L'Ombre et la Flamme

[Rp avec Dark Link, ouvert aux Dragmires]

[ Hors timeline ]

« Bon retour parmi nous, mon roi. »

Ganondorf n'accorda qu'une moitié de regard à Aveil, son humeur ne lui permettait pas plus. La gérudo ne s'en formaliserait d'ailleurs pas, elle devait bien en avoir pris l'habitude, après toutes ces années à côtoyer son roi. Choisie par lui pour être son bras droit, et son amante régulière, elle conservait en permanence cet esprit de dévotion à son égard qui l'opposait tant à Nabooru, et en faisait la plus fidèle de toute la tribu.

« Vos appartements sont prêts, si vous voulez vous reposer. »

Là, le Lion fut plus attentif. Il se retourna vers elle et fit glisser sa main rugueuse sur la joue si douce de la gérudo, avant de s'enfoncer dans la forteresse, sans rien ajouter de plus. De fait, Ganondorf ne désirait rien de plus qu'un lit et beaucoup de vin pour oublier les trois jours et trois nuits de traversée presque sans interruption dans un désert en pleine tempête. Si il avait pu, le roi aurait retardé son départ de la citadelle noire, mais la date choisie pour son prochain projet à Hyrule était trop proche pour cela. Au final, la tempête avait duré et sans doute était ce la bonne décision que de ne pas en attendre la fin, mais la patience et la bonne humeur du lion sortaient toutes deux anéantis d'un voyage plus que pénible.
Le roi demanda alors d'une voix rocailleuse,


« Comment avancent les préparatifs ? »

« Bien, seigneur. Le sorcier a bien reçu vos directives, chacun de vos enfants se prépare pour son rôle et la troupe de nos soeurs se prépare. »

Ganondorf tourna à un embranchement de couloirs, en direction de ses appartements, et réalisa soudain que le vent du désert ne pouvait plus l'atteindre. Enfin. Même un homme tel que lui n'en pouvait plus de sentir le sable s'écraser contre sa peau et ses vêtements. A présent, les murs sa forteresse le protégeaient. Il resta silencieux jusqu'à ce qu'il arrive devant la grande porte qui marquait l'entrée de son domaine privé. Là, il se retourna pour déposer un baiser sur le front d'Aveil avant de lui déclarer, las,

« Merci. Laisse moi un peu seul. »

La gérudo sourit, avant de saluer puis de s'en aller. Ganondorf l'observa quelques instants, elle et ses formes. Il n'était pas habitué à ce genre de gestes, trop affectifs, mais Aveil tenait à cette relation privilégiée avec lui. Juste avant de quitter son champ de vision, elle se retourna et lui déclara, assez sombre,

« Vous devriez recevoir une visite sous peu... l'ombre. »

Ganondorf hocha la tête et elle disparue, le laissant seul avec sa fatigue. Le Lion entra alors dans son sanctuaire, la dernière phrase de sa favorite raisonnant dans son esprit. L'ombre. Un être étrange, bien plus que les deux derniers. Les gérudos ne l'appréciaient pas. Elles ne pouvaient apprécier un être qui naissait de l'absence de soleil, c'était hors de leur portée. Lui, le sorcier, savait. Il connaissait les ténèbres et ses enfants. Et si il avait rappelé par trois fois son serviteur d'antan, ça n'était pas pour rien. Bien sûr, ils ne restaient jamais les mêmes, chacun possédait ses traits, sa différence - là résidait leur charme - mais tous s'abreuvaient à la même source, qu'ils en aient conscience ou non.

