Quête - Enquête au Bourg - Haute voltige

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Swann

Championne d'Aegis

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(vide)

    Deux mains attrapèrent la grille et la soulevèrent.

    La rouille avait depuis longtemps attaqué le métal, aussi fut-il aisé, même pour Swann, de briser les barreaux à ses extrémités. A l'aide de ses bras, elle attrapa les rebords du puits et en sortit devant les regards des quelques manants qui traînaient dans cet endroit reculé du Bourg. Elle ne leur prêta aucune attention et épousseta ses vêtements sales et puants ; les quelques jours passés dans les égouts avaient suffis à lui rendre une odeur de chacal. Bien qu'elle n'ait pas été dégoûtée par ce qu'elle avait trouvé en bas, l'odeur qu'elle conservait était désagréable. Dire qu'elle n'avait pas été capable de rallier à sa cause la bête qu'elle convoitait... tout ça pour rien ! Il ne lui restait plus qu'à espérer que sa sœur se soit sortie de cet endroit.

    Mais le moment n'était pas à tergiverser : un poursuivait la traquait. Un coup d'œil vers le fond du puits lui confirma que la menace était toujours réelle, aussi était-il temps de s'en défaire. La dragmire saisit une petite sphère de métal noir, dont elle alluma la mèche puis laissa tomber à l'intérieur du puits. Peut-être que ceci le dissuaderait de se frotter à elle davantage.

    Un mauvais choix que celui d'être aussi proche des scènes de crime néanmoins, car le quartier était bouclé par les homme du Rusadir. Elle prit conscience que sa quête avait duré un petit peu trop longtemps ; en partant plus tôt, elle n'aurait pas eu à devoir faire face à autant de gardes dans le secteur. Et si d'aventure elle s'en dépêtrait plutôt bien, elle avait le désavantage de laisser une empreinte odorante trop forte pour qu'elle puisse se cacher. En plein jour, qui plus est ! D'autant que l'explosion de la bombe allait faire converger un certain nombre de soldats sur sa position.

    Les solutions n'étaient pas nombreuses. La meilleure restait encore de passer par les toits, que la garde d'Hyrule ne pensait jamais à surveiller avec trop d'attention. Si les choses pouvaient se corser en atteignant les remparts, il ne lui fallait au fond que quitter le quartier pauvre. Elle pourrait très bien quitté la ville aux aurores.

    L'explosion retentit. Ni une ni deux, la dragmire s'engagea dans le premier bâtiment qui se présentait à elle, et gravit les escaliers en passant devant des habitants aux abois. La panique s'installa, la confusion également ; un allié précieux. Il ne lui fallut pas longtemps pour gagner le toit en tirant son corps affublé par la fatigue par une fenêtre, à l'aide de ses deux bras encore vigoureux. Après cette acrobatie, elle s'accorda un moment de répit et s'accroupit aux abords du toit pour observer la scène qui se déroulait en bas. Gardes et citoyens se bousculaient dans un nuage de poussière et de fumée, dans une cacophonie ambiante.

    La lionne esquissa un sourire.


Link

Héros du Temps

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(vide)

Ses doigts trouvèrent une nouvelle faille entre les roches et s'y insinuèrent. Ainsi accroché, suspendu à son bras seul, il sautilla. La semelle de sa botte accrocha une dalle moins bien enfoncée que les autres, et il s'assura un appui de plus. La lance qu'il avait récupéré des bras d'un des mercenaires l'encombrait bien assez pour rendre l'ascension pénible. Il avait stabilisé sa deuxième jambe et envoyait son bras à l'assaut d'une nouvelle prise quand une bourse s'enfonça dans le puits qu'il tentait tant bien que mal de remonter. Une bourse pleine de poudre. L'Hylien grogna, agacé. Quand ce n'était guère les pièges qui l'assaillaient dans ce genre de structures, à le cribler de fléchettes empoisonnées, on s'amusait à lui envoyer bombes et artifices. D'instinct, il se plaqua au plus proche des pavés qu'il grimpait, tandis que dans son dos crépitait doucement la mèche enflammée. En dessous, la bête avait disparu. Serrant les dents, il reprit la montée. Sous peu, l'explosif détonnerait, enterrant probablement la galerie.

Il s'extirpa de la citerne sans trop de mal : le grillage avait déjà été arraché par l'inconnu qu'il poursuivait. La lance lui rendait toujours plus ardue, mais il avait l'intuition qu'elle pourrait la simplifier dans les instants à venir. En quelques secondes de plus, seulement, il fut dehors. L'Enfant-des-Bois ne put réprimer un soupir de soulagement, quand le soleil d'Hiver lécha presque froidement sa joue balafrée. Il n'avait rien contre les excursions souterraines, mais préférait tout de même se tenir loin de la fosse tant que la grenade n'aurait pas explosée. Jouant doucement de la lance, pour ramener la pointe d'acier plus près de sa paume, il jetait son regard partout sur la place qui l'accueillait dorénavant. Vide, sans surprise. Llanistar avait ceinturé tout un pan de la ville et bloqué plus spécifiquement le quartier des soies. Quelques étals demeuraient, bien sûr, mais sans personne pour les tenir. Parfois, un marchand avait oublié quelques bricoles en partant, mais globalement l'agora semblait déserte. Presque fantôme.

