« En prison, être innocent, c'est du manque de tact. »

[Geôles]

[ Hors timeline ]

Llanistar van Rusadir


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(vide)

Jusqu'alors, Llanistar ne s'était jamais rendu dans la prison du château. Lors de ses tournées d'inspection, on lui avait toujours affirmé que les lieux étaient bien tenus et qu'un passage n'était pas nécessaire. L'esprit trop occupé pour voir clair dans ce petit jeu, il n'avait pas cherché plus loin. A présent, il comprenait qu'on ait voulu l'empêcher de contempler la vérité. Situées au plus profond sous sol, les geôles n'accueillait le plus souvent que de la menue racaille. Des voleurs à la tire, des escrocs ou des bandits de grand chemin, sans autre crime que d'avoir voulu survivre au dépend des autres. Le nordique savait que peu d'entre eux s'était écarté du droit chemin le coeur léger. Tous savaient qu'ils risquaient beaucoup...Du moins en théorie. Dans les faits, la princesse Zelda qui rendait la justice s'avérait toujours indulgente, n'imposant que des peines d'enfermement, jamais la mort. A cela, le général n'était pas habitué. De l'autre côté de la mer, au nord-ouest, une main ou une tête se perdait vite et le bagne jouxtait le cimetière. A côté de son pays, Hyrule semblait le havre d'une justice aussi douce que la caresse d'une mère. Au fond de lui, il se sentait peiné de devoir briser cette situation.

Flanqué de deux officiers, vêtu de son armure de général, Llanistar observait les toiles d'araignées et les diverses saletés qui garnissaient le couloir menant à la prison elle même, un léger dégoût affiché. Impossible de se rappeler le visage du menteur qui lui avait vanté l'état impeccable de cet endroit mais il ne laisserait pas passer un tel manquement à la discipline. Les prisonniers étaient déjà privés de la lumière du jour, nul besoin était de les étouffer dans la poussière. Il arriva devant une première porte et frappa deux coups lourds de son poing d'acier. Une fente s'ouvrit, dévoilant un oeil inquisiteur. Il fallu un instant au soldat à qui il appartenait pour reconnaître son général et tirer le loquet, ouvrant le premier sas. Entre deux portes qui ne s'ouvraient que de l'intérieur, deux soldats qui jouaient aux cartes et leur compagnon portier se mirent maladroitement au garde à vous. Llanistar retint un soupire, désespérant de faire de tous ces hyliens de vrais soldats un jour. Si certains montraient de prometteuses qualités, une proportion assez large ne semblait pas percevoir la gravité de la situation. Il fit signe au soldat d'ouvrir la seconde porte et pénétra dans le second couloir. Ce dernier était droit, long, de manière à pouvoir tirer des carreaux d'arbalète sur des prisonniers tentant de forcer une évasion. La saleté était toujours présente mais l'attention du nordique était plutôt concentrée sur une sensation étrange qui le prenait aux tripes. L'impression soudaine d'être encerclé de magie, brute et palpable pour qui serait y serait un minimum sensible. En tant qu'empathe, le général se sentit oppressé par une telle présence et il ferma son esprit. Il comprit alors que les murs de la prison avaient dû être bâtis en y mêlant des sortilèges, afin d'éviter toute possibilité d'évasion. Les pouvoirs magiques ne fonctionneraient plus en ce lieu.

Il arriva devant un second sas, frappa à nouveau et la porte s'ouvrit aussitôt. Le garde avait dû le voir arriver de loin en attendant le son lourd de ses bottes à talons d'argent dans le couloir. Les trois soldats étaient déjà au garde à vous quand il entra. S'étaient ils préparés ou savaient ils mieux se discipliner, impossible de le dire sans son don d'empathie, mais il leur accorda le bénéfice du doute. Une fois le second sas franchit, il arriva dans la salle des gardes de la prison. Eux avaient le droit de se relâcher mais tous se levèrent lorsqu'il entra. Llanistar put observer avec satisfaction l'effet que cette armure provoquait sur ses hommes. Il était réellement leur chef. Et un chef se doit de se salir les mains. Sans plus les déranger, il franchit à nouveau la porte à l'opposé. La salle d'interrogatoire était prête, comme il l'avait demandé. Un brasera, avec un fer chauffé à blanc, une table de tourments bardée de fers destinés à maintenir le questionné, un attirail d'instruments perçants, tranchants, écrasants...Rien de plus que de la mise en scène. Mais cela ferait son effet, et si les dieux étaient bons, le nordique n'aurait pas à s'en servir. Pour y avoir goûté, il n'aimait pas la torture. Mais parfois, la nécessité d'Etat ordonnait d'aller plus loin que où la conscience nous dit de nous arrêter.


*Pourvu qu'ils ne jouent pas aux imbéciles.* Pensa t'il.

Enfin, il pénétra dans la prison proprement dite. La logique du bâtiment était pensée de telle manière à ce que les cellules les plus confortables et spacieuses se trouvaient les plus proches de l'entrée, et le moins profondément sous terre. Ainsi, les pires criminels étaient jetés dans des oubliettes si sombres et basses qu'on ne tardait pas à y dépérir, tandis que quelqu'un envoyé dans une cellule doté d'un lit et mangeant à sa faim ne tardait pas à en sortir. Néanmoins, cette absence de séparation au sein de la prison permettait aux petits criminels d'entendre les pires se lamenter depuis les profondeurs. Cette expérience suffisait en général à décourager les récidives, à ce qu'on lui avait dit.
Llanistar commença par une des cellules les plus confortables. Pas de lumière à l'intérieur mais un lit de paille. De quoi ne pas perdre la raison. Il ordonna aux officiers qui le suivaient d'ouvrir la lourde porte en fer. Deux lourds verrous furent tirés, puis il entra. Après avoir tiré un parchemin d'une sacoche que lui tendait un des deux hommes, il le déroula et appela à voix haute et grave la silhouette qu'il peinait à distinguer dans une telle obscurité,


"Katrina Skara !" Il marque une pause, pour lui laisser le temps de reprendre éventuellement ses esprits, avant d'enchaîner, "Suivez moi."

Un des officiers s'avança avec des chaînes de poignets. Malgré les mesures de sécurité du lieu, Llanistar ne prendrait aucun risque de voir ses "invités" s'échapper. Pas avant qu'ils aient répondu à ses questions.


Withered


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Elle s'était faite avoir. Elle avait voulu jouer la justicière, jouer l'arme parfaite comme autrefois, et elle s'était faite avoir.

