« Entends-nous rugir. » — Cour Intérieure

début de l'automne - 1 an 6 mois avant (voir la timeline)

Tapisseries. La rousse s'étonnait elle-même à coudre cette tapisserie. Elle qui d'habitude ne parvient guère à trouver la patience nécessaire au tricot semblait être affairée de la plus sérieuse façon à son oeuvre. N'ayant aucun talent pour tout ce qui touchait au domaine de l'artistique, Nabooru réussissait néanmoins à donner une forme concrète au tissu, pour une fois. Ses yeux vaquaient dans le vide, désintéressés. À vrai dire, ses mains semblaient se mouvoir indépendamment du reste du corps. Des mains possédées. Oh, elle n'avait pas renoncé aux sabres, loin de là. Sans doute se remémorait-elle les récentes catastrophes engendrées par Twinrova, quelques semaines plus tôt. Son corps tout entier bouillonnait de rage, mais rien n'en parut. Elle qui d'habitude était si démonstrative sentimentalement... la grande Gerudo n'était pas au meilleur de sa forme. Et tout cela faisait pâtir le reste de la tribu. L'ambiance n'était guère festive à la forteresse, ces derniers temps. La chef Gerudo était on ne peut plus perdue dans ses pensées. Était-ce certainement là la raison de cette activité qu'elle pratiquait, recluse dans sa chambre. Chose qui ne lui ressemblait décemment pas.

Et il y avait toujours ce mâle dans les geôles. Un prisonnier tout frais d'il y a trois semaines. Nabooru n'avait toujours prit aucune décision à son sujet, si ce n'est d'avoir ordonné aux autres Gerudos de ne pas "s'amuser" avec lui. Ses mots ne l'avaient pas laissée de marbre, mais elle le faisait attendre depuis bien longtemps, maintenant. Dormait-il ? Sans doute. Mais l'Exaltée se décida à cesser son activité et laissa le tout en plan sur le sol, tout en se levant. La rousse s'étira longuement, dressant ses deux membres supérieurs en l'air comme pour attraper le plafond rocailleux. Tout ceci en poussant un petit gémissement assez proche du soupir de détente. Nabooru attrapa une sorte de châle suffisamment épais pour faire office de vêtement à lui tout seul, et l'enroula autour de son cou pour sortir. Comme de coutume, les gardes de nuit effectuaient leur travail à merveille dans les couloirs de la forteresse. Toutes celles que la rouquine croisait la saluèrent d'un sourire, amplement suffisant en pleine nuit. Après tout, l'Exaltée n'était pas tellement friande de ces autres manières, bien trop conventionnelles à son goût.

Chemin faisant vers l'extérieur, Nabooru sentit quelque chose effleurer son avant-bras droit. Portant celui-ci jusqu'à ses yeux, elle remarqua qu'une goutte de sang venait d'y apparaître. Ne s'étant pas blessée, elle s'étonna, puis porta sa main à son nez. Pas de saignement nasal.. et la jeune femme ne s'était pas blessée non plus. Elle jeta un oeil en arrière pour distinguer quelques gouttes rouges jonchant sur les dalles. Quelqu'un s'était blessée ici ? Non...
La chef Gerudo leva les yeux au plafond. De là-haut coulaient de nombreuses gouttes, dont plusieurs vinrent s'échouer sur son visage.

Du sang.

Son regard changea du tout au tout, des frissons glacés firent leur apparition tout le long de son dos. Son beau visage se métamorphosa en une grimace horrifiée. Nabooru rebroussa chemin et se mit à courir vers les marches menant à l'étage supérieur. Mais un son retentit. Le son du Cor Gerudo. Celui-ci était rarement porteur de bonnes nouvelles... Un souffle pour un homme ayant passé l'enceinte de la vallée, deux souffles pour des monstres, et trois souffles pour Ganondorf.

À la troisième note de l'instrument, le sang de Nabooru se figea littéralement dans ses veines. Il en fut de même pour chacune des Gerudos éveillées. Celles qui dormaient furent aussitôt réveillées par le son retentissant du cor, et il ne leur fallut que peu de temps pour comprendre la situation. L'agitation dans les couloirs commença. Toutes les femmes de la forteresse accouraient vers les salles d'armes afin de s'en munir et se précipiter à l'extérieur. L'information avait déjà fait le tour des remparts de pierre, comme quoi des dizaines de stalfos et de mauvaises Gerudos avançaient vers la forteresse. Mais le plus inquiétant fut les déjà nombreuses mortes recensées à l'intérieur du bâtiment. Le mal s'était d'ores et déjà infiltré au coeur de la demeure des dunes.
Les ordres de Nabooru furent clairs :


"PROTÉGEZ NOTRE TOIT ET VOS SOEURS COÛTE QUE COÛTE !"

Elle avait prononcé cela sans plus s'attarder quant à la situation, car il s'agissait bien d'une attaque surprise. Le genre de choses qui ne nous laisse point le temps de réfléchir sur quoi que ce soit, favorisant plutôt la panique.
L'Exaltée récupéra deux sabres trouvés sur les dalles du couloir. Parfait. Cela lui éviterait de retourner chercher les siens dans sa chambre ou de se diriger vers une des salles d'armes.
Ganondorf avait donc décidé de s'attaquer ouvertement à la forteresse Gerudo. Nabooru était loin de se douter qu'il disposait d'autant d'effectifs, elle n'aurait jamais dû le sous-estimer. Après tout, n'est-il pas l'un de "ceux qui naissent tous les cent ans" ? La rouquine serra les deux sabres du plus fort qu'elle pouvait et sauta d'une des ouvertures faisant office de fenêtre pour se jeter directement dans la bataille. De nombreuses soeurs s'y étaient d'ailleurs déjà affairées. La chef Gerudo espérait que les trois Sabres Rouges étaient déjà opérationnelles et en train de se battre. Elle leur faisaient confiance plus qu'à quiconque ici. Esmya, Nadjaru et Almaa sauraient guider les troupes et défaire l'ennemi. Leur maîtrise de l'art combattif est le plus poussé parmi toutes les Gerudos, avec celui de l'Exaltée.

Une volée d'innombrables flèches vint s'abattre sur l'armée adverse, la rousse leva alors les yeux et porta son regard derrière elle pour voir les archères postées au sommet de la forteresse avec Almaa à leur tête.


"Si une flèche se retrouve plantée dans le sol, c'est toute l'archerie qui en pâtira ! Et croyez-moi, je ne suis pas une tendre en matière de punitions. Visez juste, soeurs ! Aucune erreur ne sera tolérée ! Aucune, vous dis-je !"

Almaa alias "Oeil-de-Faucon", Sabre Rouge et chef de l'archerie. Une femme cinquantenaire, sévère et droite. Elle est réputée pour être la meilleure archère du désert, et peut-être même de tout le royaume. Elle n'a jamais manqué une seule cible. Ses conseils sont toujours avisés et ses paroles baignent dans la vérité. Autant dire qu'elle touche juste à chaque fois. Almaa trônait tout en haut de la demeure de la tribu en compagnie d'une quarantaine d'autres archères. Celles-ci décochaient des flèches enflammées vers les unités adverses les plus éloignées, afin d'éviter de blesser les partenaires.

Nadjaru se trouvait également sur les lieux. Elle et son bataillon tentaient tant bien que mal de repousser les intrus dans le désert. Tentative bien trop difficile alors que l'alerte venait à peine d'être donnée il y a dix minutes. Cette dernière est une autre représentante des Sabres Rouges et a l'habitude de se battre avec une hallebarde. Rassemblant ses proies par deux ou trois sur son arme, cela lui a valu le surnom d'"embrocheuse". Rien ne lui faisait plus plaisir que de se battre, ce qui contrastait beaucoup avec Oeil-de-Faucon. Les deux ne s'entendaient d'ailleurs pas très bien, mais leurs aptitudes au combat ne sont plus à prouver.

