L'audience des diables

Avec Ganondorf Dragmire

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Abel Del Naja


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(vide)

La traversée avait été longue et épuisante. Deux jours durant, en faisant le moins de pauses possible, et avec une escale unique pour dormir quelques heures sous le clair de lune, Abel avait chevauché depuis l’une de ses terres jusqu’aux abords de la vallée Gérudo.

Quelle n’avait pas été sa surprise en découvrant que la terre en question n’était plus sienne ! Les paysans qui y travaillaient l’en avaient d’abord informé à son arrivée là-bas. Il avait giflé le premier en pensant que c’était un vilain mensonge. Tous les autres étaient alors venus à sa rescousse pour crier qu’ils avaient été pillés par des Gérudos, ces femmes du désert que rien n’arrêtait dans la sauvagerie, et qui avaient hurlé joyeusement que cette terre était désormais conquise par leur maître.
Ce fut lorsqu’il découvrit son propre pied-à-terre, pillé et décoré de la marque Gérudo sur le manteau de la cheminée, que le sang d’Abel ne fit qu’un tour. Ni une, ni deux, il avait repris son cheval avec les réserves d’eau et de nourriture nécessaire en direction du désert. Objectif : rendre visite à ces mégères pour leur faire savoir ce qu’il pouvait leur en coûter de s’en prendre aux possessions du grand Del Naja.


-Petites salopes…

Abel serrait le poing tandis qu’il approchait de plus en plus, à califourchon sur son cheval noir, de la vallée Gérudo. Il comptait parlement avec le chef de la forteresse. On l’appelait le seigneur du malin quand ce n’était pas le roi du désert, mais tout cela importait fort peu au monarque venu d’ailleurs. Et à vrai dire, Abel n’était jamais très regardant sur ses relations tant qu’elles lui apportaient quelque chose. Lui-même n’était guère recommandable, sous ses airs de gentilhomme habitué à la cour.
Son cheval ralentit peu à peu sa course, jusqu’à finir par marcher lentement, lorsque ses sabots ne martelèrent plus de l’herbe séchée mais de la roche brûlante. Abel approchait, le domaine Gérudo ne devait plus être très loin. Il était grand temps qu’il arrive à destination, car le soleil était en train de livrer ses dernières lueurs.

Son impression se justifia lorsqu’il parvint enfin à la vallée, traversée par un grand pont en bois qu’une Gérudo gardait sévèrement. A la vue du visiteur, la rouquine mit ce dernier en garde du bout de sa lance.


-N’approche pas, étranger ! Ceci est le domaine du roi Ganondorf Dragmire. Tu ne peux y pénétrer.
-Merci, je sais à qui sont ces terres. Est-ce que cela vous dérangerait d’aller le prévenir qu’un visiteur fortuné désire une audience ?

La gérudo le dévisagea, tout d’abord déconcertée -peu de gens devaient vouloir venir ici de façon volontaire- avant de reprendre farouchement.


-Un visiteur fortuné ?!
-Oui, dépêche-toi d’aller le prévenir, je n’ai pas fait une longue route jusqu’ici pour rester devant ce pont à te regarder.
-Ecoute mon bonhomme, je crains que-…
-Si ton seigneur veut se proclamer roi, la moindre des choses pour lui serait de savoir accepter une audience. Alors va, préviens-le !

La Gérudo semblait rudement emmerdée par le point que venait de marquer cet irrespectueux voyageur. Toutefois, elle finit par faire signe à l’une de ses comparses qui se trouvait sur le pont, lui murmura quelque chose à l’oreille, et se retourna à nouveau vers Abel une fois que l’autre Gérudo s’en alla au pas rapide.

-Et qu’est-ce qu’un visiteur fortuné vient faire ici, au fait ?
-Je viens parler de choses qui ne te concernent pas.

Cet échange jeta un tel froid entre eux qu’il fut le dernier, jusqu’à ce que la seconde Gérudo revienne sur le pont pour faire signe à la garde de laisser passer Abel sur son cheval. Une fois le pont traversé, plusieurs de ces amazones vinrent l’entourer d’un air menaçant. L’une d’entre elles le prévint :

-Notre seigneur n’a pas beaucoup de temps à perdre. Tu devras être bref, clair et concis.

« Ne vous en faîtes aucunement pour ça », pensa-t-il. Il comptait en venir très vite aux faits : Ganondorf avait conquis une terre qu'avait acquis Abel, et celui-ci ne comptait pas en rester là.
L’austère troupe de Gérudos l’accompagna, lui et son cheval, jusqu’au pied de la forteresse – un vieux tas de pierre érigé en forme de gros carrés moches. Abel devina qu’il devait faire très sombre à l’intérieur, surtout maintenant que le soleil était couché. Tant mieux, il préférait la pénombre.


-Descendez, ordonna une Gérudo. A partir de maintenant, une escorte va vous mener jusqu’à notre seigneur.

Abel s’exécuta en silence, tandis que deux Gérudos un peu trop musclées à son goût vinrent à sa rencontre. Puis, en leur charmante compagnie, le riche Del Naja grimpa les marches de pierre pour marcher ensuite dans la cour intérieure. Un lieu qui avait vu de nombreuses âmes périr au cours de sanglants combats, Abel en fut certain.


Tandis que les gardes menaient le téméraire intrus jusqu'à la salle du trône, Ganondorf achevait de détendre ses blessures fraîchement refermées dans un bain parfumé, en compagnie des moins farouches de ses gérudos, dans une ambiance tamisée. Il faut avoir vécu dans le désert pour saisir le plaisir que l'on peut ressentir à reposer ainsi. De fait, le Roi n'était jamais plus détendu et de meilleure humeur qu'en sortant de ses thermes... Sauf si on l'y poussait avant qu'il n'en ait l'envie.
En l'occurrence, le Lion était alors occupé à dévorer des lèvres la nuque d'une de ses lionnes frémissantes lorsqu'une de ses gardes entra dans la salle, d'un pas pressé. Remarquant que son roi était absorbé par sa lionne, elle attendit patiemment qu'il lui accorde le droit de parler. Ganondorf prit son temps, en bon monarque qui sait asseoir en permanence son autorité. Puis, écartant lentement de lui le fruit auquel il goûtait, il se tourna vers elle. Ses yeux d'ambres étaient à moitié fermés, ce qui signifiait soit qu'il était apaisé, soit qu'il était agacé de cette interruption. Après un instant à fixer la garde, il lui fit signe de la main qu'elle pouvait parler. Celle ci choisit avec précaution ses mots et déclara finalement, d'un ton neutre,


« Un étranger qui se décrit comme un visiteur fortuné demande audience, mon Roi. Il s'est présenté seul à l'entrée de la forteresse »

La surprise apparu sur le visage du gérudo, puis l'incrédulité. La garde soutint néanmoins son regard sans laisser paraître aucune émotion et il dut admettre qu'elle était sérieuse et sans doute honnête. Ganondorf eut un moment d'hésitation. Il ramena légèrement l'objet de son désir d'alors vers lui, comme si il voulait se convaincre de continuer son bain, puis il la déposa lentement sur la surface de l'eau où elle dériva jusqu'à l'autre bord. Au final, la curiosité l'emporta sur le confort et il fit signe à ses servantes de venir l'habiller. Tandis qu'il sortait du bassin, elles amenèrent une grande toge noire et or qu'il enfila d'un trait et qu'elles serrèrent à la ceinture avec une étoffe rouge. Le Roi ordonna à la garde de le mener à l'intrus et cette dernière s'engagea aussitôt dans le couloir. Il la suivit, escorté comme en permanence par quatre de ses meilleurs éléments. Leurs pas les menèrent vers la salle du trône et il se félicita d'un tel choix. Rien ne valait cette salle aux hautes colonnes et au grand siège noir pour impressionner un visiteur, même un visiteur aussi insolent.
Les questions commencèrent à assaillir l'esprit du Lion. Qui était cet homme ? Pourquoi venait il ? Avait il menti ? Qu'avait il gardé sous silence ? Etait ce un espion ? Autant d'interrogations qui attendaient des réponses que seul l'intrus lui même pourrait donner. Ganondorf espérait sincèrement pour lui qu'il n'avait pas fait perdre son temps au Roi du désert. On ne pouvait espérer l'interrompre dans ses instants de détente pour rien et s'en tirer en vie.

Finalement, le gérudo parvint à la salle du trône, par une porte à gauche du trône. Aussitôt, les gardes présentes dans la salle se mirent au garde à vous et les deux portes bannières qui encadraient le siège royal levèrent les étendards : Un Lion d'or dans un soleil rouge sur champ noir, l'emblème des Dragmire.
Lentement, Ganondorf s'avança vers son trône, jetant un regard à toutes les gérudos de la pièce. Il ignora avec soin l'homme inconnu qui était toujours encadré de plusieurs de ses soeurs. Finalement, il s'assit confortablement, comme si ce qui l'amenait là n'avait pas la moindre importance, et fixa droit dans les yeux l'intrus. Il y mit toute son autorité, de quoi lui faire comprendre qui était l'unique maître en ces lieux. Après un instant, il prit la parole, d'une voix forte,


« Et bien, cher visiteur fortuné, que venez vous faire dans mon royaume ? »

A dire vrai, Ganondorf savait reconnaître un noble quand il en voyait un et il commençait à se douter des raisons probables de la venue de l'homme. Mais il était curieux de les entendre de sa bouche. Aussi, bien que son regard ait glissé vers une des bannières accrochées au mur de la salle, il tendit l'oreille,

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Abel Del Naja


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Abel avait l’impression qu’on venait de le faire entrer dans une caverne. Il faisait terriblement sombre là-dedans. La lueur des torches accrochées sur les façades en pierre noire projetait des ombres menaçantes derrière les Gérudos qui escortaient Abel. Ils marchaient en silence et leurs pas faisaient peu de bruit – les murs étouffaient le son. Le manège dura quelques minutes jusqu’à ce qu’enfin, les amazones stoppent devant une salle dont les portes avaient été laissées grande ouvertes.
Abel tira une mine agréablement surprise en pénétrant dans la salle ; il ne s’attendait pas à une pièce aussi majestueuse, avec des colonnes si imposantes, après le dédale misérable dans lequel on venait de le perdre. Là-devant, à plusieurs mètres de lui, se tenait le seigneur de la forteresse Gérudo. Sa toge noire et or lui donnait une certaine grâce, mais Abel n’était pas dupe : son corps, son visage, et surtout son regard, tout n’était que force brute. Il le comprit lorsqu’il planta ses yeux dans les siens, mais Abel n’avait définitivement pas affaire à un quelconque ennemi d’Hyrule.