Le Lion laissa son regard embrasser la vaste pièce quelques instants, luxueuse, chaude, toute dédiée à son confort et à sa personne. Amas de coussins, lits, bains, braseros, râteliers, cartes militaires, garde robe royale... Tout ce dont il pouvait avoir besoin était là, à portée de main. Le privilège des rois : ne jamais manquer de rien. Et pourtant, Ganondorf avait toujours l'impression de manquer de tout. Sauf en cette soirée de lassitude où il se laissa choir sur un lit sans attendre.
Puis, il sentit une présence approcher, une aura qu'il connaissait bien. Son regard se porta vers le bassin d'où son invité arriverait sans doute. L'ombre avait toujours eu un certain goût pour les entrées théâtrales. Le lion lui déclara, légèrement moqueur,


« Je t'en prie, entre, c'est ouvert. »

Ganondorf se releva et s'humidifia le visage avec l'eau d'une bassine prés de son lit. Dans que la surface du liquide redevint lisse, un visage sombre s'y dessina. Le visage de son pire ennemi, mais doté d'un regard bien moins hostile... Du moins le gérudo le pensait il. Sa voix fut plus dure lorsqu'il ajouta, agacé,

« J'espère que tu n'es pas en train de jouer avec moi... »

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« Je suis une ombre, mais le soleil ne me fait pas peur. »

~~~~~~~~~~~~~

Il leva sa main vers le ciel un instant, cachant l’astre lumineux qui l’éblouissait, sans pour autant que cela ne soit la raison pour qu’il ne le dissimule. La journée, certes, il se sentait toujours un peu faible. Presque lunaire, quoique cela était plutôt une bonne plaisanterie pour un jour. Sa fatigue se montrait plus vite, sa lassitude d’autant plus, et il ne parvenait pas à être ce qu’il était la nuit ; ce que l’on attendait de lui, un combattant qui se relèverait toujours pour satisfaire les souhaits de son Maître. Pourtant, il ne disparaissait pas. La lumière qui éclairait le monde ne lui faisait pas mal, ne le brûlait pas. Tout au plus, elle lui donnait excessivement chaud, comme une flamme un peu trop proche, mais il ne fondait pas. Cela ne prouvait-il pas qu’il était bien plus qu’une ombre ? Un être à part entière. Son expression de neutralité se brouilla un peu, affichant une moue presque contrariée alors qu’il replaçait son bras derrière sa tête. Il avait pris le temps de s’allonger un instant. Le petit coin d’herbe chatouillait doucement son cou et ses mains, et les quelques manifestations de Gleipnir derrière lui l’apaisaient dans ce grand moment d’ennui.

Cela faisait des jours… Des jours qu’il n’avait pu voir son Maître ! Et, comme un enfant privé de son parent, il en était irrité. Mais c’était ainsi, et la petite part adulte de sa personne le forçait à ne rien montrer, à part cette moue. Cette fameuse moue qui se transforma rapidement en un visage beaucoup plus las alors qu’il fermait les yeux. Comme conscient de son état presque touchant, l’étalon s’avança vers son maître et vint poser son museau humide sur sa joue. Peut-être pour lui dire de se relever, de ne pas se lamenter de la sorte. Le Reflet du Héros – par les Déesses, qu’il détestait ce surnom ridicule – rouvrit les paupières, et accepta finalement la demande implicite de l’animal, s’aidant de la bride pour se redresser.

Encore un peu de patience…


~~~~~~~~~~~~~

« - Moi ? Jouer avec vous ? Jamais ! »

Ce souvenir lui était revenu alors qu’il émergeait, contrôlant sa vitesse pour ne pas sembler trop impatient. Son visage affichait un sourire un peu trop heureux pour ne pas le trahir. Sa satisfaction était grande. Ils étaient réunis, et cela réussissait à le soulager. Cela pouvait paraître ridicule – je vous vois vous moquer, c’est mal. –, mais il n’en avait que faire. Il n’y aurait pas de témoin, de toutes manières, pas vrai ?

« - Comment pourrais-je penser une seule seconde à jouer avec vous ? Ce n’est pas mon genre. »

Pas avec lui, tout du moins. Ses pas le guidèrent jusqu’à lui, sans pour autant trop s’avancer. Il gardait une certaine distance entre eux pour ne pas incommoder son chef, mais si cela ne tenait qu’à lui, il serait venu proche, bien plus proche. Cette personne, celle-là, lui donnait une vie. Et une vie parfois ennuyeuse, mais une vie tout de même. Et pour cela, il lui vouerait toujours un grand respect, peut-être même plus, une forme d’amour, paternel, proche, durable.