L'Exaltée n'avait plus qu'à trouver le clou du spectacle : Ganondorf. Car c'était avec lui, et uniquement avec lui qu'elle souhaitait en découdre, sans compter Koume et Kotake. Il devait se cacher quelque part, ce qui est tout à fait son genre, se dit la rouquine. Probablement derrière son armée, entouré de quelques fidèles...


"Je sais que tu es dans le coin, grand dadet. Veux-tu bien te montrer avant que je ne perde patience ?"

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Ceux qui avaient reposés sous les sables semblaient plus fougueux qu'ils ne l'avaient jamais été. Le spectacle de leur fureur, tandis qu'ils se déchaînaient sur les vivantes, grisait Ganondorf. A peine sortis du sable, les morts se jetaient à l'assaut de la forteresse comme si les fouets de leur maître étaient à leurs trousses, hurlant leur douleur d'être à nouveau éveillés en une complainte déchirante. Cottes de mailles déchirées, casques rouillés, vêtements rapiécés, ils n'avaient plus rien de la grandeur qui avaient sûrement été la leur, autrefois. Qu'importe, par quelle armée pourraient ils être terrassés, ainsi animés d'une rage inhumaine ? Le gérudo ne concevait plus d'obstacles à sa victoire. Seul comptait le ralliement des rebelles.
Le seigneur du malin ne désirait pas la mort de cette moitié de sa tribu. Si elles l'avaient trahit, c'était pas ignorance, guidées dans ce choix perfide par cette sournoise de Nabooru...Sa soeur, comme les autres. Et la plus prometteuse, douée. Redoutable autant avec un sabre qu'avec sa langue, Ganondorf l'avait longtemps considéré comme sa seconde main, destinée à le seconder dans son règne de gloire. Mais il avait fallu qu'elle se rebiffe, comme toujours. Un sang chaud, et un tempérament rebelle, depuis sa prime enfance. Elle lui avait souvent demandé pourquoi il était considéré comme roi. Pourquoi ? Comme si le Gérudo avait à s'embarrasser avec une telle question ! La tradition l'exigeait, il l'était de droit. Parce que les lois le voulaient ainsi...Chose que Nabooru n'avait jamais su accepter.
Elle était le coeur de la rébellion, une actrice de sa précédente défaite contre les deux autres élus des déesses. Il allait la frapper, la soumettre...Et si elle n'acceptait pas sa défaite, elle en subirait les conséquences. On ne joue pas impunément avec le pouvoir de Ganondorf Dragmire !
Si ses plus fidèles s'obstinaient à la suivre, il le leur accorderait. Ces rebelles la suivraient dans son ultime voyage. Seul comptait réellement le ralliement des autres, des plus nombreuses. Les gérudos ne pouvaient plus se permettre la désunion. Pas si prés du but !

Le Seigneur des vivants et des morts approchait des murs de la forteresse, dans laquelle il entendait déjà de l'activité. Les premiers éveillés s'étaient déjà engouffrés à l'intérieur et les combats avaient sûrement commencés. Cherchant un officier, il repéra un des revenants qui avait conservé son uniforme de capitaine et continuait à commander ses anciens hommes dans son second éveil. Il éperonna son cheval et s'en approcha. Dés qu'il fut à quelques pas et sans l'avoir vu de ses yeux, le serviteur se précipita vers lui et effectua une parodie de garde-à-vous. Une lueur verte inquiétante occupait des orbites désormais vides. Sa mâchoire inférieure pendait au point de presque s'en décrocher mais le revenant ne s'exprimait de toute façon que d'esprit à esprit.


-Nous avons prit le contrôle de la herse et nous investissons les bâtiments et la cour. Des archers sont postés sur les hauteurs mais nos propres flèches mordent leurs chairs. Une aura plus forte est apparue dans la cour. Nous vous conseillons de vous y rendre...

Efficaces, pour leur âge, pensa aussitôt Ganondorf. L'impression que le revenant laissa dans son esprit n'était pas plaisante mais la perspective d'une armée aussi puissante la compensait largement. Il avait déjà une idée de qui l'attendait au delà des marches menant à la cour et il décida que le moment était venu pour lui d'agir. Plusieurs mois à couver au coeur d'un volcan lui avait donné une envie de se battre. Le chef de guerre descendit de son cheval, et s'élança à l'ascension de l'escalier taillé dans la roche. Autour de lui, les ravages de la guerre emplissaient les gorges d'un vacarme résonnant. Les tambours gérudos tonnaient, faisaient vibrer son coeur et ses tripes. Il avait soif de la peur de ses ennemis, faim d'une lutte qu'il n'avait que trop longtemps stoppé.
Lorsqu'il arriva au sommet, le Roi du désert vit Nabooru, fière et droite en première ligne et entourée de plusieurs de ses soeurs. C'était son genre, d'agir sournoisement dans l'ombre...Mais d'assumer pleinement ensuite. Une vraie gérudo, en somme. Une femme de son genre, mais trop semblable à Ganondorf pour qu'ils puissent se tolérer l'un l'autre. Il n'y avait qu'un roi pour gouverner la tribu, le clan. Et il allait falloir le lui rappeler. Ne l'ayant pas vu, elle cria,


- Je sais que tu es dans le coin, grand dadet. Veux-tu bien te montrer avant que je ne perde patience ?

Le seigneur de l'ombre et de la flamme fit alors signe à ses revenants de s'écarter et il déclara, d'une voix calme et impérieuse, en véritable roi,

- Je suis là, Nabooru.

Affichant une totale confiance en lui même, il avança vers elle. Ses soldats, en s'écartant, avaient tracés autour d'eux un cercle presque parfait. Un cercle qui conviendrait parfaitement à un duel. Ganondorf décrocha alors son manteau, rouge comme le sang et brodé d'or à la manière des souverains légendaires, celui ci tombant au sol entre eux. Une provocation, un signe qu'il ne reculerait pas. Néanmoins, il ne voulait pas gâcher cet instant, ni cette occasion de faire douter ses soeurs rebelles. Il ne dégaina donc pas immédiatement, et poursuivit sur le même ton.

- Mes soeurs, ne pensez vous pas que tout ceci est absurde ? Pourquoi moi, Ganondorf Dragmire, votre sang et votre roi, comme l'énoncent nos lois ancestrales et sacrées, pourquoi suis je donc obligé de prendre possession de ma propre citadelle par la force ? Ceci n'a aucun sens et vous le savez ! Le poison de la traîtresse n'a pu vous pénétrer au point de vous faire perdre la raison ! Je n'ai jamais eu d'autre ambition que d'auréoler de gloire le nom des Gérudos, pour les siècles à venir ! Vous avez été trop longtemps éloignées de moi, mes soeurs... Eloignées par celle que vous savez. Alors, il dégaina sa lourde épée avec laquelle il était un demi-dieu. Cette épée qui l'avait toujours servit fidèlement, à l'inverse de celle à qui ces mots furent adressés, Nabooru, traîtresse à ton roi. Ton règne d'usurpatrice s'arrête ce jour ! Tu vas éprouver ma colère ![/i]

Brandissant sa lame vers l'avant, il chargea en hurlant,

- Par les vents et par les sables !

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Swann

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(vide)

Cris et choc de métal se mêlent dans un vacarme de mort. Une si belle nuit ; si fraîche et si tranquille. Le désert, que l'on connait tous, est si calme habituellement. Mais l'astre blanc comme neige s'était mis à rougir lorsque les premières victimes furent abattues dans leur sommeil. L'acte était laid, tellement que le Cygne n'aurait pu s'y résoudre. Tuer un enfant revenait au même selon elle. Si elle avait déjà donner la mort à de multiples reprises, elle avait toujours laissé une chance à son adversaire. Une chance qu'il la tue, avant qu'elle ne le fasse... Pourtant rien ne se passait plus comme par le passé. Les choses avaient tellement changées et évoluées. Un nouveau monde se façonnaient, quoiqu'en diraient ceux qui protégeaient Hyrule. La Guerre commençait, sous ses yeux, et jamais encore elle n'avait assisté à pareil spectacle.

