Posté le 10/08/2009 00:14
Tout était dit, et chacun avait donné son assentiment à s’engager dans cette bataille qui s’annonçait d’ors et déjà difficile. Dans un long silence macabre, le simili de Groupe sans Nom s’engouffra dans les méandres de la nuit, afin de se diriger vers le château. Nul ne parlait, et les cris se firent plus distinct, l’odeur du sang plus forte, à mesure qu’ils avançaient. Cela ne fit qu’attiser les flammes de l’excitation, et lorsque enfin ils atteignirent les murs de la forteresse, ce fut Dun qui ouvrit la marche. En effet, lors de ses excursions clandestines aux côtés de sa femme et les recherches entreprises lors de ses longues soirées à la bibliothèque, le jeune Prince avait pu en apprendre beaucoup sur le château. Ses premiers bâtisseurs n’étaient sans doute pas fort enclins à l’architecture, mais les différentes royautés qui s’étaient succédées avaient contribué à l’ajout d’ailes et de tours autour de la bâtisse principale. Ce faisant, nombre de passages secrets et même de couloirs fermés accessibles par des portes cachées avaient été construits dans le but d’espionner ce qui se disait dans le château. Car bien souvent les plus grands complots commençaient à l’état de rumeurs. Mais même si de nos jours l’emploi de ces galeries n’étaient plus usité dans ce but, elles restaient toutefois un excellent moyen de fuite, quoique trop négligemment entretenues.
C’est ainsi que le jeune Prince pu enfin ouvrir un passage dans un mur, tout près des douves, qui ouvrait sur les souterrains du château. Des torches allaient sans aucun doute être nécessaires à leur bonne exploration, et c’est en allumant l’une d’entre elles qu’il indiqua aux autres d’en faire autant : La bataille commençait dès maintenant. Véritable labyrinthe aux murs sans fenêtre, le jeune Prince eut toutefois du mal à se repérer, à plus forte raison que les plans qu’il avait découvert ne correspondaient pas tous parfaitement à la réalité. Sans doute le manque d’entretien ou la perte d’un document contribuaient à la disparition d’une galerie sur la carte, mais ce n’était rien par rapport à ce qu’il se passait en ce moment même : Les fondations du château tremblaient, emportés par l’ivresse de la bataille ardente qui se livrait au dessus. Il fut même un moment où les murs tremblèrent et que la maigre poutre se trouvant au dessus d’eux se brisa, laissant le plafond s’écouler sur eux-mêmes. Fort heureusement, Dun ne fut pas touché, mais il fut séparé du reste du Groupe sans Nom, tandis que la voix qui lui aurait permis de les rejoindre était maintenant condamnée. Se trouvant à l’endroit exact d’un carrefour de couloirs, le jeune Prince se dit au fond de lui-même qu’ils trouveraient sans doute une autre sortie et qu’ils pourraient se rejoindre.. Que faire d’autre, sinon d’espérer ? Serrant d’avantage la torche, l’ex-Chancelier continua d’avancer pendant d’interminables minutes jusqu’à enfin apercevoir une vague lueur de l’autre côté d’un passage recouvert de toiles d’araignées. Hâtant le pas, Dun observa qu’il se trouvait juste au niveau du Hall principal, pièce des plus somptueuses puisque destinée à impressionner les visiteurs.
Après avoir ouvert la solide porte de pierre et déchiré la toile ancienne qui la camouflait, le jeune homme s’engouffra alors dans la pièce, tout en butant contre un objet au sol :
Une femme gisait à terre, dans son propre sang.
Serrant des lèvres et réprimant un cri de surprise, le jeune Prince se baissa et chercha à prendre son pouls : Mais ses doigts ne rencontrèrent que du sang alors qu’ils tâtaient la peau –maintenant froide- de la servante. Il la connaissait, sans doute était-ce cela le pire… Savoir qu’un inconnu est mort aux bords des frontières était une chose, voir une femme que l’on côtoyait tous les jours s’éteindre aussi brutalement en était une autre. Les yeux ouverts, son visage exprimait la surprise, et la seule consolation qu’eut Dun fut de savoir qu’elle n’avait sans doute pas souffert. Si l’on avait tué de sang froid, cela avait été rapide et risquait de lui arriver à lui aussi. Il chercha à fermer les yeux de la domestique, mais c’était peine perdue, morte depuis trop longtemps, il aurait été inutile d’insister… C’est pourquoi le jeune homme se décida de reprendre sa route, tout en durcissant son cœur afin de ne pas se laisser s’émouvoir par ce genre de spectacle.