Il y eu le son de plusieurs -nombreux même- cavaliers se dirigeant vers le théâtre de leur affrontement, mais elle ne tiqua pas. Les Rédempteurs, Saria et l'enfant étaient toujours là, et elle ne pouvait prendre le risque de détaler en laissant des blessés. Il ne fallait pas que les âmes profitent de leur inattention pour donner un coup fourbe à qui que ce soit. Mais il y eu le son de la corne, et elle comprit qu’il était trop tard alors que ses yeux froids et imperturbables étaient toujours fixés sur ses cibles. Mais ses mains savaient qu’aucune flèche ne serait plus tirée maintenant.

- Par l'autorité de la couronne d'Hyrule, je vous déclare tous en état d'arrestation. Rendez vous ou mourrez. La lumière sera faite équitablement sur votre culpabilité, par la Justice des Déesses.

Katrina ne chercha aucune échappatoire. Elle s’était renseignée pour écrire sur le général Rusadir –précis, rodé à la guerre et aux coutumes bien différentes de celle d’Hyrule, il y avait fort à parier qu’il ne laisserait pas de voie d’issue aux combattants-, et le voir ici faisait soudain mentir son journal, tandis qu’un sourire mince se dessina sur ses lèvres. Douce ironie… Elle se releva, rangea son arc dans son dos –elle n’allait surement pas le laisser ici, en plein milieu de Cocorico- et leva les mains en signe de coopération. Elle n’avait tiré aucune flèche, alors si Justice était vraiment rendue, peut-être avait-elle une chance de s’en sortir sans mal.
Elle fut encadrée par quelques gardes, et ils la conduisirent au bourg. Le voyage entravé par les chaines fut douloureux, pénible, mais elle ne broncha pas. Elle ne chercha pas non plus à savoir qui s’était rendu ou non, et si le nouveau-né était sain et sauf. Maintenant, il allait falloir qu’elle joue bien ses cartes et qu’elle ne commette aucune imprudence ou provocation stupide.
Lorsqu’ils entrèrent dans la prison, la froideur des lieux la laissa d’abord aussi neutre que d’habitude. Mais plus ils s’enfoncèrent, plus les murs l’oppressèrent et la mettaient mal à l’aise. Elle se rendit compte qu’elle avait toujours joui de sa liberté totale, même dans la maison sheikah dans son enfance. Du moins le possible enfermement qu’elle avait connu là-bas lui apparaissait très vaguement, emporté par le flot des souvenirs. Ils traversèrent différents sas, elle toujours muette.
On l’arrêta devant une cellule pas si éloignée que ça de l’imposante porte. Alors qu’un des hommes ouvraient la porte de sa cellule, un autre lui enleva les différentes chaines qui bloquaient ses membres en lui conseillant de « ne pas faire sa maline ». Elle n’en avait pas l’intention, mais se garda bien d’en informer son interlocuteur. Elle entra docilement, tiquant tout de suite sur l’obscurité écrasante de sa cage. La porte se referma, et elle resta debout un moment.

L’ouverture d’une porte plus loin lui indiqua qu’ils avaient de la visite. Assise dans un coin, elle restait le plus dans l’ombre possible. Elle avait entendu certains gardes parler d’elle comme « la putain ayant craché sur le général et la garde dans son torchon », aussi elle avait évité tant que possible de se mettre à la lumière. L’obscurité lui avait finalement beaucoup plu.
Ledit général s’arrêta devant sa cellule, tandis que deux de ses hommes ouvrirent la porte.


"Katrina Skara ! Suivez moi."

Elle se releva souplement –la prison ne l’avait pas empêché de toujours s’étirer, d’entretenir son corps et son esprit- et s’avança calmement, son expression neutre toujours sur le visage. Elle tendit aussi docilement les bras tandis qu’on lui liait de nouveau les poignets ensemble. L’étrange cortège se mit ensuite en route vers une nouvelle salle, loin des geôles malodorantes.
Mais pour autant cette nouvelle pièce n’était pas plus réjouissante. Elle ne connaissait rien à « l’art » de la torture, mais les instruments exposés parlaient d’eux-mêmes. Elle fut placée au centre de la pièce, où elle resta debout, rassemblant sa confiance. Elle en profita pour détailler le général, qu’elle n’avait jamais eu l’occasion d’observer autrement que par les ouï-dire et les écrits. Il était plutôt bel homme, bien que pas genre. Mais il avait un charme certain, et elle fût étonnée de n’avoir jamais lu aucune information sur son activité avec les femmes. Les gardes sortirent, ou du moins se placèrent plus loin, elle ne regarda pas.


« Que voulez-vous de moi ? Est-ce le moment où la Justice est rendue, dans l’ombre du Palais ? »

Elle ne cherchait pas à provoquer son interlocuteur -sa voix était neutre, calme-, juste à savoir ce qu’il allait se passer. Et si elle n’avait pas jugé utile de prendre la parole avec des gardes, elle se doutait qu’il ne fallait pas qu’elle joue la tombe éternellement. Alors cette simple phrase était signe de sa coopération, tout du moins dans la limite de ses valeurs et idéaux.


Llanistar van Rusadir


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Un instant, Llanistar se permit d'observer la jeune femme, ce dont il n'avait pas eu l'occasion avant. Petite mais dotée d'une silhouette élancée et agréable, d'un joli minois, mais affichant une froideur que le nordique savait depuis peu imputable à ses origines. Cette femme avait été identifiée par un officier connaisseur comme un Sheikah, membre d'un clan secret défendant la famille royale. La perspective d'une telle organisation ne déplaisait pas en soit au général. En revanche, l'idée de ne pas en avoir apprit l'existence auparavant l'agaçait. Allait il devoir percer tous les secrets de ce pays seul ? Il avait penser à aller demander à sa souveraine des explications, avant de se ressaisir et de réaliser ô combien cette démarche serait impertinente et irrespectueuse. Zelda avait d'autres chats à fouetter que ces histoires de clan caché. Et puis, pourquoi poser des questions à la princesse quand sa nourrice, dont Llanistar n'avait réellement remarqué la présence que depuis peu, saurait bien mieux répondre à ses questions.

