La véritable amitié n'est que d'autant plus rare

Avec Tsubaki

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Withered


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Les souvenirs lui revinrent bien vite en tête au fur et à mesure qu'elle s'enfonçait dans les bois. Quand elle avait réellement commencé à tisser sa toile sur Hyrule, la louve n'était qu'une compagne de voyage parmi les autres dans l'étroit cocon que formaient leurs profondes ténèbres. Mais le temps passant, Withered avait senti que la jeune femme était peut-être l'une des personnes les plus proches d'elle, et surtout l’une des plus dignes de sa confiance. Un lien sincère avait pu commencer à se dessiner entre elles. Mais plus que leurs voyages, c'est lorsqu'elles défendirent ensemble l'orbe laissée par Ganondorf dans la bibliothèque de la citadelle que leur duo avait été à son apogée. Elles perdirent peut-être ce jour là, mais leurs prochains combats furent à jamais différents.

Elle navigua d'arbres en arbres, n'étant pas d'humeur à interagir avec les êtres vivants qu'elle croiserait. Plus que tout, les kokiris lui laissaient souvent un masque de dégout sur le visage. Les enfants n’étaient pas la tasse de thé de la gerudo, loin de là. Mais il avait bien fallut obtenir des indications sur le chemin menant au coeur de la forêt.

Withered avait disparu pendant des longs mois, presque des années. Elle était partie sans un mot, ses pas dirigés par les esprits à ses côtés. Pour elle, c'était normal, chacun allait où sa destinée l'emmenait. Mais sa rencontre récente avec Astre l'avait menée à songer à la Dame Louve. En cherchant, elle se rendit compte que celle-ci semblait avoir disparu du paysage hylien. La gerudo s'était demandé ce qu'il s'était passé. La femme louve avait-elle eu des problèmes et la fuite avait-elle représenté sa seule solution ? Avait-elle abandonné le reste du groupe, ou bien était-ce l'inverse ? A cet instant, la Sombre Vipère maudit sa propre ignorance et son absence beaucoup trop longue. Il fallait qu'elle retrouve Tsubaki.

La seule solution qu'il lui était apparue était celle de la forêt. Si Tsubaki avait quitté Hyrule en tant que louve, ce territoire était idéal pour l'animal noble et impressionnant qu'elle était. Et même si son aversion pour les kokiris était difficile à masquer, Withered ne pouvait se résoudre à faire une croix sur la Dame Louve. Elle s’était donc enfoncée, cherchant un signe de son amie.

Elle finit par débouler sur une clairière plus belle que les autres. L’air y était apaisant, même pour Liudia cachée dans la tunique de la gerudo. Mais cette dernière gardait un masque sombre. Comment retrouver un loup dans le territoire où il se retrouve en maitre ? Les sourcils de Withered se froncèrent, tandis que le reptile glissa au sol. La solution était simple : il fallait le laisser venir à elle. Alors la gerudo s’assit sur le sol, songeant un instant à prier ces chiennes de déesses de lui venir en aide, avant de se rabaisser. Il ne manquerait plus que ça.


Dame Tsubaki


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*Chasser, Manger, Dormir, Courir…
Chasser, Manger, Dormir, Courir…
Chasser, Manger, Dormir, Courir…
Chasser, Manger, Dormir, Courir…
Chasser, Manger, Dormir, Courir…
Chasser, Manger, Dormir, Courir…*

Telles étaient les seules et uniques pensées de la louve depuis une très longue période. Son esprit n’était plus que reflexes, et instinct de survie. Plus rien d’autre que ce qu’une louve pouvait désirer n’avait d’importance, ni même de sens.

*Odeur… Odeur humaine…*

Un grondement sourd monta de sa gorge.

*Sœur*

Sœur ne voulait rien dire dans l’esprit d’un loup. Mais sœur voulait dire quelque chose quelque part, autre part. Le mot raisonna une seconde fois, se répercutant sur toutes les parois de son esprit et finit par se fixer en un endroit où il faisait sens. Et nécessairement, une représentation en découla.
Tsubaki hurla comme si un piège venait de se refermer brusquement sur sa patte, signalement ainsi bêtement sa position. Elle faillit s’écrouler sous le poids de la douleur.
Des images défilaient dans sa tête. Des images de tous ceux qu’elle avait perdus. Qui pouvait bien lui infliger une telle souffrance ? Comment avait on osé lui rappeler toutes ces atrocités. Tout prenait son sens mais la Dame louve n’en avait pas envie. Elle commençait à se rappeler, la mort d’Astre, la disparition d’Arkhams et de Kuro, c’était pour cela qu’elle s’était cloitrée dans une vie de louve sans autres pensées que manger et dormir. Alors elle eut un réflexe de survie. Peut-être que, si elle s’enfonçait assez profondément dans la forêt, si elle s’éloignait de cette odeur, tout cela n’aurait jamais existé et qu’elle pourrait reprendre sa paisible existence de louve. Alors elle commença une course folle, sans trop réfléchir où elle allait. Elle courrait simplement. Elle n’arrivait pas à se rendre compte de si elle se rapprochait ou s’éloignait de l’intrus qui avait pénétré dans sa forêt. Enfin elle déboucha sur une grande clairière avec la ferme intention de la traverser.


