"To Lord and Land" ~ La cour [Ouest]

Début de l'hiver - 1 an 3 mois avant (voir la timeline)

Cecilia Iole Mentina


Inventaire

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(vide)

La garde semblait avoir été renforcée, sûrement après cet incident au campement. Heureusement, il n'y avait que des simples gerudos à l'extérieur de la forteresse, il serait donc facile de franchir le barrage sans se faire repérer. Cachée un peu plus loin grâce au relief de la vallée gerudo, Cecilia avait tout prévu pour que personne ne puisse la voir, pour le moment. Ce qu'elle allait faire était risqué bien sûr, mais elle avait déjà pris sa décision et elle n'allait pas reculer. De toute façon, grâce à l'amulette qu'elle avait dissimulée sur elle, elle savait que l'armée n'allait pas tarder à arriver puisque quelqu'un possédait le même bijou et il l'avait prévenu de leur approche. Il y avait également deux autres personnes dans cette vallée qui possédaient cette amulette et la jeune femme aurait voulu communiquer avec eux pour savoir s'ils allaient bien. Lors de l'attaque du campement, elle avait aperçu quelques gerudos se diriger vers le lieu où devaient se trouver ses deux amis, elle espérait qu'ils s'en étaient sortis si jamais ils s'étaient fait attaquer.

Les trois personnes qu’elle avait aperçu de l’autre côté du pont quelques minutes auparavant étaient déjà retournées à l’intérieur de la forteresse, il n’y avait plus que de simples gardes qui surveillaient l’endroit. Pendant un instant, l’alchimiste fixait ces femmes du regard, elles qui avaient décidé de trahir Nabooru et de se ranger du côté de Ganondorf. Les souvenirs de cette nuit lugubre lui revinrent en mémoire, les résistantes étaient en sous effectif et il était très compliqué de faire la différence entre celles qui défendaient la forteresse et celles qui combattaient avec le mal. Il y avait également tous les Dragmires qui avaient participés à l’assaut ainsi que des combattants assez étranges, issus sûrement de la magie noire. La forteresse était rapidement tombée, l’exaltée n’ayant rien pu faire contre le champion de Din. Mais ce dont se souvenait le mieux Cecilia était ce combat contre cette femme aux cheveux blancs. Elle s’était laissée piégée si facilement… Rien que le fait de repenser à cela la rendait malade. L’alchimiste espérait revoir cette sorcière durant cette bataille pour lui rendre la monnaie de sa pièce et cette fois-ci, elle ne se laisserait pas bernée aussi facilement. Laisser approcher son ennemie était une grosse erreur et il était hors de question que cela arrive de nouveau. De toute façon, elle était déjà en bien meilleure santé que la dernière fois et elle avait l’avantage. Avec l’armée royale, Rédemption d’Ambre et les quelques personnes qui sont venues aider dans cette guerre, les Dragmires seraient très vite en sous nombre et cela pouvait facilement jouer en leur faveur. La danseuse en était sûre, il était possible de récupérer la forteresse aujourd’hui et de libérer tous les prisonniers

Elle se tourna pour observer plus en détail l’amulette qu’elle avait autour du cou. Dans un moment comme ça, jouer en solitaire pouvait être très risqué mais l’envie d’aller combattre ne cessait pas de la tourmenter. Elle prit le bijou dans sa main droite et l’approcha de son visage. Il fallait quand même prévenir ses compagnons de ce qui allait arriver car seule, elle ne pouvait sûrement pas affronter tous les Dragmires, elle aurait besoin du soutien de l’armée royale, de Rédemption d’Ambre et de tous les autres personnes qui avaient décidé de prêter main forte à l’armée pour récupérer la forteresse. Après une longue hésitation, elle décida finalement de garder le silence et de faire comme elle avait prévu, il valait mieux se taire pour éviter d’inquiéter ses compagnons.

Finalement, l’alchimiste sortit de sa cachette et se dirigea vers la forteresse gerudo. Bien sûr, ce n’était pas du tout le plan qui avait été prévu à la base mais la jeune femme ne souhaitait pas que d’autres innocents soient blessés ou tués. La dernière fois, les Dragmires avaient joué sur un effet de surprise pour s’infiltrer dans la forteresse, l’alchimiste avait décidé de faire de même, créer une diversion pour concentrer le plus gros dans un seul point alors que l’armée et les alliés allaient attaquer par un autre endroit. Au final, leur plan allait se retourner contre eux-mêmes mais il ne fallait pas les sous-estimer : lorsqu’on s’empare d’un endroit et qu’il y a des prisonniers, il faut toujours s’attendre à ce qu’il y ait une riposte. Avant de foncer tête baissée vers le danger, la danseuse se devait de se renseigner un maximum sur le lieu.

Quelques mots s’échappèrent de sa bouche alors qu’elle se dirigeait tout droit vers les gerudos qui gardaient l’entrée de la forteresse. A partir de cet instant, il fallait qu’elle redouble de vigilance car ce qu’elle s’apprêtait à faire était très risqué. Sur le coup, elle ne put s’empêcher de sourire en ce remémorant ce qu’elle avait dit l’autre jour à Endë à la place du marché. Le danger faisait partit de son quotidien et s’il savait ce qu’elle comptait faire à ce moment-là, il était sûr que le jeune homme n’aurait pas apprécié. En tout cas, elle espérait le revoir rapidement, lui ainsi que tous ses amies et surtout sa sœur. En parlant de cette dernière, Cecilia ne savait pas du tout où elle se trouvait mais elle espérait qu’elle ne prenne pas part à cette guerre. Elle agrippa avec sa main gauche le bracelet qui entourait son poignet droit et regarda brièvement le ciel, elle comptait vraiment la revoir et très vite.

Elle n’était plus qu’à quelques mètres des gardes et pourtant, ces dernières n’avaient toujours pas remarquées sa présence. Juste avant de sortir de sa cachette, la jeune femme avait utilisé sa magie pour créer un petit mirage autour d’elle, la dissimulant de n’importe quel regard. Il fallait cependant rester très prudente car au moindre faux pas, ce sort pouvait s’avérer inefficace, surtout que si elle tentait de lancer un autre sort au même moment, le mirage prendrait fin instantanément. Elle ralentit son allure une fois arrivée à la hauteur des gerudos, elle devait faire attention que ces dernières ne ressentent pas sa présence.

Mais alors qu’elle s’apprêtait à entrer dans la forteresse, la pierre verte autour de son cou se mit à luire. La danseuse hâta le pas et s’arrêta sur les escaliers avant de regarder le bijou. Le message qu’elle avait reçu venait de lui glacer le sang, elle avait parfaitement reconnu la voix et savoir que Endë était en très mauvaise posture ne la rassurait pas, mais alors pas du tout. Tout le monde savait qu’il y avait deux intrus à proximité de la forteresse, des renforts allaient sûrement être envoyés à leur rencontre puisque les guerrières qui avaient été envoyées pour s’occuper de ses amis n’étaient pas revenues. Elle aurait voulu crier de détresse, mais la situation dans laquelle elle se trouvait ne lui permettait pas de le faire. Et c’est à ce moment-là que la gerudo eut une idée, risquée certes mais au moins, cela pourrait permettre à ses deux amis de s’en sortir.

Sur le coup, elle avait trois priorités : trouver un moyen de soigner Endë, attirer l’attention des gerudos et délivrer toutes les prisonnières. Elle regrettait déjà ce qu’elle allait faire mais c’était la seule solution qu’elle pouvait envisager. Fouillant rapidement sa sacoche, elle sortit quatre fioles dont trois contenant le même liquide gris et une contenant un liquide blanc. Elle ne pensait pas utiliser ces trois fioles aussi rapidement, surtout qu’elle n’avait jamais pu les tester et évaluer l’impact que cela pouvait avoir. Au moins, il n’y avait aucun allié dans la forteresse donc aucune chance que l’un d’entre eux soit blessé. Cecilia agrippa l’amulette avec sa main de libre et contacta en vitesse son ami.


"Je vais attirer l’attention des gerudos, essayez de me rejoindre dans la cour de la forteresse, j’ai quelque chose qui devrait ralentir les effets du poison provisoirement, le temps qu’on en termine avec cet endroit et que je m’occupe de l’antidote !"

C’était du direct et elle savait que la nouvelle n’allait pas du tout enchanter ses compagnons. Sur ces mots, l’alchimiste grimpa sur le mur qui séparait le désert hanté de la forteresse Gerudo et regarda brièvement les lieux. Il y avait un petit groupe de gardes près du gymnase gerudo et quelques caisses en bois posées un peu partout, c’était les seules choses et personnes qui se trouvaient dans la cour d’après ce qu’elle voyait. Et sans hésitation, elle prit l’une des fioles grises qu’elle lança sur une caisse en bois à proximité du groupe de gardes. Lorsque le récipient se brisa et que le liquide gris arriva au contact de l’air, ce dernier explosa, projetant les gerudos en arrière. Une seconde explosion intervint au niveau du barrage à l’entrée de la forteresse, projetant les femmes contre le décor et les étourdissant. De cette manière, il serait plus facile pour les alliés d’arriver par là étant donné qu’il n’y avait plus personne pour protéger cette entrée.

Toutes les gerudos commençaient à se précipiter à l’extérieur pour aider leurs sœurs et découvrir le responsable de tout cela, les Dragmires n’allaient sûrement pas tarder à faire de même. L’alchimiste rangea ses deux autres fioles dans sa sacoche puis descendit de son perchoir. Tant que les véritables ennemis n’étaient pas là, il fallait qu’elle en profite pour faire un maximum de grabuge et ainsi attirer l’attention des gerudos dans la forteresse et non à l’extérieur où se trouvait les autres. Et comme elles étaient fixées sur ces explosions, elles n’étaient pas du tout conscientes que l’armée royale et Rédemption d’Ambre allaient d’un instant à l’autre attaquer la forteresse.

La danseuse se prépara puisqu’après cette attaque, elle allait être à découvert et donc beaucoup plus vulnérable. Elle se concentra sur son sort, il fallait qu’elle soit la plus précise possible car elle ne pouvait pas se permettre d’utiliser sa magie à tort et à travers. Lorsqu’elle se sentit prête, elle lança au beau milieu de la cour une bourrasque de vent, égratignant et blessant toutes les personnes se trouvant sur son passage. Ce sort, c’était celui qu’elle avait utilisé contre cette sorcière, mais en moins puissant et étant donné que cela l’avait sauvé, elle avait décidé de faire à nouveau confiance en cette attaque pour faire le plus de dégâts.

Des cris déchirèrent le ciel, certaines gerudos étaient plus ou moins blessées, d’autres hurlaient la mort sur le sol. Pour le moment, Cecilia se contenta de se cacher en bas des escaliers, les gerudos étant toutes sur la partie supérieure de la cour. Toute la forteresse semblait mouvementée sans savoir ce qui se passait, et c’était exactement l’effet que souhaitait créer l’alchimiste.


"Elle est là !"

Et comme prévu, une fois le mirage estompé, elle avait déjà été repérée même si elle avait tenté de se cacher pendant un bref instant. Il y avait une douzaine de gerudos qui se trouvaient devant elle, bien décidées à faire payer à la danseuse ce qu’elle avait fait à toutes leurs sœurs. Mais elles avaient beau être pour le moment supérieur en nombre, cela n’effrayait pas du tout la jeune femme. Sa diversion était un succès et bientôt, elles allaient toutes se mordre les doigts.

"Il y a des personnes qui ont souffert, d’autres qui ont perdu la vie… Vous allez regretter d’avoir rejoins les ténèbres !"

Elle prit dans ses mains deux dagues, les lames étaient d’un bleu très inhabituel. Elle avait décidé de mettre toutes les chances de son côté pour cette bataille et elle s’était préparée à toutes les éventualités possibles. Bien sûr, il était possible qu’elle n’ait pas pensé à tout, surtout que là, elle s’était précipitée sans réfléchir dans la gueule du loup. Mais de toute façon, elle était là et elle ne pouvait plus faire machine arrière, elle allait combattre et donner tout ce qu’elle a.


Son poing maudit rencontra la pierre, et la brisa. Sa rage avait réveillé l'animal qui sommeillait en lui comme en chaque homme, et cela lui donnait soif. Soif de sang, soif de mort. A nouveau, il trouva un mur devant lui et le démolit d'un coup de poing. Qu'importe la douleur qui en résultait et le sang qui coulait depuis les phalanges meurtries, Ganondorf ne souffrait pas d'attendre et il venait porter la mort chez ses ennemis. Il sentait la présence de son ennemi juré, mais pas uniquement. Il y avait là des auras faibles, dérisoires, mais qu'il avait déjà perçu. Des survivants de sa citadelle ? Comme il serait jouissif de les tuer. De presser cette poigne démoniaque sur leur gorge, de briser leur bras, de s'emparer à plein main de leurs coeurs encore palpitants ! Les remords, la fatigue du sang versé, tout cela était déjà loin dans l'esprit du Roi. Il venait défendre sa forteresse et vaincre ses ennemis. Leur offrir la plus belle des morts contre le plus puissant des ennemis.

Un dernier mur s'opposa à lui et fut poussière en quelques instants. Aussitôt, le seigneur de la Flamme reçut la lumière du soleil et vit que les combats avaient rejoint sa forteresse. Peu d'ennemis. A peine trois, mais des victimes chez ses soeurs. Etait il concevable que trois insectes aient pu blesser autant son clan ? Ganondorf en aurait douté si il ne l'avait vu de ses yeux. Il repéra aussitôt Link, prés de la herse, un cadavre à ses pieds. A dire vrai, les cadavres commençaient à s'amasser. La forteresse puait la mort, tant sur la terre qu'en dedans. Cette puanteur qu'il pouvait sentir, il était grand temps d'en faire profiter ses ennemis. De ses griffes noires, le gérudo ouvrit un sillon écarlate sur son torse. Le sang était la clé et le prix. Faisant ainsi, il remplissait sa part du contrat.
Il y eut un frémissement dans la terre, sensible par tous. Puis un autre. Et enfin, Ganondorf eut ce pourquoi il avait payé : sortant du sol ou se relevant encore frais, les morts revenaient à la vie pour lui. Qu'ils fussent les soldats jaillit du désert lors de la prise de la forteresse ou les derniers que la vie avait quitté, ils répondaient à l'appel de leur maître. Ni vivants, ni morts, les revenants seraient autrement plus ardus à terrasser pour de bon, et la bataille n'en serait que plus intéressante.
Les ennemis du Roi allaient comprendre leur erreur d'attaquer en si petit nombre un élu des déesses.

Ce compte est un compte narrateur : les personnages joués par le narrateur ne peuvent pas être utilisés par les joueurs ou joueuses dans leur post (sauf autorisation d'un admin) et les jets de dé du narrateur sont contraignants.



Les épées se fracassaient contre les boucliers, les lances perçaient les chairs, les flèches s’abattaient sur des pelotons entiers. Au vallon, après une unique minute de combat, on pouvait déjà dénombrer plusieurs dizaines de cadavres qui s’amoncelaient sur le sable rouge. La bataille faisait rage et elle tenait déjà son lot de victime. Les hyliens affrontaient le peuple du Désert comme des bêtes, plus motivés que jamais par leur Général, mais aussi craignaient-ils sûrement tous pour leur vie ; affronter Ganondorf, ça avait un côté épique, comme si l'on affrontait son destin plus que la Mort elle-même. Tout ce que ces inexpérimentés soldats de sa Majesté espéraient, c'était de ne pas subir d'aussi lourde de perte que lors de la bataille de la Citadelle. Le peu qui s'en souvenait pour l'avoir vécu avait transmis cette expérience démente aux jeunes recrues, et voila qu'elles étaient là, la boule au ventre, à combattre des femmes guerrières réputées pour leur sauvagerie et leur fougue.