« - Vous devez être épuisé, mais je tenais tout de même à vous rendre visite pour m’assurer que tout allait bien. »

Et, plus égoïstement, se satisfaire personnellement en se rendant auprès de lui.

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« - Moi ? Jouer avec vous ? Jamais ! »

Ganondorf fixa l'ombre de son regard d'ambre, l'air interdit. Jamais. Jamais il ne s'habituerait à voir ce visage jaillir de l'eau, celui de son plus grand ennemi, celui du Héros... Non, pas exactement. Au premier coup d'oeil, la ressemblance était frappante mais une fois la surprise dépassée, on percevait les différences fondamentale entre cet être et le porteur de lumière. Ce regard, cette expression assurée en permanence... Ca n'appartenait pas à Link. Observer son double revenait à regarder un acteur bien différent jouer son rôle en portant un masque, un masque parfait. Mais rien ne pouvait reproduire ce que le Lion avait vu parfois dans les yeux de son némésis.

« - Comment pourrais-je penser une seule seconde à jouer avec vous ? Ce n’est pas mon genre. »

Le gérudo resta interdit, figé. Avec son fils d'ombre, il ne parvenait pas toujours à savoir sur quel pied danser, à défaut d'avoir pu le cerner. Le fait qu'il en ait sorti plusieurs des ténèbres abyssales ne l'aidait en rien. Cependant, son sourire semblait trop sincère pour laisser penser à une mauvaise plaisanterie. Il s'approcha, à une distance qui convenait assez au gérudo, c'est à dire assez pour que ce visage familier ne le trouble pas trop.

« - Vous devez être épuisé, mais je tenais tout de même à vous rendre visite pour m’assurer que tout allait bien. »

Ganondorf soupira, confirmant les mots de l'ombre d'un souffle. Oui, il était éreinté, son esprit embrumé par la fatigue et ses muscles ralentis. Il avait même congédié Aveil alors qu'il ne refusait d'ordinaire jamais une nuit de compagnie lorsqu'il revenait du désert. Mais il avait conscience de l'attachement de son fils à son égard, et comme un père parti longtemps loin de chez lui, il savait que son absence avait pu être mal vécue.
Le Lion ne s'excusait pas, il n'avait pas à le faire. Mais au moins tachait il de soigner la plaie avant que les doutes et la solitude ne l'infectent. Il s'assit donc sur le lit et répondit, plus doucement qu'il en avait l'habitude,


« Tout va au mieux pour moi, comme toujours. Ma route est longue et semée d'obstacles, j'ai appris à ne pas m'appesantir sur ce qui peut me faire trébucher. Mais toi, te fais tu à ce monde ? Cela doit te changer, n'est-ce pas ? Les autres... Ganondorf s'interrompit, se rappelant que les anciens détestaient qu'on leur parle de leurs semblables, ... Qu'importe ce que les autres pensaient. Qu'en pense tu, toi ? »

Le Lion se leva et s'empara de deux verres en cristal qui trônaient sur une table à côté d'un pichet de vin. Sans doute le cadeau d'un Hyrule pour que le roi gérudo daigne épargner son lopin de terres non loin de la vallée... Un cadeau intéressé, comme toujours. Ils l'étaient toujours. Un instant, Ganondorf remplit alors les deux verres tout en réfléchissant.
Lorsqu'il se retourna et en tendit un à son fils, il lui demanda, sa curiosité transparente,


« Je me suis souvent demandé... Pourquoi as tu répondu à mon appel, lorsque tu es venu au monde ? L'incantation te promettait une vie, je sais. Mais qu'en attendais tu, de cette vie ? »

Il porta le verre à ses lèvres, but une gorgée et le reposa, son regard fixé sur l'ombre, imperturbable. Ganondorf était ainsi lorsqu'il chassait la vérité, tel un lion prêt à bondir.

