Ceux qui avaient reposés sous les sables semblaient plus fougueux qu'ils ne l'avaient jamais été. Le spectacle de leur fureur, tandis qu'ils se déchaînaient sur les vivantes, grisait Ganondorf. A peine sortis du sable, les morts se jetaient à l'assaut de la forteresse comme si les fouets de leur maître étaient à leurs trousses, hurlant leur douleur d'être à nouveau éveillés en une complainte déchirante. Cottes de mailles déchirées, casques rouillés, vêtements rapiécés, ils n'avaient plus rien de la grandeur qui avaient sûrement été la leur, autrefois. Qu'importe, par quelle armée pourraient ils être terrassés, ainsi animés d'une rage inhumaine ? Le gérudo ne concevait plus d'obstacles à sa victoire. Seul comptait le ralliement des rebelles.
Le seigneur du malin ne désirait pas la mort de cette moitié de sa tribu. Si elles l'avaient trahit, c'était pas ignorance, guidées dans ce choix perfide par cette sournoise de Nabooru...Sa soeur, comme les autres. Et la plus prometteuse, douée. Redoutable autant avec un sabre qu'avec sa langue, Ganondorf l'avait longtemps considéré comme sa seconde main, destinée à le seconder dans son règne de gloire. Mais il avait fallu qu'elle se rebiffe, comme toujours. Un sang chaud, et un tempérament rebelle, depuis sa prime enfance. Elle lui avait souvent demandé pourquoi il était considéré comme roi. Pourquoi ? Comme si le Gérudo avait à s'embarrasser avec une telle question ! La tradition l'exigeait, il l'était de droit. Parce que les lois le voulaient ainsi...Chose que Nabooru n'avait jamais su accepter.
Elle était le coeur de la rébellion, une actrice de sa précédente défaite contre les deux autres élus des déesses. Il allait la frapper, la soumettre...Et si elle n'acceptait pas sa défaite, elle en subirait les conséquences. On ne joue pas impunément avec le pouvoir de Ganondorf Dragmire !
Si ses plus fidèles s'obstinaient à la suivre, il le leur accorderait. Ces rebelles la suivraient dans son ultime voyage. Seul comptait réellement le ralliement des autres, des plus nombreuses. Les gérudos ne pouvaient plus se permettre la désunion. Pas si prés du but !
Le Seigneur des vivants et des morts approchait des murs de la forteresse, dans laquelle il entendait déjà de l'activité. Les premiers éveillés s'étaient déjà engouffrés à l'intérieur et les combats avaient sûrement commencés. Cherchant un officier, il repéra un des revenants qui avait conservé son uniforme de capitaine et continuait à commander ses anciens hommes dans son second éveil. Il éperonna son cheval et s'en approcha. Dés qu'il fut à quelques pas et sans l'avoir vu de ses yeux, le serviteur se précipita vers lui et effectua une parodie de garde-à-vous. Une lueur verte inquiétante occupait des orbites désormais vides. Sa mâchoire inférieure pendait au point de presque s'en décrocher mais le revenant ne s'exprimait de toute façon que d'esprit à esprit.
-Nous avons prit le contrôle de la herse et nous investissons les bâtiments et la cour. Des archers sont postés sur les hauteurs mais nos propres flèches mordent leurs chairs. Une aura plus forte est apparue dans la cour. Nous vous conseillons de vous y rendre...
Efficaces, pour leur âge, pensa aussitôt Ganondorf. L'impression que le revenant laissa dans son esprit n'était pas plaisante mais la perspective d'une armée aussi puissante la compensait largement. Il avait déjà une idée de qui l'attendait au delà des marches menant à la cour et il décida que le moment était venu pour lui d'agir. Plusieurs mois à couver au coeur d'un volcan lui avait donné une envie de se battre. Le chef de guerre descendit de son cheval, et s'élança à l'ascension de l'escalier taillé dans la roche. Autour de lui, les ravages de la guerre emplissaient les gorges d'un vacarme résonnant. Les tambours gérudos tonnaient, faisaient vibrer son coeur et ses tripes. Il avait soif de la peur de ses ennemis, faim d'une lutte qu'il n'avait que trop longtemps stoppé.
Lorsqu'il arriva au sommet, le Roi du désert vit Nabooru, fière et droite en première ligne et entourée de plusieurs de ses soeurs. C'était son genre, d'agir sournoisement dans l'ombre...Mais d'assumer pleinement ensuite. Une vraie gérudo, en somme. Une femme de son genre, mais trop semblable à Ganondorf pour qu'ils puissent se tolérer l'un l'autre. Il n'y avait qu'un roi pour gouverner la tribu, le clan. Et il allait falloir le lui rappeler. Ne l'ayant pas vu, elle cria,
- Je sais que tu es dans le coin, grand dadet. Veux-tu bien te montrer avant que je ne perde patience ?
Le seigneur de l'ombre et de la flamme fit alors signe à ses revenants de s'écarter et il déclara, d'une voix calme et impérieuse, en véritable roi,
- Je suis là, Nabooru.
Affichant une totale confiance en lui même, il avança vers elle. Ses soldats, en s'écartant, avaient tracés autour d'eux un cercle presque parfait. Un cercle qui conviendrait parfaitement à un duel. Ganondorf décrocha alors son manteau, rouge comme le sang et brodé d'or à la manière des souverains légendaires, celui ci tombant au sol entre eux. Une provocation, un signe qu'il ne reculerait pas. Néanmoins, il ne voulait pas gâcher cet instant, ni cette occasion de faire douter ses soeurs rebelles. Il ne dégaina donc pas immédiatement, et poursuivit sur le même ton.
- Mes soeurs, ne pensez vous pas que tout ceci est absurde ? Pourquoi moi, Ganondorf Dragmire, votre sang et votre roi, comme l'énoncent nos lois ancestrales et sacrées, pourquoi suis je donc obligé de prendre possession de ma propre citadelle par la force ? Ceci n'a aucun sens et vous le savez ! Le poison de la traîtresse n'a pu vous pénétrer au point de vous faire perdre la raison ! Je n'ai jamais eu d'autre ambition que d'auréoler de gloire le nom des Gérudos, pour les siècles à venir ! Vous avez été trop longtemps éloignées de moi, mes soeurs... Eloignées par celle que vous savez. Alors, il dégaina sa lourde épée avec laquelle il était un demi-dieu. Cette épée qui l'avait toujours servit fidèlement, à l'inverse de celle à qui ces mots furent adressés, Nabooru, traîtresse à ton roi. Ton règne d'usurpatrice s'arrête ce jour ! Tu vas éprouver ma colère ![/i]
Brandissant sa lame vers l'avant, il chargea en hurlant,
- Par les vents et par les sables !
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