Elle se tenait debout, dans un coin sombre et reculé afin de ne pas faire parti des premières cibles. Derrière elle, huit gérudos équipées jusqu'au dent ; armures lourdes noircies par les ombres et aux reflets inexistants, heaumes de fer parfois orné de cornes, parfois laissant entrevoir le visage de la guerrier. Chaque équipement était unique et propre à son porteur. En revanche, elles portaient toutes une lourde lance qui, là encore, revêtait un caractère personnel et propre à leur personne.
Le Cygne Noir avait toujours su très bien s'entourer dans les moments les plus troubles. Déjà par le passé avec l'Ordre où se réunissaient les assassins les plus dangereux, improbables, méconnus et fous de tout le royaume. Malgré leurs nombreux défauts, ils avaient au moins eu le mérite de la mettre en sûreté quelque soit le contexte. Puis il y avait eu ce court passage à Rédemption d'Ambre sous l'insistance de son frère cadet. Tout ça pour finalement se retrouver être l'élément-clef d'un massacre de guerre.
« On attend quoi, en fait ? ». La question la tira de ses pensées. Sous sa légère armure de ténèbres, Swann inspira profondément, comme tirée de son rêve. Prête à revivre, prête à reprendre sa tâche. D'un côté, elle était encore sous le choc de tant de violence. Jamais encore elle n'avait connu la guerre.

Une voix traversa enfin le heaume du Cygne ; sereine, et résonnante par le fer. « Maîtresse des ombres, à nouveau je te demande le droit de passage. Pour toi, j'irais chercher une âme dont tu dévoreras toute la lueur. » La noirceur ambiante sembla s'intensifier autours du petit groupe de femmes. « Parce que le Soleil ne sait rien de toi et qu'il n'a jamais su te voir, je te demande de m'accueillir en cette obscure nuit. » L'une des gérudos disparut, soudainement aspirée par les ombres. Le cris de stupeur qu'elle laissa échapper ne perturba pas Swann pour autant. « Pour neuf d'entre-nous, neuf d'entre-elles tomberont afin de satisfaire ta soif. » L'obscurité s'abat sur chacune des guerrières tour à tour, tandis que l'assassin prononce les dernières paroles du serment. « Par ma parole, ombre de l'action, je jure honorer notre contrat dans les instants qui suivent. »

C'est là-haut, sur le toit le plus élevé de la Forteresse que l'Ombre allait orchestrer son assassinat. Il avait toujours été ainsi : une cible bien précise et jamais déterminée par hasard. La tâche sombre remontait le long des murs de pierre, dont Swann en avait dégagé une bonne partie du sable trois semaine auparavant. A cette époque, elle n'aurait pas imaginé faire partie du Trône. Mais elle n'était pas encore morte, à cet instant de son existence.
L'ombre passa une fenêtre et rentra dans la citadelle. Elle passa sur les morts puis entre les guerriers qui s'affrontaient avec une rage étrange. Les protagoniste étaient tous si différents ; des guerriers dont on avait perturbé le sommeil éternel, les gérudos, les monstres effrois et lizalfos. On avait peine à distinguer ceux faisant partie de tel camp ou non, et malgré tout le petit monde se sautait à la gueule en hurlant. A droite on déchirait la chaire, à gauche elle était percée ou mordu. Il n'y avait pas de mot pour décrire ce qui se déroulait entre ces murs. Ou peut-être juste "gâchis".

La noirceur sortit de nouveau au dehors, et passa entre les jambes des archères pour se terrer dans le recoin le plus sombre contre la falaise. C'est alors que soudainement, un écran de lumière blanche jaillit et aveugla momentanément chacune des gérudos présentes sur le toit. Quand elles purent rouvrir les yeux au bout de quelques secondes, elles ne purent que constater la présence du petit groupe mené par une étrange femme à l'armure plus noire que l'ébène. Mais elles étaient déjà toute prises en otage, du moins une majorité. Les lances parvenaient facilement à garder une certaine distance avec l'ennemi, tout en s'assurant d'être à portée de quatre ou cinq gérudos grâce à l'allonge qu'elle procurait. Les femmes osaient à peine bouger ; mais ce n'était pas à cause du fait d'être menacées d'un côté par les armes et de l'autre par le vide.

L'une d'entre-elle, leur chef, avait été facile à identifier. Qu'importe son nom, son importance, ou quelconque autre chose ; ses sœurs archères s'étaient arrêtées en la voyant mise à l'écart, la lame sous le menton. Derrière elle, le Cygne Noir se tenait. Et à travers son heaume de nouvelles paroles résonnèrent. « Difficile choix que le vôtre à présent, sœurs du Désert. » dit-elle d'une voix forte et clair, pour aller au-delà du vacarme des combats. « Lâchez vos armes, et vous sauverez sa peau ainsi que la vôtre. Mais par la même occasion vous abandonnerez le combat et vos amies. A vous de voir. » Elle fut prit d'une quinte de toux après ces quelques mots. Sa respiration était aussi extrêmement saccadée et bruyante, du fait que l'incantation des ombres était quelque chose de très éprouvant pour le corps qui l'invoquait. Et son prix était... élevé.


[ HRP : Ah au fait, je suis donc sur le toit de la Forteresse, donc pas en bas dans la cour, mais bon j'allais pas poster au pallier 3 puisqu'il me fallait ta réponse Nab' ! Ah et le flash a été provoqué par des noix mojo (j'l'ai pas mis dans le texte paske je voyais pas comment l'amener XD ]


Un bal. Ce théâtre était le plus grand bal qu'ai pu voir Hyrule en ce jour. Jamais tant de Gerudos n'eurent dansé cette nuit, et jamais autant de lames ne s'étaient entrechoquées. Jamais non plus la chair ne fut sacrifiée et la sang versé en si grande quantité sur la forteresse et la vallée. Les engrenages étaient désormais en route, tournant à une vitesse prodigieuse. Une célérité telle que personne ne serait en mesure de les stopper.

Hurlements, agonie, dissonances métalliques, feu.

La guerre.

Dans les sables, la balance entre vie et mort commençait à osciller vers l'autre côté. Car si Nabooru percevait les voix et esprits de toutes ses soeurs -et mêmes ses soeurs ennemies- chacune de ces dites "voix" s'amenuisaient petit à petit, réduisant leur nombre, leur fréquence, leur force. Les Gerudos tombaient l'une après l'autre comme les feuilles d'automne. Ce qui naît dans le désert, reviendra toujours au désert.

Ganondorf se présenta à sa soeur. Et après un discours qui ne manqua pas de toucher la plupart des Gerudos, dégaina, et se mit à courir vers son adversaire. Et c'était vrai, il est roi. Pourquoi reprendre ce qui lui revient de droit ? Certainement car il a lâchement abandonné son peuple sans en prévenir la totalité, lorsqu'il partit pour le Colosse. Et depuis quand était-ce une traîtrise que d'élire une nouvelle dirigeante alors que le roi n'était plus là pour accompagner la troupe ? C'est ce qui fut depuis des millénaires, ce qui est et qui sera pour les siècles à venir. Quand le roi meurt ou disparaît, une femme intendante est élue. Le souverain revint avec de sombres dessins, des idéaux qui ne ressemblaient pas aux Gerudos. Et celui-ci parlait de traîtrise ?