-Et bien, cher visiteur fortuné, que venez-vous faire dans mon royaume ?

Le visage d’Abel s’empara tout d’abord d’une expression à mi-chemin entre la morgue et le sarcasme. Puis il se souvint qu’il devait jouer serré avec l’homme qui lui faisait face, s’il voulait récupérer ses terres achetées.

-Mon nom est Abel Del Naja, et je viens de très loin. Abel s’avança d’un pas sur le long tapis rouge sang qui menait au trône et reprit. Je viens de si loin que j’ai décidé de ne pas repartir. Hyrule est devenu ma nouvelle maison, mais je n’y installe pas que mon prestige, j’y installe également mon territoire.

Sir Del Naja évita de s’avancer encore du trône, mais il soutint le plus longtemps possible ce regard si noir qui appartenait au seigneur du désert. Sa voix s'était faite volontairement théâtrale, parce qu'il aimait se mettre en scène devant un public, mais personne n'aurait pu douter du sérieux avec lequel il venait débattre.

-Votre majesté du désert, pardonnez l’aplomb qui est le mien, mais je suis venu parce que vos troupes ont envahi l’une de mes terres les plus chèrement acquises. Je n’ai aucun mot à dire sur la guerre que vous livrez à l’actuelle souveraine du royaume et ses sbires, ma place ne se situe pas à la table du juge. Je voudrais toutefois pouvoir rester matériellement en dehors de ce conflit qui vous oppose.

Abel eut un mal fou à s’exécuter -sa fierté fut bien trop grande jusque là- mais, par calcul et par diplomatie, il préféra mettre un genou à terre devant Ganondorf. Tout en n’oubliant pas de le soutenir du regard.


-Parce que je tiens à préserver mes terres, je suis venu vous demander de faire un geste. Je suis venu vous demander d’agir pour sauvegarder ce que j’ai réussi à gagner. Je suis venu vous demander simplement, en fait, de ne plus envoyer vos soldats sur mon domaine.

Discrètement sous les pans de sa chemise immaculée, les doigts du seigneur-aspirant se croisèrent. Un seul geste de Ganondorf suffirait pour le faire abattre. Un seul, si le laïus d’Abel lui avait déplu. Il pouvait presque sentir les Gérudos, tout autour de lui, se préparer à l’égorger sur place…


Lorsque l'intrus commença à répondre, Ganondorf cessa de lui imposer son regard, ferma les yeux et écouta. C'était là un moyen simple pour lui de mieux capter la peur chez les autres, car les hommes maîtrisent souvent plus leur corps que leur voix. Or, à l'oreille, l'homme qui venait de prétendre s'appeler Abel ne semblait pas apeuré et affichait un calme surprenant. C'était au choix un excellent acteur ou un homme honnête sur de son bon droit... Peut être un peu des deux. Attentif, le Lion écoutait l'étranger avec comme arrière pensée la ferme intention de déceler le moindre signe suspect, le moins mensonge qui aurait pu laisser penser qu'il avait affaire à un espion ou une vermine de la sorte.
Ce qu'il entendait commençait en fait à l'amuser. Abel prétendait avoir acheté des terres que lui, le Gérudo aurait envahit. C'était une vision des choses complètement éloignée de la sienne, et celui qui lui avait vendu ce domaine ne pouvait pas l'ignorer. Ainsi, malgré ses airs téméraires, Abel semblait bel et bien s'être fait roulé en beauté. Ou bien, il mentait, ce que Ganondorf n'excluait toujours pas. Il remarqua intérieurement que si cette histoire était un faux prétexte pour s'introduire dans sa forteresse, son auteur ne manquait pas d'imagination, mais qu'en revanche l'astuce elle même manquait de finesse.
Le seigneur du désert rouvrit les yeux au moment où l'homme mettait genoux en terre et formulait sa requête, avec un air théâtral que le gérudo appréciait assez.


« Je suis venu vous demander simplement, en fait, de ne plus envoyer vos soldats sur mon domaine. »

Ganondorf eut un léger sourire en coin, puis, réalisant que Abel était sérieux, il éclata d'un rire franc et grave qui fut aussitôt reprit par les gérudos dans la salle. Il fallu quelques instants au gérudo pour se remettre de sa surprise mais lorsque ses éclats s'éteignirent, ceux de ses sbires suivirent et le lieu fut soudain comme écrasé par le silence.
Ca n'était pas qu'une absence de son, c'était une chape de plomb qui s'abattait sur tous les sujets du Roi. Une chape au poids d'autant plus lourd à mesure des instants durant lesquels Ganondorf se refusait à répondre. C'était le même silence qui règne dans un tribunal avant l'annonce de la sentence ou dans une arène lorsqu'un fauve tourne autour d'un supplicié. Car le Lion était bien en train de réfléchir au sort de l'homme devant lui. Penché en avant sur son trône, son regard d'ambre scrutait Abel, son corps comme ce qu'il entrevoyait de son esprit.
Finalement, il se redressa et demanda en claquant des doigts,


« Du vin, pour moi et notre invité. »

Le gérudo avait délibérément insisté sur le dernier mot, afin de l'ironie n'échappe à personne. De fait, Abel venait d'obtenir un répit, mais il n'était pas encore tiré d'affaire, au contraire. Il venait d'éveiller l'intérêt de Ganondorf, ce qui peut être une bénédiction comme le chemin le plus court vers l'au delà. Une fois qu'il eut dans sa main une coupe de breuvage écarlate, il reprit la parole, d'un ton faussement courtois et sincèrement moqueur,

« Messire Abel, votre histoire est émouvante mais hélas, répondre à votre requête me paraît impossible. Car, voyez vous, ces terres sont à moi, et ce par le seul droit que je reconnais ; celui de la guerre. D'ailleurs, comment pourrais je être assuré que votre parole est droite et vos dires avérés ? Avez vous une preuve de ce vous m'affirmez ? »

Le sourire de Ganondorf s'était élargi, laissant apparaître une rangée de dents inquiétante. Intérieurement, le Lion sortait ses griffes. Un léger rire le reprit. Un certain plaisir commençait à poindre : celui du prédateur.

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Abel Del Naja


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Dès l’instant où il discerna le sourire de Ganondorf, Abel sut qu’il allait devoir jouer particulièrement serré. Il sut qu’il ne jouait plus son domaine, mais sa vie. Lorsque le seigneur éclata d’un rire à réveiller les morts, suivi par chacune de ses sujettes, Sir Del Naja resta parfaitement stoïque. Pas un seul muscle, pas une seule ombre ne bougea sur son visage.
Ce fut ainsi qu’il resta lorsque Ganondorf mit fin à l’humiliation qu’il subissait : une statue de chair à genou sur le sol. Le silence de plomb qui s’abattit entre les murs de pierre ne l’affecta même pas. Ganondorf jouait avec ce qu’il considérait comme une proie, mais Abel ne lui laisserait pas le plaisir de le voir déstabilisé.


-Du vin, pour moi et notre invité,
ordonna –t-il d’un claquement de doigt.

Abel haussa les sourcils et afficha un sourire glacial. Il prit la coupe de vin qu’une Gérudo lui tendit en ne regardant que son roi. Il sentait que tenir tête au roi du désert l’interpellerait davantage que de soumettre l’autre genou. D’ailleurs, il abandonna sa position agenouillée pour se remettre parfaitement droit. Ganondorf se moquait ouvertement de lui, autant rester digne.


-Messire Abel, votre histoire est émouvante mais hélas, répondre à votre requête me paraît impossible. Car, voyez-vous, ces terres sont à moi, et ce par le seul droit que je reconnais ; celui de la guerre. D'ailleurs, comment pourrais-je être assuré que votre parole est droite et vos dires avérés ? Avez-vous une preuve de ce vous m'affirmez ?

Abel, toujours théâtral, garda le silence et préféra d’abord boire une gorgée de son verre de vin – la plus étrange invitation à boire qu’il ait jamais pu lui être proposée. Puis, il émit un petit soupir pour appuyer ce qu’il allait dire.

-Il est vrai que, dans le royaume, votre réputation de maître de la guerre n’est plus à faire. Pourtant, je m’attendais à un jugement plus aiguisé et subtil de votre part. Pensez-vous réellement que n’importe quel quidam viendrait se présenter à vous, malgré tout le danger qu’on dit que vous incarnez ? Pensez-vous vraiment que je m’aventurerais seul jusqu’ici, si la raison qui m’a poussé à le faire n’était pas celle que je viens de vous exposer ? Je vous en prie, ne mettez pas si vite la parole de vos invités en doute, si vous désirez être au moins un peu courtois avec eux.

