Nouveau souffle

PV Ruto

[ Hors timeline ]

Roshu Aaron


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(vide)

A l’écart des combats ou des grandes batailles, il existait une boutique dans une ruelle de la citadelle. Plutôt accessible, elle se situait à quelques mètres de la grande place. Une échoppe proposant des objets rares, trouvés pendant les explorations du gérant. Ce dernier s’était retiré du monde de la guerre. Après un évènement dévastateur, la dislocation de son clan ainsi qu’un dialogue avec son ancienne amie lui avait fait prendre conscience d’un principe capital. Roshu Aaron avait besoin d’une longue pause à temps indéterminée afin de revenir sur le devant de la scène. Il détestait prendre sa retraite anticipée. Disons qu’il prenait simplement le recul nécessaire pour être en meilleure forme.

Depuis quelques semaines, il n’arrêtait pas de se demander ce qu’il pourrait faire dans ce royaume. Il était fatigué de tous ce qu’il avait endurés. Au fur et à mesure qu’il passa son temps en Hyrule, il réussit à se faire de nouveaux compagnons d’armes. Mais ces derniers disparaissaient petit à petit. C’était terminé. Dorénavant, il aida les autres citoyens à sa manière. Devenir un marchand d’objet rare était un moyen de rester dans le domaine magique, sans pour autant se battre. Trouver la perle exceptionnelle ou un moyen de guérir des maladies. Le sorcier de feu n’était pas un apothicaire. Cependant, il pouvait explorer Hyrule et ses alentours afin de pouvoir dénicher ces marchandises.

Avec ses économies, il avait pu s’offrir une petite échoppe. Ce n’était pas une grande boutique comme celle de ce marchand à la grande place. C’était suffisant pour placer sur les étagères ses dernières trouvailles. D’une plante aux vertus revigorantes à un glaive enchanté avec une rune de glace en passant par la boussole magique. Des objets avaient été trouvés pendant ses excursions par le sorcier, d’autres lui avaient été donnés en guise de récompense. Mais finalement, il n’en trouvait pas d’utilité personnelle. Autant que les hyliens ou les habitants de ce royaume profitent de ces trouvailles. Leurs prochains propriétaires en seraient plus heureux.

Cela faisait environ un mois qu’il était marchand de la citadelle d’Hylia. Pour le moment, tout se déroulait comme le garçon aux cheveux blancs l’avait souhaité. Il se tenait derrière son comptoir, à voir défiler les quelques clients ou curieux. Certains objets furent achetés. De temps à autre, il ferma la boutique pour retourner chercher d’autres curiosités intéressantes. Pendant les heures d’ouvertures, parfois, il arrivait que des voleurs tentent de lui un de ses biens. Mais le crime ne payait jamais. Il n’hésitait pas à lui lancer un sort pour le stopper net dans sa course. Parfois une boule de feu dans la jambe dissuadait le gredin à s’arrêter à cause de la douleur. Une fois, c’était carrément avec son nouveau sort de lumière. Au fur et à mesure, Roshu s’était taillé une réputation du marchand qui ne fallait pas chercher des ennuis.

Son passé avec la rédemption d’Ambre était enterrée. Le jeune adulte n’avait pas complétement abandonné ses ambitions. Tôt ou tard, il devra reprendre les armes et combattre à leur côté de nouveau. Mais personne ne lui avait rappelé à l’ordre. Plus aucune personne de la part de la rédemption. De plus, vu les opérations menées de façon anonyme, aucun individu était en mesure d’assimiler Kyubi et Roshu. Du moins, c’était ce qu’il pensait. Son masque restait dans son appartement. Pour l’heure, il devait profiter de sa pause hors du champ de bataille.

Un jour, l’éclat doré posa sur une étagère une bouteille contenant un liquide rouge. Ce n’était pas du sang mais une substance permettant de régénérer sa santé pendant un court laps de temps. La même potion que le sorcier avait bu avant sa mort à la forteresse. Il entendit ensuite une personne entrée dans sa boutique. Roshu s’empressa de s’approcher du nouveau client en leur souhaitant bienvenu :

« Bienvenue dans l’Antre du Magicien ! »


Il passe à gauche, elle vrille à droite, rebondit immédiatement sur son autre pied pour suivre le rythme et ne pas perdre l’équilibre sur l’autre. Toute cette mascarade avait les allures d’une danse des plus techniques, venue d’une quelque assemblée distinguée où la maîtrise était de rigueur. Pourtant, il n’en était rien, et tout ce que Ruto devait maîtriser était cette torsion douloureuse au creux du ventre, devant cette foule qui avançait tout droit, la forçant à se contorsionner pour ne pas être bousculée.

