Ode joyeuse a la Haine - A table!

[ Hors timeline ]

Eorah Vif-Argent


Inventaire

0,00


(vide)

Lenneth poussa de la main le panneau de bois qui faisait office de porte. Derrière une ambiance enfumée, a la fois de tabac et de cuisine. Et si l’odeur avait de quoi vous donner envie de dévorer chaque chose que le tenancier vous proposerait, il ne fallait pas s’attarder a l’hygiène. Ce n’était pas la première priorité ici.

Mais avant d’entrer dans le village elle avait néanmoins prévenu son partenaire. L’endroit où elle les menait était avantageux car il ne vendait pas seulement a boire et a manger, mais aussi de la compagnie. Et quelle meilleure planque pour eux qu’un tel lieu ? Ils pouvaient y passer pour un homme et son « acquisition » sans soucis et donc parler sans s’inquiéter de qui les entendrait. Elle les avait déjà vus, ces hommes qui veulent à tout prix rester anonymes. Personne ne tenterait à les ennuyer. Et au pire des cas, un coup de dague ou deux et affaire classée.

Se faufilant entre les tables bondées elle se dirigea vers le fond de la salle. Là bas, elle le savait, il se trouvait des alcôves, promettant discrétion. Moyennant finances bien sur, mais ca elle en fit son affaire en se glissant derrière le comptoir et en piquant la graisseuse bedaine du tenancier. Lequel préférât leur accorder leur table plutôt que de saigner un peu. «
Gros porc sans honneur » songeât la Sheikah.

Quand il fallut donner un nom pour les commandes elle lâcha un «
DoLl » froid et sans appel. Et enfin elle put se glisser sur les bancs capitonnés qui leur avait été adjoint. Elle exalta un soupir las et pour bien faire comprendre qu’elle ne souhaitait pas qu’on les dérange, remonta ses jambes sur le bois à coté d’elle. Puis avec un regard sournois elle lança a son compagnon : « Le parton invite, fait toi plaisir. » avant de glisser son bras droit sur le dossier et de jouer la courtisane minaudant. « Par les Trois, que je déteste jouer comme ca » songea-t-elle. Elle en profita néanmoins pour laisser ses yeux fureter dans la salle, et d'une main lascive abaissa son capuchon. La lumière des bougies allumées pour repousser les ombres jouèrent sur la marque rouge sur sa joue, dans la masse argentée de ses cheveux et sur le bleu nuit de ses yeux.

Quand la serveuse geignarde se décida a bouger son gras jusqu’à leur table, Lenneth commanda un verre d'alcool de riz, avant d'inviter son comparse a faire de même.


Astre


Inventaire

0,00


(vide)

L’établissement était crasseux ; cela puait la sueur rance, et tous ces clochards avinés qui se sustentaient de mets indélicats et de bière vaseuse ressemblaient à des épouvantails. Pour un peu, ils auraient effrayé Astre le banni. Après que la Sheikah eût convaincu physiquement l’aubergiste débordant de lard de répondre à leurs besoins, le couple se dirigea vers un lieu plus obscur où ils auraient loisir de tramer et de comploter contre le royaume. Astre sourit à cette pensée, se sentant l’âme d’un vilain mystificateur tout droit sorti d’une pièce de théâtre. Il ne lui manquait que la vilaine bouille : les dents longues, le nez camus et les petits yeux fourbes. Il balaya du regard les abrutis venus s’éclater la panse et le foie, ces visages hirsutes et barbares, cette plèbe dégoûtante qu’Hyrule écumait dans les lieux les plus sinistres, comme cette auberge très sale.

Tous deux assis, Lenneth sembla lui dire quelque chose, mais le brouhaha alentour occupait toute son attention, et la voix de la fille sonnait comme un appel lointain, un souvenir. Il haussa les sourcils, surpris par de telles pensées alors qu’il n’avait rien bu encore. Il secoua la tête, se résignant sûrement à subir la confusion de son esprit, avant de lever les yeux sur l’ancienne Phénix. Son regard se mit à dessiner le contour de la silhouette, puis à hachurer l’intérieur. Il se demanda ce qu’il faisait ici, en face d’elle, cette gueuse qu’il avait abattue férocement… et lui, que faisait-il en ce bas monde ? Etait-il une âme errante ? Sa bouche tiqua, ses lèvres se retroussèrent et le rouge de ses iris sembla vomir une vieille amertume quasi-millénaire. Lorsque la serveuse arriva avec sa figure débile, Astre se surprit à vouloir la gifler. Lenneth prit un verre de vinasse. L’autre guenon, avec son air ennuyé, attendait du Chevalier qu’il lui commande quelque chose. Il la toisa avec morgue jusqu’à ce qu’elle baisse le regard.
« Une bière… et deux plats du jour. » La fille acquiesça et repartit le pas traînant vers le comptoir.