« Qu'en attends tu maintenant ? »

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Même les plus grands guerriers pouvaient avoir un instant de faiblesse. Et à cet instant, celui de son maître ne lui semblait que justifié. Après un si long voyage, il devait n’avoir qu’une seule envie, se reposer en silence. Mais que voulez-vous, les enfants ne font jamais ce qu’on leur demande, et les ombres encore moins. En tout cas, celle-ci comptait bien rester, au moins un petit moment. Le temps de combler ce vide qui s’était formé au fil des jours passés sans apercevoir ce regard ambré posé sur lui. Cela le rassurait. Qui avait dit que les êtres de ténèbres ne pouvaient pas avoir quelques faiblesses eux aussi ? La sienne était là, devant lui. Une faiblesse comme une force, au fond.

Ses pensées furent bien vite distraites alors qu’il fronçait les sourcils. Comment ça, « les autres » ?! Ce sujet, peu importe par qui il était évoqué, avait le pouvoir de lui hérisser le poil comme rien d’autre. Il n’avait pas envie d’en parler, et si c’était pour discuter de ça, alors autant partir ! Mais la suite des paroles de son supérieur le calma. Le regardant se lever, il réfléchit un instant.

« - Ce monde… Oui, il me change beaucoup. C’est tout autre chose que ce que j’ai pu connaître. Mais parfois, c’est distrayant de chercher à le comprendre. Il est tellement compliqué et simple à la fois… Lumineux et sombre… » Un rire passa ses lèvres. « Et les Hyliens sont si drôles, parfois. »

Jamais il ne cesserait de s’émerveiller devant la diversité de ces petites bêtes. Certaines étaient bonnes, bonnes à en mourir pour leurs proches, leurs amants, leurs enfants, leur stupide Princesse blonde. Et d’autres étaient mauvais, mauvais comme les personnes qu’il côtoyait un peu depuis sa « naissance ». Cela aurait pu s’arrêter là, mais non ! Il y avait tellement de nuances entre ce tout blanc et ce tout noir. Des nuances qu’il lui plaisait de découvrir au fur et à mesure, à observer de loin, parfois de près en s’aventurant auprès des populations, sans trop se faire voir. Il prit le verre qu’on lui proposait, remerciant son maître d’un sourire, avant de boire une gorgée, écoutant sa question suivante. Ses yeux s’écarquillèrent un peu.

« - Vous y pensez souvent ? » demanda-t-il assez simplement, surpris. « Eh bien… Au départ, je ne voulais qu’une chose. Avoir ma propre vie. Peu importe comment elle serait, je voulais juste exister. J’avais quelques souvenirs qui n’étaient pas vraiment à moi, je ressentais des choses qui n’étaient pas miennes, je… Je voulais juste que ça s’arrête. »

Il regarda un temps le liquide dans son verre, et en but une plus grande gorgée, le réduisant au moins de moitié.

« - Et puis, il faut comprendre au bout d’un moment. Je suis « l’ombre » qui ressemble au Héros, pas vrai ? C’est idiot… Mais cela m’a fait un peu mal. Cela me fait… Toujours mal. »

Son regard rouge flamboyant se baissa, s’éteignant un moment, avant qu’il ne secoue un peu la tête, un sourire revenant étirer ses lèvres fines. Ce n’était pas le sujet sur lequel dériver, mais lorsqu’on lui posait une question, il y avait une chance sur deux pour qu’il l’ignore, ou qu’il la développe un peu trop facilement.

