Rêves d'enfant ou regrets de vieillard.

Quand l'un bascule en l'autre.

[ Hors timeline ]

Franc


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En d'autres lieux, d'autres temps,
Se jouent peut être la bataille des dieux et des titans.

L'âme est le temple du Saint Royaume. Le Saint Royaume est l'âme des Dieux. Homme et Panthéon sont liés. Le petit garçon rêve d'aventure, le vieillard rêve de repos. Jeune et vieux sont liés.
L'univers a un fond et une forme, un passé et un futur. Espace et temps sont liés.
Quand les dieux méditent et les enfants dorment, tout se délie.

Franc est un de ces petits. Ce monde nous permet de parcourir ses songes. L'un d'eux n'en est pas tout à fait un. Réel ou irréel, vivant ou mort, présent ou absent. Libre à celui qui parcourt ces lignes de choisir.

Hors du temps et de l'espace, l'agneau somnole, le poisson rêve :


Franc


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(vide)

Ce qui suit a été écrit et vécu dans un autre lieu et une autre époque. Tout ceci a t il vraiment exister ? Est-ce réellement parti de l'Histoire ? Il est impossible de trancher avec certitude. C'est soit un songe, soit une réminiscence.

Cependant des mots flottent dans l’éther, parfumant ce récit :
"Rentrez, rentrez dans ma mascarade et mes illusions dépravées"

*********************

Lieu : Appartement Royaux.
Titre : Le couloir fantôme.

Sa main pianotait nerveusement sur la rampe de chêne massif. Ses pas étaient étouffés par le tapis rouge royal, comme dans un rêve où les bruits ne sont qu'échos brumeux et indistincts. La dernière marche une fois franchie, il reprit son souffle, épuisé de la montée mais aussi par son âme en peine. Il n'osait pas avancer et resta sur ce perron, l'oeil scrutant les vestiges d'un lieu autrefois incroyable.

Enfin il se fit violence et entama sa course douloureuse dans le couloir sombre. Les candélabres étaient rouillés, certaines bougies à moitié dévorées par une flamme d'antan. Chaque enjambé soulevait une tempête de poussière mais il n'évita pas cet air chargé, il en huma jusqu'au dernier grain. Ce qu'il enfonçait dans sa gorge puis stockait das ses poumons, c'était des parcelles de son Eden mort à tout jamais. Il dépassa plusieurs portes, certaines massives sans écriteau, d'autres vermoulues avec une pancarte mourante. Sur l'une d'elle était gravée un A en lettre gothique, le reste du mot était indéchiffrable. Il poussa la porte avec douceur, comme apeuré de détruire ces reliques de jadis.

La chambre n'était plus que taudis nauséabond. Les planches étaient branlantes, on y voyait parfois la salle du dessous. Un lit trônait au milieu. Le matelas était rongé par quelque animal maudit. Les vitraux aux motifs sataniques étaient usée et lissés à l’extrême, ils n'étaient plus que fenêtres opaques. Une odeur de brûlé en un coin témoignait d'un incendie d'orage. Par inadvertance, son pied heurtait un cadavre de verre. Il la ramassa et souffla sur l'étiquette au trois quarts décollée. Alcool fort, mais impossible il était de savoir de quel fruit il venait. Il humecta le goulot de sa langue séchée par l'émotion. Fermentation d'abricots. Il la posa délicatement à l'endroit où elle reposait, comme s'il remettait un macchabée dans son cercueil ou soucieux de préserver ce tombeau.

Un bruit enfin, un raclement de gorge, un son humide sur le planché. Non, la toiture ne fuyait pas. Sire Arkhams pleurait.

Il referma la porte de ses appartements luxueux, à jamais immobiles et morts dans son cocon de poussière. Il n'était plus chez lui.


Franc


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Lieu : Jardins
Titre : Repos


C'était le vent qui le marqua le plus. Dans cet univers figé à jamais, le souffle colérique rugissait toujours aux oreilles. Il martelait avec acharnement les ossements du paysage, mort depuis longtemps déjà. La tempête vivait, elle. Inlassablement et éternellement, elle animerait sa maison.

Pour avoir visité, fort peu légalement, les jardins royaux d'Hyrule et leur splendeur coloré, il ne pouvait qu'haïr cet endroit. Sous ses yeux l'impitoyable brise, comme le cri d'un dieu fantôme, battait les marécages sinistres. Plusieurs cours dallés pourrissaient d'humidité. Autours d'elles, des mares croupissaient dans leur puanteur ancestrale. D'étonnantes plantes épaisses et grossières, surgissaient des eaux brunâtres. Elles étaient brutales et rudes, épineuses et violentes. Des arbres aux courbes naturellement brisées étendaient leurs branches noires et griffues. On ne les distinguait qu'à peine du ciel toujours sombre. L'Homme est toutefois un être étrange, si bien que ce décors glaçant et terne présentait un charme certain. L'architecture gothique des jardins poussaient à une contemplation pessimiste et morbide du monde. Paysage allégorique d'une antichambre mortuaire ou bien d'une promesse de ténèbres pour l'avenir.

