Posté le 16/03/2013 00:12
Un peu à l’écart, Songe observait attentivement la progression de l’Ombre qui se faufilait dans la nuit. Elle-même, pourtant au courant de sa présence et de sa destination, arrivait à perdre de vue la jeune femme. Dans ces conditions, elle imaginait combien il serait peu aisé si pas impossible pour une vigie de la voir surgir.
La jeune sorcière était quant à elle restée en retrait. Ne possédant pas des compétences aussi poussées que l’assassin en matière de discrétion, mieux valait ne prendre aucun risque. Si la magie pouvait compenser quelques manques en ce qui concerne l’agilité, elle allait avoir besoin de l’économiser, un autre rôle lui avait été assigné qu’elle pourrait tout à fait remplir à distance.
Il y avait encore peu de temps, elle ne connaissait pas le moindre individu à Hyrule, et elle avait bien cru repartir tout en conservant intact cet état de fait. Elle avait pensé qu’elle reprendrait sa route bredouille, espérant se trouver plus chanceuse où ses pas la mèneraient. Pourtant, une simple rencontre alors qu’elle abandonnait ses recherches avait tout fait basculer, et de fil en aiguille l’avait menée jusqu’à ces gens qu’elle accompagnait aujourd’hui. Au fond, elle avait été exaucée au-delà de ses espérances. Elle avait repris son apprentissage de magie, qui était tout ce qui avait jamais compté à ses yeux depuis sa plus tendre enfance. Elle avait été élevée à cette seule fin : devenir une sorcière, et avoir trouvé de nouvelles préceptrices prêtes à continuer son enseignement la réconfortait. Elle disposait même d’un nouveau Clan. Certes, bien différent de celui dont elle avait été chassée, mais c’était un soutien pour son moral d’être entourée. Qui plus est, elle espérait bien qu’il lui fournirait les moyens de réintégrer sa première famille, en rachetant ses erreurs et en prouvant sa valeur.
Le mouvement qu’elle attendait la ramena au présent et au rôle qu’on lui avait attribué. Depuis un instant elle fixait attentivement le haut de la tourelle où trônait la vigie. Dans le plus grand silence, cette dernière venait de s’effondrer. Du beau travail, indéniablement. C’était donc à son tour de rentrer en scène, et elle n’avait plus le droit de divaguer. Toutes ses pensées se concentrèrent intégralement sur la herse, au point qu’elle ne prêtât plus la moindre attention autour d’elle. Elle se savait ne pas être seule, d’autres magies se mêlaient à la sienne, elle devait aussi en prendre consciente pour s’ajouter aux forces déployées, jouer en solo n’apporterait rien.
Elle sentit une pression. Pourtant rien n’avait bougé autour d’elle, elle était toujours immobile, dans l’obscurité où aucun bruit ne filtrait. Swann activait la herse, pression par pression, cette dernière commença à se relever, en douceur, et surtout dans un silence absolu. Du moins de l’extérieur. Elle l’entendait résonner dans sa tête, elle sentait le mécanisme se tendre. Sa main se porta à son front. Elle absorbait les fracas, le frottement des bois les uns contre les autres, le mécanisme qui se mettait en marche… Heureuse qu’elle était de ne pas être seule, les puissantes magies qui accompagnait la sienne atténuaient celle qu’elle avait à déployer, tout comme le choc qu’elle subissait. La concentration demandée n’en était pas moins énorme, et elle souffla avec joie lorsque la herse fut totalement remontée.
L’absence de réaction lui confirma que le plan avait fonctionné, et que l’ouverture de la herse n’avait alerté personne. La nuit semblait toujours aussi paisible.
Elle connaissait assez peu le peuple qu’ils rencontreraient au-delà des palissades, du moins d’expérience. Elle avait croisé l’une ou l’autre Gerudo avant son entrée dans le Désert, mais elle ne leur avait guère adressé la parole. En tant que femme, elle avait été autorisée à traverser, et ses relations avec les femmes du Désert en étaient restées au strict minimum. Elle n’en savait donc que ce qui lui avait été raconté par ses nouveaux compagnons pour la préparer. C’était suffisant à son goût, elle n’était pas là pour découvrir la culture des tribus hyliennes. Tout ce qui comptait à ses yeux, c’était que ses actes la rapprochaient de ce qu’elle avait perdu. Elle était de ceux qui n’ont plus rien à perdre, elle était prête à tout.
La voie était à présent ouverte. Elle n’avait plus qu’à attendre les ordres, et suivre celui qui l’avait recueillie.
[Prochain post pour le Seigneur Ganondorf]