Le Capitaine Malvar savait ce qu'il avait à faire, tout comme ses hommes. Ils avaient reçu des ordres directs du Rusadir, à appliquer dès que le front aurait été stabilisé sur le flanc gauche de son armée. Ceci n'avait rien d'une partie de plaisir, loin de là, car les combats y étaient d'une rare violence. La première ligne subit très vite de lourdes pertes, tant qu'il fut vite décider d'engager plus d'homme pour réussir à tenir correctement. Lorsque ce fut enfin le cas, Malvar ne comptait plus qu'une trentaine d'homme parmi les siens, là où il en comptait le double quelques minutes auparavant. Mais il ne fallait plus y penser, et après avoir décapiter une guerrière gérudos s'approchant de trop près, il rameuta ses hommes, plus que jamais concentrés sur leur mission simple mais périlleuse. Le cor fut sonné. Le signal.

" Désengagez-vous, soldat ! Jorgvarr, c'est à vous ! Pour Hyrule ! En avant, les miens ! "

Dès qu'ils le purent, il prirent le chemin de la Forteresse, abandonnant par là même occasion leur frères pour cette bataille. C'était dur, mais il fallait s'y faire. Et puis, ce n'était le plus difficile à avaler, quand on savait qu'on venait de perdre plus de la moitié des hommes que l'on avait sous son commandement. Malgré tout, leur mission était cruciale, et s'il fallait qu'il y laisse sa vie pour la mener à bien, Malvar le ferait sans hésiter la moindre seconde. Et avec de la chance, il tiendrait bon face à l'ennemi jusqu'à l'arrivée d'hypothétique renfort, si la bataille du Vallon venait à pencher en faveur de l'armée royaliste.

Le chemin était dégagé, pas un seul ennemi n'était présent, à son plus grand soulagement ainsi qu'à celui de ses hommes. Éreintés par leur début de combat, ce court repos se révélait bienfaiteur pour tous, notamment trois blessés qui purent panser leur plaies à la va-vite, sur le chemin. Mais très vite le soulagement fit place à la peur, bien plus grande que lors des premiers affrontements face à l'armée gérudo. Car ce n'était plus de ces femmes qu'ils s'agissaient, ou presque. Celles-ci semblaient déjà mortes, mais marchaient tout de même en direction de trois combattants forts téméraires. Le Seigneur du Malin était aussi présent, à la tête d'une armée dépassant les pires craintes du capitaine. Et bien que ce n'était pas le moment de se défiler, il compatit en voyant les visage effrayés des ses jeunes soldats qui vivaient pour la plupart leur première bataille. Un sacré baptême de feu !

" Soldats... ", commença Malvar en levant son épée haut dans le ciel. " Je sais que je vous en demande énormément. Mais nos frères ont besoin de nous pour mener à bien cet assaut. Si nous mourons, nous mourrons dans la gloire ! Ne laissez pas un tour de magie vous effrayer, bien qu'il soit terrifiant ! Si les déesses estiment notre heure arrivée, alors nous l'accepterons avec Courage et Honneur ! En avant ! Dégainez vos épées et déchaînons notre rage sur ces abominations ! "

Occupée les forces de Ganondorf devant la forteresse en engageant le combat était leur mission, et ils l'avaient accepter. Le fait que la bataille de la Cour Intérieure ait déjà commencé était dommage, une perte précieuse de temps, mais il fallait en passer outre et venir en aide à ces impétueux guerriers et guerrières. Le message était clairement passé dans les oreilles de ses hommes, plus que jamais motivés à mourir pour la cause, et c'était tout ce qui importait. Les soldats formèrent une première ligne de quinze hommes le long de la Cour, puis une deuxième de treize en soutient. En face, l'armée des morts, et au milieu de tout cela, les rédempteurs. Un pas après l'autre, dans un rythme de deux pas à la seconde, ils avancèrent, boucliers levés, en parfaite coordination. Ils avançaient pour montrer qu'il n'avait nulle peur de l'ennemi, mais aussi pour se convaincre eux-même. L'heure n'était plus au doute.

Puis les premiers fracas des épées contre les boucliers s’enchaînèrent. Suivis des lances qui percèrent les chairs, et les flèches gérudos qui traversèrent les gorges et les armures. Puis ce fut un véritable carnage.




[Ceci est un post commun au trois topic de la zone de la Cour Intérieure, vous ne recevez pas l'aide de 30 soldats chacun, mais bien 30 à vous trois.]


... Alea Jacta Est ...

La bataille de la Forteresse est entamée, mais pas de la manière la plus idéale qui soit pour les troupes royalistes. En sous-nombre, fatiguée et blessée, la troupe affrontera pourtant le Seigneur du malin et ses sbires avec courage en compagnie des rédempteurs d'ambre. Ceux-ci ont encore une chance d'échapper au tumulte d'une bataille rangée qui risque de s'avérer meurtrière et sanglante... sauf s'ils y tiennent tout particulièrement. 
Un D6 (6 faces) sera donc lancé pour les membres royalistes étant présents dans ce topic. 
D6

Si le résultat est 1 ou 2 :
Cecilia et les quelques hommes en armes présents dans ce topic ont la possibilité d'investir une nouvelle zone si Cecilia le souhaite (tout en restant cohérent, Cecilia n'a aucune autorité sur les troupes de Llanistar, et vous ne pouvez pas passer de la Cour Intérieure à la prison directement sans passer par la Forteresse tout d'abord). Si Cecilia est engagée dans un combat contre un autre joueur, ele a la possibilité de le quitter tout aussi facilement que s'il n'existait pas. 
Si le résultat est 3, 4, 5 ou 6 :
Cecilia et les forces royalistes de ce topic sont bloqués, ils ne trouvent pas le moyen de passer entre les rangs ennemis. Les ouvertures sont trop peu nombreuses et ils se résignent à devoir rester ici en attendant une meilleure occasion. Ils restent bloqués dans ce topic jusqu'au prochain lancé de dés.

[NOTA BENE : Il n'y a qu'une trentaine de soldats pour l'ensemble des topics ouverts à la cour intérieure. De même, ce post (ni celui qui suit) ne s'inscrivent dans les posts comptabilisés]

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Le membre 'Le Narrateur' a effectué l'action suivante : Puissent les Déesses guider votre destin...

'Dé à 6 faces' :

Résultat :

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Tali N. Thorlak


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(vide)


    Elle ne se souvenait de rien, ni même du nom qu’elle portait avant d’être là. Là, dans cet endroit noir et froid. Ses yeux ne semblaient s’accoutumer à cet eigengrau perpétuel et la brise glaciale rongeait de plus en plus ses os. Le métal grignotait ses poignets et ses chevilles. Noir et froid. Tali était immobile, sans conscience, sans rien. Rien n’était plus. Elle n’était que poussière dans un vide infini.

    Armure de métal, voilà ce qui restait d'elle dans le monde des vivants. Enfermée dans cette petite pièce ressemblant vaguement à une cellule, elle attendait, tout et rien. Les Gérudos du Malin avaient-elles peur de la bête de fonte qu'elle était devenue ? Peut-être parce que Folie l'avait prise plus tôt ce matin en entendant les premiers chants des oiseaux. Elle avait mis la pagaille à l'étage et c'est seulement en tuant les pauvres volatiles qu'elle s'était à nouveau calmée.

    Ici, dans les bas sols où on l'avait menée sans soucis, pas un bruit. Seule distraction pour l'armure immobile était la fine poussière de sable et de terre dansant sous les faibles rayons de soleil qui passait par les petites crevasses dans les murs. Mais derrière ce heaume, s'était à se demander si la chose pouvait vraiment y voir quelque chose. La contemplation réelle ou fictive de l'être d'acier fut cependant bien courte : des explosions, à l'extérieur. Comme un animal, l'armure de métal se leva, agitée, grondant et grinçant. Il y avait quelqu'un sur son territoire, quelqu'un chez elle qui, aux cris qui suivirent, menaçait la forteresse de son Seigneur. La chose s’éleva, agrippant l’immense hache à ses côtés pour la glisser dans son dos. Il ne fallut qu’une fraction de seconde avant que la grande porte de bois qui menait à la pièce ne s’ouvre en fracas, laissant un monstre d’acier escalader les escaliers alors qu’en sens contraire des tignasses rousses allaient s’armer.

    Le sol tremblait sous chacun de ses pas. La poussière tombait des murs et du plafond à son passage tandis que les gants métalliques s’occupaient d’enlever les Gérudos inconscientes qui n’avaient point vu ou encore senti son arrivée. Ces dernières se retrouvaient alors collées aux murs, un bref instant, avant de reprendre de plus belle leur course vers la cour. Pas question de blesser les soldats du Seigneur. L’alarme avait était sonnée depuis un moment, mais il semblait que c’était les cris des royalistes et les épées qui s’entrechoquaient qui avait réveillé la bête qu’elle était devenue. Malgré son poids lourd, la vitesse atteinte était respectable. Bien plus encore lorsqu’au bout du long couloir poussiéreux, au lieu de pivoté à gauche comme le mouvement populaire le suggérait, la bête de métal sprinta et présenta son épaule montée d’un surprenant blindage au mur. Un bruit sourd traversa la cour : une paroi de pierre explosa sous la violence, créant un nuage de poussière et de sable alors que le monstre qui venait d’en sortir peinait à arrêter son élan. Une nouvelle embouchure créée, les Gérudos du Malin profitèrent du raccourci pour sauter dans la cour à la recherche de sang et de chair.

    L’armure de métal ne prit pas une seconde de repos et se jeta dans les tumultes du combat en s’attaquant d’abord à un pauvre lancier royaliste, encore sonner par l’explosion du mur. Il  se secouait la tête, chercha son heaume un bref instant avant de voir la bête qui lui faisait de l’ombre. L’homme recula de quelques pas, avant de chargé, gagné par le courage et les serments qu’il avait autrefois prêtés. Il n’avait peut-être pas son casque, mais sa lance était toujours robustement posée dans ses mains. La lance égratigna le torse de l’Armure qui, après avoir constaté les « dégâts », enroba de sa grosse main métallique l’arme et embrocha le soldat avec sa propre arme, de la tête au pied. Le bout de la lance vint se glisser au sol, assez solidement pour que le cadavre reste sur place malgré la gravité. Un cri de guerre retentit derrière elle. Un petit homme portant les couleurs royales dissimulées sous le sang des morts se jeta vers elle, tête première. Il criait des mots que la bête saisit à peine : ami, tué, payé furent les mots saisit dans le vacarme. À peine avait-il franchit la distance pour se rendre à la bête de fonte que cette dernière saisissait la pointe de bois qui restait extirper du corps de l’empalé pour balancer la lance et le corps sur son attaquant.  Le soldat audacieux se retrouva au sol, assommé, mangeant le sable aux pieds de la bête, étouffé par le choc et tentant si bien que mal de reprendre son souffle. Alors qu’il rampait pour saisir une arme près de lui, la Chose agrippa le soldat par la tête. La peur se lut dans ses yeux avant que sa tête n’éclate comme une pustule, écrasée par les mains gantées.

    Puis, ses yeux glissèrent sur une silhouette, plus loin.

    Jolie jolie demoiselle, avec ses longs cheveux bruns. L’armure s’était retournée vers sa nouvelle ennemie, la jugeant de loin. Était-elle de taille ? Même si la créature ne vivait que pour obéir au Seigneur et tuer l’ennemi, une partie d’elle – de ce qu’elle était avant, peut-être – voulait du défi. Il ne lui fallut pas beaucoup de temps avant d’embrayer le pas en sa direction, le pauvre soldat à la tête éclatée toujours en main, traînant au sol comme s’il eut été un doudou ensanglanté. Le pas assuré et lent de la bête de fonte se fit de plus en plus rapide, jusqu’à ce qu’elle adopte un pas de course, faisant vibrer l’air.

    La bête poussa un hurlement digne d’un cri de guerre, lançant le pauvre cadavre du soldat sur sa nouvelle victime. Le corps ne fit qu’une vive ligne droite sur l’ennemie, telle une étoile filante et donna la chance à l’armure vivante de saisir sa large hache et d’en balancer un coup horizontal à la brunette. L’affut de la lame termina sa course dans le sable, créant un petit nuage de poussière et de terre, pendant lequel l’armure en profita pour jeter l’arme massive sur l’une de ses épaules, respirant fortement sa soif de tuer. Broyer, tordre, écraser, arracher et faucher : ne vivait-elle pas que pour cela ?



Cecilia Iole Mentina


Inventaire

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(vide)

Très vite, la danseuse était débordée par les événements. D'abord, ces gerudos qui l'avaient encerclée et alors qu’une d’entre elles allait l’attaquer, son amie Judith était venue lui donner un coup de main. Puis il y avait Endë et ce poison, elle avait réussi grâce à sa magie et avec beaucoup de chance à lui faire parvenir le flacon qui pouvait ralentir la progression de ce mal. Et il y avait en tout dernier cette armée de morts vivants qui s'était jointe à la bataille. Entre le reste des gerudos corrompues et tous ces nouveaux soldats, le nombre d’ennemis s’était intensifié, beaucoup trop par rapport au nombre de royalistes qui se trouvait dans la forteresse. Est-ce qu'elle avait oublié quelque chose ou est-ce qu’il y avait un quelconque imprévu ? Tout semblait être contre eux et alors qu'elle commençait à perdre espoir, l'armée royale arriva enfin pour donner un coup de main. Il n'y avait pas beaucoup de soldats dans la cour de la forteresse mais au moins, l'alchimiste pouvait se mouvoir plus facilement puisqu’ils occupaient la plupart des ennemis.

Les combats étaient intenses. Cecilia avait pu voir que son amie était en difficulté mais heureusement, Galastop était venu lui prêter main forte. De toute façon, si jamais ils avaient besoin d’aide, elle n’hésiterait pas à intervenir à son tour. En attendant, elle continuait de combattre et de faire le plus de grabuge possible. Ce n’était pas une armée de morts qui allait l’arrêter, et avec un peu de logique, elle pourrait facilement se défaire de ces monstres. Il fallait tenir et se battre jusqu’au bout.

En parlant de ça, il y avait quelques ennemis qui se dirigeaient vers elle avec sûrement la ferme intention de l’éliminer. Elle avait échappé à cette armée cette nuit là et maintenant qu’elle l’avait réellement devant elle, elle allait l’affronter et ne plus fuir. Et puis au moins, elle pouvait combattre sans retenu puisqu’ils étaient déjà morts. Ils n’avaient sûrement pas les mêmes points faibles que les vivants, c’est la raison pour laquelle la danseuse décida de cibler les bras et les jambes de ses adversaires. Au moins si l’un des membres était sectionné, ils ne pourraient plus rien faire ou leurs capacités physiques seraient très réduites. Et lorsqu’elle se mit d’accord sur ce qu’elle allait faire, elle fila comme le vent vers ses ennemis. Ses attaques étaient précises et très rapides, il était préférable de rester constamment en mouvement pour éviter plus facilement les coups qui lui étaient destinés.