Quand le souffle de l'explosion fit rugir le puits, il s'était éloigné de quelque pas. Le blond s'était avancé vers les présentoirs abandonnés à la hâte dans l'espoir d'y trouver un indice quelconque. Avant même d'avoir pu commencer à chercher véritablement, il fut alerté par la déflagration dans son dos. En se retournant précipitamment, il laissa ses yeux balayer les lieux différemment. S'il s'était contenté de regarder au sol en se tirant hors des catacombes, inconsciemment son oeil avait été attiré par les cieux comme en bien d'autres occasions. Sans parvenir à en être tout à fait sûr, il lui semblait avoir distingué une forme à la fenêtre d'une masure qui se tenait à l'autre bout du carrefour des artisans. « La peste que ces fuyards... ! », gronda-t-il sans que ses lèvres ne se scindent ou même n'esquissent une séparation. Aucun mot n'avait percé la mâchoire qu'il conservait fermée, scellé par une colère naissante. En moins de temps qu'il ne lui en aurait fallu pour le dire, de toute façon, il partait déjà à la course avec la silhouette de son adversaire.

Laissant glisser sa main sur l'une des devantures, l'autrefois Champion de Farore eut le loisir de récupérer quelques couteaux qui traînaient ça et là. Si de toute évidence ils n'étaient pas calibrés pour le lancer, il savait qu'ils feraient l'affaire. Il ne manquait pas d'adresse et il le savait. Seulement, sa proie s'éloignait déjà, gagnant les toits. De l'oeil, il chercha après un peu de bois. Une poutre, une charpente, n'importe quoi qui fut construit dans le chêne, l'érable ou le bouleau. Ses doigts se refermèrent un peu plus sur la lance qu'il tenait à la manière d'un javelot. La baraque, dans laquelle le mercenaire qu'il poursuivait s'était engouffré, grossissait à vue d'oeil. Et pourtant, il bifurqua vers la bâtisse qui faisait face à celle que l'autre escaladait. Conscient qu'il risquait de perdre sa cible de vue, il se hâta. Toujours en mouvement, il s'engagea dans une ruelle adjacente, qui l'aurait mené à l'autre bout de la ville, s'il avait emprunté.

Mais il ne l'emprunta pas.

Au lieu de quoi, il fit jouer ses bras. Profitant de l'élan dont il disposait, le Fils-de-Personne bondit lance en main et la ficha dans l'armature de pin. Ses deux mains saisirent la frêle hampe alors qu'il débutait rapidement une traction. Sans continuer l'exercice, l'Hylien balança ses deux pieds d'avant en arrière jusqu'à débuter un véritable tour autour de la barre. Bientôt, son nez pointait vers le sol, tandis qu'il se tenait droit, et à l'équilibre, au dessus de l'axe sur lequel il se réceptionna. Rester stable relevait de l'erreur de force, mais en étendant ses bras comme un oiseau il parvint doucement à se lever. Misant sur la vitesse d’exécution, il ne fit que deux pas avant de se jeter dans le vide et de s'élever. L'espace d'une seconde, il eut l'impression de voler, jusqu'à ce que son torse percute les tuiles d'un toit à près d'une quinzaine de pieds du sol. Rapidement, ses mains s’agrippèrent et il se hissa au dessus des combles. Sur la rangée de toit d'en face, il apercevait l'homme qu'il cherchait à rejoindre. Une femme, dans les faits et sans doute plus fine que lui même ne l'était. Accroupie ou à genoux, elle ne semblait pas l'avoir remarqué, concentrée sur la foule qui commençait à s'amasser aux abords du puits. Des hommes de Zelda affluaient un peu partout, et il ne put s'empêcher de penser à ses compagnons. « Dans quel pétrin les ai-je abandonnés...? », s'interrogeait-il, tout en cherchant à se rassurer. Il savait Llanistar capable d'exploits martiaux comme il savait que Light était de ceux dont les Déesses elles-mêmes ne voulaient pas. Une vieille carne qui aimait à défier la mort. Quant à Roshu... Il avait déjà fait ses preuves à plus d'une reprise depuis qu'il le connaissait.

Aussi choisit-il d'abandonner ses craintes dans l'immédiat. Tirant les lames qu'il avait pu ranger à sa ceinture, il déboucha le petit flacon qu'il conservait dans une poche de cuir. Laissant glisser le liquide sur les trois dagues. A l'aide d'un petit briquet à silex, il produisit une étincelle suffisante pour enflammer la première d'entre elle. Dans le quart de seconde, elle volait en direction de la mercenaire. Lui avait disparu. Défilant de maison en demeure, il finit par gagner l'un des rares grands arbres de la Citadelle d'Hylia. Ses mains saisirent l'une des plus vieilles branches et il s'en servit comme d'un pivot une seconde fois. Au terme de ce deuxième tour autour d'une seconde barre, Link lâcha prise pour mieux se laisser porter. C'est avec un petit bruit mat que le cuir de ses semelles heurta l'ardoise sombre qui couvrait la charpenterie. Excalibur teinta clair tandis qu'il la libérait, dans le dos de la demoiselle.

"Bien tenté, la grenade." Lâcha-t-il en achevant de tirer l'acier céleste. « Mais il aurait fallu plus que ça. » Souffla-t-il ensuite. Ses phalanges blanchissaient doucement tandis qu'il raffermissait sa poigne sur l'épée de maître.


Swann

Cygne Noir

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(vide)

  • « Vraisemblablement », répondit laconiquement Swann, la mine assombrie.

    Si pendant un temps la surprise s'était lue sur son visage en comprenant que celui qui lui faisait face n'était nul autre que le Héros du Temps, son masque de glace avait peu à peu regagné la ténébreuse fille de Ganondorf. Pour cause, c'était bien la première fois qu'elle le rencontrait en personne et elle ne s'était jamais imaginé avoir à le faire, compte tenu de tous les moyens qu'elle avait déployés pour éjecter le cavalier de l'échiquier. Avis de recherches avec forte récompense à la clef, envoie de ses propres troupes à sa poursuite, piège dans les catacombes... les raisons n'auraient pas manqué pour expliquer son trépas. Et pourtant, un homme se dressait devant le Cygne Noir ; porteur de l’Épée de Légende. La lionne en déglutit discrètement. Un frisson lui parcourut le dos. D'excitation. L'assassin estimait rarement ses adversaires avant de les avoir affronté mais celui-ci lui faisait déjà forte impression.

