Hyrule's Journey

Le village Cocorico était calme et tout semblait indiquer que cette soirée était comme tant d’autres. Les hommes étaient revenus chez eux après une dure journée de travail, et de là où se trouvait Dun –sur un muret en face d’un groupe de maisons- il pouvait voir une famille au coin du feu. Les parents jouaient avec leurs enfants âgés d’à peine 4 ou 5 ans, le père semblait fatigué, mais le sourire qu’il affichait expliquait fort bien son état d’esprit.
Dun, lui, restait dehors et continuait à les fixer, il portait un habit blanc orné de l’emblème de la Famille Royale. Il détestait ces vêtements, car cela signifiait qu’il devait se charger de son poste de Chancelier, et c’était le cas aujourd’hui: Le jeune homme avait passé la journée à œuvré en tant que tel, et c’est pourquoi il faisait une pose à cette heure tardive.
Poussant un soupir, l’ex-mercenaire parla d’un ton las, en continuant à fixer la maison qui se présentait en face de lui.

« Vous rendez-vous compte des problèmes qu’on a eu à cause de vos fantaisies? Tempête noire, éclairs, morts-vivants, brouillard, lions de feu, tout le Bourg était sur les remparts pour vous observer. »

En effet, leur combat avait été tellement voyant, sans pour être autant très utile, que les habitants du Bourg d’Hyrule s’étaient rassemblés sur les remparts pour essayer de comprendre ce qui se passait. Étant le seul Chancelier sur place, Dun avait été réquisitionné pour calmer les curieux à l’aide des Gardes.

« Ca tenait plus du spectacle de rue que d’un combat réel, heureusement que nous avons pu étouffer l’affaire… »

En effet, plusieurs fois de suite dans la journée, Dun dû assurer que tout ceci n’était qu’une altercation violente entre des bagarreurs un peu trop virulents, alors que déjà des rumeurs parcouraient l’assemblée. Cette situation ne déplaisait toutefois pas au Chancelier, car cela montrait que le pouvoir était encore un peu instable, et que même parmi les Gardes, des oppositions allaient naître tôt ou tard.
Par ailleurs, depuis tout à l’heure, le jeune homme parlait tout seul, comme pour faire un bilan de la journée. Ceci fait, et pour se donner bonne conscience de ne pas avoir fait de rapport écrit par simple paresse, le jeune homme se laissa tomber sur l’herbe, en fermant les yeux. Parlait-il vraiment seul, ou...?

Depuis son départ de la plaine, Nasimka avait parcouru Hyrule et ses environs pendant toute une journée à la recherche du chancelier Dun. A présent, tous ses derniers espoirs semblèrent se reposer sur un petit village calme et paisible. En dehors de ça, cette petite escapade avait permis au stalfos d'en apprendre davantage sur Hyrule et ses environs, chose non négligeable.

Soudain, profitant de la nuit pour sortir de sous terre et ainsi remonter complètement à la surface, Nasimka décida de marcher un peu le long du village histoire de reprendre un peu "l'air" même s'il n'en avait pas réellement besoin. C'est alors qu'une voix s'éleva lentement dans la pénombre, brisant implacablement le silence des lieux. Nasimka s'immobilisa automatiquement, son ouïe tournée vers l'auteur de ces paroles.

[Dun] « Vous rendez-vous compte des problèmes qu’on a eu à cause de vos fantaisies? Tempête noire, éclairs, morts-vivants, brouillard, lions de feu, tout le Bourg était sur les remparts pour vous observer. Ca tenait plus du spectacle de rue que d’un combat réel, heureusement que nous avons pu étouffer l’affaire… »

Un léger sourire s'esquissa alors sur le visage décharné de Nasimka. L'avait-il enfin trouvé? Il lui fallait en avoir le coeur net. Ainsi, se dirigeant à pas feutrés vers la personne ayant prononçé ces phrases. Il se trouva alors rapidement au dessus d'un homme allongé dans l'herbe, les yeux fermés...