Abel crut sentir le silence peser un peu plus lourd autour de lui. Il avait l’impression d’avoir bien capté l’attention du seigneur Gérudo, toutefois, et il poursuivit ainsi. D’un ton un peu plus ferme, cette fois.


-Un roi comme vous, ou une reine comme Zelda, ne peut prétendre posséder toutes les terres de son royaume. Un souverain n’est rien sans ses nobles. Certes, ceux que j’aperçois par moments à la cour royale seraient bien dispensables à Hyrule -Abel renifla d’un air méprisant- mais ce sont eux qui le font vivre, parfois pour le meilleur, mais en ce moment surtout pour le pire. Laissez-moi mon libre-arbitre sur mes terres, vous ne gagneriez rien à vouloir leur contrôle à tout prix. Un souverain devrait s’occuper d’affaires plus importantes que cela, n’êtes-vous pas d’accord avec moi ?

Le culot, il n’y avait que cela de vrai. Hors de question que Ganondorf considère Abel, le beau Del Naja, comme un autre de ces vermisseaux qui venaient ramper à ses pieds. Cependant, son propos devait rester fin. Pour attiser la curiosité du roi de l’Ouest et pour être en mesure de poursuivre les affaires avec lui, Abel déclara ce qu’il ne pourrait jamais déclarer à la cour royale faussement acquise à la princesse Zelda :


-Et, de toute façon, je ne pense pas avoir quoique ce soit à gagner en voulant lutter contre vous. Cela ne m'intéresse même pas.


Ganondorf haussa ostensiblement un sourcil lorsque le ton de son invité monta au point qu'on y ressenti de l'indignation. La pointe de surprise qu'il en tira fut vite ensevelie par une colère difficilement contrôlée. Qu'un étranger ait le culot de venir demander audience passait encore. Qu'il demande à récupérer des terres conquises par le gérudo était amusant. Mais qu'il dicte au Lion sa conduite, c'était beaucoup en demander à sa patience, comme à son sens du l'humour. Celui ci se redressa sur son trône, en un signe d'agacement que captèrent aussitôt ses soeurs. Un instant, Ganondorf considéra l'idée d'en finir directement avec l'intrus, en usant d'un jugement plus "aiguisé", comme le tranchant d'un sabre. Mais avant qu'il n'ait réellement décidé, Abel usa de mots que le Haut Roi n'aurait pas dû entendre,

- Un roi comme vous, ou une reine comme Zelda, ne peut prétendre posséder toutes les terres de son royaume. Un souverain n’est rien sans ses nobles.

La coupe de vin du gérudo tomba de sa main. Ganondorf fit à peine attention au reste du discours de l'inconscient. Son sang s'embrasait de fureur devant l'insolence - non ! L'impudence ! - de son invité. Ca n'était pas assez que de remettre en cause son esprit, voilà qu'il remettait en cause son autorité et sa puissance ! Le Lion serra les poings si fort que ses ongles s'enfoncèrent dans la chair de ses paumes. Sa jambe se mit à trembler légèrement, sous l'effet impérieux de la colère. Derrière l'homme, les gardes gérudos s'approchèrent, n'attendant qu'un ordre pour agir. Mais ce dernier semblait décider à parler.

- Laissez-moi mon libre-arbitre sur mes terres, vous ne gagneriez rien à vouloir leur contrôle à tout prix. Un souverain devrait s’occuper d’affaires plus importantes que cela, n’êtes-vous pas d’accord avec moi ?

D'accord ?! Mais que s'imaginait il, cet effronté ? Qu'un Roi comme lui pouvait se laisser avoir par quelques mots maladroits et insolents ? Que le Grand Ganondorf était incapable de gouverner un pays ? A mesure que les secondes passaient, le Lion semblait toujours plus décidé à abattre sa proie.

-Et, de toute façon, je ne pense pas avoir quoique ce soit à gagner en voulant lutter contre vous. Cela ne m'intéresse même pas.

Le seigneur d'ambre sembla relâcher un instant la tension en lui, puis il ferma les yeux. Dans les braseros, les flammes s'agitèrent, d'abord timidement puis avec vigueur. Soudainement, elles jaillirent en colonnes de feu jusqu'au plafond de la salle. Ganondorf rouvrit alors les yeux et se leva. Sa haute stature dominait toute la pièce et son regard aurait embrasé le désert lui même. La voix qu'il éleva était alors profonde et trahissait une grande colère contenue,

« Lutter contre moi ne t'intéresse pas... Et pourtant tu viens bafouer ma grandeur jusque dans ma forteresse. Le Lion fit un pas en avant. Tu veux me prendre le fruit de mes conquêtes et le soustraire à ma volonté ? Un autre pas. Tu prétends que je ne suis rien sans des "nobles" sous ma volonté ? Tu remets en cause mon jugement ? »

A chaque question, Ganondorf s'approchait. Finalement, il arriva devant Abel. Malgré la belle taille de l'étranger, le gérudo le toisait largement de haut. Il lui suffisait de serrer ses mains puissantes autour de cette nuque fragile et il n'aurait plus à subir d'insolences. Un simple effort d'un instant et il pourrait retourner à son bain, ou aller préparer sa nouvelle offensive. Et pourtant, quelque chose l'en retint. Était ce la flamme qu'il lisait dans l'oeil d'Abel ? Était ce son orgueil de Roi qui lui interdisait d'agir sous le coup de la rage ? Ou bien son intuition voulait elle arrêter son geste ?
De fait, Ganondorf demanda d'une voix où perçait sa colère,


« Admettons que tu n'es ni un espion ni un menteur, que pourrais tu m'apporter ? Chaque gérudo ici pourrait gouverner mes terres pour mon compte. Donne moi une bonne raison de faire de toi un noble de MA couronne. »

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Abel Del Naja


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L’espace d’un instant, la pièce sembla gelée par le dernier laïus d’Abel. Hormis lui et le maître de la forteresse, plus personne n’osa faire le moindre mouvement. Puis la tempête brisa le calme ; les braseros s’enflammèrent, comme pour accompagner la fureur dont Ganondorf fut possédé. Abel réalisa à quel point il était grand lorsqu’il se leva de son trône.

-Lutter contre moi ne t’intéresse pas… Et pourtant tu viens bafouer ma grandeur jusque dans ma forteresse. Tu veux me prendre le fruit de mes conquêtes et le soustraire à ma volonté ? Un autre pas. Tu prétends que je ne suis rien sans des "nobles" sous ma volonté ? Tu remets en cause mon jugement ?

Le seigneur s’approchait dangereusement de lui, les yeux presque injectés de sang et la mâchoire durcie, prête à mordre, comme celle d’un lion. Abel ne fit pas un mouvement et fit de son mieux pour conserver son sang-froid, mais de toute évidence, il n’aurait jamais dû provoquer cet homme. Peut-être venait-il de signer son arrêt de mort.
Ganondorf stoppa son avancée juste assez près pour pouvoir dominer Abel d’une large tête. Le noble venu d’ailleurs regretta soudainement d’être allé jusqu’ici, dans l’antre d’une bête humaine prête à le déchiqueter. Le regard du Gérudo perça le sien. Sa voix profonde, presque gutturale, l’immobilisa encore davantage.


-Admettons que tu n'es ni un espion ni un menteur, que pourrais-tu m'apporter ? Chaque Gérudo ici pourrait gouverner mes terres pour mon compte. Donne-moi une bonne raison de faire de toi un noble de MA couronne.


Hormis la mâchoire d’Abel, aucun autre muscle de son corps ne parvint à briser cette paralysie provoquée par… Oui, la peur. Pour la première fois depuis longtemps, Abel ressentait de la peur.


-Une bonne raison…
commença difficilement Abel.

Toujours dominé par la haute stature de Ganondorf, il cherchait à la fois ses mots et ses idées.


-Eh bien… Je suis peut-être noble par le sang et par les mœurs, mais je sais fort bien me battre. Mieux que l’on ne pourrait s’imaginer. Si je dois garder mon statut de noble et si je dois conserver le contrôle de mes terres, par mon serment de fidélité envers vous… Je suis prêt à le faire.

Sentant que cela ne serait pas suffisant pour attiser l’intérêt du roi Gérudo, et avec la peur toujours au ventre, Abel se permit d’en rajouter.


-Fréquentant la cour royale de la princesse Zelda, je peux y devenir vos yeux et vos oreilles. Je n’ai jamais prêté de serment à la couronne qu’elle porte. Et puisqu’il vaut mieux être d’une honnêteté entière avec vous, autant vous le dire… Tâcher mes mains de sang ne me dérange aucunement. Bien au contraire.

Si les membres d’Abel étaient glacés, et si la peur lui retournait toujours l’estomac, cette fois, quelque chose s’était remis à brûler dans son regard. Quelque chose de profondément féroce, sauvage et déterminé.


- Fréquentant la cour royale de la princesse Zelda, je peux y devenir vos yeux et vos oreilles. Je n’ai jamais prêté de serment à la couronne qu’elle porte. Et puisqu’il vaut mieux être d’une honnêteté entière avec vous, autant vous le dire… Tâcher mes mains de sang ne me dérange aucunement. Bien au contraire.

Le visage du Lion s'était adouci au fur et à mesure que l'étranger parlait, et l'atmosphère s'en était détendu. Ganondorf commençait à considérer d'un autre oeil celui qu'il avait prit pour un insolent parfaitement inconscient. Le gérudo avait dans son regard cette lueur brillante qui peut être un bon présage comme le signe d'un grand danger, pour celui sur lequel ces yeux d'ambres étaient posés. De fait, le Roi entrevoyait un futur possible pour Abel qui ne serait pas sa mort, un futur où le noble pourrait lui être très utile. Il resta plusieurs longues secondes à le fixer, interdit mais un léger sourire aux lèvres. Puis finalement, il se retourna et reparti vers son trône. Se faisant, il répondit,

- Bien au contraire, dis tu. Quoi, le meurtre te sied comme la chasse pour tes pairs nobles ? Si tel est le cas... Il arriva à son trône et se réinstalla dans une pose confortable et négligée, Pourquoi ne pas l'avoir dit plus tôt ?

