Posté le 30/03/2012 13:56
Tout le monde avait entendu le cri de détresse de la Dame lancé à son amie, et il n’avait fallu qu’un seul bond de sa part sur une étagère, afin de passer dans le dos de son adversaire, pour qu’Orpheos rejoigne lui aussi au combat.
La croisée se retrouva encerclée de deux Sheikah, Orpheos découvrant Impa à ce moment précis. C’était donc la nourrice de la princesse qui l’aidait depuis tout à l’heure.
Leur ennemie vêtue de mauve était blessée à l’épaule, n’avait plus qu’une dague, et semblait posséder un bras en état de faiblesse. Ayant tenté d’attaquer la sage de l’Ombre dans son dos, celle-ci parait désormais son unique dague de son épée, débutant un duel de force entre elles.
-Je ne sais ce que votre amie est partie faire… engagea Orpheos d’un ton placide, mais pour vous, il semblerait que le combat soit terminé.
Le chancelier sortit une de ses propres dagues de sous sa cape blanche, prêt à meurtrir la guerrière du désert.
Mais il ne fallait souvent parler que du loup pour qu’il fasse son apparition : en un instant, avec une rapidité et une discrétion terrifiantes, une femme se joignit à son tour au duel pour menacer la vie d’Impa d’un poignard mis sous sa gorge.
-Eloignez-vous tous de Dame Withered ou je tue cette femme, menaça-t-elle, calme et déterminée.
Aucun des deux Sheikah ne prononça mot, encore surpris de la tournure que venait de prendre ce combat. Que faire ? Orpheos allait frapper cette Withered, mais s’il comptait parvenir au bout de son geste, il devrait sacrifier Impa. Et il en était hors de question.
Alors, le chancelier recula de quelques pas, tout en observant les deux femmes… Tsubaki. Sous sa cape, elle était visiblement grande et élancée, mais surtout aussi belle que ténébreuse. Au premier abord, et contrairement à Withered qui ne laissait paraître aucune douceur illusoire sur ses traits, jamais on ne l’aurait crue capable de menacer la vie d’autrui. Mais un Sheikah connaissait fort bien le goût de tromperie que laissaient les apparences. Et à ce propos, il y'avait de fortes chances pour que cette femme et la louve blanche de tout à l'heure ne soient qu'une seule entité.
Tsubaki s’approcha ensuite de son amie en continuant de menacer Impa de son poignard, prit quelque chose dans la robe mauve de Withered, et fit rouler l’objet vers Orpheos. C’était une orbe à l’éclat bleu glacé.
-Inutile de nous attarder ici plus longtemps, je ne veux pas rater la « petite fête », assura-t-elle à la Dame en mauve, avant de s’adresser à quelqu’un d’invisible. Maître, emmenez-moi dans vos ombres.
Un bref sentiment d’horreur naquit alors dans les yeux d’Orpheos. Face aux quatre protagonistes, une masse noire et brumeuse s’échappa à cet instant de l’objet… C’était lui. C’était la forme de son corps, l’écho de sa voix !
-Venez à moi, mes fidèles... Quand à vous, félicitations. Je vous convie à une réception somptueuse dans ma grande salle. J'espère vous y voir nombreux...Après tout, je suis votre hôte.
La bibliothèque parut s’assombrir davantage, puis l’obscurité envahit la salle un court instant, avant même qu’Orpheos n’ait eu le temps d’agir ou de parler…
Durant ce laps de temps, les deux croisées disparurent. Et l’orbe, lui, se retrouva vidé de l’essence noire du seigneur Gérudo.
-Qu’est-ce que cela signifie… ? ne put s’empêcher de murmurer Orpheos, en contemplant l’arcane qui continuait de briller faiblement. Ganondorf nous espionnait donc à travers ceci ?
Après avoir lancé un regard éloquent à Impa, le chancelier se baissa pour caresser, du bout des doigts, l’orbe qui gisait à ses pieds. L’aura maléfique du seigneur des sables en émanait encore…
-Votre invitation est si poliment donnée que nous allons y répondre sans tarder, dit-il en ne quittant pas l’orbe des yeux. Avec toutes nos excuses pour le carnage laissé en ces lieux de culture.
Vive, la main d’Orpheos ressortit de sous sa cape pour planter droitement sa dague dans l’arcane magique. Sa lueur bleutée cessa de se refléter dans ses yeux émeraude, et dans un bruit net de verre brisé, l’orbe s’effondra en morceaux sur le sol poussiéreux de la bibliothèque.
-Je ne saurais vous remercier assez pour votre assistance, dit Orpheos à Impa en contemplant les restes d’orbe, toujours accroupi. Vous m’avez très certainement sauvé la vie à plusieurs reprises dans ce combat. Mais comme le seigneur Gérudo l'a laissé entendre, celui-ci n’était que la première partie de notre bataille…
En écartant la pensée que sa route recroiserait plus tard celle des dénommées Tsubaki et Withered, le musicien se redressa enfin, puis observa Impa en silence. Tous deux n’avaient, heureusement, que des blessures superficielles.
-Partons, maintenant… Rejoignons le Grand hall, et voyons ce que notre hôte nous réserve.
La sage et le chancelier repartirent ensemble, marchant côte à côte pour la première fois, au milieu de l’allée principale qui serpentait entre les nombreuses étagères tombées au sol. Ils avançaient sans se retourner, désormais seuls dans cette trop grande et trop sombre bibliothèque.
…Ou peut-être pas si seuls ?