Posté le 17/09/2013 20:28
On boucle la boucle, revoila le 1er thème de Len'
L’aube, grise et froide se levait.
Je m’appuyais sur mon bâton de marche, un peu plus fatiguée à chaque pas.
Là bas, droit devant, le but de mon périple, ma chaumine de Cocorico. Je posais un regard anxieux sur la bâtisse et une main apeurée sur mon ventre. Le charme se rompt, ma grossesse commençait à se voir. La sorcière avait prévenu. Mais j’avais eu ce que je voulais. En cette saison, alors que j’aurais dut allaiter, on voyait à peine le renflement de mon abdomen. Le tribut fut lourd, mais je n’avais aucun regret.
Enfin j’arrivais à destination. Posant une main sur le panneau de bois, je lève les yeux vers le mont du Péril. Je crut un instant distinguer la sepulture que j'ai réédifié pour Astre a son sommet. Un instant je crut etre sur le point de pleurer, avant de secouer la tete, rageuse.
« Demain. » Promis-je. Pour l’instant j’étais trop fatiguée, trop affamée pour seulement penser à monter encore le flanc de la montagne.
D’une poussée j’ouvris la porte, non verrouillée comme toujours, et me glissait a l’intérieur. Jetant un œil alentour, je constatais que les rats et autres vermines avaient fait de mon refuge de secours leur domicile. Bah au diable pour ce soir. Je m’en accommoderais bien pour une nuit. Et demain sera toujours temps de leur faire la guerre.
Mon pas est hésitant, vacillant, alors que je me dirige vers la chambre au fond de la chaumine. Là, je me laisse tomber sur la paille qui compose la paillasse. Très vite, le sommeil me gagne, et j’y sombrais avec délice.
Trop de temps s’est écoulé, trop de choses ont été faites. Arkhams, Kuro, Yaé aussi …
Ils ont croisé ma lame ; connu mon visage, savaient que le Fantôme d’Argent était une femme de chair en quête de vengeance. Leur sang a abreuvé la Dame D’acier, qui en a chanté de plaisir, m’offrant le savoir faire de son ancien propriétaire au fur et a mesure que j’accomplissais mon œuvre. Je me suis alliée aux Ames, et fut l’instrument de leur chute. Telle fut la mission que m’imprima Astre dans ma chair, a coup de poings et de gifles cette nuit là dans la forêt en flammes : détruire de l’intérieur La Voix des Ames Perdues, tuer Hollowtimes leur chef et assurer aux Chevaliers Phénix une victoire complète sur nos ennemis. Notre coup fourré fut dangereux, car je risquais de ne pas survivre à ce mauvais traitement. Tout comme Hollowtimes pouvait ne pas être intéressé par Vif Argent dans ses rangs.
Pourtant, jusqu’au bout, je lui suis restée loyale, allant jusqu'à détourner mon alter ego DoLl de sa vengeance sur mon amant d’une nuit. Mais il est une chose que je n’ai put empêcher. Et encore aujourd’hui cela me ronge.
Les mois passèrent, mes enfants naquirent lors d’une nuit d’orage. Durant tout le travail je fus seule, seule pour les accueillir, seule pour me soutenir. L’espace d’un instant, j’eu la sensation que quelqu’un était la, me tenant la main, mais impossible d’en être sure.
Je mis au monde, un fils et une fille. Deux enfants si semblables que je choisi de leur donner des noms ressemblants. Pourquoi je n’ai pas choisi de me débarrasser d’eux ? Je le sus dès que je les vis. Impossible … car je les aimais déjà ….
Theos et Eorah. Quelle ironie du sort me frappa, donnant à mes enfants les caractéristiques communes aux deux hommes qui pussent être leur père ? Les yeux rouges d’Astre ou de Nerezzo. La chevelure d’ébène commune aussi aux deux – car je savais que Nerezzo ne fut pas toujours albinos.
Durant leur enfance je m’attachais à leur prodiguer toute la tendresse dont peut rêver un enfant.
