Posté le 10/11/2012 22:40
Le regard du Londëyantien eut tout juste le temps de croiser celui de son amie. Celui-ci affichant un large sourire de réconfort quant à leur victoire sur la créature malfaisante qui s'en était prise à eux. C'est alors que Cecilia voulut témoigner quelques mots, au vu de sa bouche qui s'ouvrait doucement. Mais rien, aucun son ne dédaigna s'en échapper. La danseuse se laissa tomber dans le sable comme un pantin à qui on aurait coupé les fils. Les yeux fermés, elle était à présent allongée sur un sable encore brûlant, inerte.
Le visage du garçon se métamorphosa automatiquement, son sourire disparaissait pour laisser place à un rictus d'inquiétude et d'affolement. Il se précipita vers elle mais tomba lui aussi. Le poison paralysant du monstre avait enfin fait son effet, et la jambe du blondinet ne répondait plus aux signaux qu'émettait son cerveau.
Rampant dans le sable, le jeune homme s'avançait comme il le pouvait jusqu'à son amie. S'aidant de ses bras et de la jambe encore opérationnelle pour se mouvoir sur une surface qui était, avouons-le, loin d'être des plus pratique.
Son corps devenait de plus en plus lourd, et pas à cause du venin, non ! La substance ne s'était répandue que jusqu'à son bassin. Les vêtements du garçon s'emplissaient de sable à mesure qu'il rampait. Les chaussures, le pantalon, la veste, tout en était empli. Même sa blessure reçevait en elle nombres des grains épais du désert, mais le blond ne le sentait pas. Il allait falloir sérieusement désinfecter tout cela une fois rentré... si seulement il y parvenait. Une fois arrivé jusqu'à elle après un effort considérable, il s'empressa de placer deux doigts sur le poignet droit de son amie et fut rassuré de sentir son pouls, bien présent.
Deux longues heures passèrent. Deux très, très longues heures. Endë était aux côtés de Cecilia, assis -de bien piètre façon- à la regarder, inquiet comme il ne l'a jamais été, mais silencieux. Aussi muet que le désert lui-même par nuit d'été. Il n'y avait que ce regard attentif qui détaillait longuement les traits du visage éteint de la belle danseuse. Les minutes passaient et passaient, et le garçon demeurait inexorablement impassible. Malgré qu'il eut voulu se lamenter et pleurer de ne pas avoir su la protéger au mieux, ne sachant que faire en l'instant, n'ayant aucune connaissance en ce qui concerne le domaine médicinal et celui des premiers secours en général, il ne faisait que la regarder, dans son coma inexpliqué.
Puis une idée lui vint subitement. Une idée si idiote qu'il faillit bien se traiter d'abruti pour ne pas y avoir pensé, plutôt que de s'être encore lamenté comme l'incapable qu'il était. La fiole de Cecilia était encore dans une sacoche située au niveau de son flanc droit. Par chance, il était tombé du côté gauche deux heures plus tôt, ce qui avait permis de conserver la fiole intacte, d'autant plus qu'elle était extrêmement bien compactée dans la poche de la ceinture. Il se saisit donc de l'objet et en constata le contenu. Un liquide de couleur vermeil y scintillait, une potion de guérison selon les dires de sa confectionneuse. Aussitôt, il sut ce qu'il dut en faire. Endë dévissa le petit bouchon obstruant le tube de la petite flasque et essaya tant bien que mal de faire avaler la potion à Cecilia. La moitié, tout du moins. Lui-même but ce qu'il restait au fond du flacon et le rangea à nouveau dans sa poche. Il eut donc bien fait de ne pas l'ingurgiter avant d'entamer le combat.