Se plaçant à l’ombre d’un arbre pour s’isoler un peu et regarder où aller, elle laissa un sourire illuminer sa mine bleutée. Son conseiller la connaissait si bien : lui faire promettre d’être discrète. Il avait sans doute paré le coup de la Princesse imbue d’elle-même qu’elle était, à hurler sur le moindre impertinent qu’elle était la Souveraine des Zoras et qu’elle méritait davantage de respect. Elle rit discrètement dans sa capuche en imaginant les siens pétrifiés devant une telle attitude, dont elle était en effet capable.

Un nouveau regard vers les habitants lui rappela pourquoi elle était venue. Malgré les temps difficiles, les conditions insalubres de certains, toujours les rires savaient résonner dans le brouhaha, toujours l’espoir pouvait animer les regards des enfants. Ca n’était pas en restant terrée dans son domaine avec ses frères qu’elle saurait préserver cette beauté dans le Royaume. Les alliances devaient se faire plus fortes que jamais, même si son blondinet préférait cette poupée d’hylienne aussi insipide que la soupe de Darunia*. Elle se gifla mentalement. *Grandis un peu, bon sang…* s’ordonna-t-elle.

Se fondant à nouveau dans la masse, elle navigua au gré de la foule jusqu’à quelques devantures amusantes. Elle se risqua à entrer dans une boutique qui attira son attention. Alors qu’elle retirait sa main de la porte qu’elle n’avait pas voulu claquer, une voix dans son dos la fit sursauter.
« Bienvenue dans l’Antre du Magicien ! » Elle se retourna et répondit par un sourire, avant de laisser tomber sa large capuche dans son dos.

« Bonjour ! Je suis à la recherche d’un présent pour une… Amie ? » Elle fit mine de regarder sur les étagères, l’air véritablement curieux. « Auriez-vous des conseils à me donner, s’il-vous-plaît ? » A nouveau elle ponctua sa demande par un sourire avenant. Elle avait du mal à échanger, lorsqu’il ne s’agissait pas de formuler une réplique cinglante, après tout ce temps emmurée dans le silence. Et pourquoi avait-elle cette impression d’avoir déjà croisé ce type quelque part, sans parvenir à mettre le doigt dessus ?

(HRP :*Big Up Daru-chouchou si tu passes par là avec tes cailloux o/)

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Roshu Aaron


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Une potentielle cliente mais pas des moindres. Une personne que le sorcier reconnaitrait entre mille. En même temps, impossible de la louper. Un Zora ne se fondait pas spécialement dans un décor urbain. Dans un lac, l’illusion serait quasi parfaite. Quoi qu’il en soit, il semblerait que le sage de l’Eau n’avait pas reconnu le sorcier aux flammes dorées. Ce dernier était à la fois content et déçu. De une parce que son anonymat restera intact pour le moment. Il n’avait clairement pas envie que son passé de rédempteur refasse surface aux yeux de la population. Les citoyens les considéraient comme des terroristes, au même titre que les sbires de Ganondorf. Si ce n’était pas une insulte envers eux. Même la garde royale pensait à la même chose.

D’un autre côté, Roshu était un allié du grand Goron Darunia. Lui pourrait prouver leur légitimité. Il était également présent pendant cette bataille au mont Péril avec, justement, la dame Zora. Mais elle ne l’avait pas reconnu. Il pensait avoir fait beaucoup d’effets pour qu’on se souvienne de lui, surtout avec le spectacle pyrotechnique. Du moins, celui qui avait été très efficace pendant ce combat était ce grand dinosaure en pierre qui avait roulé sur tout le monde, ennemi et allié sans distinction. Trêve de souvenir sur ce triste événement, l’être de Solar dû revêtir son costume de marchand plutôt que de sorcier.

Il se trouvait en face de Ruto, les mains jointes et regardant dans les environs. Des conseils à lui donner pour le cadeau d’une amie. Une demande plutôt vague. Il avait des doutes sur les objets magiques utiles. Peut-être une arme de défense contre les voleurs ou énergumènes. Ou un simple bijou cosmétique sans valeur et sans d’enchantement mais très rare à cause de son obtention.