Astre, pour se ressaisir, réajusta sa chaise face à la table et redressa son dos meurtri. Il entrelaça ensuite ses deux mains et se pencha, sans sourire, vers Lenneth. Elle se prélassait sur sa chaise, cette petite garce, songea-t-il un instant. Il serra les dents pour repousser ces vilaines pensées qui s’accommodaient à l’environnement, et lui lança glacialement :
« Que me veux-tu ? »


Eorah Vif-Argent


Inventaire

0,00


(vide)

« Que me veux-tu ? » Un ton froid, qui aurait put figer sur place n’importe qui dans ce bouge. Elle lui retourna son regard. A la seule différence était que le sien était rieur, et malicieusement sournois. Lenneth se pencha a son tour par-dessus la table. « Rien de plus que de t’offrir un repas, voyons. » Là-dessus elle retourna s’adosser contre le dossier de bois de son siège. La serveuse revint a ce moment la, pour déposer les boissons sur la table. Lenneth prit son verre, gouta et lança a la pauvre fille « Ramène toute la bouteille, et tire toi ! » Puis a son comparse « On risque d’avoir le gosier sec, a force de parler. »

Détachant ses yeux et son esprit de sa situation, la Sheikah jeta un œil dans la salle, en secouant la tête. Comment pouvait-on tenir une merde pareille ? Plus le repaire de maquereaux et de leurs filles, qu’une auberge digne de ce nom. Ca et la, les catins exhibaient leur peau a défaut de charmes ou de jolis minois.

Le bruit des assiettes qu’on pose sans ménagement sur le bois de leur table, ainsi qu’une vive brulure la ramena a elle. Pressée dans sa tache, ou vexée par leur manque de politesse, la serveuse avait reversé en partie le contenu de l’assiette sur les jambes de Lenneth. Laquelle réagit vivement en se levant et en giflant durement l’idiote. Un aller retour. Le hoquet choqué de la gamine. L’éclat dur des yeux de la Sheikah. Un instant le silence se fit autour d’eux. «
Remballe-moi ca » siffla tout bas Lenneth « Remballe-moi ca, ou je t’étripe ! » Elle fut aussitôt obéit, l’idiote rempila l’assiette reversée.

Se rasseyant, Lenneth soupira. Le bruit revint. Elle laissa ses yeux dériver à nouveau. Deux secondes plus tard elle prononça en Sheikah, afin d’être juste comprise de son compagnon : «
Je compte me tailler une part dans la noblesse d’Hyrule. Je t’offre une chance de le faire avec moi. »
Enfin Lenneth darda ses yeux ambigus dans ceux de braise de son vis-à-vis : «
Allons égorger la dernière Nohansen … »


Astre


Inventaire

0,00


(vide)

« Rien de plus que de t’offrir un repas, voyons. » Joue avec moi, petite traînée, et tu vas bouffer le sol…  Astre l’observait avec circonspection. Elle se donnait des airs virils, des airs de guerrier bourru. « Ramène toute la bouteille, et tire toi ! ». Elle avait beau jouer l’homme, Astre allait lui faire voir ce qui manquait à la princesse mendiante pour faire état de masculinité. Il pencha méchamment la tête de côté devant son insolence cordiale. Tandis qu’il continuait son inspection dubitative, la serveuse vint faire des siennes et sa maladresse réveilla la colère de Lenneth.

« Remballe-moi ca…  Remballe-moi ca, ou je t’étripe ! » L’autre s’exécuta, des larmes dans les yeux. Cette crétine avait beau avoir été finie à la pisse, probable produit d’un inceste, l’attitude dévergondée de la Phénix lui tapait sur le système.  Elle revint quelques minutes après remplacer les assiettes et offrir une bouteille pour les dégâts, sûrement prélevée sur sa propre paye. Pauvre imbécile… Le Chevalier ne pipait mot, il restait de marbre devant la vipère au sang chaud qui s’agitait en face de lui. Il prenait son mal en patience, attendant qu’elle débobine toutes les sornettes qu’elle voulait lui sortir. Sornettes, c’était le mot. Il ne fut pas déçu.

« Je compte me tailler une part dans la noblesse d’Hyrule. Je t’offre une chance de le faire avec moi... Allons égorger la dernière Nohansen … »

Il éclata de rire, les yeux la foudroyant littéralement. Ainsi la gueuse voulait s’attaquer à la Princesse elle-même ! Et comment allait-elle faire ? Se taper toute la garde royale, la chancellerie, la domesticité, et espérer avec le peu d’énergie restant trancher la gorge de Zelda ?! Son rire se tut aussi vite qu’il s’était manifesté. Ses yeux alimentaient un blizzard de sang.