La dame du désert se mit en garde à l'aide de ses deux sabres. Le coup de son adversaire était si fort et lourd qu'elle crut que les os de ses avant-bras se fendaient sous la masse de l'Épée Noire. Nabooru força sur ses bras pour repousser son assaillant du mieux qu'elle put. Tentative médiocre, la pression exercée sur ses cubitus commençait déjà à lui faire mal. Elle fit un bond en arrière.


"Certes. Depuis ta naissance, le trône est tien. Je ne revendique pas cette place car je ne suis pas "reine". Seul un roi commande. Tu peux m'appeler comme tu le souhaites, mais pas "traîtresse". Ou alors toute la tribu t'aurait trahi. Qu'est-ce qu'un seul Gerudo face à des centaines ? Je ne suis pas instigatrice de la moindre initiative à ton encontre, Ganondorf."

Suite à ces mots, elle s'arma une nouvelle fois, prête à danser comme les flammes dans l'âtre. Toutefois, elle n'attaqua pas. Pas cette fois. Les corps continuaient de chuter autour d'elle. Les voix s'éteignaient... Les archères ne tiraient même plus, signe qu'elles étaient certainement mortes elles aussi par on ne sait quelle magie noire. Les atteindre aurait été impossible autrement.
Almaa était d'ailleurs en sacrément mauvaise position. Au pied du mur, bien que le terme ne soit pas si exact qu'il n'y paraissait. Elle n'eut d'autre choix que de rendre les armes pour éviter un bain de sang supplémentaire. Les archères durent laisser leur arme choir, et capituler.

La Sage de l'Esprit commençait à avoir le sien assez embrumé. Les troupes de l'Oeil-de-Faucon s'étaient rendues, mais rien ne les exemptait d'une mort certaine. Les yeux de Nabooru étaient rougis. Rougis de tristesse mais aussi de haine, sans larme aucune. Si elle n'était pas Gerudo, elle aurait certainement lâché ses sabres et se serait agenouillée devant l'inexorable défaite qui pendait sous son nez. Mais elle n'en fit rien. Nabooru pouvait faillir, mais jamais abandonner. Telle était sa façon d'être, sa description de l'honneur, son devoir. Alors que ses deux cimeterres semblaient vouloir à tout prix s'échapper d'entre ses doigts, elle les empoigna plus fermement encore avant de regarder le Roi dans les yeux.


"Depuis tout jeunes nous nous bagarrons. C'est le cas aujourd'hui encore. Pourquoi tout doit-il toujours se régler de cette manière ? Même une guerre entre adultes ne saurait étancher ta soif conquérante ? "

Et le ton de la plaisanterie employé paraissait plus sarcastique qu'autre chose. Qu'avait-elle à offrir pour qu'il reparte avec ses troupes ? Absolument rien qui ne puisse l'intéresser. Car tout son intérêt demeurait dans cette forteresse. Le bastion Gerudo, un lieu aussi stratégique que spirituel pour la tribu des sables, cela n'excluait aucunement Ganondorf. Il revenait pour son dû, jamais il ne repartira avant de l'avoir récupéré. La Force y était aussi pour quelque chose, bien que le Courage dût l'inciter à attaquer en cette nuit dépourvue de la moindre étoile. Est-ce que la Sagesse aurait tempéré son esprit, ou serait-il devenu encore plus fou qu'il ne l'est déjà ? Non, rien de bon s'il avait eu la Triforce en sa possession. Nabooru regrettait l'absence de Link, car lui seul aurait pu repousser le Malin. Et ce fut bien le seul regret qu'elle éprouva envers un homme, car la fierté Gerudo ne l'autorisait pas, de façon naturelle, indépendamment de son bon vouloir. Nabooru était seule, la forteresse froide, et les troupes amoindries.
Mais la bataille n'était pas terminée.

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Du théâtre, rien de plus.

Voilà quoi la tribu gérudo s'adonnait. Certaines partisanes de Nabooru se battaient encore pour la forme mais la forteresse était déjà tombée. A présent, il ne s'agissait plus de victoire ou de défaite, ni de vaincre ou non, mais uniquement d'honneur. Elles voulaient pouvoir garder la face même dans l'échec, comme l'exigeaient les lois de leur peuple. Ganondorf ne pouvait que respecter cela. Il n'y avait aucun gloire à se sacrifier sans opposer de résistance. Mais ce que tentait Nabooru était noble, à défaut d'utile pour elle et ses alliés. Oh, elle pouvait bien jouer de ses grands airs de fidèle trahie gardant le trône en son absence, elle ne le trompait pas. Il se souvenait très bien. Oh que oui ! Sa tentative de subversion au temple de l'esprit, son ralliement à la cause du Héros du temps, son rôle joué dans la création du pont sacré et la destruction de la barrière de son château... La gérudo n'était plus dans son camp depuis déjà longtemps. Et quelques mots ne changeraient rien. Quand bien même étaient ils prononcé avec élégance par une beauté comme elle.


"Depuis tout jeunes nous nous bagarrons. C'est le cas aujourd'hui encore. Pourquoi tout doit-il toujours se régler de cette manière ? Même une guerre entre adultes ne saurait étancher ta soif conquérante ? "

La plaisanterie était sa dernière arme, Ganondorf le sentait et cela l'amusait. Effectivement, ils s'étaient affronté en permanence lors de leur jeunesses, mais ce sans réelle animosité, comme deux frères et soeurs communs. Alors pourquoi se tournaient ils autour, en garde et l'acier au clair ? Le roi n'aurait su le dire. Le destin sans doute. Nabooru n'avait pas un caractère qui la poussait à la soumission ni à obéir aveuglement aux ordres. Et un demi dieu ne peut tolérer d'être remit en question. C'était ainsi. Sans même lui répondre, il feinta une attaque, se jetant en avant, pour tester les réflexes de son adversaire. Celle ci bondit aussitôt en arrière, sans se mettre en danger. Danser avec elle allait être délicieux...

Il recula légèrement, fit un ample moulinet avec sa lame et se lança dans le combat. Le gérudo savait son ennemie agile et légère. Il se savait lourd mais puissant. Le moins elle le ferait courir, mieux cela vaudrait pour lui. Et il avait une solution pour éviter qu'elle use de cette stratégie. Partant dans un rire où pointait déjà la folie du guerrier, il fit tournoyer son épée au dessus de lui, de plus en plus vite. Rapidement, l'acier maudit fut parcouru d'une aura rougeoyante. Alors, ramenant l'arme à terre et la plantant dans le sol, il invoqua les flammes. Celles ci s'échappèrent en virevoltant dans l'air froid de la nuit et formèrent un cercle autour des deux combattants. Nabooru n'avait plus le choix.


"Dansons, ma belle."

Alors, le sourire aux lèvres, Ganondorf prit son épée à deux mains et approcha lentement, désireux de ne pas se laisser surprendre. Elle pouvait bien le surpasser en vitesse, le gérudo était une montagne qu'elle n'abattrait pas. L'heure avait sonné de payer.

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Swann

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(vide)

La tension était palpable. A travers les deux ouvertures de son heaume, Swann scrutait le moindre geste des archères. Les guerrières avaient un ordre clair et précis qui stipulait qu'au moindre pépin, toutes leurs sœurs y passeraient. Il n'y eut finalement aucun massacre puisque les lâches posèrent leurs armes. Le Cygne s'en étonna ; amusée, certes, soulagée par la facilité de la chose. Mais où était donc passée cette fameuse fierté gérudo ? Presque dix fois plus supérieures en nombre, elles abandonnaient le combat tout de même ? Était-ce elle, son armure, ses combattantes qui leur faisait tant peur ? Au fond, ça n'avait pas d'importance, et pourtant la jeune femme sous son armure noire s'indignait presque de cette réponse.
Pas de combat, pas de mort. Son travail s'achevait ici, sans la moindre effusion de sang sur son terrain de chasse. Le sentiment du travail accompli se mêla à une forme de déception ; comme si ces femmes la privaient d'un beau combat, en refusant de porter les armes. D'un autre côté, elle y voyait une profonde fierté. Elle qui s'était jurée de protéger le peuple, elle évitait la mort certaine d'une quarantaine d'innocentes. Le Patriarche avait beau en dresser un portait de traîtresses, elles ne représentaient en aucun cas un ennemi pour l'assassin. Rien qu'un obstacle, tout au plus, franchi dans l'art de la conciliation.

