Retrouvailles impromptues [Terminé]

[ Hors timeline ]

Astre


Inventaire

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(vide)

Voir son ami prendre la situation en main, attraper la jeune femme et lui sauver la mise ou au moins figeant la vie dans ce corps pour ne pas qu’elle s’échappe, cela avait été dur à regarder. Cet homme sombre et fatigué, ce noble décharné avec sur le poids des épaules plusieurs passés parallèles, transpirait un sentiment différent de d’habitude. Une étrange tristesse émanait de lui, au plus grand dam d’Astre qui ne souhaitait en aucun cas blesser ce frère si adoré. Mais malgré cela il comprenait la douleur soudaine qu’il pouvait ressentir car lui-même avait agi. C’était bien lui qui avait abattu la pauvre Tsubaki. L’air distrait, l’assassin regarda ses mains pendant qu’Arkhams finissait de couver sa bien-aimée dans ce nid de givre. Et puis l’effort produit lui fit fléchir un genou. Même vu d’extérieurement, ses muscles semblaient en feu et son visage suait de la glace.

« Shoumei. » Etait-ce le premier mot que prononçait l’intrus ? Astre avait oublié jusque sa présence, mais bien vite il réalisa qu’elle tenait à s’affirmer, surtout lorsque le jeune disciple se mit à apparaitre et à disparaitre, comme une flamme qui vacille, et qu’à chaque fois que son corps se matérialisait, un coup venait tirer une étrange panoplie de sons du seigneur en perdition. L’ex-sénéchal avait les yeux exorbités, injectés de sang. Il tenta de parer les coups, mais c’est comme si son adversaire et lui étaient des spectres, non traversables le temps de la sorcellerie provoquée par le disciple de Tsubaki. Finalement, l’image terrifiante du garçon-fantôme se paralysa ; il avait cette fois un couteau, probablement celui qui avait déclenché ce déchainement de violence. Cette simple mèche coupée… Astre avait le regard effrayé. L’arme allait bientôt s’abattre sur le corps évanoui d’Arkhams, piètre figure du Mal à présent.

« Ne fais pas ça ! » avait-il voulu dire. Mais les mots étaient restés dans sa gorge et il ne put que réprimer une sorte de sanglot. Rageur, il décida de ne pas s’abandonner à ce désespoir faiblard sans ayant au préalable combattu pour gagner le droit des larmes après le devoir du sang. Il chercha des yeux son poinçon, qui luisit méchamment. Astre hésita à ramasser l’arme, finalement s’y résigna puis chercha des yeux le vil maraud. Seulement l’ombre l’avait rappelé à elle. Et il n’y avait plus que les trois amis. La vision de Tsubaki dans cette bière de verre éphémère, avec l’effusion de sang cristallisée qui partait de son ventre, était difficilement soutenable. Quant à Arkhams, il semblait avoir été épargné par le disciple. Pour le moment du moins. Il ne fallait pas se réjouir trop tôt. Il se rapprocha d’eux, se demanda ce qu’il pouvait faire à part les cacher. L’aube approchait de plus en plus. Et si le petit teigneux était encore dans les parages ? Astre se gratta le sourcil droit, qui le démangeait.