"Je n'ai pas souhaité cet affrontement... Je n'ai fait que répondre aux nombreuses provocations de certains de vos guerriers et peut-être amis?... Quoi qu'il en soit, rassurez-vous, il n'y a aucun blessé. Seule la plaine semble avoir le plus souffert de ce combat...
En ce qui me concerne, cela m'aura permis de jauger quelque peu la force des guerriers d'Hyrule... Je ne savais d'ailleurs pas qu'un démon avait été si bien intégré à cette cité..., tant soit peu que les habitants et votre souveraine soient au courant."

Apparemment, Dun avait de la chance ce soir, même s’il n’y croyait qu’à moitié en prononçant ces paroles, quelque un l’avait entendu. Il ne voulait pas nécessairement que ça soit Nasimka, juste une personne comme ça, avec qui parler. Et, c’est pourquoi, quand celui-ci s’avança, ce n’était pas vraiment sa présence qui surpris le jeune homme, mais plutôt sa voix. Apparemment, l’un des protagonistes des évènements qui avaient provoqué une journée de travail intensive pour Dun était réellement là.
Ouvrant les yeux, l’air renfrogné, le jeune homme fixa son interlocuteur, néanmoins, il y avait aussi de l’amusement dans son regard. Après tout, le stalfos n’avait sans doute pas apprécié la situation non plus.
Toutefois, avant de poser des questions, Dun entreprit de répondre à celles de Nasimka, en premier lieu:

« Amis? Ca dépend, ils ont déjà tenté de me tuer, ou de m’envoyer en prison; mais je ne les considère pas comme des ennemis… »

Soit il pensait être lié d’amitié à eux, soit il ne voyait pas pourquoi il devrait s’occuper de leur présence. Et le ton employé tenait plus de la lassitude que de la passion, le sujet n’était donc pas celui dont Dun voulait parler, en tout cas parler de lui et de ses liens avec les autres ne l’intéressait pas.
Mais avant toute chose, il fixa la forme noire encapuchonnée de Nasimka, et parla d’un air légèrement boudeur.

« Tu vas rester debout encore longtemps? Je suis allongé et je n’ai pas d’armes, et toi si tu voulais m’éliminer tu l’aurais fait sans m’adresser la parole; je ne souhaite pas combattre de toute façon, en tout cas pas ici, les enfants d’en face se sont déjà couchés et il serait dommage de les réveiller. »

Il y avait sans doute une seule personne dans tout Hyrule pour proposer cela à une personne qui souhait plonger dans le pays dans le chaos, et c’était sans doute Dun. Il n’était pas comme les autres à vrai dire, et un combat l’ennuierait plus qu’autre chose.

« De plus, tu voulais me parler de quelque chose non…? »

Un sourire mauvais se dressait maintenant sur son visage, et tout la bienveillance qui était dégagée envers les enfants endormis avait maintenant disparu. Il était maintenant plus proche de l’état d’esprit qu’il avait lorsqu’il combattait Zangetsu dans un combat à mort.

Nasimka ne s'était apparemment pas trompé sur Dun ou du moins, c'était l'impression qu'il avait vu le comportement et la façon détachée qu'avait de parler le guerrier. En effet, l'apparition du stalfos n'avait provoqué chez lui aucune réaction de panique ou de méfiance. Il était resté parfaitement calme et maitre de lui et s'était contenté de répondre calmement aux quelques questions que lui posa Nasimka.

"Ainsi donc, ces guerriers t'ont également posés quelques misères par le passé... Je dois dire que seul Lliude a su se dresser contre eux et mérite de ce fait mon intérêt... Les autres devraient recevoir un châtiment pour s'être opposé à un stalfos! Je ne les oublierais pas de sitôt..."

Par la suite, l'attitude de Dun parut encore plus étrange et indifférente qu'elle ne l'eut été jusqu'à présent. Le chancelier invita ainsi Nasimka à se mettre à l'aise plutôt que de rester debout indéfiniment. Tout d'abord perplexe, Nasimka consentit ensuite à s'asseoir en tailleur aux côté de son interlocuteur. Lorsque ce fut le cas, Dun entra directement dans le vif du sujet et demanda clairement au guerrier squelette les raisons de sa venue jusqu'ici...