J’appris à mon fils, comment manier l’arme de celui que je soupçonnais être son père. Digne héritier il devient un excellent bretteur, dont la lame ne le trahis jamais. Theos compris vite, que suivant comment il tenait l’arme le savoir lui venait tout naturellement. Petit garçon aux cheveux noirs et aux yeux rubis ; à la peau translucide et au corps presque androgyne, je m’évertuais a ce qu’il soit heureux. Et qu’il fut gentil pour sa sœur. Ce qu’elle lui rendit, d’une tendresse chaleureuse que seuls les jumeaux ont entre eux. Mes enfants s’aimaient et se soutenaient. Etheos entrainait Eorah dans ses farces, et elle faisait de même. Leur complicité était simplement magnifique.
Quand a ma fille, Eorah. Elle me ressemblait énormément, sauf peut être les yeux. Elle avait hérité des rubis de son géniteur, identiques à ceux de son frère. Et en même temps, elle avait ma chevelure argentée. Elle n’avait pas hérité que de cela, mais aussi de mon caractère, s’attirant parfois quelques ennuis, bien qu’elle fût comme moi, naïve et confiante, douce et aimante. Je lui appris à se servir d’un arc et en fit ma successeuse dans l’héritage de Gaffard. Je peux dire avec certitude qu’elle est plus puissante que moi dans l’Esprit, mais que là ou je l’utilisais de façon brute et agressive mon don, elle savait l’employer de manière subtile et douce. Elle était bien plus douée que moi.
A tout deux je leur enseignais les bases du respect et du savoir vivre en société. De plus je leur contais l’histoire, les bribes dont j’avais connaissance plutôt, de leur père. Enfin … je suppose que l’un des deux fut leur père …
Mes enfants eurent leur propre histoire, leurs aventures.
Pour ma part, je vécus heureuse durant de nombreuses années, parfois barde, parfois a conseiller les guerriers. A la fin de ma mission j’ai rendu les clefs de ma guilde et je l’ai transmise à mon second, qui la maintient d’une main de fer.
Je sais qu’Eorah l’a rejointe pour sa vingtième année. J’ignore ce qu’elle y fait. Theos y a aussi fait un passage, avant de se rendre compte qu’il préférait être pour lui-même. Et je sais qu’il a le cœur plus sombre que sa sœur.
Puis ma mort survint alors que j’approchais de mes quatre-vingt quinzième années. Ce matin là je m’étais rendue chez le boulanger, pour chercher mon pain. Les enfants devaient venir me voir dans la semaine avec leurs propres familles. Ces quelques mètres m’ont épuisée, et c’est croulant que je rentrais chez moi. En pauvre vieille, je m’appliquais dans un rôle de sorcière, à prédire l’avenir, et disperser quelque magie pour ceux qui en avaient les moyens.
Pourtant ce jour là, nul client, nul voisin. Je poussais cette porte vermoulue qui n’était toujours pas verrouillée. Et je portais une main sur mon cœur, qui s’était mis à bruler. Péniblement, lentement, je rentrais chez moi, et fermais la porte. Là je tombais à genoux, vieille croupie en bout de course, le souffle court et douloureux. Respirer était de plus en plus difficile. J’avais déjà connu cette sensation. Mais je n’avais pas vu la lumière lointaine au bout du tunnel qui venait de s’ouvrir juste la, devant moi. Ni les silhouettes que je devinais, au bout de ce tunnel. Péniblement, je relevais la tête, dévisageant ces fantômes de mon passé, qui venaient a moi dans ma dernière douleur.
Alors, je les reconnus, tous. Mes parents, Renata, Lothar, mon Kokiri de géniteur, Syphille. Des amis, comme Thor, Hollowtimes, Lyv et Link. Des ennemis, comme Lokis.
Nerezzo aussi était là.
Doucement je me relevais, et allait vers eux. A chaque pas, je laissais ma vieille carcasse un peu plus loin derrière moi, redevenant la jeune Sheikah intrépide de mes vingt ans. Là bas, sur le sol, mon cœur faiblissait, s’arrêtât. Ici, j’étais parvenue devant ma famille, et les observais, ne sachant que faire.
« On t’attendais. »
Je me retournais en reconnaissant la voix.
« Toi aussi t’es venu m’accueillir, »
Un sourire, des retrouvailles. Ma main qui se glisse dans les leurs. Ma mort, définitive celle-ci, fut paisible, a l’opposée total de la première. Pourtant c’est en saisissant leurs mains et en les embrassant que je m’en allais loin des Terres d’Hyrule…