« - Ce que j’attends de cette vie… Je ne sais pas vraiment. Je sais que je ne pourrais pas avoir une vie « normale », et je n’en veux pas. Je sais que je veux toujours vous suivre. Vous m’avez fait naître ! Vous quitter serait ingrat. Je crois qu’au fond, je veux juste pouvoir exister en tant que « moi ». Pas en tant que « reflet du Héros » ou « nouvelle ombre du Héros », ou autre chose… Juste moi. C’est un peu naïf, non ? »

Un nouveau rire lui échappa alors qu’il vidait d’une traite son breuvage.

« - Cette question me surprend, vous savez ? Je ne pensais pas que cela vous intéressait… »

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L'ombre était surprise, sans doute avait il de quoi. Ganondorf ne pouvait pas s'en étonner, c'était lui même qui avait instauré depuis l'origine une distance avec ses fidèles. Certains chefs s'acharnaient à plaire, à se faire aimer des autres, ceux en dessous d'eux... Lui n'y attachait pas autant d'importance, préférant se concentrer sur l'accomplissement de sa destinée. Tant pis si certains devaient tomber sur sa route, contre lui ou dans son sillage. Ses proches, il les enterrait avec respect mais sans verser une larme. Le désert lui avait au moins enseigné cela.
Dans le désert brûlant ou dans un Hyrule en guerre, la mort pouvait frapper à toutes les portes, à n'importe quel moment. Nouer des liens avec une autre âme, c'était prendre le risque d'être ralenti si celle ci en venait à trébucher voire à chuter. Or, rien ne devait ralentir Ganondorf. La grandeur de son destin l'exigeait.

Pourtant, le Lion n'avait pu s'empêcher de s'infléchir récemment. Cela avait commencé avec Swann, sa première fille, avec qui il s'était lié plus que le gérudo ne l'avait initialement voulu, ou même souhaité. Plus récemment, c'était Abel qu'il avait accepté sans bien prendre le temps qu'exigeait la prudence, de même pour la jeune prêtresse au coeur brûlant mais formée au temple de ses ennemis. De même, Négus était le premier Stalfos que Ganondorf avait intégré sans être son créateur ou son invocateur. Qu'il l'ait voulu ou non, le seigneur du désert s'était lié à eux. Et voilà qu'il amorçait un pareil mouvement vers l'ombre...
Néanmoins, au fond de lui, le Lion savait bien pourquoi il en ressentait le besoin.


« ...Je sais que je veux toujours vous suivre... »

Le vin, mêlé à la fatigue, lui tourna légèrement l'esprit, l'embrumant a mesure que coulaient le liquide de la coupe et les mots des lèvres de l'ombre. Celle ci voulait exister par elle même, ne pas subir de comparaison, être un et entier. Cela, Ganondorf ne pouvait que trop bien le comprendre. Quand à dire si le désir de l'ombre était naïve, son père espérait de tout son coeur qu'elle ne le soit pas. A cet instant, il remercia intérieurement le vin de garder endormi l'autre.

« - Cette question me surprend, vous savez ? Je ne pensais pas que cela vous intéressait… »

Encore une fois, le regard de Ganondorf plongea profondément dans celui carmin de sa création. Devait il lui faire confiance ? Depuis toujours, le gérudo éprouvait toute la difficulté du monde à s'ouvrir à d'autres. Cependant, le choix ne lui était pas vraiment laissé.

« Toujours me suivre dis tu... »

Il posa sa coupe et se rendit devant un grand tableau qui tapissait de toute sa taille un des murs de la pièce. Le gérudo pouvait sentir sa magie en émaner. Les champs protecteurs, les verrous complexes, les sorts de ripostes contre les intrus... Toutes ces précautions se comprenaient assez bien lorsqu'on savait ce qu'il avait placé là : une part de lui même.
Ganondorf avança ses bras jusqu'à la peinture, puis les plongea dedans. Son aura suffit à désamorcer toutes les défenses et à ouvrir cette sorte de coffre d'un genre particulier. A l'intérieur se trouvait quelques objets, dont un miroir. Ce dernier, d'apparence ordinaire, rayonnait pourtant d'une magie qui n'était pas celle du gérudo mais bien celle d'un Dragmire... D'une Dragmire, devrait on dire. Le Lion le pris d'une main et, se retournant, le lança adroitement à l'ombre du héros. Alors, il replia ses bras et le tableau reprit son apparence illusoire. La voix de Ganondorf était grave mais il affichait un léger sourire lorsqu'il déclara à l'ombre,