    Une douce brise de début d'Hiver souffla, caressant le faciès et les bras nus de l'hispanique, tandis qu'à ses bottes de cuir brûlaient vivement les restes de sa cape. Dans les flammes, le coutelas d'acier commençait à rougir. Les iris ambres et gris de la dragmire restèrent plantés dans ceux du garçon plus longtemps que la lame n'avait mordu la chair de son épaule gauche ; il avait beau avoir gagné le premier sang, son attaque restait lâche et sans honneur. Loin de ce qu'on était en droit d'attendre d'un tel champion. Puisqu'il voulait tant jouer avec le feu, elle allait lui montrer ce qu'une tueuse de son envergure trouvait à répondre.
    Le couteau gisait dorénavant au milieu des cendres ; d'un vif coup de pied, Swann le renvoya à son propriétaire précédent, pointe vers l'avant. Elle profita de ce court laps de temps gagné pour, de sa main gauche, déboutonner la première attache de sa chemise de lin, et de sa droite appeler à elle Dent de Dragon. De la vapeur noire se mit à tournoyer dans le creux de sa main ; elle gagna bientôt une forme longiligne, puis se dilua dans l'air. L'épée-émaille semblait être née des ténèbres mêmes.

    « Puisque tu cherches les ennuis, tu vas les trouver, garçon », souffla la Belle avec une assurance toute retrouvée.

    Elle se laissa glisser, avec élégance, sur les ardoises qui recouvrait le toit de la masure, jusqu'à ce que l'acier rencontre l'émaille, sonnant le début d'un important combat dans le ciel du Bourg, dans l'anonymat le plus total. L'agitation régnait encore bien trop dans les travées du quartier des soies pour qu'on puisse immédiatement se rendre compte qu'à nouveau le Héros se dressait face au mal qui rongeait le pays. Il était bel et bien seul. Encore une fois.
    Trois estocades terrifiantes les unes à la suite des autres, visant tour à tour le foie, le cœur et la jugulaire, suffirent à imposer un rythme et une tension d'enfer d'entrée de jeu. La dragmire était particulièrement friande de ces débuts en fanfare ; pour autant, elle ne jeta pas ses meilleures bottes immédiatement. L'objectif restait avant toute chose d'imposer une distance à Link ; et rester le plus loin possible de la pointe d'Excalibur. En cela, l'assassin avait la chance de posséder en ses jambes les équivalents des ailes d'un cygne, lui permettant de bondir dès que la situation se compliquerait.

    La lionne ne lâcha pas le morceau en si bon chemin et se servit justement de ses deux forces premières pour exécuter une acrobatie aussi dingue qu’inattendue ; d'un salto, elle s'éleva avec grâce au-dessus du blondin et se réceptionna dans son dos. Elle manqua de glisser sur l'ardoise mais garda finalement son équilibre. Elle se saisit aussitôt d'une noix, ferma les yeux, et la fit éclater sur le sol. Une très forte lumière blanche illumina instantanément le ciel orangé, l'espace d'un court instant. Les mirettes vairons se rouvrir, espérant que son petit stratagème avait porté ses fruits. Et ainsi pouvoir, aussitôt, frapper mortellement son adversaire.

    Puis un trait fila devant son nez. Suivi d'un deuxième. Elle s'arrêta immédiatement dans son élan et posa son regard plus bas pour comprendre : des soldats armés d'arbalète. Que la peste les emporte, les misérables ! Ils n'étaient donc pas foutus de la laisser tranquille l'espace d'une minute ? C'était bien le propre des troupes hyliennes ; incapables de la moindre prouesse mais toujours plus gênantes. Elle poussa ce qui se rapprochait le plus d'un grognement lorsqu'elle décida de filer d'ici. Elle lâcha un fumigène avant que Link ne lui tombe dessus ; puis elle couru le long de l'arrête du toit.
    D'un bond fulgurant, elle gagna la toiture la plus proche, hors du vue des stupides hommes du général. Elle se retourna, prestement, pour voir ou en était le garçon aux cheveux d'or. Le bougre n'allait quand même pas la laisser filer aussi facilement, pensa-t-elle, un fin sourire aux lèvres.

    La partie avait à peine démarré qu'elle lui plaisait déjà.


Link

Héros du Temps

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(vide)

Jouant de tranche, il dévia sans mal le coutelas qui montait vers lui. L'attaque, si simple qu'elle pouvait être, visait sans le moindre doute à le surprendre. Mais la petite lame, rougie par les braises, détonnait singulièrement sur les tuiles noîratres de la maisonnée où la Dragmire avait choisi de s'établir. Avant que le pied de celle-ci ne propulse l'acier droit vers son visage, il l'avait repéré. Une unique rotation du poignet avait suffit à s'en protéger, tandis que son regard demeurait plongé dans celui, d'ambre et de gris, de la jeune femme. Il ignorait qui elle était – quand bien même persistait un sentiment de déjà-vu – et en réalité il n'en avait cure. Les noms comptaient moins que les actes quand, de toute évidence, son adversaire souhaitait voir la Citadelle d'Hylia à feu et à sang au moins autant qu'elle ne souhaitait se débarrasser de ceux qui la protégeaient. La mercenaire avait été on ne peut plus claire : tout un pan du plan devait mener à la mort de Llanistar, dans les galeries sous la cité.

A la manière de Ganondorf, une lame naquît des brumes pour épouser la main de son adversaire. Un tour de passe-passe qui aurait certainement effrayé d'autres, mais le Patriarche l'utilisait depuis suffisamment longtemps pour qu'il s'y soit presque habitué. En vérité, cela tenait plus du rituel que de l'habitude, en dépit de tout ce que ce genre de mise en scène lui inspirait. Le Gérudo n'aimait rien tant que se contempler et s'il n'aurait su dire si c'était également le cas de la jeune femme, il supposait que c'était très commun à l'ensemble de cette « famille ».