« Vous n’avez pas des préférences pour votre amie ou décrire le genre du personnage ? »

Plus de précision lui permettrait de mieux cerner l’objet idéal pour cette Zora. Quoi que, ce n’était probablement pas une Zora. Sachant que c’était une sage et qu’elle connaissait du monde, cette personne en question pouvait être la princesse ou encore une Goronne. Si tant est que cela existait. Roshu n’avait rencontré que des mangeurs de pierre masculins. Sans doute parce qu’il n’avait pas de chance dans ses voyages. En tout cas, ce n’était pas la bonne aptitude à prendre en tant que marchand.

L’homme aux cheveux blancs recula de quelques pas, continuant à poser son regard sur les étagères de sa boutique. Il s’approcha de l’une d’entre elle et récupéra une sorte de bague sertie avec un rubis rouge étincelant. A côté se trouvait une sorte de talisman runique avec un écrit étrange. L’ancien rédempteur ne pouvait pas traduire mais son usage n’était pas dangereux. Le propriétaire de l’Antre l’avait déjà testé plusieurs fois et garantit sans malédiction.

Il revint avec les deux objets en possession pour le moment. Le sorcier espérait que la dame bleue ne sera pas extrêmement exigeante et ne se comportera pas comme une princesse pourrie. Il avait vu des clients très embêtants, pour éviter d’être vulgaire. Il montra cette bague ainsi que le talisman à sa cliente :

« Donc j’ai cette bague, qui a la capacité de générer une bouclier de protection autour du porteur pour un court laps de temps ! Elle ne nécessite pas de magie mais a besoin de temps entre deux utilisations. Plutôt utile en cas de rencontre avec des nuisibles ou des monstres. »

Histoire de montrer l’efficacité de sa marchandise, Roshu porta la bague sur le majeur et l’activa. Un champ de protection blanc entoura l’utilisateur pendant environ deux secondes avant de se briser. Il le retira ensuite et passa à l’objet suivant :

« Et ce talisman ! Si vous pouvez comprendre ces écrits, je vous en serai reconnaissant. Mais n’ayez crainte ! Il n’est pas mortel, ni toxique. Cela permet de se téléporter dans un rayon d’un mètre. Il suffit d’y penser au lieu d’arriver. Les utilisations semblent infinies mais le temps d’attente est nettement plus long. Aux alentours de l’heure. Mais j’évite de l’employer ici, il se peut que je me téléporte dans un mur sans le vouloir … »

A priori, ses explications des objets étaient dignes d’un véritable marchand. Il était tout fier de présenter ces accessoires d’une grande importance. Tout dépendait de la manière dont il était utilisé, bien entendu.

« Alors, vous êtes intéressée ? »


La posture bien assurée, les syllabes bien marquées, pas d’interruption, ni d’hésitation : pour sûr, ce gars-là connaissait sa marchandise et savait en parler. Etrangement, cela rassura la Zora de voir que de bons professionnels parvenaient encore à vivre de ce qu’ils savaient faire. A moins que cette crevette ne traine avec les bandits de bas étage dont elle avait entendu parler. Le trafic allait bon train dans la Capitale, au vu des rumeurs qu’elle avait entendues sur la route.

Peut-être était-ce sur une mise à prix qu’elle avait vu cette bouille juvénile ? Ou peut-être pas… Tout en gardant un calme extérieur, à l’intérieur tout s’agitait en Ruto. Elle détestait sentir que quelque chose lui échappait. Et toute cette réflexion l’avait tant distraite qu’elle avait à peine pu répondre à la question du marchand à propos de son amie, tant et si bien qu’elle se retrouva face à deux objets sans trop vraiment savoir quoi dire.

Elle leva une main qu’elle fit planer sur le premier objet, puis sur le second, puis à nouveau sur le premier…
« …protection… » résonnait dans sa tête d’un côté, et « …téléportation… » de l’autre.  Un sourire passa sur son visage alors qu’elle imaginait son homonyme apparaître et disparaître dans une pièce comme une petite bulle de savon.  Puis c’est un petit rire qui la prit lorsqu’elle imagina le brave garçon se prendre un mur dans son enthousiasme de tester l’objet.

« Evitons donc de causer des dommages à votre jolie boutique, dans ce cas ! » plaisanta-t-elle, la voix encore légèrement secouée par son rire. L’autre lui sourit avant de la relancer. « Alors, vous êtes intéressée ? » Elle fit mine de prendre la bague de protection, pensant que Zelda en aurait bien besoin… Mais d’un autre côté, Ruto savait que la blonde avait une affinité avec la magie, tout comme elle. Quant à se protéger… Ne faisait-elle pas que cela dans son quotidien ?