Une ironie bien placée, car ça n'était évidemment pas cela qui avait fait changer d'avis Ganondorf. Ce détail n'était que la cerise sur le gâteau. Le Roi appréciait bien plus l'idée d'un espion au sein de l'élite de ses ennemis. Nonchalamment, il reprit sa coupe de vin et la vida d'un trait, avant d'ordonner d'un geste que l'on le resserve. Il continuait à observer Abel, tachant de voir en lui le guerrier, le tueur qu'il disait être. Le gérudo pouvait sans doute décider de le croire sur parole, étant donné sa carrure et son allure musculeuse qui n'avait rien de celle des nobles hyliens. Si les premiers serviteurs de Zelda étaient en général mous et peu aguerris, Abel affichait le corps, le maintien et la confiance d'un vétéran. Néanmoins, le Lion était peu disposé à lui accorder ainsi sa confiance. Pas aussi facilement en tout cas.
Après tout, l'homme ne désirait rien de moins qu'une place de choix à ses côtés. Et si sa loyauté se devrait d'être testée plus tard, au moins sa valeur pouvait elle apparaître immédiatement. Il suffisait de le mettre à l'épreuve. Ganondorf hésita un instant sur le moyen, puis, s'étant décidé, il déclara,


- Suis moi.

Le gérudo se leva et attendit que son invité l'ait rejoins pour se diriger vers une porte, opposée à celle d'où il était entré plus tôt. Le couloir sur lequel elle donnait était en pente descendante, et il n'était que faiblement éclairé, ce qui empêchait d'en voir le bout. Ganondorf posa une main sur l'épaule d'Abel et lui murmura, avec malice,

- Tu te trouve à un croisement de ta vie, Abel. Si tu marche avec moi jusqu'au bout, tu ne pourras plus faire demi tour. Pense y à mesure que tes pas t'éloigneront de l'autre chemin.

Et sans attendre sa réponse, Ganondorf s'engouffra dans le couloir. Les ténèbres l'enveloppèrent, et le gérudo fut soudain en dehors de sa forteresse. Il leur donna aussitôt leurs instructions et les chargea de le mener, lui et Abel dans un lieu qui lui était familier depuis longtemps. Un instant plus tard, les ombres se dissipèrent et le Lion se retrouva à nouveau dans un lieu qui avait marqué son corps des années durant. Un désert parfaitement blanc, au ciel parfaitement noir, parcouru de rocs écarlates, qui sortaient des dunes comme des dents acérées. Ce paysage s'étendait ainsi jusqu'à l'horizon, et au delà. C'était son monde. Celui que ses mères sorcières l'avaient aidé à former étant enfant afin qu'il puisse s'endurcir, et devenir digne de son destin.
Il ne laissa pas la nostalgie l'envahir et alla s'installer sur la plus haute dent, qui dominait largement le désert. Là, Ganondorf attendit. Et déjà, il sentait ses monstres s'agiter. Cette chasse là serait certainement passionnante.

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Abel Del Naja


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Jusqu’au bout, jusqu’à ce que Ganondorf relâche toute la tension présente dans la pièce par un simple changement de regard, Abel crut que sa dernière heure était arrivée. La colère dans ses yeux fut remplacée par un certain intérêt où le noble aspirant devinait une ambiguïté : que pourrait-il bien faire de lui ?

-Bien au contraire, dis-tu. Quoi, le meurtre te sied comme la chasse pour tes pairs nobles ? Si tel est le cas... Pourquoi ne pas l'avoir dit plus tôt ?

Ganondorf partit se rasseoir quelques instants sur son trôle pendant qu’Abel se détendait intérieurement, tout en gardant une posture parfaitement droite. Il pouvait sentir le seigneur du malin analyser le moindre détail chez lui, et de cela son sort en dépendrait. Souhaitait-il vraiment inclure Abel dans ses rangs ? Cela ne dérangerait aucunement ce dernier, tant qu’il conservait du pouvoir, de l’argent et de l’influence sur Hyrule. De plus, il préférait se ranger aux côtés des forts.

-Suis-moi, fit soudain Ganondorf en se levant du trône et en se dirigeant vers une porte située derrière.

Abel le rejoint d’un pas droit, pour se trouver face à couloir descendant duquel il ne put voir l’autre bout. Les ténèbres régnaient au-devant des deux hommes. Abel sentait qu’il allait être mis à l’épreuve, ce que confirma Ganondorf d’une main sur son épaule :


- Tu te trouves à un croisement de ta vie, Abel. Si tu marches avec moi jusqu'au bout, tu ne pourras plus faire demi-tour. Penses-y à mesure que tes pas t'éloigneront de l'autre chemin.


Abel n’avait pas peur. Ganondorf n’avait eu le temps de faire quelques enjambées que le noble aspirant le rejoignit d’un pas décidé.


-Les demi-tours ne mènent jamais à rien dans une vie. S’il le faut, je suis prêt à marcher avec vous.


Abel ignora si cette réponse plut au seigneur Gérudo, puisqu’il garda le silence, mais il l’emmena avec lui plus profondément dans les ténèbres. Toutefois, Abel ne s’attendit pas une seule seconde à ce qu’ils trouvèrent au-delà.

-…Ceci n’est pas la réalité, ai-je tort ?


Abel avait l’impression, non, le sentiment, qu’il avait traversé le miroir du monde. Les couleurs habituellement vives du désert avaient pris des teintes de mort. Il était passé du monde de la lumière à celui des ombres… Et Abel ne tarda pas à le vérifier. Un instant après que Ganondorf se soit perché sur un roc écarlate qui s’élevait dans un ciel parfaitement noir et insondable, quelque chose émit un bruit à quelques mètres derrière lui.


Marcher avec lui ? Ganondorf avait souri en entendant l'écho de la voix d'Abel, déformé par les ombres. Le noble se méprenait encore si il pensait pouvoir avancer autrement que dans l'ombre de son seigneur, mais l'avenir se chargerait de lui enseigner cette leçon... Si il survivait à cette journée, ce qui n'allait plus de soit, à présent. Le gérudo le vit avec intérêt parvenir dans le désert qu'il dominait à présent. Abel ne semblait pas apeuré mais il considérait avec étonnement et méfiance le monde qui l'entourait. Ganondorf commençait à se demander si cet homme pouvait ressentir de la peur, comme les autres mortels. Si oui, il n'allait sans doute pas tarder à la révéler.
Le Lion faisait durer le suspense, gardant à distance les forces qui peuplaient ce lieu et n'auraient fait qu'une bouchée de l'hylien. Ce dernier attisait tant leur appétit que le Roi dut plusieurs fois investir la force de son esprit en plus de l'autorité de maître qu'ils lui reconnaissaient d'ordinaire.


-…Ceci n’est pas la réalité, ai-je tort ?

Même si l'observation en elle même tombait sous le sens étant donné l'apparence du désert, Ganondorf compris ce qu'Abel avait voulu dire. Il avait commencé à saisir le sens de ce paysage et pourquoi le gérudo l'avait amené là. Alors, ce dernier relâcha ses barrières et laissa passer deux êtres. Ces derniers, deux chimères, des monstres semi-lions, semi-drakes, jaillirent aussitôt du sable blanc en poussant un rugissement assourdissant. Elles entouraient Abel et commencèrent à tourner autour de lui. Ganondorf prit alors la parole, et elles se refusèrent à attaquer tandis qu'il parlait,

- Ceci n'est pas ta réalité, mais tout y est réel, à sa manière. Disons simplement que tu es dans un lieu entre les mondes, qui m'appartient car je m'en suis rendu maître. Ici, je suis Dieu. Je peux être juste... Par sa simple volonté, il fit apparaître l'arme favorite d'Abel dans la main de celui ci.... Ou pas.

Aussi vite qu'elle était apparu, l'arme retourna au néant. Tandis que Ganondorf riait à gorge déployée, les chimères s'approchèrent d'un pas. Mais avant qu'elle aillent plus loin, le Seigneur du Désert poursuivit,

- Ici, je pourrais te vouloir vieux et faible et tu ne pourrais que plier devant ma volonté. Je tiens ta vie entre mes mains, Abel, même sans ces chimères pour se jeter sur toi. Il ne te reste plus qu'un chemin sur lequel avancer à présent.

Le sourire de Ganondorf avait laissé place à une expression plus solennelle. Alors, l'arme revint dans les mains du noble tandis que le gérudo se levait. Soudain, il leva les bras au ciel et des dents écarlates sortirent aussitôt du sable en un cercle autour d'Abel et des monstres, comme une arène digne d'un combat de héros.

- Tu m'as dit être un combattant valable, que le sang n'effraye pas. Prouve le. Remporte cette épreuve et tu auras gagné ta place à mes côtés.

Dés que le dernier mot eut franchi ses lèvres, les chimères se jetèrent sur l'Hylien.

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Abel Del Naja


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Deux créatures surgirent soudainement du sable immaculé, confirmant que Ganondorf comptait tester Abel. Qu’était-ce ? Des lions ? Non, pas tout à fait, les deux choses ne l’étaient qu’à moitié…

-Ceci n'est pas ta réalité, mais tout y est réel, à sa manière, expliqua le seigneur du malin pendant que ses créatures tournaient autour du noble. Disons simplement que tu es dans un lieu entre les mondes, qui m'appartient car je m'en suis rendu maître. Ici, je suis Dieu. Je peux être juste... Ou pas.

