«Moi, Négus. Je jure une éternelle loyauté envers vous, Ganondorf Dragmire. Je suis votre bras armé. Ensemble, nous vous guiderons jusqu'au Trône qui vous revient de Droit. Ensemble nous ferons de vous le Roi qu'Hyrule attends réellement. Je jure haine à la Couronne.»
« Moi, votre éternelle dévouée, je veux vous servir jusqu’à ce que le Destin m’emporte, je veux consacrer mon âme à ce Monde qui est votre. Je jure d’appeler l’aube nouvelle afin que les esprits trouvent la voie. Et je serais votre… fille. »
Il ne pouvait y avoir plus douce musique aux oreilles du Gérudo que celle ci. Ayant combattu longtemps seul, Ganondorf se sentait, depuis peu à l'échelle de sa vie, soutenu comme jamais il n'avait espéré l'être. D'abord, par ses élus, les premiers, ceux qu'il avait choisit entre tous. Et à présent, par les élus de Din, ceux que la déesse elle même lui avait envoyé. Car il ne se faisait aucune illusion, que la prêtresse soit parvenue à réveiller un être comme Négus ne pouvait signifier qu'une chose : elle avait bel et bien la bénédiction de Din, et lui aussi, par la même occasion. Le Stalfos était sans aucun doute une faveur de la déesse elle même.
La seule observation suffisait à Ganondorf pour s'en convaincre. Négus lui rappelait ses plus grands serviteurs non-humains. Sa stature imposante semblait refléter les enfers eux même, comme si la mort elle même habitait chaque crâne, chaque os qui composait son corps démesuré. Il semblait au gérudo que les âmes de ses victimes résidaient encore dans ces restes osseux et que leurs cris résonnaient dans un autre monde que le nôtre. Oui, pour tout autre que lui, Négus était terrifiant. Cependant, le Lion avait déjà invoqué des horreurs dignes des cauchemars les plus torturés. Il avait déjà rendu fou des hommes par la simple utilisation de ses pouvoirs. Plus rien qui soit lié aux ténèbres et à la mort ne pouvait plus l'impressionner. Lui, saurait donner au Stalfos ce que ce dernier désirait. Il avait déjà une idée pour l'y aider.
Quand à sa fille, prêtresse et avatar de Din, Ganondorf avait hésité un instant. Non pas qu'il ait douté d'elle, ou de sa valeur. Au contraire, il s'était demandé si elle ne possédait pas déjà cette force qu'il souhaitait partager avec ses enfants, si le lien entre eux n'était pas déjà ouvert. Et même alors, la réponse ne lui apparaissait pas clairement. Il la sentait proche de lui, leurs deux âmes connectées, mais un mur persistait malgré tout. C'était là un obstacle qu'il se devait d'abattre, au nom de son lien avec la déesse. C'était de ça dont il avait le plus besoin, ce sur quoi réposait tout. Il observa la prêtresse d'un regard où l'on pouvait lire un sentiment rare chez lui, un vif et furtif trait d'affection, qui disparut aussitôt. Le Lion sentit dans l'instant qu'il aurait dû réfrénir le sentiment. Il l'avait réveillé.
- Elle ne te sauvera pas de moi. Tu te fais des illusions.
Ganondorf se retint de lui répondre, conscient que ça ne ferait que renforcer le démon dans sa détermination. Au fond, il sentait bien que son arrivée était un bon signe : si la maladie se sentait obligée de venir contester le remède, c'est bien qu'elle craignait. Pour le gérudo, ça ne faisait aucun doute : la présence de ses enfants et son lien avec eux affaiblissaient le démon.
Alors, il s'approcha de la prêtresse. La tension grandissait en lui, perceptible dans chacun de ses mouvements. En réalité, Ganondorf connaissait alors la même sensation qu'un chirurgien sur le point d'opérer un grand blessé, ou un orfevre travaillant un matériaux très fragile. Il était traversé par une énergie voisine de la peur, mais qui aiguisait ses sens et rendait le moindre geste aussi précis qu'un Lion en chasse. Droit devant Négus, il se sentit prêt. Il ferma son esprit aux moqueries incensantes du démon et étendit les mains devant lui afin d'inviter le Stalfos à y poser les siennes. Dés lors que ce dernier se fut exécuté, la voix du Seigneur du Désert s'éleva, tandis que ses yeux se fermaient. Le rituel commença.