« La bague pourrait convenir, mais… Bon, je ne vous cacherais pas qu’on me fait souvent des cadeaux. » Ses attitudes de diva gâtée revenaient au galop. « Et parfois, ce qui me manque c’est… Le côté personnel, vous voyez ? » Le marchand affichait un air interdit. Ne voyait-il pas ? Ou bien l’agaçait-elle ? Ou bien attendait-il stoïquement le moment où il pourrait lui offrir son savoir ? « …Toujours est-il que j’aimerais quelque chose qui lui ressemble… Qui nous ressemble. » Nous. Woah. Voilà qu’elle devenait sentimentale.

Mais à quoi pouvait bien ressembler leurs relations ? La Zora ignorait ce que l’Hylienne pensait d’elle, et de son côté, une tempête dans une bouteille serait sans doute le cadeau le plus authentique qu’elle puisse lui apporter. Mais après la tempête, qu’y avait-il ?
« Je me demande si… Nous nous sommes disputées il y a peu, et peut-être que quelque chose symbolisant la paix pourrait convenir. Avez-vous ce genre de quelque-chose ? » Nouveau petit sourire pour avoir l’air moins autoritaire. Elle usait souvent de ce sourire pour que ses gardes soient plus enclins à lui obéir. La Zora avait son petit charme, et elle n’hésitait pas à s’en servir.

Un nouveau regard d’ensemble sur la boutique la calma, étonnamment. Elle aimait le bois et la pierre travaillés : il n’y en avait que peu par chez elle. Une étagère pleine de flacons, une autre pleine de statues d’animaux, une plante, une bougie…

Ses pupilles se dilatèrent soudain, en un réflexe de peur. Lions. Feu. Elle se concentra pour ralentir les battements de son cœur. Par les Déesses, ce qu’elle détestait repenser à cette bataille au Mont… Feu. Mage. Elle serra les dents. Mage. Masque qui tombe. Elle fixa le marchand d’un air particulièrement méfiant. Masque qui tombe. Cheveux clairs et marque étrange.


« Oh et… » Il la regarda d’un air interrogateur. « Veillez à ce qu’aucun Dodongo ne sorte de vos armoires. » Le petit sourire revint, plus timide. Aussi ajouta-t-elle : « S’il-vous-plaît. » Elle se souvenait, à présent.

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Roshu Aaron


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Le sorcier de feu commençait à être perdu  avec ce que voulait la Zora. Etre un marchand n’était pas si simple. Lui qui pensait pouvoir s’improviser comme vendeur d’objet et qu’il lui suffisait simplement de montrer une marchandise, le prix et empocher la cagnotte. Tout en restait derrière son comptoir ou en face du client et en empêchant les voleurs avec sa magie des flammes dorées. Mais il n’avait pas à paniqué de la sorte. Pour le moment, cette femme n’était pas en train de la lyncher, ni de le critiquer. Donc pour l’heure, il n’y rien à craindre. Simplement qu’elle demandait un cadeau plus personnel. Un objet plus unique ou qui irait bien avec la sage de l’eau ? Ou qui irait avec son ami ?

Cependant, il ne savait toujours pas comment ressemblait ou était cette amie. Une amie Zora ? Une Hylienne ? Vu qu’elle avait employé le « nous », une personne plutôt proche. La princesse était assez proche de Ruto ? Il ne savait pas vraiment concernant les liens entre les sages. Même s’il avait eu l’occasion de se battre avec eux par moment, Roshu ne connaissait pas tous les détails. Ce n’était plus dans son domaine. Toutefois, heureusement que sa cliente précisa une fois de plus sa requête, ce qui permit à l’ancien rédempteur de se remontrer plus actif.

« La paix ? D’accord, je vais vous chercher ça ! »

D’un air plus enthousiaste, il repartir en direction des étagères. Il avait une petite idée sur ce qui pourrait bien lui convenir. Pas un objet permettant d’envouter des individus pour qu’ils ne fassent plus la guerre. Mais plutôt un pendentif représentant une colombe, symbole de la paix. Plutôt classique comme cadeau. Cependant, il avait une particularité en plus que le jeune adulte avait envie d’expliquer à sa cliente. En posant la main sur la marchandise, il fut interpellé par la Zora.