Le premier tomba rapidement, ses deux jambes étant sectionnées. Les morts-vivants venaient seulement de comprendre les capacités de la jeune femme et se tenaient sur leur garde. L’un d’entre eux leva sa lame et l’abattit sur Cecilia qui l’évita sans grande difficulté puisqu’elle était déjà en train de s’écarter d’eux. Elle eut juste le temps de lever la tête et de voir que les deux autres comparses l’attaquaient en même temps avant de se laisser tomber en arrière. L’une des lames l’avait frôlé de peu, et alors qu’elle se rapprochait du sol, la danseuse courba légèrement son dos de sorte qu’elle puisse poser ses mains à terre. Grâce à cet appui, elle put asséner un violent coup de pied au niveau du menton d’un des morts-vivants avant que ses jambes ne basculent de l’autre côté. Elle se releva rapidement, tenant toujours fermement ses dagues dans ses mains qu’elle tendit devant elle pour contrer l’attaque du dernier mort-vivant étant donné que l’autre était un peu sonné après le coup qu’elle lui avait mis.

Les lames s’entrechoquèrent pendant un bref instant, son ennemi avait déjà relevé son arme et il frappa à nouveau sur les dagues de Cecilia pour la déstabiliser. Ne s’attendant pas à cela, la jeune femme recula d’un pas sous la force de l’attaque et alors qu’il allait réitérer son geste, elle fit une roue sur la gauche pour esquiver l’attaque avant de frapper le genou droit de son adversaire qui tomba à son tour. Maintenant que l’armée était là, tout semblait s’arranger et avec un peu de chance, ils allaient pouvoir en finir rapidement.

L’alchimiste se mit en garde et regarda brièvement autour d’elle si quelqu’un avait besoin d’aide. Tout le monde semblait bien occupé de son côté et c’était bien normal, cette armée de morts-vivants était vraiment résistante et posait surtout problème à l’armée des royalistes. C’est à ce moment-là qu’elle vit quelque chose de bizarre se diriger vers elle, elle tenta de l’esquiver mais bien trop tard et le soldat vint la frapper au niveau de l’épaule droite avant de la projeter contre le sol. Légèrement sonnée, elle se releva rapidement et regarda la direction dans laquelle cet homme avait été lancé. Il y avait quelqu’un en armure qui se dirigeait rapidement vers elle avec une large hache, il a fallu qu’elle tombe nez-à-nez avec un hache-viande, et cette chose allait lui donner beaucoup plus de fil à retordre que les morts-vivants. En parlant de ces derniers, celui qu’elle avait assommé quelques minutes auparavant se trouvait derrière elle et alors que le hache-viande avait agrippé son arme pour lui donner un coup horizontal, Cecilia se baissa rapidement pour éviter le coup. Son autre adversaire n’avait pas eu la même chance et alors qu’il s’apprêtait à l’achever, il se prit de plein fouet l’attaque du hache-viande et s’écrasa sur le sol.

Un petit nuage de poussière  lui obstrua la vue et par sécurité, l’alchimiste fit plusieurs pas en arrière pour être à une distance assez raisonnable au cas où son ennemi profiterait de la situation pour charger, chose qui arriva car elle vit la hache foncer sur elle et la frôler de très peu. Elle se mordit la lèvre inférieure, elle était dans une situation très délicate et elle le savait. Son épaule droite était encore méchamment étourdie à cause du coup qu’elle avait reçu et pour clore le tout, ses armes étaient quasiment inefficaces contre un colosse comme ça. Elle avait devoir utiliser la magie pour tenter de maitriser cette armure et lorsqu’elle invoqua ce mot, la gerudo eut une petite idée pour ramener rapidement la situation à son avantage, ou plutôt essayer. Les hache-viandes avaient une armure pratique pour contrer les coups de leurs ennemis mais en contrepartie, leur vitesse de déplacement et d’attaque étaient un peu réduites vu l’imposante masse qu’ils avaient sur le dos, et elle allait utiliser cet élément contre son adversaire.

Le nuage de poussière commença à disparaitre progressivement, il fallait donc qu’elle agisse très vite avant que le hache-viande ne l’attaque de nouveau. Elle se précipita près du mur de pierres qui séparait le désert hanté de la forteresse Gerudo puis utilisa sa magie pour permettre au vent de soulever des grains de sable avant de l’envoyer vers son ennemi. Elle espérait que sa technique ait fonctionné car si le sable s’infiltrait dans l’armure, elle pourrait l’alourdir et il se déplacerait moins vite, ce qui serait un énorme avantage pour la danseuse. Mais elle décida de ne pas s’en tenir qu’à ça et elle descendit rapidement de là où elle se trouvait avant de se précipiter dans la direction du hache-viande. Elle espérait que ce dernier ne s'attende pas à ce qu'elle attaque aussi rapidement et qu'il ne la contrerait pas. Elle se faufila derrière lui et tenta de lui asséner un coup dans le dos pour le faire tomber en avant.


Tali N. Thorlak


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    Debout, la bête de fonte s’était doucement accroupie, tenant à deux mains la large hache qu’elle possédait. Il y avait beau avoir des combats un peu partout dans la cour, le seul adversaire que l’Armure voyait était celle qui lui faisait face malgré le nuage de poussière. Cette dame aux jolis yeux d’émeraudes. Peut-être que si elle avait eu la peau plus foncé et une tignasse rousse, jamais la bête ne l’aurait remarqué. Après tout, il était bien difficile, au final, de différencier toutes ses femmes aux cheveux rouges et à la peau sombre.

    Ennemie de taille elle se prouvait, car le sable n’était point tâché de liquide carmin à l’endroit où elle se trouvait plus tôt et sa tendre chair ne pendouillait pas encore au bout de la redoutable arme du Hache-Viande, même si cette réalité ne saurait tarder. La bête de fonte grogna, légèrement mécontente aurait-on dit si elle aurait pu éprouver des sentiments. Elle quitta sa position pour s’avancer vers la jeune femme, dans l’idée de lui assoner d’autres coups et mettre ainsi fin à sa misérable vie, mais sa cible recula pour se diriger vers le mur. Elle fuyait. La Chose de métal grogna à nouveau avant de partir à sa suite, chacun de ses pas s’enfonçant dans le sable alors que l’air vibrait en harmonie, laissant le dernier nuage de poussière s’estomper.

    À peine la bête venait-elle de rejoindre sa cible qu’un nouveau nuage pris forme. Le sable se dirigea sur la Bête comme si l’élément s’était transformé en essaim d’abeilles. Pensant qu’il s’agissait d’une entité intelligente, la Chose éleva sa hache, abattant l’arme dans le vide a de multiples reprises, tournant sur elle-même. Elle rageait, commençant à voir rouge. Ses bottes se remplissaient de petits grains chauds alors que le reste du sable coulaient comme des chutes sur son armure. Où était donc sa proie ? La bête s’était calmée, soudainement. Le sable dans ses bottes était maintenant loin d’être un souci : confort ou inconfort, la dame aux jolis yeux d’émeraude y passerait, comme tous les autres. Et son Seigneur en serait fier. Cependant, ce qu’elle n’avait point remarqué, c’était ses pieds recouvert de sable.

    Le nuage de poussière et de sable s’estompait tranquillement, alors qu’elle cherchait toujours à savoir où se trouvait l’ennemie. Sens à l’affut, des pas frais se dessinèrent dans le sable : quelque chose était dernière lui. Sa cible. La bête ragea. Au moment où elle allait se retourner et asséner un coup de poing à l’ennemie, cette-dernière poussa la Chose qui chuta, sans pour se rattraper, ses pieds prit sur place à cause du sable tombé. Cependant, elle n’oublia pas son butin. La main lancée pour lui asséner un coup de poing s’ouvrit et agrippa avec force la tête de la jeune femme, cherchant à s’agripper après quoique ce soit pour rester debout. Malheureusement, la Bête chuta tout de même, face la première – son casque se remplissant légèrement de la « précieuse » poussière –  suivit de la main qui avait saisi la tête.

    Le Hache-Viande enfonça la tête de la demoiselle dans le sable tout en essayant de se relever, mais ses bottes semblaient toujours enfoncer dans la poussière du désert qui n’en finissait plus. Rageant, perdant la tête, ne sachant où sa hache était partie se noyer dans les dunes, le Hache-Viande, à genoux, se mit à asséner des coups de poings en direction du visage de sa cible.



Cecilia Iole Mentina


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Son effet de surprise avait fonctionné à merveille. Avant même que le hache viande n’ait pu la frapper, elle avait réussi à lui asséner un coup et à le faire basculer en avant. Néanmoins, lorsqu’elle avait donné un coup dans l’armure, elle pensait que l’impact serait suivit d’un bruit creux soulignant le fait que la protection était animée par la magie noire. Au contraire, c’était un tout autre bruit qu’elle eut le temps de distinguer, comme s’il y avait bien quelqu’un dans cette armure. Pourtant, elle avait toujours pensé qu’il n’y avait rien de vivant,  ou presque… Car en y repensant, tout semblait logique au final car le sable n’aurait pas pu alourdir aussi facilement l’armure si elle était réellement vide, et pour qu’elle ait autant de vitesse, il devait donc aussi y avoir de la magie noire dans l’air. Après, savoir si la personne dans cette armure était de son côté ou non, c’était une autre chose.

Elle n’eut pas le temps de se pencher davantage sur le problème, la main de son adversaire vint lui agripper la tête avant de l’entrainer dans sa chute. Son visage rencontra le sol et sous le coup, la danseuse fut étourdie. Sa tête lui faisait affreusement mal, et l’étreinte que son ennemi exerçait avec sa main n’arrangeait pas les choses. Elle était en bien mauvaise posture et le hache-viande s’énervait très vite à cause du sable qui avait alourdi son armure. Quelque chose de chaud s’écoulait de son front, l’impact contre le sol avait été tellement violent que son sang s’échappait de la plaie, rendant la terre progressivement rouge. L’alchimiste posa ses mains sur le sable alors qu’elle tentait difficilement de se sortir de cette étreinte mais rien à faire, elle était bloquée et il lui était impossible de réfléchir calmement à cause de son mal de tête.

L’étreinte était soudainement devenue plus importante, comme si l’armure se maintenait qu’avec une seule main. Il allait la frapper, c'était sûr et certain, et si jamais son coup la touchait, elle serait bien amochée, voire pire... Sa main droite bougea toute seule, guidée par l'instinct de survie de la danseuse, et se glissa jusqu'à sa sacoche où elle en sortit l'une de ses fioles contenant ce liquide gris. Heureusement, elle avait eu la bonne idée de ne pas toutes les jeter dans la forteresse, et celle là allait la sauver, ou bien lui ôter la vie. De plus, par réflexe, elle tenta de bouger la tête pour tenter de se sortir de ce pétrin lorsque le poing du hache-viande rencontra sa joue droite. Elle eut rapidement le goût de son propre sang dans sa bouche, et elle savait bien que si elle restait là, elle allait y passer.

Et ce fut à ce moment-là, qu'avant que le hache-viande n'atteigne une seconde fois sa cible, que l'alchimiste jeta la fiole sur lui tout en levant son bras gauche pour se protéger le plus possible de l'explosion. Au moment où la fiole quitta sa main, elle lança une onde de vent entre son adversaire et elle pour limiter le plus possible la déflagration vers elle tout en la concentrant sur le hache-viande. Avec de la chance, elle serait que légèrement blessée et lui sérieusement amoché.

Suite à ce geste, son bras gauche était sérieusement brûlé mais son ennemi l'avait lâché sur le coup et rapidement, Cecilia se redressa et lança une bourrasque de vent pour le repousser et le blesser si jamais la détonation avait fragilisé une partie de son armure. Tout de suite après cette attaque, la danseuse recula de quelques pas, épuisée par le combat. Elle sentait son sang s'écouler doucement le long de son visage suite à la plaie qu'elle avait au front à cause de son choc brutal sur le sol, et elle avait l'impression qu'elle allait devenir folle tellement que sa douleur au bras était importante. Mais ce n'était pas le moment de faire sa capricieuse, son ennemi n'était peut-être pas neutralisé. Elle prit dans sa main droite une de ses dagues alors que l'autre tenait difficilement le manche de son fouet. S'il était toujours d'attaque pour combattre, elle serait prête à se défendre et à riposter.


Tali N. Thorlak


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    La bête frappait, frénétiquement. Magie de fourbe, même si elle ne savait point qu'elle était sous l'influence de pareil malédiction. À peine vit-elle le sang voler au premier coup de poing qu'une hâte la gagna, tel un taureau qui voit rouge. Mais son deuxième poing ne toucha jamais sa victime : bien au contraire, son poing se retourna contre la bête et alla frapper son casque de métal, alors que lumière et feu s'agitaient autour d'elle, dégageant une forte chaleur (bien plus encore que celle du désert) qui s'estompa aussi tôt. Le Hache-Viande lâcha sa proie, en émettant un grognement de surprise.

    Le Hache-Viande resta sur ses genoux un moment, laissant le sable retomber, après la subite explosion. Sonnée, l'armure vivante leva la tête vers la jolie dame aux yeux d'émeraudes qui s'était déjà remise sur ses pieds, brandissant une dague ainsi qu'un long fil épais. Elle avait déjà vu quelques gérudos l'utilisée contre leur prisonnière de guerre, mais jamais n'avait-elle été capable de mettre un mot dessus.  Elle grogna. Avec une vision brouillée, la bête tenta de s'extirper du sol. Avec le choc, il semblait que la gravité soit encore plus élevée sur le moment.

    Le Hache-Viande agrippa sa hache, couchée à ses côtés, avant de finir par se relever bien droite sur ses deux pieds. L'armure ne savait point ce qui avait causé ce soudain ensemble de feu et de lumière, mais il voyait bien que son ennemie en avait tout autant souffert. Odeur de chair et de fer.
    Tout en avançant progressivement vers son ennemie, le Hache-Viande faisait tourner sa massive arme, effectuant un huit dont sa poitrine était le centre. La hache fendait le sable à ses pieds, créant un nuage de poussière alors que ses pas prenaient de la vitesse, mais une vitesse moindre qu'au tout début du combat. Ses bottes emplies de sable et le choc de l'explosion qui l'avait quelque peu étourdie (sa vision s'était couverte de rouge pendant un moment) en était les majeures causes.

    La distance entre les deux combattants fut rapidement traversée et le Hache-Viande fonça sur sa proie, tête baissée, commençant par lui envoyer son genou décoré d'une genouillère garnies de quelques piques de métal. Lorsque son pied retoucha le sol, la bête de métal n'attendit pas plus longtemps et balança sa hache horizontalement dans l'idée de faucher l'ennemie. Elle enchaîna ensuite plusieurs coups destinant à viser la tête et le torse de la demoiselle, tout en fonçant sur elle comme un taureau enragé alors que son cœur martelait ses tempes endolories. La bête était menée par la folie et la rage, une nouvelle fois.