*Très bien, si il s'attend à ce que je lui propose quelquechose, c'est qu'il est plus intelligent que je ne le croyais et c'est un bon début...*

"Soit, tu as raison... Si je suis ici, c'est parceque je te cherchais et que je voulais m'entretenir avec toi. Tu es quelqu'un de raisonné et j'imagine que tu sais que la présence d'un stalfos à Hyrule n'est en rien une coïncidence...
Nous autres stalfos voulont réussir là ou Ganondorf lui-même a échoué! Nous souhaitons asservir cette cité tout comme l'armée de 1000 morts l'a déjà fait dans bien d'autres!...
Cependant, je ne pourrais réussir sans une aide précieuse, aide que tu es sans doute le seul à pouvoir m'apporter!... Tu fais, si on peut dire, parti de la "famille royale" et tu as donc accès au palais. Si tu arrivais à m'y faire pénétrer en douce, je pourrais..., nous pourrions kidnapper la grande reine Zelda et se servir d'elle pour donner des ordres à la population et aux gardes, ce qui profitera peu à peu à notre prise du pouvoir!..."

Soudain, la lune éclaira la face squelettique de Nasimka. A ce moment précis, on pouvait y voir tout le fanatisme, la perfidie et la soif de pouvoir qui habitait cet être. Les généraux de l'armée des 1000 morts salueront bientôt sa prouesse et le pardonneront de ses anciens pêchés pour régner avec lui sur la cité la plus convoitée de ce monde: Hyrule!

Dun écouta très attentivement le discours de Nasimka, contrairement à ce que l’on pensait en le regardant somnoler. Le Stalfos avait de l’ambition, beaucoup d’ambition, et c’était peut-être ce qui ferait qu’il arriverait à ses fins un jour. En tout cas, il y avait déjà quelque chose qui avait plu à Dun: Le fait de s’être fait battre le jour même ne semblait pas l’avoir découragé. Toutefois, le Chancelier resta silencieux après que le squelette ait fini de parler.
Il semblait songeur, et fini par prendre la parole, en ouvrant les yeux cette fois. Allongé comme cela, le Ciel était immense, si grand qu’il comprenait qu’il n’était qu’un grain de poussière à côté.

« Cette stratégie pourrait marcher, s’il n’y avait un détail très embêtant.. La Princesse est aimée de son peuple, et il y a même certaines Gérudos -peuple de Ganondorf- qui la soutiennent. Si tu levais la main directement sur elle, tu t’attirerais les foudres de tout le pays, et même des groupes ennemis s’allieraient pour te pendre haut et court. »

Dun savait que le guerrier n’était pas idiot, et il avait dû remarquer que certains aventuriers pouvaient se montrer puissants si on les provoquait, c’est pourquoi il finit par se mettre en position assise, avant de reprendre la parole.

« Non, l’idéal aurait été qu’un conflit éclate au sein même de la Famille Royale. Un conflit entre frère et sœur aurait été parfait, et le peuple n’aurait vu ça que comme une lutte de pouvoir entre nobles, du moment que la lignée royale était préservée, cela leur aurait convenu.
…
Bien sûr, c’est-ce que j’aurais dit si je voulais prendre le pouvoir. »

De plus, la Princesse n’avait ni frère ni sœur, ou autres parents pouvant prétendre à la succession. C’est pourquoi il se retourna lentement vers l’homme encapuchonné, en arborant un air serein, mais malsain à la fois. Un étrange reflet pouvait se voir dans ses yeux, peut-être était-ce l’avidité, il sourie, et comme si c’était la moindre des choses, ajouta:

« Non, moi, je veux le détruire, purement et simplement. Ce pays qui ne sait pas s’occuper de lui-même, qui dépend de pouvoirs Divins, il ne mérite pas d’exister ainsi. Tu as dû te rendre compte aujourd’hui que sans alliés, faire ne serait-ce qu’un seule geste criminel est bien difficile…
Je cherche actuellement à créer un groupe de combattants qui se battraient en apparence sous le même drapeau. Il n’y aurait ni chef, ni sous-fifres, chacun ferait ce qu’il veut, tout en coordonnant ses actions, et ce, jusqu’à la destruction d’un des rapports de force: La Famille Royale, ou Ganondorf. Après cela, le groupe se disloquerait; chacun serait libre de continuer à combattre pour leur idéal: toi pour la domination, moi pour la destruction, et ce, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un. »

