Posté le 10/03/2013 19:03
Les cieux sont tristes. Allègrement, leurs langues grisonnantes lèchent les vastes horizons, ne laissant plus aucun bleu jovial parcourir librement leurs traits. Les nuages, timides, ne semblent aucunement aller à l'encontre de cette scène et préfère plutôt l'assister en ce réunissant pour ne former plus qu'un. Un être grand, un être unique à l'apparence d'une vague, calme, vagabondant docilement sur une mer, à la fois douce et gracile. Une beauté céleste qui, cependant, ne trouble en rien les quelques personnes la contemplant au loin, tant habitués à la savourer du regard. Toutefois, cette vérité ne gêne en rien le Libre Penseur, éternel quémandeur de fantaisies idylliques de ce type. La simple pâleur de ce monde du dessus lui suffit à corrompre aisément son esprit afin de lui faire savourer cet irréel délice. Sans oublier la légère bise – à la fois fraîche et humide– qui tente indéniablement ses membres, frissonnant de plaisir sous le joug malicieux de cet air, enclin à trop titiller les sens de ce cher être. Une sensation charmante et loin de l'indécence, rappelant ici de sa fine prestance les plaisirs oubliés d'une simple vie d'hylien, ravit. C'est d'ailleurs grâce à elle que le jeune cerf honore cette journée dépourvue de couleur par un sourire absolu, geste ultime de remerciement envers cette maîtresse, si chère à son cœur.
*Même si les déchus ne peuvent vous voir, maitresse, sachez que nous, mortels, contemplons sans cesse votre magnificence et cela, jusqu'à la fin de nos existences.*
Son tendre regard se baisse, retombant indéniablement sur la stèle de pierre. Un dernier fixement sur son épitaphe, comme pour graver à jamais ce commun moment, avant de le déplacer une énième fois sur de nouvelles choses à lorgner. À commencer par ce mystérieux personnage qui, depuis quelques minutes désormais, le contemple au loin, savourant au passage le dos d'un adonis en rien charismatique. Du moins, c'est de cette humble pensée que le Libre Penseur démarre son raisonnement, logique ou non. En effet, peut importe les appréhensions des premiers moments, l'important reste de les savourer pleinement et cela, sans l'ombre d'un regret. C'est donc avec cette conviction forte en tête que le petit être prit la décision d'aller à sa rencontre. Après tout, il n'est noté nul part qu'être sociable et ouvert envers l'inconnu demeure symbole de blasphème ou signe évident d'hérétisme. Non, cela reste un humble acte de courtoisie, envers deux personnes civilisées, rien de plus.
« Hum, je savais bien que La Mort allait me faucher un jour ou l'autre, mais je ne pensais pas qu'elle avait l'apparence d'un beau nobliaux, et mâle de surcroit ! » dit-t-il, tentant au passage une petite flatterie pour nourrir un sourire, désireux de futurs dialogueries.
A mesure de son avancée, la silhouette si floutée par le passé s'efface, timidement, se remplaçant ainsi par les traits fins d'un bel apollon. En effet, malgré son corps soigneusement dissimulé dans de sombres vêtements, ces derniers épousent magnifiquement sa silhouette, élancée et non surfaite. Un apparence en rien déplaisante, contrastant à merveille avec les couleurs ternes de cette journée pourtant superbe. Sans oublier sa chevelure, argentée à souhait qui semble rendre jaloux les cieux eux mêmes, avide de perfection dans ce domaine. Ses mèches, miroitantes, envoûtent sans mal les yeux nuancés émeraude du jeune hylien, sans cesse à la recherche de tels trésors. Admirant ses reflets stylisés, le Libre Penseur attend avec impatience la réponse de son locuteur, proie à des compliments des plus flatteurs..