Cecilia Iole Mentina


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L’espoir était bien vite retombé lorsque Cecilia aperçut à nouveau son ennemi devant elle. Il ne semblait pas avoir été blessé après toutes les attaques qu’il avait reçues et la jeune femme fronça les sourcils, déçue d’avoir gâchée inutilement ses forces pour rien. Mais ce n’était pas le moment de déprimer car le hache-viande était déjà prêt à riposter : il avançait vers l’alchimiste tout en faisant tournoyer sa hache qui fit se soulever le sable. Néanmoins, elle eut le temps de voir que les gestes de l’armure semblaient plus lents avant qu’il ne la charge à nouveau. Ses attaques avaient dû avoir un certain impact sur lui et cette baisse de vitesse arrangeait la gerudo qui commençait justement à sentir la fatigue s’emparer de chacun de ses membres.

Sa première attaque faillit toucher sa cible, la danseuse ne s’attendait pas à ce qu’il n’utilise pas sa hache en premier recours. Elle eut juste le temps de bloquer l’attaque avec sa dague avant qu’elle ne l’atteigne. Lorsque son arme rencontra brusquement l’armure, l’alchimiste fut légèrement repoussée et faillit perdre l’équilibre. Son adversaire n’avait pas perdu de temps et s’était déjà remis en position d’attaque avant de lui assainir un coup horizontal avec sa hache. Cecilia se laissa alors tomber sans chercher à se retenir et courba le dos pour poser ses deux mains sur le sol, esquivant de justesse la hache de son ennemi. Son pied gauche profita du contact avec le sol pour s’en servir d’appui et permettre à la danseuse de finir rapidement sa roue et de se relever tout aussi vite sans qu’elle n’ait eu à dépenser trop d’énergie dans cette petite acrobatie.

Et voilà que son adversaire revenait à nouveau à la charge tout en balançant sa hache dans tous les sens pour tenter d’atteindre les points vitaux de la gerudo. Les coups étaient précis et très rapides, témoignant ainsi de la folie qui s’était emparé de ce monstre. Cecilia ne pouvait pas se permettre d’esquiver tous les coups car cela demandait énormément de concentration et plus elle luttait pour sa survie, plus elle sentait ses forces diminuer. Tant que le hache-viande était aveuglé par la folie, il fallait qu’elle prenne l’avantage pour tenter de le déstabiliser davantage. Une petite pellicule de vent vint entourer la jeune femme pour accélérer davantage ses mouvements mais lors de l’élaboration de ce sort, elle fut moins concentrée par le combat et la hache de son adversaire avait frôlé de très peu son visage tout en lui laissant une entaille sur la joue droite.

Alors qu’il tentait à nouveau de lui assainir un coup à l’horizontal, la gerudo profita de cet instant pour rassembler toutes ses forces et elle fit un bond assez haut pour que la hache ne puisse pas l’atteindre. Et alors que la lame passait en dessous d’elle, la gerudo prit rapidement appui sur l’arme pour pouvoir sauter au-dessus de son adversaire et se retrouver à nouveau derrière lui. Pendant son saut, elle en profita pour donner un coup de pied au niveau de la nuque de l’armure avec toutes ses forces. Ce geste pouvait se résulter à un énième échec mais Cecilia préférait tenter n’importe quoi pour vaincre son adversaire. Et puis comme le dicton le dit, qui ne tente rien n’a rien.

Son pied droit toucha en premier le sol lorsqu’elle se réceptionna et instantanément, elle se retourna pour faire face à nouveau à son adversaire avec toujours ses armes en main. Elle avait eu beaucoup de chance car ce dernier assaut ne lui avait fait qu’une légère entaille sur la joue. Mais elle commençait vraiment à sentir la fatigue qui commençait à la paralyser et sa vue commençait légèrement à se brouiller. Elle perdait de plus en plus de sang et elle n’avait pas du tout le temps pour soigner ses blessures et ainsi éviter de perdre inutilement son énergie. De toute façon, si le combat venait à se prolonger, il faudrait qu’elle envisage la fuite car elle savait bien qu’il serait de plus en plus dur de faire face à un tel adversaire. Il était donc primordiale de le mettre hors d’état de nuire et vite avant que ce ne soit lui qui l’achève.


Link

Héros du Temps

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Tandis que sa main s'appuyait sur les créneaux du bien piètre chemin de ronde qui trônait au dessus de cette si petite herse, – en comparaison à celle qui barrait les cercles d'enceinte de la Citadelle d'Hylia – il jeta un regard sur l'homme qu'il venait de tuer. Même mort, ses yeux brillaient de cette lueur qu'il ne parvenait pas à respecter. Celle qui animait les plus brutaux des guerriers — pas ceux de la trempe de Ganondorf, non ; ceux qui ne désirait se battre que pour le plaisir de tuer, le besoin mauvais de sentir les os craquer sous leurs paumes. La barbe qui dévorait le visage du barbare ne masquait pas tout à fait la rudesse de ses traits, son faciès anguleux ; et l'espace d'un instant il fut tenté de croire que c'était les combats qui lui avait forgé cet aspect si... Presque caricatural. Pendant un moment, il parvint presque à se persuader que les Hommes étaient libres de se construire comme ils le souhaitaient et que cet air belliqueux, ce tourne-casaque l'avait voulu. Et puis ; son regard de givre se posa sur sa main. La gauche ; celle qui aurait du briller, et faire de lui un Héros. 


Pourtant... Même si elle ne brillait plus, ce qu'on avait choisi qu'il serait lui collait encore à la peau. Comme une espèce de mue dont il ne pourrait jamais se débarrasser.



Ses jambes passèrent par dessus les pauvres remparts supposés protéger les Soeurs Gérudos des menaces en provenance de l'Ouest et des Dunes. La pulpe de ses doigts accrochait doucement la pierre rugueuse des fortifications alors qu'il se laissait chuter. Ses bottes s'enfoncèrent de quelques centimètres dans le sable ; à l'atterrissage. Ses dents grincèrent légèrement tandis que ses genoux se pliaient pour amortir le choc. Il les savait indemne, pour autant il avait l'impression qu'ils étaient aussi grippés que des gonds rouillés. Après tout ; combien de fois était-il parti au combat à froid ? Son précédent adversaire et ses hommes avaient fait office d'échauffement (quand bien même le combat avait été réel) mais ses muscles le tiraillaient. Une fois l'adrénaline passé, la fatigue revenait. Une chance que tout le chaos autour de lui continue à le porter dans cette ambiance si particulière de la guerre.  


L'acier sacré brillait encore dans sa main alors que l'Hiver battait à plein au fond de ce regard devenu aussi dur, glacial et mordant que le fer. Des yeux, l'Hylien balaya la cour de Nabooru, la cherchant du regard. Immanquablement, le spectacle qui lui était offert lui évoqua le sac du Ranch, il y a quelques mois, au moins autant que le carnage perpétré entre les murs du Mandrag. Sous la lumière, filtré par le sable, la poussière et le sang, toutes ces chevelures rouges lui semblaient être un feu pugnace et fougueux. Malon ; qui ne l'avait jamais réellement quitté ; lui revint subitement à l'esprit. La ressemblance était si frappante qu'il ne put s'empêcher de se demander si cette demoiselle — si tendre et douce avec les chevaux, flamboyante avec ses proches, et pourtant si fougueuse face à l'adversité ; parfois si téméraire qu'il l'en aurait sermonnée d'inquiétude, n'était pas de ce peuple fort et guerrier.


Le léger talon de cuir frappa le genoux de celle qui se jetait sur lui, cimeterre en main. A peine était-elle immobilisée, qu'il l'assaillait à nouveau. Il savait pertinemment qu'il n'aurait pas le temps de se relever avant qu'elle n'assène un coup. Et pour peu qu'elle vise son visage, il y aurait des chances qu'elle le tue. Le haut de son crâne percuta le foie de son ennemie avec suffisamment de force pour qu'elle ne lâche son arme. Sans plus attendre, il la jeta sur le côté, de telle sorte à pouvoir se frayer un chemin au travers de la mêlée. Malgré le vacarme des combats et le bordel de la bataille, le Vagabond gardait la tête froide et les objectifs bien clairs. En premier lieu, retrouver Nabooru et Flora, puis se diriger vers le Cavalier Noir.


Elle revint à la charge, accompagnée cette fois-ci de ce qui lui semblait être des Effrois, ou des Stalfos. Là aussi, la ressemblance fut percutante ; au moins autant que le revers du Non-Mort. Le sable gagna sa bouche ouverte en même temps qu'il ne pestait contre ces abominations qu'il avait vu en rêve, la veille. Et cette femme qui était reparu. Pour un peu, il aurait pu se croire la proie d'un Esprit, comme lorsque l'incendie s'était déclaré chez Saria. Avant qu'il n'ai pu relever la tête, une botte le forçait à plonger au plus profond des Dunes. Par instinct, il ferma les yeux comme la bouche. Dès que la pression se fit moins forte, il roula sur la gauche, sans vergogne. Il ne le savait pas encore, mais un coup perdu avait suffit à fendre en deux ses poursuivants. Si la Gérudo avait perdu l'équilibre et avait été projetée sur l'énorme hache, les autres avaient taché de la suivre.

Link émergea enfin du sable. Ses poumons le brulaient si fort qu'il n'aurait pas cru cela possible. Devant ses yeux descendait doucement un voile noir tandis qu'il cherchait furieusement à récupérer cet oxygène qui lui avait été sournoisement volé. A nouveau, cette poussière d'or qui pavait le Désert manqua de l'ensevelir. Il se hissa sur ses deux pieds après s'être déporté, la main droite sur le torse et le dos courbé. L'Hylien peinait à distinguer tout ce qui se passait, mais ses aptitudes lui revenaient progressivement, à mesure qu'il ne parvenait à guider l'air jusqu'à lui. De toute évidence, la pirouette qu'il avait su mettre en scène pour se tirer de là l'avait mené jusqu'à un autre affrontement. Il semblait avoir franchi le périmètre de sécurité qu'aucun autre soldat n'avait osé passer.



Le Sans-Lignage ne tarda pas à maudire la Gérudo. Un Hache-Viande ! Rien que ça ! Son visage se fermait alors qu'il saisissait le bouclier de Zelda. Unique et enchanté, elle lui avait offert lors de son dernier passage au Château. Son visage, barré par l'écu, il ne tarda pas à remarquer l'état de lequel la cuirasse d'acier et de bronze se trouvait. Soit l'armure avait enchainé les adversaires au point que certains avaient su la toucher et passer outre ses protections, soit elle en avait affronté un plus coriace ; et s'il était tout à fait capable de se défaire du sortilège de Ganondorf sans la moindre aide (il l'avait déjà prouvé à plusieurs reprises), un coup de main n'aurait pas été de refus.


Il resta en garde, un moment, le temps de constater réellement les défauts dont la bête de fonte faisait désormais état. Par endroits, le fer avait été brûlé et de larges traces noire venaient indiquer ce qui était certainement devenu des failles dans la protection. Le plastron central lui paraissait déformé, presque enfoncé, et les jambières étaient manifestement malmenées — de même que le gant qui soutenait la lourde hache de guerre. Et malgré toutes ces percées (dans la mesure où l'on peut employer le terme, quand bien même le Hache-Viande n'était pas criblé de petits trous un peu partout), il aurait été sot de ne pas être prudent : il s'agissait de l'un des plus brutaux et des plus violents des enchantements que le Seigneur du Malin était en mesure de créer.


Aussi, il ne voyait aucun besoin de rester à attendre un coup qui saurait le faucher sans mal, il débuta un enchainement. Profitant de l'ensorcellement qui le protégeait autant qu'il n'immunisait son pavois, il décrocha au monstre de fer un coup d'écu bien senti. L'idée était de déformer plus encore les doigts qui avaient déjà été martyrisé par l'explosion dont il ne savait rien. Sans attendre que son ennemi ne réagisse, il frappa de taille. Le tranchant de l'Épée de Maître glissa dans un silence de mort vers le flanc droit de l'armure inhabitée. Son pied gagna ensuite la hampe de la hache afin de s'en servir comme d'un tremplin. S'appuyant sur le fer, il bondit en arrière et effectua un salto pour mieux s'éloigner d'une réplique mortelle. Si le bouclier que Belle lui avait offert résisterait sans mal, il doutait qu'il en aille de même pour son poignet.


Son genou s'enfonça dans le sable, à près de six pieds du monstre de fer et de haine. Et sans qu'il ne sache réellement pourquoi, il chercha le regard vide et inanimé de son ennemi. Si le sien avait été en mesure de tuer, sans doute que des colonnes de givres seraient tombées en plein désert. La peste que ces Haches-Viandes.


A l'instant où Ganondorf quitta le corps de Galastop des yeux, il replongea dans la furie de la bataille. Le temps reprit sa course, d'autant plus rapidement qu'il avait ralentit pendant quelques secondes. Comme un fleuve déchaîné brisant un barrage, il propulsa à nouveau le gérudo dans la réalité. Observant le champ de bataille, ce dernier capta d'un oeil que le nombre de soldats de Zelda était à présent infime, réduit au dernier silence par ses soeurs gérudos et les morts réveillés.
De ses principaux ennemis, le seigneur de l'ombre et de la flamme remarqua en première une des siennes qui s'était enfuie de la forteresse après qu'il s'en soit emparé, avec la complicité du Cygne Noir. Un sourire amusé, Ganondorf avait observé sa fille exécuter ce geste d'amitié plutôt incompréhensible, sans pour autant agir. Il avait voulu que Zelda réagisse à sa première conquête et s'était préparé à sa riposte. La traître avait donc joué son rôle. Celle ci n'en aurait plus pour longtemps de toute manière, étant donné son adversaire. Le Roi était assez fier de son idée de faire endosser l'armure maudite du démon bourreau à la gérudo étrangère qui avait tant posé de problème à un de ses fils. Visiblement, elle s'en accommodait fort bien !

Restait présente la présence du héros. L'Élu de Din ressentait sa présence, son aura, depuis un certain temps sans pour autant parvenir à le situer, ni même être sur que son esprit ne lui jouait pas de tour. A présent qu'il sortait blessé d'un duel, et après avoir subit la torture d'un démon, Ganondorf n'osait faire confiance à son intuition qui lui murmurait que Link était proche. Aucun espion ne l'avait vu parcourir la plaine et il n'était pas arrivé avec l'armée. Son absence restait surprenante mais sa présence semblait impossible. Et pourtant... Il y avait quelque chose en lui qui résonnait ! C'était à la fois une impression dans son esprit, une sensation dans sa poitrine...Et une douleur dans son bras maudit par le démon.
Celle ci acheva de le ramener pour de bon à la réalité. Si la puissance nouvelle qu'il ne maîtrisait pas encore réellement lui avait permit de prendre un clair avantage sur le traître abattu, le Roi pestait contre la souffrance qui s'emparait alors de lui. Sans doute que si le démon s'était mit à lui reparler, Ganondorf n'aurait pas eu assez d'insultes à lui asséner. Il n'aimait déjà pas avoir été tourmenté en pleine méditation mais l'idée de subir une nouvelle torture par la faute de cet être invisible le faisait enrager.