Oui, c’était du suicide, ou à peu de choses près. Non pas qu’éliminer l’un des Pôles de Force pouvait bien être difficile, mais lorsque le but serait atteint, chacun chercherait à éliminer les autres. Pourtant, cela convenait à Dun, et c’était selon lui la meilleure solution possible. Ces pathétiques Guildes qui cherchaient à prendre le pouvoir n’y arriverait pas, car chacun avait des intérêts égoïstes qu’il tiendrait caché dès le début.
Alors que là, personne n’aurait à avoir honte ou peur de dire qu’il chercherait à tuer ses alliés à la fin, tout le monde le ferait.

Une fois qu'il eut délivré à Dun sa stratégie, Nasimka attendit ensuite avec anxiété la réaction du guerrier. Le stalfos fut bien vite rassuré lorsque le chancelier lui dévoila à son tour son but concernant Hyrule. En effet, bien que le chancelier trouvait la stratégie du guerrier squelette trop dangereuse, cela ne l'empêcha pas par la suite d'expliquer comment lui comptait faire afin d'atteindre son objectif qui était la destruction pure et simple de la cité d'Hyrule.
Et Nasimka l'écouta avec attention car Dun faisant parti de la famille royale, il était le mieux placé pour connaitre les faiblesses du royaume.

"Je savais bien que des hommes comme toi pouvaient appartenir à Hyrule et je suis heureux de t'avoir trouvé... Mes premières impressions à ton sujet se sont révélées exactes."

Nasimka réfléchit ensuite à la proposition de Dun. Ce dernier souhaitait former un groupe de guerriers rebelles à la fois unis et libre: concept intéressant... Pour le stalfos en tous les cas, cette vision des choses l'arrangeait dans un premier temps car depuis son arrivée sur Hyrule, sa mission première avait été de partir à la recherche de pseudos alliés. Dans un second temps, il espérait que les membres du groupe sauront se tenir tranquilles si la prise de pouvoir réussissait car sinon cela pourrait tout gâcher...
Se relevant soudain, sourire en coin, Nasimka répondit à Dun d'un ton satisfait.

"Dun..., je crois que nous allons pouvoir nous entendre tous les deux car ton idée de fonder un groupe de guerriers est également mienne depuis le début... Ensuite, je peux comprendre que si nous réussissons, il y ait un risque pour que les égaux de chacun prennent le pas sur la raison et la cohésion, d'où un risque d'affrontement...
En ce qui me concerne, sache que domination et destruction revient au même... Qu'Hyrule brûle m'importe peu du moment que le nom d'un Stalfos soit associé à ce coup de force! Nyarknyarknyark!... Et puis, reconstruire une cité sur les ruines de la grande Hyrule serait un honneur!"

Cependant, Nasimka savait que pour vaincre, le chemin serait encore long... Lui revint alors en mémoire Zangetsu. L'idéologie du dieu qui protégeait ce démon risquait de faire capoter leur entreprise. Le stalfos se devait d'en parler à Dun.

"Si nous sommes d'accord, il me faut te parler de ma première inquiétude. Celle-ci concerne le démon Zangetsu... Il n'est peut-être pas fidèle à Hyrule mais son idéologie est radicalement différente à la notre et il risque de poser problème...
Je voulais également savoir si tu avais déjà approché d'autres guerriers pour intégrer ton groupe de combattants."

Dun écouta Nasimka, et tout comme lui, fut satisfait par la réaction de son interlocuteur. Beaucoup auraient déjà agressé le jeune homme en salissant son nom de traîtrise ou de folie, mais le guerrier semblait lui, séduit par son idée. C’est pourquoi il écouta ce qu’avait à dire le Stalfos, et approuva d’un signe de la tête au fur et à mesure que son discours avançait, n’ayant rien à redire de tout ça.
Mais, lorsque le squelette aborda le sujet du démon Zangetsu, le Chancelier répondit d’un air plus que déterminé.