Sans dire mot, il fit signe à ses hommes de revenir avec lui et la prisonnière dans la salle d'interrogatoire. Là, il attendit quelques instants que la mise en scène ne fasse effet. Un silence de glace s'attarda entre eux, un silence qu'il ne désirait pas rompre. Ici, il n'avait obligation de se plier à aucun règle, autres que celles de sa souveraine. Si il ordonnait, on exécutait sa volonté. Il serait bon que cette Katrina en prenne conscience. Si il devait s'en tenir à ce que disait ce torchon qu'on appelait journal, elle avait une vision faussée de lui. Une vision que Llanistar, non sans malice, allait se charger de changer. Déjà, il sentait le regard de la rédactrice le scruter. Essayait elle de lui trouver le plus de défauts possible, afin de lui dresser un portrait au vitriol une fois en dehors de ces murs ? Sans doute. Si elle l'avait dénigré une fois, elle pourrait bien le faire une seconde. Personne n'en serait choqué, en tout cas. Mais elle devait avoir fini son examen car elle déclara d'un ton neutre qui paraissait sans insolence,


« Que voulez-vous de moi ? Est-ce le moment où la Justice est rendue, dans l’ombre du Palais ? »

Llanistar plissa légèrement les yeux, soupçonnant une pique derrière son évocation de la Justice. Doutait elle de son intégrité ? Il y avait peut être de quoi, aux vues des instruments de douleurs installés dans cette salle. Au moins la mise en scène la touchait elle. Une bonne chose, pour ébranler un caractère d'acier et un coeur de glace. D'un claquement de doigts, le général ordonna à ses hommes d'amener une table et deux chaises, qui attendaient le long d'un mur. Lorsque le tout fut installé, il indiqua sa chaise à la jeune femme en une invitation à s'asseoir qui ne souffrirait pas de refus. Et alors, il brisa son silence. Sa voix était moins grave qu'auparavant, plus mélodieuse.

« Il est diverses manières de rendre Justice. Mais auparavant, il est nécessaire de faire toute la lumière sur ce qui a conduit les criminels à enfreindre la loi, et dans quelle mesure la faute leur appartient... Si Katrina n'était pas idiote, elle avait déjà comprit qu'il désirait la vérité sur les incidents. Mais elle ne pouvait pas avoir tout deviné. ...Vous êtes ici pour plusieurs raisons. La première est votre implication dans l'incident de la place du marché, où plusieurs citoyens ont été gravement blessés dans l'affrontement violent de deux factions ennemies. Je veux savoir pourquoi cet évènement a eu lieu. Je veux savoir ce que vous y avez fait. Et surtout...Je veux savoir qui s'est affronté, au coeur de notre ville. Et ne me prenez pas pour un imbécile, Katrina Skara. Je sais que vous faites partie d'une organisation secrète. Je veux en savoir...Plus.

L'un des gardes fit violemment claquer un fouet contre un mur, manquant de faire sursauter le général, qui admira ce sens du théâtre de la part de son officier. Il replongea son regard dans celui de la jeune femme, un léger sourire aux lèvres. Il dominait la partie cette fois. Des questions liées au journal pouvaient bien attendre. Avant, il avait soif de connaissance sur ce qui lui était encore inconnu, pour l'heure.


Withered


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Il claqua des doigts, parfait roi dans son domaine. Les gardes surent instantanément quoi faire, car ils apportèrent une table et deux chaises sans que Rusadir ne dise un mot. Il l’invita à s’assoir, et elle le fit. Il était le chef dans cet échange, et lorsque qu’elle toucha le siège, elle sentit tout le poids qu’il pourrait avoir sur elle s’il le désirait. Elle avait la désagréable impression d’être redevenu un pion dans l’échiquier de quelqu’un –il lui serait tellement facile de la faire avancer, reculer ou bien de la mettre hors du jeu-, sauf que cette fois-ci elle en avait totalement conscience. Et c’était loin d’être plaisant.
Il se décida enfin à parler, et elle écouta impassiblement, ses poings entravés sur ses jambes.


« Il est diverses manières de rendre Justice. Mais auparavant, il est nécessaire de faire toute la lumière sur ce qui a conduit les criminels à enfreindre la loi, et dans quelle mesure la faute leur appartient...
Vous êtes ici pour plusieurs raisons. La première est votre implication dans l'incident de la place du marché, où plusieurs citoyens ont été gravement blessés dans l'affrontement violent de deux factions ennemies. Je veux savoir pourquoi cet évènement a eu lieu. Je veux savoir ce que vous y avez fait. Et surtout...Je veux savoir qui s'est affronté, au coeur de notre ville. Et ne me prenez pas pour un imbécile, Katrina Skara. Je sais que vous faites partie d'une organisation secrète. Je veux en savoir...Plus. »


Un fouet claqua, et elle tourna vivement la tête tandis que sa lèvre supérieure tiqua légèrement. Elle se retourna ensuite pour faire de nouveau face au général. Elle inspira longuement, un soupir tremblant indépendamment de sa volonté. Bien sur, elle savait que c’était la Rédemption d’Ambre qui avait été visée par les âmes perdues, organisation d’Hollowtimes –une des ses plumes avait acquis de nombreuses informations à ce sujet-, mais elle ne l’avait pas appris lorsqu’elle s’était postée à la Place. Elle décida alors de commencer par ça.

« J’ai entendu assez de choses sur vous pour ne pas commettre l’erreur de vous prendre pour un imbécile. Il faut quand même que vous sachiez une chose : je suis venue de mon plein gré, seule avec mes idéaux quand j’ai eu écho des précédents agissements d’Hollowtimes à cette même place. Il y avait déjà pris une vie, et soupçonnant son envie de briller de nouveau et son caractère prévisible, j’ai attendu à la place des jours durant qu’il se montre. Et il est venu, cette fois-ci en prenant un otage un enfant. Désireuse de mettre fin à ces agissements, je me suis postée sur un toit, arc à la main. »

Elle prit une courte pause. Au fond, elle regrettait de ne pas avoir agi avant, mais sa situation actuelle lui prouvait que les choses auraient pu beaucoup moins bien tourner pour elle.

« Je ne vous mentirais pas : je n’ai tiré aucune flèche, mais si l’occasion s’était présentée de faire mouche, j’en aurais tiré une et une seule. Mais il fallait que je sois certaine de mettre au moins un des assaillants hors d’état de nuire sans blesser qui que ce soit. Vous êtes arrivés avant, je ne sais pas si c’est une chance pour eux ou pour moi. »

Ses yeux, qui étaient plus ou moins dans le flou depuis le début de son discours revinrent vers ceux du général. Elle se surprit à baisser un peu sa garde ou tout du moins à avouer qu’elle aurait été plus loin que la simple attente si elle en avait eu l’occasion. Peut-être que cela aggraverait son cas, mais l’ambiance de la prison commençait à l’oppresser de plus en plus, oiseau de glace enfermé dans une cage de pierre.

« Si vous demandez aux villageois présents ou même les absents –les rumeurs vont vite ici bas- vous comprendrez bien vite qui s’opposaient sur cette place. Les Âmes Perdues ont lancé un défi aux Rédempteurs d’Ambre, qui sont surement cette organisation secrète que vous mentionnez. » Elle ne savait pas si elle avait le droit d’en dire plus. Elle n’était pas partie intégrante des Rédempteurs, mais elle avait déjà eu contact avec l’un d’eux. Ou plutôt l’une d’eux, qui lui transmettait des textes de temps à autre mais semblait avoir disparu du paysage. « Je vais être franche. Je n’ai pas rejoint cette organisation, mais je ne peux qu’encourager leur agissement. Et je suppose qu’ils doivent mettre assez en danger le fou à la tête des âmes pour qu’il veuille les mettre face au mur avec un enfant. »

Elle se tut enfin. Elle n'avait pas joué la taciturne comme le dictait son caractère. Elle avait laissé sa timidité de côté -de toute façon elle n'était pas ici pour se faire un ami mais pour sauver sa peau- et elle avait parlé. Elle s'était exprimé sans attendre de question plus précise, sans le faire patienter pour un quelconque effet de style. Elle pouvait tout perdre sur un nouveau claquement de doigt.