Une épée était apparue dans la main gauche d’Abel, avant de retourner inexplicablement au néant une seconde plus tard. Ganondorf éclata d’un rire sonore qui se répercuta contre les dents écarlates érigées dans le sable. Les chimères se rapprochèrent légèrement.

-Ici, je pourrais te vouloir vieux et faible et tu ne pourrais que plier devant ma volonté. Je tiens ta vie entre mes mains, Abel, même sans ces chimères pour se jeter sur toi. Il ne te reste plus qu'un chemin sur lequel avancer à présent.
-…Il semblerait bien que oui, en effet.

Abel commençait à comprendre dans quel pétrin il s’était jeté tout seul, en venant rendre visite au seigneur du désert. Nom d’une déesse, il ne s’était pas attendu à une journée pareille, pas plus qu’il n’avait cru finir dans une autre dimension.
Deux épées fines réapparurent finalement dans sa main, juste au moment où d’autres dents écarlates surgirent en un éclair autour de lui et des chimères. Le combat allait commencer. Abel sentait l’adrénaline remonter en lui. Depuis combien de temps n’avait-il plus ressenti cela ?


-Tu m'as dit être un combattant valable, que le sang n'effraye pas. Prouve-le. Remporte cette épreuve et tu auras gagné ta place à mes côtés.

Enfin. Au dernier mot prononcé, les deux créatures se jetèrent enfin sur Abel dont les lèvres s’étirèrent en un sourire franc. Un combat, il n’en espérait plus ! Les deux monstres voulurent d’abord le prendre d’un côté comme de l’autre, mais le noble les prit par surprise en effectuant une roulade avant. Les deux monstres n’eurent pas le temps de rétracter leurs griffes et se blessèrent mutuellement. S’écartant ensuite l’une de l’autre en rugissant de douleur, les deux choses fixèrent Abel d’un regard puissamment meurtrier. Il venait tout juste de les énerver.

-Venez…


Une épée dans chaque main, Abel prit ses appuis sur le sable blanc tandis que les deux chimères montraient les crocs. Ses yeux bleus se concentraient sur leur musculature, calculant le moment où celle-ci se déploierait. A l’instant T, Abel imita les deux monstres et bondit lui aussi en avant, ses griffes à lui déployées. Au moment d’atterrir, ses épées laissèrent une trainée écarlate sur leur passage. Il venait de taillader sévèrement le flanc des deux animaux, quand leurs griffes avaient déchiré les manches de la chemise d’Abel sur tout leur long. Il avait été plus véloce qu’eux d’une fraction de seconde.
Voulant absolument leur faire payer d’avoir abîmé son beau vêtement, le noble contre-attaqua le premier. Jambes propulsées et bras tendus vers l’avant, il fonça si vite sur le monstre à sa gauche qu’il parvint presque à le surprendre. La chimère balança toutefois une de ses griffes, qui lui aurait déchiqueté le visage si Abel ne s’était pas baissé à temps. Puis, le noble planta les siennes. Son épée gauche se fraya un chemin ensanglanté dans la patte droite du monstre, un instant avant que son épée droite découpe les griffes de sa patte gauche. La bête hurla, sa gueule béante et puante s’ouvrit pour engloutir Abel, qui profita de cet instant pour enfoncer son épée dans sa gorge. Un effroyable rugissement de douleur traversa l’infinité du désert blanc.


-Viens-là ! cria Abel à l’attention du deuxième monstre, pendant que le premier s’effondrait sur le flanc avec une lame coincée entre ses crocs.

La chimère bondit plus vite qu’Abel ne le prévit, et ses griffes lui lacérèrent le dos alors qu’il effectuait une roulade. Retenant un cri de douleur et serrant les dents, le noble aspirant fit face à son adversaire en effectuant des pas de côtés. Tous les deux tournèrent quelques instants autour d’un point central, les yeux dans les yeux.
Les ailes de la chimère se déployèrent sans crier gare, et Abel dut faire un large bond de côté pour éviter l’attaque. Reculant à petit pas, il laissa la bête approcher de lui, préparant son mouvement final…


-Allez !!

L’animal répondit à la provocation. Abel effectua une dernière roulade avant pour passer sous la trajectoire de l’animal, tendit son épée vers le ciel, et inonda presque tout son corps d’hémoglobine. La pointe de son arme avait ouvert le ventre de la bête, du poitrail jusqu’au bassin, la faisant s’écrouler en boule juste derrière lui.

Abel se releva lentement, ses habits détrempés par le sang, son visage recouvert. Le noble étranger passa une langue vicieuse sur ses lèvres assoiffées, et avala le sang de la chimère. Levant la tête vers Ganondorf, il ne lui adressa plus qu’un regard féroce, ainsi qu’un seul et unique mot :


-Encore.


-Encore.

Un frisson s'empara de Ganondorf lorsqu'il entendit Abel l'interpeller ainsi. Le gérudo avait pu apprécier avec satisfaction sa potentielle recrue manier ses épées légères. Et de fait, il était content de sa décision de le tester lui même car il assistait à un spectacle délicieux qu'il se serait voulu d'avoir manqué. Ce style de combat associant agilité, vitesse et précision pouvait se tranformer en une véritable danse lorsqu'il était correctement maîtrisé. Le Lion se rappelait bien s'y être entraîné lui même dans ses jeunes années, et si il lui préférait à présent le maniement d'armes plus lourdes, il savait reconnaître un combattant doué quand il en voyait un. De plus, ce style était plus plaisant à observer et Ganondorf ne s'en était pas privé. Du premier instant jusqu'au dernier souffle de la seconde chimère, le Roi s'était délecté du talent d'Abel.

Et voilà que l'artiste en redemandait. Il n'en fallait pas plus pour que l'imagination du maître des lieux n'en soit stimulée. Se délectant par avance de la suite, le gérudo commença à donner forme à une idée. Les chimères étaient des adversaires si récurrents que les invoquer ne lui demandait aucun effort. Il ne pouvait en dire de même pour ce que sa volonté tentait de faire naître en ce monde dégénéré. Alors, il en profita pour demander au guerrier,


« Dis moi, Abel, que désires tu le plus au monde ? Parle franchement. »

Ganondorf le savait bien : tout homme est prêt à accepter un prix, même pour ce qu'il espère ne pas avoir à vendre. Abel semblait adorer sa liberté, et le Lion allait lui demander de la sacrifier et de la remplacer par une loyauté infaillible. Le prix que lui demanderait le noble serait le sien.

« Je te donnerais tout ce que ton coeur peut espérer. Tout ce que tu désire. »

Des paroles qui avaient rendu fou plus d'un homme et en avaient conduit beaucoup à leur perte. Seul un dieu pouvait se permettre d'énoncer une telle promesse mais Ganondorf l'avait fait en connaissance de cause. Après tout, n'était il pas destiné à rejoindre le panthéon des immortels ?

« Ton épreuve continue, Abel. Que le ciel soit rouge ! »

Soudainement, l'idée de Ganondorf prit vie. D'un coup sortit du sable un géant à forme vaguement humaine, constitué de chair et de rocs, au regard de braise et possédant un joyau d'ambre sur le front. Haut comme vingt hommes, il se mouvait lentement mais chacun de ses gestes laissait voir sa force titanesque. Ce mythe rappelé à la vie était vieux comme le désert, et il l'incarnait fidèlement. Son regard se porta sur Abel et il poussa un rugissement assourdissant. Du haut de son rocher, Ganondorf souriait, une expression de douce folie sur son visage.

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Abel Del Naja


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Abel en fut presque certain : il avait vu l’ombre d’un sourire sur le visage de Ganondorf. Etait-il en train de plaire au maître du désert ?

-Dis-moi, Abel, que désires-tu le plus au monde ?
demanda Ganondorf avec un intérêt qu’il ne pouvait dissimuler dans sa puissante voix. Parle franchement. Je te donnerais tout ce que ton cœur peut espérer. Tout ce que tu désires.

Le noble aspirant tressaillit. Comment de tels mots, prononcés par une telle personne, n’auraient pu électriser l’ambitieux qu’il était ? Son cœur se mit à battre un peu plus fort, et la déclaration du seigneur noir provoqua en lui un sursaut d’adrénaline pratiquement semblable à celui qu’il avait eu pendant son premier combat.


-Je ne désire rien de plus que mener la vie que j’entends mener, répondit-il en maintenant ses yeux levés vers Ganondorf. Une vie dans laquelle aucun plaisir ne m’est interdit. Et il n’y a qu’une seule chose qui permette d’accéder à ce genre de vie : le pouvoir. Donnez-en-moi assez et je serai plus qu’heureux de vous jurer fidélité. Donnez-en-moi assez pour qu’une terre de votre royaume soit mienne, assez pour que ma bourse soit toujours pleine, assez pour m’abriter des lois humaines.

C’était bien cela ; Abel ne demandait rien d’autre qu’une vie simple où le plaisir seul comptait. Ganondorf comprendrait sans qu’il ait besoin de s’expliquer : l’abriter des lois humaines signifiait lui permettre de s’en détourner. En clair : Abel était en train de demander à son éventuel futur souverain qu’il lui donne le permis de tuer, sans avoir de compte à présenter. Les combats clandestins qu’il pratiquait autrefois, dans son pays, lui paraissaient bien peu comparés à ce que Ganondorf était capable de lui proposer.
Le seigneur du désert, d’ailleurs, avait silencieusement écouté Abel comme il l’avait toujours fait ce soir. L’œil calculateur et le sourire vicié, il sembla préférer ne rien répondre au noble pour le moment. Il continuait de l’analyser, Abel le savait.


