To Lord and Land - Piégé par les Dragmires [2e étage]

Début de l'hiver - 1 an 3 mois avant (voir la timeline)

Swann

Championne d'Aegis

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(vide)

La Belle était affessée sur son trône, les bras pendant dans le vide, les jambes détendues au maximum. Son regard perdu sur le sol poussiéreux de la sombre pièce, elle semblait absente de tout, l'esprit hors du corps. Le sang goûtait sur le sol ; d'abord il traversait ses bandages, puis il descendait par petites gouttes sur son siège avant de fuir par-dessous. Il lui permettait de lire le temps qui s'écoulait inlassablement, long et pénible pour elle, chaque secondes tranchant sa plaie avec un peu plus de force à chaque fois. Et pourtant, nulle grimace ne venait entâché le doux faciès de la fille dragmire.
Tout son corps la faisait souffrir, entre les courbatures, les anciennes blessures comme les nouvelles, ses poumons noircis et fumant de magies toujours en conflit. Mais elle parvenait encore à garder le souffle de la vie, bruyant et irrégulierement profond.

Cet homme lui avait fait trop de mal ; et elle en avait rajouté d'elle-même en s'énervant pour poursuivre une aveugle guidé par une fée, pour finalement l'abandonner à son sort dans la forteresse de son Seigneur. Contre toute attente, la découverte de la brêche dans le mur de la forteresse l'avait fait redescendre, et sa colère s'était estompée. Elle se disait qu'elle passait simplement une sale journée de merde, comme lors de cette nuit là au Château de la Princesse, et qu'il fallait juste attendre qu'elle passe paisiblement. Elle qui ne croyait pas au destin, elle se montrait pourtant extrêmement fataliste de ce côté là.

Un bout de tissu passa sur son visage crasseux pour le nettoyer, sans qu'elle ne bouge pour autant. Du mieux qu'elle le pouvait, sa servante la rendait plus belle, plus présentable à celui qui aurait le malheur de passer les grandes portes à l'opposé de la pièce. Qu'importe qui ce serait : cette personne se verrait juste envoyer dans l'obscur Royaume des Morts. La main de la gérudo tremblait légèrement ; la peur la tarissait. Mais était-ce dû aux combats qui se déroulaient au dehors, ou bien le silence pesant qu'entretenait celle qu'elle se devait de servir ? L'un comme l'autre avait son côté terrifiant, d'un certain point de vue.

Piégée, la salle était parsemée de fente dans les murs et au plafond sur toute la largeur. C'était là un avantage conséquent pour elle contre celui ou celle qui viendrait se perdre ici. Et d'ailleurs, elle sentait approcher l'ennemi. D'un claquement de doigt, elle fit reculer la jeune rouquine pour aller lui chercher l'épée-émaille. Puis il y eu cet ordre incongru, inconcevable. « Met-moi une claque », dit-elle mollement et sans conviction. D'abord, la jeune servante n'arriva pas à considérer vraiment cette demande. Puis les yeux gris et ambre se levèrent ensemble pour croiser ceux incrédules de la gérudo. Là, elle eu la confirmation qu'il ne s'agissait pas d'une farce, et sa main commença à se diriger sur la joue de sa maîtresse. Hésitante, elle mit un temps fou pour arriver contre la peau blanchâtre dans un claquement.

Swann semblait s'être réveiller ; son visage s'animait, plus vivant, et son corps lui répondait de nouveau. D'un long soupire elle se leva en s'étirant, tandis que la fille partait de son côté pour se réfugier dans le coin le plus sombre de la pièce, en arrière. Empoignant son épée d'os de sa main gauche, le Cygne Noir se mit à patienter pour que ses hôtes ne la rejoignent, son souffle résonant dans toute la grande salle. Les doigts de sa main droite claquèrent de nouveau. Là, le peu de lumière qu'il y avait sembla fuir la grande salle et des petites flammèches violettes s'envolèrent d'un coup pour se dispercer au quatre coins. Leur lueur ne permettait pas tout à fait d'éclairer ce sombre endroit, à peine pouvaient-elles servir de point de repère. Leur seul intérêt était l'ambiance qu'elles installaient ; Le Cygne Noir aimait bien ce côté théâtrale, quand c'était beau à voir... et quand elle s'y sentait comme chez elle.

Puis la porte de fer s'ouvrit.


Songe Tristenuit


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(vide)

Elle n’avait pu retenir un grand sourire lorsqu’il avait accepté, avant de tourner rapidement les talons pour l’entraîner dans la forteresse par la grande ouverture qu’avaient causés les explosifs dans la façade. Au fond, elle sentait qu’il n’était pas dupe, mais il n’avait pas refusé et c’était l’essentiel. Peu importaient ses raisons, qu’il estime pouvoir se dérober à elle, se rapprocher des prisonniers, qu’il soit curieux, ou quoique ce fut du genre : elle savait où elle allait, lui non et ça lui donnait un avantage considérable.

Les troupes de renforts pour Nabooru étaient attendues dès l’instant où certains des prisonniers avant pu fuir, et elle avait largement eu le loisir de mémoriser les points importants de la forteresse, autant son dédale de couloirs que les pièges qu’ils avaient posés ou prévus. Ils s’attendaient à ce que les assaillants tentent de rentrer dans la forteresse et n’avaient rien laissé au hasard.
Les murs de pierre avaient pourtant bien tenu jusque là, les défenses extérieures se montrant efficaces, et le bâtiment restait relativement vide, du moins en apparence. Ils ne croisèrent pas âme qui vive. Alors qu’elle avançait à pas lent dans les longs couloirs, d’apparence strictement identique, ses pieds résonnaient sur le dallage. L’echo propageait le son de leur avancée dans les longs tunnels silencieux qu’ils empruntaient. La forteresse semblait abandonnée. Elle entendait les grincements dans les murs qui accompagnaient leur parcours. Nul doute que ses fondations avaient dû être ébranlées par tout les assauts subit, autant lors de leur arrivée que lors de celles des troupes royales. Le large trou causé par les explosifs dans le mur n’avait rien dû arranger. Toutefois elle savait que le bas tiendrait, c’était le haut de la forteresse qui était devenu plus dangereux et qu’ils avaient dû renforcer.
Amusée, elle plaqua la main sur le mur en continuant à avancer.


« Tu entends ça ? Les âmes des mortes geignent dans les murs, ils hantent leur ancienne demeure. Mais ne t’en fais pas, tu ne seras pas enterré vivant sous les décombres. Ça serait plutôt triste comme mort non, broyé sous un tas de cailloux … ? Quoique leurs morts à elles n’aient pas été plus agréables… »

Elle n’avait pas encore prononcé un mot jusque là depuis leur entrée dans la forteresse, c’était la première fois qu’elle reprenait la parole. Alors qu’elle terminait sa phrase et retirait sa main du mur, ils arrivèrent dans une partie plus éloignée de l’extérieur et éclairées en conséquence, les torches renvoyant leurs… Non, son ombre sur les murs, la dupliquant et la déformant au gré de ses mouvements.

« À ta place je me sentirais seul, une ombre c’est quand même le seul compagnon qu’on ne devrait jamais perdre tu ne crois pas ? »

Ils escaladèrent un couloir plus pentu qui les menait au second étage avant de se ré-engager dans un nouveau défilé de couloirs. Elle finit par s’arrêter devant une grande porte. Son ombre sembla continuer de bouger quelques secondes avant de se figer relativement, ne remuant plus qu’au gré du feu.
Elle était arrivée. Elle connaissait cette pièce, et mieux encore, elle ressentait une présence à l’intérieur. Elle se tourna pour lui faire face une fois qu’il se fut arrêté assez près d’elle.