« Que ça soit les Déesses de ce pays, ou les Dieux des Enfers, je ferais tout pour arriver à mes fins, c’est aussi simple que ça… »

Cela ne signifiait pas obligatoirement qu’il était de taille face à ces entités, mais plutôt qu’il était trop tard pour reculer maintenant. Toutefois, les remarques de Nasimka étaient judicieuses, si un traître se glissait dans le groupe, et brisait l’alliance avant que la Famille Royale ou Ganondorf ne soit battu, cela poserait un problème.
Néanmoins, Dun recula de quelques pas avant de recommencer à parler.

« En effet, j’ai déjà abordé certains autres guerriers, mais en restant passif et en les observant juste. Zangetsu, ou encore ce Lliude en font parti, il faut juste voir si eux souhaitent nous rejoindre… Et si c’est le cas, il n’y aura pas de raisons de refuser, la seule condition pour venir est d’être fort. »

En effet, ni discrimination, ni avantage, juste être suffisamment fort pour ne pas être une gêne pour les autres. C’était le maître mot de l’Ordre que voulait créer Dun, et il venait de le préciser. Toutefois, en prenant conscience que le Stalfos et le Démon s’étaient affronté aujourd’hui même, le Chancelier rassura son interlocuteur.

« Ne t’en fais pas, même si une personne venait à nous trahir, nous le saurions tous à cet instant précis, car… »

Relevant sa main droit devant lui, le jeune homme murmura quelques mots, comme une incantation, et fini par « Nonne Blanche ». A cet instant précis, des morceaux de verre sortis de nulle part vinrent se rassembler au bout de sa main, pour former une sphère de cristal. Celle-ci se fissura toutefois bien vite, et éclata en mille morceaux de… miroirs.
Pourtant, ces miroirs ne reflétèrent pas les lieux alentours, mais une seule et même chose à chaque fois: Une jeune fille toute de blanche vêtue. Cette dernière sortie soudain de l’un des miroirs comme de la surface d’un lac, et resta immobile, la tête tournée vers les deux hommes, les yeux fermés.

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« C’est le sort de la Nonne Blanche, ça sera le pacte qui liera ceux qui viendront au sein du groupe, elle sonde notre esprit, et met en avant notre réel désir. Si le tien est de détruire Hyrule, alors elle le saura; si tu cherches à nous trahir, elle le saura aussi à l‘instant même où tu le ferais… Ainsi que tous ceux qui auront fait le pacte avec elle. Peu importe la distance qui les sépareraient. »

Et, comme pour montrer ce qu’il voulait dire, Dun posa la main sur l’épaule de la jeune fille. Mais au contact de sa peau et de cette dernière, du sang gicla: sa paume était lacérée de part et d’autres.

« Cette fille est la matérialisation du pacte : fragile comme un miroir, on peut à tout moment briser notre promesse et trahir le groupe; mais aussi tranchant que des éclats de verre qui résultent de la cassure, celui qui ferait cela subirait les foudres du sort et de ses propres compagnons. »

Poussant un râle en regardant sa main ensanglantée, Dun se demanda s’il aurait à faire cette démonstration à tout ceux qui voudraient les rejoindre. En y repensant, cela permettrait au moins de mettre les choses au clair dès le début.
Celui qui trahirait ses compagnons ne pourrait le cacher, et ce, même si des kilomètres les séparaient. Enfin, sentant que le Chancelier avait fini de parler, la fillette se plaça juste devant le Stalfos, et après avoir gloussé, ouvrit les yeux. Ces derniers étaient inexpressifs, et rouges comme des rubis, la Nonne, elle, semblait attendre quelque chose du squelette.

« Dis lui la raison pour laquelle tu veux me rejoindre… J’ai déjà fait ce pacte moi-même, et lui en ai dit mon ambition. Ainsi, si je cherche à vous trahir, je subirai le même châtiment. »

Nasimka comprit encore plus la vision qu'avait Dun de son futur groupe de combattants lorsqu'il su que Zangetsu allait également être approché malgré tout ce que Nasimka connaissait de lui. Concernant Lliude, il ne restait qu'à vérifier son potentiel avant de tenter de l'enroler.