-Ton épreuve continue, Abel, finit-il par annoncer. Que le ciel soit rouge !

Un tremblement faillit faire perdre son équilibre au noble Del Naja. Du sable blanc sortit soudainement une créature monstrueuse de trente mètres de haut, un géant dont l’énorme corps était majoritairement fait de rochers incassables.

-Vous ne faîtes pas dans la demi-mesure… déglutit Abel.

Il ne parvenait même pas à voir la tête, fut-elle humaine ou monstrueuse, de la créature gigantesque. Celle d’Abel n’atteignait même pas la taille de ses orteils rocailleux.


-Eh bien, il y’a du travail !

Aussi haut qu’il fût, le géant entendit l’exclamation ahurie d’Abel. La créature souleva alors un énorme pied au-dessus de sa tête, prêt à l’écraser dans le sable comme un humain se serait préparé à écraser un insecte. Courant à perdre haleine, Abel évita de justesse le pied du géant qui fit trembler la terre et s’envoler le sable. Englouti dans un océan de graviers blancs, Abel eut du mal à s’en extirper et à en retirer son épée. Les cadavres des chimères ayant disparu sous tout le sable soulevé, il lui serait impossible de retrouver la seconde ; Abel allait devoir se débrouiller contre le géant avec une lame unique. Mais comment s’y prendre ? Comment attaquer quelque chose que rien ne semblait pouvoir briser ou ne serait-ce que faire s’agenouiller ? Sa lame allait se briser à coup sûr contre son corps rocheux !
Un poing lourd se leva dans le ciel obscur et Abel faillit bien ne pas l’apercevoir. L’étranger noble courut à nouveau sur le côté pour esquiver la nouvelle attaque du géant, sauf que cette fois, il survola l’avalanche de sable provoquée par la secousse en se perchant sur un rocher. Le tremblement fut tel qu’il manqua de perdre l’équilibre.

Décidant de prendre le plus de recul possible pour avoir une vue d’ensemble de son adversaire, de ses pieds jusqu’à sa tête, Abel se faufila le plus rapidement et le plus discrètement possible loin de lui. Mais une fois qu’il vit vraiment ce qu’il devait affronter, son cœur tomba comme de la pierre dans son estomac.
Le golem invoqué par Ganondorf défiait tout simplement l’imaginaire. Pour ainsi dire, il dépassait de très haut tout ce que le plus fou des sorciers hyliens aurait pu créer. Pour la première fois, Abel commença à mesurer les formidables capacités magiques de Ganondorf. La mise en garde de ce dernier résonna dans son esprit :

-Ici, je pourrais te vouloir vieux et faible et tu ne pourrais que plier devant ma volonté. Je tiens ta vie entre mes mains, Abel.


C’était horriblement vrai… Abel le réalisait, ça aussi. Mais il était quand même hors de question pour lui de ployer le genou.
Ployer le genou…


-Ho, rebus de la Création ! cria Abel à l’attention du géant. Ouais toi ! Viens, je suis là !

Le géant poussa un gémissement profond qui fit vibrer les os d’Abel dans sa chair. S’approchant lentement et dangereusement de l’endroit où il avait couru, le géant ne parut guère prêter attention au petit manège d’Abel, qui partit se réfugier sur la pointe de l’un de ces rocs écarlates en forme de dents géantes. Chacun de ses pas provoqua une secousse qui rendit difficile le maintien d’Abel sur cette dent.
Enfin, lorsque le géant se fut suffisamment approché de lui, il leva comme prévu l’un de ses deux énormes poings pour écraser Abel, qui sauta de la dent pour s’éloigner au dernier moment. Courant le plus vite et le plus loin possible, il pria pour que son stratagème fonctionne et que sa théorie soit juste.
Le beuglement qui s’éleva dans l’immensité désertique le confirma.

Le géant était aussi fait de chair sous son armure de rochers et la pointe du roc s’était insinuée, comme une douloureuse épine, dans la jonction de ses deux plus grands doigts. Il avait maintenant le genou posé sur la dune et le poing toujours planté sur la dent géante. Une première ouverture !
Escaladant le poing du mastodonte et se hissant sur le dos de sa main, le noble Del Naja ne tarda pas à courir au plus vite sur son avant-bras difforme. Long à la détente, le géant ne remarqua que trop tard le petit humain qui remontait son bras, et son autre main ne parvint même pas à l’attraper. Abel atteint sans grand problème le creux de son cou, puis sa nuque, et enfin le haut de son crâne toujours composé de rochers discontinus. C’était sans compter sur la volonté de se relever du monstre.

Accroché à la surface irrégulière du crâne, Abel sentit tous ses organes se soulever de l’intérieur lorsqu’il vit se vit décoller du sol. Les dunes blanches s’éloignèrent de sous ses pieds, et il se retrouva très vite à trente mètres de hauteur, en train de lutter pour sa survie sur la tête d’un colosse pouvant raser les plus grandes cités en un instant. Qu’allait-il faire, maintenant ?!
Sa salive resta coincée dans sa gorge lorsqu’Abel vit l’énorme main du golem se lever dans le ciel d’encre. Il allait le balayer de son crâne comme un fétu de paille ! Abel devait trouver son point faible dans la seconde, mais il n’en avait perçu aucun sur le corps de cette monstruosité !

Poussé par l’énergie du désespoir, le cerveau d’Abel redoubla de vitesse dans sa réflexion, et ce fut à ce moment précis qu’il se souvint d’un détail : le joyau d’ambre que le monstre portait sur son front. Etait-ce possible que la magie du seigneur Gérudo passe par là… ?
C’était maintenant ou jamais.
Son épée toujours serrée au creux de sa main, l’étranger courut sur la large surface du crâne du golem, évita sa main in extremis, et se laissa glisser sur le front étrangement bombé de la créature jusqu’au joyau qu’elle portait sur le front. Ne pouvant y demeurer stable longtemps alors que se mouvait toujours le titan -il était comme sur un tout petit rempart en haut d’une falaise-, Abel n’hésita plus, et planta son épée dans l’ambre géante.

La créature hurla. Abel s’accrocha au joyau juste avant qu’il n’agite les bras, marche bruyamment à reculons, et tombe finalement à la renverse. La chute du colosse sur le sable aurait pu être audible d'un royaume entier, et faire tressauter des maisons entières. Une véritable tempête de sable souffla jusqu'à des dizaines de mètres de hauteur, et il dût falloir une minute entière à Ganondorf pour qu’il puisse enfin distinguer une ombre à travers ce brouillard sablonneux.

Alors que son arme s'était brisée en même temps que l'ambre, Abel se tenait sur le front du golem inerte. Droit, fier, les poings serrés, prêt à continuer.


-Vous ne faîtes pas dans la demi-mesure…

Du haut de son roc, Ganondorf eut un rire narquois. En effet, se restreindre n'était pas dans sa nature, d'autant plus lorsqu'il disposait comme alors d'un monde dont il était le maître absolu. Il se demanda un instant si il n'avait pas vu néanmoins trop grand pour Abel. Si le gérudo était honnête avec lui même, il se serait avoué que le Titan était une épreuve hors de portée de la plupart des combattants que portait cette terre. La victoire aisée de son invité contre les chimères l'avait poussé à réviser ses intentions premières mais le Lion se rappelait avoir lui même risqué la défaite contre le géant, une fois, il y avait bien longtemps.
Néanmoins, il décida de faire confiance à son intuition. Tandis que le combat démarrait en dessous de lui, le Roi se remémora le détail de l'épreuve. Les chimères pour tester sa habilité au combat, le Titan pour son  esprit et son inventivité... Il resterait un dernier combat à mener, si Abel vainquait. Ganondorf sourit à nouveau, ayant arrêté son choix pour le troisième duel.

Il fut tiré de ses pensée par un grand tremblement du roc, auquel il s'agrippa pour ne pas en chuter, suivi d'une immense vague de sable blanc. Le Lion se rétablit, une main toujours crispée autour du sommet de la dent de pierre, et observa que le coup du Titan n'avait pas atteint Abel. Néanmoins, ce dernier se retrouvait à moitié désarmé et avait manqué d'être englouti par le désert. Ganondorf se demanda à nouveau si il avait vu juste. Le géant attaqua à nouveau de son immense poing, lent mais si grand qu'il fallait à Abel courir juste pour l'éviter. Nouveau tremblement, nouveau répit pour le noble.

Le Lion commençait à perdre l'espoir de voir son invité vaincre lorsqu'il attira l'attention du géant. Intrigué, Ganondorf s'approcha, courant et sautant de roc en roc afin de s'approcher. Il comprit l'intelligence de la ruse au moment où le Titan lança son coup, lent et si lourd qu'il ne saurait l'arrêter en plein mouvement. La douleur de la bête à l'impact fut telle qu'elle poussa un hurlement comme rarement le gérudo en avait entendu. Sous ses pieds, la pierre rouge se fendilla tandis que le souffle du Titan l'atteint comme une bourrasque de vent. Mais le père des Dragmires ne se laissa pas distraire. Il observa avec excitation Abel profiter de son avantage et grimper sur le Titan tandis que ce dernier était absorbé par sa blessure. Ganondorf ressentait un mélange de sentiments contraires inhabituel chez lui. Comme un spectateur de combat d'arène, il éprouvait en vrac de la crainte, de la joie, de l'impatience... Et il adorait ça. Lorsque la main du géant s'approcha de sa tête, il cru Abel condamné, mais lorsqu'il le vit, lui, aller vers le joyau d'ambre, il ne put retenir une exclamation,


« Vas y ! Haha ! Frappe ! »

Comme une foule observant un duel à mort, Ganondorf voulait du sang. Il voulait voir sa créature tomber, se tordre de douleur, implorer Abel. Ca n'était pas tant une marque de sympathie envers le noble qu'un réflexe de spectateur qui finit toujours par supporter l'un des deux camps. Et entre les deux, le Lion avait fait son choix.