Llanistar van Rusadir


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La jeune femme semblait impressionnée et le général fut satisfait et soulagé qu'elle ne décide pas de garder le silence. Jouer au bourreau était une chose, mais il aurait sans doute été incapable de se mettre à l'oeuvre. La torture était chose lâche, sans honneur, Llanistar en savait quelque chose. Briser la volonté voir l'esprit d'une personne par la souffrance la plus insupportable possible, c'était là le but de cet "art" qu'il méprisait tant. Pour autant, il n'aurait peut être pas le choix. Si l'un des prisonniers refusait de parler, il ne pourrait se défiler. L'interrogateur ne pouvait pas quitter la pièce pendant que ses acolytes maniaient les instruments de douleur, cela balayait la position de pouvoir dans laquelle il se trouvait. Et on ne parlait jamais à un tortionnaire que l'on méprise. Non, ce dernier devait imposer sa présence, sa domination. Et le nordique se trouvait suffisamment bon acteur pour avoir confiance en lui sur ce point. Désireux de ne pas montrer trop d'intérêt pour ce qu'allait lui dire Katrina Skara, il sortit sa pipe et, après avoir embrasé le tabac d'un geste assuré, tira longuement dessus. Elle avait son attention.

« Je suis venue de mon plein gré, seule avec mes idéaux quand j’ai eu écho des précédents agissements d’Hollowtimes à cette même place. Il y avait déjà pris une vie, et soupçonnant son envie de briller de nouveau et son caractère prévisible, j’ai attendu à la place des jours durant qu’il se montre.[/b] Llanistar se remémora les faits. Le criminel avait, semblait il à l'époque, assassiné une jeune femme devant une foule choquée par cet acte. Le général ne l'avait jusqu'alors considéré que comme un fou inintéressant. Etant donné la manière dont il s'était comporté avec sa victime, le fait qu'il avait emporté le corps avec lui et enfin que la femme des évènements récents ressemblait d'après témoins à celle d'auparavant, le nordique avait établit qu'il ne s'agissait que d'une mascarade orchestrée par un maniaque persuadé de répandre une bonne parole dont, en réalité, le peuple se fichait. Néanmoins, que Katrina se soit impliqué dans la bataille récente à cause de lui induisait qu'elle ne savait rien de cette mise en scène macabre et surtout, qu'elle savait qu'un drame risquait de se produire. Et il est venu, cette fois-ci en prenant un otage un enfant. Désireuse de mettre fin à ces agissements, je me suis postée sur un toit, arc à la main. »

Elle ne niait pas. Cela avait quelque chose d'intrigant. Aucun accusé désireux de ne pas finir sa vie en prison ne sabotait ainsi sa défense. Non, elle devait chercher à le mettre en confiance. A lui faire croire qu'elle allait tout lui donner pour mieux lui cacher ce qui le dérangeait. Il lui fit signe de poursuivre.

« Je ne vous mentirais pas : je n’ai tiré aucune flèche mais si l’occasion s’était présentée de faire mouche, j’en aurais tiré une et une seule. Mais il fallait que je sois certaine de mettre au moins un des assaillants hors d’état de nuire sans blesser qui que ce soit. Vous êtes arrivé avant, je ne sais pas si c’est une chance pour eux ou pour moi. »

Llanistar retint un rire. Cette Katrina était gonflée ! Non seulement elle s'affirmait comme criminelle potentielle mais en plus, elle lui reprochait presque d'avoir agit selon son devoir et selon la loi. Pour qui se prenait elle, enfin ? Pour qui se prenaient ses compagnons ? Des agents de l'ombre, n'obéissant à aucune autorité, s'arrogeant le droit de rendre leur justice selon leurs méthodes...A Artensir, on appelait ce genre de racaille des rebelles. Et la rébellion contre le pouvoir impérial était plus que sévèrement punie. A cet instant, réprimant un tic d'énervement, le général se sentait le désir de faire appliquer la même sévérité à Hyrule. Lorsqu'il tira à nouveau sur la pipe, ce fut plus bruyamment et d'une main qui tremblait. Le Rusadir peinait à se contenir, et seule sa main d'acier restait pleinement immobile.

« Si vous demandez aux villageois présents ou même les absents –les rumeurs vont vite ici bas- vous comprendrez bien vite qui s’opposaient sur cette place. Les Âmes Perdues ont lancé un défi aux Rédempteurs d’Ambre, qui sont surement cette organisation secrète que vous mentionnez. Je vais être franche. Je n’ai pas rejoint cette organisation, mais je ne peux qu’encourager leur agissement. Et je suppose qu’ils doivent mettre assez en danger le fou à la tête des âmes pour qu’il veuille les mettre face au mur avec un enfant. »

« Je vais être tout aussi franc : vous n'avez pas à encourager un organisation criminelle, Lâcha t'il, cassant. La loi n'est pas une belle idée qu'on range au placard quand on le souhaite. Elle s'applique à tous les sujets de la Couronne d'Hyrule. La loi se fout des idéaux, qu'il s'agisse de ceux de ces "âmes perdues", qui le seront bientôt véritablement, ou de ceux de ces "Rédempteurs", comme ils ont le cran de s'appeler ! »

Il avait largement haussé le ton, sans en prendre conscience aussitôt. Depuis des mois, Llanistar entendait parler de ces guildes, sorte de compagnies de mercenaires et de guerriers dévoués à des causes diverses. Aucune n'entendait se soumettre à l'autorité royale. Aucune n'était réellement surveillée, la princesse et ses conseillers préférant laisser couler, en vertu du respect des traditions. Le général en avait assez. En temps de guerre, Hyrule ne pouvait se permettre un tel laisser aller. Et sa détermination à y remettre de l'ordre avait durcit depuis les heures précédentes. Il reprit, plus calmement mais toujours gravement.