Dans une tentative de reporter son attention sur autre chose que la douleur, il essaya de repérer son prochain adversaire. L'Ombre du Héros semblait sur le point d'en finir avec le sien et ainsi d'allonger la liste des ennemis du Trône qui ne se relèveraient plus le lendemain. Avec une moue dédaigneuse, il considéra la brèche dans sa forteresse. Sans doute les inconscients qui s'y étaient engouffrés n'imaginaient alors pas ce qui les y attendraient. Le gérudo repensa en ricanant aux pièges confectionnés par son Traqueur, ainsi que de l'aisance avec laquelle la femme-araignée pouvaient piéger les insectes dans sa toile. Il ne resta donc qu'un choix.
Celle de ses soeurs, traîtresse, qui combattait la gérudo étrangère dans l'armure. Celle qui avait pu s'enfuir et conduire les fidèles de Zelda à leur perte. Un tel service méritait une récompense à la hauteur... Comme une mort rapide et glorieuse.

Avec un sourire, Ganondorf approcha donc des deux combattantes, en marchant sereinement, son regard fixé sur sa proie. Un instant, il se demanda comment le Cygne Noir réagirait. Cela serait sans doute un bon test de sa loyauté. Si elle le voyait, chercherait elle à l'en empêcher ? Le Roi s'amusait à imaginer une telle scène, qui ne manquerait pas de panache.

C'est alors que ses yeux virent l'improbable, l'imprévu. Le Héros du Temps surgit comme de nul part vint s'en prendre au Hache Viande, et aider la traîtresse. Le Seigneur du désert s'arrêta net, comme si il avait rencontré un mur, celui de la surprise. Stupéfait, il fixait son plus grand ennemi sans vraiment y croire, incapable de s'expliquer comment il avait pu parvenir là sans jamais être annoncé. Sans qu'il n'en sois réellement conscient, sa voix franchit ses lèvres,


"...Link."

La douleur dans son bras explosa. Trop surprit pour seulement crier, Ganondorf fut tordu en deux par la fulgurance de la souffrance et se tint le membre maudit dans un vain effort de maîtriser ce qui le torturait. Le Roi en fut alors certain : le démon s'éveillait à nouveau. Il le sentait ramper dans son esprit, bien plus présent et fort qu'il ne l'avait jamais été. Et le bras noir ne répondait à présent plus qu'à lui. Rendu fou furieux par une telle prise de contrôle et la douleur qui l'accompagnait, le Patriarche vit son bras se soulever et sa main pointer vers Link.
Et soudain, la voix s'éleva, et emplit son esprit. Ganondorf fut coupé du fracas des combats, de la rumeur bruyante de la bataille pour ne plus entendre que cette voix caverneuse, infernale, flamboyante. Une voix qui suintait la puissance, la volonté, la haine.


"L'Esprit du Héros... Retrouvé. Détruit le. Tue le. Tue les tous. Tous."

"Tu n'es pas moi. Tu ne me contrôle pas. Pars ! Retourne d'où tu viens !"


Ganondorf ressentit alors un violent grondement qui fit trembler la demeure de son esprit... Mais il tint bon. Malgré toute la haine, contagieuse, qui émanait du démon et celle qu'il éprouvait déjà pour son pire ennemi, il conserva sa raison. Une fois de plus, l'être surpuissant hurla et menaça sa raison, mais rien ne pouvait plus ébranler le gérudo. Et il le sentit ramper hors de son esprit, hors de son corps. Le bras droit resta plus noir que l'onix mais la présence démoniaque n'était plus qu'une boule de haine qui ne le menaçait plus.

Alors, Ganondorf, et lui seul, s'avança.
La main crispée sur la garde de son épée d'ombres et de flamme, le Roi vint à Link d'un pas fier et droit. Il respirait la haine et on ne pouvait plus lire que cela dans ces yeux de braises rougeoyantes. Jamais il ne quitta le héros du temps du regard, jusqu'à se retrouver face à lui. Ils ne s'étaient pas attaqué. Pas encore. Pour deux ennemis d'aussi longue date, ayant tant vécu ensemble, un duel se doit d'être solennel. D'un geste vif de sa main gauche, il désigna le vallon au Hache Viande, en un ordre explicite.
Puis, il se mit en garde. Pas un mot ne lui vint. Nul langage n'aurait pu exprimer ce qu'il ressentait à cet instant précis. Un mélange de haine, de colère, d'excitation, de joie guerrière et de fierté. Car il voyait dans le regard de Link une lueur qui n'était réservée qu'à lui : la lueur du Héros.

Ganondorf sourit, et chargea.




(Mon inspiration musicale)
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Le sable chaud avait cessé de dormir sous sa poigne comme il avait cessé de griffer les cuirs qui maintenaient ses poignets autant qu'ils ne protégeaient ses avant bras. Il retint son souffle, alors que la menace approchait, toujours un peu plus effrayante. Un instant, il ressentit le besoin de fermer les yeux, mais il savait ô combien s'éloigner du réel pourrait lui couter cher. Il y avait sans doute des adversaires qu'il pouvait se permettre de provoquer ainsi. Pas lui. Son regard détaillait le Lion enragé qui se jetait sur lui, avec une fureur nouvelle. Les couards auraient fuit, sans doute ; exposant leur dos à l'acier maudit du Gérudo. Les téméraires auraient certainement fait le choix d'affronter la peur en personne tandis que les sots et les avides de gloire se seraient certainement laissés aller à des rêves de morts que les bardes n'auraient pas fini de chanter, dans des siècles et pis encore.


L'Hylien s'employa à réguler son pouls, plutôt que de s'affoler ou au contraire se complaire dans des songes mordorés qu'il était incapable de comprendre. Son écu avait rejoint le fourreau de son arme, dans son dos tandis qu'il avait avancé le pied droit et ouvert son pied gauche ; en arrière de l'autre. Garde haute. Il arma au dessus du crâne, poing droit tout juste au dessus du front alors que le gauche remontait plus haut sur la fusée. L'acier poursuivait une trajectoire aiguë, entre quarante et cinquante degrés environ ; dans l'alignement de son corps. Si cette position tirait plus sur les bras que son alternative à l'épaule ; elle avait le mérite de laisser le doute entier sur le flanc qu'il ciblerait. Certains prétendaient cette posture oubliée et comme appartenance à l'Ancien Escrime, pourtant elle avait ces qualités que d'assurer une contre-attaque presque immédiate, un assaut rapide ; en plus de réduire drastiquement la fatigue et d'optimiser l'équilibre du bretteur. Ce dont il aurait de toute évidence besoin. Le Champion de Din avait suffisamment de force au creux de la main pour le faire chanceler d'un grand coup d'épée.


Ganondorf se rapprochait, cet air furieux et presque démoniaque gravé sur le faciès aussi clairement que la topaze sur son front ne scintillait à la lueur tombante du jour. Peut être aurait-il du laisser l'effroi l'envahir et prendre ses jambes à son cou ; comme aurait fait tous les autres, mais la vérité était tout autre. En fait ; il n'avait pas le temps d'être inquiété ou effrayé. Tout allait trop vite pour qu'il s'en encombre dans l'immédiat. Un instant plus tôt, il affrontait un Hache-Viande, et en quelques secondes l'Enfant des Bois avait du reporter son attention sur son flanc. Il ignorait ce qu'il était advenu du monstre de fer et de bronze désormais, et avait un autre colosse à se soucier.
Avec la garde, il était devenu difficile d'estimer les distances. Pour lui, comme pour le Roi du Désert, néanmoins il pouvait dire sans mal que son ennemi serait bientôt sur lui. Leurs regards se croisèrent et le givre mordant affronta brièvement les flammes de la haine — prélude rapide mais intense au courroux qui faisait déjà frémir – si pas vibrer – les lames. Il s'en faudrait peu avant qu'Excalibur ne chante de nouveau. 



Le Sans-Lignage fléchit légèrement les genoux, laissant les grains dorés grimper silencieusement sur ses bottes. Il restait pratiquement immobile, se préparant à ce pourquoi il était le plus doué : le combat. Il était tiraillé entre deux émotions, deux ressentis qui tenaient presque du paradoxe. L'action était incontestablement rapide, presque surhumaine, et pourtant l'attente de cet instant où la tension exploserait réellement, quand enfin l'acier du Gérudo s'écraserait sur le sien et que tout commencerait, était aussi interminable que leur premier échange avant le duel n'avait été concis.
Il ne fallut guère plus de temps au Seigneur des Sables pour arriver, et écraser sa lame tourmentée par l'Ombre et la Flamme. Le vagabond joua des articulations et avant que les épées ne s'entrechoquent il avait tourné ses poignets d'un quart de tour vers la gauche. Le feu noir qui dévorait le tranchant de l'arme de Ganondorf vint lécher celui de l'acier sacré, un instant.


Le faux Kokiri savait pertinemment qu'il ne pourrait pas rivaliser ni tenir la distance dans une rixe basée uniquement sur la puissance à l'état brut. Le Gérudo était plus robuste et plus imposant qu'il ne l'avait jamais été. Et tout aussi doué et redoutable qu'il pouvait être, Link ne disposait pas de ressources suffisantes pour défier inlassablement son ennemi dans un bras-de-fer. Conscient de ses propres faiblesses, il avait imprimé à son mouvement une rotation sinueuse — presque fourbe, de telle sorte que chacun subisse un retour spécifique. Les lames s'entrechoquèrent, puis ricochèrent, avant de se séparer, toute deux partant en arrière ; comme deux amants d'une nuit. Il s'y était préparé, et sa garde lui allouant la possibilité de réagir promptement, il eut tôt fait de se décaler sur la droite pour ensuite mieux frapper au flanc gauche.


Ses doigts compressaient tous la hampe de la Lame Purificatrice qu'il avait renouvelée récemment ; après que le Trône l'eut scellée. L'arme elle même semblait forte d'une volonté propre, s'illuminant de centaines de reflets du pourpre flamboyant au bleu pâle et terne, tandis que le Fils-de-Personne frappait de tranche. Son assaut était peut être insolent, mais la contre-attaque avait été spontanée et quasiment instantanée.
Ses enseignements lui avaient toujours appris que survivre, en combat, c'était rester en mouvement (relativement, ceci dit : s'épuiser trop tôt en bougeant dans tous les sens menait aussi certainement à la mort que de ne pas esquisser un geste). D'un pas chassé, il tâcha de se prémunir d'un nouveau coup, avant de rouler jusqu'à arriver dans l'angle mort du Patriarche, sur sa droite. Rotule à terre, lame à une main il frappa de taille dans une offensive qui visait à blesser au niveau des tendons du genou.


Il savait le Porteur de la Force coriace et violent, comme il se savait particulièrement vulnérable en lui exposant son dos. D'une seconde roulade, à la trajectoire droite cette fois-ci, il s'éloigna hors de portée du Mandrag. Avant que le Seigneur du Malin ne soit à nouveau sur lui, il s'était relevé, et avait récupéré le pavois de Zelda. A son oreille pendait toujours la boucle qu'elle avait tenu à lui offrir, tandis que le Héros s'accordait une courte seconde de répit, légèrement haletant sans être réellement fatigué. Après tout, cette éternelle danse ne faisait que commencer. S'il y avait bien quelque chose qui s'accordait dans leurs regards c'était cela — mais pas uniquement.  Il y avait aussi ce respect qui perçait parfois, au travers de la haine. Et si l'enfer polaire qui dansait au fond de ses prunelles de givres trahissait une ire glaciale, les pupilles de Titan du Sire des Voleurs le lui rendait bien.


Tous les idiots vous le diront, ce sont les grands hommes qui font l'Histoire et façonnent la destiné de tous. Les savants, eux, sont conscients que les grandes figures sont elles mêmes prises dans la toile du destin, tels des marionnettes ne décidant réellement de rien, et que l'avenir est un ensemble trop vaste et complexe de possibles pour que seuls quelques personnes en décident. Mais parfois, même les savants se trompent. Parfois, tous les possibles se rejoignent en un instant et un lieu précis, à travers des individus choisit par le destin. Et tout ne repose alors plus que sur leurs épaules, sur ce qu'ils ont la force ou non d'accomplir... ou plus rarement encore, sur la seule issue d'un combat.

Ganondorf eut, à l'instant où sa lame percuta l'épée de légende, la certitude de vivre un de ces instants cataliseurs, et d'en être le premier rôle. Bien des mois avaient passés depuis le ranch, depuis le temple, depuis la tour de son château et jamais il ne s'était senti aussi fort. Les plaies causées par son duel avec le traître ne semblaient plus exister, ni la fatigue qu'il aurait dû ressentir. Il n'avait d'yeux que pour son ennemi de toujours, l'ultime obstacle sur sa route.
Tandis que les deux épées s'opposaient une force surhumaine, les flammes noires du Roi léchaient l'acier béni du héros du temps. Combattre ce dernier rendait à Ganondorf toute sa vitalité, toute sa fureur et toute sa force. Il y avait en lui plus que l'envie d'assouvir son immense soif de vengeance et de gloire. Il ressentait aussi l'excitation guerrière qu'éprouve le champion invaincu devant un adversaire à sa hauteur. Depuis sa première défaite, le gérudo le savait : personne d'autre que Link ne pourrait jamais le vaincre.

Soudain, Ganondorf sentit une étrange vibration parcourir sa lame, comme un frisson. Inquiet, il se dégagea du bras de fer avec son ennemi à l'instant où celui ci effectuait une parade plutôt sournoise. Réagissant au réflexe, le gérudo para le coup sur son flanc et tenta une riposte qui ne fut pas assez rapide pour atteindre Link. Agile, comme d'ordinaire, ce dernier se jeta dans le dos du Patriarche. Sachant d'expérience qu'un coup aux tendons des chevilles ou des genoux pouvait facilement coûter un combat, il fit un bond en avant, d'à peine deux pas, mais c'était assez pour se mettre hors de portée.
Alors que le Héros de Zelda se relevait, il en profita pour observer son épée. A l'endroit où l'acier béni avait rencontré la lame, une fine brisure avait commencé à courir. Retenant un juron contre lui même, il se maudit d'avoir cru qu'une arme magique serait suffisante pour s'opposer à l'épée de légende. Son regard s'attarda sur cette lame qui avait déjà tant mordu sa chair. Il la haïssait, autant que l'on peut haïr un objet, voir plus. Car justement, Ganondorf avait toujours sentit que quelque chose rendait cette épée particulière, au delà de l'enchantement divin qui la parcourait. Une épée qui repousse le mal : c'était bien là le genre de tour de passe-passe dérisoire auxquels étaient habitués les dieux.
Une chose était certaine : sa propre épée ne tarderait pas à voler en éclat. Il était tant de faire à Link l'honneur qui lui était dû. Le gérudo se remit alors en garde, son arme portée haute, à deux mains au niveau des épaules. Mais au lieu de charger comme son adversaire devait s'y attendre, il la jeta avec force vers lui. Et, sans lui laisser le temps de réagir, il passa sa main noire sur la plaie du pacte, y recueillant un peu de son sang, et prononça des mots dans une langue interdite.

Tombé d'un ciel sans nuage, un éclair frappa la terre.
Ou plutôt, il tomba dans la main de Ganondorf et produisit un violent flash. Lorsque l'intense lueur se dissipa, le Seigneur du désert tenait dans sa main maudite une arme digne de lui. Une grande épée, à la lame longue, même pour lui. Forgée dans un métal aussi noir que la nuit, elle semblait irradiée de la même sombre puissance que son maître.
Alors, Ganondorf se tourna fièrement vers Link, lui présentant sa nouvelle cavalière avec un sourire empreint de malice et d'une joie sanguinaire qui n'appartenait qu'à lui.


"A présent, il est trop tard pour fuir, Link."