« Fini de papoter. Tu dois te demander pourquoi je t’ai amené jusqu’ici. Nous sommes au calme pour discuter et je t’ai rapproché des prisonniers en guise de bonne foi, alors je vais t’expliquer ce que j’attends de toi. »

Alors qu’elle parlait, elle s’était lentement mise à le contourner, glissant à côté de lui en longeant le mur, la main plaquée dessus à nouveau, comme si elle s’amusant encore des craquements sinistres répercutés dans les couloirs.

« Je suis victime d’une malédiction. Comme tu t’en doutes la couleur de mes cheveux n’a rien de naturel. Je n’ai pas encore l’âge pour avoir des cheveux blancs ! Et si tu m’aidais, je pourrais… »

Elle venait de finir de passer dans son dos, et sans continuer sa phrase, elle le poussa en avant alors que sur sa simple volonté les portes s’ouvraient en grand. Elle se glissa à sa suite et les portes se refermèrent dans un vacarme assourdissant.

Dans son dos elle ricana.

« Petit moucheron. Tu ne sortiras jamais de cette forteresse. Voilà ce que j’attends de toi, et je vais y veiller ! »

Comme elle l’avait senti, sa sœur Dragmire était présente dans la pièce, face à eux. Elle ressentait même une autre présence plus effacée dans un coin. Elle n’avait pas imaginé la trouver aussi blessée et ignorait ce qui avait pu se passer mais son aide n’en serait pas moins la bienvenue, et un simple coup d’œil lui appris que les pièges avaient bien été placés. Sa main s’attarda un instant sur le fourreau de son épée, qu’elle n’avait pas sortie depuis son dernier combat. Elle avait prévu de l’utiliser, mais la présence de son amie lui laissait plus de marge. Elle comptait sur elle pour occuper son invité, alors qu’elle pourrait adopter une technique plus évasive. Et amusante.
Elle n’eut pas besoin de retirer ses chaussures, elle n’en portait pas. Elle n’avait jamais aimé ça. Et alors que ses longs ongles poussaient à nouveau sur ses mains, ils en firent de même sur ses pieds. En un rien de temps, elle avait escaladé le mur en évitant les flammes suspendues avec des gestes rapides et se retrouvait cachée par la pénombre, ne laissant entendre que le cliquetis de ses ongles contre la pierre sur laquelle elle s’agrippait.


Orpheos


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(vide)

Il y était finalement entré…
Mais était-ce réellement une bonne chose ?

La dame des sables l’avait directement amené vers un trou béant creusé dans les murs pourtant solides de la forteresse. Les soldats d’Hyrule s’étaient sacrifiés pour offrir cette ouverture à leurs alliés, à force d’explosifs qui les avaient emportés, et de Gérudos qui les avaient transpercés. Celles-ci n’avaient pourtant pas attaqué Orpheos à son entrée dans leur demeure, retenues par la présence de son accompagnatrice.
Et certainement sa future ennemie.

Sa mission était claire : occire les forces Gérudos, faire libérer le sage de l’Esprit, et reprendre le contrôle du lieu. Dès lors qu’il aurait vaincu.

Orpheos ne quitta pas sa guide des yeux une seule seconde. Il s’attendait à tout moment au pire ; une attaque surprise, ou un piège posé au détour d’un de ces couloirs ombrageux. Chacun de leurs pas résonnait sur les murs austères qui se resserraient autour d’eux, dans un labyrinthe où ils se perdaient…
Du moins, où il se faisait perdre.


Plus tard, alors que le chancelier n’avait cessé de garder le silence face aux susurrements de son hôtesse, un couloir qui allait en pente lui indiqua qu’ils atteignaient le deuxième étage du bâtiment. Orpheos se trouvait réellement au cœur de cette forteresse… plus que jamais, il s’y sentit en totale perdition. Et une fois qu’ils arrivèrent devant une grande porte en fer, que l’étrange femme ouvrit… il sut que leur destination finale était atteinte.


-Fini de papoter, déclara la Dame en faisant volte-face. Tu dois te demander pourquoi je t’ai amené jusqu’ici. Nous sommes au calme pour discuter et je t’ai rapproché des prisonniers en guise de bonne foi, alors je vais t’expliquer ce que j’attends de toi.
-Entendu, répondit Orpheos qui n’était pas dupe sur la suite des évènements, sans regarder la fille qui tournait autour de lui.
-Je suis victime d’une malédiction. Comme tu t’en doutes la couleur de mes cheveux n’a rien de naturel. Je n’ai pas encore l’âge pour avoir des cheveux blancs ! Et si tu m’aidais, je pourrais…

A ce moment, il sentit ses mains frêles le pousser dans son dos avec une force surprenante, et le chancelier se retrouva aussitôt derrière la porte. On y était.


-Petit moucheron, ricana-t-elle en refermant la porte. Tu ne sortiras jamais de cette forteresse. Voilà ce que j’attends de toi, et je vais y veiller !
-Vraiment ? sourit Orpheos. Dans ce cas je ne répondrai pas à vos attentes.

Mais un rapide coup d’œil dans cette grande salle, uniquement éclairée par quatre flammes violettes suspendues dans les airs, lui fit ravaler son sourire. Une autre femme était là : assise sur un grand siège, visiblement blessée, mais le regard assez coriace pour inquiéter Orpheos. Elle était belle, et pourtant déjà si inquiétante.

-Nous voici tous les deux pris dans le piège de l’autre…


Du coin de l’œil, il vit son ex-guide faire repousser les ongles de ses mains et de ses pieds, jusqu’à posséder les griffes qu’il avait vu sur elle tout à l’heure.

-Prenez garde, murmura Orpheos en prenant la lyre dorée qu’il portait toujours à sa ceinture. Cet air vous plongera dans les ténèbres abyssales hors du temps et de l'espace… Entendez le Nocturne de l’Ombre !

Les notes cristallines s’élevèrent dans la pièce, à l’instar de la femme qui grimpa les murs telle une araignée…
Et tout à coup, le rituel commença.



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Les flammes violettes disparurent en un souffle froid, et des tambours retentirent quelque part dans la salle. Des bruits de pas, des sifflements, et bientôt de légers rires longèrent les murs… Des rires qui n’avaient rien d’humain.
Les murs grincèrent de nouveau et les percussions se firent de plus en plus présentes, poussées depuis chaque paroi, s’élevant depuis le sol, faisant trembler le plafond… comme si les tréfonds de cette forteresse prenaient vie. Dans les plus profondes ténèbres où Orpheos était le maître. Avec elles.

Quelques secondes passèrent, puis des voix firent entendre la présence de nouvelles entités, murmurant ou fredonnant dans leur terrain de jeu favori : l’obscurité. Au cœur de celle-ci, Orpheos voyait clairement ses deux adversaires, et même une Gérudo réfugiée derrière le trône de la femme blessée. Pouvaient-elles le voir ? Le pourraient-elles ?

Le désert n’était pas le seul enfer sur Terre… et il comptait le leur démontrer.

Elles étaient là, il sentait leur présence noire et glaciale à ses côtés. Sa propre ombre était revenue elle aussi. Tous ses "amis de l’au-delà" venaient de répondre présents… Alors il commença à prendre les commandes.

Le rythme des tambours lointains s’accéléra, et les voix emplirent de plus en plus l’air enténébré de la pièce. Jusqu’à ce que plus aucun d’eux ne sache d’où provenaient les notes de ce sinistre concert… Le lieu était désormais hanté comme dans un cimetière, et il lui appartenait. Puis soudain, une voix gutturale surgit du néant, et lança le début du combat :


-Tue… Tue maintenant !

Déterminé à s’exécuter, Orpheos tira de sa ceinture l’une de ses dagues Sheikah. Et tandis que les tambours résonnèrent puissamment contre les murs, des chants macabres propagés en écho dissimulèrent tout bruit suspect de la part du Maître.