« Bien, écoutez. Mes rapports s'accordent sur un point : les Rédempteurs ne sont pas à l'origine de l'incident. C'est un élément dont je tiendrais compte, assurément. Mais je ne peux tolérer de tels incidents dans des territoires royaux, et surtout dans la citadelle. Que vous ne fassiez pas réellement partie de ces "parangons de vertu", enchaîna t'il, un mépris lourd dans la voix, je veux bien le croire. Mais vous étiez prévenue du crime à venir. Pourquoi n'avez vous pas averti la garde ? Pourquoi n'ais je pas eu vent également de ce projet ? Vous m'accusez d'avoir servit les intérêt des "âmes perdues" en vous arrêtant, mais c'est à cause de votre silence qu'ils ont pu agir ! Si j'avais eu les informations à l'avance, rien n'aurait été plus simple que de tendre un piège sur cette place, empêcher le crime et capturer tous ses auteurs. Seulement...Vous n'avez pas voulu faire appel à moi. Le fiel se glissa dans sa voix, à mesure qu'il se remémorait les mots violents qu'il avait lu dans le journal, à son propos. Des mots écrits en partie par cette femme qu'il tenait à sa merci. Pourquoi, hein ? Parce que je suis un étranger ? Un futur traître ? Parce que je ne suis pas digne de confiance ? Parce que ma tête ne vous revient pas ? Parce que je n'aurais pas assez donné pour Hyrule ? Il brandit sa main d'acier, symbole de son sacrifice, puis, dans un accès de rage, l'abattit sur la table, dont le bois émit un craquement. Llanistar avait perdu son calme. Un masque de colère était imprimé sur son visage et la tension était évidente en lui. Mais la violence de son geste et la noirceur du regard qu'il jeta à Katrina contrastaient avec la voix cassée par l'émotion qui sortit de sa gorge. ...Pourquoi ? »

Plus que de la rage, c'était de l'incompréhension et un violent sentiment d'injustice qui l'habitait. Comme il s'en était ouvert à Link, lors de leur dernière rencontre, le nordique n'acceptait pas l'ingratitude du peuple hylien, qui avait transparu par la plume de Katrina. Plus qu'un besoin stratégique, c'était un besoin personnel de comprendre qui l'étreignait.


Withered


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L'odeur acre du tabac lui brula les narines. Un paramètre de plus lui faisant bien sentir qu'elle n'était pas dans son élément. Elle compris aussi bien vite qu'elle avait peut-être trop joué sur la carte franche, car la réponse du geôlier fut cassante, froide, réduisant ses possibilités. Elle fronça les sourcils, seul trait de son visage qui traduisait ses émotions.

« Je vais être tout aussi franc : vous n'avez pas à encourager un organisation criminelle. La loi n'est pas une belle idée qu'on range au placard quand on le souhaite. Elle s'applique à tous les sujets de la Couronne d'Hyrule. La loi se fout des idéaux, qu'il s'agisse de ceux de ces "âmes perdues", qui le seront bientôt véritablement, ou de ceux de ces "Rédempteurs", comme ils ont le cran de s'appeler ! »

Elle garda le silence. Elle ne pouvait rien répondre à ça, et de toute façon, le général ne semblait pas en avoir fini.

« Bien, écoutez. Mes rapports s'accordent sur un point : les Rédempteurs ne sont pas à l'origine de l'incident. C'est un élément dont je tiendrais compte, assurément. Mais je ne peux tolérer de tels incidents dans des territoires royaux, et surtout dans la citadelle. Que vous ne fassiez pas réellement partie de ces "parangons de vertu", je veux bien le croire. Mais vous étiez prévenue du crime à venir. Pourquoi n'avez vous pas averti la garde ? Pourquoi n'ais je pas eu vent également de ce projet ? Vous m'accusez d'avoir servit les intérêts des "âmes perdues" en vous arrêtant, mais c'est à cause de votre silence qu'ils ont pu agir ! Si j'avais eu les informations à l'avance, rien n'aurait été plus simple que de tendre un piège sur cette place, empêcher le crime et capturer tous ses auteurs. Seulement...Vous n'avez pas voulu faire appel à moi. Pourquoi, hein ? Parce que je suis un étranger ? Un futur traître ? Parce que je ne suis pas digne de confiance ? Parce que ma tête ne vous revient pas ? Parce que je n'aurais pas assez donné pour Hyrule ? Pourquoi ? »

Elle allait répondre à la première question de Llanistar, mais le reste de son intervention la laissa abasourdie. Elle voyait tout à fait à quoi il faisait allusion, mais fut réellement surprise de sa réaction. Diverses émotions se mêlaient, et la journaliste se rendit compte du pouvoir qu’avaient eu les mots. Jamais elle n'aurait imaginé que ces articles seraient lu par les hautes instances -elle les imaginait isolés dans leur tour d'ivoire- et encore plus qu'elles en tiendraient compte. Elle eut envie de répondre au quart de tour, mais se contenta de baisser la tête. Il fallait qu'elle laisse couler cette émotion, qu'elle ne jette pas de l'huile sur le feu. Toujours la tête baissée, elle répondit :

« Si je n'ai pas averti la garde, c'est que je n'avais aucune preuve, uniquement de fortes présomptions. Je ne suis qu'une habitante parmi d'autres, et je craignais qu'on accorde aucun crédit à mes dires, d'autant plus si je ne pouvais fournir de détails, de dates exactes. Et je n'accuse personne d'avoir aidé les âmes, car je considère au fond que cette intervention m'a peut-être aussi sauvée du pire. »

Sa gorge se noua. Elle se sentait touchée par l'émotion du général, mais elle n'avait pas le droit de compatir. Elle n'était qu'une prisonnière qui avait souligné une absence, et elle ne pouvait pas dire qu'elle était désolée. Il n'y aurait pas cru, et elle n'était pas prête à se montrer tendre, accessible. Elle se devait de garder son impartialité et sa neutralité pour accomplir son devoir de rédactrice. Même si pour cela, elle risquait de ne plus pouvoir sortir. Elle releva la tête.

« Si mon implication dans le journal a réellement un rôle dans la Justice qui me sera rendue, je répondrais à toutes vos questions. Mais sinon, je n’en dirais pas plus. Je me dois de garder le silence, de ne pas justifier les mots qui auront pu vous toucher, je ne peux pas vous parler de mon avis personnel. Nos plumes se sont faites écho d’une absence douloureuse, d’un silence suivant une brillante montée en puissance de votre part. Les gens se sont posé des questions sur vous, trop absent à leurs gouts. Ils venaient de perdre un héros et pensaient en avoir un nouveau. Mais vous avez fait faux bond au peuple aussi vite que vous êtes monté en grade. Vos origines n’ont rien avoir avec ça, je dirais même qu’elles ont contribué à vous attirer l’admiration de la foule. Vous étiez le parfait exemple de réussite malgré les différences, vous montriez au peuple que lorsqu’on désire réellement apporter son aide, on peut le faire sans être un hylien pure souche. Votre silence n’en a été que plus douloureux. »

Elle chercha les yeux de son interlocuteur. Elle-même pensait que la princesse avait agi trop vite, et elle avait longtemps douté des intentions du nordique. Mais sa soudaine intervention à la place, arrêtant un massacre en place inverserait surement la tendance : Rusadir était revenu pour sauver le peuple des mercenaires. Elle pensait qu’il était en train de revêtir l’habit du général qui apporterait un souffle nouveau à Hyrule et à sa Royauté, mais il aurait surement encore quelques choses à apprendre sur le peuple hylien. Son émotion lui attira presque sa sympathie –cela le rendait plus humain, plus vulnérable et du coup plus honorable- mais une fois de plus son visage ne disait rien. Elle n’était qu’une criminelle sous la pierre.

