Enquête au Bourg [Quete]

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Llanistar van Rusadir


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"Hey, Earl, tu l'as vu toi le cadavre ?

Le tanneur qui était en train de fixer sa chope de bière releva la tête et lança un regard noir à son camarade. Il fallait bien être un idiot comme Fen pour ne pas comprendre qu'il ne voulait ni en parler ni même se rappeler de ce qu'il avait vu le matin même. Néanmoins, il vit que la question du débile avait attiré l'attention de nombreux clients de l'auberge et que tous tendaient l'oreille. Les rumeurs couraient vite dans ce quartier boueux, et tous savaient que Earl était allé travaillé tôt dans le coin de la ville où l'événement s'était passé. Ils savaient aussi qu'il en était revenu pâle comme la mort et qu'on n'avait pu lui arracher un mot jusqu'à ce midi. Tous voulaient en savoir plus, et ils ne lâcheraient pas jusqu'à ce que leur soif d'histoire morbide fut étanchée. Il poussa un soupire las, reprit une longue gorgée de bière et commença à raconter, son regard fixé sur une bouteille devant lui,

"J'avais des peaux à livrer au bazar de la rue des bouchers, ce matin. J'y suis allé tôt, j'avais pas que ça à faire de la journée. Y avait un brouillard pas naturel, le genre où tu vois pas à quelques pas devant toi." Il renifla, plein de dégoût et du mépris qu'ont les petits gens face aux signes néfastes du mâlin, "Enfin bref. Je venais de prendre mon raccourci habituel avec mon barda quand j'ai senti une ôdeur...immonde. Le genre que j'aurais aimé ne jamais sentir. Je l'ai reconnu tout de suite : la mort. A ce moment, la brume s'est levé et j'ai vu le tué. C'était un garde. Le corps était...mutilé, déchiqueté..." Il dut reprendre une gorgée et garder le silence quelques instants avant de pouvoir reprendre, "C'était horrible. Et quand on sait que ça n'est pas le premier...Il faut prier et espérer que quelqu'un mette fin à cette menace."
* * *

"Comment s'appelait il ?"

"Jonas Tarim, mon général. Une recrue. Il était en poste dans ce quartier la nuit dernière."

Llanistar ferma les yeux et retint un juron. C'était déjà dur d'apprendre qu'un autre de ses soldats était mort, sa jeunesse rendait la nouvelle insupportable. Il se maudit de ne pas avoir assez accordé d'attention à ce problème qui rampait depuis un certain temps dans la ville et semait une peur insidieuse dans le coeur de ses soldats. La guerre l'accaparait trop, du moins auparavant. Le général avait beau contempler des cartes et des rapports depuis trois heures à son bureau, il savait que Ganondorf ne ferait pas de mouvements de masse tout de suite. Il avait une marge de manoeuvre pour prendre l'affaire en main. Sa décision fut prise en un instant, il avait faire payer le fils de pute qui s'en prenait à ses hommes. Brusquement, il se leva et alla chercher son épée dont il rattacha le fourreau à sa ceinture. C'était assez éloquent pour le capitaine, qui ne put masquer sa satisfaction et demanda,

"Combien de soldats vous faut il pour vous assister ?"

"Six suffiront, dont toi, Holon. Inutile d'affoler les bas quartiers avec une troupe trop imposante."

Quelques minutes plus tard, sept cavaliers sortaient du château et prenaient la direction du bourg.
* * *

"Nous arrivons, ser."

Llanistar et sa troupe tournèrent à un coin de rue et le général vit alors le corps, entouré par quelques gardes qui maintenait les curieux encore présents à l'écart. Le nordique descendit alors de cheval et s'approcha du tué. Il resta debout quelques instants, immobile et silencieux, à la manière de son peuple de montrer aux morts le respect auxquels ils ont droit. Puis, il commença à questionner un garde sur l'état du cadavre, si quelqu'un y avait touché... Finalement, il vit quelqu'un qui n'était pas de la garde s'approcher.


Lloyfell


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(vide)

Le vagabond marchait, à son habitude -c'est ce qu'il savait faire de mieux, ce qui lui valait ce titre auprès des divers mercenaires à la recherche de leur proie, ou des agriculteurs transportant leurs récoltes, qu'il croisait souvent sur les plaines-, en direction de la Place du Marché.
Il ne portait rien sur lui, si ce n'était le même plastron de cuir que celui qu'il revêtait depuis bien des mois, la même paire de bottes qu'à l'accoutumée, son pantalon en cuir toujours fidèle et une chemise blanche certainement trouvée par le plus pur des hasards. Il ne portait aucun bagages. Son visage, en revanche, laissait croire le contraire : les poches et cernes qu'il avait sous les yeux incitait à penser que le paladin n'avait pas passé une nuit très calme.

En pleine obscurité et au beau milieu de la nuit, Lloyfell chercha une auberge, un toit où dormir afin d'éviter de somnoler à la belle étoile comme il le fit si souvent auparavant. Il s'approcha du premier refuge qu'il croisa, perdu près d'un petit bois. Il toqua à la porte, à maintes reprises... Mais personne ne répondit. Déterminé et quelque peu ennuyé, il donna un violent coup de pied dans la vieille porte en bois, à laquelle il fit attention de garder la poignée en main afin d'éviter que ce vieil ensemble de planches de bois pourries par l'humidité ne se fracasse au sol dans un vacarme assourdissant et ne réveille tous les clients du refuge.
Le plus dur effectué, il empoigna le premier chandelier à sa portée, et commença à chercher les chambres. Malheureusement, il n'y avait là que des tables, chaises et le comptoir de l'aubergiste. Tournant le regard vers la gauche, il aperçut une autre chose encore. Quelque chose qui, à cette heure tardive de la nuit, lui semblait être un édifice, un cap insurmontable : des escaliers.
« Les chambres doivent être là-haut... », se dit-il, clignant des yeux.