Ce n’était pas pour une énième précision mais simplement d’enlever le masque. Une phrase démontrant de façon implicite qu’elle avait compris qui était finalement le marchand de curiosité. Le sorcier de feu espérait que sa couverture n’allait pas être grillée aussi facilement. Vu sa façon d’agir, c’était bien différent du Mont Peril. Après tout, les hommes aux cheveux blancs ne couraient pas les rues. Surtout une jeune personne. L’éclat doré était de dos, son visage se décomposait. Il avait peur que son passé ressurgisse. Lui qui voulait être tranquille et ne plus se retrouver au front devra faire face à ses actes. Roshu lâcha un soupir avant de se tourner vers la Zora.

« Donc, vous m’avez reconnu, la Zora accompagnant Darunia ? »

Ce qu’il redoutait le plus était que cette sage aille voir les gardes et balance sa véritable identité de rédempteur d’ambre. Ils étaient considérés comme des malfrats par la garde royale, malgré tout ce qu’ils avaient fait au nom de la divinité et du bien. Etre mis dans le même panier que Ganondorf et ses sbires n’étaient qu’une grossière insulte. Il s’approcha de la Zora avec le pendentif à la main. Non, il n’allait certainement pas la battre ou la forcer à ne rien dire. De toute façon, elle contrôlait l’eau et les pouvoirs de Roshu seraient réduits à néant. Si ce n’était qu’il lui restait toujours un sort aérien et un sort de lumière.

Ce n’était pas son intention de se battre. Il était fatigué des combats. Cependant, on dirait qu’elle n’était pas prête à l’affronter. Elle n’allait pas l’enchainer ou le mettre dans une prison aquatique ?

« Alors maintenant, vous allez m’arrêter parce que je faisais partie d’un groupe aidant la population sans le consentement de la garde royale de Zelda ? »

Tout son enthousiasme et sa joie de vivre venait de s’éclipser en l’espace de quelques secondes. Surement la peur et le fait que son passé le rattrape mais aussi la panique. L’esprit du sorcier était en plein ébullition. Il n’arrêtait pas de penser à quoi sa vie allait se resumer dans les prochains jours, s’il n’allait pas se faire exécuter. Il posa son regard sur le pendentif en sa possession.

« Sinon avant de partir, je vous présente quand même cet objet ? Il permet de devenir invisible pendant quelques secondes… » Il posa son regard vers Ruto. « Non, je ne vais pas l’utiliser pour tenter de fuir, évidemment… »


« Donc, vous m’avez reconnu, la Zora accompagnant Darunia ? »

La voix était tendue, le ton un peu trop mesuré. Quelque part au fond d’elle – peut-être même jusqu’à la surface ? – Ruto était fière d’inspirer une forme de crainte. Ses dernières altercations avaient en effet commencé par des railleries plus que par des tremblements de dents. Toutefois, il ne s’agissait pas d’acculer le magicien, les Déesses seules sachant comment ce dernier pouvait réagir.

« Il semblerait que vous m’ayez également reconnue, Magicien. » répondit-elle d’un ton léger, un ton qui se voulait rassurant. D’un côté, ce type devait être au bout de tout : ceux de son petit clan n’étaient pas vus d’un bon œil dans le Royaume. « Relâchez donc vos épaules et apportez-moi plutôt ce que vous tenez entre vos mains, si ce quelque chose n’a pas vocation à transpercer ma peau. » La dernière proposition avait des accents plus menaçants. Il s’agissait d’une mise en garde : la Zora ne voulait pas se battre, mais n’était pas du genre à ne pas se défendre. Même lorsqu’elle n’avait aucune chance, et son fiancé saurait en convenir.

Tout de suite il évoqua une arrestation. Elle avait en effet aperçu lors de son voyage quelques affiches invitant à ramener les fameux criminels masqués qu’elle avait croisés au Mont aux forces armées les plus proches. Pour autant, l’ordre qu’elle avait reçu pouvait facilement être contourné.


« Pour ma part, les Rebelles ne sont pas les bienvenus au Domaine Zora et ont de fortes chances de visiter nos geôles. » Son regard s’adoucit légèrement, accompagné d’un petit sourire en coin. « Et il me semble être bien loin du domaine Zora actuellement. D’autant que dans mon souvenir, sans votre ami massif à la peau foncée, je ne serais plus qu’un petit nuage de brume coincé entre deux pans de montagne arides. »

Elle attrapa le pendentif et fit courir ses doigts dessus. Le bijou était fin, discret. Pas ce genre de choses qui nous obligent à sourire alors qu’on sait qu’on n’assumera d’avoir à les porter en public. Quant à l’invisibilité… Quand on passait sa vie dans la Lumière comme celle à qui revenait le présent, Ruto se dit que ça n’était peut-être pas négligeable. Le temps d’un battement de cil, le temps d’un courant d’air dans les fins rideaux du Castel.

