Posté le 07/09/2012 13:23
Si Leeryn ne voyait plus rien, la pointe de douleur dans sa poitrine se déversant dans son corps tout entier l’empêchant de faire partie de la réalité, elle n'était pas inconsciente, et encore moins sourde, contrairement à l'image qu'elle pouvait donner. Sinon, elle ne serait pas simplement assise par terre, mais serait depuis longtemps affalée sur l'herbe. Chaque bruit d'affolement, chaque cri, chaque hennissement agissait comme un marteau dans sa tête, qui frappait violemment et sans scrupule chaque partie sensible de sa sa boite crânienne. Rien à faire, bien que hautement consciente de ce qu'il lui arrivait, elle détestait au plus haut point cet état, ce genre de crise qui arrivait n'importe où, à n'importe quel moment de la journée, et qui un jour, ferait qu'elle ne se réveillerai plus jamais.
Par chance ce jour ne semblait pas être encore arrivé, et ce malaise était l'un des plus courant et des moins dangereux qu'elle pouvait faire, malgré sa violence. Ainsi, l'on comprenait de suite mieux pourquoi la rouquine était prête à offrir tout et n'importe quoi à celui ou celle qui pourrait la libérer de cette infamie. Si les états les moins graves avaient ces conséquences, cela signifiait qu'elle souffrait de bien pire façon de temps en temps. N'importe qui aurait alors la présence d'esprit de dire que ce n'était plus une vie, quand la mort pouvait vous tomber dessus à la moindre seconde. Mais Leeryn ne souhaitait pas mourir. Car sans ça, et sans la guerre, elle vivait presque une vie de rêve, celle dont enfant, elle avait toujours rêvé.
Deux des autres employés du Ranch avaient accouru à ses côtés, connaissant tous de quoi elle était atteinte. Elle ne l'avait jamais caché, dans l'espoir qu'un jour, une merveilleuse rencontre ferait qu'un inconnu lui dirait qu'il saurait la soigner. L'un d'entre eu se mit à la soutenir, en commentant à voix haute se qu'il se passait tout autour. L'étalon semblait être in-maîtrisable pour les employés de ferme. La plupart du temps, Leeryn était la seule à y parvenir, quand elle était en état de le faire. Malon aussi en était capable, elle connaissait ses bêtes mieux que quiconque ici. Mais la jeune fermière avait bien d'autres choses à faire, et n'était pas toujours présente sur place.
Aussi, alors qu'elle attendait plus ou moins patiemment que la douleur cesse, avachie dans les bras d'elle ne savait qui, elle entendit ces deux personnes autour d'elle décrire ce qui arrivait. Un homme semblait être sortit de nul part, et s'était lancé dans une course effrénée avec sa propre monture, et l'animal échappé. La rouquine pouvait effectivement entendre le choc des sabots frappant le sol à vive allure. Ils firent plusieurs tours, sous les exclamations des visiteurs et des travailleurs, qui ne savaient pas comment arranger la situation qui semblait sans solution. Jusqu'à ce que l'étranger, du moins, de ce qu'elle comprit suite à une exclamation, ne saute sur le dos du second animal, se donnant alors en spectacle dans un rodéo acharné, jusqu'à ce que le cheval épris de liberté ne se calme, et que les garçons d'écurie ne le rentrent.
Leeryn se sentait honteuse d'avoir ainsi laissé un étranger devoir s'occuper de ça par sa faute, et en même temps, elle en voulait un peu à ses collègues qui n'avaient pas été foutus de gérer, alors qu'eux ne souffraient pas comme elle actuellement.
Elle était peut-être gentille, et aimait aider les gens, oui. Mais des fois, elle attendait aussi d'eux un peu d'efforts. C'était également leur travail, après tout. On ne pouvait pas toujours se reposer uniquement sur une seule personne, surtout quand cette dernière, et ce malgré son bon vouloir, pouvait flancher à tout moment. Ça ne donnait pas une très bonne image du Ranch, tout ça. Laisser un visiteur régler le problème de plusieurs employés "incapables", ça ne faisait pas sérieux. Si l'on ne pouvait pas blâmer directement la rouquine, ainsi que le soutient qui lui fut apporté, il était presque inconcevable que plusieurs personnes dans le métier ne soient pas capables de gérer un animal échappé, là où la dite jeune fille malade le pouvait sans soucis.