Elle lâcha Almaa, avant d'être prise d'une nouvelle quinte de toux dont les ondes résonnèrent contre les plaques d'armure. Faible, fragile. Les mêmes mots revenaient sans cesse. Elle avait beau avoir accomplit ce qu'elle pensait impossible, ça ne changeait en rien ce ressenti à son propos. Ça faisait des semaines déjà qu'elle n'était plus que l'Ombre d'un puissant assassin, une femme fatale ; la plus gracieuse combattante, si l'on exceptait son parler un brin vulgaire.
Cet échec au Château l'avait comme transformé. Les pas qu'elle fit en direction de la bordure du toit était las, lourds, tout comme le reste de son être depuis cette sale nuit. Elle regrettait presque ne pas s'être laisser prendre, bien qu'elle comprenait ses raisons de l'époque ; une putain de fierté de sa propre personne. Pour arriver où, au final ? En haut d'un toit qui dominait les cadavres. Triste spectacle que celui d'une bataille sanglante. Pourquoi donc son Seigneur n'affrontait-il pas simplement la Princesse en personne ? Qu'ils règlent tous deux leurs querelles une bonne fois pour toutes ! Bon sang... A croire que les puissants n'avaient aucune considérations réelles pour leur peuple.

Tout ça n'avait pas d'importance ; il lui donnait un but, elle le suivait. Il lui donnait l'occasion de se venger de la lâche Zelda, elle lui en était reconnaissante. Mais s'il souhaitait la conserver auprès d'elle, Ganondorf allait devoir vite faire bouger les choses. La Belle de Villarreal n'était absolument pas patiente, ou du moins s'estimait-elle l'être beaucoup trop parfois. Cela expliquait ses méthodes extrêmes ; quoi de mieux que le meurtre pour changer la donne ?

Rien ne la faisait vibrer, pas même ce duel qui se déroulait sous ses yeux, plus bas. Là où l'acier s'entrechoquait dans ce cercle de feu ne baignait aucun intérêt digne de ce nom aux yeux de l'assassin. Car pendant ce temps, des innocents mourraient, encore. Et elle, petit à petit, elle se sentait s'affaiblir et perdre des forces. Déjà la Maîtresse des Ombres lui réclamait son dîner ; Swann ne lui donnerait rien, du moins pas encore. Elle ne rompait pas le contrat pour autant, et viendrait bien le moment où elle lui donnerait les corps qu'on lui réclamait. La négociation battra son plein, au milieu de la profonde nuit noire.
Elle étouffait ; son rythme cardiaque était irrégulier et ses poumons la faisaient souffrir. C'était peut-être parce qu'elle avait repérer ce moment de faiblesse qu'Almaa s'élança en hurlant, la lame à la main. Dans une langue qui lui restait inaccessible, Swann devina qu'elle faisait appel à ses sœurs et à l'honneur gérudo. « Enfin » souffla un Cygne avide de sang.

Les lames se frappèrent l'une vers l'autre sous les astres étoilés. Finalement, c'est sur le toit que le pire des massacres se joua : les archères et les guerrières en armure lourde s'entre-tuèrent joyeusement, les premières citées tombant les unes après les autres tendit qu'elles tentaient de ramasser leurs armes pour suivre leur chef dans cet ultime baroud d'honneur. Ça n'avait rien d'un combat ; le mot boucherie n'était pas usurpé. Et le Cygne était en plein milieu.
Elle maîtrisa avec difficulté ses nombreux adversaires : cette Almaa, son cœur, son corps fragile et faible. Elle ne parvenait pas à trouver cette mobilité qui lui était propre, sa force première. A peine parvenait-elle à parer le cimeterre avec l'épée-émaille. Et ce fut finalement lorsqu'elle se retrouva avec un talon au-dessus du vide qu'elle comprit la gravité de la situation ; on la dominait. Elle allait tomber, et s'éteindre.

Une étrange alchimie se produisit. L'adrénaline du combat lui revînt soudainement, cet instant où la vie peut basculer dans la mort. Son souffle et son cœur s'unirent à elle pour cet ultime instant, comme par enchantement. Le bras gauche s'élança et la lame virevolta en l'air avant de frapper de plein fouet celle de son agresseur, qui en fut désarmée sur le coup. Elle n'eut pas le temps de s'en surprendre, puisque dans le mouvement suivant, la pointe de la lame émaille passait sur cou si faiblement protégé. La bête avait raison ; les cous étaient si fragiles.
La gérudo tomba dans le vide sous les yeux d'une jeune femme redevenu l'espace d'un temps le tueur qu'elle avait toujours été. Et finalement, même si c'était moche, même si ça craignait, il valait mieux que ça se passe comme ça. C'était la seule chose pour laquelle elle était bonne, de toute évidence.


Le Sabre Rouge Almaa, Oeil-de-Faucon de son titre, périt cette nuit. La pointe de la lame de son adversaire à l'armure noire perça son cou aussi aisément que ne le ferait le dard d'une guêpe sur sa proie. Le corps inerte et à présent ensanglanté de la plus puissante archère Gerudo chuta le long de la forteresse, puis s'échoua dans le sable réchauffé par le feu, et la guerre. Les quelques dizaines de femmes composant son bataillon d'archères la suivirent des yeux. Des yeux horrifiés, pétrifiés par ce qu'ils voyaient. Des yeux qui n'en revenaient pas, outrés. Des yeux tristes, emplis de haine. Pourquoi ? Pourquoi fallait-il que ce soit elle qui tombe ?
"Les meilleurs partent toujours en premier" a-t-on coutume de dire.
Almaa avait beau être sévère et intransigeante, elle était aimée des Gerudos. De grandes pertes allait subir la tribu, ce soir. Elles se savaient condamnées, et elles savaient que leur fierté inébranlable ne réduirait certainement pas le nombre de morts. Mais aucune n'abandonnerait. Sous peu, l'une d'entre elles défiera cette femme en armure, si toutes ne se bousculent pas pour le faire. L'étrangère avait eu la bravoure de se frotter à plus de quarante archères, seule. Un acte honorable et les Gerudos respectaient cela. En revanche, toutes abhorraient la méthode dont elle usa : la magie noire. Une pratique illicite, proscrite et condamnable chez le peuple des sables. Elles n'appréciaient déjà pas la magie simple, alors autant ne pas leur évoquer la magie noire, déjà défendue dans tout royaume digne de ce nom. Heureusement que cette guerrière inconnue n'avait rien des talents et mouvements d'une Gerudo, elle aurait bien vite été démasquée et excommuniée.
Tout cela augmentait d'autant plus le ressentiment que chacune éprouvait envers elle. Toutes les archères avaient laissé leur arc, mais elles disposaient encore d'une dague attachée à la cuisse. Dernier recours en cas d'auto-défense si l'ennemi s'approchait de trop près.


"Sorcière !" hurlaient les Gerudos. "Tu vas payer pour Almaa !" clamaient-elles haut et fort.