« Considérez mon silence comme un remboursement de ce que je vous devais. Veillez à ne plus faire d’écarts, et vous aurez tout ce dont vous pourrez jouir, si vous avez réellement fait le bien au regard des Déesses. » Elle sortit une petite bourse de sa jupe, sous sa cape. « Voyons si vous êtes un bon marchand ou un arnaqueur, maintenant ! Combien pour ce pendentif ? »

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Roshu Aaron


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Peut-être que le sorcier de feu avait réagi un peu trop brutalement lorsque la Zora l’avait reconnu. Il était déjà prêt à se repentir de nouveau de ses actes. Mais à la manière des véritables sages. Toutefois, tout ce que Ruto voulait pour le moment, ce n’était que le pendentif. Une partie de la pression que le magicien portait sur ses épaules s’envolaient. Evidemment que l’objet qu’il tenait dans la main ne se transformait pas en arme tranchante. En fait, ce pendentif aurait pu lui servir il y a quelques instants s’il était sûr que sa cliente allait l’arrêter avec ses pouvoirs.

« Vous devez penser que nous sommes tous des criminelles au même titre que les chiens de Ganondorf ? » Le Solarien lâcha un petit rire. Lui qui œuvrait pour faire briller la justice. On le voyait parfois sur des avis de recherche, masqué bien entendu, en tant que rebelle. « Je ne vous veux aucun mal. Je crois que je vous vexerai si je dis que nous sommes du même côté. On se bat pour la même personne contre le même ennemi. Ce n’est pas suffisant comme preuve de bonne foi ? »

Les ambrés étaient des marginaux. Malheureusement, il faisait plus que ce que la garde royale était capable. Agissant dans l’ombre et rétablissant la justice et le bien. Les êtres de l’obscurité. Cependant, Ruto fit une fleur au nouveau marchand d’objet. Grâce à son intervention au Mont Péril, il avait réussi à lui accorder une grande confiance durant la bataille. Ils s’étaient bien battus face à une mage de feu et des ténèbres ainsi que leur armée de Gérudos. L’éclat doré ne pouvait que la remercier de cette grâce accordée. Il courba son dos, en signe de respect et lui dit :

« Merci beaucoup de m’épargner, sachez que je ne ferai pas de mal à un civil ou à un garde royal. Ni même à vos alliés et aux sages. Vous pouvez demander confirmation à Darunia ! »

C’était son ancien allié à une époque révolue. Parmi ceux qui étaient encore présents sur ces terres, il n’y avait qu’une poignée de personne qui avait vu Roshu en action. Probablement Link ou la prêtresse de Nayru. Le reste avait complétement disparu. Parfois, le sorcier se sentait seul. Mais il commençait à l’avoir l’habitude au fil des saisons. Maintenant que cette histoire était réglée, il était temps de revenir sur le sujet principal, le pendentif. L’heure du prix pour la Zora.

« Je pensais vous l’offrir gratuitement. Mais on croirait que je vous paie ou que je vous offre un pot-de-vin. Un prix d’ami, ça vous va ? Comme 100 rubis ? »

Il valait nettement plus surtout avec son utilité. Toutefois, il lui devait bien ça. En plus de lui avoir épargné, elle était d’une aide capitale au Mont Peril. De quoi rendre la pareille. Il s’approcha légèrement de sa cliente, comme pour dire une confidence :

« En fait, cela ne fait qu’un petit moment que je suis marchands. Donc pour le prix, si vous pensez que j’arnaque, évitez de m’hurler en pleine face ? Je connais les rumeurs concernant les nobles qui peuvent paraitre très hautains avec les citoyens … Pour vous, je ne sais pas du tout, si ça peut vous rassurer. »


D’une manière ou d’une autre, Ruto avait envie de croire que sa survie – ou  tout du moins son intégrité physique – avait été assurée par un allier solide plutôt que par un compagnon de fortune que seule une force ennemie rassemblait de façon opportune. Y avait-il réellement tant de choses opposant son peuple souvent décrié à une bande de justiciers qui passaient pour des criminels ? La Zora n’approuvait par leurs méthodes, mais approuvait-elle toujours celles de son Père ? Du Pontife ? Ou même de la Blondinette en chef ? Sans doute aurait-il fallu tout un groupe d’érudits pour répondre aux interrogations de la jeune princesse des eaux.