Ce dernier fit un pas chassé pour prévenir toute attaque frontale directe de la blessée, et leva le bras en direction de la femme araignée. Ses doigts se resserrèrent autour d’un corps imaginaire, et il vit à ce moment les Ombres glisser vers cette femme pour l’encercler, pour l’enserrer… et l’étouffer. Il la voyait toujours très clairement dans l'ombre à la manière des félidés.

La main encore levée pour tenter d’emprisonner la femme-araignée, Orpheos se faufila dans le noir pour rester hors de portée de son alliée. Elle avait une assez grande épée pour qu’il puisse recevoir des dommages à moyenne distance, et ce fut pour cette raison qu’il resta invisible sans attaquer.

Il s’était littéralement fondu dans la nuit…
Laquelle des deux tenterait la première de l’agresser ?

Une voix mi-humaine, mi-animale s’éleva depuis les profondeurs de l’obscurité, et poussa une très longue plainte qui glaça le sang d’Orpheos. Ses invisibles compagnes ne lui lançaient qu’une seule chose : l’appel du sang versé.

Un appel qu'il devait satisfaire coûte que coûte, s'il désirait leur survivre…


Swann

Championne d'Aegis

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(vide)

Ses doigts se crispèrent sur le manche de son épée, ses sourcils se froncèrent. Tendue, elle observa attentivement le jeune homme qui venait de se faire piéger par les deux soeurs dragmires, tandis que de son côté Songe se positionnait au plafond, comme si elle faisait partie de la grande famille arachnée. Lorsque la porte se referma, le piège était bouclé. Personne ne saurait lui venir en aide avant un long moment, tant la salle était perdue dans les tréfonds de la forteresse. Encore faudrait-il que quelqu'un sache qu'il se trouve quelque part au deuxième étage, ce qui était encore moins sûr.
L'ambre et le gris ne quittaient plus le garçon à la chevelure ébène dès lors qu'il avait commencé à s'exprimer. Swann préféra ne pas lui répondre ; pas de suite. Comme elle l'avait fais pour le Rusadir lors de son premier combat, elle se mit à jauger celui qui leur faisait face avec une assurance non dissimulée. Elle le connaissait, de nom, de réputation. Orpheos, chancelier de sa Majesté la Reine Zelda. Pfeuh... ! Encore un dédaigneux personnage de la fabuleuse noblesse hylienne dépourvu de la moindre parcelle d'humanité. Le genre de personne que le Cygne Noir se chargeait d'écarter d'Hyrule... à sa manière.

La Belle comprit très vite pourquoi un tel personnage était présent ici, au milieu des sanglants combats de la bataille. Il exprima très vite sa magie en éteignant les flammêches violacées, avant que des voix ne se résonnent dans toute la pièce. Plusieurs sons défilèrent à leurs oreilles : des rires, des sifflements, des tambours... Tout semblait lointain, mais présent à leurs côtés. L'atmosphère qui s'en dégageait gênait quelque peu la dragmire, mais rien qui ne saurait l'effrayer pourtant. D'autant qu'il ne l'attaquait pas, ou du moins n'en avait-il pas fais d'elle sa priorité. Il préféra utiliser sa magie pour s'en prendre directement à la sorcière qui pendait au-dessus de sa tête. Une voix venue des profondeurs lui avait ordonné d'attaquer, une voix inquiétante pour sa part. Swann chercha des yeux celui qui venait de prononcer ces mots. Sans succès. Alors elle se recentra sur le combat.

Désireuse d'aider sa sauveuse d'un soir, Swann lança deux couteaux de lancer avec sa main droite. Chacun d'entre-eux se logèrent entre les intertices du mur opposé, étendant chacun un très fin fil de fer à mi-distance entre le haut plafond et le sol dont elle rattacha les bouts aux acoudoirs de son trône. Songe pourrait ainsi sauter pour éviter l'attaque ennemie, même si Swann pensait qu'elle pourrait s'en sortir sans ; mais elle savait qu'elle pourrait ainsi établir une contre-attaque, avec une acrobatie ou n'importe quoi du genre. Dans le pire des cas, ces fils de fer serviraient plus tard pour elle-même, au cas où.
Affronter un dragmire était un défi osé, en combattre deux relevait du domaine du suicide. Le pauvre chancelier ne s'en rendait peut-être pas compte, ainsi avantager par son monde illusoire, mais il était foutu. La seule chose qui lui restait à faire était de survivre, tant bien que mal.
Dans cette obscurité ambiante, Swann se sentait bien. Depuis des années, ses yeux s'étaient habitués aux ténèbres de la nuit, et elle avait reçu la consécration d'une vie en recevant une infime partie du pouvoir des divins de Ganondorf lui-même, le Seigneur de l'Ombre. Si elle ne voyait pas le jeune homme en détail, elle pouvait néanmoins distinguer sa silhouette très clairement. Les voix, les cris, les rires qui résonnaient l'empêchaient de trop se fier aux sons, mais cela importait peu ; elle n'y faisait déjà plus attention. « Qui crois-tu impressionner ? », souffla-t-elle, sèchement. « Nous sommes des Dragmires, Maîtres du Désert. Dames de l'Ombre et de la Flamme. Qui crois-tu impressionner, avec tes tours de passe-passe ? » Questionna-t-elle de nouveau d'un ton presque hautain. « Sais-tu seulement à qui tu as à faire... ? » dit-elle, plus bas, presque pour-elle même, visiblement touchée dans sa propre estime. Comme si le Chancelier l'avait insulté.

La Dame du Désert se mit en marche vers son adversaire, à petits pas rapides. Presque au trot - elle préférait ne pas risquer de courir à fond après sa grave blessure au flanc -, elle se rapprochait dangereusement. Puis elle claqua des doigts ; la lame d'une guillotine tomba d'une des fentes au plafond droit sur le sheikah. Elle se rapprocha encore plus, et calla son épée en arrière, prête à frapper un très grand coup, puissant, à l'horizontale. Dès qu'elle fut assez proche, sa main droite attrapa le manche de son épée, pour porter un coup à deux mains, et l'épée fusa dans le vent, dans un sifflement impressionnant.


Songe Tristenuit


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Voilà enfin qui devenait intéressant. Elle ne l’avait pas choisi juste par hasard. Si elle l’avait mené jusque là et si elle avait décidé de jouer à le pousser à bout, c’était pour qu’il montre de quoi il était capable, intriguée par son ombre manquante. C’aurait pu être un simple détail sans importance particulière, une malédiction, un sort mal tourné… Mais alors qu’il avait commencé à jouer et qu’elle sentait l’obscurité et le froid se répandre dans la salle, elle sut qu’il allait lui démontrer que non.

Ce n’était – peut-être à tort – pas avec appréhension qu’elle écoutait les sons qui commencèrent à s’élever de la forteresse et qu’elle sentit les Ténèbres se déverser autour d’eux, elle avait très tôt été habituée à côtoyer d’effrayantes créatures ou des esprits démoniaques auprès de ses sœurs. Si elle se savait ne pas rivaliser avec tous, elle n’avait jamais été très prudente pour autant. Son expérience aurait dû l’y pousser, mais plus que jamais elle n’avait plus grand-chose à perdre. Au contraire, elle restait dans l’expectative, captivée par ce spectacle, et cherchant à comprendre comment ce jeune homme pouvait commander un tel pouvoir. La réponse lui vint en même temps qu’un rire. Il ne commandait pas les Ombres, c’étaient elles qui se permettaient de le commander. Jamais un tel pouvoir n’avait été offert sans contrepartie, et elle avait le sentiment qu’il leur avait vendu son âme. Elle en ignorait la raison ou les termes exacts du contrat, mais elle fut certaine en l’instant qu’elle n’était pas seule à avoir eu la bêtise de frayer avec des forces aussi puissantes, bien qu’elle puisse estimer s’en être moins bien sortie jusque là.