Ainsi donc, il entamait l' "escalade" du monument qui se dressait devant lui. Petit à petit, pas après pas, il gravit chaque marche de cet escalier une à une, vacillant à cause de la fatigue et manquant de tomber à plusieurs reprises.
Après quelques minutes, il arrivait à l'étage. Heureusement, les marches n'avaient pas trop craqués sous ses pieds. Le vagabond fatigué et affamé n'aurait pu entamer une course-poursuite avec l'aubergiste pour être entrer par effraction.

Il s'approcha de la première porte qu'il vit. Par chance ! Une chambre, inoccupée. Il esquissa un léger sourire avant de se jeter sur le petit lit, comme de la pierre, sur lequel il s'endormit tout de même aussitôt.
Mais toutes les bonnes choses ont une fin. Le soleil se leva une heure et quelques minutes plus tard. La gouvernante, une jeune fille d'une quinzaine d'année ouvrit la porte afin de tirer les rideaux de la chambre, encore ensevelie par l'obscurité. Ni une, ni deux, elle poussa un cri quand la lumière du jour vint montrer à la fillette la silhouette de l'homme qui jusqu'à maintenant, dormait paisiblement dans cette chambre censée être inoccupée. Surpris, Lloyfell se leva et sauta par la fenêtre, avant de disparaître dans le petit bois à proximité. Complètement fauché, l'envie de travailler pour un aubergiste pour lui rembourser une nuit et une vitre ne lui prit point.

Le paladin reprenait ses esprits en aperçevant au loin le pont-levis de la Place du Marché. Il pensait encore à la courte nuit et la matinée qu'il venait de passer, à prouver au monde autour de lui qu'il était un hors-la-loi malgré lui. Seulement, il ne voulait pas l'admettre.

Le pont-levis passé, il avança dans la sombre ruelle qu'il connaissait si bien. C'était d'ailleurs uniquement pour se rendre dans cette ruelle qu'il venait aussi souvent dans le bourg. Ce matin, peu après sa course dans la forêt, une toux sèche lui prit la gorge, la toux qui n'en finit jamais. Quelques semaines plus tôt encore, il avait été pris de tremblements aux mains. C'était le début des effets néfastes de la potion que le vieil apothicaire lui vendait, celui qui se trouvait toujours dans cette allée quand le vagabond en avait besoin. Ce qui n'était pas le cas aujourd'hui. Sept hommes en armure et sept chevaux y étaient postés, dos au paladin.

Éssouflé de son expédition et sans rien avoir avaler depuis plus d'une demi-journée, il s'approcha d'eux silencieusement et vacillant, s'appuyant contre un des deux hauts murs de pierres qui obscurcissait tant cette venelle.


« Messieurs, puis-je vous aider ? » leur dit-il, dégoulinant de sueurs froides dûes à l'hypoglycémie, n'ayant pas encore vu le cadavre jonchant le sol.


[J'ai fait assez long pour pas grand-chose au final, pas taper siouplait.]


Llanistar van Rusadir


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Llanistar se retourna à l'appel pour ne voir qu'un homme du peuple, visiblement essoufflé et en proie à de forts tremblements. Un regard vers ses hommes lui suffit pour se rendre compte qu'aucun d'entre eux ne le connaissait, ni comme un ami, ni comme un criminel. Néanmoins, tant pour l'odeur que pour l'étiquette, la présence de cet inconnu avait de quoi déranger. Le général, pourtant peu procédurier d'ordinaire, ne put s'empêcher de rectifier, d'un ton un peu sec,

"Ser, je vous prie. Et oui, si vous savez quelque chose sur ce qui est advenu cette nuit... Il s'écarta et désigna le corps de la main, tout en n'espérant pas que l'homme pourrait lui être d'une grande aide. Votre aide serait appréciable. Bien, messieurs ! Examinons donc ce cadavre en détail."

L'exercice dégoûtait autant le nordique que ses hommes mais il restait nécessaire. Un cadavre dans une tombe ne dit plus rien de sa mort. Tant que le sang n'avait pas séché, il restait une chance de trouver un indice, un début de piste. Malgré la puanteur qui émanait de la victime, le général se força donc à s'en approcher. Retenant au mieux son souffle, il s'agenouilla à côté et commença son inspection. A chaque découverte qu'il faisait, il la partageait à voix haute, afin que ses hommes en soient aussitôt informés. Sans même toucher au corps, il remarqua que la chair était lacérée de toutes parts et que le visage avait été comme dévoré. Des lambeaux de chair restaient autour de lui, mais semblaient pourris depuis bien longtemps.
Llanistar claqua des doigts afin d'appeler le sergent auprès de lui. Lorsque ce dernier s'agenouilla à ses côtés, le nordique remarqua le teint blafard du soldat. Visiblement, celui ci supportait mal la vision et l'odeur du cadavre. Il lui désigna un tatouage encore apparent sur l'épaule droite, et demanda,


"Vous me confirmez qu'il s'agit bien de Jonas Tarim ? Seul un silence de mort lui répondit. Le Rusadir secoua son homme et demanda à nouveau, sévère, Sergent ! Est ce bien Jonas Tarim ?"