Il y eu d'autres exclamations, visant cette fois l'arrivée du jeune homme ayant tout arrangé vers eux. La rousse se sentit un peu bousculée, pendant que l'un des employés lâchait une plainte, après avoir été écarté un peu durement par l'étranger, qui semblait inquiet. Leeryn, le corps encore endolorit, et sa tête bourdonnant l'empêchant de trop émerger pour le moment, sentit quelque chose au niveau de sa bouche, avant que l'eau ne se déverse sans a gorge. La fraîcheur du liquide la secoua un peu, tout en ayant don d'atténuer cette pointe douloureuse. Ce ne fut qu'à partir de là qu'elle ouvrit les yeux, pendant que l'un des employés répondait à sa place.
"Elle est malade Messire. Ce genre de chose lui arrive de temps à autre, mais elle va s'en remettre."
Le garçon de ferme ne prenait pas de risques en répondant ainsi, car la jeune Hylienne aurait répondu exactement la même chose dès qu'elle aurait été en état de le faire. Elle prit un peu de temps supplémentaire pour se remettre doucement, sentant enfin la crise diminuer, bien que toujours parcourue d'une douleur, qui restait toutefois supportable. La rouquine se redressa ensuite pour se mettre à genou, prenant ses appuis elle même, s'essuyant la bouche d'un revers de manche à cause de l'eau qui avait légèrement coulée à côté, puis dévisagea l'homme qui avait apparemment fait tout le boulot à la places des concernés. Elle lui offrit un sourire poli avant de laisser enfin sortir le son de sa voix, s'inclinant légèrement, un peu tremblante à cause de ce que son corps lui faisait subir.
"C'est comme il dit Monseigneur. Je suis souffrante depuis quelques années déjà, et il m'arrive donc assez souvent ce genre de mésaventure. C'est temporaire. Mais que cela ne nourrisse pas votre inquiétude, ni ne m'empêche pas de m'excuser auprès de vous. Je suis désolée que vous ayez eu à régler ce problème. Ce n'était pas à vous de vous impliquer ! Mes collègues et moi-même vous remercions pour votre geste. Si nous pouvons vous offrir quoique ce soit en échange..."
Leeryn fut toutefois coupée par de nouveaux murmures, car un autre étranger venait de faire son apparition à côté du petit attroupement se situant au milieu de l'enclos. Ce dernier avait également dû voir la scène, et venait s’enquérir des éventuels besoins, proposant son aide. La jeune fille redressa donc sa tête pour le dévisager, se sentant un peu confuse. Ce n'était pas à des gens comme eux de demander s'ils pouvaient apporter quoique ce soit ! La plupart des arrivants au Ranch étaient des voyageurs demandant du repos. Ils ne venaient donc, à priori, pas pour régler les erreurs des travailleurs !
"Ce n'est pas vous de demander ça Messire ! Je suis vraiment embêtée de vous imposer tout ça... Vous quatre, retournez donc au travail ! Je m'occupe de ces deux personnes !"
La rousse avait donné l'ordre sans prévenir, ce qui laissait entrevoir le caractère bien trempé dont elle pouvait preuve derrière ses airs faibles et innocents. Preuve, car les quatre concernés ne demandèrent pas leurs restes avant de s'éloigner. Tout ceci était arrivé par sa faute n'est ce pas ? Parce qu'elle n'avait pas été capable, au premier abord, de gérer son malaise, ce qui avait entraîné tout le reste. Malgré le certain manque de compétences de ses collègues, elle se jugeait comme l'unique responsable, et assumerai donc, pour rattraper cette erreur. Elle prit ensuite le soin de se remettre debout, chancelant dangereusement, mais tenant bon pour rester dans cette posture. La douleur refluait petit à petit, et malgré la tête lourde, elle était capable de gérer un minimum maintenant.
"Donc, que puis-je fais pour vous aider Messieurs ? Vous venez ici pour une raison particulière ?"