« Je conçois qu'il est dur pour toi d'être lié à Link, mais tu l'es. C'est ma haine envers lui qui t'a nourri lorsque tu es arrivé en ce monde, c'est à son image que tu as été crée... Seulement, une solution existe pour que tu ne sois plus son ombre. Elle est simple : nous devons le tuer. Ganondorf laissa ses mots en suspend dans l'air, quelques instants, comme si leur importance leur donnait une existence propre, Et ce miroir t'y aidera. Dans son verre a été scellé le sang du héros. Dût il apparaître dans la moindre glace, dans la moindre surface d'eau, tu auras le pouvoir de le frapper... Et ainsi, de découvrir ton véritable toi. »

Le gérudo observa les restes de sa magie se dissiper sur son bras, comme de l'eau coulant sur sa peau, et tombant vers le sol sans pourtant le toucher. Cela au moins, c'était son oeuvre. Sa magie, son savoir faire, son talent. Et pourtant, Ganondorf savait que si l'autre était libéré, il pourrait forcer toutes les serrures, briser toutes les barrières... L'autre était plus fort que lui, pour l'instant. Un instant, ses yeux d'ambre s'attardèrent sur le tableau qu'il avait crée pour masquer son coffre. Une cité aussi pure et immaculée en façade que sombre et pourrie en profondeur. Un mirage de blancheur masquant une fosse commune d'immondices et de putréfaction. Toujours considérer une ville selon ses fondations, c'était ce qu'elle lui avait dit, il y avait alors bien longtemps. Et lui, en quel état étaient donc ses fondations ?

Son timbre de voix avait changé lorsqu'il s'avança vers son fils, le seul qu'il pouvait réellement appeler ainsi en ce monde, et qu'il lui demanda,


« Es tu prêt à garder un secret que nul ne doit jamais entendre, ni même deviner. Un secret que tu devras emporter dans la mort ou lorsque je t'en délivrerais ? »

Ses yeux ne laissaient aucune place au doute : Ganondorf exigeait de l'ombre bien plus qu'une simple promesse, mais un véritable serment qu'il ne pourrait pas rompre sans perdre la vie.

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« Nous devons le tuer ». Ces doux mots résonnèrent dans son esprit comme un début de délivrance. Par les Déesses, qu’il imaginait ce beau moment… Le soi-disant Héros écrasé sous la puissance de son maître. Et, enfin, il pourrait exister en tant que lui. Pas en tant que copie, en tant qu’être à part entière. Son regard rouge flamboyant se posa sur ce que lui avait lancé son « père », l’observant et le détaillant. Un miroir ? Ses yeux glissèrent le long de la glace, se plongeant dans ses propres iris de grenat, avant de les relever vers Ganondorf, comme sortant d’une certaine contemplation pour immédiatement en retomber dans une autre. Comme à chaque fois qu’il observait celui l’ayant amené à la vie. Comment pouvait-on ne pas être fasciné par cet homme ? Son aura de puissance l’écrasait autant qu’elle le rassurait. Avec lui, il se sentait intouchable. Pourtant, la vie d’une ombre… N’était-elle pas si fragile ?

« - Un secret ? » demanda-t-il en le regardant s’avancer vers lui, ne bougeant pas.

Lui ? Avoir l’honneur de connaître un secret de son cher maître ? Ce serait un secret si important que personne d’autre ne devrait en entendre un seul mot ? Que pouvait bien être ce secret ? Au fond de lui, une petite flamme d’excitation commença à s’agiter, et il dût retenir quelques tremblements nerveux. Un long frisson parcourut son dos, s’échouant en bas de celui-ci dans un mélange de chaud et de froid.

