Posté le 11/04/2012 21:49
Visiblement, Arkhams n’avait pas été assez délicat avec sa moitié car celle-ci se lança dans une tirade sanglante où la dignité de l’ex-chambellan fut plusieurs fois contestée. Entre les insultes qui tournaient autour du thème pourriture –et on ne pouvait pas vraiment en vouloir à Tsubaki- et ses déceptions, il n’y avait que peu de place pour faire l’éloge d’un vieux loup comme Arkhams. Elle lui prouvait son amour passé par des fidélités éternelles au conditionnel, s’il n’avait pas, s’il avait. Et si et si…
Elle s’adressa ensuite à Astre, qui légèrement dépassé par les attaques personnelles à l’encontre de son ami s’était placé en retrait. Il ne pensait pas qu’elle serait un jour aussi vindicative contre cet homme qui fut son mentor, son amant, son but dans la vie.
« Astre mon ami. Je n’hésiterai pas une seule seconde à te rejoindre mais voilà que tu traine avec ce traitre, ce pleutre. C’est comme si tu cautionnais l’injure qu’il m’a fait.
Si encore il était parti en long périple pour te ramener parmi nous soit assuré que je l’aurais accueilli comme il se doit mais au vu de son allure j’en doute. »
L’homme de lettres, si l’on pouvait le considérer comme tel en raison de son passé d’écrivain et de rédacteur-en-chef de la feuille de choux nationale d’Hyrule, prit son temps avant de répondre.
« Je ne comprends pas ta colère, ma chère Tsubaki. Je ne sais rien des voyages qu’il a pu exécuter durant mon absence. Je sais juste que j’ai subi de nombreux sévices et injustices de la part d’un état qui s’est dit généreux et très juste. Ce même état qui a abandonné son laxisme répugnant contre un ennemi de pensée. Les meurtres qu’on put m’attribuer n’ont jamais été prouvés ; j’ai donc été exilé comme un malpropre, pour le seul crime d’avoir exposé tout haut et tout fort ce que je pensais. Je suis revenu en ces terres après près d’un an de malheurs. Ce n’est pas pour me confronter à des amis qui tournent le dos à tous les principes qu’ils respectaient hier. Sache que je puisse admettre ton adhésion à la division du Malin. Encore que ce maître nous ait tous abandonner en cours de route pour revenir, imprudent, et ramasser à la pelle les bandits de grands chemins qui traînaient sur la route, ignorant complètement l’aide que je pus lui apporter. Il n’a pas cherché à me retrouver, moi, son plus fidèle allié… ». Ce n’était que le début de la harangue. Il cracha par terre pour expulser un peu de cette bile devenue sèche, et qui encombrait maintenant sa bouche en empêchant les mots de sortir.
« Tu as été délaissée. Crois bien que j’aurais préféré rester auprès de toi plutôt que d’être exclu avec violence. Sans reconnaissance… Tu es une âme sensible, dans le fond, ma douce Tsubaki. Et je comprends ta rancœur… Mais ta colère contre ton mari me semble injustifiée ; s’il est à présent dans un état si déplorable, c’est bien parce qu’il a erré tel le parfait vagabond à ma recherche, à ta recherche, avant de comprendre qu’il n’avait plus aucune chance de nous retrouver. Et je ne peux le blâmer pour cela. Néanmoins, ta place aux côtés du Seigneur Noir a dû l’interpeller. Et à ce moment là, il a dû se dire : Je suis trop misérable pour qu’Elle me voie ainsi. »
Astre parlait calmement, malgré la fatigue extrême qui menaçait de le faire tomber dans le gouffre onirique. Cauchemardesque, étant plus probable.
« Savez-vous au moins combien de fois j’ai prié pour vous retrouver sain et sauf tous les deux ? Combien de fois j’ai espéré que tout redeviendrait comme avant ?
J’avais imaginé toute les façons possibles dont on pourrait se retrouver et me voilà aujourd’hui obligée d’admettre que je préférerais peut être que vous soyez mort. »
Ces mots ne plurent pas au sénéchal ; il n’était pas habitué à des séquences émotionnelles aussi longues et aussi fortes. Cela le tourmentait de voir ainsi sa sœur blessée dans les tréfonds de son esprit. Pourtant, il ferait tout pour la raisonner, dusse-t-il se défendre et la heurter physiquement.
« Il faut que quelqu’un meurt aujourd’hui. Soit ce sera vous, soit ça sera moi. Je n’ai ni l’envie ni la force de choisir entre mon honneur et mon cœur, à moins que vous ne me donniez une bonne raison de vous épargner.
Vous aviez raison. Sire Ganondorf n’aurait pas dû vous laisser en vie. Mais peut être était-ce là son plan ? Peut être savait-il que ma loyauté envers lui vous tuerait tous deux ? Quelle meilleure preuve pourrais-je lui fournir de ma fidélité ? Et maintenant vous voilà assez sot pour croire qu’il n’avait pas déjà prévu tout cela. Peut être sous estimez vous ses pouvoirs… »
La colère gronda de chez Astre comme le tonnerre lointain d’un titan qu’on réveille.
« Ganondorf n’était pas aussi prévoyant ! Il était certes vil et plongé dans les limbes les plus éloignées de la noirceur humaine, mais en aucun cas il n’aurait pu prévoir que ses lieutenants feraient mieux que lui, osant se montrer plus qu’il ne l’a fait lui-même, osant proclamer un règne qui ne vint jamais ! J’ai foi en ma personne, j’ai confiance en Arkhams, et j’espère pouvoir te redonner ma confiance, car à t’entendre déblatérer de manière si enfantine, il me vient des envies de frapper. » Le jeune homme avait le regard flamboyant, et les jointures de sa dextre venaient cogner la tempe du même côté. Il n’était plus tout sourire, tout mielleux. Il était sorti de ses gonds, prêt à bondir sur la jeune femme pour lui asséner la vérité à coups de poing et de pieds.
« Nous sommes là, maintenant, c’est tout ce qui compte. » Par précaution, il avait extirpé une aiguille de sa manche. Piètre défense face à une arme courte comme longue, mais au moins ne risquait-il pas de mourir mains nues.