Espérant à présent que la mixture lui ferait recouvrir rapidement l'usage de sa jambe -ce dont il doutait largement- le blond se mit à attendre encore un peu. Au bout d'environ dix minutes, des picotements revinrent dans sa jambe blessée. Ces picotements se transformèrent en un fourmillement, et le fourmillement devint une douleur désagréable, puis une douleur bien réelle. Fort heureusement et cela le rassura, la potion avait l'effet qu'il désirait : annuler les effets du poison de la bestiole qui lui avait tranché la cuisse, et ce, en plus de la cicatrisation accélérée de sa plaie. Le seul désavantage serait la souffrance due à la blessure, mais ce fut ce à quoi il s'attendait en buvant la potion, et cette douleur aurait dû être ressentie dès lors de l'apparition de la blessure, si le poison n'avait oncques existé.
Portant son regard sur le bras également meurtri de sa compagnonne de mésaventure, il fut réconforté de constater qu'il cicatrisait lui aussi, rapidement. Alors après un léger sourire de satisfaction, le garçon se leva. Son regard dirigé vers le sud, il savait déjà où aller, car il n'y avait que peu de sorties pour le désert, si ce n'est aucune hormis celle de la vallée.
Le guerrier d'or non luisant et de blanc sali par le sable et la poussière se baissa une dernière fois pour prendre Cecilia dans ses bras, toujours inconsciente. Il fut soulagé de constater la légèreté de cette dernière. L'épuisement avait déjà commencé à l'assaillir de toutes parts, mais ce n'est pas pour autant qu'il l'aurait laissée tomber, loin de là...
Le restant de la soirée fut consacré à une marche laborieuse dans le désert vers le sud, jusqu'à la vallée. Cheminement infini qui semblait durer plusieurs jours pour le garçon, alors que seulement trois heures avaient passé pour l'instant. Il fit une première pause amplement méritée et déposa délicatement le corps de Cecilia, adossée sur le bord d'un rocher. Endë décrocha la gourde de sa ceinture. Une soif incroyable lui meurtrissait son gosier bien trop sec pour qu'il ne puisse prononcer le moindre mot. Il ne but que trois petites gorgées et laissa le reste de la gourde pour son amie, toujours dans les vapes.
La pause ne dura que vingt minutes, et bien que le garçon désirait s'attarder encore un peu, il souhaitait également rentrer avant la tombée de la nuit. Chose impérative dans ce désert, sans quoi de terribles choses pouvaient leur tomber dessus, comme la créature qui les avait attaqués, pour ne citer qu'un exemple.
Encore une heure de marche qui fut belle et bien la plus dure. Les jambes du Londëyantien commençaient à trembler, en plus de traîner sans grâce dans le sable. Mais heureusement pour lui, la grande grille de fer pointait le bout de ses vis noires, au loin. À peine perceptibles d'ailleurs, car la nuit venait de tomber. Il devait être environ vingt-trois heures.
" Nous sommes arrivés. " témoigna-t-il à l'oreille de la danseuse blottie dans ses bras, qui n'entendit rien, bien évidemment. Et le blond s'avança sur une dernière ligne droite difficile à franchir. Il arriva au seuil de la grille où deux gardes Gerudos le reconnurent aussitôt et s'exclamèrent. Mais Endë fut le premier à prendre la parole.
" J'ai besoin d'une salle de repos pour elle, ainsi que des soins, vite ! "
Les deux femmes prirent soin d'observer la personne dans les bras du garçon et s'exclamèrent encore plus en voyant qu'il s'agissait-là d'une des leurs. Il ne fallut que peu de temps pour que les deux Gerudos ne dirigent Endë vers une chambre vide, ne comportant à l'intérieure qu'un simple lit et une chaise. Ils croisèrent beaucoup de gardes dans les couloirs labyrinthiques de la forteresse, mais l'information d'une femme inconsciente traversa bien rapidement les murs de l'enceinte Gerudo. Le blond la déposa dans le lit après quoi elle fut pansée immédiatement.
Les Gerudos proposèrent un gîte avec un lit pour le garçon, mais celui-ci refusa catégoriquement. Aussi n'insistèrent-elle pas plus et sortirent de la pièce en fermant la porte. Le blondinet prit la chaise et s'installa au chevet de son amie. Il allait veiller sur elle, toute la nuit durant.