Presque imperceptiblement, ses genoux s'étaient fléchis. Son dos s'était légèrement courbé et sa deuxième main avait rejoint la fusée de son épée, s'appuyant en partie sur le pommeau. Le premier assaut fila, d'estoc. Le plat de sa lame barra la route à l'émail, comme l'aurait fait un bouclier. Et si le heurt remonta jusque dans son avant-bras, il ne doutait pas que son adversaire l'eut senti également. Pourtant, elle arma son bras une deuxième fois et son poignet se jeta à l'assaut de son cœur. La dame du désert, plus offensive que bien des ennemis qu'il avait croisé, occupait majoritairement l'espace de l'affrontement en tout juste deux passes. Grognant sans vraiment s'en rendre compte, le vagabond ancra plus encore ses pieds sur le toit. Il avait combattu en de pires conditions mais le sol, instable et frivole, demeurait susceptible de lâcher à tout moment. Si ça n'était pas l'armature qui s'effondrerait, un simple carreau d'ardoise qui se détachait pouvait mettre en péril l'équilibre du plus chevronné des bretteurs... ou des acrobates.

D'un moulinet de fer, l'Enfant-des-Bois éloigna une nouvelle fois l'épée qui filait sur lui, avant qu'elle ne revienne pour la troisième fois ; et pour la troisième dans une tentative de percer sa garde. Certains chercher à briser les défenses, d'autres à les contourner quand elle les ignorait presque. Plutôt que de parer, encore et toujours, l'Hylien frappa sèchement de tranche guidant quasi-immédiatement l'ivoire vers les cimes de la masure qui leur tenait lieux et places de scène. Mais avant qu'il ne puisse poursuivre son assaut, elle s'était déjà envolée. « Peste ! », grimaça-t-il, tandis qu’inconsciemment il levait les yeux vers la silhouette qui se découpait entre cieux et soleil, à contre-jour.

Il n'eut pas le temps, ou à peine, de couvrir son regard quand il réalisa ce qu'elle jetait sur lui. Ses traits se durcirent l'espace d'un instant, avant qu'une vive lumière n'embrase le ciel le temps d'une seconde et demi. De quoi tuer n'importe quel homme, pour peu qu'on sache s'y prendre.

Ses yeux le brûlaient. Ca n'était pas la première fois qu'il se laissait surprendre par les pratiques et les arts Sheikahs et comme chaque fois, il se maudissait en silence. Tôt ou tard, cette inattention pourrait lui coûter autrement plus cher qu'une cécité temporaire ; que la disparation subite d'un ami aussi volage que mystérieux. C'était là quelque chose qu'il n'oubliait pas, au moins, en dépit du fait qu'il demeurait aveugle dans l'immédiat. Sans attendre, il roula. Avant de bondir, la Dragmire se tenait à moins d'un mètre du bord : s'il ne voyait plus, il conservait un certain nombre de repères et comptait bien les mobiliser. 

Ses doigts se refermèrent juste à temps sur l'arête du toit. De la main gauche, il se suspendait à la bicoque tandis que la droite se resserrait sur la hampe de sa lame. Ses pieds s'appuyèrent une seconde sur la pierre et la chaux de la façade, puis il détendit subitement les jambes. Dans un salto plus maladroit que la fille du Roi-Paria, Link s'arracha à la baraque pour mieux se rétablir sur celle qui fermait l'allée en contrebas. Derrière ses paupières closes, le Héros du Temps commençait à distinguer des contours et des couleurs. Tout restait bien trop flous pour qu'il se décide à rouvrir les yeux, mais peu à peu il recouvrait la vue. Il s'était mis hors de porté d'un nouvel assaut, mais pourrait bientôt retourner au combat.

En raison de l'agitation et de la cohue qui regnait en maître dans les rues avoisinantes, il ne discerna que peu le boucan que produisirent les deux arbalètes. En revanche, il ne manqua pas les cris des soldats qui les manœuvraient avec peine. « 'Tudieu ! Com'un lièvre qu'elle s'tire la traînée ! » Beuglait l'un des hommes du Rusadir. Et s'il n'avait jamais été très attaché tant à la Garde qu'à l'armée dans son ensemble – difficile d'oublier qu'un des soldats de la Couronne l'avait presque embroché sur sa hallebarde alors qu'il n'avait pas douze ans – il ne pouvait que les remercier. Sans la possibilité d'assister véritablement aux événements, la moindre information devenait une vraie mine d'or. Les deux – il soupçonnait qu'il n'y en avait que deux – troufions qui s'attardaient aux pieds des maisons venaient de lui fournir le chemin vers la mine, ainsi que la pioche. « Eul'nigaud, on canarde aussi ?! » Grommela l'un alors que le vagabond ouvrait enfin les yeux.

Un large barrage de fumée masquait les toits, non sans indiquer presque clairement la direction que la Dragmire avait choisi d'emprunter. Sans perdre plus de temps et alors que la garde de Zelda le mettait en joue, il s'élança dans le brouillard. Deux possibilités cohabitaient ensuite : soit la jeune femme restait cachée, camouflée par la brûme, soit elle en était sortie aussi vite qu'elle était entrée. « Elle cherche à fuir... » Sans même le réaliser, il l'avait formulé, se fiant à son instinct.  C'était, de toute façon, une évidence. Bien vite, si ce n'était déjà le cas, toute l'attention de la Citadelle se focaliserait sur elle et rester durablement entre les murs de la capitale était exclu. A demeurer, elle ne gagnait qu'un suicide ou une vie au plus profond des geôles du Castel. Et il ne comptait pas moisir dans le brouillard non plus.