Bravant Éole lui-même, Arkhams se déplaça vers la cours centrale. Plus vaste que les autres, elle était garni de bancs rustiques en pierres de taille. Vaguement protégée des éléments par une colonnade de chênes vitrifiés dans leur trépas, elle offrait un lieu de repos, de mélancolie. Le visiteur se sentait seul au monde, un vil intrus dans ce musée à la gloire du jadis. Son regard s’abîmait de chagrin, son coeur se tordant de souvenirs tranchants.

Un platane rabougri, aux feuilles noires piteuses et trempées, tentait de survivre dans cette hostilité. Des racines se raccrochaient à la terre ferme tandis que d'autres pourrissaient lentement dans les mares immobiles. Les corbeaux eux-même avaient fui le château et ses jardins. Ils ne gratifiaient plus de leurs rauques querelles les habitants et les végétaux. Ces lâches ne laissaient derrière eux qu'un héritage silencieux. L'arbre en question, malgré sa ridicule petitesse comparé à celle des mastodontes cauchemardesques qu'étaient ses compagnons de voisinage, trônait littéralement. A sa vue, le banc ne suffisait plus à supporter le chagrin d'Arkhams qui tomba à genou. Les graviers salissant les pavés écorchaient ses genoux lassés. L'Homme ne pleurait pas, il était seulement attaqué par les réminiscences de son bonheur éphémère. Son existence n'était plus que deuil et il la savait prête à s'achever. Il était comme un éléphant dans le cimetière de ses aïeux. Mais il n'y avait ici aucun ossements réconfortants de parents aimants. Il n'y avait rien que des ruines intactes. Tout était préserve, mais ruiné par l'absence de ses terrifiants habitants. Le platane, Arkhams le savait, avait été scarifié en l'honneur de sa fratrie. Il devait y avoir, parmi les bourrelets de l'écorce vieillissantes du végétal, une inscription. Quelques mots d'un romantisme niais de l'adolescent qu'il était. Il se souvenait avoir gravé de son sabre le nom de son frère et du siens. Le souvenir lui déchira les entrailles, exposant son âme meurtri au vent déchaîné. D'une main féroce il attrapa sa chemise, son coeur défaillait de tristesse. Il aurait voulu entonner une complète "Ou es-tu mon frère", laissant les mots dériver aux grès de la tempête jusqu'aux oreilles des dieux. Mais les mots ne sortaient pas de sa gorge gonflée d'émotions, crampée de désarrois.

Arkhams aurait voulu décéder à l'instant même, devant l'autel de Shanks, qui n'était pourtant qu'un arbre signé de leur nom. Mais son agonie n'était pas encore assez forte. Derrière lui, le château restait inexploré. C'était un temple, celui des Profondes Ténèbres. Il méritait bien une derrière visite, non ?


Franc


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Lieu : Portail
Titre : Le blessé


L'enceinte formée une ceinture squelettique de fer obscur, surmontée de griffes pointues dressées haut vers le ciel. De simples barreaux noires formaient ainsi une maigre frontière avec le néant. Bien plus glorieux était le portail dans ses circonvolutions, ses spirales, ses enchevêtrements tels des membres tranchées. Le style de forge, anarchique et aléatoire renvoyait directement à la malignité des lieux tout entier. Rien n'aurait pu mieux illustrer ce monde mort né que cette porte là. Son rôle n'était pas celui d'offrir une ouverture vers le château, pas plus celui de sortie.

Voilà déjà des décennies que cette ceinture d'acier à la boucle cyclopéenne ceignait cet univers statique à jamais. Cette grille et ce portail représentaient tout et rien à la fois.

Au delà de ses serrures compliquées, un univers infini de brumes noires, mouvantes comme les vagues dangereuses d'un océan. Les limbes possédaient une marée angoissante, faite de promesses d'agonie et d'écumes de souffrance. Malgré ces mouvements incessants, on ne pouvait pas dire que ce monde était vivant. D'ailleurs, le domaine n'était qu'un îlot tout aussi stérile que la mer qui le dorlotait. A force de l'arpenter comme un fantôme, Arkhams avait saisi les secrets les plus intimes de sa création.