« - Vous pouvez compter sur moi, Maître ! Je vous jure que tout ce que vous me direz ne sortira pas de cette pièce, et que jamais ces mots ne seront répétés. Vous pouvez me faire confiance. »

Si seulement il lui faisait confiance, lui… Il ne pourrait pas être plus heureux !

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A mesure que les instants filaient et que l'ombre lui répondait, Ganondorf oeuvrait sans que son serviteur en ait conscience. Une promesse de silence seule ne valait rien à ses yeux : il avait fait confiance à des mots autrefois... Une erreur qu'il ne répéterait pas. On ne pouvait espérer tromper deux fois un Lion comme lui. Aussi, le sorcier invoqua silencieusement des liens qui rampèrent lentement vers l'ombre, grimpant sur lui, sans pour autant qu'il ne puisse réellement s'en rendre compte.
Ganondorf avança vers son serviteur et, à mesure qu'il approchait, les liens devinrent chaînes. La magie du Lion prenait forme et Dark Link se trouvait alors entravé, le sortilège mordant ses poignets et ses chevilles. Le regard du gérudo était devenu dur, impitoyable. Finalement, caressant la joue de sa créature, il déclara,


« Si ta fidélité ne suffit pas, ces chaînes se chargeront de te faire garder le secret. Puis, comme pour s'excuser, il ajouta, J'aimerais ne pas avoir à en arriver là mais je le dois. Personne ne doit entendre ce dont je vais te parler.

Alors, il toucha le front de l'ombre avec son pouce, exerçant une légère pression du doigt en son milieu. Lorsqu'il s'écarta, une marque rouge subsista quelques instants avant de se dissiper, laissant la peau pâle immaculée. De même, les liens disparurent, libérant leur victime.
Ganondorf se laissa retomber sur son lit, s'assis sur son bord et présenta son bras et sa main gantée à la vue de Dark Link. Soupirant, il releva la manche de sa tenue de voyage, révélant un brassard de cuir couvert de runes appartenant à une langue ancienne, aux mots puissants. Le gérudo fit alors courir deux doigts sur le cuir, en murmurant des formules oubliées. Aussitôt, la protection se fendit en deux dans la longueur et tomba sur le sol, révélant son terrible secret. Le bras du Lion était noirci par la corruption. Celle ci, loin de s'améliorer, n'avait fait qu'empirer depuis plusieurs mois et l'aspect du membre s'en ressentait. Au milieu de cette chair sombre, les veines ressortaient d'un bleu pâle malsain, la peau elle même se craquelait comme sous l'effet d'une lèpre aggravée.


« Ecoeurant n'est-ce pas ? Tu as sous les yeux l'aspect physique du mal qui me ronge depuis des années. Un démon vit en moi, endormi la plupart du temps. Lorsqu'il s'éveille, il s'attaque à moi, s'en prend à mon esprit, tente de faire s'effondrer ma raison... Et tente ainsi de s'emparer de mon corps. Et il progresse. Inexorablement. Seulement, je possède l'antidote à ce poison. Le démon se nourrit de ma colère, de mes peines, des trahisons et de la solitude que je subis. C'est pour ça que chacun d'entre vous, mes enfants, m'êtes si précieux. Vous n'êtes pas que des instruments pour ma guerre. Vous êtes les racines qui me maintiennent en vie. »

Ganondorf détestait l'idée d'en dire autant, de révéler des choses aussi cruciales à un autre. Mais il n'avait pas le choix. Sentant la douleur revenir dans son bras, il replaça le brassard, renoua les runes et replaça sa manche pour le masquer à nouveau au monde. Puis, il pris le visage de Dark Link entre ses mains.

