Posté le 23/09/2012 18:01
Kuro se reprenait tout juste de « l’illumination » de la prêtresse lorsque Link entra dans un état qui était, à nouveau différent de ce qu’il avait laissé entrevoir de sa personnalité jusqu'à présent. Le jeune homme avait conduit Flora auprès du chevalier qui avait mit genou à terre et, à nue toutes ses pensées :
« Je suis là, Nayru. Nous vous attendions, Hyrule vous attendait et vous priait. Bontés Divines, coquin de Kuro, tu sers de canne à une Déesse, t’en rends-tu compte ? »
Kuro n’avait de cesse de se rassasier du spectacle que cet homme lui offrait. Tantôt froid et distant à tel point qu'il pouvait ignorer jusqu'à l’existence de certain, tantôt d’une chaleur et d’une piété qui pourrait faire briller les yeux des Grandes elles-mêmes. Il était uniquement et entièrement multiple. Un jeu ? avait alors pensé le jeune homme. Mais bientôt Kuro eut réponse à cette question :
« Notre rencontre n’est pas fortuite, je gage. Que dis-je, je le prie ainsi, faites qu’elle ne soit pas fortuite !
Kuro Dragmire, petit frère, nous devons être les témoins de la Parole de la Prêtresse. Ecoutons et apprenons d’elle. Père n’a aucun avenir sans elle.
Dites-nous, Flora. Dites-nous comment Père doit diriger ce peuple et lui éviter la ruine. »
« Aidez-nous à vivre, Sagesse. Aidez-moi à vivre, moi qui ne suis que l’Ombre de Link. »
« Ombre de Link ? » Kuro croyait avoir mal compris les propos de son frère. Il n’y avait cependant aucune présence d’ironie lorsque, dans un geste de la main, le chevalier invita son frère à s’incliner lui aussi. L’incarnation s’étant incliné, l’enfant fit de même. Il lâcha la main de la jeune femme pour mettre genou et poing au sol tandis que sa tête s’inclinait. Mais quelque chose attira son attention : malgré l’absence totale d’une quelconque brise, le vêtement de la prêtresse semblait parcouru par un léger tremblement. Il leva alors les yeux pour voir ce qu’il en était. Flora regardait le ciel, sa main posé sur l’épaule du « croyant » demandant bénédiction, comme si elle invoquait les déesses, leur priant d’intervenir en la faveur de cette âme. Puis elle baissa la tête et à sa grande surprise, Kuro fit de même. Ce n’est qu’après avoir agis ainsi que le jeune homme se questionna sur la raison de son geste. Fuyait –il le regard de la religieuse ? Il n’y avait aucune raison, bien au contraire, d'ailleurs le jeune homme n’avait jamais détourné le regard devant quelque chose qui le fascinait alors, pourquoi ? la voix de Flora se fit soudain entendre :
« La question n’est pas l’ombre de qui vous êtes, mais plutôt qui vous souhaitez être. Si vous choisissez de n’être qu’une ombre, vous le resterez. Créez-vous votre vie. Si vous avez peur des souvenirs d’un autre, renseignez vous auprès des mages de l’Esprit. Je suis certaine qu’ils peuvent vous aider. »
« Quant à votre Père, je ne sais quoi vous dire, sauf qu’il doit continuer à croire … Tout est possible avec la foi. Je suis convaincue qu’il est appelé a faire de grandes choses. Terribles, certes -pour certains- mais stupéfiantes…..»
Bien qu’elles étaient à propos de celui dont on disait être le mal incarné et de l’un de ses fils, des paroles absentes de toute animosité sortirent de la bouche de l’oracle, . Naïveté ? Non, les propos de la jeune femme étaient certes simples mais justes et très certainement, appropriés aux maux qui tourmentaient le cénobite de l’instant. Ignorance ? Non plus, elle avait très clairement fait entendre qu’elle savait de qui les deux hommes étaient. Sagesse, oui simple et envoûtante sagesse, voilà ce qu’il en était.
Flora s’agenouilla brusquement sur le sol pour se retrouver face à face avec Link et, la tête légèrement penchée sur le coté, elle se mit à toucher le visage de ce dernier, redessinant du bout des doigts les traits de son visage. La scène était certes étrange mais curieusement ensorcelante. Aucun regard ne pouvait être échangé : il n'y avait qu'un simple contact qui était probablement bien plus porteur de sens pour Flora que pour quiconque.
Le jeune homme était heureux d'avoir rencontré ces deux personnes. Plus il les côtoyait, plus la saveur de leurs échanges se faisait de plus en plus prononcé. Il voulait demeuré là encore et encore pour apprendre, voir, comprendre, ressentir...
Alors que Kuro se laissait aller à admirer le rite de la jeune femme, son cœur, lui, pulsait de plus en plus fort. Lorsqu’il s’en rendit compte les pulsations étaient telles qu’il croyait que leur son raisonnait hors de sa poitrine. Le jeune homme ressentait quelque chose d’inconnu jusque là, à mille lieux de la fascination. Il ne savait pourquoi mais la scène perdait de sa saveur puis un ressentiment commença à naître.
« Navrée Chevalier, je ne voulais pas me montrer indiscrète … »
La sensation étant fort désagréable il devait y mettre fin en s'occupant l'esprit par autre chose. Il s’adressa alors à son frère :
« Chevalier, je ne veux en aucune façon gâcher cette troublante joie qui vous habite mais, la santé et la sécurité de l’oracle sont choses que nous ne pouvons négliger ! Ne tardons pas ! »