Ce fut le bon. La lame s'enfonça dans le joyau, l'essence vital de la créature, son lien entre Ganondorf. Sans contact avec son maître pour le maintenir en vie, le Titan n'eut le temps que de hurler avant de chuter, lourdement, comme une montagne tombée soudainement sur la terre. Le gérudo sentit les fondations de son monde trembler mais il lutta pour préserver son équilibre. Une vague de sable l'atteint en plein visage mais il s'approcha à son roc, concentré sur la préservation de son désert.
Lorsque ce dernier fut apaisé, et que le sable fut retombé, Ganondorf vit Abel, dressé fièrement sur le cadavre du Titan. Il en eut un léger frisson, et commençait à saisir l'étendue du potentiel du noble. Il se redressa et déclara d'une voix forte et solennelle,


« Félicitations, Abel. Tu as triomphé de ton deuxième combat. Il ne te reste plus qu'un seul adversaire. »

Ganondorf arracha alors les manches de sa robe, fit jouer ses épaules, et sauta de son roc. Lorsqu'il atterrit, le sable s'envola, révélant un cercle de pierre gravé de symboles gérudos.

« Moi. »

Le Lion n'avait pas d'armes, il n'en avait pas besoin. Il fit signe à Abel de le rejoindre dans le cercle et montra le bijou, orné d'un joyau d'ambre, qui cerclait son front. C'était là le but du noble : parvenir à le frapper au même endroit que le Titan. Mais ce que Abel avait vaincu n'était qu'un serviteur. Ganondorf, lui, était l'unique Seigneur du Désert. Il se mit en garde et attendit.

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Abel Del Naja


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-Félicitations, Abel. Tu as triomphé de ton deuxième combat. Il ne te reste plus qu'un seul adversaire. Moi.

Cette fois, quand il vit le seigneur du désert descendre de son roc pour se placer devant lui, Abel déglutit. En venant vers le centre du cercle de pierre, le noble se sentit intimidé l’espace d’un instant, et il lui fallut se ressaisir.

-Vous devez avoir bien du temps à perdre pour en venir à vouloir vous battre vous-même avec moi,
argua Abel d’une voix détachée.

Il n’en menait pas large en réalité. Mais puisque le seigneur du désert venait de décider qu’il le combattrait, Abel n’avait plus rien à perdre pour quelques petites provocations. Restait à savoir comment le Gérudo réagirait, lui qui s’était si facilement mis en colère plus tôt.
Ganondorf venait de montrer du doigt son front sur lequel scintillait un ambre, semblable à celui que portait le golem géant.


-Je risque de vous faire mal !


La déclaration sonna comme le début du combat. Abel se jeta à mains nues sur le seigneur du désert et entra dans une lutte de force physique, en guise de premier test. Un essai peu concluant : le Gérudo repoussa aisément les mains d’Abel en les écrasant pratiquement au creux des siennes.
Reculant d’un bond en arrière, l’étranger se mit à tourner autour du seigneur Gérudo avec les mains prêtes à parer n’importe quelle frappe de sa part.


-Vous êtes un animal réellement plus fort que les trois précédents, se permettait Abel presque sur le ton de la détente. Jamais personne ne m’a écrasé les mains de la sorte.

Démarrant une feinte, Abel fit semblant de s’attaquer à Ganondorf en bondissant directement vers lui, mais un second bond sur le côté le décala de toute attaque physique possible, et lui permit de venir avec sa véritable attaque. Glissant sa jambe sur le sol pierreux pour donner un coup avec la plante du pied sur la cheville du seigneur noir, Abel ne s’arrêta pas là, et se propulsant sur les deux mains, il remonta son autre jambe pour asséner un second coup de pied dans le menton de Ganondorf.

La jambe parfaitement détendue, le pied en l’air et la tête en bas, Abel fit une dernière tentative offensive alors qu’il était toujours élancé dans les airs. Comme un éclair, le tranchant de sa main fendit le maigre espace qui se trouvait entre lui et son adversaire, et il tenta ainsi de frapper l’ambre que portait le Gérudo sur son front…


-Je risque de vous faire mal !

Ganondorf l'espérait bien, mais il attendait cependant de voir ce que le noble avait gardé en réserve afin de choisir comment il allait mener le combat. Il ne lui servait à rien d'user de toute sa force puisque le but était de juger de la valeur d'Abel. Le gérudo pensa toutefois avec une pointe d'amusement qu'un ou deux coups pourrait suffire à imposer sa supériorité. Mais ça n'était pas ainsi qu'on imposait son autorité, pas à un homme comme celui qui venait d'abattre un Titan. Abel était fier, presque orgueilleux et cela faisait sa force. L'abattre physiquement revenait à le briser tout entier, et donc à gâcher son potentiel.
De fait, le Lion cherchait, en l'affrontant, à mesurer une qualité du noble qu'il n'avait pu entièrement mesurer. Ce dernier, visiblement décidé à aller jusqu'au bout, changea d'expression et de regard. Son visage devint plus dur, et Ganondorf sut qu'il était prêt. Il se plaça en garde.

Aussitôt, Abel lui fonça dessus, avec rapidité mais le gérudo s'y attendait et ses mains trouvèrent celles du noble, qu'elles pressèrent avec force. Pas assez pour les briser, mais suffisamment pour que son invité puisse mesurer sa force. Abel se jeta en arrière et commença à tourner autour de Ganondorf. Les deux hommes étaient comme des fauves qui se jaugent et se tiennent prêt à bondir à l'assaut ou pour esquiver.


-Vous êtes un animal réellement plus fort que les trois précédents. Jamais personne ne m’a écrasé les mains de la sorte.

-Tu n'avais jamais rencontré d'homme comme moi.

La voix du Lion était restée stoïque mais la comparaison avec ses créatures l'avait piqué au vif. Malmené dans son orgueil par ses quelques mots, il vit avec satisfaction Abel bondir sur lui, espérant ainsi le punir pour cette insolence. Mais le noble feinta au moment où Ganondorf lançait son poing. Avant qu'il ait eu le temps de comprendre le mouvement d'Abel, celui ci frappait à la cheville, faisant grogner le gérudo sous la douleur. Un second coup au menton lui faisant se mordre la langue provoqua un nouveau murmure douloureux. Mais le talent d'Abel ne lui permis pas d'aller plus haut.
Alors que sa main s'approchait du front de Ganondorf, ce dernier le saisit au poignet, bloquant ainsi son mouvement. Aussitôt, il saisit la jambe qui l'avait frappé au menton. Abel ainsi immobilisé, le Lion tourna sur lui et le lâcha brusquement, l'éjectant presque en dehors du cercle de pierre, sur lequel le noble retomba lourdement. Ganondorf essuya un filet de sang qui coulait de la bouche, conséquence du dernier coup d'Abel.


- Rapide. Téméraire. Précis. Mais que se passe t'il si on te vole l'initiative ?

Alliant la parole au geste, le gérudo fonça alors sur Abel et le pressa par des coups vifs et rapides des paumes de ses mains, forçant le noble à parer en continu. Puis, il tenta de le faucha par une balayette et de profiter de la surprise pour le saisir à la chemise et le passer passer au dessus de lui pour mieux le renvoyer de l'autre côté du cercle.

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Abel Del Naja


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(vide)

La prise de Ganondorf tout autour de son poignet, puis de sa cheville lui coupa presque le souffle. C’était trop tard, il l’avait eu. Tournoyant sur lui-même, Ganondorf le relâcha d’un seul coup et Abel atterrit sur ses pieds de justesse. Sa cheville fut néanmoins douloureuse, preuve de la force avec laquelle le seigneur du désert venait de le balancer.

-Rapide. Téméraire. Précis. Mais que se passe-t-il si on te vole l'initiative ?

Abel serra les dents et eut à peine le temps de placer ses deux bras devant son visage pour parer de puissants coups donnés par Ganondorf. Il n’était pas l’adversaire le plus difficile à contrer en raison de sa vitesse d’attaque légèrement inférieure à celle d’Abel, mais sa force phénoménale lui arracha bientôt des grimaces de douleur.
A force de se protéger des coups du Gérudo, ses avant-bras commencèrent à lui faire très mal. Il ne tiendrait plus longtemps. Occupé par cette perspective, le noble venu d’ailleurs tomba stupidement dans le panneau et fut fauché par une balayette qu’il n’avait pas vue venir.

Comprenant à peine ce qui était en train de lui arriver, Abel réalisa tout juste à temps ce que Ganondorf effectuait. Avec ses grosses mains refermées sur les pans de sa chemise sale et déchirée, Ganondorf fit décoller Abel du sol, mais il oublia visiblement de prévoir une contre-attaque – à moins qu’il ne fit exprès de laisser une ouverture ?
Le prenant à son tour par surprise, Abel s’engouffra dans la faille laissée par la projection du Gérudo, et plaça habilement son pied pour frapper sa tête en plein dans le front, alors même qu’il passait par-dessus son épaule.

Cette fois, le noble Del Naja retomba lourdement dans le sable et la poussière, sans savoir s’il avait atteint sa cible.