Et il avança. Non pas en courant, pour risquer d'être emporté dans son élan ou esquivé, mais sereinement, assuré dans chacun de ses pas. Ganondorf se savait le pivot de leur duel. Si Link était redoutable par son agilité, le Roi incarnait la force et ne pouvait être renversé. Le héros du temps allait devoir combattre en gérant la distance entre eux pour rester sauf. Le gérudo tentait donc de lui imposer une proximité mortelle.
D'autant que son arme ne craignait le contact de l'épée de légende. Un sourire mauvais aux lèvres, Ganondorf parvint tout prés du héros et se jeta sur lui, le harcelant de ses coups, lui imposant sa force. Il y mettait toute sa rage, toute sa haine, sans se contenir. En lui, un démon lui hurlait de tuer, en rugissant.

Pensant que Link se serait habitué à contenir les coups d'épées, il essaya de le prendre au dépourvu et lui envoya un violent coup de pied horizontal, vers le flanc, avant de ramener sa jambe et de reprendre un appui solide, puis d'enchaîner sur un violent coup vertical en direction du crâne de son meilleur ennemi.

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Le sable était traitre et son équilibre précaire. Il s'était relevé subitement pour pallier à la menace que représentait ce Titan qu'il affrontait à nouveau — encore et toujours, comme si ces Déesses qu'il ne parvenait pas à aimer prenaient un malin plaisir à les faire se confronter éternellement. Si subitement, en réalité, qu'il n'avait pas pris le temps de se remettre en garde ; ni d'assurer une position qui lui éviterait une douloureuse chute en cas de choc. Oh, certes, il faudrait plus qu'un simple coup pour le renvoyer au sol, car même sans appuis particulièrement solides, il avait toujours été doué d'un sens et d'un esprit digne d'un acrobate, mais il était nettement moins ancré dans le sol qu'il ne le faudrait pour être tout à fait en sécurité. 


S'il lui avait été permis d'écarquiller les yeux de surprise, il l'aurait sans doute fait, en voyant Ganondorf se délester de son arme d'un grand geste rageur. Au lieu de quoi, il leva tant bien que mal son bouclier, mais sans doute un peu trop tard. Serrant les dents, il affermit sa prise sur les lanières de cuir, comme pour tenter de minimiser le risque qu'il savait déjà trop avancé pour être évité efficacement. Son visage ne tarda pas à se fermer, alors que les premières gouttes de sueur perlaient sur son front — et la chaleur mourante du jour ne pouvait être accusée d'être seule responsable.


Le heurt fut d'autant plus violent qu'il était mal préparé. Quand le simili-acier – il ignorait de quoi était faite cette lame que le Seigneur du Malin abandonnait – frappa son écu, il grogna en contractant l'ensemble des muscles de son bras. « Humpf... — » Lâcha-t-il, alors qu'il se raidissait presque tout entier pour mieux résister à ce qu'il aurait pu si aisément contrer, s'il avait pris la peine de couvrir ses arrières. Les flammes lui léchaient presque le bas du visage quand le projectile aussi improvisé que maudit du Gérudo retomba au sol. L'Hylien manqua de tomber et fut contraint de battre en retraite d'un pas ; puis d'un deuxième pour retrouver un semblant d'équilibre. S'il était indemne, et si la collision n'avait laissé que pour seul vainqueur l'égide offert par Belle – sans la moindre rayure, lui aussi –, cette pseudo garde de fortune qu'il avait du monter à la hâte n'avait pas tenu et le laissait peut être plus vulnérable encore que quand il avait taché de se relever.


Il déporta brièvement son regard sur cette bien étrange arme que l'élu de Din s'était procuré, avant d'envoyer son pied sur la fusée et de la repousser en contrebas. Sans ignorer que Ganondorf avait certainement une autre alternative pour se défausser d'un atout pareil, il préférait l'éloigner d'eux ; tant pour ne pas avoir à l'affronter à nouveau – il n'avait pas fallu plus que quelques secondes pour qu'il sente la pression ardente des flammes qui tentaient de lui escalader le menton – que pour ne pas l'avoir dans les pattes et trébucher dessus à l'avenir. Cela pouvait sembler idiot, mais ployer le genou involontairement, ou se retrouver malencontreusement au sol face au Roi-Voleur, c'était indubitablement signer son arrêt de mort. Comme se laisser distraire par quoique ce fut, y compris une épée jetée avec une force titanesque. Il reporta l'ensemble de son attention sur le sinistre mais glorieux Sire du Désert ; couronné d'autant de gloire que de foudre.


Link leva à nouveau son pavois, à quelque pas de son crâne, le bras néanmoins détendu et prêt à réagir. Alors que l'air s'électrifiait et que le tonnerre grondait, il baissa légèrement la nuque, les yeux loin du ciel pour ne pas se trouver aveuglé par la colonne d'un blanc foudroyant tirant parfois sur le bleu clair. Tout autour de lui, de petits éclairs zébraient et déchiraient l'atmosphère, lentement, comme en écho à une scène ancestrale, dans un vallon largement menacé par des cieux plus noirs que l'ébène. Et quand le brouillard électrique nimbant les nues se dissipa enfin, il baissa ses défenses suffisamment pour rester un tant soit peu protégé mais aussi pour voir. S'il transpirait encore le calme, il aurait été incapable d'expliquer ce qu'il s'était passé, bien que son instinct lui prédisait que cela n'augurait rien de bon — comme l'aurait dit un vieil ami à lui.


Au fond ; ce combat n'avait pas encore commencé, pensait-il alors, tandis que le Maître-sur-les-Sandlands dévoilait avec une lenteur dramatique la nouvelle invitée à leur sanglant petit gala. Au sourire malsain du Seigneur, le Sans-Lignage ne répondit pas. Moulinets et cercles d'acier, il se prépara à la suite des évènements, se doutant que Ganondorf n'aurait pas le courage d'attendre qu'il monte lui même à l'assaut. Prendre la première passe n'était un avantage que si on la réussissait. Il plia légèrement les genoux, avant de ramener sa main d'épée quelque peu arrière, à l'horizontale. A nouveau, il attendait son ennemi devant l'éternel, prêt à parier que celui-ci ne s'attendrait pas à ce qu'il accepte un corps à corps qui lui était – théoriquement – impossible de remporter. Mais de cette surprise et de la proximité entre eux pourraient naître des occasions sublimes, si pas fatales.


L'Oublié de Farore darda l'Élu de Din, d'un regard qui n'avait rien à envier à ceux dont était capable le Titan. La glace semblait prendre d'assaut ses pupilles alors que sa colère, sourde et froide, se faisait l'unique réplique qu'il offrait à cette désinvolture dont le Roi-Voleur semblait s'amuser. Au pas, comme pour se délecter d'une suite qui serait certainement aussi ardue qu'excitante — car, indéniablement, l'un comme l'autre ne croisaient pas le fer uniquement parce qu'ils se haïssaient. S'ils se battaient, c'était aussi parce qu'il n'y avait, au fond, aucun autre moyen de se surpasser. Jamais Link ne peinait autant que face à Ganondorf, et aucune de leur danse n'était une partie de plaisir ; mais jamais l'adrénaline n'était plus forte que quand leurs regards se rencontraient et quand leur lames s'épousaient avec véhémence.


Il le laissa venir à lui, sans se soucier de rester parfaitement immobile. Tirer autant sur ses muscles pour un effort qui pouvait être drastiquement réduit s'il était effectué au bon moment lui semblait être une mauvaise idée : il se devait d'économiser ses forces s'il voulait pouvoir profiter des ouvertures qu'il saurait dégager dans la garde de l'Obscur Monarque. Et même s'il avait le pressentiment que le premier sang versé serait le sien, il n'esquissa pas le moindre geste, campant ses positions. Il cessa même de regarder cette splendide et extravagante cavalière qui accompagnait son ennemi, en dépit des quelques pas qui les séparait. Mais à l'instant précis où le talon s'enfonça plus que de raison dans le sable ; où le pied s'élevait plus haut que pour un simple pas, il sût. Et dès lors, il bondit à son tour.

Si le Suzerain se jetait sur lui, le Héros en fit de même. La sérénité s'était inclinée devant une fougue violente et pleine de rage. Le premier coup du Seigneur du Malin, il le para. L'acier noir venait pour le cueillir quand il balança furieusement son bras droit à sa rencontre. Le tranchant heurta si fort le bouclier que le vagabond du contenir les frissons qui menaçaient de le secouer jusqu'à l'épaule. Déjà, le Conquérant frappait à nouveau. Il réitérait son assaut sur le flanc gauche de l'Enfant-des-Bois, qui leva son propre fer aussi bravement que faire se peut. Les arrêtes se percutaient et s'accrochaient dans ce bruit si typique de la lame qui martèle la lame.
Le Colosse ne tarda pas à mettre fin à la lutte entre les deux armes, pour porter une autre attaque, harcelant celui dont il avait dérobé le Fragment. La sueur continuait de rendre moite le front du blond, qui luttait tant bien que mal pour ne pas voir ses forces sapées en un tour de passes. Quand sa tunique se tacha d'une sobre touche carmin, un peu au dessus du coude, il garda ses lèvres pincées. Il remercia en silence ce mouvement de recul qu'il avait amorcé en prévision de la violence du coup du Père Dragmire, et qui lui avait évité de se retrouver amputé. La plaie n'était pas des plus sérieuse, mais l'entaille pourrait devenir particulièrement agaçante à l'avenir ; si l'affrontement trainait en longueur.



Du coin de l'oeil, il distingua le pied de son ennemi qui volait droit vers son flanc. Leste, il s'éloigna de la trajectoire de l'assaut, sans mettre fin au corps à corps. Il s'était ménagé cette première ouverture qu'il attendait auparavant. Une première faille dans les mailles solides que formaient les enchainements du Gérudo. Et les Trois savaient qu'il suffisait d'une simple maille défectueuse pour délier l'ensemble d'une cotte. Il arma son bras, et lança l'Épée de Maître dans une diagonale, à la pente faible, directement en direction de la jambe qui servait de pivot à Ganondorf. Ses doigts maintenaient la fusée avec une force qui faisait pâlir ses jointures, sous ses cuirs, alors qu'il frappait de taille pour faucher le meilleur appui de son ennemi.


Pour peu que le Souverain des Voleuses soit vif, il pourrait éviter la chute ; si le faux-Kokiri frappait juste, et le Fils-de-Personne savait son ennemi assez rapide pour retrouver un support stable qui le préviendrait d'une situation scabreuse, sinon mortelle. Tandis qu'il ramenait sa lame à lui, une violente douleur s'empara de son épaule, le contraignant à reculer d'un demi pas. L'uppercut qui devait écraser sa boite crânienne avait rencontré son humérus et s'il ne l'avait pas démis, il s'en était fallu de peu. L'assaut qu'il avait lui même porté lui avait imposé de se décaler suffisamment pour jouer sensiblement sur la trajectoire d'un coup déjà amorcé quand il avait débuté le sien. 


Link grimaça un instant, cherchant l'air. Son bras lui faisait un mal de chien, mais heureusement, la situation se présentait tout autrement que lors du sac du Ranch ; ou Ganondorf avait su lui briser le poignet d'une attaque sautée qu'il n'était pas prêt d'oublier. Ses yeux de givre cherchent ceux de feu et de haine du Seigneur-qui-voulait-être-Roi, comme pour le défier de lever encore cette énorme épée qu'il avait fait tomber des nues. C'est les yeux dans les yeux, alors que le duel se menait aussi bien par les armes que par le regard, qu'il décrocha un coup de bouclier vers cet imposant nez, avant de jouer promptement de la tranche pour tacher d'entailler légèrement le torse massif du Chef de Clan. Sans prétention, il n'avait d'autre intention que celle de sonner un temps le Boucanier de Din. Le temps de prendre appui sur le cadavre d'un soldat qui avait plus tôt servi de projectile à un énorme golem de fonte. Utilisant la dépouille comme un tremplin, le Héros du Temps se hissa haut dans les airs et frappa cette fois-ci d'estoc. La pointe d'Excalibur filait vers la gorge de Ganondorf, tandis qu'il montait littéralement à l'assaut, sur-élevant son coup dans l'espoir de poser un acte final à une pièce qui n'avait que trop duré.


Le premier sang venait de couler entre les deux élus du destin. Dans le torrent de violence que Ganondorf venait de déchaîner contre Link, un coup avait traversé la garde du héros. Même dérisoire, cette petite victoire tira au gérudo une joie extatique. Elle lui semblait un signe, et lui rappelait que son adversaire restait humain, comme lui même. Mais ces pensées l'éloignèrent du combat un instant et manquèrent de causer sa première erreur. Le son que fit Excalibur en fendant l'air dans sa direction, qu'il aurait pu reconnaître en mille, suffit à déclencher chez lui un réflexe salvateur. Tandis que sa jambe revenait au sol, il tourna sur lui même et reprit aussitôt appui sur le sol tandis que son poing venait s'écraser sur l'épaule de son ennemi.

Un éclair de victoire illumina le visage du Roi mais un simple croisement de regards avec le Héros lui suffit pour comprendre que ce dernier avait bien encaissé. Ganondorf comprit à son expression qu'il n'allait pas reculer. Accepter le corps à corps contre un titan tel que lui ? Mais à quoi jouait il ?
Il ne vit le bouclier arriver vers son visage que bien trop tard pour pouvoir esquiver. Alors, sans y réfléchir, le gérudo décida de provoquer lui même le choc et donna un violent coup de son front sur la face métallique qu'il stoppa ainsi net. Mais, sonné, il para maladroitement le coup de tranche qui entailla sa peau sur quelques pouces de long. D'une secousse de tête, rageur, le seigneur du désert se remit les idées en place. A présent il en était certain : le bouclier de Link était enchanté, et avec un sort d'une telle puissance que seul une personne en Hyrule en avait été capable. Une épée repoussant le mal et maintenant cela ; ses ennemis n'avaient donc pas d'honneur ?!
Néanmoins, il avait pu éprouver la puissance et la résistance de sa propre arme. Sa lame noire semblait n'avoir rien à envier à cette épée divine que jamais il n'avait pu porter. Sans doute leur duel était il équilibré, finalement. Mais tous les artifices du monde ne permettrait pas à Link de se soustraire à son jugement, cette fois.

Ganondorf fixa son ennemi de toujours bondir sur lui, une détermination glacée sur son visage. Il n'esquiva pas, ne se déroba pas. Pas lui. Il attendit que le héros soit presque sur lui et, d'un geste souple, se décala légèrement sur sa propre droite, sa main gauche tendue en étaux.
La douleur qui s'empara alors de lui fut à sa hauteur : titanesque. L'acier bénit enfonça son armure au niveau de l'épaule et s'enfonça profondément dans la chair, esquivant surement de peu les ligaments. Mais la main du gérudo s'était refermée sur la gorge de l'Hylien. Esquissant un sourire pour s'éviter de hurler sa souffrance, le Roi resserra sa prise puis, d'un geste vif et violent, envoya Link s'écraser contre un mur de la forteresse.
Il ne put réagir aussitôt, accabler le héros de ses coups en profitant de son avantage. Ganondorf était parcouru de la douleur que lui provoquait toujours l'acier béni de l'épée de légende lorsqu'elle mordait sa chair. C'était pire qu'une brûlure, pire que la noyade, de sentir ses membres brisés ou mutilés. C'était comme un poison foudroyant qui parcourait le corps et l'âme en n'en épargnant aucun recoin. Mais le gérudo savait aussi que, si la première blessure était la plus insoutenable, la douleur l'affecterait de moins en moins.