Les effets des maléfices de l'inconnue commençaient à se ressentir dans l'organisme de celle-ci. Elle toussait, crachait du sang et semblait faiblir à vue d'oeil. Son armure allait bientôt devenir trop lourde pour ses frêles épaules. De multiples regards haineux s'étaient posés sur elle, avides de chair. L'une des Gerudos l'attrapa par le bras et la tira vers elle pour la ramener moins proche du bord du toit. La bataillon d'archères commença à encercler la demoiselle en noir. Mais tous les arcs restaient à terre, ramasser une arme tombée signifiait signer son arrêt de mort. Qu'importait la guerre à présent, il fallait faire place à l'honneur. La seconde archère, celle qui devrait succéder à Almaa, s'avança alors. C'était une Gerudo grande à la silhouette élancée, sa crinière était droite et longue : ses cheveux lui touchaient le bas du dos et elle avait une frange horizontale épousant des sourcils froncés, bien peu visibles. Ses grands yeux d'ambre luisant comme deux pièces d'or fixaient la guerrière noire, sans ciller.


"Mon nom est Raaja. Battons-nous à mort." lui dit-elle simplement.

Raaja était l'une des plus belles, mais aussi une combattante redoutable, rusée comme une renarde. Elle attrapa sa dague en acier, légèrement courbée comme la plupart des armes Gerudos. Cette forme facilitait la pénétration dans la chair par des mouvements vifs et particuliers avec le tranchant de la lame, dont les femmes des sables gardaient le secret. Les flammes d'en-dessous se reflétaient dans son regard. Elle adopta une posture étrange en se baissant, conservant les jambes écartées. Sa paume gauche resta ouverte, prête à se défendre, et la dague, ramenée au niveau de sa poitrine, parée pour porter un coup à revers. Elle devait bien arriver à hauteur du ventre de son adversaire, penchée comme elle l'était. Enfin elle se jeta, assénant un coup dans le bassin, précis et direct, là où l'armure ne protégeait pas son hôte.

~


Danser. C'est tout ce que Nabooru souhaitait faire. D'autant plus que c'était... avec lui. Quelque chose la stimulait. Était-ce de l'excitation ? De l'adrenaline ? De la peur ? Tout cela à la fois, il semblerait. La Sage de l'Esprit allait se mesurer au seul homme avec qui elle souhaitait danser. Le seul homme digne d'elle, le seul Gerudo.
"Dansons, ma belle", ces mots avaient décroché un sourire à la rouquine. Elle se sentait presque comme flattée. Ganondorf lui tendait la main, elle n'avait plus qu'à la saisir. Les spectateurs observaient le roi et la reine, affublés de leur apparats de bal. Un costume de fer pour lui et une robe invisible pour elle. Les hourras de la foule sonnaient comme des cris de guerre ; les flammes s'agitaient autour d'eux, rubans de feu tenus par la cour. Le sol ensablé était déjà entièrement remué par les précédentes valses, et le plafond n'offrait pas la moindre petite chandelle pour éclairer ces deux âmes. Pas même le lustre que représentait la lune ne dégnait briller ce soir.

Nabooru s'approcha en même temps que son compagnon de danse, bras tendus, sabres courbés. Ils rencontrèrent tous deux l'imposante lame dans un écho retentissant, prélude à ce morceau pour deux instruments. La guerrière s'était saisie de cette main, la danse pouvait enfin commencer.

Tous deux s'apparentaient aux flammes qui les entouraient. En mouvement constant et imprévisible, tournoyant sans arrêt dans un sens, puis dans l'autre. Des gouttelettes de sueur perlaient du front de la belle rousse, venant s'échouer avec timidité sur sa poitrine. La chaleur qui les entourait y était sans nulle doute pour quelque chose, outre ce bal des plus grandioses. Les coups d'épées n'avaient de cesse de retentir sans qu'aucun ne fusse blessé. Le tintement des lames s'entrechoquant différait à chaque pas de danse. En résultait une harmonie prodigieuse, un concert qui ne jalousait aucun des plus grands compositeurs d'Hyrule. Les spectateurs regardaient, écoutaient, ébahis. Une symphonie théâtrale, accompagnée des cris que le couple poussait à chaque nouveau pas. De l'opéra à présent. La scène brûlante ne manquait point d'acteurs. Deux suffisaient, s'échangeant leur rôles chacun leur tour : attaque, un pas en avant, esquive, un pas en arrière, défense, un pas sur le côté. Lame à droite, un pas sur la gauche, lame à gauche, un pas sur la droite. Inversion des rôles, la belle tournoie sur elle-même tenue par une main de métal, aiguisée, sans doigts.
Deux chevelures rougeoyantes hurlaient leur désir de voleter de plus belle dans ce courant d'air chaud, confondues avec les multiples braises environnantes s'élevant haut dans le ciel, l'illuminant de nouvelles étoiles temporaires, éphémères.

Quelle belle valse.

Le coeur de Nabooru battait aussi vite et aussi fort que les tambours Gerudos. Chacun de ses mouvements étaient mesurés et dictés par ces percussions retentissantes, pulsions se déversant dans tout son être. Le feu semblait consumer les deux combattants, en transe complète. La sable s'agitait toujours sous les pieds des Gerudos, cendres dorées virevoltantes. La sage lâcha un instant la main de son compagnon, puis effectua un bond en arrière avant de passer son bras droit sur son front, constatant une fièvre sans nom. Cet arrêt brusque allait peut-être lui donner quelques secondes de répit, vu la distance qu'elle avait pris par rapport à Ganondorf, au moins seize pieds. Elle pointa son sabre gauche en direction de son compagnon de valse et s'exclama d'une voix à la fois forte et hautaine.


"Par les anciens dieux et par les déesses, au diable cette veste de fer que tu portes ! Tes mouvements n'en sont que moins aisés, et cela n'est guère convenable quant aux habitudes de notre peuple. Mes sabres n'ont pu la défaire, alors retires-la, je te prie." Ses mots s'élevèrent avec aisance parmi les hurlements aux alentours. Étonnament, elle n'avait plus porté son attention ailleurs depuis que le combat eut été engagé. Difficile à vrai dire d'ailleurs, vu le bretteur de talent qui lui était réservé, à elle seule, uniquement. Elle continua d'une voix un brin aguicheuse. "Et tu sais que je préfère le corps à corps. Tu es un Gerudo, alors faisons cela d'égal à égal. Pourquoi cacher de si beaux muscles ?"

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Si la forteresse tombait, Nabooru ne cédait pas. Plus vive et agile que jamais, elle tentait de harceler son Roi qui repoussait invariablement tous les assauts. Au centre du cercle de flamme, le temps avait ralenti et chaque mouvement apparaissait plus rapide, plus fulgurant. C'était quelque chose dont ni les livres de légende ni les ouvrages de magie ne parlait : la frénésie qu'un mange ressentait lorsque sa magie imprégnait un combat. Le gérudo combattait depuis qu'il avait l'âge de tenir une arme mais rares furent ces moments d'ivresses où il prenait soudain conscience d'un tout dont il était le centre de gravité parfait et où chaque brin de vent semblait souffler pour lui. Mais si la frénésie améliorait les sens et l'aptitude au combat, elle embrumait l'esprit.

Quelle belle dance ils effectuaient ! Et quel dommage qu'il faille y mettre fin bientôt. Comme dans toutes les tribus du désert, un duel entre gérudos avait quelque chose de beau, d'artistique même, pour qui saurait l'observer. Mais un roi qui doit conquérir sa couronne ne peut se permettre de valser indéfiniment. Le temps allait venir d'achever leur querelle, et de mettre fin du même coup à la prise de la forteresse. C'est alors que Nabooru pointa l'un de ses sabres vers son roi et lui adressa des paroles emplit du ton hautain qui lui allait si bien,


"Par les anciens dieux et par les déesses, au diable cette veste de fer que tu portes ! Tes mouvements n'en sont que moins aisés, et cela n'est guère convenable quant aux habitudes de notre peuple. Mes sabres n'ont pu la défaire, alors retires-la, je te prie."