Ganondorf, en tant qu'élu de la Déesse Din, avait la capacité de créer et de façonner le vide. Là ou la Force avait conçu les roches d'Hyrule du grand Vide, le Malin avait fait apparaître le domaine au milieu du néant. Mais le parallèle avec la création d'Hyrule s’arrêtait là. Car en l'absence des deux autres pouvoirs, la Vie et l'Ordre, ce terrain n'était rien d'autre qu'un caillou mort, flottant à la surface de nul part, hors du temps. Pour faire un monde, il faut la temporalité, l'espace et la vie.
Ainsi ce château représentait à lui tout seul la mégalomanie du Roi Gérudo, assez fou pour prétendre avoir conçu un univers à lui seul grâce à sa volonté. Mais quand on contemple attentivement son oeuvre, il était frappant de voir l'étendue de sa folie.

Tout ceci n'était qu'illusion perverse, mensonge palpable.

Arkhams s'approcha des barreaux. Ces derniers n'étaient ni froids, ni tièdes. Ce monde était tellement factice qu'il en ria à gorge déployée. Les sons se noyèrent rapidement dans les Limbes, absorbant espoir et joie avec délice. Horrifié par ses conclusions, l'homme qui-n'en-était-plus-tellement-un tint sa tête fiévreuse dans ses mains et glissa le long de la grille, abattu.

Finalement, il n'avait jamais vécu. Ce qu'il croyait avoir été l'apogée de sa vie, à savoir ses instants passés en famille ici même, n'était qu'une comédie grotesque sur une scène fictive.



"Illusion Dépravée ..." Murmura-t-il.



Cela n'avait jamais été un titre, mais seulement une malédiction.

Le monde et lui-même continuèrent ainsi à dériver dans ces enfers, naviguant de désespoir en désespoirs.


Franc


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Lieu : Les appartements de Ganondorf.
Titre : Tromperie


Pris dans les tourbillons de la fièvre, le malade se sent vaporeux et vit une sorte d’expérience extra-corporelle où les contours de son être cessent d'être clairement définis. Il ne marche plus, il flotte, sa voix n'est plus singulière mais est une multitude d'échos, il ne voit plus mais il devine au travers d'un épais brouillard.

L'Humain est né dans un monde tangible, compréhensible, vivant, logique qui possède ses codes, sa trinité de dimensions physiques et sa temporalité. Plonger un Humain dans une configuration perverse ou toutes ses caractéristiques ordinaires sont corrompues, lacunaires alors se pose une effrayante question : cet être perd il son humanité ? Peut on appeler son existence dans un tel univers comme étant une Vie ?

Malgré sa fièvre, Arkhams grimpait inlassablement le donjon. Les escaliers en accordéon ne semblaient posséder aucune fin. A chaque demi tour, l'ancien Lord espérait apercevoir le sommet ou au moins un palier reposant. Mais rien de tout cela n'existait car l'architecte fou de cette structure et de ce monde voulait détruire toute trace de volonté dans l'esprit de ses invités et disciples. Ganondorf n'a jamais rien bâti de ses mains, il n'a fait que détruire la cohérence et la vie dans l'univers.

Combien de temps Arkhams rodait il dans ce château ? Cet homme qui n'en était plus un ne le savait pas. Une semaine ? Un siècle ? Le moteur qui faisait avancer le temps était grippé et chaque seconde qui aurait normalement dû s'écouler dans la clepsydre universelle venait abîmer l'esprit du Mille-Casaques. Sans Horloge, l'humain n'a plus ni passé, ni présent, ni futur. Il n'existe plus. Il est une parodie du vivant, une illusion.

Le Traître se surprit à sourire, dans un accès de fièvre délirante.



"Je me nomme Arkhams. Non, je me nommais Arkhams. Non, je me nommerai Arkhams ? Que dois-je dire en réalité ? Que devais-je dire ? Que devrai-je dire ?"


Les phrases n'avaient plus de sens. Elles étaient une danse hasardeuse de mots vides aux embrassades de syllabes impossibles.

Son âme se dissolvait, comme un mauvais poison au fond d'un verre d'alcool traître. Mais c'est en un battement de cils ou après une éternité d'escalade que ce maudit hère atteignit le sommet de la montagne, le toit du monde : Les anciens appartements de Ganondorf.



"Avant d'entrer, la politesse veut que je me présente."


Bien que sa noblesse et les bonnes manières tapissaient toujours le fond de son cœur malheureux, il ne put en exprimer davantage.


"Mais je ne sais même plus faire cela. Savais ? Saurai ... ?"


Arkhams s'effondra sur le tapis, la conscience au bord du précipice du coma. Au fond de ce ravin ténébreux, les Enfers.

