Posté le 26/01/2011 19:19
Astre attendait, voyait passer les gens à mesure que le temps filait. De l’autel, il percevait toute l’assemblée bien qu’il ne voulût pas les voir. La fatigue engourdissait ses membres, un léger froid venait s’offrir à lui sans pour autant qu’Astre ne l’accepte, et c’est ainsi qu’il commençait à grelotter. Néanmoins, il n’était pas assez déconcentré pour sentir que ce froid n’était pas normal, n’était pas une cause anodine des intempéries du dehors, mais un effroi glacial et magique qui venait s’accaparer de chacun de ses os. Le chancelier tourna la tête afin de connaitre l’apparition soudaine de ce quasi-blizzard qui consumait son corps autant que son âme.
Puis il comprit. Le froid fit place à une chaleur étouffante sans pour autant se débarrasser complètement de ce glacial souffle. L’alternance des deux éléments désorientait son esprit, et ce pouvoir ne pouvait parvenir que d’une seule personne, que d’une seule aura : celle de l’infernal Roi des Enfers. La porte s’ouvrit sur ses gonds par la force seule d’Arkhams, certainement effacé par le Champion de Din.
Véritable dieu vivant, Dragmir Ganondorf venait accomplir son glorieux destin enveloppé d’un manteau rouge-sang à la texture fluide, comme si le véritable liquide vital dégoulinait sur son dos, et sa tenue sombre, opaque et bien consistante contrastait terriblement avec la cape. Les mains agiles du Prince des Voleurs se tenaient raides et bien élevées dans de lourds gants d’un métal ombrageux qui révélait la triste nature de ses possesseurs. Assis dignement sur une selle tout aussi noire que le tissu de velours que formaient les poils du destrier impérial, Ganondorf toisait de ses yeux en fusion la foule silencieuse qui elle-même baissait pour la plupart le regard, peureux et figés devant la funeste apparition. Le bras levé en signe de puissance n’avait pour seule utilité que de montrer que Ganondorf était bien le digne acquéreur du fragment de la Force. Astre à la vue de son maître s’empressa de le rejoindre, le cou légèrement incliné et la posture courbée, témoignant ainsi sa servile admiration pour son seigneur. Relevant la tête, il risqua un œil au dehors pour contempler une cinquantaine de guerriers d’os tous plus terrifiants les uns que les autres, bien qu’à leur vue Astre n’eut qu’une envie, c’est de leur ordonner d’attaquer toute cette populace répugnante qui venait ternir le marbre du Temple du Temps déjà souillé par le sang des prêtres.
Par sa simple présence le Sire du Malin clouait les becs de ceux qui tout à l’heure se moquaient du bref discours énoncé par l’Illusion Dépravée. Ganondorf, venu ici en empereur triomphant, venait ici en usurpateur, foulant le sol du palais clérical avec les quatre pattes de son animal. Ce simple sacrilège valait déjà quelques signes de têtes audacieux qui se mouvaient de droite à gauche, certains ayant déjà la pupille trop rétractée par l’arrivée du sordide seigneur Gérudo pour qu’elle ne s’étire encore plus.
Aucun son, pas même le simple bourdonnement d’un insecte ou même le souffle rauque du cheval. Tout s’était arrêté, le temps même semblait s’être laissé emporter par l’aura maléfique du Sire du Malin. Seules les bougies dont les flammes dansaient à leur bout démentaient cela. Se raclant la bouche avec force, la glace fut brisée : « Que l'on m'apporte le prêtre. » Ce simple énoncé prononcé avec la brièveté solennelle du souverain suffit à convaincre toute l’assemblée de sa puissance.
Le sénéchal étant le plus proche du Triste Sire, il s’empressa de répondre par un « Bien, Sire » avant de se diriger vers les catacombes de l’Eglise. Trouvant la grille qui y menait fermée, il utilisa une certaine forme de magie afin de fondre le métal pour passer à travers. Ainsi, de l’autre côté, il passa dans un sombre dédale avant d’entendre quelques plaintes, lamentations sinistres qui ne se résumaient que par quelques mots. « Que faire, que faire, que faire »… Les mots résonnaient avec insistance, et alors que d’habitude cela aurait dû fracasser les nerfs sensibles du Chancelier, cette preuve de soumission ne fit que renforcer la joie d’Astre que de voir son maître marié. Lorsqu’enfin il arriva devant la porte recherchée, il s'arrêta un instant pour reprendre son souffle. Puis, faisant marcher sa bile et sa langue, il cracha –véritable tic nerveux chez ce personnage. Les clefs que lui avaient passées dans sa course Arkhams sans que personne ne s’en aperçoive, ni même Astre si ce n’est grâce au contact froid du métal, servirent à ouvrir la porte. L’ecclésiaste, Mealkor, semblait terrassé par les évènements. Astre se surprit à le dévisager, cet Hylien dont on disait qu’il avait été un dieu. Mais il détourna vite son attention de ces rumeurs de bas-étage pour se concentrer sur sa tâche.
-Viens ! ordonna-t-il d’un ton impérieux, accompagnant l’évangile à l’acte.
En effet, il attrapa violemment le bras droit du prêtre en le serrant sans ménager son prisonnier. Le contact ne devait pas être très agréable pour celui qui allait probablement lier les âmes fabuleuses du Sire du Malin et de la Prêtresse de Din, mais qu’en avait-il à faire, du bien-être de ce personnage secondaire ? Rien. Absolument rien à faire.
Reprenant le chemin qu’il avait pris pour accéder à la crypte, mais en sens inverse, il parvint tant bien que mal à remonter, pour retourner voir son maître accompagné de Mealkor, célèbre à Hyrule pour son manque de contrats. Sous l’œil noir de Dragmir Ganondorf, il revint vers ce dernier, le port droit et hautain comme si le simple fait d’avoir chercher le prisonnier était une mission inqualifiable et inhumaine. Le feu ardent qui occupait son regard forçait Astre à sentir son sang bouillonner. Tout va de pair, parait-il.
-Voilà le prêtre, Maître.
Les mots avaient été dits avec simplicité, sans développement lyrique interminable dont, Astre en était sûr, voulait se passer son maître en cette cérémonie cruciale. Il relâcha son étreinte, laissant ainsi libre le rescapé du massacre, et se mit légèrement en retrait, quoiqu’assez près du Seigneur pour que ce dernier lui offre une nouvelle requête.
[Peut-être serait-il plus préférable de ne pas développer l'action pour l'instant ? Je veux dire par là qu'il serait probablement judicieux, selon mon avis, de laisser Mealkor répondre par son point de vue, puis les personnages essentiels tels que Ganondorf avant de dérouler l'action. Bien sûr, cela ne veut pas dire que vous ne pouvez pas poster maintenant pour offrir aux lecteurs la vision personnelle de votre personnage ! Mais évitez de faire avancer les choses, celles-ci avancent lentement et sûrement, suivant un programme concret.]