La lourde chute d'Abel arracha à Ganondorf un sourire satisfait. Il fit jouer ses muscles et s'apprêtait à revenir à l'assaut lorsqu'il ressenti étrangement le souffle du vent sur son front. Machinalement, il y porta la main et se rendit compte que le bijou qui y trônait auparavant gisait alors sur le sol de pierre.
Le silence s'installa, pendant un long instant qui ne semblait pas en finir. Le gérudo ne parvenait pas à comprendre ce qui venait de se passer. Il était dans son monde, jouait selon ses propres règles, dominait largement son adversaire et pourtant... Pourtant Abel venait de gagner.

Le Lion s'approcha, s'accroupit et prit le bijou entre ses mains. Il n'admettait pas s'être fait vaincre aussi facilement. Il avait l'impression d'être un enfant dont on vient de se jouer. Ses poings se crispèrent sur l'or et le métal précieux se brisa en plusieurs morceaux. Alors, le regard de Ganondorf se posa sur Abel. Un regard noir ou brûlait sa frustration, son mécontentement.
Au dessus d'eux, le ciel se fissura. Derrière le voile noir apparu une vive lumière écarlate qui illumina le désert blanc. Les dents de pierre virèrent au noir profond tandis que le vent se levait, faisant tourbillonner des dunes entières. Le Roi se releva et reprit sa route en direction d'Abel. Chaque pas semblait provoquer un séisme, chacun de ses souffles donnait plus de force aux bourrasques. Finalement, Ganondorf fut devant Abel.
Le noble ne tremblait pas.


« Bienvenue chez les Lions. Bienvenue chez toi. »

Son visage s'adoucit et le monde autour d'eux s'apaisa.
Le gérudo étreignit Abel avec force, ne le relâchant qu'après quelques instants.


« Tu auras ce que tu m'as demandé. En retour, je n'exige que ta loyauté et ton bras pour soutenir ma cause. »

Des terres, une place à Hyrule et dans son clan, Abel avait tout obtenu en quelques mots du Lion. Celui ci avait lui même du mal à concevoir qu'un presque inconnu s'était hissé en moins d'une heure aussi haut. Mais le noble avait mérité. Une première épreuve pour juger sa valeur au combat, une deuxième pour son intelligence et sa ruse, une troisième pour sa volonté et la dernière pour son courage. Si il avait tenté de fuir le courroux apparent du gérudo, Abel aurait échoué.

« Tu es un Dragmire à présent. »

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Abel Del Naja


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(vide)

Abel retomba cette fois lourdement sur le dos, avec tant de puissance qu’il faillit en avoir le souffle coupé. Mais peu importait ! Ses lèvres s’étiraient en un large sourire victorieux. Il venait de gagner.
Il fut visiblement le seul à en tirer de la satisfaction.

Ganondorf s’approchait déjà de lui avec une lenteur calculée, son front désormais nu se plissant de colère. Jusqu’à présent si calme, le ciel se fendit en une lumière écarlate qui colora le sable du désert d’un reflet rouge comme le sang. Le vent se leva, le sol trembla. Tout n’était plus que prélude à une apocalypse, ce monde allait s’écrouler sur lui-même et Abel était sur le point de mourir…
Quitte à mourir parce que le roi du désert ne souhaitait souffrir d’aucune défaite, autant le faire avec dignité. Abel se releva promptement, le dos aussi droit que pendant sa parodie d’audience qui avait précédé le combat. Il était venu se jeter dans la gueule du lion, et alors ? Jamais personne ne ferait ployer les genoux du noble Del Naja, ni ne ferait trembler ses jambes.
La peur de la mort sourdait bel et bien dans son ventre, ce qu’Abel dissimulait du mieux qu’il pouvait. Même lorsque Ganondorf lui fit enfin face, à moins d’un mètre de lui, aucun de ses membres de bougea. Le noble demeura marmoréen.


-Bienvenue chez les Lions. Bienvenue chez toi.


Avant même qu’Abel ne comprenne ce qui se passait, le roi du désert l’enlaça de ses énormes bras pour le plaquer avec force contre lui. Autour d’eux, le désert était redevenu un monde de noir et de blanc.


-Tu auras ce que tu m'as demandé. En retour, je n'exige que ta loyauté et ton bras pour soutenir ma cause.

La victoire éclata dans les yeux bleutés d’Abel. Il n’était pas sûr de comprendre ce qui était en train de lui arriver, mais la partie lucide encore active de son cerveau le lui soufflait : il venait tout juste de passer dans les rangs rebelles du royaume d’Hyrule, avec tout le pouvoir que même un ambitieux tel que lui aurait pu désirer. Les terres en Hyrule, le statut de noble, la permission de tuer… Abel n’aurait pu reconnaître comme roi que celui qui lui aurait donné tout cela.

-Tu es un Dragmire à présent, conclue Ganondorf, solennel.

Jamais Abel n’avait ressenti autant de gratitude pour quelqu’un. Il trouva alors la réponse qui lui sembla la mieux appropriée pour l’exprimer ; le noble Del Naja s’agenouilla exceptionnellement devant quelqu’un. Un genou à terre, la nuque baissée, Abel prêta serment.


-En vous reconnaissant comme mon unique roi, je fais de mon bras le soutien de votre cause. En soutenant votre cause, mes yeux et mes oreilles deviennent les vôtres. Mon ombre même sera la vôtre. Je jure de vous être fidèle jusqu’à ce que la mort, donnée par votre main ou par celle d’un autre, m’emporte.

Peut-être était-cela qu’il avait inconsciemment désiré en venant dans l’antre du lion aujourd’hui, du pouvoir et du respect donnés. Lui qui était une forte tête, se mettre au service de Ganondorf et marcher derrière ses pas ne le dérangeaient nullement. Sans doute était-ce grâce à l'honneur que le Gérudo venait de lui offrir, ou grâce à la fascination que lui-même ressentait pour sa force, sa fierté, ou sa volonté incassable de régner.
Abel leva un dernier regard vers celui de son nouveau roi lorsque celui-ci le lui permit. Après s'être affrontés et jaugés, il sembla finalement que les deux hommes allaient très bien s’entendre.


- En vous reconnaissant comme mon unique roi, je fais de mon bras le soutien de votre cause. En soutenant votre cause, mes yeux et mes oreilles deviennent les vôtres. Mon ombre même sera la vôtre. Je jure de vous être fidèle jusqu’à ce que la mort, donnée par votre main ou par celle d’un autre, m’emporte.

De douces paroles, qui auraient pu sonner comme fausses si Ganondorf n'avait lu la sincérité dans les yeux de son nouveau fidèle et senti l'émotion dans cette voix grave et belle. Le gérudo invita Abel à se relever, le prenant par les épaules comme un père ferait avec un fils dont il est fier. Et de fait le Lion était très satisfait d'avoir écouté la voix de sa raison et de ne pas avoir cédé à la colère, lorsqu'il se tenait face au noble dans la salle du trône. Il s'en était fallu d'un rien, et finalement son clan accueillait un nouveau membre, de choix !
En y réfléchissant bien, abandonner à Abel ce qui était à présent ses terres de plein droit n'était qu'un maigre sacrifice en comparaison de ce qu'il pourrait apporter. Un combattant fort à la volonté dure comme l'acier, capable de s'infiltrer chez ses ennemis.


- Mes yeux et mes oreilles...

Une idée naissait dans l'esprit du Lion. Et dans le monde où ils se trouvaient, son imagination enclenchait des mécanismes de forces considérables. Abel n'en avait certainement pas conscience, mais l'univers de Ganondorf était en plein travail à mesure que son idée prenait forme.

- Ton ombre et la mienne...

Le gérudo avait souvent tenté de ramener dans le monde réel des créations du sien, toujours sans succès. Au mieux pouvait il y modifier des objets, qui finissaient de toute manière par revenir à leur état d'origine avec le temps. Ganondorf s'était presque résigné à l'idée qu'un mortel ne pouvait imposer sa volonté au dessus de celle du cosmos. Mais il n'était à présent plus un simple mortel. Il était homme, mais pas seulement.
Les deux triangles d'or sur sa main s'illuminèrent, d'un éclat presque aveuglant. La lumière qu'ils émettaient semblait tourbillonner en s'accélérant. Elle faisait trembler le désert, vibrer les dents de roche, onduler le ciel. C'était le monde intérieur du gérudo tout entier qui se transformait.


- Tu seras nos yeux et nos oreilles à la cour. Une ombre dans le dos de nos ennemis. Soudain, deux sources de lumières firent éclater le ciel noir et enveloppèrent les deux hommes, Ta mission sera périlleuse... Tu auras besoin de ceci.

Ganondorf ouvrit ses mains devant lui. La lumière s'intensifia jusqu'à en devenir insupportable pour des yeux mortels. Néanmoins, le gérudo gardait les siens ouverts. Il usa de toute la puissance de ses fragments de la triforce, l'essence de sa semi-divinité, pour donner forme à son idée. Un masque d'acier, lisse, simple, mais couvert de symboles sans cesse changeant. Les formes mouvaient, disparaissaient, variaient selon l'angle où on l'observait. Le Lion, satisfait, le tendit à Abel,

- Le premier de mes présents. Ce masque des illusions te sera utile. Il est ma première véritable création, et il te faudra revenir l'imprégner de ma puissance régulièrement. Ne laisse pas son apparente banalité te berner, Abel. Avec lui , tu seras la plus grande terreur de nos ennemis.

Des gouttes du sueur parcouraient son front, son souffle était court, ses yeux fatigués. Créer lui avait demandé plus de forces qu'il ne l'avait prévu. Mais le simple fait de s'être hissé à la cheville des dieux donnait au grand Lion une force inédite. Il se sentait capable de tout, et cette folie apparaissait dans son regard.

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