Sentant l'énergie divine s'estomper, il déplia et replia les doigts de sa main gauche, comme pour vérifier que son corps lui répondait. Son autre main tenait toujours la lame noire d'une poigne de démon. Le Roi se détourna alors vers Link. Dans son regard, on pouvait lire une forme étrange de complicité. Comme si Ganondorf lui disait que,

*Ca faisait longtemps. Héros.*

Il reprit son épée à deux mains, fit jouer son épaule d'un mouvement souple mais qui irradia à nouveau une douleur lancinante dans son bras. Link avait remporté un premier round... Mais cela ne signifiait rien. Dans un duel, la seule chose qui importe, c'est la manière dont il s'achève.
Ganondorf revint vers son adversaire, en marchant sereinement. Puis, d'un coup, il arma un coup surpuissant de ses deux bras qui déferla verticalement sur l'épaule affaiblie de Link. Aussitôt après, il fit mine de lancer un coup vers le genou droit du héros avant de bloquer son mouvement et de relancer l'assaut vers le flanc opposé. Et enfin, désireux de ne pas laisser impuni ce si innocent visage, il projeta son front vers lui. Si il avait pu arrêter un bouclier enchanté, un visage encore enfantin n'en resterait pas intact.

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Ce fut rapide ; et douloureux. Un instant il pensa que le fer avait traversé sa gorge et non celle de son ennemi. Avant que la pression n'entrave vilainement sa trachée et son larynx, il avait compris néanmoins. Malgré toute la puissance dont il disposait, l'Élu de Din tremblait, et si ça n'était pas quelque chose de particulièrement perceptible il aurait eu du mal à ne pas sentir les pulsations qui s'écrasaient sur la pomme qui meublait son cou en même temps que la pression qui l'empêchait de respirer. Sans doute, s'il n'avait pas eu ce bouclier qui lui maintenait l'avant-bras, il aurait taché de faire lâcher prise, mais la lanière de cuir qui courrait dans sa paume le lui empêchait.
Il tacha alors de débloquer son épée, qui s'était prise il ne savait trop où. Sans doute dans l'épaule. Son visage rosissait lentement, mais sûrement. L'alliage céleste tourna d'un quart de tour, avant de repartir brusquement en arrière dans un retour qu'il peinait à maîtriser, à près de trois pieds au dessus du sol. Conscient que la situation était à des lieux de tourner en sa faveur et qu'il finirait bientôt tout à fait étouffé, il arma son bras gauche, comme pour frapper à nouveau.



C'est à ce moment là qu'il se senti partir. Sans plus rien pour le retenir, il chutait inexorablement, comme jeté par un colosse. Son corps percuta violemment un monticule de sable, sans qu'il ne parvienne à reprendre le contrôle sur soi même. Chahuté à nouveau, il s'éleva de quelques centimètres dans les airs, avant de retomber lourdement entre les dunes. Sonné, dans un état de fragilité rare et de presque hypoxie, il se laissa rouler sur la pente dorée qui menait droit aux murs du Bastion de Nabooru. Il cherchait l'air, affaibli par la strangulation du Seigneur Noir, quand il ferma le poing droit sur ces grains de soleil, aussi immuables et inchangés que le temps lui même. L'Hylien joua alors des bras, tirant sur ses muscles, pour s'extraire de ce bourbier de sablon. Petit à petit, il souleva son crâne, puis son tronc, avant de péniblement se hisser sur les genoux, à quatre pattes au sol. Les gravillons blonds lui collaient au visage et essayaient d'envahir sa bouche. L'Enfant des Bois cracha, les expulsant en quasi totalité. 


Son poing se compressa un peu plus, tandis qu'il achevait de se relever, encore fébrile. Ce satané Roi-Voleur avait une poigne mémorable, pour le moins qu'il puisse en dire... Si l'air avait cessé de lui manquer, il persistait à le chercher, encore un brin paniqué alors que l'ensemble de son être réclamait encore à grands cris ce qui saurait calmer les douleurs musculaires qui s'était emparées de lui. Brièvement, il passa le poignet gauche sur son faciès, pour en faire chuter le sable chaud et traitre qui lui griffait la peau. Il n'avait besoin de personne pour savoir qu'en dépit de leur insignifiance, ils sauraient déranger et gêner suffisamment pour retourner l'affrontement. Au fur et à mesure qu'il reprenait consistance, sa vue regagna son acuité habituelle et son ouïe s'affina jusqu'à redevenir ce qu'elle avait été. Le voile noir que Ganondorf avait su lui imposer se levait suffisamment pour qu'il s'autorisât un moulinet, afin de tester son poignet. S'il lui répondait sans le moindre mal ; son épaule droite le lancinait comme si elle avait été passée à tabac et la plaie qui avait taché sa tunique (elle avait arrêté de saigner, désormais) le brûlait doucement. 


Le vagabond plissa les sourcils, posant sur le Sire du Malin un regard aussi glacial qu'inquisiteur. Son épaule salement mutilée lui tira un demi-sourire et il comprit qu'il avait marqué un point considérable. Le Gérudo pouvait bien faire le fier, il ne faisait aucun doute qu'il souffrait au moins autant que lui, sinon bien plus. Ses doigts épousèrent dès lors un peu plus la fusée de son arme, prêt pour un nouvel assaut. Il savait ce qui portait le Père Dragmire — cette ambition dévorante, cet orgueil sans commune mesure, cette folie presque furieuse ; et cette haine. Cette haine colossale, si pas légendaire. Celle là même qui avait su faire de lui l'unique Suzerain de l'Ombre et le seul époux de l'ardent brasier de la Colère.


Du pied, l'Oublié de Farore jaugea la distance qui le séparait des enceintes de pierre rouge qui formaient le coeur même de la Place-Forte gérudo. Sept à huit pouces, tout au plus. Absolument pas de quoi s'assurer une retraite confortable, mais nettement suffisant pour mettre en oeuvre certains des talents qu'il avait appris à développer depuis que Saria l'avait recueilli, encore tout gamin. Sans compter qu'au vu de l'imposante masse d'acier qui accompagnait dorénavant le partenaire que les Déesses lui avaient choisi, pour cet éternel ballet, il serait difficile pour le Porteur de la Force de l'affronter si près des murs. Tôt ou tard, son allonge le mettrait en tort : dès lors que sa lame irait se ficher dans les minerais qui brossaient le tableau d'une Forteresse en proie à la guerre.


Le Patriarche ne commit pas l'erreur fatale d'un coup de taille, préférant essayer de le fendre. Le coup visait sa clavicule droite, il se déporta sur la gauche... — Avant de se plier en deux. Son ennemi s'était offert le luxe de frapper le foie du genou, au point de l'envoyer heurter les remparts érigés dans son dos. La respiration partiellement bloquée, de nouveau, il leva péniblement son pavois – dont la lanière de cuir avait glissé de sa paume à son poignet un peu plus tôt – pour se protéger de la lourde lame maudite du Lion. Le fer claqua contre le fer, sec, avant de riper dans une gerbe d'étincelles, et de venir déchirer l'étoffe qui couvrait sa jambe. Le sang perla sur la cuisse, entaillée sur un pouce et demi. « Funérailles... — » Grogna-t-il, tandis que la déchirure lui faisait l'effet d'une douche froide. Une seconde fois il envoya son écu en direction du Titan, pour lui imposer une distance un peu plus respectable.


Mais cette fois-ci, il n'avait aucune intention de provoquer une joute entre l'égide de Belle et l'opulent nez du Gérudo. Son bras décrivait un arc de cercle ; comme s'il avait désiré infliger une gifle de métal à son ennemi, mais au lieu de quoi il délia les doigts, libérant du même coup le sable qu'il avait ramassé par mégarde en se relevant et conservé ensuite. Certains y verraient une cruelle absence d'honneur et de vertus, sans doute ; d'autres trouveraient là la preuve de ressources insoupçonnés. Les derniers se souviendraient peut être qu'aucun affrontement réel ne se résumait à un échange de politesse et de courtoisie — à moins, évidemment, de voir dans l'intention de tuer son adversaire un raffinement tout à fait particulier. Loin de tout ces débats, il mit immédiatement à profit les quelques secondes – au mieux – dont il disposerait vraisemblablement.

Link ploya soudainement les genoux, et se jeta purement et simplement dans la mêlée. Jouant des épaules et de la tête, il heurta le poitrail de Ganondorf avec toute la fureur dont il était capable. Les mâchoires crispés, les traits durs, et le bras droit assez endolori pour lui tirer une grimace et laisser ses doigts gourds ; il empoigna d'autant plus fermement l'Épée de Maître. Sans doute souffrait-il d'une crise de folie. A tout point de vue, il venait d'offrir sa tête sur un plateau d'argent : à un jouer à jeu pareil, le Seigneur du Malin aurait tôt fait de le briser. Et pourtant, il n'éprouvait aucune crainte. Juste ce courroux si polaire qu'il en devenait presque plus incandescent et plus sournois qu'aucun incendie. Le Sans-Lignage ajusta son épée sur l'abdomen. Et par deux fois la Lame Purificatrice tenta de dévorer la chair corrompue du Seigneur Ouestrien.

A deux reprises, il avait poignardé avec l'acier sacré ce mastodonte que les Trois avaient choisi pour incarner la Force. Depuis le premier assaut, il avait l'impression qu'en Excalibur courrait une puissance nouvelle. Comme si l'épée tâchait de laver la corruption d'un second Fragment de la Triforce. Toutefois, quand bien même il sentait son arme plus... Agressive qu'elle ne l'avait jamais été vis à vis du Mandrag, il lui était vital de se sortir de la situation dans laquelle il s'était impulsivement jeté, n'écoutant que son instinct. Dans la gueule du Lion – et non du loup –, il ne risquait rien d'autre que de se faire lacérer par des crocs et des griffes venus de toutes parts. Brusquement, il s'arracha à la dangereuse étreinte qu'il avait initié. A peine avait-il posé la jambe blessée au sol qu'il musela un grondement sourd. Ganondorf lui offrait son flanc, de trois quart profil. D'une diagonale de bas en haut, l'Épée de Légende fendit l'air — avec moins de vigueur, néanmoins. L'idée était plus de s'octroyer un peu d'espace, maintenant que les murailles ne bloquaient plus son dos, plutôt que d'attaquer véritablement.


Ganondorf commençait à acculer son ennemi contre les murs de sa forteresse, mais cela n'avait rien de positif pour lui. Manier une lame comme la sienne le forçait à conserver de l'espace autour de lui et de sa cible. A mesure que Link cédait du terrain, le gérudo s'approchait du moment où il aurait à s'écarter pour mieux revenir dans l'espace dégagé de la cour. Néanmoins, le fait de harceler son adversaire finit par payer, et ce dernier ne put s'éviter une mauvaise estafilade qui ne manquerait certainement pas de le ralentir. Mais le Roi n'eut pas le temps de savourer le coup qu'il venait de porter.
Décrivant un arc de cercle de sa lame, Link sembla vouloir se dégager d'un geste ample... Mais une vague de sable s'échappa de son poing vers les yeux de Ganondorf. Bien qu'il ait vécu dans le désert et même survécu au coeur de vastes tempêtes, le gérudo dut remonter son bras et fermer ses paupières pour se protéger. Suffisant au héros pour bondir sur lui.
Le choc le fit vaciller mais il ne chuta pas, reprenant un appui solide après avoir dangereusement glissé de quelques pouces sur le sol. Ca n'était pas la charge de Link qui le déstabilisait le plus, mais bien la méthode lâche qu'il venait d'user. Que l'hylien s'arme d'un bouclier enchanté et d'une épée divine, Ganondorf s'en fichait : lui même s'était bien forgée sa propre arme maudite. Mais que son ennemi de toujours se permette un tel geste l'écoeurait, le révoltait. Ca n'était pas digne d'eux, pas digne de leur légende. Il n'y avait pas de gloire, ni d'honneur dans un tel acte.
Les traits déformés par la colère, il sentit une souffrance envahir sa poitrine et vit l'épée de légende s'y enfoncer assez profondément. Réagissant alors à l'instinct, il s'empara du bras de Link pour l'empêcher de porter le second coup. Ce dernier, conscient du péril auquel il venait de s'exposer, s'écarta. Ganondorf resta immobile un instant, tandis qu'un dernier coup faible venait le frôler. Un silence pesant s'était installé dans la cour, tandis que le seigneur du désert serrait les dents et les poings à s'en faire saigner les paumes de ses mains. D'un coup, il déclara, d'un voix grave où perçait un mépris infini,


"Lâche. Fourbe. Assassin. Jusqu'où t'abaisseras tu, Link ?"

Soudain, une fumée noire s'échappa de son bras maudit.
Il sentit le démon ramper dans la demeure de son esprit. Sa rage le réveillait. Et, comme invoqué, l'être qui l'habitait sortait de son antre pour mieux le tourmenter... Du moins Ganondorf le crut il lorsqu'il le sentit approcher. Mais cette fois, il n'y eut pas d'agression, ni de douleur. Le démon restait tout aussi silencieux. Le gérudo ne comprit pas aussitôt la raison de cette absence de violence. Puis, soudain, la vérité le frappa : le démon ressentait la même rage que lui. Et cette colère immense était dirigée contre la même personne. Dés qu'il en eut prit conscience, le Roi ressentit à nouveau la puissance du démon, qui s'était depuis dissipée, revenir dans son bras. Sans un mot, celui ci retourna dans les tréfonds de son esprit. Pour la première fois, ils s'étaient comprit. Pour Link, cet échange n'avait pas duré plus d'une seconde.
La voix de Ganondorf résonna à nouveau, plus caverneuse et forte qu'auparavant,


"Quel monstre es tu prêt à devenir pour me vaincre ?"

Son regard était presque celui d'un dément. Le seigneur de l'ombre toisait son ennemi d'un regard où couvait une rage mêlée de folie. Ses deux blessures le faisaient souffrir, l'acte de Link le révoltait, et la colère du démon l'inspirait. Ganondorf saisit alors son épée de la main gauche, laissant son poing droit libre. Le bras empreint d'une puissance renouvelée, il jaillit soudainement sur son adversaire et fut sur lui en un instant. Son épée bloqua aussitôt la lame du héros, tandis qu'il agrippait le bord du bouclier enchanté de sa main maudite et l'écartait, sans parvenir à l'ôter à son porteur. Link ainsi sans défense, il le frappa violemment du poing droit.
D'abord dans son ventre, afin de le vider de son souffle. Puis sur son beau visage, en visant son nez, d'un uppercut où il mit toute sa force. Lorsqu'il arma son coup, on pouvait voir les ombres s'amonceler autour de son poing et la puissance du démon rayonner. Prenant alors le risque de subir l'assaut de l'acier béni, il planta d'un geste brusque sa lame dans le sol et arma un violent coup de haut en bas, ses deux poings joints en direction du héros qui, il l'espérait, aurait prit assez violemment ces deux derniers coups pour ne pas pouvoir esquiver celui là.

Aussitôt après, ayant vidé une partie de sa rage dans ses poings, il s'empara de son arme et recula. S'en saisissant des deux mains, il opta pour la prudence et donc pour une garde basse.

