Hyrule's Journey

Un doux rayon de soleil éclairait le village de Cocorico par cette belle après midi. Un léger vent soufflait, passant entre les arbres et les maisons comme dans une flûte, créant une mélodie. Les percussions des marteaux s'attelant à la reconstruction lui répondait. Le murmure des conversations faisait le chœur, les pas les cordes et les oiseaux les vents....
Aglaranna se tenait le long d'une maison, les yeux clos, et écoutait ce bel orchestre. Ces mélodies et les enchaînements de son l'inspiraient. C'était le concerto de la vie qui reprenait son cours. Le raid des Dragmire avait été surprenant, mais leur défaite avait redonné de l'espoir aux habitants et il leur était désormais plus aisé de sourire. Ces gens plein d'espoir grâce à la bataille des Rédemptions d'Ambre la confortait dans son nouveau choix de vie.
La violoniste rouvrit les yeux. Cette petit pause l'avait inspirée. Elle se sentait pleine d'entrain et l'envie de composer commençait à la dévorer. Aglaranna entreprit donc de se balader dans le village et de trouver un endroit tranquille où elle pourrait écrire tout en écoutant la musique du village.
Elle vagabonda entre les maisons jusqu'à trouve un petit sentier un peu excentré. Elle fut cependant surprise de tomber sur une petite brune aux cheveux bouclés. Sa taille et son air enfantin lui indiquèrent qu'il devait s'agir d'une enfant. Pris d'un élan maternel du haut de sa vingtaine, Aglaranna se pencha vers l'enfant avec un sourire bienveillant et lui dit :

« Bonjour jeune fille, ça va ? Tu as l'air de t'être un peu perdu dans le village. »

Nahice semblait dormir à moitié. Sa matinée de travail l'avait un peu fatiguée. que la jeune fille marchait, ses yeux mi-clos faisaient penser qu'elle était somnambule. Le soleil lui réchauffait le visage et une légère brise printanière frôla ses doigts maigres. Des oiseaux sifflotaient sur ce sentier, douce mélodie. Ah... Si le bonheur avait une définition, la brunette lui aurait donné celle-ci.
Personne ne venait, que c'était tranquille ! Presque trop... Cela lui donnait l'impression de s'être perdue, loin de tout, s'exposant à tous les dangers. Mais les chants guillerets des volatiles la rassuraient. Elle s'imaginait que feu sa sœur lui tenait la main, la guidant sur le chemin.

« Bonjour jeune fille, ça va ? Tu as l'air de t'être un peu perdu dans le village. »

Brusque retour à la réalité, où elle travaillait dur, où elle avait faim, où elle était seule. Enfin, la voix ne semblait pas hostile, quoique trop maternelle au goût de Nahice. Elle n'avait plus huit ans qu'elle le sache ! La jeunette ouvrit seulement son œil doré, gardant l'autre fermé. La petite brune observant son interlocutrice. C'était une belle femme, grande, aux longs cheveux.
Ébahie, elle entrouvrit la bouche et psalmodia quelques paroles, heureusement pour elle, totalement incompréhensibles. Les seules que l'ont pouvait ouïr nettement furent :

"Oui ma... Dame... Oui... Heu non ! Je ne suis pas... Perdue... !"

La jeune fille bafouilla un peu plus longtemps, rougissant de gêne à vue d'œil. Quelque chose chez cette femme l'impressionnait, mais quoi ?

La jeune fille leva la tête et ouvrit seulement un œil. Un œil de couleur or. Les rayons du soleil lui donnait des reflets de métal fondu. Très jolie. Cependant elle garda l'autre fermé. Étrange, peut-être était elle éblouie ou ensommeillée.  Aglaranna sourit à cette jolie bouille. Son sourire s'élargit quand elle vit la petite lever la tête lentement et s'ébahir devant elle. Elle balbutia quelque mots, ses paroles trop rapides et timides étaient guère audible.  En prenant quelques mots à la volée, la violoniste compris que la brunette n'était pas perdu. L'enfant se mit à rougir terriblement face à l'adulte. Elle semblait toute intimidée. Dieu qu'elle était toute mignonne, avec son bel œil et sa frimousse gêne. Aglaranna ne put réprimer un éclat de rire. Elle entreprit cependant de mettre à l'aise son interlocutrice. Elle se pencha vers elle et, lui souriant tendrement, lui dit :

«  Je m'appelle Aglaranna. Qu'est ce que tu faisais à l'écart du village ? Tu aimes te promener au calme ? »

Son ton était doux et pendant qu'elle parlait, la jeune femme s'était décalé un petit peu du sentier, à fin que la brunette puisse voir le village et ne pas se sentir bloquée par l'adulte.