Son sourire fut coupé lorsque les Ombres se mirent à l’enserrer. Distraite comme elle l’était par ses réflexions, elle avait cessé un instant d’observer le jeune homme qui venait d’en profiter pour les lancer sur elle, le poing aussi serré qu’elles ne se collaient à la jeune sorcière. Divers gestes brusques ne suffirent pas, malgré ses griffes, et elle les sentit se presser autour d’elle, comme solides, jusqu’à l’étouffer. Cherchant quelques réserves d’air comme elle le pouvait, son effort lui ne lui servit pourtant pas à prolonger sa respiration. Au lieu de profiter de chaque bouffée d’air pour reprendre son souffle, elle récitait tant bien que mal, poussée par l’adrénaline. Elle crut un instant qu’elle n’arriverait pas à finir, que les dernières syllabes de cette ancienne langue – sans doute inconnue de tous ici – allaient lui rester au fond de la gorge alors que la tête commençait à lui tourner. C’était sans compter sur sa Sœur Dragmire, qui, sans qu’elle n’ait eu le loisir de l’observer ni de savoir qu’elle le lui devait, s’attaqua au jeune homme. Il suffit d’un instant où il reportait son attention sur son amie, et d’une légère baisse d’attention sur Songe pour que la pression se relâche. C’était léger, minime, quelques secondes de plus avant de perdre tout oxygène, mais c’était ce qu’il lui fallait pour lâcher les deux dernières syllabes.

Elle ne l’avait essayée qu’à quelques reprises – à des fins d’espionnage principalement – mais elle pouvait attester que la transformation n’avait jamais été très agréable. C’était même plutôt l’inverse. Si déjà sortir des griffes n’avait aucune raison d’être une expérience amusante, c’était plutôt court et ciblé. Là c’était tout son corps qu’elle sentait se tordre et se déformer. Si pour elle la douleur sembla durer plusieurs minutes, il avait suffit de quelques secondes pour que sa silhouette soit remplacée par celle d’une chouette. Profitant de l’espace laissé par son corps, elle vola prestement loin des ombres, sa tête encore un peu lourde mais soulagée de respirer encore pleinement à nouveau.

Elle qui avait cru n’avoir plus rien à perdre devait pourtant avouer n’avoir eu aucune envie d’y laisser des plumes. En colère, elle laissa échapper un cri strident avant de changer de trajectoire. Ce revirement la conduisait en direction de celui qui commandait les Ombres, qu’elle voyait tout aussi bien – même dans l’obscurité – en chouette qu’avec ses yeux de sorcière. Accompagnant Swann, elle fonça droit sur le jeune homme pour lui asséner autant de coups de bec et de serres qu’elle le pouvait, chercher à le blesser au maximum, furieuse, avant de faire à nouveau volte-face pour atterrir dans un coin à l’écart.

Là, elle reprit sa forme normale, de façon tout aussi douloureuse qu’elle l’avait quittée. Il valait mieux si elle voulait rester moins exposée. Échouant sur le sol à quatre pattes et haletante, fatiguée physiquement, aussi bien pour avoir déployé une grande quantité de magie que pour avoir failli finir étranglée l’instant d’avant. Au moins elle n’était pas blessée, elle avait juste besoin d’un instant de répit. Appuyée au mur pour se soutenir, son regard circulait dans la salle, surveillant le Maître des Ombres et cherchant à ne plus se laisser prendre au piège par ses capricieuses « amies ». Elle ne se ferait pas avoir deux fois, et il allait payer pour ça… Oh que oui, le temps qu’elle reprenne ses forces et il regretterait amèrement son mauvais tour…


Orpheos


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Orpheos regarda les deux couteaux de la Dragmire d’en face se planter dans le mur. A quoi pensait-elle ? Le lancer s’était-il fait au hasard dans les ténèbres ? Non... elle paraissait y voir un peu trop clair.

-Nous sommes des Dragmires, Maîtres du Désert. Dames de l'Ombre et de la Flamme. Qui crois-tu impressionner, avec tes tours de passe-passe ?

Des tours de passe-passe ? Comme c’était insultant… Insultant non pas pour Orpheos, mais pour "elles"…

-Sais-tu seulement à qui tu as à faire... ?

-Et toi, le sais-tu ? répondit un écho de voix féminine, froide comme la mort.

La fille du trône ne parut nullement effrayée. D’ailleurs, elle se décida enfin d’avancer vers Orpheos… Elle paraissait blessée à l’abdomen ou au flanc, mais nul doute que cette guerrière aurait avancé beaucoup plus vite si le dommage n’avait pas été important. Lui, il devait en tirer profit.

Tandis que la sorcière était encore aux prises avec les Ombres, Orpheos fit un bond en arrière pour se préparer à l’attaque de sa comparse… au moment même où celle-ci claqua des doigts. Une lame acérée tomba du plafond juste devant lui lorsqu’il eut terminé son saut. C’était moins une.
Mais le piège suffit à le déconcentrer une seconde, et il ne prit pas garde à la chouette qui fila droit vers lui en même temps que la guerrière blessée. En se baissant, Orpheos esquiva tout juste l’énorme épée de l’amazone -en y laissant quelques mèches de ses longs cheveux- mais reçut les coups de serres et de bec de la sorcière grimée en oiseau.

Orpheos prit automatiquement la fuite, les bras griffés et le vêtement troué par endroits, pour aller se jucher sur le trône. Les deux pieds sur les manches du siège, il resta concentré sur ses deux ennemies sans réaliser la présence des deux fils de fer accrochés sous ses bottes. La sorcière était revenue à son état humain, mais elle s’était essoufflée… Venait-elle de consommer trop de magie ? Ou bien les Ombres avaient-elles une si puissante emprise pour l’épuiser ?

Le Sheikah sentit l’air frémir. Les Ombres attendaient, et aucun des trois n’avait encore été sérieusement blessé…
Il devait agir sans plus attendre. Sinon…


L'homme à la lyre leva de nouveau le bras. Sans laisser de répit, les forces présentes dans la salle s’agitèrent. Des bruissements, halètements, et même de lourds grondements se firent entendre. Elles arrivaient…

Le poing d’Orpheos se resserra encore sur lui-même, et les esprits des Ténèbres fondirent une seconde fois sur la sorcière époumonée… ainsi que sur son amie diminuée. Le chancelier ne resta toutefois pas inactif et lança une dague sur la combattante à l'épée, en guise de diversion, avant de s’apprêter à récupérer l’un des deux couteaux qu’elle avait lancés plus tôt.

Armé de la sorte, il aurait alors l’opportunité de tuer soit l’une, soit l’autre.
Mais elles devraient se démener plus que cela pour vaincre le maître des Ombres.


Swann

Cygne Noir

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(vide)

L'homme avait évité ses attaques, mais pas celles de Songe transformées en chouette. Les dégâts n'en  étaient pas conséquents pour autant et il avait pu fuir et rejoindre le trône au pas de course, sous les yeux haineux de la Fille de Ganondorf. Le regard noir comme jamais, elle observait ses gestes, sa démarche, sa façon de bouger en somme, de sorte à l'enregistrer et à prévoir ses prochains mouvements. Sûre d'elle, elle ne bougeait pas d'un pouce, l'épée retombée le long de la jambe. Aucun des trois lascars ne parvenaient à faire la différence pour le moment, et si Swann avait bien la volonté de prendre des risques, elle ne pouvait pas se le permettre. Sa blessure au flanc pissait encore le sang, et elle s'en serait probablement déjà vidée sans les bandages. Elle jeta un coup d’œil vers Songe ; elle était intacte. Alors elle regarda Orpheos, et attendit son prochain geste.