« La formulation n’est pas la bonne, même pour un plan aussi rocambolesque. » Son ton sentencieux laissait présager une suite. Il dodelina de la tête, histoire de lui montrer qu’il ne plaisantait pas. « Dans ton histoire, tu ne m’offres rien du tout. Tu ne me fais aucune faveur. Non non. C’est moi qui t’offre de l’aide, c’est moi qui t’honore de ma présence, pas l’inverse. » Point de détail peut-être pour cette excitée du bocal, mais il fallait qu’Astre se montre ferme. « Tu veux tuer Zelda ? Soit. Explique-moi ton plan et je te dirai s’il y a une chance pour que je t’accompagne dans ton entreprise. » Il lui jeta un sourire grinçant.


Eorah Vif-Argent


Inventaire

0,00


(vide)

Les yeux de la Sheikah se rétrécirent, sa bouche se pinça en une ligne fine. Elle haussa les épaules. « Besoin de toi, je sait pas. »
La colère provoquée par l’andouille d’avant, s’était apaisée, Lenneth se perdait à nouveau dans ses pensées. Doucement, elle murmura :

«
Tu veux savoir mon plan ? Très bien le voici. »
Les yeux vague parce qu’elle était perdue dans ses souvenirs et ses constatations elle souffla :
«
Je sais, qu’en ce moment, un conflit fait rage la bas, au désert. La moitié des gardes sont partis, ne laissant que bleus et vieillards. Le General et sa jupette sont de la partie. On dit aussi que le Chancelier y est aussi. Ne reste ici que la nourrice, pour nous faire vraiment obstacle. »

Le doigt de Lenneth dessinait maintenant des lignes sur la poussière de la table. Une esquisse rapide, une petite carte
«
JJe compte entrer par les prisons. Il y a là dedans de quoi offrir une bonne diversion. Je pense séduire un garde avant d’y aller pour un double des clefs. Ensuite se faufiler dans les couloirs.» Elle leva les yeux sur son compagnon. « Je pensais, que, vu ta réputation, tu saurais ou aller. »

Elle soupira :
«
Et si j’arrive pas a mon but ... tant pis. Mais au moins, j’aurais essayé. »


Astre


Inventaire

0,00


(vide)

« Besoin de toi, je sait pas. » Il sut qu’il avait touché juste : la fierté de la jeune dinde en prenait un coup.

« Tu veux savoir mon plan ? Très bien le voici. … Je sais, qu’en ce moment, un conflit fait rage la bas, au désert. La moitié des gardes sont partis, ne laissant que bleus et vieillards. Le General et sa jupette sont de la partie. On dit aussi que le Chancelier y est aussi. Ne reste ici que la nourrice, pour nous faire vraiment obstacle. ..  Je compte entrer par les prisons. Il y a là dedans de quoi offrir une bonne diversion. Je pense séduire un garde avant d’y aller pour un double des clefs. Ensuite se faufiler dans les couloirs.» « Je pensais, que, vu ta réputation, tu saurais ou aller…  Et si j’arrive pas a mon but ... tant pis. Mais au moins, j’aurais essayé. »

Il éclata de rire, un rire profond et caverneux, un rire qui transpirait le regain de confiance. Tuer Zelda ? Ah, pourquoi pas. Dans l’absolu, la jeune blondasse tringlée par tous les Grands de ce monde ne l’intéressait pas : pour lui, elle n’était qu’une marionnette agitée par de plus vieux et vicieux personnages. Tout cela n’était qu’une farce dont Zelda n’était que la face visible. Pourtant, oui, cela pourrait être intéressant vis-à-vis des conséquences. Si la gueuse royale crevait –et si possible d’une mort bien sale, tous ceux du bas peuple qui avaient placé leur misérable confiance en elle s’agiteraient débilement et des émeutes finiraient par éclater. Il lui suffirait alors de profiter de la discorde pour s’immiscer dans les sphères du pouvoir, cracher sa bile magique et tuer les usurpateurs, et s’autoproclamer Roi d’Hyrule. Il ne lui resterait plus qu’à se débarrasser de Ganondorf et de ses larbins. Il pouffa devant sa propre bêtise, tissant un plan à partir du néant, à partir d’hypothèses grossières. Il ne doutait pas un seul instant réussir à refroidir la Zelda, pourtant essayer prouverait qu’il lui restait une paire de couilles et que l’ambition subsistait encore dans son maigre corps. Ce plan foireux présentait de nombreux problèmes, pourtant le hic qui gênait réellement le Chevalier noir c’était qu’il ne voulait en aucun cas servir les intérêts du rouquemoute. Astre cracha par terre, sur le sol en terre battue de cette vieille bicoque qui servait de bar à putes.

« Pourquoi pas ? Pour le moment, je n’ai pas grand-chose à faire. »