Ganondorf émit un ricanement amusé. Se mettre en danger ? Pourquoi donc ? Il n'avait pas à se désavantager parce qu'elle n'avait pas su passer ses défenses ! Néanmoins, l'idée avait quelque chose de plaisant. Le seigneur de la flamme n'était pas né vêtu d'acier. Pas plus qu'il n'en avait porté jusqu'à peu. La guerre à Hyrule avait rendu indispensable ces protections... Mais ça n'était pas digne de l'Antique Voie. Des Hyliens mourraient en l'affrontant ainsi, mais Nabooru n'était pas de ces moutons fragiles. Elle était de son sang, de son peuple. Rebelle, mais gérudo. C'est là, enivré par le combat et l'esprit peu clair, qu'elle le fit basculer dans le vide, de sa voix brûlante,

"Et tu sais que je préfère le corps à corps. Tu es un Gerudo, alors faisons cela d'égal à égal. Pourquoi cacher de si beaux muscles ?"

"L'Antique Voie, entre gérudos. Oui... Oui, il y aura de la gloire dans ma victoire."

Son plastron l'alourdissait. Ces épaulières le gênait. Ses jambières lui pesaient. Ses gantelets l'empêchait de sentir le vent. D'un coup, il en eut assez. Il frappa du poing droit sur l'armure qui disparu dans un écran de fumée. Lorsque ce dernier se dissipa, Ganondorf était tel que la tradition l'exigeait. Torse nu, il offrait à la lune sa puissante musculature, celle des guerriers du désert dont tous les noms étaient connus, car un seul vivait tous les cent ans. Chez les gérudos, il y avait un honneur à combattre un tel homme. Pour Ganondorf, il y avait de la gloire à combattre ainsi la meilleure de ses soeurs. Mais il ne craignait pas. Il n'avait jamais craint de combats. Il les accueillait avec réjouissance, car il ne se sentait libre que lors de ces instants.
Son armure avait quelque chose d'une cage, gênant, limitant ses gestes. A présent qu'il s'en trouvait débarrassé, il se sentait léger...Et plus fort que jamais. Il fit face à Nabooru, gonflant son torse. A son tour, il pointa son épée vers elle, et lui déclara seulement :


"l'Antique Voie."

Et il fonça vers elle, armant un coup verticale qui aurait la force et un impact sur elle pareil au marteau qui avait forgé la terre en la martelant. Son poing droite, lui, visait la gorge de son adversaire. Trancher dans la chair de sa soeur ? Ganondorf s'y refusait. L'Antique Voie lui donnait tout droits sur la vaincue, et il voulait profiter de cela. Bientôt, il fut sur elle, et abattit sa fureur.

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Swann

Championne d'Aegis

Inventaire

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(vide)

Le toit sable de la Forteresse prenait petit à petit une teinte plus sombre et rougeâtre. Les sang giclait dans tous les sens, tandis que les guerrières en armure lourde amené par Swann tailladaient leurs semblables avec leurs lances. Le combat était terriblement inégal, du fait que les archères ne possédaient que des dagues. Très rares étaient celles à avoir ramassé leur arc, et beaucoup de celle qui avaient tenté était déjà à terre, la tête noyée dans une flaque carmin. Ça n'avait rien d'un combat. Et ces gérudos qui continuaient de s'élancer vers leurs ennemis ne faisait que suivre le chemin de leur chef. Celui qui les mènerait tout droit à un ultime entretien avec la Faucheuse.
A l'écart du massacre, Swann avait lâché sa lame sur le sol. La main sur la poitrine, un genoux à terre, elle tentait de regagner ce souffle. Mais ses poumons semblaient repousser l'air. Son battant tapait irrégulièrement, parfois fort et parfois faible, lui laissait l'étrange sentiment d'alterner les bons moments et d'autres plus douloureux. La vue de cet immonde scène qu'elle n'avait jamais connu ne la laissait pas indifférente, et son corps en pâtissait. Ce maudit bras droit aurait été utile, en pareilles circonstances ; peut-être aurait-elle dû demander plus tôt des soins le concernant. Car en attendant, elle n'utilisait plus que son bras gauche. Et elle sentait les contre-coups de ce qu'elle ne cessait de lui demander.

On la tira, sauvagement. En parfaite équilibriste, ses deux jambes se raidirent d'instinct pour la maintenir debout. Face à elle, quelques gérudos, les yeux remplis de haine et de mépris. Tandis qu'elle tentait simplement de retrouver un souffle correct, l'une d'entre elle s'avança une lame en main avant de lui imposer un combat à mort. Non. Définitivement non. Swann avait assez tué pour aujourd'hui ; deux personnes, c'était déjà bien trop pour elle. A peine pouvait-elle s'en remettre.
« J'ai pas le temps », souffla-t-elle calmement. Mais derrière son heaume, rien n'avait filtré. On ne l'avait pas entendu, ou on ne voulait pas l'entendre. Qu'importe. La gérudo se rua sur elle et attaqua. Heureusement déjà lors des Nuits d'Or la Belle de Villarreal avait pu apprécier le style de combat de ce peuple. Encore plus depuis qu'elle était chez les dragmires. Cette jeune femme avait un style assez classique dans le genre, aussi fut-il aisé de lire la trajectoire de la dague. Elle n'attendit que le déclenchement du mouvement pour le contrer.

Elle se retourna d'un coup sec ; le vent porta alors sa cape qui alla enrober tout le bras de la gérudo. Une fois que Swann sentit la rouquine prise au piège, elle alla attraper son bras avec sa main gauche, sous sa cape. Puis le tour sur elle-même se finit, et de nouveau l'assassin faisait face à son agresseur. Elle tira d'un coup sec pour le projeter sur elle. Puis le mouvement final.
Le haut de son casque percuta de plein fouet le visage de la gérudo, lui brisant le nez au passage. Elle relâcha son bras et elle tomba au sol en se masquant la figure ensanglantée. La gagnante projetait son ombre sur elle, tandis que la lune se découvrait des quelques nuages dans le ciel. Son obscure silhouette fine découpait la lune de bas en haut, les formes lisses de son armure ressortissant d'autant plus. « Ce n'est pas une belle nuit pour ça. » Le ton était plus fort ; les paroles n'en était pas pour autant écoutées. Les trois femmes du désert encore debout se ruèrent sur un Cygne esseulé et amoindri. Une proie qui conservait néanmoins cet instinct de survie.

Swann était blessée ; physiquement tant que moralement, elle était atteinte. C'était sans doute en cela que ça en faisait un adversaire plus redoutable encore qu'auparavant. Ne disait-on pas qu'un lion blessé était plus dangereux qu'à l'habituel ? Si l'assassin était un cygne, la jeune femme en elle était une lionne. Une redoutable chasseuse implacable que pas même trois gérudo armées ne sauraient faire flancher.
Elle évita la première lame en se baissant, avant de repousser l'une d'entre-elle d'un coup d'épaule ravageur. Tout en reculant, elle attrapa un avant bras qui allait s'abattre sur elle, puis elle dirigea le coup contre une autre. Elle ne manqua pas de crocheter l'une des jambes pour déstabiliser le duo, au passage. C'est là qu'elle sentit l'acier pénétrer sa chaire. Une rouquine venait de percer la plaque qui protégeait le bassin. La plaie était peu profonde, heureusement ralentit de belle façon par le métal protecteur. A peine se rendit-elle compte de sa blessure que son coude frappa de plein fouet cette femme qui s'était trop approchée d'elle. Elle tomba au sol, assommée.