L’évocation du Chef Goron lui fit retrousser les lèvres. Si elle avait énormément d’affection pour Darunia, elle l’avait si bien enfouie qu’elle-même ne savait plus où la retrouver dans son cœur froid. Toutefois, le jugement du Sage de la Montagne, tant qu’il ne touchait pas la nourriture ou la bienséance, était des plus avisés, et si le jeune marchand se rangeait derrière lui, sans doute pouvait-on lui faire confiance ?

Sa grimace évolua en un sourire qui fit se retrousser son nez et naître une petite fossette sur sa joue. Le manque d’expérience de son interlocuteur la déstabilisa tant qu’elle l’amusa.
« Mmmmh, voyons voir… » verbalisa-t-elle en comptant les petites pierres dans sa main. Le compte y était. « Je pourrais vous donner la somme que vous me demandez, prendre cet objet et continuer ma journée avec la certitude de ne jamais vous revoir, il est vrai. »

Son visage se durcit quelque peu, même si la douceur de ses traits atténua ce changement. « Mais sachez, mon Ami, que je ne fais que rarement ce que l’on attend de moi. » Elle marqua un temps d’arrêt, qu’elle ne laissa pas s’éterniser au vu de l’expression perplexe du jeune homme. « Ce que j’essaie de vous dire, c’est que, sans remettre en question vos compétences de commerçant, j’ai une meilleure idée. »

Joignant le geste à la parole, elle remonta tout doucement l’étoffe de son vêtement. Dans d’autres circonstances, cette attitude aurait pu gêner, ou paraître bien osé. Pourtant, pour une drôle de raison, la scène paraissait surtout touchante pour les protagonistes. Peut-être était-ce la profonde vulnérabilité dont Ruto faisait preuve ? Elle arrêta son geste au-dessus d’écailles légèrement différentes des autres. Elles étaient plus foncées, plus nacrées. La plupart des Zoras n’en avaient que quelques-unes, et beaucoup avaient été massacrés par de mauvais hommes qui voulaient les revendre. En tant que Zora issue de la famille royale, Ruto en avait beaucoup plus.

Elle se mordit brièvement la lèvre pendant qu’elle délogea une de ces précieuses écailles de son buste.
« Vous avez gagné la confiance de mon Peuple. Si un jour vous en avez besoin, sachez que vous pourrez vous tourner vers nous. Tendez ceci à nos gardes, et ils vous mèneront à moi. » Elle accompagna l’écaille d’une cinquantaine de rubis. « Si vous êtes d’accord, bien entendu. » Et à nouveau, elle joua de son sourire désarmant, celui qu’elle utilisait pour qu’on ne lui dise pas non.

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Roshu Aaron


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Peut-être que la remarque concernant les nobles arrogants pouvait contrarier la Sage de l’Eau. Après tout, le sorcier de feu n’était pas connu pour garder un calme olympien. Du moins, lorsqu’il était face à une personne qu’il apprécie. De plus, être froid en tant que marchand ne donnait pas envie aux clients d’acheter dans sa boutique et de revenir. Il gardait un masque, son propre masque. Celui de son ancien lui, l’être aux cheveux bleus. Le bruit des rubis dans les mains de la Zora réveilla le jeune homme qui allait se retrouver dans le pays des songes, une fois de plus. Son côté rêveur ne l’avait toujours pas quitté.

Leur petite discussion aurait pu se terminer ainsi, comme le disait Ruto. Un simple échange entre son client et le marchand. Et ainsi, Roshu ne reverrai plus cette alliée. Toutefois, son changement d’attitude fit sourciller le second éclat. Il ne comprenait vraiment pas où elle allait en venir. La Zora avait un comportement plutôt singulier. Tout à coup, elle remonta son vêtement, ce qui gêna l’homme aux cheveux blancs. Il se mit à rougir, allant lui demander ce qu’elle avait derrière la tête. Elle avait récupéré une de ses écailles au niveau de sa poitrine. Est-ce que c’était un moyen de reproduction de leur race ?

