Posté le 23/03/2008 21:28
« Folon… »
Après que le mage ait annoncé ses deux conditions, Dun était resté muet la tête baissée, comme s’il cherchait la meilleure formulation pour lui transmettre exactement ses idées. C’est d’ailleurs en posant la main sur son épaule que le Prince avait prit la parole, avec un sourire narquois sur le visage.
« En cas de problème, tu n’as rien à craindre… N’as-tu toujours pas compris? Officiellement, nous ne nous connaissons pas, tu ne m’as jamais vu, et je ne sais pas qui tu es. C’est aussi simple que ça, ne t’en fais pas pour ce genre de détails. De plus, si tu suis à la lettre tout ce que je vais te dire, tout se passera bien. »
En effet, les chances de réussites de l’opération étaient basses pour le moment, mais Dun allait faire en sorte d’augmenter ces dernières. C’est pourquoi il avait ouvert la porte en adressant un ‘on y va’ à celui à qui il avait confié une mission. Ainsi, tout aussi silencieusement que lorsqu’ils avaient pénétré au château, les deux hommes se dirigèrent vers le jardin intérieur. Personne le les y dérangeraient, puisque les gardes devaient s’occuper des intrus, et non des employés. De plus, il s’agissait des jardin royaux et peu de personnes pouvaient y avoir accès. Ainsi, s’arrêtant au milieu des orangers, Dun repensa à la première fois où il y avait conduit Zelda. Cette fois-là, il lui avait offert une orange coupée à l’aide de la dague d’Azeroth, et son esprit était toutefois aussi torturé qu’avant. Faisant un sourire mauvais, le jeune homme se dit qu’il n’avait pas changé depuis…
« Bien, je vais répondre à ta seconde question. Pour cela, je dois te montrer ma réelle façon de combattre. Mais… tu as tout intérêt à ne jamais le répéter. »
Sa voix s’était faite dure et tranchante, pour indiquer qu’il ne plaisantait pas du tout. Si jamais Folon venait à ne pas garder ce secret, non seulement la Nonne le pourchasserait pour trahison, mais Dun le réduirait au silence. Et, en étendant ses mains le long de son corps le jeune Prince se tût pour se concentrer. Et, doucement, tout doucement, le vent qui soufflait jusque là s’arrêta de souffler, pourtant, les feuilles des arbres continuaient à bruisser comme s’il n’avait jamais disparu. Et en murmurant des paroles inaudibles pour une oreille humaine, le jardin se teinta soudainement de rouge.
Les arbres se flétrirent, l’herbe devenait sec, les fruits tombèrent des branches et explosaient en touchant le sol en répandant leur jus sur ce dernier. Toutefois, l’instant d’après, un vent parcouru cet endroit, et les arbres retrouvèrent leur vigueur, les fleurs apparaissaient de partout… Pire, il faisait même jour! Mais tout autour du jardin, la nuit était toujours souveraine, et l’heure n’était pas altérée : Si l’on devait donner une image à ce phénomène, ça aurait été que le jardin était devenu un nouveau monde à part entière. Par ailleurs, l’instigateur de ce phénomène, Dun, prit ensuite la parole même s’il semblait avoir du mal à respirer.
« Sais-tu… ce que sont les illusions? Il s’agit d’informations que l’on envoie directement au cerveau d’une personne, pour altérer ses 5 sens. Ainsi, elle peut croire qu’un dragon cherche à l’attaquer alors qu’il s’agit en fait d’un simple lièvre.
… Mais ce n’est pas le cas ici. Ce que tu as sous les yeux existe bel et bien, on pourrait dire qu’une nouvelle réalité est venue écraser la première. D’autres personnes dans des pays lointains sont devenus maîtres dans cette compétence, et je suis loin d’égaler leur niveau.. S’ils venaient à Hyrule, même le Seigneur Ganondorf ne pourrait rien contre eux; pourtant, ces mêmes personnes se fichent bien d’un pouvoir comme celui de la Triforce. »
En effet, le champ d’action de Dun se limitait à celui du petit bout de verdure qui l’entourait, alors que ceux dont il avait parlé pouvaient altérer la réalité et faire apparaître un château en ruine à la place de l’actuel s’ils le désiraient. Néanmoins, cette petite démonstration sur le jardin ne devait pas bien impressionner, et elle serait sûrement plus utile à un jardinier qu’à un Mage. C’est pourquoi, en tendant le bras l’ex-Chancelier montra l’avantage d’utiliser une telle compétence s’il le fallait. A l’instant où il le fit, un brin d’herbe, un insignifiant petit brin d’herbe qui se trouvait à son pied commença alors à grandir jusqu’à se déposer dans sa paume… sous la forme de l’épée de légende, l’arme du Héros du Temps.