Withered


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Une fois au sol, elle tenta de s'ouvrir au monde. Elle qui d'habitude faisait tout pour ne rien laisser échapper, et que rien ne la rencontre, la voilà assise comme une de ses prêtresses amoureuses de la nature. Elle eut un rire jaune. Si Tsubaki ne venait pas, elle s'épargnerait au moins le ridicule de la situation d'être vue ainsi. Elle ferma les yeux, oreilles aux aguets. Elle n'avait pas les sens de son amie lupine, mais le calme ambiant rendait les bruits non ordinaires très perceptibles.

Un bruit répondit à son attente. Un tambourinement régulier, rapide, et puissant. Une bête approchait, et les yeux mauves de la gerudo s'ouvrir quand l'animal arriva à l'orée de la clairière. Peut-être que l'exercice de concentration avait été efficace finalement. Elle se releva prestement, Liudia toujours au sol. Aucun indice ne pouvait lui assurer que ce n'était pas un simple loup, mais Withered le sentit. C'était elle. Mais la louve n'avait pas l'air disposée à s'arrêter.

La Sombre Vipère ne sut quoi faire. Elle n'allait pas stopper l'animal, mais elle voulait que ces intentions soient claires. Elle ouvrit sa tunique, quittant les manches pour révéler ses dagues dans leur mécanisme. Elle les décrocha et les fit tomber au sol. Ses yeux se plantèrent sur ceux de son accolyte du passé.


"Je suis venue pour toi, Tsubaki..."

Elle écarta les bras, s'offrant à elle si elle le souhaitait. Ses sourcils se froncèrent, mais une leur rare passa dans ses yeux : elle regrettait.


Dame Tsubaki


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Et la vie malicieuse qu’elle était, avait conduit ses pas exactement vers l’endroit où elle ne voulait pas être : là où il lui faudrait affronter la dure réalité. Une silhouette qui avait dû être assise dans l’herbe se releva. Tsubaki tourna son regard vers elle et se figeât. Ce que son esprit refusait de voir l’instant précédent, se trouvait maintenant sous ses yeux. Un cliquetis métallique se fit entendre. Et afin que le doute ne soit plus permis, une voix familière raisonna :

"Je suis venue pour toi, Tsubaki..."

Ouvrant ses bras, Withered lui proposait bien plus qu’une accolade amicale : un exutoire. Alors la louve pris une profonde inspiration, et se dirigeât vers son amie d’autrefois. Celle-là même qui avait pansé les plaies de son âme, lorsqu’Arkhams avait disparu. Ensembles elles s’étaient battues pour un maître commun, accusant la défaite la tête haute. Et puis sans jamais savoir pourquoi ni comment, Tsubaki n’avait plus jamais revue la Sombre Vipère.  
Aujourd’hui peut-être était-ce son imagination qui lui jouait des tours, ou alors une improbable projection de l’au-delà, mais peu lui importait, car la Dame Louve avait toujours cru en son destin, un destin qui ne laissait rien au hasard. Elle aurait voulu courir de toutes ses forces, redevenir femme et serrer de tout son cœur cet être cher mais la honte et la culpabilité rongeante l’en empêchait. Elle avançait lentement, laissant les souvenirs revenir à elle et lorsqu’elle fût assez proche, elle s’assit, baissant la tête et dit :


« Je… Pardonne-moi… Je n’ai pas su  les protéger… » puis afin de parachever sa confession: « Ils… les autres… ils sont tous morts… ».

Il lui avait fallu un effort considérable pour s’exprimer après plus d’un an sans parler. Elle retenait ses larmes pour le peu de Dignité qu’il lui restait, attendant la sentence, car c’était certainement tout ce qu’elle méritait.


Withered


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Elle s'était offerte aux crocs de son amie, mais la douleur qu'elle ressentit fut bien plus traitre que n'importe quelle blessure physique. Withered n'était pas une femme à sentiments, et pourtant son coeur froid sembla se déchirer à la vue de l'animal ainsi coupable. C'était une sensation désagréable et surprenante. La gerudo n'aurait pas pensé un seul instant que de revenir ici lui causerait ce genre de tourments, et elle regretta une seconde sa venue ici.

Elle s'approcha, ré-ajustant sa tenue. Elle posa un genou un terre, sa main rencontrant l'épaisse fourure du Carnage. Un frisson la prit, et ses yeux se fermèrent. En cet instant, elles n'étaient pas le duo sanglant d'autrefois, mais juste deux amies se retrouvant dans la douleur. Le visage de la Sombre Vipère se crispa à la révélation de la jeune femme.


"C'est moi qui implore ton pardon Tsubaki. Je suis partie sans mots dire, et ce départ a eu un rôle sinistre à jouer dans cette triste fable."

D'émotion, ses doigts se crispèrent dans les poils blancs de la louve. Ce fut la première fois que Withered implorait un pardon, et seule Tsubaki aurait le pouvoir de lui permettre d'avancer. Ses yeux mauves se rouvrirent, fixant le noble animal.