Nahice se calma, essayant de reprendre une teinte plus normale que le rouge pivoine qui colorait son visage. Ainsi donc, cette belle femme s'appelait Algaranna ? Quel joli nom[/b], pensa-t-elle.

Quand son interlocutrice s'éloigna, comme pour la mettre plus à l'aise, la jeune fille pût voir le petit village se reconstruisant peu à peu. La brunette avait la désagréable impression d'être traitée comme un petit enfant, ce qui lui arrivait bien souvent, mais étant en confiance, elle décida de se présenter, afin de ne pas être la seule inconnue.

"Je m'a... M'appelle Nahice..."

Elle n'était pas spécialement timide, mais elle ne pouvait s'empêcher de bafouiller. Puis la jeunette voulut répondre aux questions qu'on venait de lui poser :

"Ce que je faisais à... À l'écart du village ? Je me reposais... Et j'aime assez le calme..."[/b]

Elle ferma son œil doré. Peut-être bafouillerait-elle moins sans la voir ?

La brunette mit un certain temps avant de répondre. Les émotions passaient sur son visage. Certaines étaient simples à reconnaître. L'embarras, l'intimidation, la curiosité, l'ébahissement... D'autre s'avérait plus compliqué. Aglaranna crut voir une pointe d'agacement, ce qui l'étonna. La jeune fille finit cependant par se présenter sous le joli nom de Nahice.
La violoniste aima ce prénom dès qu'elle l'entendit. Il était chantant et allait bien avec l’apparence de la petite.
Nahice l'informa qu'elle n'était pas perdu, simplement qu'elle appréciait le calme de cet endroit.

« Je comprends ce que tu veux dire, on est un peu à l'écart, on n'entend que faiblement le village et en plus la tiédeur du vent ainsi que l'ombre des arbres donnent envie de se coucher sur l'herbe et de dormir. C'est un bel endroit Nahice. »

Elle sourit à l'enfant. Ce fut à ce moment que la petit ferma son seul œil ouvert, son œil d'or.
Elle ne semblait pourtant pas fatigué ou éblouit, pourquoi le fermait-elle ? Inquiète, Aglaranna lui demanda :

«  Est ce que ça va ? Tu as l'air d'avoir mal aux yeux. »

Nahice fut surprise que la jeune femme l'appelle par son prénom. Après tout, se disait amèrement la brunette, je ne suis qu'une gamine pour elle.
Ce genre de situation lui arrivait très souvent, à cause de sa petite taille et de sa silhouette peu mature, mais les gens, quand ils faisaient très attention, pouvaient trouver son âge. Mais se faire traiter comme un enfant à peine sorti des jupes de sa mère ! La jeune fille n'ouvrit pas la bouche mais crispa un peu sa mâchoire. Elle desserra les dents quand la question de son interlocutrice parvint à ses oreilles.

"Non, je n'ai pas mal aux yeux... Promettez-moi de ne rien répéter à personne."

Nahice marqua une pause. Que faisait-elle ? En dehors de quelques personnes, jamais la petite brune ne montrait ses yeux. Toujours, elle craignait les réactions des autres, qui peuvent être excessives. Mais pourquoi brisait-elle la barrière pour cette femme ? Peu importe, elle la brisait, c'est tout.
La jeunette ouvrit lentement les yeux, dévoilant sa pupille dorée, et sa jumelle argentée. Elle regarda dans les yeux Algaranna avec une assurance plutôt impressionnante chez elle.

"Voilà."[/b]

Un seul mot dans la bouche, bien plus dans les yeux.