Cette fois, le soldat réagit et hocha de la tête.

"Bien. Vous, Dit il en désignant l'un de ses hommes, Allez interroger le voisinage ! Dites leur que tout ce dont ils peuvent se rappeler peut servir ! Vous deux, allez examiner les alentours ! Et vous Sergent, maintenez le corps légèrement soulevé sur le côté pendant que je finis de l'examiner."

Et tandis qu'il s'exécutait, plus pâle que jamais, les mains tremblantes, le général s'efforça de déceler un détail parmi les nombreuses plaies abominables. Bien vite, il se résolut à palper plutôt qu'à ne se fier qu'à sa vue. Et soudain, il remarqua une blessure différente. Comme si on avait poignardé la victime, mais sans que du sang ne s'écoule de la plaie. Llanistar s'interrogeait sur cette découverte étrange quand le corps retomba sur le sol, puis le contenu de l'estomac du Sergent, qui n'avait pu retenir ses nausées et avait juste prit le temps de se retourner pour rendre son déjeuner. Se retenant de jurer, le nordique se releva en s'aidant de ses mains. C'est alors qu'il réalisa que des grains de sable se trouvaient sur le sol pavé.

Intrigué, il ne s'attarda pas sur ce détail et rappela ses différents hommes. Sur les trois qu'il avait envoyé plus loin, seul celui chargé du voisinage revint. Aussitôt, le général lui ordonna d'un ton ferme, tâchant au mieux d'ignorer son sous officier qui finissait de céder à son malaise,


- Rapport !
- Les voisins n'ont rien noté de spécial cette nuit. L'un d'eux a bien entendu des cris, mais c'est assez courant apparemment dans ce coin. Et cette rue était peu fréquentée.
- Dommage. Soldat, que font les deux autres ?
- Ils ont trouvé une bouche d'égout ouverte, tout prés. Ils sont descendus pour l'inspecter.

Llanistar fut alors prit d'un très mauvais pressentiment, et il savait d'expérience que son instinct ne se trompais que rarement. C'est alors qu'un cri effroyable retentit. Sans perdre un instant, il fit signe au soldat de lui montrer le chemin et il le suivit en courant. Une fois arrivés devant le trou qui s'ouvrait dans la voie pavée, dans une ruelle adjacente, le général remarqua que ses hommes tremblaient autant que le feraient des enfants dans pareille situation. Il ne pouvait leur en vouloir, mais il ne pouvait pas compter sur eux pour autant. Et puis, il nota la présence de l'inconnu. Se pouvait il que le destin lui ait envoyé un peu de soutien, pour une fois ?

"Bien, vous trois, vous restez en haut pour surveiller cette entrée et la scène de crime. Transmettez au sergent que je lui ordonne de m'envoyer des renforts, une patrouille d'arbalétriers au mieux. Je descends avec monsieur..."

Il avait tendu la main vers l'inconnu, attendant qu'il complète sa phrase.


Lloyfell


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(vide)

Le vagabond observait la main de son interlocuteur de travers. Une invitation à venir inspecter les égouts avec un homme -important, lui semblait-il- de l'armée ? Sûrement pas. Pendant son périple dans les pays voisins, il avait pu côtoyer quelques soldats de ces mêmes pays dans deux ou trois tavernes isolées. Aucun d'eux n'avait fait bonne impression aux yeux du paladin. Tous étaient des ivrognes sans scrupules, sans aucune gêne qui ne faisaient que cracher sur le système auquel ils appartenaient. Des soldats qui passaient plus leur temps à boire et à racoler les serveuses des auberges plutôt que de faire leur travail. En bref, des hommes orgueilleux et sans morale.

Malgré le fait qu'il ne portait pas cette catégorie de gens dans son coeur, il ne pouvait refuser l'invitation de l'homme qui se tenait en face de lui.


« Lloyfell. Votre geste est peu judicieux, Monsieur, rétorqua-t-il en appuyant sur ce dernier mot. Vous savez certainement que quelques résidents des ruelles du bourg ne peuvent supporter votre existence même. Ne me demandez pas pourquoi, je n'habite pas ici. Mais si j'étais l'un des leurs ? Un de ceux qui, rien qu'en vous voyant, n'ont qu'une image en tête : votre tête comme trophée au-dessus de la cheminée de l'auberge la plus proche. Peut-être aurais-je l'occasion de vous poignarder dans le dos dans ces égouts ? Et comme pour cet homme, personne ne serait en mesure de savoir qui vous a tué. La toux interrompit son discours, le forçant à s'appuyer de nouveau contre le mur. J'accepte néanmoins votre proposition. Cependant, peut-être devrions-nous attendre que votre soldat termine son affaire... dit-il en regardant ce même soldat, toujours le visage face au sol. Je n'ai qu'une épée, mais comme vous avez dû le remarquer, je ne suis moi non plus pas au meilleur de ma forme, continua-t-il, détournant cette fois-ci son regard du soldat. »

Il porta une seconde et dernière fois ses yeux sur la main de Llanistar. Il releva son regard en direction du cadavre, qu'il n'avait pas encore bien observé. Jamais il n'avait vu de blessures aussi dégoûtantes que profondes, puisque la plupart de celles qu'il avait vu étaient les siennes, souvent des entailles suite à quelques passes avec ses adversaires, mais jamais transpercé et déchiqueté de cette manière.

