Posté le 18/04/2011 18:19
Grelots d'argent, pas feutrés, gants de velours, un être fort gracieux pénétra de toute sa magnificence dans un couloir vide. Il respirait le respect, cependant, les gardes endimanchés ne semblaient pas sensibles à l'aura impériale de Fol. Il stoppa net sa marche chaloupée devant un spécimen militaire au nez joufflu. Ce dernier était impassible, les yeux dans le vague. Le bouffon se demanda si le factionnaire n'était pas dénué de cerveau, vue son regard inexpressif. Le pitre l'examina sous toutes les coutures, passant sa tête tout autours de lui.
Bwah ! Tu es laid et gras.
Le fou sentit le vent du boulet dans la flamme naissante de haine dans les yeux du garde royale ou plutôt, le vent de son glorieux pied en pleins dans les fesses. Il décida donc de poursuivre son chemin dans le dédale des couloirs. Enfin, il vit la double porte peinte de dorure tape à l'oeil. L'étrange invité la contempla, prit de l'élan et couru vers celle ci. Dans sa course, il tendit les bras et ouvrit à la volet les portes dans un vacarme qui fit résonnait les vitraux de la grande salle de doléance. Fol se dépêcha de composer sur son visage un masque d'excuse, implorant le pardon. Il constata tandis qu'il jouait sa comédie que la pièce était vide. Ce à quoi il conclut que le peuple devait être tellement heureux de ce Royaume que personne ne venait se plaindre à la Princesse. Ce qui était faux, ce même peuple était trop occupé à sa survie pour penser au petit désagrément de la vie en communauté.
Il s'avança calmement, avec une démarche aux mouvements amples, pleine de vanité. Elle était là, sublime, traits gracieux, teint légèrement pâle, la lumière elle même se reflétait sur sa peau d'ivoire et renvoyait des rayons d'or, les contours gracieux, respirant la grandeur, inspirant la confiance absolue. Non, il ne parlait pas de cette petite blonde à couronne vissé sur son siège puant la richesse, mais il parlait de cette superbe dalle de pierre blanche aux pieds de Zelda, sur laquelle Fol allait bientôt se vautrer, sur la vraie place d'un fou royal.
Enfin, on daigne prendre mes revendications en compte dans ce pays de NIAIS.
Fol avait accentué le dernier mot, sans pour autant en faire un réel cri d'agacement, il l'avait prononcé en tournant la tête derrière lui, espérant agacer le soldat qu'il avait taquiné dans le couloir, peut être entendrait il. Il émit un ricanement léger. Il reprit ses esprits et planta son regard bleu dans celui de la régente. Il se mit à quatre pattes, d'un seul mouvement. Pour résumer, Fol s'effondra. Il se mouva en une sorte de courbette très humble, embrassant le sol de ses fines lèvres.
Votre majesté.
Lourd silence.
Il n'attendit pas plus longtemps et débita sa requête sur un ton fataliste sous entendant qu'il ne tolérerait pas un refus de la part de la Princesse.
Comme je l'ai écrit il y a quelques jours, ce peuple se meurt dans la tristesse. Vous aussi, Haute Dame. Lisez ma pitoyable chronique dans le journal d'Hyrule, j'y fais part de mes inquiétudes vous concernant.
Vous n'avez point le choix, Princesse. Je souhaite que ce Royaume prospère, pour cela, il vous faut d'urgence un fou pour égayer votre cours. Ah, que de chance en ce jour béni, vous en avez un, un de qualité, à vos pieds en ce moment même.
Je vous servirez jusqu'à la mort avec mes compétences joyeuses et mesquines. Permettez moi de prendre place à vos côtés et à ceux de votre royal époux, Dame. Je veux une place de Fou Royal en cette grande maison. Je veux être à vos pieds et officier ma noble tâche, pour toujours et à jamais.
Le fou se releva, la bouche sèche. Il attendait le verdict qui scellerait sa vie. Il baissa les yeux, attendant son adoubement.