Hyrule's Journey

Nabooru faisait les quatre cents pas dans sa chambre. Il lui était impossible de rester tranquille en de pareilles circonstances compte tenu de la crise que traversait Hyrule, et surtout elle était incapable de ne pas penser à son désert et sa forteresse. La défaite subit là-bas lui restait en travers de la gorge et les humiliations qu'elle avait longuement reçue l'empêchaient de trouver du réconfort dans son sommeil. Elle s'était suffisamment reposée et la plupart de ses blessures avaient guérie alors il était hors de question de rester à rien faire !

Et pourtant... que faire ? Seule, elle ne pouvait pas reprendre la forteresse ; et l'armée hylienne de la Princesse n'avait rien pu faire. Le destin voulait que ce soit à elle de trouver des solutions, à elle et à son peuple de se libérer ! Peut-être Link aurait-il pu l'aider, comme au bon vieux temps, mais elle ignorait où il pouvait se trouver. Cette fois, elle devait s'en sortir seule.

Et elle déprimait à cette idée. Comment pourrait-elle seulement se faire craindre du gérudo après ce qu'il venait de lui faire ? Ganondorf et ses dragmires parcouraient Hyrule en long en large et en travers sans trouver de résistance convenable face à eux ; c'était exaspérant. Comment pouvait-elle arrêter une armée aussi implacable à l'heure d'aujourd'hui ?

La Première Reine du Désert se posait ces questions chaque jour depuis qu'elle était revenue au château et elle n'y trouvait toujours pas la moindre réponse. C'était à s'en arracher les cheveux !

« Tsss... J'en ai marre, tiens ! » Lâcha-t-elle en attrapant un cimeterre en bois.

D'un pas décidé, elle se dirigea vers la sortie. Elle ouvrit brusquement les portes de sa chambre et passa au pas de course devant une garde.

« M-Ma Reine, où al... ! » Bégaya-t-elle sur le coup de la surprise.
« Dehors, je vais me défouler ! » Coupa tout de suite Nabooru.

L'Exaltée ne tenait pas vraiment en place depuis plusieurs journées ; depuis qu'elle avait recouvré toutes ses forces, en fait. S'il était auparavant difficile de s'entraîner, à cause des plaies qui cicatrisaient encore, elle avait depuis repris un entraînement intensif pour se remettre en forme au plus vite. Habituellement, elle se rendait dans la Cour Intérieure, mais il n'était pas rare qu'elle sorte de l'enceinte même du Castel à la recherche de plus d'espace et de moins d'agitations autours d'elle.

Elle commença à s'éloigner de plus en plus jusqu'à ce qu'il lui semble entendre des cliquetis de métal non loin. Un son auquel elle était habituée depuis son arrivée au Bourg, mais... elle ne parvenait pas à trouver des yeux celui ou celle qui les provoquait. Par instinct, elle se dirigea vers la source du bruit, plus curieuse qu'à l'habituelle. Et quelle ne fut pas sa surprise en apercevant une silhouette passer juste derrière un pan de mur non protégé.

« Hé, toi ! »

Elle n'eut pas le temps de voir le visage de l'intrus, mais après les rumeurs d'un assassin qui avait pénétré le château et attaqué la Princesse, elle ne pouvait pas se permettre de le laisser filer. C'était bien trop dangereux ! Elle n'hésita alors pas et se mit à grimper sur le mur, en toute hâte. Elle pourrait aisément la rattraper, puisque l'intrus était en armure et elle non. Néanmoins, elle n'était pas armée non, et s'il l'attaquait... ça risquait de compliquer la chose.

Nabooru esquissa un très léger sourire devant l'enthousiasme grandissant de la rouquine en armure. Elle ne pouvait mieux faire car elle avait l'impression de ne pas être à la hauteur de ce qu'on attendait d'elle, une fois de plus. Elle, monter une armée ? Elle, avoir un plan ? Par Din, c'était là ce qu'elle désirait le plus au monde ! Elle n'avait même pas une simple ébauche de plan, pour dire. Ses sœurs étaient bien optimistes pour ainsi croire à cela... même si elle consacrait tout son temps à envisager les meilleures options possibles et imaginables. Mais si l'armée hylienne avait été vaincu, quelle chance aurait-elle seulement ?

Mais les mots qui suivirent la piquèrent au plus profond d'elle-même. Elle n'aurait jamais osé penser à abandonner son peuple. Malgré ses échecs, il était de sa responsabilité de libérer ses sœurs et son désert, car c'était elles qui l'avaient choisi comme reine. Et jamais Nabooru ne renoncerait à accomplir ses devoirs. Que d'autres pensent le contraire, elle n'arrivait pas y croire. Elle bouillonnait presque.

La jeune gérudo semblait plus triste à cette idée qu'en colère. La sage la contempla pendant de brèves secondes et pu lire dans son regard d'or toute la passion qui l'habitait. Et elle ne pouvait qu'être ravie que des personnes de cette trempe ne perde pas complètement espoir en ces temps obscurs.

« Oh non... Je n'étais pas en état d'aider qui que ce soit en quittant la Forteresse. Ce sont plutôt les autres qui m'ont soutenu. »

Ses pensées se tournèrent vers ceux qui l'avaient secouru dans les cachots de la Forteresse. Qui sait quelles abominations elle aurait encore subi s'ils n'avaient pas été là pour la délivrer ?

« J'ai fui le Désert parce qu'il n'est plus un lieu sûr pour moi. Quelques unes de nos sœurs ont pu me suivre, mais nous sommes loin de former une armée », dit Nabooru, croisant le regard de la rouquine. Elle sourit. « Avec toi, nous serons une de plus, c'est déjà ça. »

La Reine ne voulait pas se laisser miner par des pensées aussi noires, aussi s'efforça-t-elle de conserver son sourire, malgré la lance que l'on pointait sur elle. Doucement, elle se releva, dos contre le mur. Puis elle déclara :

« Je vais te soulager : ta quête est terminée. Je suis Nabooru ! Hmm, ça sonne moins bien que "la Grande Nabooru", en fait... » conclut-elle les yeux levés au ciel, en proie à une profonde réflexion.

L'Exaltée fut tirée de sa réflexion personnelle.

Alors qu'elle se demandait encore si elle devait se présenter comme la Grande Nabooru, ou non, la jeune Lyn s'excusa maladroitement et vivement. Cela ne manqua pas de gêner la jeune reine gérudo, qui tenta de la calmer en faisant des geste avec ses mains. « Allons allons... » faisait-elle doucement pendant que Lyn gardait le buste incliné. Elle releva néanmoins la tête après quelques instants, puis lui tendit la main. Quelle âme enjouée et enthousiaste, se dit Nabooru en saisissant le gantelet en métal de sa sœur du désert.

« Une âme généreuse et aussi sympathique que la tienne ne se refuse pas ! » Lança la gérudo en prenant la direction de l'entrée du château. D'un geste, elle invita la jeune femme à la suivre. « Viens donc ! »