Quand Claus avait gueulé son ordre, les bavardages s’étaient à peine atténués et on entendait encore les rires et les conversations malgré l’apparente issue dramatique qui se présageait. Le tenancier grogna, plutôt insatisfait par le statisme des buveurs. Ces crétins avilis par le vin, avinés donc, vidaient leur verre en continuant de balbutier leur verve d’abreuvés. On aurait dit des veaux devant un lavoir : personne n’aurait pu les faire lever de leur siège.
« Eh, Claus ! Elle vient cette bière ?! » gueula par-dessus le brouhaha un client visiblement insatisfait. Le barman cracha par terre et répondit avec de l’acier dans sa voix : « Ferme ta gueule ! ». La colère roulait sous sa peau, gonflant les muscles de ses bras qui n’avaient pas perdu de leur superbe même après toutes ces années.
La revenante avait crié à la grosse blondasse de ramasser le bleu –comme en témoignait la couleur de ses cheveux- et de fuir tandis qu’elle et son comparse s’occuperaient de la bande de Claus. Ce dernier jeta un coup d’œil aux courageux et téméraires qui l’avaient suivi : Théran, cuisinier de son état, avait pris plus d’un verre et l’alcool avait exacerbé sa violence naturelle. Les vaisseaux éclatés qui lui rougissaient le regard ajoutaient une brutalité à son visage. Au moins il encaisserait les coups et redoublerait de violence. Il n’assumerait la douleur que le lendemain, avec en prime un joli mal de crâne. Ah, les joies de l’ébriété… Kemal le Sheikah avait les yeux plissés ; il n’avait pas bu autre chose que son jus de pissenlit. Il n’en était pas moins dangereux que Théran, car une haine froide l’animait envers tout ennemi de la royauté. C’était un Sheikah avec une morale dure et rigoureuse, à l’ancienne. Tirn gardait les yeux baissés, mais sa main droite tenait fermement un poignard. La peur décuplait son instinct de survie. Malgré cette trouille qui lui ferait faire faire des actes inconsidérés, il n’était pas de ceux qui étaient restés au comptoir, à siroter leur consommation en faisant mine de ne rien apercevoir. Derrière, il y avait cinq hommes que Claus avait déjà croisé au petit matin, lorsqu’il fermait son bar. C’était des petits truands sans foi ni loi, qui venaient délester les ivrognes à la fermeture de l’établissement. Claus n’avait aucune affinité particulière avec eux, excepté qu’il touchait un pourcentage du butin et fermait les yeux sur les rapines produites sur ses propres clients. Il posa son regard brûlant sur les adversaires…
Quelle belle fine équipe ils faisaient : un kokiri au visage ravagé par les années, une morte-vivante revêche et déterminée à défendre chèrement sa peau fraichement exhumée, une montagne de muscles avec un pois-chiche dans le crâne, et pour finir un gamin qui pissait encore vert. A peine avait-il terminé de se faire un jugement sur leur physique que le bleu balança un sort et l’un des truands partit à la renverse. Claus se retourna et poussa un soupir de soulagement : l’homme n’avait pas éclaté l’énorme miroir derrière le comptoir, il avait seulement bousculé quelques couillons et embrassé le sommeil. Le gamin-sorcier se mit à parler, mais personne ne l’écoutait : l’heure était à la confrontation, pas à la paix signée avec du thé et des petits gâteaux.
La nonchalance du kokiri le mettait mal à l’aise, plus encore que cette fillette revenue des enfers. Arkhams avait sa réputation : on le disait seigneur, on le disait traître, on le disait fantôme, on le disait vampire. Toutes ces balivernes contenaient un fond de vérité, Claus en était certain. Jamais on n’avait vu un kokiri avec un visage si détruit.
Les quatre truands toujours debout se jetèrent soudainement vers le gamin qui avait neutralisé l’un des leurs, tandis que Kemal le Sheikah avançait prudemment vers Arkhams. Théran bouscula le tenancier pour passer devant lui et s’occuper de la donzelle. Il leva haut sa main, prêt à l’abattre sur la « zombie ». Ses yeux brillaient d’une lueur malsaine : visiblement, sa violence ne se limitait pas au plan guerrier ; sa libido était aussi enflammée. Tirn se rapprocha du blond, avec une détermination nouvelle dans le regard. Son poignard pourrait faire des ravages. Claus, hache à la main, fit un bond en avant, avant d’effectuer de grands moulinets avec son arme. Aussi dangereux pour ses ennemis que ses amis.
...Le Sort en est jeté ...
Un D2 (Dé à deux faces) est jeté pour déterminer la résultante des actions de Claus le tenancier. Le risque est encouru tant par Thor, Roshu, Lenneth que par Arkhams (les quatre étant manifestement liés, et les piliers de bar de l'auberge manifestement trop avinés pour s'apercevoir qu'Arkhams n'est pas un ami du groupuscule formé par la demoiselle au Vif-Argent).
°D2
Si le résultat est 1
1. Roshu Aaron parvient à éviter les coups de ses quatre adversaires et une ouverture sur la gauche lui permettrait de fuir hors de l’auberge. Kemal reste prudent face à Arkhams et attend un mouvement de son adversaire. Théran gifle Lenneth et la fait tomber au sol. Tirn plonge son poignard vers le genou de Thor, mais une inflexion du blond lui permet d’éviter le coup. Tirn est ainsi déséquilibré et mis en danger. Claus blesse sans s’en rendre compte Théran d’un coup de hache.
Récapitulatif : Roshu en bon état avec possibilité de fuite mais en grand danger, Lenneth au sol (pas K.O.), Arkhams en bon état, Thor en bon état. Les quatre truands en bon état, Kemal en bon état, Tirn en mauvaise posture (possibilité de lui briser le bras [droit] qu’il tend dans le vide), Théran neutralisé, Claus stupéfait de son action mis en danger par les quelques secondes de son incrédulité.
Si le résultat est 2
2. Roshu Aaron se fait rentrer dedans par les quatre truands, tombe au sol, et subit un passage à tabac d’une rare violence. Il est de fait hors de combat. Kemal saute sur Arkhams avec une agilité féroce et s’apprête à le blesser, sans tentative de dialogue. Lenneth évite le coup de Théran et lui fait un croche-patte, neutralisant Théran qui ne parvient plus à se relever à cause de son ébriété. Tirn parvient à enfoncer son poignard derrière le genou droit de Thor, limitant drastiquement les chances du blond de riposter ensuite. Claus blesse Lenneth d’un coup de hache, limitant drastiquement les chances de la jeune femme de riposter ensuite.
Récapitulatif : Roshu K.O., Thor et Lenneth blessés, Arkhams obligé de combattre. Les quatre truands occupés à dévaliser le corps inerte de Roshu, Kemal sur le point de frapper Arkhams, Théran K.O, Tirn en bon état, Claus en bon état.
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