Posté le 10/07/2015 14:24
Cette nuit, il la passerait dans l’auberge, il commençait à être fatigué de la rue et des écuries. Il caressait le fruit de son travail, obnubilé par ce dernier, une petite bourse en tissu qui devait contenir pas moins de deux centaines de rubis. Et même s’il ne savait pas compter, cela devait bien représenter deux nuits et autant d’alcool que nécessaire pour chacune !
Certains faisaient de ces temps difficiles et des récents événements leur fonds de commerce, puis il y avait lui pour profiter des profiteurs.
Il avait appris en milieu de journée qu’un marchand cherchait à se débarrasser d’un rival -à croire que les temps sont durs pour tout le monde- et on lui avait appris que vu l’éthique du marchand, il accepterait certainement n’importe quoi de profitable pour lui.
Et à nouveau, comme on lui avait indiqué, il le trouva dans une auberge pas loin, un gros bonhomme aux jambes démesurément petites, il avait le haut du crâne dégarni et la sueur coincé dans sa moustache noire reflétait la lumière. Il se tenait au-dessus d’une pinte de bière tiède à moitié finie.
Le blond s’assit en face du marchand et ne fit pas durer les négociations très longtemps. S’il faisait fuir son rival, il empocherait la somme de 200 rubis.
« -Vous savez, les temps sont difficiles, et qu’en plaise aux paysans de nous prendre pour les causes de leurs problèmes, j’ai moi trois bouches à nourrir et j’ai de plus en plus de mal à…
- Tant que vous me payez, j’m’en fiche. Retrouvez-moi dans la rue d’à côté dans deux heures. » -Le jeune homme se leva, s’étira et s’en alla satisfait-
Le commerce de l’autre marchand était un commerce fixe excentré, proche de certaines maisons qui avaient brûlé. Malgré cela, des gens entraient et sortaient sans cesse, ne laissant jamais le boutiquier seul. Et ça n’allait pas arranger son affaire.
Il attendait depuis une heure mais pas de moments propices et il n’avait plus le temps. Il se leva, se craqua les doigts, il imaginait que cela lui donnait un certain effet, ferma sa cape, enfila sa capuche de tissu marron et remonta son col couvrant son nez et sa bouche puis entra dans la boutique. Il y avait à l’intérieur deux clients : un vieux au dos en angle droit et une maigre femme. Les bousculant, il s’approcha du commerçant qui tout en restant derrière son comptoir lui demanda confus ce qu’il pouvait faire pour lui.
Il planta un couteau entre le majeur et l’index du gérant, un type assez jeune, le genre à être encore optimiste et naïf. Quant aux clients, ils les avaient laissés seul.
Roland prit des fioles, les éclata au sol, piétina les légumes, massacrait les murs et les étagères. Le marchand marcha plus que jamais confus jusqu’à lui, le blond le saisit par le col col et le plaqua contre le mur, reprenant le couteau sur le comptoir, il l’enfonçant dans la main de boutiquier, le bras duquel se mit à ruisseler un flot rouge. Il pleurait, criant à moitié qu’il aidait les gens du village avec son commerce en maintenant les prix le plus bas possible, puis il avait une petite fille qu’il lui fallait nourrir.
« - J’en verse une larme. J’m’en prendrai à ta gamine la prochaine fois du coup. –Il fixait le marchand et continuait à détruire ses marchandises.-
- Je vous donne mes… Ce que j’ai gagné aujourd’hui, 150 rubis et vous partez. S’il vous plaît !
- Raté, pas assez. Écoute-moi, tu vas dégager d’ici et fermer ton commerce, d’accord ? Sinan, j'm'en prendrai à ta p'tite fille. –L’homme tremblait, effrayé, il acquiesça d’un mouvement de la tête quand Roland reprit son couteau et poussa violemment l’homme au sol, lui infligea un coup de pied dans les côtes et partit en direction de la porte- Si tu veux tout savoir, j’suis un Dragmire. Et les déesses savent c’qu’on peut faire. »
Quand il sortit, la femme qui avait fui plus tôt rentra dans le commerce puis on l’entendit appeler au secours, par chance, pas de gardes dans le coin. Puis c’était drôle, on allait encore accuser les Dragmires.
Il ne restait qu’à espérer que le gros marchand tienne sa parole. Finalement, il arriva même avec de l’avancer et lui donna une bourse de rubis comme convenu, le remerciant parce que son commerce pourrait enfin être prospère.
C’est comme ça qu’il se mit à se diriger impatient vers l’auberge ’Au Beau coq’. Elle n’était peut-être pas dans le coin le plus sympa du village, mais elle était parfaite pour ceux qui voulaient de l’alcool, un peu d’animation et un lit pas trop dégueulasse.
Et c’est parce qu’il était déjà à y penser qu’il rentra dans un homme mais Roland fut le seul à chuter. Il n’était même pas sûr d’avoir vu le barbu ne serait-ce que vaciller…
« - ‘Scusez-moi, ‘de ma faute. Vous allez à l’auberge, c’est ça ? Puisque là-bas, à part ça, des trucs qui s’effondrent et une maison close, y a pas grand-chose. Sérieusement, vous avez pas la tête à aller dans ce genre d’endroits. Non pas qu’vous soyez pas viril, hein ? –Il comprit que le barbu n’en avait rien à faire- Vous savez quoi ? J’me sens d’humeur généreuse, j’vous paye à toi et ton copain bizarre de la bière et du rhum ! »