Nahice fit un peu la moue. Apparemment Aglaranna offensait la petite, mais la violoniste ne voyait pas pourquoi. La brunette semblait gênée. Les jeunes gens avaient leurs humeurs, probablement que Nahice n'aimait pas être dérangée ou qu'une parole banale l'avait offensé. L'offense ne devait pas être très grande car la petite lui confia une secret. Aglaranna ne devait en parler à personne, mais de quoi? Quel secret pour avoir une fille de son âge?
La réponse se fit attendre un petit instant. Nahice semblait indécise. Finalement, elle se tourna vers la violoniste et, lentement, ouvrit ses deux yeux.
Alors elle comprit. Des yeux vairons. L'un était d'or, l'autre était d'argent. Aglaranna regarda fixement Nahice. Sa bouche s'ouvrit de stupeur sans qu'elle s'en rende compte. Spontanément, elle s'exclama :

"Waaaaaaaaaaah! Tu as des yeux absolument magnifique! On dirait deux bijoux! C'est comme si tu avais une perle d'argent et une perle d'or, et ces beaux reflets..... Je suis jalouse!"

Et elle disait vrai, le soleil donnait aux yeux de Nahice des reflets irréels, comme s'ils étaient fait de métal fondu. Ils étaient fascinant. Elle les regarda encore quelques instants avant que les paroles de l'enfant lui revienne en tête. Ces yeux étaient son secret. Mais pourquoi? En avait-elle honte? Pourtant ils étaient si beau. Peut-être que d'autres enfants c'étaient moqués d'elle pour sa particularité physique. Ils n'étaient pas forcément tendre entre eux à cet âge.

"C'est donc ça ton secret? Mais pourquoi veux-tu cacher ces beaux yeux? C'est ton moqué de toi?"

Alors qu'elle finissait sa question, Aglaranna perçu quelque chose. Derrière ces yeux de métal précieux, elle pouvait percevoir le regard et la détermination de Nahice. Un regard plein d'assurance et de caractère. Pour la première fois, la violoniste eut un doute. Ce regard n'appartenait pas à une enfant. Il était bien trop profond pour ça.

Nahice eut un mouvement de recul, surprise par la réaction de son interlocutrice. La jeune fille rosit imperceptiblement de plaisir. Il était rare qu'on la complimente, surtout sur ses yeux. Que cela faisait du bien !

"Mer... Merci."

La, ou plutôt les, question suivante, la brunette ne s'y était pas attendue. C'est vrai, son secret paraissait un peu étrange, mais toujours elle se protégeait des gens, de leur réaction. Et à vrai dire, la jeunette ne les trouvait pas franchement beaux. Ceux de sa sœur étaient tellement plus vifs, tellement plus colorés, tellement magnifiques. Mais jamais on s'est moqué d'elle pourtant ! Ou alors seulement à demi-mot...
La petite brune ne s'était pas rendue compte que ses pensées passaient la barrières de ses lèvres.

"... Si on s'est moqué de moi, c'est forcément à demi-mot..."

Nahice se mît brusquement les mains sur la bouche, pour couper court à cette phrase.. Voilà qu'elle perdait le contrôle de sa parole ! De mieux en mieux... Et elle avait toujours cette sale impression d'être prise pour un petit enfant.

La petite eut un léger sourire en entendant le compliment. Elle murmura à Aglaranna un merci gêné. La violoniste regarda Nahice. Dieu qu'elle trouvait la petite mignonne avec ses jolies yeux, sa moue tantôt boudeuse, tantôt souriante et sa timidité. Si un jour elle avait un enfant, pourrait-il avoir la même innocence et cette beauté enfantine ? Elle se laissa aller à l'espoir qu'une paix durable permettrait à une génération comme celle-ci de s'épanouir et de laver la tristesse laissée par cette époque.
Son imagination vagabondait encore quand elle fut sortie de ses pensées par la voix de la brunette.
Nahice venait de penser à haute voix. Toute gênée, elle couvrit aussitôt sa bouche.
Aglaranna ne put s'empêcher de rire face à la surprise qu'affichait Nahice. La fraîcheur et la spontanéité de la petite étaient si agréables. Elle retint cependant que personne ne s'était moqué de ses yeux.