Le duo qu'elle avait ralentit ne tarda à revenir à la charge. Alors au bord du toit, Swann changea brusquement de posture ; jusque la défensive, elle passa à l'attaque. Un coup de genoux fut brutalement porté dans l'estomac d'une des archères. pliée en deux, Swann passa derrière elle en un mouvement et la poussa pour la faire chuter du toit. Plus qu'une ; la gérudo frappa à sa jambe, ce qui lui fit plier le genoux droit. Elle vit alors la lame fondre verticalement vers elle, et elle la stoppa in-extremis alors que la pointe de la dague allait frapper de plein fouet son heaume. Peut-être l'aurait-elle même percée.
Elle ne pouvait pas finir comme ça. Pas en haut de ce toit, pas contre cette femme. Elle eut beaucoup de mal à tenir dans cette épreuve de force, et la pointe se rapprochait petit à petit d'une jointure entre le cou et l'épaule gauche. Elle avait plié les deux jambes, elle était dominée, encore. C'est à ce moment qu'elle dû lutter de nouveau sans son souffle. Elle sentait son muscle trop tendu ; bientôt elle craquerait. Et si elle craquait, elle mourrait. « Entends-moi... RUGIR ! » cria-t-elle. Elle ne su pourquoi elle dit cela à cet instant précis. Mais la devise Dragmire lui donna la force qu'il fallait ; donnant tout ce qu'elle pouvait encore dans ses jambes, elle se redressa et repoussa la lame vengeresse. Aussitôt elle frappa d'un revers du bras gauche dans le visage, au niveau des yeux tant qu'à faire. Puis sa jambe gauche s'éleva et se porta sur la cuisse de la rouquine. C'était terminé.

Elle mit ses dernières forces dans ce coup, ce qui fit chuter une deuxième gérudo de ce toit. Trois, si l'on comptait leur chef, bien que celle-ci était déjà morte avant d'atteindre le sol. Le souffle plus court et difficile qu'aucune fois auparavant et dépossédée de toute force, Swann tomba sur le sol à genoux. Derrière elle, le massacre était fini, et les gérudos évait été exterminées, massacrées. Tout comme sa petite troupe de mercenaire qu'elle avait amené jusqu'ici. N'en restait que deux, qui se baladait sur le toit à la recherche de blessée à achever.
Sur le toit, c'en était fini. Toussant fortement, le Cygne aux yeux ambres se remettait difficilement des efforts qu'il avait dû fournir. Ses yeux allèrent se porter jusqu'à cet affrontement qui prenait place dans la Cour Intérieure. Elle y voyait un Seigneur triomphant de ses sujets aux idées rebelles. Bientôt, le fin mot de l'histoire allait être donné, au grand soulagement d'une des combattante.


Le voilà enfin, le vrai Ganondorf. Celui qu'elle attendait impatiemment. Pas un usurpateur en robe de fer. C'était à ça que ressemblait le souverain Gerudo, un véritable homme qui ne se cache pas de ce qu'il est. Néanmoins, la rouquine émit contre toute attente une sorte d'onomatopée disgracieuse, accompagnée d'un rictus de dégoût. La cause en était cette armure qui disparut en un simple écran de fumée. Encore de la magie. Décidémment, les subterfuges étaient légions, même lors d'un combat d'égal à égal... qui ne le serait jamais. Même cette lame semblait magique, le mal s'écoulait dans les veines de cet homme. Jamais l'égalité ne serait réellement de mise, quoi qu'il en dise. Elle soupira tout en contemplant ce torse nu suintant de sueur, flamboyant, miroitant la danse des flammes aux alentours. Magnifique, encore et toujours. Un homme détestable pour ses actions, mais un bel homme. Quel gâchis de devoir entailler ce corps de guerrier.
Le puissant homme ne perdit pas un instant et se rua une nouvelle fois sur la rousse. Il semblait bien plus vif et agile qu'auparavant, ce qui se comprenait vu le poids qu'il venait de lâcher. À nouveau un coup vertical. Celui-ci était si bref que Nabooru n'eut presque pas le temps de réfléchir sur comment en réchapper. Elle ne brandit qu'un seul de ses sabres, le gauche. Mais cela était loin de suffire. Une sueur froide coula le long du dos nu de la femme, ses yeux s'écarquillèrent en sentant la puissance inimaginable du coup qu'on venait de lui porter, avec une seule main. L'épée de Malin rebondit dans un vacarme assourdissant sur le sabre de la belle, mais son bras en avait pâti, sévèrement. L'attaque le lui avait certainement déboîté, ou brisé un os, elle ne le savait guère. Mais elle lâcha cette arme qui chuta lentement dans le sable, sans un bruit, le moindre. La deuxième main de Ganondorf vint alors rencontrer la gorge de l'assaillie, violemment. Sa bouche s'ouvrit et en sortit un toussement étranglé, étouffé. Sa respiration se fit plus forte, sa poitrine frôlait le bras du Gerudo à mesure qu'elle accumulait de l'air dans ses poumons. Était-ce donc déjà la fin ? Non. Il lui restait un sabre dans la main droite. Elle serra celui-ci de toute sa poigne et usa de ses dernières forces pour l'enfoncer aveuglément dans le ventre de son opposant. Elle toucha juste.

Nabooru cracha ensuite sur le visage de celui qui la tenait encore.

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Vainqueur.
Ganondorf ne relâcha pas sa prise, gardant ferme sa poigne autour de la gorge de Nabooru. L'instant était délicieux, divin. Pour la première fois depuis son raid sur le ranch, il avait pleinement gagné. La forteresse prise, ses pertes négligeable et un duel au sommet remporté ! Il ne remarqua pas directement l'ultime geste de la gérudo, aux effets malheureusement pas à la hauteur de son courage. Car soulevé par le Roi des rois au dessus du sol par un bras tendu, son coup n'avait fait que pénétrer légèrement des muscles endurcit par les combats. Un sabre n'était pas la meilleure arme pour transpercer un homme, elle aurait dû le savoir. Quelques soins de la jeune sorcière et il s'en remettrait vite. Ganondorf observa le visage crispé de son ancienne camarade de jeu, vaincue. Cette fois, elle avait vue trop haut. Ce qui s'était passé 7 ans auparavant ne pouvait se répéter : Link ne réussirait pas à la sauver. Et la loi gérudo était formelle : elle avait perdue son combat, elle le servirait, de gré ou de force. Brusquement, il la jeta au sol. Aussitôt, des gérudos vinrent l'enserrer et lui désignèrent des fers, demandant d'un regard l'ordre de les lui imposer aux poignets et aux chevilles, comme la coutume le voulait.


"Faites. Conduisez la à l'écart le temps que les combats cessent, mais restez nombreuses à la surveiller. Des fers ne font pas du guépard un chat."

Alors, Ganondorf prit le temps d'observer l'état de la bataille. Le Cygne Noir s'était montrée à la hauteur des espérances du gérudo, qui prit un instant pour observer la beauté guerrière de cette silhouette en armure dressée fièrement sur le toit, ses ennemies gisant à ses pieds. Partout, ses troupes avaient maîtrisées les rebelles et continuaient d'envahir la forteresse. Sa victoire n'était pas que personnelle. C'était le clan qui avait vaincu, et d'une fort belle manière. Son seul regret fut d'avoir dû user de malice et de sortilège pour surprendre ses ennemis, mais il n'était pas idiot et avait apprit à tempérer sa soif de gloire. La bataille rangée viendrait en son temps, l'heure était à la surprise et à la stratégie. Là aussi, il y avait de la gloire.
Le vacarme des combats faiblissait à chaque instants. Ganondorf ne douta plus que la forteresse fut à présent à lui. Son audace avait payé. Le temps était venu de régler ses comptes et de passer à l'étape suivante : la guerre contre ses véritables ennemis. Si affronter ses soeurs perdues ne lui avait pas plu, la perspective de mener la guerre contre les Hyliens lui semblait douce. Alors, il prit le cor à sa ceinture et le fit tonner comme l'aurait fait le dieu de la guerre lui même. L'écho, unique et puissant, résonna fortement entre les falaises entourant la forteresse, couvrant les derniers fracas des armes. Un coup, unique, signifiait la victoire. Deux aurait apprit la défaite à ses partisans. Mais cette possibilité n'adviendrait jamais, Ganondorf y veillerait.

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