« Je ne peux rien garantir sur ce que reporteront les autres journalistes, mais votre coup d’éclat à la place a déjà fait parlé de lui, au moment même où vos hommes nous emmenaient. Vous vous êtes montré, et qui plus est vous avez fait respecter la loi. Le vent tournera pour vous, mais le cœur du peuple a besoin de plus de présence pour être conquis. Mais je ne pense pas vous apprendre quoi que ce soit. »

Elle se ferma ensuite totalement, posant ses poignets sur la table, attendant la suite. Elle en avait déjà trop dit, mettant en péril sa position objective. Mais les expressions de Rusadir l’avaient incitée à se justifier, contrairement à ce qu’elle lui avait dit.


Llanistar van Rusadir


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(vide)

Le geste brusque de Llanistar sembla affecter Katrina, qui ne conserva la tête haute que quelques instants. Regrettait elle ses mots ? Peu de chance, à ce sujet. Ces mots avait fait souffrir d'autant plus le général qu'il les savait sincères, et médités. La rédactrice ne s'était pas fait connaître par des coups de sang qui lui faisait écrire des pamphlets. Sa réputation avait grandit par la qualité de sa réflexion et plusieurs fois le général avait pu apprécier cela. Sans doute ne pensait elle pas qu'il lisait son journal... C'était bien mal le connaître, encore une fois. Comment avait elle pu écrire ces mots sans jamais chercher à le rencontrer ? Avait elle pu d'être manipulée ? De perdre son indépendance d'esprit ? Le nordique baissa les yeux sur sa main d'acier, et la fissure que le choc avait provoquée dans le bois. Il avait eu tord d'agir ainsi. Pas seulement parce qu'il avait rompu le calme qui le caractérisait et que cela l'empêchait de réfléchir, mais aussi vis à vis de ce qu'il voulait être. Seuls les tyrans frappaient du poing lorsqu'ils entendaient parler de leurs erreurs. Et pourtant le général pensait les détester plus que tout au monde... Voilà qu'il commençait à leur ressembler. Etait ce si simple, de devenir tyran soi même ? Cette pensée lui procura un frisson de peur, au creux du dos. Mais il fut tiré de ses pensées angoissantes par la voix de Katrina.

« Si je n'ai pas averti la garde, c'est que je n'avais aucune preuve, uniquement de fortes présomptions. Je ne suis qu'une habitante parmi d'autres, et je craignais qu'on accorde aucun crédit à mes dires, d'autant plus si je ne pouvais fournir de détails, de dates exactes. Et je n'accuse personne d'avoir aidé les âmes, car je considère au fond que cette intervention m'a peut-être aussi sauvée du pire. »

Llanistar hocha la tête, signe qu'il était reconnaissant qu'elle rectifie ce dernier point. Autant pour lui que pour ces hommes, il ne voulait pas que l'arrestation soit vue ainsi. Lui et Holon avaient agit dans la précipitation et avec le désir d'empêcher tout blessé supplémentaire. Au final, que tous les belligérants aillent en prison restait secondaire. Il fallait empêcher que soient faites d'autres victimes. En revanche, il ne put que se remettre en question à propos de la crainte de la jeune femme de ne pas être écoutée par la garde. Avait il faillit à faire comprendre que l'armée n'était pas là pour mener le peuple à la pointe d'une lance mais pour le protéger et le servir en toute occasion ? D'autres avaient ils essayés de le rencontrer, sans succès ? Le général savait d'expérience qu'un soldat hésite à faire entrer dans une place forte un inconnu qui demande à rencontrer une personne importante. C'était une méfiance normale, indispensable en ces temps de guerre...Mais cela pouvait créer un gouffre entre soldats et sujets, qui n'avait pas lieu d'exister. Tous étaient des enfants de la couronne. Llanistar se promit qu'il agirait de manière à ce que personne n'oublie cela. Hyrule ne pouvait verser dans la haine de l'autre. Il allait dire à Katrina d'enchaîner, quand elle releva la tête et poursuivit, la voix plus assurée mais toujours neutre.

« Si mon implication dans le journal a réellement un rôle dans la Justice qui me sera rendue, je répondrais à toutes vos questions. Mais sinon, je n’en dirais pas plus. Je me dois de garder le silence, de ne pas justifier les mots qui auront pu vous toucher, je ne peux pas vous parler de mon avis personnel. Nos plumes se sont faites écho d’une absence douloureuse, d’un silence suivant une brillante montée en puissance de votre part. Les gens se sont posé des questions sur vous, trop absent à leur goût. Ils venaient de perdre un héros et pensaient en avoir un nouveau. Mais vous avez fait faux bond au peuple aussi vite que vous êtes monté en grade. Vos origines n’ont rien avoir avec ça, je dirais même qu’elles ont contribué à vous attirer l’admiration de la foule. Vous étiez le parfait exemple de réussite malgré les différences, vous montriez au peuple que lorsqu’on désire réellement apporter son aide, on peut le faire sans être un hylien pure souche. Votre silence n’en a été que plus douloureux. »

Ainsi, Llanistar s'était trompé sur toute la ligne, de A à Z. Ayant baigné dans le bain de l'armée et de la noblesse depuis sa naissance, il avait très apprit à reconnaître les officiers fanfarons des officiers doués, à distinguer ceux qui se contentaient d'avoir belle allure de ceux qui seraient capable de mener leurs hommes à chaque instant d'une bataille. Toujours, les mauvais faisaient plus de bruits que les autres, affichaient des sourires éclatants, paradaient en toute occasion. Aimés du peuple mais détestés des soldats. Le nordique s'était toujours identifié aux autres, les vrais, les bons. Ceux qui, mal peignés et dotés de manières plus rudes, attiraient moins le regard, mais sauvaient des centaines de vies lorsque le péril étaient sur elles. Dés sa sortie de l'école militaire, il avait travaillé à la solidité de son armée, sans ménager ses efforts et sans en retirer la moindre gloire. Il agissait pour le bien de tous... Comme il avait l'impression de le faire depuis qu'il était général d'Hyrule. Lorsqu'il avait accédé à la fonction, le pays n'avait aucune armée. Tout était à faire, et très rapidement. Il lui était arrivé de ne pas dormir pendant trois nuits en essayant de résoudre un problème épineux. Si il ne se montrait pas, c'était à cause de ce manque de temps, et parce qu'il méprisait ceux qui passaient leur temps à parader ! Mais il fut obligé de se mettre à la place de ceux qu'il se devait de protéger. Loin du château, loin de ce général si fraîchement arrivé à Hyrule. Que pouvait il savoir de ce travail ? Son imagination lui faisait voir des bals, des dîners splendides, des plaisirs inconnus... Pouvait il savoir que Llanistar n'y goûtait pas ? La réponse était non.
Malgré le visage de pierre de Katrina et son don d'empathie troublé par la prison, il décela un éclair d'émotion en elle, et releva les yeux pour s'apercevoir qu'elle cherchait ce contact. Alors, certainement sans qu'elle en ait conscience, sa voix fut moins froide.