Scrutant l’obscurité naissante de la salle, le jeune Prince fut soudain surpris par un cri d’horreur, qui fut finalement celui de son salut : « Attention, derrière vous ! ». Un jeune homme lui indiquait une ombre qui se mouvait juste derrière lui, près à abattre sur son crâne une énorme hache d’acier… Ainsi, c’était donc lui qui avait mis fin à la fin de la jeune femme ! Saisissant ses deux dagues et les croisant afin de bloquer le coup, le jeune Sorcier fut tout de même secoué par l’impact, et failli tomber au sol. Mais se laisser aller maintenant signifiait signer son arrêt de mort, et c’est dans une ultime lueur de conscience qu’il poussa sur ses deux jambes afin d’éviter le deuxième coup. Comment une armure pouvait-elle bouger toute seule ?! Amèrement, Dun reconnut là le pouvoir d’une magie puissante, différente de la Sorcellerie que lui-même utilisait. Sans doute un homme puissant en était-il l’instigateur, était-ce là le pouvoir que l’on accordait aux Triforces ? S’éloignant à pas vifs de la créature tandis que celle-ci s’échinait à retirer sa hache plantée dans le sol, le jeune homme vit des Gardes s’activer derrière le serviteur. Sans doute des monstres arrivaient-ils de l’autre côté ? Criant avec la voix d’un commandant, le jeune Prince donna des ordres qui permirent à ces derniers de s’organiser plus efficacement, tandis qu’ils plantèrent leurs lances dans les deux Moblins les menaçant de leurs épées. Toutefois, l’armure avait finit par extirper sa hache de la roche froide, et Dun avait de plus en plus de mal à l’éviter, cherchant à viser les jointures composant sa structure. Par deux fois il avait touché son bras droit, et ce dernier avait finit par céder ainsi que sa hache dans un fracas métallique, mais le tribu à payer était lourd : le jeune homme avait reçu un mauvais coup à la poitrine qui le laissa sans souffle quelques secondes… Assez pour que l’armure le projette violemment contre le mur. Sans doute sa tête aurait-elle subit le même sort que la pauvre femme si les Gardes –maintenant libres d’action- n’étaient intervenu en plantant leurs lames dans le torse de l’armure. Cela ne fit que l’immobiliser un court instant, mais assez toutefois pour permettre à Dun de la pousser de toutes ses forces et sa rage possible au travers de la fenêtre ! La chute qui s’ensuivit ne laissant aucune chance à la créature enchantée, qui s’écrasa lamentablement quelques mètres plus bas. S’appuyant contre le rebord de la fenêtre, le jeune Prince reprit son souffle tout en regardant les personnes qui l’observaient maintenant avec une lueur d’espoir. Leur Prince était présent, sans doute allait-il les sauver tous ?
Mais ils n’étaient au final que des poids morts pour Dun, hélas, qu’il ne saurait aider au cœur d’un affrontement. C’est pourquoi il désigna d’un revers de la tête le passage par lequel il était venu, et ordonna aux Gardes de rassembler afin d’évacuer tous les serviteurs du château. Son champ d’action n’en serait que plus libre après tout !
« Tâchez aussi de protéger la réserve de poudre, nous aurons besoin dans le pire des cas de faire s’écrouler le château afin d’emporter ces envahisseurs dans notre tombe… Utilisez aussi les bombes contre ces armures, tâchez de les faire exploser de l’intérieur ! »
Aboyant des ordres à la petite troupe de 5 soldats, le jeune homme en laissa finalement l’exécution au lieutenant, alors qu’il se détournait de l’abri qu’ils avaient pu organiser lors de l’attaque. Car repousser l’envahisseur n’était hélas pas son but. Non… Il lui fallait retrouver sa femme dans un premier temps, et surtout, rencontrer ce Seigneur du Malin. Allumant une bombe, et la jetant de toutes ses forces au dehors, celle-ci explosa dans un bruit énorme tout en faisant s’éclater les vitres qui composaient la tour d’où il se trouvait. Si jamais la Princesse –ou quiconque d’autre- se trouvait dans cette aile, ils se seraient avancés et l’entendraient sûrement.
« Princesse ! Vous tous ! Ne désespérez pas, essayez de rejoindre des Gardes, ils vous aideront à vous échapper ! Mais ces armures entravent leurs mouvements plus que cette armée enragée, aidez les à les neutraliser, quelque que soit cet enchantement ! Les renforts arrivent ! »
L’appel était lancé. Sans doute était-ce de la manipulation, mais cela était parfois nécessaire en temps de guerre. Savoir que des alliés arrivent pour vous aider vous redonne de l’énergie au combat, même lorsque cela n’est en réalité qu’un mensonge destiné à vous rassurer. Un demi mensonge à vrai dire, compte tenu de l’oiseau messager qu’il avait envoyé en direction du Mont du Péril. Si ‘ils’ se disaient protecteurs de la Princesse, cela était le moment ou jamais de le prouver. Et si la majorité des personnes ne pourraient qu’immobiliser une ou deux armures au grand maximum, la détentrice d’une Triforce aurait sans aucun doute le pouvoir nécessaire à la neutralisation de cet enchantement au château tout entier.
Mais alors qu’il s’apprêtait à descendre afin de gagner l’aile Est, un cri d’horreur retentit dans l’un des escaliers menant aux tours principales : Un garde, homme d’âge assez mûr, venait de dégringoler des escaliers. Un bruit sinistre d’os brisé en disait long sur son état, mais il parvint tout de même à articuler à l’intention du Prince, alors que ce dernier courait vers lui, la phrase qu’il attendait tant.
« Prince… Princesse… Tour… Seign… Compagnons… Combattent… Aid… »
Mais il était déjà trop tard. Le dernier souffle s’extirpant de ses poumons, le regard empreint de fierté quant à son devoir accompli, l’homme légua à Dun l’information qu’il détenait. Ce dernier n’eut pas besoin d’autre forme de cérémonie, et déjà il montait les escaliers quatre à quatre, l’heure n’était désormais plus à la discrétion, puisqu’il hurla de toutes ses forces.
« Maudits ! Ce château ne vous appartient pas, il est nôtre ! Et il en sera de même de votre vie! »
Et dans son fort intérieur, peut-être espérait-il que l’un de ses compagnons avaient-ils débouché dans la pièce dans laquelle elle se trouvait.
[Trop fatigué pour poster avec Dark Link, je le ferai demain XD]