Mais c'est d'une main blafarde, aussi moite que glacée par les tortures psychologiques de ce quasi-univers, qu'il parvint tout de même à ouvrir la porte.
Cette dernière grinça, comme toutes les antiques choses coulissantes de ce manoir solitaire, et frôla un tapis épaissi par une poussière collante. La pièce était ronde, sans coin ou recoin pour se protéger du regard omniscient de son habitant disparu. Elle ne possédait aucune ostentation, aucune excentricité pourtant habituelle chez le monarque Gérudo. Seul un trône, taillé directement dans un bois anormalement gris, servait de meuble. Ses arêtes étaient rudes, façonnées par les coups de hache et non par le ciseau expert et délicat d'un maître artisan. Le royal fauteuil était brut et sec comme son maître. Il faisait face à une unique fenêtre.

Ce qu'Arkhams vit à travers elle le combla d'horreurs pour une vie entière. Nul paysage désolé ne s'y laissait entrevoir. L'ouverture à travers l'épaisse tour donnait sur un spectacle intolérable. S'y voyait un tourbillon angoissant de néant, flottant en sa mer chaotique des images pèle-mêle de mondes morts ou à naître. Ici les lumières d'Hyrule, là bas les couleurs de l'Enfer, du Paradis, du Saint Royaume, qui se tordaient à l'infini, se mélangeaient sans complexe dans un tableau incompréhensible. Pris d’épilepsie devant la folie galopante de cette vision, Arkhams se mit à vomir et s'écroula définitivement derrière le trône. Il parvint à prononcer, la voix brisée par un haut le cœur déchirant sa gorge :



"je t'en supplie Maître, tue moi ou prend moi".


Des paroles d'un autre temps. Des mots de lâche, de faible. Une supplication qu'un Arkhams enfant avait déjà émise. Une maudite prière faite par ce Kokiri banni et condamné à la damnation, sans race et sans avenir.

Le temps n'étant pas cyclique, les événements ne se répétant pas, cette fois ci son ténébreux sauveur et souverain n'était pas là pour lui répondre.


Franc


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Lieu : Salle du Conseil
Titre : Terribilis Delirium

Les candélabres crachotaient leur halo de lumière le long des murs de la pièce. Leur mission était impossible, tant les ténèbres furent épaisses. Quelques tapisseries au scène épique et violente cachaient de lourdes pierres obscures.

Une grande table tenait lieu d'unique meuble, garnie d'un grand nombres de sièges au large dossier. L'un d'eux était plus massif que les autres, mais nul ne l'occupait. Bien fou était celui qui aurait osé le garnir de son séant. Bien maudit aurait été l'imprudent. A sa droite, l'autre siège se faisait plus modeste, bien que son propriétaire fut un homme tout aussi important.

Shanks trônait dignement dans sa charge de dextre du Seigneur devant une assemblée illustre, du genre de celle qui délibère pour changer le monde, ou plutôt pour le défigurer à jamais. Les mines des officiers étaient sérieuses et la luminosité de la pièce ne rendait pas honneur à leur lugubre visage. Les plus inquiétants étaient capuchonnés par les ombres, leurs autres par leur cape. D'autres encore montraient leur face. Ceux là étaient les plus hideux du groupe.  

Le fabuleux Bras Droit s'entretenait avec clarté mais autorité des affaires les plus importantes avec ses troupes. Cela pestait contre un certain Anatar, ou encore d'un Conan mystérieux. Des patronymes détestés et synonymes de danger pour ces acolytes du Mal. Arkhams écoutait attentivement, avec cet air qu'ont les gens qui se veulent important. Il examinait la trogne de ses collègues avec minutie.  

Alors que la réunion se poursuivait dans l'obscurité de la Salle du Conseil, la scène se figea, se brouilla, puis disparut dans les volutes du passé.  

Ne restait alors qu'Arkhams, vieilli par les ans et les épreuves dans une pièce tout à fait noir. Les sièges de ses amis tristement vides et mordues par le temps. Toutes ne tenaient plus debout. De même que les tissus muraux, assassinés sous les assauts de quelques vermines irrespectueuses. Savaient-elles seulement le blasphème qu'elles avait commis ?  

Arkhams avait revécu cette scène, peuplée de fantômes douloureux avec une consistance telle qu'il crut avoir perdu la raison. Son retour à la réalité n'en avait été que plus déchirant. Nul n'avait siégeait dans cette salle depuis une décennie au moins … Les poings serrés sur la table, il se mit à la cogner brutalement.  


« Silence ! Cette réunion n'est pas close. Écoutons le Bras Droit de sa Seigneurie ! » cria-t-il, encore perdu dans l'ivresse de son hallucination nostalgique. Au grand regret de son cœur, la voix de Shanks ne répondit pas. Jamais plus il ne l'entendrait …

Hormis l'écho de sa voix délirante, seul le silence drapait ce triste personnage.


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