« Je ne peux rien garantir sur ce que reporteront les autres journalistes, mais votre coup d’éclat à la place a déjà fait parlé de lui, au moment même où vos hommes nous emmenaient. Vous vous êtes montré, et qui plus est vous avez fait respecter la loi. Le vent tournera pour vous, mais le cœur du peuple a besoin de plus de présence pour être conquis. Mais je ne pense pas vous apprendre quoi que ce soit. »

A présent, il comprenait ça, et comprenait du même coup son erreur. Le peuple d'Hyrule n'avait pas eu de général depuis des lustres. Ces gens ne pouvaient interpréter son enfermement au château que comme une oisiveté, une paresse digne de ses nobles qui laissaient Hyrule couler petit à petit, par peur de trop perdre de leurs privilèges. Il fit signe à l'un des officiers de le rejoindre, et ordonna,

« Otez donc ces fers. Ils ne sont pas dignes d'elle. »

Llanistar ne pouvait avouer à Katrina ô combien elle l'avait aidé, avec ses quelques mots. Mais cela, elle pourrait le comprendre. De plus s'être pensé, ne serait ce que quelques instants en tyran, rendait insupportables ces chaînes. Cela n'était pas sa manière de faire, d'être. Il aimait convaincre, persuader. Pas forcer par l'acier ou la souffrance. Lorsqu'il répondit à la jeune femme, il ne se laissa pas aller à l'émotion mais le ton avait changé.

« Vous n'êtes pas ici et n'y serez jamais pour ce qui a été ou sera écrit dans votre journal. Ce n'était pas le général qui avait besoin de réponse... Mais moi. Llanistar, celui que beaucoup oublient. Il soupira, Je ne suis qu'un homme, ni un ange ni un dieu. Au retour de la citadelle, j'ai prêté serment de protéger la princesse Zelda et son peuple. Dés lors, jamais un jour n'est passé sans que j'agisse dans ce sens. Je me suis parfois refusé de dormir, souvent de manger. Depuis des mois je travaille à l'édification d'une armée capable d'agir comme un rempart contre l'envahisseur. Et pourtant, il m'est arrivé une unique fois de ne plus m'en croire la force. Ce soir là, j'ai bu à ne plus en savoir où j'étais. Ce fut le jour où j'ai lu votre journal. Je ne demande pas votre soutient, Katrina, vous êtes libres et je souhaite que vous le restiez. Mais vos mots ont faillit me décourager, me faire retourner d'où je viens. Je...J'ai sans doute sous estimé le symbole que je représentais auparavant. Mais me couper du peuple, je ne l'ai jamais voulu. Je pensais que le bien du royaume l'exigeait. A présent je comprend que je me trompais. Je devais vous le dire, faites en ce que vous voulez. »

Llanistar commençait à se sentir mieux. Ces mots avaient besoin de sortir de son esprit, d'être entendus pour ne plus le faire souffrir. Il n'en avait pas fini avec Katrina, mais cet échange le fit aller mieux. Il tira une dernière fois sur sa pipe avant de l'éteindre, au cas où la jeune femme n'apprécierait pas l'odeur du tabac. Puis il reprit,

« Pour en revenir à ce qui vous a conduit ici, Katrina, je vous déclare innocente. Il marqua une pause afin de lui laisser assimiler la nouvelle, Il est clair que vos intentions étaient bonnes et vous n'avez pas tiré. Donc, vous n'avez commit aucun crime. Néanmoins, je ne saurais trop vous recommander de ne plus agir en solitaire. Hyrule a besoin que nous nous entraidions, pas que nous nous tirions dans les pattes ! Nombreux témoignages évoquent la bravoure de ces "Rédempteurs". Mais en agissant par eux mêmes et sans en informer la Couronne, ils mettent le pays en danger. Katrina Skara, si vous êtes en contact avec eux, essayez de les raisonner. Je ne désire pas leur tête ni même les voir en prison. Je veux travailler avec eux, pas devoir les chasser comme des criminels. Bien. Si vous me promettez de faire passer ce message et que vous n'avez plus rien à ajouter, vous êtes libre. »

Llanistar tendit sa main de chair, attendant la réaction de la jeune femme.


Withered


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(vide)

Il y eut un silence, pendant lequel les pensées de Katrina défilèrent. Mais elles furent bien vite interrompues par un signe de Rusadir, ainsi qu’une phrase qui résonna dans l’esprit de la Sheikah.

« Otez donc ces fers. Ils ne sont pas dignes d'elle. »

Un des gardes s’approcha d’elle, lui libérant les mains. Bien que les chaines n’avaient pas été trop dures à supporter, elle se frotta les poignets, véritablement heureuse de retrouver sa liberté de mouvement. Elle se permit même un soupir à peine décelable, mais qui exprimait tout son soulagement.

« Vous n'êtes pas ici et n'y serez jamais pour ce qui a été ou sera écrit dans votre journal. Ce n'était pas le général qui avait besoin de réponse... Mais moi. Llanistar, celui que beaucoup oublient. Je ne suis qu'un homme, ni un ange ni un dieu. Au retour de la citadelle, j'ai prêté serment de protéger la princesse Zelda et son peuple. Dés lors, jamais un jour n'est passé sans que j'agisse dans ce sens. Je me suis parfois refusé de dormir, souvent de manger. Depuis des mois je travaille à l'édification d'une armée capable d'agir comme un rempart contre l'envahisseur. Et pourtant, il m'est arrivé une unique fois de ne plus m'en croire la force. Ce soir là, j'ai bu à ne plus en savoir où j'étais. Ce fut le jour où j'ai lu votre journal. Je ne demande pas votre soutient, Katrina, vous êtes libres et je souhaite que vous le restiez. Mais vos mots ont faillit me décourager, me faire retourner d'où je viens. Je...J'ai sans doute sous estimé le symbole que je représentais auparavant. Mais me couper du peuple, je ne l'ai jamais voulu. Je pensais que le bien du royaume l'exigeait. A présent je comprends que je me trompais. Je devais vous le dire, faites en ce que vous voulez. »

Elle hocha la tête. Oui, elle s’était bien rendu compte qu’elle avait peut-être fait du mal à l’homme, alors qu’elle visait le général. Mais cet entretien avec lui lui permettrait surement d’avoir à l’avenir une vision plus complète des choses, et surtout de se rendre compte de l’impact que pouvait avoir le journal si elle réussissait à le maintenir à flot. Avant qu’il reprenne, elle prit la parole.