Ce n’était pas une copie, il s’agissait bien de l’épée que maniait Link, pourtant une telle aberration ne pouvait exister à Hyrule… Seulement voilà, cet endroit n’était pas Hyrule, il s’agissait d’un monde à part entière. Le peuple d’un pays oriental appelait ce phénomène « Koryu Kekkaï ». Mais l’instant où il brandit la lame, le jeune homme toussa et cracha un peu de sang. Cela eut pour effet de faire apparaître des fissures sur ce qui les entouraient, et quelques secondes plus tard, la nouvelle réalité avait volé en éclat pour faire apparaître l’ancienne. Tout était de nouveau là : Les orangers, la nuit, et la lune brillant dans le ciel.
« Comme je l’ai dit, je maîtrise très mal cette sorcellerie, je ne suis pas capable de la maintenir plus de quelques minutes. »
Reprenant son souffle pendant d’interminables secondes où il était plus que vulnérable, Dun finit par se relever en essuyant vaguement le filet de sang qui avait débordé de sa bouche. Il sortit alors la dague d’Azeroth et se coupa légèrement le doigt, pour utiliser son fluide vital. Comme contre Earwën, le Prince modela son sang pour en faire un arc pourpre, et une flèche suivit bientôt la réalisation de ce dernier. Ceci fait, le Dixième désigna un oranger à l’autre bout du jardin en guise de cible, et parla à Folon.
« Bien… Tu as vu l’effet que cela peut avoir sur un espace complet, maintenant, comprends qu’on peut aussi appliquer ce phénomène sur une simple arme. Dis-moi, connais-tu les 10 étapes de l’archerie? Si ce n’est pas le cas, ce n’est pas grave mais observe bien, je ne les répèterai pas deux fois. »
Ainsi, Dun commença à décrire les étapes tout en les montrant en pratique à l’aide de son arme : la position, la prise de corde, la main d’arc, le bras d’arc, l’armement d’arc, le point d’ancrage, la position de tir, la visée, le lâcher, et…la fin du tir. En arrivant à la fin de cette démonstration, Dun avait alors tiré une flèche qui s’était fichée dans le tronc de l’arbre situé tout au fond. Habituellement, la fin du tir est le fait que l’ont doit fixer sa flèche jusqu’à ce qu’elle ait atteint sa cible pour s’assurer du coup que l’on porte. Mais pour le jeune Prince, c’est une toute autre histoire, histoire qu’il s’empresse d’enseigner à Folon par ailleurs.
« La dixième étape représente ce dont un être ne peut s’affranchir : la cause et la conséquence. Je m’explique, ici la cause est le fait que j’ai tiré une flèche, et la conséquence est que cette dernière se soit fichée dans l’arbre.
Mais maintenant… Que se passe-t-il si j’inverse ce rapport de force? Si la cause est la flèche plantée dans la cible et la conséquence le fait que j’ai décoché cette derrière? »
C’était bien sûr une chose impossible dans ce monde. Quoiqu’il arrive, les causes et les conséquences resteraient toujours ce qu’elles sont. … Mais Dun ne venait-t-il pas de montrer qu’on pouvait créer d’autres réalités? Sentant que Folon comprenait à présent le lien entre ces deux techniques, le Mage-Guerrier recommença sa démonstration en faisant fi de la dixième étape. Pour cela il créa un monde qui se limitait à son arc et à sa flèche, où le rapport de cause à effet était inversé.
Et c’est alors qu’en l’espace d’une fraction de seconde, la flèche était maintenant à l’autre bout du jardin, alors que Dun n’avait toujours pas décoché cette dernière. C’est en le faisant qu’il montra du doigt l’endroit où l’arme s’était encastrée. On pouvait alors voir que la flèche n’avait pas atteint le tronc, mais s’était plantée dans le mur situé à côté de celui-ci, et c’est en restant sur ce fait que Dun donna l’explication finale :
« Hélas, il est extrêmement dur de concevoir l’idée que la flèche a atteint sa cible avant de l’avoir décoché. Il faut l’avoir visualisé dans ses moindres détails, définie sa structure et sa composition… Bref, je ne suis pas dans la mesure de le faire. A vrai dire, elle aurait très bien pu se ficher dans ton crâne… Et c’est pour cela que j’ai besoin d’un œil qui me permettra de le visualiser. »