« Attendez ! Une minute ! Je … »

Le sorcier aux flammes dorées n’était pas prêt à cet acte. Il se posait même la question du pourquoi il pensait à ces obscénités. Le Solarien secoua rapidement sa tête, extirpant ces idées. Jusqu’à ce que finalement, son interlocutrice lui expliqua son geste. La teinte rouge disparut du visage du jeune homme. A la place, un grand sourire se manifesta, montrant sa joie. L’écaille était un objet symbolique du peuple Zora. C’était un véritable honneur de recevoir un tel cadeau de la part d’une Sage.

Comme une véritable récompense digne de ses actions, il avait les larmes aux yeux. Pour lui, cela montrait que son engagement parmi la Redemption d’Ambre ne comptait pas pour rien. Malgré tout ce que la garde pouvait raconter sur eux, ils restaient des membres se battant contre Ganondorf et ses acolytes. Roshu récupéra l’écaille de la main gauche ainsi que les rubis de la main droite. Une petite ristourne mais qui valait certainement le coup. Il observa chaque particule de cet objet précieux. Les étoiles dans les yeux, il jubilait intérieurement.

« C’est un immense honneur, mademoiselle Ruto ! Je ne sais pas quoi dire … Merci de votre confiance. C’est un bon départ je pense. Bien sûr que je suis d’accord. »
Roshu s’empressa de rejoindre le fond de la boutique pour y déposer les 50 rubis. Il revint aussitôt vers la Zora, toujours avec cet enthousiaste et l’écaille en sa possession.

« Nos efforts ne sont finalement pas vains. Ne vous en faites pas, je ne vous trahirai jamais. Ni votre peuple, ni le royaume d’Hyrule. » Tout à coup, après ses paroles joyeuses, il s’arrêta un moment. Comme pris dans un tourbillon mélancolique brutal. Le second éclat repensa à ses anciens amis et les batailles qu’il avait entreprit. Le voilà tout seul, finalement, tenant une boutique. Sa petite retraite ne sera pas de tout repos. « En fait, j’ai tout arrêté. Je ne suis pas sûr d’être encore fort pour me battre à vos côtés. D’où la reconversion. J’ai peur de ne pas être capable de tenir mes engagements quand le danger reviendra. »


Ruto était aussi terrifiée qu’enthousiaste. C’était la première fois depuis des années qu’un Zora avait donné de son plein gré une écaille à un étranger. En tant que Princesse, ayant combattu pour le Royaume, elle se sentait en droit de le faire, et encore davantage à une personne qui l’avait sauvée. Mais elle était déjà passée par là avec Link auparavant. Et si le geste de ce jour était nettement moins symbolique, elle espérait qu’on ne lui en tiendrait pas rigueur de retour chez elle. Et après tout, qu’on vienne l’ausculter ! Si personne ne s’en rendait compte, elle n’était pas obligée de l’ébruiter. Loin de là. C’était entre le magicien et elle.

« Nous avons tous peur, j’imagine que c’est quelque chose de commun. » Elle lui toucha amicalement le bras, un peu comme pour le rassurer. « J’ai moi-même peur de prendre les mauvaises décisions pour mon peuple. Heureusement, mon Père et le Conseil sont là, et je pourrais ne jamais vraiment prendre ma place sur le trône. Mais si cela devait arriver, au moins je serais prête. » Puis, comme pour appuyer son intention bienveillante, son autre main vint trouver le second bras du Marchand. « De la même manière, je vous souhaite de ne jamais avoir à revenir en selle pour cette guerre. Mais si un jour une bataille vient défoncer votre porte, vous savez à présent que vous trouverez asile en ma demeure. »

Elle conclut par le sourire le plus naturel dont elle était capable, et qu’elle ne dévoilait que trop peu : elle appréciait les faux-semblants, d’une certaine manière. Ils n’avaient néanmoins pas leur place, ici. « Alors j’espère ne jamais vous revoir, sincèrement, car cela signifiera que vous aurez vraiment cessé de lutter alors que cela vous coûte. Mais sachez que si les Déesses en décident autrement, vous ne combattrez plus jamais seul. Il n’y aura sûrement pas que moi, mais je serai là. »

Ayant dit ce qu’elle avait à dire, et voyant des ombres ralentir petit à petit devant la boutique, Ruto décida de rendre son temps à Roshu. Elle rompit leur étreinte, avant de lui sourire une dernière fois, et de tourner les talons pour retrouver le bruit des rues.

« Au revoir, mon Ami. Je vous souhaite d’obtenir tout ce dont vous rêvez. »

Et elle partit pour de bon.

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