Il surgit subitement du torrent blanchâtre qui maculait tant les cieux que les rues, face à l'assassin. Sans savoir comment il aurait pu l'expliquer, il savait qu'elle se tenait là. Profitant d'un potentiel effet de surprise, il se jeta sur la jeune femme. On disait des Dragmires qu'ils étaient des lions, mais lui tenait du loup et chargeait crocs et griffes dehors. En un instant, un seul, il avait rongé suffisamment de terrain pour se négocier une allonge et frapper. Du poignet, il décocha deux violents coups de pommeau, visant d'abord  le foie, puis le plexus. S'il parvenait à violenter la Dragmire comme il l'espérait, il lui couperait sans doute la respiration pour un moment qu'il ne doutait pas de pouvoir utiliser.

L'Hylien s'approcha plus encore, ensuite. Le style, bien que résolument offensif, de son adversaire se basait essentiellement sur des frappes d'estocs. Plus il rongeait la distance, plus il la forcerait à sortir de cette zone de confort qu'elle tâchait de se ménager. Sans lui laisser le moindre répit et avant même d'avoir pu s'assurer de la réussite – ou non – de son précédent assaut, le Héros du Temps balança son genou contre le tibia de la Dragmire. Elle aimait bondir pour maintenir un périmètre de sécurité, il allait lui compliquer la tâche. Parallèlement, il arma son bras gauche et asséna un coup de tranche en direction de la hanche de sa vis-à-vis. Il lui semblait que la jeune femme était droitière et en cela il disposait d'un potentiel avantage sur elle : le Garçon-des-Bois bataillait de la main gauche comme de la droite, s'adaptant aux situations et aux dangers.

"Par ici ! Y' sont là, capitaine !" Mugit alors le même homme que celui qui les tenaient en joue quelques minutes plus tôt. Poussant violemment deux femmes de joies installées sur un balcon voisin, il visa avant de tirer un carreau droit sur les belligérants. « 'Corps-dieu ! Merci, soldat ! » lui répondit le capitaine, qui arrivait dans le dos du blond, à la crinière noircie par la crasse. Trois hommes d'armes l'accompagnaient.


Swann

Cygne Noir

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(vide)

La sombre dragmire perdit son sourire alors que l'ombre du Héros la recouvrait.

Ses pieds glissèrent sur les tuiles du toit sur lequel elle s'était établie pour reprendre ses appuis, juste à temps pour préparer la réponse à l'assaut de son adversaire. L'écart qui les séparait jusque là avait fondu comme neige au soleil, délogeant la Belle de la zone de confort dans laquelle elle voulait s'installer. Le premier coup fila sans qu'elle puisse le contrer ; frappant au foi, Link plia l'assassin en deux aussi aisément que l'on plie une feuille de papier. La jeune femme glissa un râle entre ses dents, touchée aussi bien physiquement que dans sa fierté. Elle n'avait pas pour habitude de se faire violenter de la sorte, mais surtout, elle restait stupéfaite de la rapidité d'exécution de son ennemi. S'il n'était pas aussi vif qu'elle, il n'en était pas forcément bien loin, aussi devrait-elle éviter de le sous-estimer sur ce plan.

Jambes fléchies, elle contra non sans mal la seconde attaque, la ciblant cette fois juste sous sa poitrine, en y opposant son poignet droit. Sous la force du coup, ses bras se balancèrent en arrière, et elle manqua d'en perdre Dent de Dragon. N'ayant d'autre choix pour regagner son équilibre fuyant, elle recula d'un pas en arrière et tenta de se ressaisir ; mais le garçon au cheveux d'or ne manqua pas de saisir l'occasion qu'il s'était procuré pour la presser et l'empêcher de reprendre le contrôle. Il frappa d'abord au niveau de sa jambe d'appui, quand parallèlement il armait un coup de tranche avec Excalibur. Identifiant la principale menace qui pesait sur elle, Swann reporta son attention sur l'épée de légende et y opposa l'émaille de sa lame précipitamment. La pointe d'acier déchira à peine le lin de sa chemise noire, puis fut repoussée avec autorité par l'aînée de la fratrie dragmire.

« Presque », glissa-t-elle à son ennemi, non sans un sourire en coin. On lui avait conté les exploits du jeune homme, et s'ils étaient sans doute embellis dans la plupart des récits, Link se révélait un adversaire assez redoutable et digne de sa réputation. Mais il n'en était pas un au monde devant lequel le Cygne Noir fuirait ! Avide de combats et de défis, celui-ci en constituait un gros morceau sur lequel elle pourrait en perdre quelques dents. Mais diable, il ne méritait aucunement sa clémence ! Pas après tous les moyens déployés et mis en œuvre pour le réduire à néant. Et puisqu'il se trouvait face à elle en cette heure tardive, alors c'était à elle de le défaire ; après tout, un travail n'était jamais aussi bien accompli que par soi-même.

D'aucun aurait dit que dans sa situation, l'ancienne ambrée était dans l'incapacité de produire une contre-attaque efficace. Pour une grande majorité de guerriers, il aurait d'abord fallu songer à regagner des appuis corrects pour s'élancer ; pas pour Swann. Si elle était une aussi redoutable combattante, elle le devait à son agilité et ses acrobaties lui permettant de se sortir de mauvaises situations comme celle qu'elle vivait en ce moment. Avec un soupçon d'imprévisibilité, elle était même capable d'en tirer un avantage, ce qu'elle fit ce soir-ci. Alors qu'un bond en arrière lui aurait permis de retrouver son équilibre, la jeune femme se laissa au contraire retomber sur le côté. Elle exécuta une torsion du buste qui lui permit de rapidement poser les paumes de ses mains sur le toit, alors que son bassin s'élevait à hauteur de taille de Link. Sans attendre, l'assassin balança le talon de son pied gauche dans la tempe du Champion de Farore, avec force.