Malgré son déficit de forces, malgré les blessures et les courbatures, la femme se tenait droite et extrêmement confiante. Même lorsque les ombres fondirent sur elle, elle resta de marbre. Elle devait le surprendre. Elle devait lui montrer qu'elle aussi savait utiliser le monde des ombres à son avantage et ce qui avait fait d'elle cet assassin si redoutable. « Pour toi, ce sera gratuit, cette fois », dit une voix dans son esprit. Le Cygne Noir esquissa un sourire moqueur à cette réplique ; si elle mourrait, Kelya devrait se trouver quelqu'un d'aussi talentueux et obscur qu'elle, et ça c'était pas gagné. La Maîtresse des Ombres était obligé de lui venir en aide si elle voulait s'épargner pareil calvaire.

Les ombres se refermèrent sur elle. Au même moment, elle se fit avaler, aspirée dans le sol par une ombre dont le Chancelier devait ignorer jusqu'à même l'existence avant cet instant précis. Swann venait de passer ailleurs, dans un autre univers ; elle était invisible. Il ne ressemblait en rien au monde "réel", car il était plus obscur, et l'atmosphère de cet endroit était lourde par son silence. Toujours immobile, elle espérait avoir réussi à le déstabiliser. Peut-être même croyait-il l'avoir tué, qui sait ? Ou pas... la dague qu'il avait lancé et qui avait traversé les ombres sans atteindre sa cible devait lui avoir fait comprendre qu'il ne l'avait pas eu.

Swann le vit courir vers les deux couteaux qu'elle avait planté dans le mur. Aussitôt, elle se déplaça et regagna son trône. Les ombres la recrachèrent alors, et elle se fit visible de nouveau. Contrairement au moment de l'attaque de la forteresse, il y avait deux semaines, elle n'était pas essoufflée. Elle n'avait pas utiliser le pouvoir extrêmement longtemps contrairement à la dernière fois. Elle s'arma d'une de ses cartes de magie, puis regarda le Chancelier. Et au moment où il posa la main sur l'un de ses couteaux, elle déclencha son sort.
Un simple éclair jaillit de la carte de papier, soudainement ; projeté sur le fil de fer, il ne tarda pas à remonter jusqu'au couteau pour électrocuter légèrement le jeune homme. Le sort n'avait rien de terrible, mais il savait se montrer efficace pour déstabiliser l'adversaire pendant une seconde. Cette seconde si précieuse qui pouvait s'avérer fatale lors d'un combat... Et elle allait maintenant voir si sa sœur saurait en profiter pleinement.


Songe Tristenuit


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Le Froid se resserrait autour d’eux. Elle ne pouvait pas les voir mais elle sentait toujours leur présence. Elle avait beau avoir une vision parfaite de la pièce et du jeune homme, ses amies étaient fondues dans l’obscurité en elle-même. Même si elle n’arrivait pas à les localiser, elle se doutait bien qu’il n’allait pas se priver de faire de nouveau appel à elle. Encore plus avec cette impression qu’elle avait que les ombres le commandaient tout autant qu’il ne leur donnait ses ordres, si pas plus. Rien n’était gratuit en ce monde.

Son bras avait quitté le mur et sa main s’était refermée contre l’autre, comme si elle venait de ramasser un trésor qu’elle souhaitait protéger. Elle n’avait pas longtemps eu besoin d’un soutien, mais à bout de souffle elle aurait été incapable d’enchaîner directement en repartant à l’assaut sur le Maître des Ombres. Se ruer sans prendre le temps de reprendre son souffle et rassembler ses forces l’aurait mise en difficulté, et elle n’ignorait pas que la vengeance puisse être un plat qui se mangeait froid. Même si elle n’avait jamais aimé le laisser trop refroidir. Elle devinait cependant qu’il était trop tard et qu’il allait lancer à nouveau sa puissance sur elles, si elle se jetait sur lui dès à présent, elle n’était même pas sûre d’arriver à l’atteindre.

Si elle avait déjà récupéré la maîtrise de ses pouvoirs depuis un moment, elle reprenait tout juste son souffle suite à son presque-étranglement lorsqu’elle aperçut le jeune homme qui refermait le poing. Elle sentit, tout comme la première fois, que les ténèbres se rassemblaient autour d’elle. Exactement la même sensation, celle à laquelle elle s’était attendue. Concentrée, elle n’eut pas le temps de vérifier comment s’en tirait sa Sœur Dragmire, ni même si elle était visée aussi. Elle n’eut pas longtemps non plus le temps de se sentir vexée qu’il ait pu penser qu’elle se laisserait piéger une seconde fois sans réagir. Continuant de serrer ses mains l’une contre l’autre, elle attendit patiemment que les ombres se rapprochent et se pressent autour d’elle. Elle ne patienta cependant pas jusqu’à ce qu’il soit trop tard au risque de perdre totalement la capacité de ses mouvements.

Lorsqu’elle sentit qu’elle allait manquer d’air, et que les Ombres étaient assez proches, elle ouvrit grand ses mains. Une lueur éblouissante en jaillit, tel le reflet qu’aurait eu la lune sur un miroir si tant est qu’il y ait eu une fenêtre pour la mener jusqu’à cette pièce. Il ne s’agissait pas de lumière, pas plus qu’il ne s’agissait d’un miroir ou d’un véritable rayon de lune. Mais c’en était une copie, elle avait rassemblé tous ses souvenirs, tout ce qu’elle avait put voir de lumière pour reproduire et concentrer dans ses mains ce reflet amplifié tiré de son esprit.

Elle ne faisait pas partie de ces magiciens élémentaires de pacotille. Elle ne maîtrisait pas les éléments et elle n’en avait aucun besoin. Sa magie à elle était bien plus noble à ses yeux, elle créait, elle détruisait, elle tordait le réel. Elle n’avait que mépris pour ceux qui étaient obligés d’utiliser les forces de la nature à défaut de pouvoir s’y opposer et puiser la magie en eux-mêmes.

Il s’agissait toutefois d’une illusion, d’un faux miroir reflétant le fantôme d’une lumière née de son esprit et qui n’avait pas la force d’un vrai rayon. Elle n’eut donc pas besoin de la maintenir longtemps, c’était seulement un leurre et elle n’avait aucune raison d’y insuffler ses forces plus longtemps. Si la surprise fonctionna et que les ombres reculèrent, lui laissant un instant de répit et le champ libre, elle savait que ça n’allait pas durer. Ses yeux parcoururent la salle rapidement, lui offrant à sa grande joie le spectacle du jeune homme qui lui avait tourné le dos pour aller récupérer les couteaux de Swann. Il avait si peu de considération pour elle qu’il se permettait de baisser à ce point sa vigilance.

Elle savait qu’elle devait agir rapidement et ses gestes furent vifs en conséquence. Il ne lui fallut pas longtemps pour sortir son épée et courir rejoindre son adversaire. Il était temps de verser le sang. Arrivée à moins d’un mètre de lui, le tenant presque à portée de son épée, elle faillit pousser un juron en sentant sa jambe se faire attraper et compresser comme si elle venait de la coincer dans une porte. C’était injuste ! Les Ombres ne pouvaient pas l’avoir rejoindre si vite, pas juste maintenant ! Elles ne semblaient guère apprécier le mauvais tour qui leur avait été joué, et elle les sentit broyer sa jambe au point de lui faire mal. Elle faillit crier quand elle sentit la pression se relâcher. Sans qu’elle comprenne pourquoi, une décharge venait de frapper l’homme qui avait posé la main sur le couteau.

Elle crut à la chance, c’était en fait la présence de son amie qui lui offrait cette ouverture, mais l’essentiel n’en était pas l’origine. Elle parcourut les derniers centimètres qui lui manquaient, serrant les dents en reposant à terre le pied de la jambe compressée, mais son épée s’abattit en direction du Maître des Ombres pour lui entailler le dos, profitant de la diversion créée par Swann. Le coup aurait pu paraître dérisoire à tout épéiste, et elle s’apprêtait déjà à battre en retraite, mais si elle récupérait la moindre goutte de sang elle le ferait souffrir plus qu’avec tous les coups d’épée qu’elle aurait pu porter.