Regardant à présent droit devant, Lloyfell se dirigea vers la bouche d'égout d'où provenait le cri.


« Je vous attends, Ser... lui répondit-il finalement, tentant de ne pas trop se faire taper sur les doigts par le général dont il ne savait absolument rien. »


Llanistar van Rusadir


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Llanistar leva les yeux au ciel en entendant l'inconnu bavarder inutilement, quand la situation exigeait des décisions rapides. Evidemment le général savait que ce quartier n'était pas le mieux fréquenté et qu'il risquait sa peau à sortir ainsi du château sans une escorte importante. Mais le nordique n'était pas un de ces conseillers royaux ou autres experts en robe longue qui ne prenaient jamais la peine de sortir de derrière leurs hauts murs pour tâter du terrain et s'imprégner du monde extérieur. S'isoler par peur de l'inconnu, c'était pour un général signe d'une grande faiblesse de l'esprit et la marque des médiocres. Il n'est de meilleur officier qui sait diriger ses hommes tout en les côtoyant. Agacé, il répondit d'un ton cassant,

« Vous ne m'apprenez rien monsieur. Cessez de vous en faire pour moi, je sais me défendre et si vous aviez dans l'idée de me planter une dague dans le dos, je l'aurais sentit dés notre rencontre. Lorsqu'on a connu autant de batailles que moi, on se laisse pas berner par de belles paroles. Quand à votre épée, elle suffira très bien. Allons, acceptez ou refusez mais ne restez pas là. »

Lloyfell dut être sensible à l'argument car après un regard vers le soldat, il s'approcha de la bouche d'égout et se déclara prêt. Llanistar fit signe au soldat chargé de ramener les renforts de se mettre en route, et il rejoignit son compagnon improvisé.
On ne voyait rien de ce qui les attendait en dessous, à part ce que le rai de lumière du jour éclarait, à travers la bouche d'égout. Le nordique s'empara alors d'une lanterne encore allumée, accrochée à un mur et, la coinçant dans sa poigne de métal, mit un pied sur le premier barreau. Au fond de lui, une voix lui disait de ne pas se risquer ainsi dans les ténèbres mais il n'avait guère le choix si il voulait avoir une chance d'élucider ce macabre mystère. Le coupable était passé par là peu de temps auparavant : c'était sa meilleure et son unique piste. Pas question d'attendre.
Chacun des barreaux de l'échelle de métal glissait terriblement et la descendre avec une seule main faillit causer sa chute plusieurs fois, mais il parvint en bas sans trop de mal. De l'eau sale et puante lui montait à la cheville, ce à quoi il fallait rajouter l'humidité et une odeur de moisissure et d'excréments difficilement supportable. Tentant de faire abstraction de ces détails écoeurants, il leva la lanterne, éclairant le tunnel voûté empli de ténèbres par deux côtés. A sa gauche, il entendit un bruit étrange tandis qu'à sa droite, du sang tâchait le mur.
Hésitant, Llanistar attendit que Lloyfell descende pour lui demander, en lui ayant fait partager ces deux indices,


« A votre avis, que devons nous suivre ? »


Lloyfell


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« Et bien, j'ai connu des gens de votre stature bien moins nonchalant... Il l'était lui-même très peu, pensa-t-il. Mais il savait tout de même rester aimable, si son interlocuteur l'était tout autant. Il avait effectivement lâché une petite tirade peu agréable à entendre, comme si l'on nous faisait une remontrance, mais c'était uniquement à titre préventif, seulement dans le but de conseiller. »

La toux du vagabond devenait de plus en plus sèche, fréquente et insupportable. La douleur que lui devait celle-ci tenait son emprise sur le buste de l'homme, tandis qu'il était maintenant en proie à quelques spasmes eux, irréguliers, au niveau de ses jambes. Il porta rapidement un dernier regard aux alentours avant de descendre sous-terre, vérifiant si son ami était ici ou non.

Lâchant le dernier barreau de l'échelle, Lloyfell alternait son regard vers les deux directions, l'une après l'autre. Laquelle devaient-ils suivre ? Une chose était sûre, ils finiraient par se perdre. Les égouts portaient la même réputation que les Bois Perdus : celle d'un dédale où chaque intersection ressemblait trait pour trait à la précédente.
Lâchant un soupir et prenant sa tête dans sa main droite tout en affichant une mine désespérée, il répondit à son compagnon.


« Que l'on prenne un chemin ou un autre, nous nous perdrons assurément, affirma-t-il rapidement, avant que la toux ne coupe sa phrase prématurément. Reprenant son souffle après quelques expectorations, il poursuivit. Pourquoi ne pas suivre plutôt le bruit ? Si c'est le meurtrier que nous recherchons, il peut très bien s'être perdu dans cet endroit... Auquel cas, nous reproduirions certainement son erreur en nous dirigeant du côté de la trace de sang. »

Quand juste avant ses pensées étaient tournées vers sa douleur, elles penchaient à présent vers la puanteur insoutenable des lieux. L'eau qui transportait ces odeurs parcourait son chemin tranquillement, dans un lugubre silence. Un silence tellement pesant que même le souffle du paladin résonnait dans les sombres et profonds couloirs qui se dessinaient devant eux. Quelques rats passaient devant eux ici et là, cherchant à relayer les putrides déviances sanitaires qui s'étaient emparées d'eux la première fois qu'ils s'étaient abreuvés dans le fleuve noir.

