrouillerai. »


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