Posté le 23/04/2013 16:23
La bataille était terminée depuis quelques heures, et un silence de circonstance s'était abattu dans les rangs des troupes du Seigneur du Malin. La victoire ne pouvait être fêté comme toutes les autres, puisque celle-ci avait vu s'affronter des sœurs gérudos entre elles dans un sanglant carnage, dont il restait encore de nombreuses traces aux quatre coins de la forteresse. Les derniers corps étaient rassemblées, tandis que déjà des esclaves s'afféraient au nettoyage des murs maculés de sang. Au milieu de tout cela, il y avait les dragmires, qui surveillaient patiemment le bon déroulement des opérations. Beaucoup s'était déjà approprié leur quartier, et Swann ne faisait pas exception à la règle.
La jeune femme était encore déstabilisée par la bataille, la guerre qui avait eu lieu ici. De fait, elle en avait conservé son armure et s'était simplement débarrassé de quelques affaires comme ses armes, et elle faisait à présent les cent pas entre les sombres murs de cet endroit devenu infâme. Il y avait eu trop de morts pour elle, trop d'innocents étaient tombés. Rien de tout cela n'était appréciable, et en plus elle devait lutter contre son souffle, sa respiration rendue difficile à cause de son cœur qui s'était emballé un peu trop durant l'affrontement sur le toit. La blessure qu'elle y avait reçu l'affaiblissait encore plus car elle coulait encore à travers son armure, et c'était déjà un miracle qu'elle n'ait pas encore tourné de l'œil. Mais le Cygne Noir avait une endurance à toute épreuve à ce niveau là.
Sa respiration métallique était bruyante, saccadée et démontrait ses difficultés actuelle, bien que la situation assez calme lui avait permis de se sentir un peu mieux. Mais elle étouffait presque sous sa légère armure noire, et le temps du repos et des soins n'allait pas tarder à venir. Elle remarqua alors une silhouette dans cette ambiance aussi morne et glauque que celle qui découlait d'une longue bataille. Au détour d'un couloir, elle vit une jeune femme qui marchait en direction de la sortie, mais avec difficulté elle aussi. Étrangement curieuse en cette nuit noire, Swann décida de la suivre jusqu'à la Cour Intérieure, où sa présence fut décelée. Habitués à l'obscurité, les yeux de l'assassin découvrirent avec stupéfaction le visage de la Sœur de Feu, Cécilia. Il lui fallut un long moment pour encaisser cette révélation troublante bien qu'apaisante, en un sens : après tout, savoir Cécilia en vie avait quelque chose de très rassurant, bien qu'elle n'aurait pas penser la voir traîner par ici.
Sauf que le Cygne Noir ne savait plus tellement sur quel pied danser à présent. Fallait-il lui révéler son identité ? Non, a quoi bon. Fallait-elle la livrer à son Seigneur ? Si l'affaire venait à être ébruitée, on lui tiendrait sûrement rigueur qu'elle n'ait rien fais. Pourtant, il lui fallait se décider, et très vite. Elle était fatiguée, la danseuse encore plus qu'elle, aussi était-il temps de prendre une décision. Et à ce petit jeu, c'est le cœur et non la raison qui décida le premier du sort que Swann allait réserver à l'alchimiste.
« Je ne provoquerais ni ta capture ni ta mort. Tes sœurs, en revanche... », souffla-t-elle calmement en se rapprochant tranquillement, un lent pas après l'autre. D'abord, il lui fallait gagner sa confiance. Ou plutôt, la regagner ! Compliquée comme situation, surtout qu'elle ne souhaitait pas se révéler à ses yeux. Heureusement, sa voix était presque transformée une fois qu'elle passait à travers le heaume, bien que son léger accent était encore distinct.
" Il faut que tu partes d'ici ", dit-elle, sans raison apparente. Elle se disait que jouer la carte de la bienfaitrice mystérieuse pouvait s'avérer être le meilleur choix, et dans ce cas là, il ne fallait en rien tenter de s'expliquer. " Si tu sors d'ici toute seule, les gardes t'attraperont. Si encore tu étais rousse... ", soupira-t-elle alors qu'elle arrivait à sa hauteur. " Il te faut un cheval, aussi. Suis-moi. "
La femme en armure passa à côté de Cécilia sans effectuer aucun geste supplémentaire. Elle espérait bien que la gérudo la suive sans résistance, car elle était sa seule chance, mais le fait de ne pas entrer dans les détails pouvait l'aider à être suivie aveuglément. Quoi de plus curieux que le mystère ? Devant les escaliers qui menaient à la sortie se trouvait une patrouille de femmes du désert. Les cinq gardes, armées jusqu'aux dents, surveillaient avec attention les entrées et les sorties dans ce lieu conquis par le Trône. A l'arrivée de Swann, elles commencèrent déjà à s'écarter pour lui laisser le passage vers les escaliers.
« Toi », dit-elle sèchement en désignant l'une des femmes. « Va me chercher le plus beau canasson que tu puisse trouver », finit-elle d'une voix moins tranchante.
" Qui est-elle, ma Dame ? " Questionna l'une des gardes à propos de celle qui accompagnait le Cygne.
" Une esclave. Je l'emmène faire un tour. "
Aucune des gardes ne tenta d'aller plus loin. Swann s'était battis en peu de temps la réputation d'une femme froide et peu bavarde, alors on se contentait très facilement de ces quelques mots parmi les rangs du Seigneur Gérudo.
La rousse qu'elle avait envoyer chercher le cheval revint très rapidement en tenant un étalon noir de belle facture, déjà scellé. Sans plus de mots, l'assassin en saisis les rennes et emmena l'animal à sa suite, avec derrière elle Cécilia qui suivait le mouvement.