Lloyfell mena alors ses pas vers le son qu'ils entendirent quelques instants plus tôt, gardant appui contre le mur.

« Faites bien attention à là où vous mettez vos pieds, pas mal de rats rôdent par ici, indiqua-t-il, observant les pas du général. Ah, je me doute que ce n'est pas la première que vous vous adonnez à une activité de ce genre, me répondrez-vous. Ai-je raison ? lui demanda-t-il, esquissant un léger sourire en regardant le visage de son compagnon. Mais qui peut réellement faire confiance à un parfait inconnu ? »

Le vagabond laissait alors la place au silence pendant quelques secondes. Pourquoi était-il aussi bavard, aujourd'hui ? Ce n'était pas dans ses habitudes. Sans doute était-ce un autre des effets secondaires du phénomène de manque -un changement de personnalité ?-. Il était trop tard pour Lloyfell, il ne pouvait remonter maintenant et revenir à son occupation initiale ; chercher celui qu'il appelait "l'Artisan". Ce dernier l'avait contacté car il avait trouvé une "nouvelle formule pour son produit", disait-il.

« Ahah, pardonnez-moi, je divague un peu... il toussota à nouveau, plus fort encore que les fois précédentes. Bien, entendez-vous d'autres bruits ? lui dit-il, essuyant la sueur qui coulait toujours de son front. »

Exactement à ce moment même, des bruits de pas légers et irréguliers résonnaient tout près d'eux. Abordant une intersection, Lloyfell s'arrêtait, le dos contre le mur. Le bruit était tout près, et s'approchait encore... jusqu'à parvenir à quelques mètres de lui. Prêt à inaugurer sa lame nouvellement acquise, il plaçait sa main gauche sur le fourreau, et sa main droite empoignait la fusée de l'arme.
Les bruits de pas se turent, et plus aucun son ne provint de l'autre côté.
Le vagabond fronça les sourcils, puis les releva aussitôt. Un nouveau bruit vint combler le nouveau silence ; un souffle puissant, duquel n'émana aucune chaleur, mais seulement la viscosité de la mort et de la décomposition.
Coupant son souffle, Lloyfell ne bougea pas de sa place. Il plaça un doigt devant sa bouche signifiant de faire silence, espérant que son camarade réagirait intelligemment en conséquence.


Llanistar van Rusadir


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« Et bien, j'ai connu des gens de votre stature bien moins nonchalant..

Llanistar leva les yeux au ciel, peu sensible qu'il était aux politesses dans de telles situations. Comme il se plaisait à le dire à ses soldats, il n'y avait pas assez de temps dans une vie pour exceller dans l'action et dans les courbettes. Lui avait fait son choix depuis longtemps. Aussi, que son humeur ou ses mots n'aient pas plu à son compagnon, cela lui importait peu, occupé qu'il se trouvait à brandir la lanterne devant lui pour espérer y voir plus loin qu'à trois pieds devant lui. Le nordique entendit alors la surface de l'eau se briser tandis que les bottes de Lloyfell quittaient les barreaux de l'échelle.

« Que l'on prenne un chemin ou un autre, nous nous perdrons assurément. »

L'homme toussa, assez violemment. Llanistar se retourna un instant, constatant l'état de son compagnon d'infortune. Une escapade dans des égouts sales et humides, voilà qui n'allait pas l'aider à guérir, mais il n'était pas question de laisser tomber aussi vite. Silencieux, il laissa l'hylien reprendre son souffle.

« Pourquoi ne pas suivre plutôt le bruit ? Si c'est le meurtrier que nous recherchons, il peut très bien s'être perdu dans cet endroit... Auquel cas, nous reproduirions certainement son erreur en nous dirigeant du côté de la trace de sang. »

« Aye. Vous avez raison. »

Lloyfell s'avança, suivit de prés par le général, toujours armé de sa lanterne. Sa main de chair était agrippée à la poignée de son épée, prête à dégainer au premier signe de danger. Les égouts avaient un aspect oppressant, qui altérait l'esprit. Plusieurs fois, le nordique eut la sensation d'une présence proche derrière lui sans pour autant voir autre chose, une fois retourné, que le vide. Et il y avait aussi ces rats, cette eau sale et croupie... Tout en ce lieu le dégoûtait, lui intimait de regagner la surface et l'air libre. Une pensée raisonnable, qu'il rejetait pourtant, en repensant aux corps sans vie qu'il avait laissé derrière lui, quelques minutes plus tôt. Si seulement ces cavités étaient aussi bien entretenues que celles de Markand..

« Faites bien attention à là où vous mettez vos pieds, pas mal de rats rôdent par ici, la voix de Llloyfell brisant le silence, et le ramenant à des préoccupations plus concrètes que ses peurs irrationnelles,[/i] Ah, je me doute que ce n'est pas la première que vous vous adonnez à une activité de ce genre, me répondrez-vous. Ai-je raison ? Mais qui peut réellement faire confiance à un parfait inconnu ? »

« J'ai été coutumier d'un autre type de décharge. Un genre où les déchets portaient de la soie, de la dentelle et des diamants aussi gros que ces rats. De même, j'ai déjà emprunté des tunnels de toutes sortes mais... Jamais aussi puants. Et je n'accorde ma confiance qu'à quelques rares élus, ne vous sentez pas vexé de ne pas l'avoir obtenu, encore.