Orpheos


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La Dragmire au teint hâlé venait de se faire avaler par les Ombres… et pourtant, elle était restée de marbre jusqu’à sa fin. Qu’est-ce que ça signifiait ? Pourquoi n’avait-elle eu aucune réaction de défense ou d’attaque ? Orpheos sentait le piège arriver.
Un instant plus tard, de la lumière éclaira brièvement la pièce et il devina que la sorcière repoussait les Ombres. Néanmoins il était trop tard pour elle, il venait de refermer la main sur le couteau de son alliée…

Il s’apprêtait à venir la poignarder, quand soudain, une petite décharge parcourut l’acier de l’arme.


-Argh !


La main d’Orpheos resta paralysée sur le couteau, comme aimantée par le métal électrifié. Puis il put lâcher prise, et dans le noir, distinguer la guerrière qui avait disparu se tenir de nouveau sur le trône. A cet instant, Orpheos comprit le piège.
Celui-ci se retourna à temps pour bloquer l’épée de la sorcière entre ses deux mains, juste avant que le fil de la lame ne lui fende le crâne. Dans le feu de l’action, la lyre dorée du musicien s’était écrasée au sol dans un bruit cristallin.


-Faible…

Orpheos tressaillit. Elles venaient !
Dans un grognement, le Sheikah repoussa l’épée qu’il tenaillait entre ses mains. Du sang s’écoula sur ses poignets ainsi que sur l’acier qu’il retenait de ses doigts, et à la lueur qu’il distingua dans les yeux de la jeune fille, il sut que c’était trop tard. Son sang venait d’être prélevé. Il devait à tout prix lui prendre quelque chose en retour !


-Quelqu’un doit payer…

-Le prix du sang versé.

Des voix clairement audibles et profondes faisaient presque frémir l’air. Les tambours étaient revenus hanter la pièce.
Orpheos sentit son corps s’affaiblir, sa vue s’obscurcir, et sa gorge étouffer. Les tambours se firent plus tonitruants. Elles étaient en train de se refermer sur lui pour envahir tout son être, afin de l’emporter avec elles.


-…Guh…


Orpheos relâcha finalement son emprise sur l’épée de son ennemie, qui lui entailla passablement le torse de haut en bas, afin de refermer sa main droite sur la longue chevelure blanche qui s’offrait à lui. Il lui arracha alors une mèche entière de cheveux sans hésiter, tandis que tout son corps fut soumis à une incroyable pression venue de l’au-delà. Un instant plus tard, sa main gauche vint reprendre in extremis la lyre dorée.

-Le temps est écoulé !

-Non… suffoqua Orpheos.

Les précieux cheveux entre ses doigts, Orpheos pointa un index tremblant vers le trône.


-Prenez-la…

Des éclats de rire rugirent et retentirent contre les murs, puis, la pression se relâcha d’un seul coup sur Orpheos. Son corps continua de trembloter… et il eut la sensation de voir moins bien dans le noir que précédemment. Le chancelier se dépêcha néanmoins de nouer les cheveux blancs de son ennemie autour des cordes de sa lyre, tandis que cette dernière recueillait allègrement son propre sang.

Pendant ce temps, les Ombres fondirent ensemble vers le trône… Attaquant non seulement la femme blessée au flanc à coups de griffes invisibles, mais venant s’occuper de la Gérudo qu’elle avait délaissée durant la totalité du combat. Celle-là même qui se cachait depuis le début derrière le grand siège.
L’amazone s’en rendit-elle compte ? Mais dans son dos, tout se passa très vite : la langue de sa servante fut aussitôt arrachée par un être invisible pour l’empêcher de crier, puis ses jambes se relevèrent toutes seules. Tels des marionnettistes, les esprits des Ténèbres contrôlèrent chaque membre du corps de la Gérudo, réduite au rôle de pantin condamné à exécuter leurs ordres… pour tuer ou mourir. Et payer le prix du sang exigé.

Dorénavant manipulée contre son gré, la guerrière aux cheveux roux tira son cimeterre de sa ceinture en cuir. Et en silence, sans pouvoir pousser un seul cri pour avertir son amie que d’autres Ombres occupaient, elle se jeta sur celle-ci. Prête à la pourfendre de son arme, elle effectua d’abord une attaque horizontale, suivi d’un coup d’estoc en direction de la blessure de sa maîtresse…


De l’autre côté de la salle, Orpheos commença à rejouer sur les cordes de sa lyre où s’entremêlaient les cheveux immaculés. La musique emplit toute la pièce en accompagnant sinistrement les rires des Ombres. Des copies de lui-même durent alors apparaître aux yeux de son opposante, et Orpheos se déplaça pour tenter de se fondre parmi elles. Est-ce que cela fonctionnerait ? Il n’en était pas certain. Ce tour de passe-passe n’était qu’à but défensif, et il sentait qu’un sortilège allait s’abattre sur lui. Si son intuition lui disant qu’elle pouvait user de son sang était juste, il ne pourrait dès lors pas attaquer frontalement la magicienne.

Les Ombres s’étaient calmées avec le sacrifice programmé de la servante Gérudo… mais pour combien de temps ? Jusqu’à quand Orpheos serait-il assuré qu’elles ne reviennent pas lui demander sa vie en échange de leurs pouvoirs ? Il fallait que cette servante dure le plus longtemps possible contre la guerrière au trône. Sans compter qu’avec le sort qu’il subirait très bientôt, il devait séparer les deux Dragmires coûte que coûte.

Surtout que dans les ténèbres, la vision du Sheikah peinait désormais à se frayer un chemin…


Swann

Championne d'Aegis

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L'homme à la lyre devait s'en douter, mais il était en bien mauvaise posture. Alors que la décharge électrique avait fais gagner une précieuse seconde à Songe pour recueillir un peu de sang de leur adversaire, Swann observait, passive, cette scène, avec une mine concentrée. Si elle était à peu près sûre que l'affrontement tournait en leur faveur, elle ne savait pas encore comment il allait se terminer. A deux contre un, les dragmires avaient clairement l'avantage, de prime abord parce que le Chancelier se dispersait clairement en essayant de gérer deux adversaire à la fois, mais aussi parce qu'il s'épuisait bien plus qu'elles. Perdre dans ces conditions serait... insultant. Et honteux. La Belle n'imaginait pas qu'il puisse lui arriver pire que lors de son affrontement au vallon ; et elle se trompait là encore.

Son erreur fut de ne pas prêter attention aux tambours et aux rires qui venaient de reprendre, ne voyant en ça qu'une stupide farce, une illusion créé pour donner des frayeurs. C'est là qu'elle les sentit enfin, ces ombres, ces choses plus que vivantes qui étaient tout à fait indépendantes du guerrier. Le lien avec Orpheos n'était pas clair pour la Fille de Ganondorf ; mais elle comprenait qu'il était loin d'être le dominant dans le couple. Elle avait l'impression de se revoir, avec Kelya, la Maîtresse des Ombres. Le même pacte les reliait, mais il n'en portait pas les mêmes clauses.
Elle ouvrit grand ses yeux lorsqu'une première griffe lui lacéra l'avant-bras droit ; jusque là toute détendue et sûre de son fait, elle venait de se raidir sous l'assaut. La jeune femme au vingt-sept printemps se défendit comme elle le put contre ses adversaires presque invisibles qui l'assaillaient de toute part dans ce brouhaha ambiant, chaque coup de tambour s'accompagnant d'un déchirement d'un de ses vêtements. Aveugle, sa lame fendit l'air, tranchant ces mains de l'ombre les unes après les autres, sans comprendre totalement comment elle parvenait à arriver à repousser ces créatures de l'autre-monde.