"Ces deux guerriers ne devraient pas être trop difficiles à retrouver. Ils sont assez turbulents... Sache simplement que désormais, Zangetsu traine avec une femme guerrière du nom de Ice. Si Zangetsu nous suit, elle le fera surement aussi..."

Par la suite, Nasimka assista à un sort lançé par Dun et qui selon ce dernier, permettrait d'être informé à la seconde près si l'un des membres qui formerait leur groupe tentait un jour de les trahir. Repensant à Zangetsu, Nasimka approuva unanimement cette mesure. Il ne restait plus pour le guerrier squelette qu'à accomplir le pacte que lui proposait "la nonne blanche"...

Observant comment il fallait s'y prendre, Nasimka ricana en voyant la main ensanglantée de Dun car lui n'avait que de la chair moisie sur ses os luisants. Ainsi, le pacte ne lui enlèverait que quelques lambeaux de peau supplémentaires... Ni plus, ni moins...
Posant son regard vide droit dans les yeux couleur rubis de la petite nonne qui s'était matérialisée face à lui, le stalfos posa ensuite sa main griffue sur l'épaule de la fillette et prononça ces quelques mots...

"La domination d'Hyrule par n'importe quel moyen que ce soit, même par sa destruction, est mon objectif! Et je suis prêt à tout pour cela!"

Nasimka semblait plus que motivé par l’idée de groupe, et cela satisfaisait Dun, pourtant, lorsque le squelette posa la main sur l’épaule de la Nonne, ce dernier n’eut même pas le temps de l’en empêcher.
La fillette, elle, ouvrit enfin les yeux (elle les avait pas ouverte!) et fixa les orbites vides de son interlocuteur. Ses pupilles étaient couleur rubis, ou sang, et avait un reflet malicieux au fond du regard.
Souriant et prenant la main posée sur son épaule, la Nonne sembla en transe pendant quelques secondes, avant de commencer à caresser la main squelettique qui… se voltilisa en poussière.
Laissant cette dernière s’envoler au gré du vent, elle recula de quelques pas avant de disparaître dans le vide, qui ondula comme l‘eau à la surface d‘un lac.

« Je t’avais prévenu, elle ne tranche pas le corps, mais l’existence elle-même. Que tu sois vivant ou mort ne change rien au fait que tu existes, et c’est-ce qu’elle supprime dans cet univers. »

A vrai dire, le Chancelier se demandait depuis longtemps si avec l’aide de ce sort, on pouvait éliminer l’existence des Déesses, mais il savait très bien qu’il ne pourrait jamais le vérifier, puisqu’un pacte est nécessaire à son accomplissement. Poussant un soupir, le jeune homme estima qu’il était encore heureux que seule la main ait été prise, et pensa que c’était une sorte de sacrifice pour le pacte. Après quelques secondes de silence, il repris la parole.

« Bien, maintenant que c’est fait, et que l’on a proclamé nos intentions, il faut décider de la suite des évènements… J’aimerais rentrer me reposer, mais je crois que nous devrions profiter du voile de la nuit pour aller chercher d’autres combattants, sans vouloir t’offenser, les petites filles pleureraient en voyant ce qui se cache sous ta capuche. »

Retirant la cape blanche qu’il portait depuis le début, le jeune homme se servit de cette dernière pour faire un bandage à sa main, et posa les mains sur ses hanches avant de prendre la parole.

« Donc, allons voir les guerriers qui t’ont donné tant de mal cet après-midi, et avec qui tu as fait un feu de camp. »

La légèreté de ses paroles témoignaient de son état d’esprit, et il commença à se diriger vers la sortie du village Cocorico. Pourtant, avant même d’y arriver, le jeune homme se retourna et ajouta d’un air grave, à Nasimka:

« Je pense que tu l’avais déjà compris, mais il ne fait aucun doute que je n’interviens pas en tant que Chancelier, pour ce dernier, tu ne l‘as jamais rencontré et il ne t‘a jamais vu. Ne pas respecter cette clause reviendrait à trahir l’un des membres du groupe, tu sais ce que implique.. »

De plus, avoir un Chancelier permettait de couvrir certaines affaires comme le combat titanesque qui s’était déroulé l’après-midi, et c’était un des avantages qu’il ne fallait pas perdre.