Après tout, Llanistar pouvait encore être surprit avant la fin de cette journée, pensait il. Au moins l'homme ne s'était il pas débiné devant sa proposition, pourtant malade comme il l'était. En cela, il avait une valeur indéniable. Quand à dire si il saurait la déployer lorsqu'il le faudrait... C'était une toute autre question, dont l'avenir n'allait sans doute pas tarder à lui fournir la réponse.

« Ahah, pardonnez-moi, je divague un peu... Bien, entendez-vous d'autres bruits ? »

Llanistar, qui n'avait manqué de remarquer la toux qui s'était à nouveau emparée de son ami, tendit l'oreille. Dans ces cavités, le moindre murmure de l'eau ou le couinement du plus chétif des rats était amplifié de sorte que le général ne discernait que difficilement d'autres sons. Mais soudain, il lui parut que le son reprenait de plus belle. Une sorte de crissement, long mais faible. Comme une lame sur du métal. Après une expiration destinée à lui redonner courage, il reprit la tête.
Ils marchèrent plusieurs minutes dans la même cavité. Toujours les rats sous leurs pieds, toujours la même eau sale. Et puis, soudain, le couloir qu'ils parcouraient s'agrandit. Ils étaient parvenus à un carrefour entre trois grandes cavités, qui devaient être des axes majeurs des égouts. Dans ces dernières, on pouvait au moins marcher sur une allée au dessus du niveau de l'eau. Mais ils devaient choisir. Ayant peu d'idées, Llanistar se tourna vers son compagnon, en quête d'une réponse,


« Gauche, droite ou avant. Il me semble entendre le bruit en avant ou à droite... C'est diffus, impossible d'être vraiment sur. »

Ce qui dérangeait le général, c'était que dans ces deux directions, les cavités étaient parsemées de grandes toiles d'araignées.


Ils descendaient, fermement fixés aux barreaux de fer, seule et unique connexion que connaissaient ces créatures entre le monde du dessus, et celui d'en dessous. La bête les fixait de ce regard flamboyant qu'avaient tous ses semblables, cachée au plus profond de l'obscurité. L'ombre régnait presque en maître dans ce domaine qu'étaient le leur, et dans lequel de plus en plus de fous tâchaient de se glisser. L'animal se hissa alors sur un petit tas plus froid qu'aucune des pierres pourtant en permanence humides et glissantes. Quand venaient les neiges ; et la mort qui tombe avec les flocons, certaines se fissuraient sous le coup du givre.

La bête couina alors, quand ses pattes rencontrèrent cette matière inconnue. Elle ignorait ce qu'il était advenu des géants qui avaient pénétré le domaine de leur famille, mais ne tarda pas à les retrouver du regard. Et tandis que l'eau pleuvait et que les gouttes tintaient sur la roche aussi purement que l'air n'était vicié, le petit être détala, comme pris de panique. Auparavant caché dans l'un des recoins des égouts de la Citadelle d'Hylia, sous l'une des petites arches faites pour laisser passer le courant, l'animal s'éloigna au plus profond qu'il lui était possible d'aller. Ses griffes, avant de retrouver cette pierre aussi trempée que chérie, grincèrent, fourbes, à mesure qu'elles ne rayaient l'acier. La mélodie provoquée par l'extension osseuse résonnait violemment tout du long du couloir que traversait l'animal, alimentant plus encore sa peur. Et quand il parvint enfin à quitter cette surface plus froide que la glace où le cadavre d'un frère, celle-ci bascula du promontoire sur lequel le courant l'avait porté.

La carcasse de fer percuta d'abord une roche, puis une deuxième, une troisième, sans que cela ne semble cesser un jour. L’acoustique des souterrains étaient telle qu'à l'écho ne répondait que l'écho, tant et si bien qu'il était presque possible de croire qu'une bande de créatures mythiques — tirées de sombres comptines pour enfants malveillants, peuplaient les lieux et battaient de larges tambour de guerre. Avant que l'eau croupie n'avale les restes du piédestal qui avait tant effrayé une pauvre bête.

D'autres couinèrent alors, plus apeurés que jamais, sans doute. Et les griffes de toute une colonie de rats marquèrent la pierre, tandis que plusieurs se ruaient entre les jambes des deux intrus. Sans volonté de les jeter au sol, certes, mais la fuite et l'instinct de survie ôtait à ses bête tout le fond d'intelligence qui servaient à les qualifier, loin à l'Est. Bientôt, des centaines d'entre eux déferlaient dans les égouts, alertés par le bruit d'un danger qu'ils ignoraient. Et soudain, le calme sembla revenir, tandis que l'eau pleuvait et que les gouttes ne tintaient clair. Comme un décompte aussi sournois que discret.

Un acier plus vieux que le précédent grinça alors. L'un de ces vieux mécanismes, attaqué par la rouille et balayé par les âges. Il semblait que les chaînons peinaient à ne pas lâcher à chaque nouveau tour. Le silence finit par revenir. Exception faite des gouttes qui continuaient de sonner les instants, avant le moment fatidique.

Les parois, davantage que les murs, commencèrent à résonner elles-aussi, tandis que doucement mais sûrement circulait de l'eau à l'intérieur. Doucement mais sûrement, le niveau montait. Si les mollets semblaient être la limite auparavant, il ne fallut que bien peu de temps avant que les deux hommes ne se retrouvent immergés jusqu'à mi cuisse. Bien peu de temps, également, avant que la vanne qui se trouvait dans leur dos ne s'ouvre. Et le jet fut probablement plus violent que celui de la Chute que les Zoras affectionnaient tant.