C'est alors qu'elle sentit l'air s'agiter juste derrière elle. Se retournant alors, Swann para d'un bien beau réflexe la lame qui fendait les ténèbres dans sa direction, à l'horizontale. Le claquement de l'ivoire contre le fer se fit entendre, et là elle découvrit son assaillante. « Mais qu'est-ce... », commença-t-elle avant de se laisser couper sous le coup de la surprise. La pointe du cimeterre venait de pénétrer le bandage ; elle avait pliée en deux, sous la douleur. Abasourdie par l'attaque et sa provenance, parce qu'elle n'aurait pas imaginer une telle chose se produire. Sa propre servante, qui avait à peine vu passer seize étés de ses yeux, l'assaillir ? Cela n'avait aucun sens. Et si elle avait voulu la tuer, elle l'aurait fais bien avant tous ces combats, lorsqu'elle dormait lors de rares nuits.

La chance qu'elle eut fut que la conception du cimeterre ne soit pas adaptée aux coups d'estoc, auquel cas elle n'aurait pu se ressaisir. Ses yeux d'abord noirs et débordants de haine se mirent à briller d'un bleu azur agressif dans les ténèbres, puis sa main agrippa celle de sa servante tenant le manche du cimeterre. Doucement, son regard se leva ; elle vit alors ces mêmes mains griffues qui l'avaient agressées quelques secondes auparavant qui chopaient chaque membre de la rouquine. Les Ombres utilisaient ses propres alliées pour tenter d'en finir avec elle. D'accord. Mais que diable, pourquoi l'enfant n'avait pas signaler cet assaut soudain ?

L'azur remonta plus haut, assez pour qu'il aperçoive malgré la pénombre le sang qui coulait de la bouche de la servante, toujours dans cette ambiance sonore horripilante et désagréable. Moqueuses et joueuses, les Ombres continuaient leur boucan infernal de rires qui trouvaient à présent écho aux oreilles de la dragmire. Un haut-le-cœur plus tard, l'hylienne se redressa, poussa la main de sa servante pour que le cimeterre se retire de sa plaie, puis fit trois pas en arrière rapides pour se mettre à distance. Et c'est là qu'elle vit ce que le Chancelier ou les Ombres n'auraient jamais dû laisser la laisser voir : des larmes. Chaudes, elles perlaient le long des joues de la gérudo. Etait-ce dû à la douleur insoutenable d'une langue arrachées ou bien était-ce cette peur qu'elle avait de celle qui l'avaient transformées en marionnette ? Ou bien peut-être la peur de subir le châtiment de Mort de la part du Cygne Noir ? Il y avait des tas de raisons valables pour que les gouttes scintillent sur son visage si innocent, et quelle qu'elle soit, Swann ne supporta pas cette vision.

Son teint vira à un pèle-mêle de gris et de vert assez pâle, tandis qu'en même temps se dessinèrent d'étranges symboles brillants par les flammes. Son doux visage devint plus ferme, et deux pointes se firent bientôt visibles sur son front. Bien vite, elles poussèrent, encore et encore, jusqu'à atteindre la taille de celles d'une véritable taureau, capable d'embrocher un adversaire d'un simple coup de tête, ou bien de lui exploser la cage thoracique, les côtes et les poumons avec. Enfin dans son dos poussa une longue queue reptilienne dont le bout et une bonne moitié se vit allumée d'une ardente flamme aussitôt qu'elle eut fini de pousser entièrement. Les Larmes arrachèrent les bribes de chemise et de pantalon noir qui pendaient lamentablement - sans qu'elle ne se retrouve sans couverture sur les parties intimes, cela va sans dire ! -, ensuite de quoi son regard azur et impassible se posa sur la jeune adolescente et les Ombres, à présent bien éclairée par la lumière qu'elle dégageait de son propre corps et donc parfaitement visibles.


[ http://www.deviantart.com/art/Fire-Nymph-184066498 ]


Quel fardeau que celui de devoir porter les larmes de tout un clan, et pourtant... c'était elle qui s'était ainsi désigner pour cette tâche. Et si la femme du désert désormais muette ne faisait pas pour autant partie du Trône, ça ne lui importait guère ; elle était dans son camp et c'était tout ce qui importait. Et ça suffisait à donner des frissons au Cygne Noir, assez pour qu'il soit frappé d'une presque folie vengeresse.
Une larme de feu coula le long de sa joue gauche. Sans perdre un instant, elle l'attrapa, puis elle tira dessus longuement jusqu'à ce qu'elle eut finit de l'arracher. Le petit file de feu d'à peine la moitié d'un mètre se mit à grandir, lentement et inexorablement. « Maintenant, tu vas comprendre ce que signifie affronter un Dragmire dans sa propre maison. » Elle frappa le sol avec sa nouvelle arme comme s'il s'agissait d'un fouet - ce qui n'était pas tout à fait faux, sans être vrai pour autant. Le claquement fit frémir les êtres de ténèbres, leurs rires semblaient moins forts ou fréquent que durant toute la première partie de ce combat. Plusieurs fois elle fit le même geste, claquant son arme sur le sol de pierre pour y déposer de petites flammèches qui restaient allumées là, repoussant chacune un peu plus l'obscurité. Les dragmires n'étaient pas que les Maîtres de l'Ombre : tout comme leur Seigneur, ils étaient ceux de la Flamme également, et peut-être qu'Orphéos avait oublié ce léger détail.

Swann leva le bras tenant le fil, la main toujours couchée vers le sol. Puis son doigt se raidit, puis le fil à peine tenu fila droit en direction de la gérudo, comme s'il était guidé mentalement. Il s'enroula bien vite autours de l'adolescente, en faisant bien le tour pour prendre bien soin de brûler et repousser les Ombre au passage, puis elle l'amena jusque dans les bras de sa maîtresse. Encore en pleure, elle cacha son visage dégoulinant de sang dans la poitrine du Cygne Noir, qui ne tarda pas pour déposer un baiser sur son front. « Pauvre enfant... Il paiera le prix pour cette atrocité », souffla-t-elle dans un murmure, avant de lâcher prise. Sa voix n'avait toujours pas changée malgré cette totale transformation et résonnait toujours avec autant de douceur et d'affection qu'elle pouvait en avoir pour ceux qu'elle voyait faibles, et vulnérables.

Une seconde larme de feu vint couler le long de son oeil droit cette fois. L'épée-émaille s'évapora pour lui laisser la main libre et lui permettre d'attraper ce second fil comme pour le premier. Plus sauvage, celui-ci se tordait dans tous les sens, comme un animal indomptable. Il frappait le sol, le plafond, les parois, sans raison apparente et en lâchant à chaque coup de petites flammes qui venaient éclairer encore un peu plus la grande salle. On eut dit deux serpents de feu - d'ailleurs les bouts semblèrent en prendre la forme - qui se dirigeaient vers leur proie, prêts à lui sauter dessus. L'un deux partit le premier pour frapper la jambe du jeune homme, tandis que le second revint vers sa Maîtresse et la jeune gérudo pour guetter les Ombres. Si la lumière les avait repoussé, rien ne disait qu'elles avaient pour autant disparu, et mieux valait rester méfiante à leur égard...


Songe Tristenuit


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Elle craignit un instant d’avoir manqué sa chance lorsque le jeune homme se retourna. Mais quelle échappatoire avait-il après tout ? Ni armure ni bouclier. En un sens il s’était jeté dans la bataille sans prendre de précautions. Il devait tout comme elle préférer la liberté de mouvements à ces lourdes couches de fer et la protection qu’elles apportaient, mais il y avait des risques qui allaient avec. Elle ne toucha pas son dos, mais c’était sans importance, car ce furent ses mains qui finirent ensanglantées sur la lame de son épée.