"Je suis tellement heureuse que tu sois toujours là."

Ce n'avait été qu'un souffle, qu'un murmure sincère dans l'étouffante clairière qui permettait leur réunion. Pourtant, ce fut une vraie bouffée d'air à la gorge serrée de la gerudo. Culpabilité, regret et tristesse s'effaçaient maintenant pour une joie timide mais profonde. Withered ne s'imaginait pas sur ces terres sans la louve.

"Astre est toujours en vie."

La femme ne savait pas par quelles épreuves étaient passées par le petit groupe. Le chancelier lui avait parru différent, presque rongé de l'intérieur, mais la vérité était là : lui aussi arpentait les terres corrompues d'Hyrule.


Dame Tsubaki


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Alors, la main de la Sombre Vipère plongea dans l’épaisse fourrure de la louve. Ce fut bien plus qu’une simple « caresse » pour la louve. C’était une preuve : la preuve que son amie était bien réelle, qu’elle était faite de chair et d’os, ce n’était pas un spectre venant la hanter, venant lui faire des reproches. C’était son amie Withered, qui rentrait d’un long périple, et qui venait s’enquérir de ses amis d’autrefois. L’espoir renaquit. La Dame Louve ne sut si leur cœur avait battu à l’unisson, mais ce qui était sûr, c’est que quelque chose s’était produit.

"C'est moi qui implore ton pardon Tsubaki. Je suis partie sans mots dire, et ce départ a eu un rôle sinistre à jouer dans cette triste fable." dit-elle avec grands regrets.

Tsubaki releva la tête et la gérudo plantât ses prunelles mauves dans celle de la Louve.


"Je suis tellement heureuse que tu sois toujours là."

Tsubaki esquissa un faible sourire. L’humain reprenait le dessus sur la bête. C’était comme sortir d’un mauvais rêve, se rendre compte que finalement tout n’est pas aussi noir qu’on ne le croit et qu’il reste un petit espoir. Et puis… comme si l’Ambassadrice des Limbes désirait faire croitre une plante en y ajoutant de l’engrais, elle ajouta :

"Astre est toujours en vie."

Même si cela demeurait incompréhensible, impossible - aucune magie jusqu’à présent n’avait jamais ramené personne d’entre les mort-, la Dame Louve su en son cœur que cela était vrai. Elle se rappelât à cet instant avoir compris la mort de son amant lorsqu’elle avait senti se rompre un lien. Elle avait eu beau chercher dans son cœur, elle n’y avait trouvé que du vide. Arkhams était bel et bien mort, et comme le Kokiri qu’il était, il avait choisi la forêt pour tombeau. Au hasard d’une de ses promenades matinales, elle avait trouvé son corps gisant, comme lors de leur toute première rencontre mais cette fois ç’avait été différent. Elle avait su sans doute aucun, qu’il était mort et que rien ne pourrait y faire. Alors, de ses pates immaculées, elle avait creusé la terre y engouffrant la seule personne avec qui elle avait tout partagé : Arkhams.

Lorsqu’elle entendit prononcer son prénom, Tsubaki tendit son esprit vers Astre et ce ne fût pas le vide qui lui répondit, mais bien un frisson qui prit naissance depuis son échine.
La louve prit une profonde inspiration :

« Mais à présent tu es là et c’est tout ce qui compte… » dit-elle en guise de pardon. Un sourire plus affirmé se dessinât sur ces babines.


Withered


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Le monde des humains pouvait être d'un terrible ennui pour Withered, mais cette réunion dans la clairière lui arracha un de ses rares sourires. La réponse parfaite au pardon que lui offrait cette femme unique à ses yeux, loin des êtres insignifiants et sans importance.

"Merci."

Une simple conclusion à cet échange haut en souvenirs et sentiments, mais qui permettait aux deux jeunes femmes d'aller de l'avant, et surement de se recroiser un jour sur les terres hyliennes. La gerudo avait le pressentiment qu'elles se reverraient. N'était-elle pas elle-même en train de de nouveau tracer une route avec Astre ? Et le passé était parfois le meilleur des compagnons. Il offrait une confiance sans pareille, et même, il arrivait à ajouter cette pointe de plaisir dans leurs sombres épopées.

La Sinistre Vipère -qui semblait bien moins Sombre avec cet étrange rictus sur ses lèvres- caressa une dernière fois la noble fourure de la louve. Tout était dit, il ne restait plus qu'à voir quand les jeunes femmes se reverraient de nouveau. Withered espérait intérieurement que leur prochaines retrouvailles ne tarderaient pas, mais elle se doutait qu'il faudrait du temps et une juste cause à la Dame Louve pour rejoindre le monde des bipèdes. Mais elle patientrait.

Elle se releva, plongeant une dernière fois son regard dans les yeux lupins de son amie. Un dernier sourire, et la gerudo rebroussa chemin. Etrangement, son coeur était plus léger, et sa volonté renforcée. Il faudrait punir ceux qui avaient osé décimé leur clan.


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