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Lloyfell


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Le général était tout autant en mesure de prendre une décision que le vagabond ; pas du tout, en somme. À gauche, à droite, tout droit ? Que choisir ? Les deux voies devaient certainement se rejoindre à un moment ou un autre, mais il lui semblait impossible de se souvenir du chemin emprunté dans un tel dédale. Aussi l'idée de se séparer lui traversa l'esprit, idée qu'il chassa rapidement de ses pensées puisqu'elle relevait de l'inconscience et les mènerait chacun vers un danger encore plus certain.
Observant toujours un peu plus de rats courir entre ses jambes, il finit par prendre la décision.


« Bien... Allons à droite, pour voir ce qu'il s'y trouve. Et si après quelques mètres nous ne trouvons rien, nous reviendrons sur nos pas et... »

Les échos se firent entendre bien plus bruyamment qu'auparavant. Aux gouttelettes s'additionnèrent le son reconnaissable d'un mécanisme qu'on enclenchait, puis vinrent les gémissements interminables des rats, que Lloyfell entendit plus clairement à chaque seconde qui passait, jusqu'à leur arrivée entre ses jambes une fois de plus. Elle manquèrent de le faire tomber à plusieurs reprises, alors qu'il observa toujours le troupeau de créatures courir comme si il voulait échapper à quelque chose. Il regarda le sol un peu plus attentivement aussi loin qu'il pouvait le voir -c'est-à-dire pas très loin- et commença à s'apercevoir que l'eau montait assez rapidement. Il ne lui fallut pas plus de temps pour commencer à entendre le faible son d'un cours d'eau s'amplifier jusqu'à submerger de sa voix les gouttes d'eau, rats et autres nuisibles des égouts, cours d'eau qui s'avéra extrêmement puissant.

Le vagabond se rendit compte de la possible gravité des évènements, ouvrit grand les yeux et ne prit pas le temps de réfléchir. Il se mit à tituber -puisqu'il était toujours dans l'incapacité de se déplacer d'une manière plus normale- le plus rapidement possible afin de regagner la sortie et échapper à ce piège qu'un quelconque brigand, tueur à gages ou qui que ce soit eut put leur tendre.


« Sortons d'ici ! » cria-t-il comme il le put, enchaînant avec une toux qui lui obligea à poser le genou au sol. La main gauche à terre et la main droite face à sa bouche, cette dernière récupéra tous les microbes que les organes de Lloyfell eurent à lui offrir. Lui, en revanche, en mettant sa main devant sa bouche, récupéra tous les microbes que les égouts eurent à lui offrir ; ayant touché les murs plusieurs fois afin d'éviter de tomber, ses mains en abondèrent.
D'autres rats vinrent courir près de lui. L'un d'eux, supposant que la main du vagabond ne fut qu'un obstacle parmi tant d'autres vint courir sur celle-ci. Surprit, Lloyfell retira sa main pour mieux la reposer, mais elle glissa, et avec elle vint tout son corps. Son visage s'engouffra dans l'eau croupie -si l'on put encore appeler cela de l'eau, même croupie... !-, il continua à tousser sous l'eau, n'arrivant pas à se relever et commençant à se noyer dans les eaux sales des égouts du bourg d'Hyrule.


Llanistar van Rusadir


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Llanistar se sentait de moins en moins confiant par rapport à leur situation. La lanterne n'éclairait que faiblement devant eux et il n'avait toujours aucune idée de ce qu'ils pourraient trouver dans ces égouts, et si ils seraient de taille à faire face à ce qui aisément massacré plusieurs de ses hommes. L'état de ces souterrains l'inquiétaient également. Des conduites étroites et mal entretenues, des mécanismes rouillés, des légions de rats... Un grand homme avait dit un jour que pour juger une cité, il fallait observer ses fondations. A la lumière de cet enseignement, Hyrule n'était plus aussi attrayant.

« Ca pue. »

Les mots lui étaient venus aux lèvres machinalement. Le général n'en pouvait plus de cette puanteur, de cet air vicié. Il aspirait à retrouver la lumière et le vent, et pourtant, il devait continuer. Sauf que seconde après seconde, la puanteur semblait de plus en plus forte. Et puis, un échos retentit, d'abord proche puis de plus en plus lointain. C'était le son du métal sur la pierre, que Llanistar connaissait bien. Et surtout, il en était certain, ça ne présageait rien de bon.
Soudain, une colonie de rats complètement affolée sorti de partout devant lui et passa entre ses jambes, à lui et à son compagnon. Reculant sous l'effet de la surprise, le nordique faillit trébucher et ne dut de rester debout qu'au mur contre lequel il se retint. Une foule de questions se pressèrent dans son esprit : De quoi les rats avaient ils eu peur ? Etaient ils des annonciateurs de ce qu'il cherchait ou bien cette chose les avait il fait fuir ? Lui et Lloyfell devaient ils fuir aussi ?

Il n'eut pas l'occasion de réfléchir, car la réponse s'imposa au moment où il remarqua que l'eau montait de plus en plus, et qu'elle commençait à lui arriver bien trop haut à son goût. Llanistar jura intérieurement, tandis qu'un dilemme s'imposait à lui. Soit ils continuaient en espérant pouvoir échapper à la montée des eaux, et gardaient une chance de retrouver la chose responsable de la mort de ses soldats, soit ils retournaient à la surface et devraient tout recommencer à zéro.