«  Ahahaha, ce n'est pas grave tu sais, tu as le droit de penser à haute voix et de t'exprimer. C'est important d'extérioriser et de partager »

Elle lui sourit pour la mettre en confiance, puis ajouta :

«  Si tu as de si jolis yeux et que personnes ne s'est moqué de toi, pourquoi les cacher ? As-tu peur de ce que tu vois ? C'est si dommage que tu ne profites pas pleinement de tous tes sens »

La violoniste était sincère. La vue vous faire découvrir des tableaux aux milles couleurs et plein de vie!

Nahice n'en croyait pas un mot. Jolis yeux ? Non, justes peu utiles pour la brunette. La jeune fille avait vu assez de misère et de désolation. Alors, pourquoi les garder ouverts et prendre le risque d'assister à cet horrible spectacle ?

"À part à voir, à quoi ça servirait ?"

Elle n'avait pas bafouillé, bien au contraire : sa voix semblait assurée. Puis elle détailla son interlocutrice de la tête aux pieds. Rapidement, furtivement. Mais pas assez pour ne pas être remarquée. La petite brune fut tentée de fermer les yeux, mais cela risquait de faire s'interroger son interlocutrice. Alors, elle demanda faiblement :

"On parle de moi, mais... J'aimerais en savoir plus sur vous. Parlez-... Parlez-moi de vous, s'il-vous-plait."

Cette drôle d'assurance disparut immédiatement de son ton. Algaranna l'impressionnait, et prendre de l'assurance dans cette situation était assez compliquée pour la jeunette. De la curiosité l'animait à présent : qu'allait-elle apprendre ?

La réponse de Nahice peina Aglaranna. La petite avait répondu franchement, presque en colère. Comment une si jeune fille pouvait ne pas avoir envie de voir le monde ? Qu'avait-elle vue et vécu pour ne pas vouloir expérimenter davantage. ?
Nahice se mit à détailler la violoniste de la tête au pied , puis demanda à en savoir plus sur Aglaranna. Quel paradoxe, ne pas vouloir regarder le monde, et pourtant détailler une inconnue et être curieuse...
Elle se décida à lui répondre en essayant de redonner espoir à la petite :

« Voir ce n'est pas juste regarder Nahice. C'est aussi apprendre à apprécier la beauté, à comprendre les gens, à être une partie de ce monde et à apporter ce qu'on peut. »

Aglaranna se pencha vers la brune et planta son regard dans ses yeux.

«  C'est voir quelqu'un, pas simplement le regarder. C'est remarquer le fait que tu m'a détaillé, ou un regard timide ou fuyant, c'est voir l'autre comme un tout, avec sa personnalité et ses états d'âmes. Voir permet de créer des liens et de les approfondir. Les yeux sont le miroir de l'âme. »

Après ce petit discours, elle marqua une pause et détourna un peu le regard de la fillette pour ne pas la gêner. Elle pensait sincèrement que voir le monde et vraiment regarder les gens permettaient de mieux les comprendre et de créer des liens plus fort. Elle ressentait l'envie de Nahice de ne plus voir comme un moyen de s'isoler du monde et de rester seule. C'était d'une tristesse à faire pleurer les pierres, surtout pour une personne si jeune. Aglaranna cacha ses émotions et finit par répondre à la deuxième question de Nahice  :

«  Je suis une musicienne itinérante. Je gagne ma vie en jouant du violon. J'en joue depuis toute petite. J'ai décidé d'en faire mon métier quand j'étais enfant car c'était le seul moyen que j'avais trouvé pour faire sourire les gens et leur donner du bonheur »

Elle aurait pu s'arrêter au fait qu'elle était violoniste, mais Nahice lui avait révélé son secret, elle se devait donc de lui en dire davantage, même si elle trouvait cela un peu embarrassant. Même une enfant comme Nahice risquait de voir cela comme une raison puérile. Aglaranna n'avait tout de même pas dit à la petite certaines choses, qui elles étaient bien plus secrète...