Son mouvement se poursuivit jusqu'à ce que son avant-pied droit ne retrouve appuis sur les tuiles. Le reste du corps de la jeune acrobate suivit et elle put se retrouver sur ses deux jambes en un rien de temps. Satisfaite de son improbable attaque, elle resserra sa poigne sur le pommeau de l'épée-émaille et s'élança pour poursuivre le contre. Elle feinta, de prime abord, de se réengager dans le même plan d'action que lors de leur première passe, en allongeant son bras pour une première estocade visant la cuisse gauche. Mais alors qu'elle sembla armer un second coup d'estoc, Swann se projeta aussitôt en avant. Elle garda Dent de Dragon en retrait, pour éloigner Excalibur au besoin ; son genoux, entre-temps, s'élevait pour frapper son adversaire au niveau du bassin. La dragmire avait comprit qu'en se cantonnant à un plan de combat trop standard, le Héros parviendrait à lui résister sans aucun mal. Il lui fallait donc ruser et tenter de le surprendre autant que possible.

Alors au plus près de son adversaire, Les Larmes du Clan armèrent un coup de poing visant la pomme d’Adam. Si elle ne parvenait pas à frapper avec suffisamment de puissance pour le priver de souffle et le tuer, elle espérait au moins que la douleur fasse tressaillir l'ancien porteur du Courage. Malheureusement, elle n'eut jamais l'occasion d'en profiter, lorsqu'un trait noir ricocha sur les tuiles rouges juste devant ses pieds, la sortant irrémédiablement de son affrontement. Le terrible Cygne Noir grinça des dents.

Sur le balcon d'une masure, à quelques pas de là où il se trouvaient, un homme d'arme du Castel rechargeaient son arbalète. « 'Sont foutu, cap'taine ! On les a ! », tonna une voix dans le dos de Swann. « Soldats, attaquez ! » Gronda une deuxième. Les soldats beuglèrent et se ruèrent maladroitement, les appuis bancales, sur les deux ennemis. Méfiante, l'enfant de Ganondorf s'écarta du Héros pour accueillir, visage fermé, le premier inconscient qui dévalait la pente du toit droit sur elle. Il ne lui fallut qu'un rapide pas de côté pour éviter qu'il ne lui tombe dessus, puis elle le fit chuter d'un simple croc-en-jambe. L'imprudent glissa sur le ventre pour finalement se rattraper au bord du toit. Débarrassé de cette menace, l'assassin se retourna pour se préparer à affronter la seconde.

Comme son homologue, le soldat qui fondait sur elle manqua de glisser à plusieurs reprises sur les tuiles. Ses mouvements, rendus totalement imprévisibles par ses innombrables pertes d'appuis, surprirent la jeune dragmire, qui ne sut trop comment réagir. Finalement, arrivé à quelques pieds de la hors-la-loi, l'homme d'arme glissa seul, jambes en avant, l'entraînant alors dans sa chute. La lionne, déséquilibrée, tenta de rattraper sa chute sans y parvenir, et elle se réceptionna sur le front en pestant contre l'incompétence de ces hyliens. Par les astres, si elle n'était pas autant pressée par le temps, elle leur trancherait bien la gorge pour les aider à ne plus se ridiculiser ainsi !

« Saleté ! » Souffla-t-elle. Légèrement sonnée - et plus occupée à pester qu'à se concentrer sur les événements -, Swann fut violemment percutée à la tête par une jambière de fer qui traînait par ici. Alors déjà au bord du toit, l'ancienne membre de l'Ordre des Quinze en fut renversée et tomba dans le vide. Sa chute s'acheva presque une douzaine de pieds plus bas lorsque son épaule épousa la chaume d'un atelier de forgeron. La paille se brisa par endroit, mais ne rompit pas tout à fait du fait du poids relativement léger de la dragmire. Ce fut tout autre lorsque ce fut un homme revêtu d'une lourde armure en fer qui suivit pour creuser un énorme trou dans la toiture, juste à côté du point de chute de Swann. Et alors que le pauvre bougre allait s'empaler sur un amas d'épées, de lances et de diverses armes rouillées et cassées, la brune, légèrement brinquebalante mais toujours consciente, en profita pour se glisser par l'ouverture ainsi faite. Elle se réceptionna d'abord sur une poutre de la charpente, avant de glisser le long d'une autre et de regagner la terre ferme, juste à côté d'une forge aux braises encore vives.

« Foutus hyliens », grimaça-t-elle en se tenant l'épaule avec la main gauche, tandis que la droite restait toujours fermement serré sur le pommeau de Dent de Dragon. D'un pas lent, la dragmire se dirigea vers la sortie.


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(vide)

Le lin ne tarda pas à se fendre d'un beau sourire, comme le beurre sous l'assaut d'un couteau à pain. La peau mat de la Dragmire se dévoilait timidement, avant que sa propre lame n'en sauve le teint et la couleur. D'un mouvement nerveux, la brune repoussa son épée, non sans un sourire moqueur, puis une raillerie. Sans se perdre dans une réponse, l'Hylien ne put s'empêcher de remarquer une autre similarité avec le Roi des Voleurs : l'un comme l'autre semblaient prendre la confrontation comme un jeu. Et si le Patriarche en avait durement payé le prix, il persistait dans cette forme d'insouciance. Grinçant des dents, le blond recentra son attention sur l'affrontement qu'il avait à mener. À la différence des quelques Enfants-du-Gérudo avec lesquels il avait croisé le fer, il ne se laissait pas mener par l'arrogance. Il savait combien elle était meurtrière et combien sa propre suffisance avait pu faucher des vies, briser des destins.