« Sortons d'ici ! »

Et comme pour donner raison à Lloyfell, une vanne s'ouvrit dans leur dos, déversant un grand flot d'eau viciée sur les deux hommes. Le regard empli de colère fixé sur le tunnel obscur où il brûlait d'envie d'aller, Llanistar dût néanmoins se rendre à l'évidence. S'élancer là bas, c'était risquer beaucoup et il ne pouvait demander ça à un homme qui venait juste l'assister. Il se retourna donc pour voir l'homme en train de se noyer. Aussitôt, il décoinça la lanterne de sa main d'acier, la laissa tomber lourdement et entreprit de tirer son compagnon d'une mort cauchemardesque. De ses deux bras et d'une main, Llanistar alla chercher Lloyfell sous l'eau, l'étreignit et le remonta à la surface. Sans perdre plus de temps, le général maintint un bras de l'homme autour de son épaule et commença à faire demi tour. Il était temps de retrouver le monde des vivants.

Il revint dans la grande salle qui commençait à s'emplir d'eau, et repéra une échelle, composée de barreaux enfoncés dans les parois de pierre. Au dessus, c'était le salut, mais il fallait que Lloyfell parvienne à monter lui même car, avec une seule main, Llanistar ne pourrait l'y aider.


« Allez y devant ! Si vous tombez, je vous rattrape ! »

Un mensonge, destiné à le rassurer. Le nordique ne voyait pas comment il pourrait accomplir ce qu'il lui promettait mais ces mots n'avaient pour but que de pousser Lloyfell à se sauver lui même.


Il frappa le pavé de sa lance, comme un cheval qui renâcle et témoigne de son humeur du sabot. Le soldat jeta un oeil à son collègue, inquiet. Il y avait déjà un moment que le Général s'était engouffré dans les souterrains. Ces souterrains qu'il avait toujours consciencieusement évités. On les disait si vieux qu'ils précédaient la dynastie Nohansen Hyrule elle même. Que le père du père du plus anciens des ancêtres de son altesse royale, la Souveraine Zelda n'avait jamais assisté à la construction des fondations même de ces catacombes. Et s'il n'avait que peu d'estime pour l'homme qui avait choisi d'accompagner son supérieur, le fait était qu'il croyait suffisamment en Llanistar van Rusadir pour ne pas souhaiter le retrouver pourrissant, noyé dans des égouts croupis et dévoré par les rats.

"Hé, tu ne crois pas que ça fait un bout de temps qu'ils sont descendus ?" Lança-t-il, du menton, à son camarade. « Je sais bien que le Général est un homme résistant et qui sait ce qu'il fait... » Il avait placé trop d'espoir en la personne du Nordique pour que celui-ci puisse échouer. Pas de cette façon, ni d'aucune autre, et il était de son devoir de lui faciliter le plus possible la lourde mission qui lui incombait. « Laisse-y encore un peu d'temps. Ca fait moins d'une demi-heure. » Le premier hocha la tête, acquiesçant. Tout deux reprirent leurs positions, bloquant l'intégralité du quartier aux passants, et barrant la sortie aux riverains. Personne ne devait arpenter ces rues, d'ici le retour de l'Officier supérieur.

Profitant du répit accordé par son camarade et lieutenant, le fantassin retourna examiner le corps, qu'ils avaient préalablement transporté jusqu'à l'entrée des égouts. En se penchant sur la carcasse, puisque c'était là tout ce qu'il restait de son ancien partenaire - bien qu'il n'ait jamais combattu à ses côtés -, l'Hylien réalisa que le bruit n'était plus le même. En vérité... C'était le même, mais amplifié. Comme si la source était dorénavant bien plus proche. « On dirait que l'eau monte ! Vite ! » Hurla-t-il, avant de se jeter sur la bouche d'égout. Saisissant cette dernière, il l'envoya voler sans le moindre ménagement, tandis que son binôme commençait déjà à tirer l’acolyte du Général. « Messire Rusadir ! Tenez bon ! » Et bientôt, la main d'acier rejoint celle, de chair, du soldat. Les deux hommes furent ramenés à terre, et fournis en couvertures pour se sécher.

"Vous avez vu quelque chose, messire ?" S'enquit-il, en apportant à son supérieur un peu de vin chaud, réquisitionné chez un marchand non loin. Mais avant qu'il ai eut l'occasion d'en apprendre plus, deux autres des soldats de sa patrouille surgirent. « Monseigneur, il urgent que vous nous accompagniez. Merek a trouvé quelque chose. »
*

Les deux hommes conduisirent le Général et son compagnon jusque par delà les fortifications de la Ville-Close. Tant et si bien qu'ils finirent par gagner les douves, au pied des murailles qui cernaient la citadelle. Là où Merek les attendait, un étrange ouvrage à la main. « Un homme et une femme sont morts dans les égouts, monseigneur. Nous avons retrouvé leurs uniformes, peu de temps après que vous soyez entrés dans les souterrains. Leurs uniformes sont juste-là. » D'un geste du menton, il désigna une paire de haillons, déchirés, ensanglantés. Les pièces d'armures avaient subi un sort similaire : tordues, éventrées ou tout simplement trouées de parts en parts. « Nous avons également retrouvé ceci, dans le plastron de la femme. » Merek tendit l'ouvrage à Llanistar. Bestiaire des créatures les plus effroyables, aux pages tantôt arrachées et aux noms tantôt rayés.

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