« Je ne peux vous donner mon soutien, ce n’est pas mon rôle. J’ai dans l’objectif de faire réagir les gens, de pointer du doigt certaines choses pour que le peuple puisse réagir, penser de lui-même. Mais si je ne vous soutiens pas, je ne vous coulerais pas non plus sans raison. Et vous voir réagir comme vous l’avez fait me rend optimiste pour l’avenir : vous vous êtes remis en question, vous avez accepté les mots pour mieux rebondir. Vous avez des qualités humaines que bien peu aurez eu à votre place. Vous faites un appui approprié à la Princesse, dans vos valeurs et vos méthodes. Alors, j’espère que j’entendrais de nouveau parler de vous, car vous pouvez donner un potentiel à Hyrule qui n’a pas de précédent. Et c’est la femme qui parle, non la rédactrice. »

Elle se permit un mince sourire franc. Puis, elle attendit qu’il reprenne la parole, attentive.

« Pour en revenir à ce qui vous a conduit ici, Katrina, je vous déclare innocente. Il est clair que vos intentions étaient bonnes et vous n'avez pas tiré. Donc, vous n'avez commit aucun crime. Néanmoins, je ne saurais trop vous recommander de ne plus agir en solitaire. Hyrule a besoin que nous nous entraidions, pas que nous nous tirions dans les pattes ! Nombreux témoignages évoquent la bravoure de ces "Rédempteurs". Mais en agissant par eux mêmes et sans en informer la Couronne, ils mettent le pays en danger. Katrina Skara, si vous êtes en contact avec eux, essayez de les raisonner. Je ne désire pas leur tête ni même les voir en prison. Je veux travailler avec eux, pas devoir les chasser comme des criminels. Bien. Si vous me promettez de faire passer ce message et que vous n'avez plus rien à ajouter, vous êtes libre. »

Elle hocha la tête en fermant les yeux un instant pour le remercier. Apprendre sa liberté la soulageait, mais plus que cela, elle avait pu en apprendre plus sur la manière de diriger et de faire la justice qu’avait le nordique. Elle était optimiste pour le peuple, mais aussi plus égoïstement pour elle : si lui s’était remis en question peut-être que de nombreuses choses pourraient changer à Hyrule. Et les dernières paroles du général faisaient écho dans son esprit. Peut-être avait-il raison… Mais pourrait-il toujours gérer tous les fronts ? Elle se promit de se pencher sur la réflexion.

« Si je les recroise, je ne manquerais pas de leur dire. Qui plus est, plus que quelques mots, vous avez-vous-même transmis un message via les actes, peut-être que cela aura plus de poids. »

Et elle prit la main du général, la serrant sincèrement, avec conviction. Elle savait que l’homme en face d’elle marquerait l’histoire, aussi elle se rappellerait surement longtemps ce séjour au frais.

« Général Rusadir. Je ne vous dis pas à bientôt, car je ne sais pas quand nos chemin se recroiseront, mais je vous souhaite bonne continuation, et surtout bon courage. Je vous remercie de votre jugement. »

Elle se garda bien de lui dire qu’elle avait eu des instants de doute quant à ce dernier, mais le nordique lui avait prouvé qu’elle n’avait pas à s’en faire. Si les prochains prisonniers étaient innocents, ils s’en tireront aussi bien qu’elle. Elle se leva, suivant un garde qui l’invitait à le suivre. Il lui remit ses affaires, et avant de quitter la lugubre pièce, elle jeta un regard au général, lui faisant un dernier signe de tête avant de partir. Déjà, de nouvelles idées pour son article germaient, et elle décida de se rendre au bourg pour entendre les paroles des citoyens.


Llanistar van Rusadir


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(vide)

« Si je les recroise, je ne manquerais pas de leur dire. Qui plus est, plus que quelques mots, vous avez-vous-même transmis un message via les actes, peut-être que cela aura plus de poids. »

Llanistar sentit la sincérité dans sa voix et la trouva bienvenue. Pour dire vrai, il n'allait pas nécessairement avoir besoin d'elle pour faire passer sa demande aux Rédempteurs. Ses cachots en accueillaient déjà deux voire peut être un de plus. Difficile de s'en assurer avant de les interroger. Mais dés le lendemain, cette organisation serait mise au pas ou n'existerait plus. Cela, il ne le dit pas à Katrina, soucieux de ne pas rompre le lien étroit et fragile qui venait de se tisser entre eux. Un respect pour l'autre, une certaine affinité même. Protéger et servir, tous deux essayaient au mieux d'accomplir ces devoirs. L'un par l'uniforme, l'autre par la plume, tous deux par les armes lorsqu'il le fallait. Le nordique lui sourit lorsque leurs mains se serrèrent. Du caractère, de l'esprit et des qualités d'archère dont il ne doutait pas... Il s'avoua qu'il aurait apprécié avoir cette femme au sein de son armée, servant Hyrule à ses côtés. Mais il ne pouvait ni voulait la forcer à quitter la voie qui était la sienne, et qui s'éloignait du château glacé pour se mêler au peuple.

« Général Rusadir. Je ne vous dis pas à bientôt, car je ne sais pas quand nos chemin se recroiseront, mais je vous souhaite bonne continuation, et surtout bon courage. Je vous remercie de votre jugement. »

Il la salua d'un signe de tête et lui indiqua de suivre un des officiers qui avait déjà fait préparé ses affaires. Elle se leva avec une grâce toute retrouvée. Cette femme libre n'avait pas grand chose à voir avec celle qui portait des fers. Katrina était belle, et possédait cette étincelle qui rendait la femme ni désirable au regard d'un homme. Llanistar observa avec amusement l'officier rougir légèrement lorsqu'elle s'approcha de lui et son air embarrassé lorsqu'il lui tint la porte. Le nordique regretta un instant de ne plus pouvoir aimer une femme, avant d'oublier cette pensée, inutile et douloureuse.
Lorsqu'elle lui jeta un dernière regard avant de sortir, suivit d'un bref salut il lui lança, souriant,


« Au revoir, Katrina Skara. Et ajouta lorsqu'elle fut partie, Jusqu'à notre prochaine rencontre. »

La porte se referma, et il fit soudain très froid.

Il était temps de passer au second interrogatoire.


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