Le corps disloqué de son frère comme une poupée désarticulée restait imprimé dans son esprit, même une fois qu’il eut détourné le regard. Il fallait agir rapidement. Car lorsque le soleil sortirait la tête de son trou, il n’en ferait qu’une bouchée de ce cercueil de glace. Astre de ses mains creusa un trou près du lac. Ses mains lacérèrent le sol et le sol lacéra ses mains. Chaque blessure faite à la terre, la terre la lui renvoyait. Ses ongles maintenant cassés étaient noirs de boue et de sang séché. Le ciel commençait à s’éclaircir petit à petit. Astre redoubla alors l’effort ; il ne sut pas combien de temps ça lui avait pris mais lorsqu’il se releva, il fut satisfait de l’ampleur de la fosse. Il creusa ensuite un tunnel format réduit qui menait l’eau du lac dans ce creux. Bientôt le trou fut comblé, et Astre y poussa le cube limpide dans lequel reposait la douce Tsubaki. Ainsi l’eau retarderait l’effet du soleil, mais bien sûr une fois à son apogée la glace fondrait tout de suite. Il fouilla Arkhams, lui arrachant deux grognements. Il lui prit deux poignards. Il avait son aiguille encore rouge. Il mit son manteau sur le cercueil et planta chaque extrémité avec les diverses lames. Une bâche s’étendait maintenant au dessus du glaçon. Les rayons avaient perdu leur force. Cela laisserait aux deux frères maudits le temps de réagir. Il redressa l’Illusion Dépravée vers lui comme le convalescent qu’il était. Des bruits gutturaux sabrèrent l’air. Souffreteux, le gueux.
« Arkhams, réveille-toi. J’ai besoin de ton conseil. » Il le gifla doucement, ne prenant guère plaisir à cette mutilation gratuite. Mais le temps ne les attendait pas, lui.


John Doe


Inventaire

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(vide)

Ses doigts brulés par le Démon du Froid, plaqués sur cette carapace morbide, mettaient son âme à nue. Arkhams caressa ce cocon funèbre avec l'idée, peut être, d'avoir perdu quelque chose de cher et ceci il n'en constaterait les dégâts que plus tard. Il n'en voulait pas à son ami d'avoir voulu protéger son corps. Et c'est d'ailleurs, crut il, que le remord avait poussait Astre à lui retirer ce presque-cadavre des mains et à l'avoir conservé dans une morgue au coeur de la terre des rives du Lac, faiblement protégé par une eau hideusement tiède, qui allait faire pourrir une chair si parfaite et tendre. Oui ! Elle méritait la mort cette traitresse de petite vertu !

Peut être y avait il espoir qu'elle recouvre la vie, qui sait ? Mais Arkhams s'en fichait à présent. Il voyait déjà son avenir sans elle. Qu'importe.

Le Vil Larron, bien plus vil à présent que la veille, regardait son ami se détruire les dextres dans le sol ingrat. C'est alors qu'il se rendit compte de son état physique. Il gisait au sol, le corps en miettes. Son cerveau avait fait une ellipse gracieuse sur son passage à tabac injustifié. Le jeune disciple de sa femme l'avait estropié gravement, aucun mouvement ne pouvait apparaitre. Son exosquelette déjà friable était en cendre et sa moelle semblait sèche. Il ne souffrait pas, son esprit était bien trop loin dans le futur. Malgré la puissance de la valse infernale que le compagnon de Tsubaki lui avait forcée à exécuter, il restait conscient. Astre, inquiet ou simplement impatient de déguerpir, souleva son frère d'une poigne de fer. Espérait il que cette aide virile allait motiver l'Illusion Dépravée à partir ? Bah ! Toujours est il que le Sénéchal, le plus noble des nobles, s'interrogeait sur la suite.

Les pensées d'Arkhams eurent du mal à se réunirent et compliqué fut pour lui de se concentrer sur les affaires de ce bas monde à présent amputé de sa femme.



« Arkhams, réveille-toi. J’ai besoin de ton conseil. »

Il ne s'était pas rendu qu'il avait effectivement les yeux clos. Il se cachait peut être d'un rideau de peau l'infâme réalité. Sa réponse fit couler un fluide rougeâtre le long de son menton. Il déclara, sans conviction :

« Il faudra que tu la relèves d'entre les morts. Il faudra que tu scelles notre pacte. Recrutes le petit, il a été assez sournois pour frapper un handicapé ! »

Il finit sa dernière phrase avec un humeur mal assuré. Arkhams, de la tête, autorisa son ami à partir de ce lieu.






Bien plus tard, titubant, Arkhams se jeta tout entier dans cette mare macabre. L'eau s'était mise à brunir. Il quitta enfin le cercueil de glace, baignant dans une soupe acide. Personne, pas même un rat, ne s'approcherait du tombeau, croyant qu'une taupe morte y pourrissait. Il revêtit une robe de soie fine et se dirigea ailleurs en Hyrule, la démarche impériale. Enfin propre. Enfin noble.


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