Posté le 19/10/2011 10:53
Avant de conter avec brio et génie les aventures du Fou avec le plus gros des Gorons, il faut d'abord qu'il relate son ascension chaotique sur les flancs de cette damnée colline. En effet, seuls de courageux guerriers ont les capacités de franchir les obstacles naturels du territoire de la pierre, grâce à leur armure de maille. Peut on alors imaginer décemment un Bouffon grotesque habillé de draperies soyeuse grimper ce mont de tout les dangers ? A priori et selon toute vraisemblance, la réponse est non. Toutefois, la veille, Darunia, le plus fort représentant de son peuple, l'avait invité dans son humble village pour danser aux sons d'une musique Kokiri.
Fol, le plus royal des fous, regardait fixement la montagne au pied de celle-ci. Les yeux froncés de concentration, il ôta malhabilement ses chaussons roses à grelots. Il disposa son chapeau excentrique dans un baluchon en patchwork. Il grogna à l'idée de ce séparer de cet élément important de sa personnalité, après tout, il n'était pas le seul à porter un chapeau stupide. Link, le héros hylien, avait escaladé le Péril affublé d'un chaperon vert émeraude. Pourquoi Fol était donc obligé d'enlever son habit ? Il était blanc, la terre était ocre, il serait dommage de salir son jolie couvre chef. Après cette cogitation, Fol décida donc de fourrer sa coiffe dans le baluchon, avec ses pantoufles. Pieds nus à présent, il entreprit la marche.
Durant cette traversé verticale, il rencontra des araignées immondes, de couleur cramoisie, occupées à sauter ça et là. L'une d'elle eut d'ailleurs la mauvaise idée de retomber près du fou. Avec un cri strident à déclencher une avalanche cataclysmique, Fol courut et esquiva ainsi les crocs affamés de l’arachnoïde géant. Sa course dura plusieurs minutes. Il patina dans la poussière, trébucha sur des gravats et tomba à nombreuses reprises. Son maquillage était horrible, ses frusques en lambeaux. Voyant son pitoyable costume, il décida de tout enlever ! Il jeta dans la vallée son baluchon, sa chemise et ses chausses. Il se tricota grossièrement un pagne en feuille de choux péteur qui explosa pour l'occasion, maquillant magnifiquement le visage du Fol de cendre. Il était parfait. Vraiment très beau. Il aurait séduit la Princesse Zelda elle même. Il se remit en route, cette fois le mont du péril était encore plus impitoyable avec lui. Malgré tout ses efforts de silence pour éviter de déclencher un éboulement, des étranges rochers, d'une taille respectable, dévalaient les pentes abruptes. Le Bouffon, ressemblant à un indigène, évita sans peine ces boules de pierres. Elles étaient trop cylindriques pour n'être que de quelconque gravats. Plus le fou grimpait, plus ces cailloux roulant étaient nombreux. Après des heures et des heures de marche, arrivé sur le palier du village, deux rochers, plus énormes et massifs que les autres se ruèrent vers Fol. Il se recroquevilla. Les roches se plantèrent dans le mur derrière le bouffon, à quelques centimètres de lui.
Ces choses tremblèrent et un mystérieux bruit de sussions s'éleva. Puis les rochers éclatèrent en une forme humanoïdes aux yeux niais mais incroyablement doux. Ils souriaient avec amusement, ils ressemblaient traits pour traits à deux nourrissons géants. L'un d'eux grogna puis émit des sons dans un hylien approximatif.
« Salut, indigène. Toi être sur terres sacrées des Gorons, peuple de la Montagne. Toi devrais partir avant que gardes, nous, te demandons de partir.
Quelle menace ! Le Fol s'en fichait, il était beaucoup plus sacré que cette montagne dangereuse ! Et puis, il avait une invitation. Mais ces imbéciles ne l'entendaient pas de cette oreille. D'ailleurs, les gorons ne semblaient pas avoir d'oreilles. Le Fou inventa un stratagème pathétique qui suffirait. Fol se courba, laissa ses bras ballotaient grossièrement, tordit ses lèvres vers le ciel et regarda les deux gardes avec gentillesse.
« Je suis affamé, regardez moi ! Je suis tout maigre. Tellement maigre que ma peau de roche est devenue molle ... , Fol imita des pleurs, Votre chef m'a rencontré dans le pays d'en bas. Il a eu pitié de moi. Il veut me voir pour me redonner des forces et redevenir un vrai et fort goron !
Les yeux humides il regarda avec intensité les deux gardes. Leur lent cerveau cliqueta. Après plusieurs secondes, leurs rouages neuronals fumèrent ( sans doute ) et l'un d'eux, semblant plus intelligent que le premier, tendit le pouce derrière lui. Il montrait l’entrée de son village.
« Il n'y a rien de pire au monde que la faim, à part ce petit Ganondorf. Tu peux passer. Chef Darunia te soignera, quel noble goron, ce Darunia.
Sans préambule et choqués par la triste histoire du Fol, les gorons se ruèrent sur le mur afin de le grignoter. Ils avaient sans doute oublié l'horreur de la faim. Rappelée par le Bouffon, ils mangèrent comme des ogres. Il n'attendit pas que ces derniers aient la mauvaise idée de l'inviter à diner. Il se caressa les dents avec la langue, dents qui auraient pu se briser s'il n'avait pas eu la présence d'esprit de fuir ces deux gardes !
Le Fou pénétra le village. Il était vaste et calme. Calme régulièrement brisait par des bruits gutturaux. Il observa ainsi le lieu, émerveillé par sa simplicité.
Hep toi, que fais tu loin de ta mère ?! Les bébés gorons ne peuvent pas rester seuls ! C'est dangereux. Surtout avec les fous qui font des roulis boulis toute la journée dans le village. Allez hop, viens par là !
Incroyable, ce peuple était incroyable, pensa Fol, à présent sur l'épaule d'un goron. Ce dernier n'avait pas attendu la réponse du " bébé ", il l'avait pris dans ses bras et jeté sur son épaule, tel un sac de farine. Son souffle était brusquement coupé par le pas irrégulier du goron.
« Je cher-che mon pa-pa ! Il. Est. Desc-endu dans. Cocorico, le vill-age d'en. Bas. Dit il péniblement. Darourou doit me gar-der, mais le vil-ain ét-ait trop occu-pé, alors je suis par-tit ! »
Fol se brisait la voix à imiter un enfant goron. Il espérait vraiment que ce stupide tas de roche aller l'emmener vers son chef. Le Fou tremblait, pas de froid qui déchirait son corps nu, mais de peur. Une peur primitive, l'angoisse du nourrisson dans l'antre de vilains monstres. Quelle idée grotesque de se faire passer pour un Goron !