Posté le 18/09/2011 10:35
Une brume étrange se répandait sur le lieu insolite où ils se trouvaient. Cette humidité couvrit rapidement les deux êtres, immobiles, se sondant l'âme l'un à l'autre. Arkhams redécouvrit en elle la tiédeur caractéristique des joyeux enfants Kokiris, Oréa découvrit la froideur d'un esprit mauvais. La petite brume fraiche se transforma en un brouillard dense, étouffant les bruits d'animaux et le vent qui chahutait les arbres.
Les deux Kokiris se contentèrent de rester sur place, leur regard vague, pendant que le temps filait et que la Nature continuait son périple dans la nuit. Une fine main, grelottante, était posée sur le torse puissant d'Arkhams. Malgré le froid, Oréa ne retira pas son bras. Elle ne paraissait pas effrayée par cette surprenante découverte, mais simplement déçue, comme si elle avait espéré construire une quelconque amitié avec cet homme aux yeux mauvais. Aussi étonnant que cela pouvait paraitre, le Sire fut triste de la réaction naturelle de la fille des bois. Le ton brusque d'Arkhams n'était pas à l'origine du malaise d'Oréa, mais c'était bien l'âme obscure de l'homme qui perturbait l'enfant.
Il s'était ouvert à elle sans raison, il en payait le prix, encore. Les Kokiris ne pouvaient pas comprendre, même pas elle, pourtant si exceptionnelle. Et puis, peut être qu'il avait commis trop de monstruosités pour qu'elle puisse s’intéresser à lui. Ses entrailles se tordirent, une émotion corrosive brisa le calme d'Arkhams. Sa rancoeur envers cette race juvénile resurgissait. Arkhams attrapa le maigre poignet d'Oréa de sa main caleuse avec fermeté. Il ne lui faisait pas mal. De sa voix à présent sifflante et dénuée d'émotion il s'adressa à elle.
Les Kokiris vivent dans un printemps permanent. L'arrivée de mon hiver leur déplait.
Arkhams leva les yeux et fixa son regard sur la cime des arbres. Il faisait nuit et quelques chouettes grises se battaient aimablement pour obtenir les branches les plus hautes.
Vous m'avez rappelé pourquoi je hais ce peuple. Je ne désire plus revoir ce village abjecte aux habitants stupides.
Le Sire serra à présent la main d'Oréa avec douceur.
Je n'aurai pas perdu mon temps. Toutefois j'ai un frère à trouver en Hyrule.
Il ponctua sa phrase par un mouvement de tête vers la sortie des bois. Il lâcha la fine main d'Oréa et se détourna d'elle. Il partait, faisant grincer les planches du pont qui semblait à bout de force. Il tourna enfin la tête vers la Kokiri avant de disparaitre.
J'ai bien cru, pendant un court instant, que vous n'étiez pas de ce peuple enfantin. Vous êtes surprenante, Jolie Sentinelle.
D'un sourire amer il quitta des yeux la gentille Kokiri et disparut à travers le tronc. Sa voix résonna une dernière fois dans l'obscurité.
Désolé, je ne voulais pas vous décevoir.