« Négus, en ce jour glorieux, tu deviens mon fils, devant les Hommes et les Déesses. Aussitôt, la Triforce sur son poignet s'illumina, les deux fragments de la Force et du Courage entrant en résonnance. Et un premier flux d'énergie passa dans le cercle formé par Ganondorf et son fidèle. En leur nom, je t'offre une part de cette puissance dont elle m'ont fait don. Puisse tu toujours te tenir à mes côtés, pour porter notre colère dans la bataille, et la mort chez nos ennemis. Bientôt le monde appartiendra à notre Trône ! Et tous nous entendront rugir ! Car mon nom est Ganondorf Dragmire, élu de Din et de Farore, Haut Roi des mortels ! »
A mesure que les mots du gérudo quittaient sa bouche, sa voix imprégnée de la puissance divine, le flux circulaient entre eux, en s'intensifiant. A chaque vague, Ganondorf se sentait faiblir, vidé peu à peu de sa vitalité. Refusant de plier sous l'effort, le Lion tentait de résister au mieux à l'intense douleur que lui imposait le rituel. La sueur perlait sur son front mais son dos restait droit, comme sa volonté.
Soudain, il sentit une présence envahissante dans un coin de son esprit. Enragé, il crut à une tentative du démon de faire échouer le rituel mais compris qu'il ne s'agissait pas de lui. Son esprit fut soudainement agrippé, une première fois, puis il subit une seconde prise. Puis une autre, sans que les précédentes ne se relâchent. Brusquement il compris. Les âmes captives en Négus étaient attirées par l'immense énergie de la triforce, et elle menaçaient de l'envahir, pour s'en délecter comme des abeilles avec du miel. Mais, englué dans le rituel, Ganondorf ne pouvait se débarasser de la marée d'âmes tourmentées qui le menaçait. La situation était dramatique car il ignorait ce qui pourrait arriver à Négus si il lâchait... Et pourtant il allait y être forcé !
- Besoin de mon aide ?
Le ton moqueur du démon était insupportable pour l'orgueil du Gérudo, mais ce dernier n'était pas en position de refuser. Prudemment, il lui ouvrit le passage hors du recoin de son esprit où il le confinait habituellement. Aussitôt, le parasite s'engouffra dans l'ouverture et en quelques instants, la pression sur l'esprit de Ganondorf se relâcha.
- Un jour tu comprendras... je ne suis pas ton ennemi.
Et il disparu à nouveau. Décontenancé par ce qui venait de se passer, et par l'attitude du démon, à contre courant de tout ce qu'ils avaient vécu en plusieurs décennies de cohabitation hostile, Ganondorf refusa néanmoins de laisser sa surprise faire échouer le rituel. Le flux continuait à circuler entre eux, et le gérudo s'affaiblissait à mesure que le Stalfos gagnait en aura et en force. Bientôt, il en aurait fini. Cependant, ce qui venait de subir l'intimait à régler le problème de Négus. Le temps restant était court mais peut être suffisant. Tandis que les dernières impulsions d'énergies divines quittaient son corps, et que la lumière des fragments s'intensifiait tellement qu'il était impossible d'ouvrir les yeux à proximité du rituel, Ganondorf s'attela à modeler son fils.
En cet instant où sa symbiose avec la Triforce était à son apogée, il pouvait modeler la création, comme les déesses. Non pas un pays ou même une région entière. Mais un être avec lequel il partageait alors la même essence... Cela relevait du possible. Et le Lion aimait repousser ses limites. Après plusieurs minutes, le flux se réduisit, progressivement, à la manière d'un cours d'eau qui s'assèche en été. Et puis, le lien direct fut rompu. Aussitôt, la lumière aveuglante disparu.
« Bienvenue chez toi, Négus Dragmire. »
A la place du Stalfos, amas de crânes et d'ossement, se dressait désormais un humain. Un homme au regard de mort et investit d'un pouvoir nouveau. Ganondorf s'écarta d'un pas et sourit pleinement devant le spectacle de son travail accomplit. C'était un chef d'oeuvre.
Il se tourna vers la prêtresse, une lueur fière dans le regard,
« Qu'en pense tu, ma fille ? »
La question n'était pas innocente. Elle allait très vite goûter à cette fontaine de puissance. De Force.
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