Si elle avait su imposer le rythme lors des premières passes, il avait ensuite renversé la balance, la forçant à reculer. Sous ses talons, les tuiles s'enfonçaient doucement.  « Peste... — » Siffla-t-il pour lui même, réalisant que le toit ne tardera pas à s'effondrer s'ils continuaient ainsi. Stabilisant ses appuis, il laissa son pied glisser de quelques centimètres : de quoi s'assurer qu'il ne sombrerait pas dans le trou béant d'une toiture malmenée, mais aussi de quoi s'autoriser des réactions plus vivaces. Au vu de l'agressivité et de l'agilité dont faisait preuve le Cygne, il en aurait définitivement besoin. Ses genoux se fléchirent, ses pieds s'écartèrent tandis qu'il se courbait à la manière d'un loup prêt à bondir. L'estoc de sa lame dardait une Swann en pleine chute – elle s'était laissée tomber, à en croire les acrobaties qu'elle avait démontré auparavant – alors que sa main droite reposait face à son coeur. Une protection plus symbolique que réelle, mais pour laquelle il optait parfois. Si son poing fermé n'arrêterait pas une flèche ou un carreau, il lui offrait au moins une possibilité (infime, certes) de manoeuvrer contre une épée ou une lance. Ses doigts se refermèrent un peu plus sur la fusée de sa lame, jusqu'à en blanchir les phalanges. S'il était tendu, il n'en montrait rien... ou si peu. — Ça n'était pas un combat qu'il prendrait à la légère, loin de là. C'était une question de vie ou de mort.

Sitôt que les mains de Swann épousèrent la charpente de la bicoque, il réagit. Sans véritablement comprendre le mouvement que la jeune femme amorçait, l'Enfant-des-Bois enfonça plus encore son pied gauche, avant de pivoter légèrement. Le poing qu'il avait posé sur son coeur s'était élevé à la rencontre de la botte qui cherchait à faucher son crâne. Grinçant des dents, l'Hylien tenta de dévier l'assaut de la Danseuse, sans y parvenir véritablement. Le cuir qui bardait la jambe de la Belle de Villarreal percuta lourdement son poignet. « Hmpf... — » Grimaça-t-il, tandis que la douleur infusait tout le long de son avant-bras. Sans être un mastodonte à la manière des Haches-Viandes, l'oiseau qu'il affrontait maîtrisait bien assez la vitesse et menait des assauts assez fulgurants pour secouer ce qu'elle ne brisait pas. Il se contenta de la suivre du regard alors qu'elle se réceptionnait, avec une certaine grâce, tandis que de son côté il ramenait sa main gauche sur son poignet meurtri. Il lui semblait que tous les os de son bras vibraient de concert, accompagnant douloureusement le grognement qu'il n'avait su retenir. Fidèle à elle même, le Cygne Noir repartait déjà en guerre. Le regard vilain, elle arma son bras avant de frapper une nouvelle fois d'estoc en visant sa cuisse. Il s'élança également, épée au poing.

Le Sans-Lignage se déporta de quelques pouces, pendant son avancée. Le mouvement, imperceptible, n'était vraisemblablement pas suffisant pour alerter son adversaire, mais lui offrirait peut-être l'opportunité de passer outre sa garde. Sans plus se soucier de la lame qui filait vers lui, Link la laissa griffer sa jambe. L'émail déchira aisément le tissu avant de mordre doucement sa chair : s'il ne s'était pas décalé auparavant l'épée aurait pu percer sa jambe mais elle se contenta de rouler sur sa peau, comme une goutte d'eau. L'estoc semblait poursuivi par un fin trait rouge tandis que le sang perlait peu à peu le long de la plaie. Tout autour de la petite escarre, une chaleur malsaine envahissait la jambe de l'Hylien. Grinçant des dents, il ignora le contact froid de la Dent-de-Dragon, continuant à avancer. Bien vite, le genou de la Dragmire s'éleva pour le ralentir et l'épée recula. L'ossature pointue de la jeune femme percuta le bassin du Héros sans parvenir à l'arrêter, en dépit de la garde qu'elle tentait de rétablir. L'assaut manqua de le faire vaciller, mais la jeune femme ne disposait pas d'assez d'élan pour le blesser durablement d'un simple coup de genou. Du coin de l'oeil, il vit qu'elle armait son bras. D'un rude coup d'épaule il repoussa légèrement son ennemie, juste assez pour ramener ses propres bras à l'intérieur du combat. Du gauche, il dévia brutalement le coup de poing qui ciblait sa gorge tandis que du droit, il bloquait la retraite de l'épée d'ivoire. C'est collé contre Swann et sans la moindre compassion qu'il frappa à son tour.

Balançant sa tête en arrière, l'Hylien asséna un violent coup du crâne à la jeune femme, cherchant à lui briser le nez. Si son front parvenait à emboutir ne serait-ce que partiellement le visage de la Dragmire, il aurait gagné. En parallèle, il délivra le bras de son vis-à-vis pour mieux frapper du poing. Visant le foie, il tenta un uppercut susceptible de la plier en deux une seconde fois. À ceci près que cette fois-ci, il saurait ensuite la faucher du tranchant de l'épée.