« Tu es mon fils, né de moi. Tu ne saurais me trahir comme d'autres l'ont fait. Alors je te le demande : sois mes yeux et mes oreilles auprès de tes frères et soeurs. Surveille, observe, et rapporte moi tes doutes et tes certitudes. Démasque la tromperie où qu'elle soit, assure toi de leur loyauté. Je te le demande, à toi et à aucun autre. »

Le Lion se releva, laissant le temps à l'ombre de réaliser l'importance de ses mots avant de déclarer, en ce qui sonnait comme une conclusion,

« Si tu n'as plus rien à me demander, tu peux me laisser. »

Le sommeil se faisait pressant à présent.[/i]

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Père…

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Qu’il avait été vexé, alors. Comment ? Comment le maître pouvait-il douter de sa sincérité ? Il ne le trahirait jamais. Plutôt mourir que de le décevoir ! De le tromper, de l’abandonner… Il était trop proche de lui pour faire ça. Il était né grâce à lui, enfin ! Ce serait comme laisser derrière lui le miracle qui l’avait fait naître. Et ça, ça lui était tout simplement impossible ne serait-ce qu’à y penser. Y songer était même douloureux pour lui qui était si dévoué. Cependant, son indignation laissa place à une grande surprise. Ce mal qui rongeait son cher père… Etait-il douloureux ? Etait-il contraignant ? Risquait-il de le tuer ? Des dizaines d’interrogations se bousculèrent dans son esprit, ses billes rouge sang écarquillées alors qu’il observait son supérieur. Les yeux sont les fenêtres de l’âme… Et à cet instant, celle de l’ombre était tout à fait torturée par toutes ces questions qui l’assaillaient. Il paniquait, intérieurement. Si le maître venait à disparaitre… Il ne saurait pas quoi faire. Il voudrait mourir avec lui. Mais cela n’arriverait pas, car il était beaucoup trop fort pour mourir rongé par une telle chose ! Il allait s’en sortir… D’ailleurs, le reflet du Héros ne voyait pas du tout le côté « dégoûtant » de ce fléau infligé par le démon. Non, il ne voyait que les possibilités de venir en aide à la seule personne qu’il portait dans son cœur…

Il leva ses mains afin de les poser sur celles à son visage. A chaque fois que son « père » le touchait de la sorte, il se sentait apaisé et plein de confiance. C’était comme une douceur qui l’envahissait et le calmait. Bien sûr, il n’aurait jamais osé se jeter dans ses bras et se blottir, ils étaient tout de même le Seigneur du Malin et l’Ombre du Héros ! Mais… Parfois, il en avait envie. Comme un jeune enfant se réfugiant dans l’étreinte chaleureuse de son géniteur.

« - Vous… Vous pouvez me faire entièrement confiance, Maître. Je ne vous décevrai pas… Je ferai tout ce que vous me demanderez ! Je ferai de mon mieux pour vous satisfaire. »

Bien sûr… Il était LE seul et l’unique véritable fils de Ganondorf ! Mais si, réfléchissez… Il n’avait qu’un seul parent, et c’était lui. Il était pur ! Seul le Seigneur du Désert était son père ! Si ça, ça n’était pas un signe qu’il était le plus proche de lui !

« - Bien sûr, je vous laisse vous reposer. Vous devez être épuisé après votre long voyage. Mais… »

Dos tourné au maître de ces lieux, il baissa les yeux.

« - … Me promettez-vous… De ne pas disparaitre ? Parce que… Que ferai-je, sans vous ? »

Ses lèvres s’étirèrent en un sourire amusé. Bah. Il devenait aussi sensible que ces Hyliens ? C’en était presque ridicule. Parler avec un cœur qu’il n’était même pas sûr d’avoir…

« - Dormez-bien. Père. »

Ce ne fut que sur ces mots qu’il se permit de quitter la pièce. C’était un court « rendez-vous »… Mais il lui avait fait tant de bien. Comme chaque entrevue avec son... Maître.


[spoiler="HRP"]Ceci est donc le dernier post, je te laisse conclure je pense =3 C'était sympa ! Merci pour ce RP ![/spoiler]

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