Posté le 10/05/2013 15:08
Il en griffa le bois verni de son bureau. L'homme s'agrippait avec toute la violence qu'il lui était possible de mettre dans une poigne, subjugué par une explosion de sens qu'il n'avait de cesse de réitérer, mais qui chaque fois était différente. A l'image de chaque fille, en réalité. « Oh ! Foutredieu ! » Lâcha-t-il, pris de douces convulsions alors que la chaleur qui habitait le coeur des hommes se déplaçait plus bas. « Nom de non ! Nom d'un p'tit poulet ! Pas si vite ! » Lança l'Hylien, laissant ses mains rejoindre la scène qui se jouait sous le meuble bien luxueux qui trônait au centre de la large pièce qui faisait office de directoire.
Lui, pauvre tenancier d'une des auberges d'un vieux dignitaire à la retraite, vraisemblablement crevé, disposait de tant de richesses qu'il pouvait caser un bureau aussi massif qu'il en ferait pâlir n'importe quelle fille d'Hyrule. N'importe, ouaip ! Zelda, elle même ! D'ailleurs, une n'allait pas tarder à se retrouver bien blanche. « Créfieu ! Pas si vite ! Pas si viiiiiiiite ! » Et sans voir ce qu'il faisait, il jeta sa main vers la première dame du spectacle. Le tempo était bien trop rapide pour qu'il put le supporter, ce qu'il n'acceptait pas. La chose se devait de prendre du temps. Du moins...
On tambourina avec violence à la porte. « Non ! Non ! Pas maintenant ! » Beugla-t-il. «Et toi, plus vite ! Tu n'entends donc rien ?![/b] » Sa main heurta à nouveau la chair, tandis que ne s'ouvrait les portes. Deux qui n'avaient ; pour ainsi dire ; rien à voir. Non, vraiment, rien.
"Je... —[/b]" Il haletait, en proie a la chaleur qu'il croyait propre aux hommes. « Je vous avait défendu d'entrer ! » Ragea-t-il alors qu'il se sentait venir. La souris qui mordillait le fromage couina. La sueur qui glissait depuis son crâne dégarni vint déranger sa paupière et pour la première fois sa main quitta les douces soieries d'en dessous. Du poing, il se frotta l'oeil et chassa l'intrus. « Bon. » Commença-t-il, visiblement de très mauvaise humeur, mais la voix encore tremblante. La peste soit cette interruption dans sa réunion de tous les jours.
"Maintenant que vous êtes là, qu'est-ce que vous voulez ? Un client s'en est pris à vous ? Vous avez été menée dans des endroits lugubrement sombres ?" Cracha-t-il, par habitude, las et fatigué de ce genre de plaintes qui faisaient la réputation de son établissement. Fille facile, il faut dire que ça attire les damoiseaux. Ses affaires florissaient depuis qu'il avait pris la décision d'engager des filles de joie pour tourner autour de son auberge. Le soucis venait du fait qu'un gars saoul ne faisait pas la différence entre serveuse, pute et cliente. Ou alors qu'aujourd'hui les femmes ne savaient plus se taire. Oui. Ca devait venir de là, sans doute. Mais il avait eu droit à quelques visites de la garde. Il ne s'était jamais essayé à ce genre de commerce avant l'assaut sur le Ranch, et bien vite l'autorité avait décidé d'enquêter sur ses affaires. Et après la nomination du nouveau Général... Les visites s'étaient très vites faites plus pressantes, moins sympathiques. Le problème devenait suffisamment sérieux pour qu'il n'envoie plus balader ses clientes.
Comment pouvait-on lui en vouloir ? Lui qui portait le fier patronyme de Link Aedan fils d'Adrian, lui même tenancier avant que son fils chéri et prodige (sauf dans le domaine du relationnel, il était toujours vieux-garçon en frisant les trente-sept printemps) ne reprenne les rennes de ce nouveau bâtiment : Les Filles Faciles. Il portait un nom de Héros, et en raison de quoi tout ce qu'il faisait était emprunt de bonté, de justesse et couronné de réussite. Pire encore ! Il était un héros ! Un de ces héros sociaux. Le sang sur la joue de la gamine ne retirait rien au bien qu'il faisait. Les hommes étaient heureux, les femmes devenaient riche et lui était leur bienfaiteur. Il faisait bien plus et bien mieux qu'aucun de ces soldats prétentieux sous pretexte qu'ils avaient un jour, dans leur jeunesse, été investi d'une mission et reçu une épée, trésor d'on-ne-sait quelle tribu ou quelle famille dérangée.
Link posa les yeux sur la nouvelle venue qui n'avait toujours pas esquissé un geste ni avancé un mot. « Eh bien quoi ? Parles, créfieu ! » Et en attendant qu'elle ne s'exprime, il s'attarda sur la plastique plutôt avantageuse de cette rouquine. L'homme se mordilla la lèvre inférieure, obscène, tandis qu'il laissait les doigts de fée, qui s'attelaient encore une dernière fois plus bas, finir leur travail. Il fallait qu'il soit présentable, mine de rien !
Il se glissa en dehors du bureau, drapé d'une longue chemise de soie verte, et brodée de quelques filins d'or, lesquels venaient souligner les courbes de sa silhouette, et les coutures du tissu. Une ceinture de cuir brun laissait la tunique former une espèce de petite jupette – verte elle aussi – au dessus de ses chausses blanches, par dessus desquelles il avait passé des bottes d'un cuir d'excellente facture. Le héros était habillé pour sans doute plus cher que ne l'étaient les trois quarts des dignitaires du Château, là où certaines de ses serveuses d'à peine quatorze printemps se trouvaient dans une telle situation de détresse que nourrir un gamin de cinq ans devenait complexe. Et tant que la garde ne venait pas lui mettre le nez dans la merde, il le vivait bien.
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