La jeune femme recula brusquement, dévoilant un carreau qui avait manqué de lui percer la jambe. Dans son dos, il savait les hommes de Llanistar prêts à intervenir. L'ordre, hurlé, leur donna l'occasion de s'illustrer et lui vola celle de mettre un terme à son affrontement. S'éloignant à son tour de la Fille-du-Paria, il essuya un premier assaut. L'épée courte du soldat glissait vers sa gorge, cherchant l'interstice entre son épaule et son coup. Parant de tranche, il repoussa l'acier avant d'appuyer des deux mains sur la cuirasse du garde. « Bon voyage ! » Siffla-t-il ensuite, en poussant aussi fort qu'il le put. Le soldat, à l'équilibre déjà précaire, chuta lourdement sur le dos. Comme il le craignait, la charpente ne supporta pas le poids, ni l'impact. Le vacarme assourdissant les emporta tous les deux. Sous ses pieds et sous le dos du brave homme, le toit s'éventra comme le lièvre qu'on dépèce. L'acier tinta clair, les mailles cliquetèrent, le bois hurla sous la douleur et les deux hommes grimacèrent. La symphonie macabre masqua tous les autres sons comme la poussière qu'ils avaient soulevés en tombant dissimulait le sac qu'ils venaient de commettre dans les combles d'une échoppe de linge et d'autres vêtements. « Funérailles... — » Murmura l'Hylien, en roulant sur lui même, meurtri et fatigué.

Le garde maugréa à son tour, tentant de se relever. L'Enfant-des-Bois peinait à comprendre tout ce qu'il disait, mais il s'agissait à l'évidence de menace. Plus leste et plus agile, il se hissa sur ses pieds, avant de filer sur l'homme. « Ne bougez plus, criminel ! Vous êtes en état d'arrestation ! » Tança le garde qui tentait tant bien que mal de l'imiter. Sans remord, Link frappa du poing, le cognant au visage et le ramenant au sol. « C'est ça. » Souffla-t-il, agacé, en contemplant le garde. Du pied, il vint écraser la main d'épée, avant de poser le genou sur son autre bras, pour l'immobiliser. « Vous finirez bien par répondre de vos méfaits ! La Reine vous jettera aux cachots ou aux loups ! » Beugla-t-il, en essayant de se libérer. La lame qui se glissa sous sa gorge ne semblait guère le calmer. « Mais oui, si tu veux... — » Reprit le Faux-Kokiri, passablement énervé. « Pour l'instant, tu te souviendra surtout que j'aurais pu te tuer et que je n'en ai rien fait. Je t'invite donc à ne plus me suivre. » Siffla-t-il, non sans se saisir de la dague du pauvre homme. Et si, dans les faits, il n'avait jamais prévu de s'en prendre à lui plus que nécessaire (moins encore de le tuer), il espérait parvenir à lui faire suffisamment peur pour pouvoir reprendre son combat sans être de nouveau interrompu.

Il se releva, libérant le soldat. Un regard noir parvint à clouer sa proie au sol un instant de plus. Son regard balaya rapidement la pièce, avant de s'arrêter sur une chemise blanche des plus standards. L'une de celles qu'il aurait pu porter si la guerre ne le transformait pas petit à petit en soldat. « Désolé... » Murmura-t-il à l'égard du commerçant qui, à l'évidence, ignorait leur présence. S'aidant de la dague qu'il avait emprunté au garde, il trancha une lanière suffisante avant d'improviser un garrot autour de sa cuisse. La blessure n'était pas des plus graves, pour l'heure, mais un peu de précaution pourrait le protéger plus longtemps. Puis, il s'avança vers la fenêtre. Dans son dos le soldat se hissait douloureusement sur ses jambes. « Rappelle-toi ce que je t'ai dit. » Cracha Link, pour s'assurer que l'homme ne le prendrait pas en chasse. Pas dans l'immédiat, du moins. Et s'il avait peut être réussi à effrayer celui-ci, il doutait que les autres ne reviennent pas à la charge rapidement. Jetant un coup d'oeil au travers de la fenêtre crasseuse, il tâcha de repérer Swann, sans vraiment y parvenir. « 'Chier ! » Maugréa-t-il, avant d'ouvrir la fenêtre et de bondir dans la rue, s'aidant d'une tenture pour ne pas se blesser.

Il se plongea dans la foule, passant aussi inaperçu qu'une outre de vinasse à moitié vide dans les mains d'un ivrogne. Bien vite, il avait disparu. Il suintait pourtant la crasse et ses cheveux, usuellement blonds, avaient pris une teinte de cendre dans les égouts. Progressant dans les ruelles à la recherche du Cygne Noir, il tendait l'oreille, attentif aux quelques mots que s'échangeaient parfois les gardes qu'il pouvait croiser, tout en s'assurant à son tour de ne pas être vu. Les propos faisaient état de deux hors-la-loi en fuite, de quartiers à boucler, mais aussi de morts. Grinçant des dents et serrant des poings, le Fils-de-Personne ne tarda pas à se mettre Din en tête, en se promettant qu'il retrouvait tôt ou tard la responsable. Et bien qu'il reste à l'écoute, il n'entendit rien sur Llanistar, l'une des cibles premières du plan. « Je crois bien qu'on les a perdus, mon capitaine. » Siffla l'un des gardes, tandis qu'il se cachait derrière le porche d'une bâtisse. « Le garçon ? Ou la fille ? » Tonna alors l'officier. « Les deux, j'en ai peur, mon seigneur », reprit le troupier, manifestement inquiet à l'idée du châtiment qu'il pourrait recevoir. « Plusieurs de nos hommes, postés sur les remparts, rapportent la fuite d'un individu. On ignore s'il s'agit de l'un deux, mais... » Le capitaine l'interrompit d'un geste de la main. « Bien, soldat. Cessez les recherches pour ce soir. Le général a disparu depuis un moment déjà et les égouts ont bien failli l'emporter la fois passée. Avec moi ! » Le bruit des mailles et des plaques d'acier marqua la fin de la conversation, tandis que les soldats partaient à la poursuite du Général. S'arrachant à sa cachette, il négocia rapidement une cape, pour mieux s'éclipser à son tour. Pestant contre les hommes qui l'avaient empêché de mener à bien son combat, il resta sur ses gardes, bien que convaincu qu'il lui faudrait en rester là pour l'heure. Puis, il s'enfonça à nouveau dans la foule, dans l'idée d'échapper aux soldats d'Hyrule et à leur arbalètes.


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