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Link

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Tandis que le mépris déchirait les lèvres du Seigneur du Malin et que les insultes s'occupaient d'écarteler sa mâchoire, l'Hylien recula doucement pour imposer une distance au Gérudo. Elle ne serait sans doute pas si contraignante que ça – sa jambe le brûlait trop pour qu'il se permette des mouvements aussi vifs qu'en début d'affrontement –, néanmoins elle lui sauverait peut être la vie. Jusqu'à présent ; il avait joué la carte de l'offensive directe et elle avait été suffisamment payante pour que la douleur de son ennemi se ressente jusque dans sa voix. Plus faible que de coutume, alors même que les émotions qui passaient dedans intimaient une force qu'il ne semblait plus avoir. 


Il glissa un pas en arrière. La peine brossa une grimace sur son visage alors qu'il lui semblait que sa cuisse était en proie aux flammes. Mais bien vite, quand la voix de Ganondorf tonna une seconde fois entre sable et murs, la moue qu'avait adopté son faciès se mua en un demi sourire, empli d'autant de tristesse que de pitié. Ce que le Suzerain du Désert considérait dédaigneusement du haut de son orgueil ne parvenait qu'à lui tirer un rictus qui n'avait sans doute jamais éclairé les traits du Patriarche. L'Hylien savait ce qui lui valait toute cette morgue de la part de son ennemi ; comme il savait qu'il aurait pu en éprouver au moins autant et sans doute plus. Ca n'était pas lui, après tout, qui avait trahi le Roi d'Hyrule après avoir acquis ses bonnes grâces, ni perpétué un sac sur le Ranch. Pas plus qu'il n'avait fait exécuter des innocents. Mais, il ne ressentait pas cette condescendance qu'avait toujours eu le Maître de l'Ombre et la Flamme à son égard. Non ; il avait simplement du mal à concevoir qu'encore maintenant le monde ne soit resté qu'un défi et leur combat un jeu. Et ce qui était un divertissement pour l'un était en réalité d'une importance capitale pour l'autre. Le Royaume valait bien qu'on transgresse des règles dont la simple vocation lui échappait. Corser le tout ? Rendre l'épreuve plus palpitante ? La différence entre eux résidaient là.


Il ne s'attarda pas sur le fait même que l'homme contre qui il levait l'épée depuis des années n'avait aucune leçon de morale à lui donner : il n'en eut pas le temps. Avant même que la pensée ne lui traverse l'esprit, l'autre avait saisi son écu d'une poigne dont il était le seul à être capable. La lanière de cuir grinça sous ses propres doigts, à mesure qu'il ne refermait un peu plus son poing. Conscient de ce qui allait arriver s'il ne bougeait pas, il préféra néanmoins ne pas esquisser son mouvement trop tôt. Sa chance de s'extirper de l'enchainement sinistre qui fonçait droit à lui était mince ; et résidait dans un minutage qui relevait presque du miracle. Trop tôt ; il laissait au Roi-Voleur l'opportunité de revoir son coup. Trop tard, il n'aurait pas le temps de bouger.
L'acier maudit était venu bloquer le sien, mais se faisant il occupait ses deux mains : quoi qu'il prépare, il y aurait forcément un moment où il serait exposé.


Soudain la lame de fer noir se détacha de sa partenaire. Le bras ombrageux avait amorcé un semblant de mouvement, il ne lui en avait fallu guère plus. Les plaies qui zébraient sa cuisse et son bras le lançaient et chauffaient d'une chaleur froide et sournoise mais il tint bon. D'un geste aussi brusque que sec, il dégagea son écu. Appuyant fort sur la tranche, le Garçon des Bois tâcha d'entamer la paume imprudente, alors qu'il pivotait sur sa jambe, s'arrachant à la trajectoire du premier assaut du Chef de Clan. Sa poitrine se souleva vivement, alors qu'il aspirait encore à l'air. Ca n'était plus aussi impérieux qu'auparavant, cependant il n'avait pas encore eu l'occasion de calmer tout à fait les battements de son coeur. Et il n'en aurait pas la possibilité immédiatement. Il fallait être sot pour sous-estimer le Seigneur du Malin et ce n'était pas ce qu'il avait fait ; ça n'empêchait pas que la vitesse à laquelle il avait réagi. Le Sans-Lignage recula encore une fois d'un pas. Il ne pourrait pas esquiver ce deuxième assaut, mais au moins pourrait-il éviter de se faire écraser le crâne comme on fend une pastèque.


Les phalanges du Dragmire se compressèrent sourdement contre sa joue droite. Les os craquèrent, litanie morbide, alors que le poing broyait sa pommette. Il n'avait pas oublié le goût du sang et pourtant, quand il envahit à nouveau sa bouche, le Fils-de-Personne ne sut retenir un râle. Cette fois-ci, la souffrance n'avait rien à voir avec celles que pouvaient infliger milles épées. Elle avait cet aspect brutal et primitif qu'on ne retrouvait jamais dans le presque-raffinement de l'acier. Il souffla, en proie à ce mal si particulier, alors que son menton se poissait déjà d'un vermeil tiède. L'hémoglobine fuyait son nez, ses lèvres, inondait littéralement le bas droit de son visage. Assommé par la douleur, le vagabond avait cessé de crier et l'imposant silence du chaos reprenait les droits qui étaient sien. Ses yeux se couvraient d'un voile contre lequel il peinait à lutter, sans rien lâcher pour autant. L'équilibre lui faisait à nouveau défaut, mais ça n'était pas un de ses soucis les plus importants : il souffrait comme le dernier des chiens errants et ne parvenait plus à penser convenablement. L'espace d'un instant, l'uppercut de Ganondorf l'avait tiré loin du champ de bataille.


Son bras tremblait, quand il le leva une nouvelle fois pour brandir son épée. Il tenait à grand peine sur ses deux jambes, et sans doute son ennemi aurait éclaté de rire si ça n'avait pas eu le désagréable effet secondaire de faire jaillir ses tripes par le trou que l'acier sacré avait ouvert un peu auparavant. Le Gérudo ne tarda pas à abattre ses deux mains, liées de façon à imiter une masse d'arme. Sans plus aucun fer pour venir entraver la trajectoire de l'alliage céleste, le Héros lança son bras de droite à gauche. La trajectoire coupait perpendiculairement celle du Colosse, de telle sorte qu'il était pratiquement assuré de toucher les avants-bras du Suzerain de l'Ouest ; voir de les décalotter jusqu'à l'os, si la lame mordait assez loin. Avant qu'il ne soit au fait du succès potentiel de sa contre-attaque, l'Homme-parmi-les-Femmes avait déjà reculé. Ce n'est que par après qu'il réalisa que son assaut n'avait pas, ou peu, porté : le même mal que celui qui martelait son crâne lui pilait désormais l'épaule. A moins que ce ne fut le bras ; il n'aurait su dire. Incapable de se repérer encore proprement dans l'espace, il n'avait pas su voir précisément le coup qui avait percuté tant son pectoral que son deltoïde gauche, juste en dessous de cette même clavicule que son ennemi de toujours avait pris un malin plaisir à fracasser, jadis. Il grinça des dents, battant un peu plus en retraite, en portant la main gauche jusqu'à la source de ses tourments. Sur son bras meurtrie et ankylosé ruisselait un petit cours d'eau écarlate qui débutait sur sa gueule-cassée.


Le cuir qui bardait ses doigts s'imbibait de sang à mesure qu'il n'essuyait son menton. L'Hylien se laissa aller jusqu'à cracher une seconde fois pour évacuer tout le liquide qui dormait dans sa bouche. Une gerbe rouge quittait ses lèvres quand la première rencontrait les dunes assoupies mais carmins depuis des heures déjà. Link jeta à Ganondorf un regard aussi dur que la glace et aussi froid que la pierre qui accueille le givre, tandis qu'il resserrait son étreinte sur la hampe de son arme. Il reprenait consistance, maintenant que le choc était passé. Si la douleur continuait d'irradier dans tout son visage à chaque nouvelle vague, au moins ne l'assommait-elle plus. Il avait su tenir quand il avait fallu, pour pouvoir prétendre à se battre encore. Peut être avait-il été aidé, il n'en savait rien. C'était foutrement improbable, mais au plus profond des nuages de la souffrance, il lui avait semblé qu'un rayon avait percé — rayon auquel il n'avait eu de cesse de chercher à s'accrocher.


Ses genoux se fléchirent à peine, quand il s'élança, aussi vif que le prétendaient les gestes et légendes dont il ignorait jusqu'à l'existence. Il se fendit d'un puissant estoc droit sur la plaie qu'il avait déjà ouverte, avant de ramener sa lame vers le bas, tentant d'élargir et d'allonger plus avant la lésion qui barrait le ventre de son ennemi. Sans attendre, il tira le fer béni à lui, et ne comptant plus que sur la lanière qui accrochait le pavois de Zelda à son avant-bras, il jongla subitement. Excalibur gagna sa main droite aussi soudainement que faire se peut. Jamais le Roi-Voleur ne l'avait affronté en tant que droitier, et Link comptait bien profiter de la surprise que provoquerait sans doute ce changement de garde provisoire. Il savait qu'il serait incapable de frapper aussi fort qu'il aurait du, désormais que ses deux bras le lançaient – pour deux raisons différentes, mais bien douloureuses – à ce point.  L'Épée de Légende se teintait de milles reflets, quand il frappa de taille pour trancher le flanc de son ennemi. La Lame Purificatrice regagna la paume gauche du blond aussi prestement qu'elle ne l'avait quitté, dans une mimique qui trahissait toutefois la douleur que lui infligeait l'enchainement. Ce qui n'aurait été qu'un tour de passe-passe des plus aisés dans une autre situation lui demandait dorénavant un effort ô combien amer et lancinant. Tandis qu'il s'apprêtait à pivoter, il reprit complètement possession de son bouclier, non sans grimacer encore. L'Épée de Maître miroitait d'une lueur mortelle quand elle déchira les cieux d'un assaut cyclone. 


Link se relevait, encore. Après avoir été mordu dans sa chair par une lame maudite, après avoir goûté à la force brutale de Ganondorf lui même que décuplait le démon qui le rongeait...Toujours, le héros se relevait. Et pourtant, le gérudo sut que son ennemi souffrait. Le moindre de ses gestes était éloquent et la douleur évidente, à l'oeil d'un guerrier accomplit comme le Seigneur du désert. Aussi risquée que fut son action, elle avait portée ses fruits.
Il aurait été pour autant faux de dire que Ganondorf se voyait gagnant. Toujours autant certain de sa force, il prenait conscience de la valeur de son pire, ou son meilleur, ennemi. Longtemps, il avait cru que Link n'avait pu le terrasser qu'avec la puissance divine de son fragment du courage. Au fond, il prenait le héros pour ce qu'il semblait être : un hylien normal, choisit par Farore pour sa bravoure et investit par elle d'une inspiration guerrière qui décuplait ses capacités. Mais à présent que le fragment du courage se retrouvait sur sa main à lui, Ganondorf comprit que Link était plus que cela. Il semblait promit par le destin à être un héros. Même sans le symbole de la Triforce sur sa main, le jeune hylien restait la seule âme en ce monde qui pouvait décemment se tenir face à lui.


"Il est...l'esprit du héros."

Le démon venait de parler, sa voix brûlante de haine. Le gérudo ne comprit pas ce que cela signifiait ni ce que son tourmenteur voyait chez son adversaire mais cela l'intrigua. Il y aurait sans doute des réponses à ces questions à chercher, lorsque le soleil se coucherait sur cette journée sanglante.

Ganondorf ne sourcilla pas lorsque le héros se jeta à l'assaut une nouvelle fois. Il commençait à être habitué à son style, à ses habitudes. Et ses failles, invisibles aux yeux d'un novice, lui sautaient aux yeux. Presque avec calme, il para le premier coup qui visait sa blessure. Une expression dégoûtée lui vint lorsque l'acier béni, scintillant de mille feux, approcha sa chair. Il la redoutait trop pour se laisser entailler à la légère. Et à présent qu'il avait prit un léger avantage, il n'était pas prêt à le lâcher.
Puis vint la première grosse erreur de Link. Le gérudo n'attendait qu'elle depuis le début du combat et enfin, son ennemi lui offrait une occasion. Car il ne fut pas impressionné le moins du monde de voir le héros changer son épée de main. Au contraire, le sachant uniquement gaucher, il eut un sourire exalté. Cette joie lui venait du fait que lui n'avait pas à se poser cette question. Ganondorf était ambidextre, et Link, en joignant son épée et son bouclier du côté droit, venait de lui ouvrir son côté gauche.

Parce qu'un coup donné de la mauvais main est forcément moins fort mais aussi moins rapide et moins précis, il accepta de l'encaisser, sur son épaule encore intacte. La morsure de l'acier béni fut supportable, le coup ne tranchant la chair qu'en surface, et il en profita pour se servit de l'élan de l'hylien pour donner dans le flanc gauche de Link un violent coup de poing.
Là survint un de ces instants où le temps semble s'arrêter. Où la conscience s'accélère et où le corps réagit plus vite que l'esprit. Car Ganondorf croisa le regard de l'hylien et y reconnu la lueur du héros. L'épée de légende, dans cet espace en dehors du temps, paru résonner et briller de mille feux, d'abord bleus puis aussi rouges que le sang. Le gérudo se rappela de cette botte, qui l'avait déjà blessé.
Aussitôt, il mit un genoux en terre, s'assurant le meilleur appui possible, dressa son épée devant lui comme un bouclier, une main sur sa poignée et l'autre posée sur le plat de la lame afin d'encaisser au mieux le tourbillon qui allait se déchaîner une fraction de seconde plus tard.

Soudain, il y eut comme un éclat de tonnerre. Le sable et la poussière qui entouraient les deux guerriers s'envolèrent d'un coup comme si un vent violent venait de s'engouffrer dans la vallée. Et ce fut le choc. La lame de Link percuta celle de Ganondorf. Une fois. Deux fois. Trois fois... A chaque impact, le gérudo sentait sa résistance faiblir. L'épée de légende semblait crier sa fureur et les vents divins qu'elle provoquait réveillaient la douleur endormie des blessures du gérudo. Son épaule le faisait tant souffrir qu'il manqua faillir... Et le calme revint. Le souffle court, le Roi realisa qu'il avait essuyé la tempête. Des doigts de sa main gauche crispée sur sa lame coulait un long filet de sang, là où les phalanges avaient pressées le tranchant.

Alors, sans prendre le temps de penser ni même d'observer, en une attaque aussi risquée que violente, Ganondorf s'élança du sol, brandissant son épée en estoc, à deux mains. Il n'eut pas le temps d'armer un coup. Il se contenta de bondir sur Link, son arme en guise de bélier. Il ne vit pas où se trouvait l'épée du héros et ne put essayer de l'esquiver. Il espéra que la surprise et la fatigue de son ennemi joueraient en sa faveur. Lorsqu'il fut sur son ennemi, la lame maudite était sur l'épaule du héros.
Enchaînant aussitôt, il lui donna un violent coup d'épaule destiné à l'envoyer au sol avant de lancer un puissant moulinet de son épée au dessus de lui même et de l'abattre sur son ennemi en un coup de tranche verticale mortel.
Pendant tout ce temps, le démon continuait de murmurait.


"L'esprit du héros. L'esprit du héros..."

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