Elle contint son euphorie comme elle le pouvait, mais nul doute que ses yeux durent briller d’une lueur malicieuse. Elle sentit qu’il savait aussi bien qu’elle l’emprise qu’elle venait de gagner sur lui. Elle n’avait pas cherché à le blesser particulièrement de son épée, une fois ce sang en sa possession elle connaissait bien pire, et elle en aurait largement assez au vu du liquide rouge qui maculait la lame.

Il sembla toutefois qu’elle avait involontairement déclenché pour lui quelque chose de bien pire, et elle le vit suffoquer alors que les voix et tambours reprenaient. Cette fois ce n’était pas pour elle, et elle se délecta de voir le Maître des Ombres pris à son propre jeu. Elle-même avait joué et perdu, c’était injuste si d’autres n’étaient pas punis à leur tour.

Distraite par le spectacle, elle crut que c'était par dépit que le jeune homme lâchait la lame, la laissant lui entailler le torse et en recueillir d'autant plus de sang avant de ramener la lame vers elle. Elle eut toutefois la désagréable surprise de se faire chiper une mèche de cheveux. Outre la douleur liée aux cheveux arrachés, elle pesta en sachant qu'à défaut d'être aussi efficace que le sang, ses cheveux offriraient aussi des possibilités à son ennemi. Elle ignorait s'ils avaient toujours la même efficacité, corrompus par un Esprit comme ils l'avaient été, mais dans le doute elle préférait considérer que oui et rester sur ses gardes.

Toujours aux prises avec les Ombres malgré tout, le jeune homme trouva toutefois une solution de secours, et elle l’entendit désigner une nouvelle cible aux ombres. Elle n’eut pas besoin de se tourner pour se rappeler de l’autre présence qu’elle avait remarquée dans la pièce. Il ne prenait plus le risque de s’attaquer à elles deux et provoquer le courroux de ses chères amies, à la place il allait leur livrer une innocente.

« Je me suis trompée lors de notre rencontre. Moi qui ai cru un instant que tu avais les mains propres... Elles sont sales et resteront à jamais tâchées du sang d’une innocente. »

Elle ne connaissait guère la victime des Ombres, ni ses liens avec Swann. Elle ne se préoccupa donc pas plus longtemps de la jeune fille, laissant à sa sœur Dragmire le soin de gérer la situation, elle lui avait déjà montré qu'elle disposait de bonnes ressources. Son rôle à elle était tout autre, et glissant un doigt sur sa lame elle se délectait d'avance à l'idée de punir dignement celui qui avait osé envoyer les Ombres sur elle.

Restant donc concentrée sur son ennemi, elle le vit se démultiplier et fut bientôt entourée par de nombreuses copies. Nul doute que ses yeux lui jouaient des tours, et sa mèche de cheveux perdue n'y était sans doute pas étrangère, tout comme la mélodie qui résonnait autour d'elle. Quelle importance ? Son Sang ne pouvait se tromper, et un seul souffrirait du petit cadeau qu'elle allait lui offrir. Mais toute la question était-là : quel serait son présent pour l'insolent ?
Elle remarqua vite que ce dernier ne semblait pas prêt à passer à l'offensive, mais elle ne pourrait pas se questionner indéfiniment, même si elle sentait la tension dans l'air et son attente. Elle avait nombre de choix dont tellement lui semblaient si savoureux... Elle allait lui offrir une petite entrée avant de passer au plat de résistance.


« Est-ce que c'est la première âme que tu sacrifies pour la tienne ? »

Elle ne s'attendait pas à une réponse du Maître des Ombres. Il n'allait tout de même pas lui indiquer sa position. Mais elle voulait garder son attention sur elle, le maintenir en éveil.

« Tu as des scrupules pour ça ? Ou même pas ? »

Lentement dans son dos, la lame de guillotine tombée un peu plus tôt sur une manœuvre de Swann se leva en l'air. Le doigt de Songe se leva pour laisser tomber une goutte du précieux sang. La goutte n'eut pas le temps d'attendre le sol avant de se faire compresser sur elle-même, ce qui ne devait pas être fatal pour le jeune homme. Elle gardait la plus grande part de sang pour la suite, mais espérait lui transmettre ainsi une petite douleur suffisante pour obtenir un petit indice de sa position : un frémissement, un léger bruit, … Elle crut sentir l'un de ses signes d'un côté et s'empressa d'y lancer la guillotine qui fendit l'air en direction de l'endroit où lui semblait se trouver l'original.

Elle sentit alors la chaleur monter autour d'eux tout en entendant la voix de Swann qui s'élevait derrière elle. Elle sut alors quel serait l'encas magistral qu'elle allait lui offrir et ses lèvres se fendirent en un sourire mauvais. Elle repassa doucement la main sur la lame de l'épée, la couvrant de sang sans en retirer l'ensemble de la lame. Le reste de son déploiement de magie fut invisible. C'est par l'esprit qu'elle établit la liaison. Nul besoin d'exposer au feu une goutte de sang, c'était pour les débutants, pas plus qu'il ne lui fallait une poupée comme certains charlatans. Pour sa part, elle liait la chaleur du feu, source d'énergie, au sang qu'elle avait en sa possession, qui était en adéquation exacte avec celui qui coulait encore dans ses veines, faisant ainsi le transfert d'énergie jusqu'à lui aussi. Doucement, le jeune homme dut sentir un changement en lui, son sang commençait à chauffer.
Le sortilège allait prendre un peu de temps à démarrer. Pour l'instant il devait sentir seulement un dérangement, en comprendrait-il l'origine ? Mais il ne faudrait pas longtemps pour que son sang se mettrait à bouillonner dans son corps, et elle n'imaginait pas vraiment que son corps puisse tenir un tel changement de température. S'il la dérangeait il ne pourrait que gagner du temps, il devait éteindre les flammes s'il voulait stopper la liaison.


Orpheos


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Protégé qu’il était par ses illusions et ses ténébreuses alliées, Orpheos ne se sentit pas en sécurité pour autant. La fille aux cheveux blancs observait tout autour d’elle d’un air mauvais, pendant que l’autre s’écartait de sa servante après qu’elle l’eut touchée. La Gérudo pleurait… mais le cœur d’Orpheos ne s’ouvrait pas à la souffrance ennemie.

-Je me suis trompée lors de notre rencontre, déclara la magicienne. Moi qui ai cru un instant que tu avais les mains propres... Elles sont sales et resteront à jamais tâchées du sang d’une innocente.

Toutes les copies d’Orpheos la regardèrent du même œil : froid et déterminé. Il était un Sheikah. Et les Sheikah étaient le peuple dont l’histoire s’écrivait depuis toujours avec le sang. Le chancelier ne dérogeait pas à la règle, et pour servir la dernière représentante d’une famille royale en péril, il serait prêt à tout.

-Est-ce que c'est la première âme que tu sacrifies pour la tienne ? Tu as des scrupules pour ça ? Ou même pas ?

Aucun, pensa le musicien. Le massacre, le sacrifice de soi ou des autres, c’étaient de sombres choses qu’il n’avait plus peur d’affronter depuis longtemps.

Le regard émeraude du jeune homme se posa sur l’épée maculée de son propre sang… puis sur la guillotine qui se leva par magie dans les airs, mue par la pensée de la fille dont le doigt était tendu vers le plafond, et d’où une goutte de sang perla…
La douleur le saisit sans prévenir. Dès lors que son hémoglobine chut vers le sol, l’homme à la lyre se recroquevilla sur lui-même durant un court instant, juste quand la guillotine traversa la salle pour venir se planter à tout juste un mètre de lui. Il avait eu chaud… la fille avait dû le repérer au faible gémissement qu’il avait poussé, et ne l’avait raté qu’à quelques décimètres près.

Du coin de l’œil, il surveilla ce qui se passait de l’autre côté et crut se figer sur place. L’autre ne s’occupait plus des Ombres… Elle se transformait. Sa peau, ses yeux, son corps entier, tout chez elle était en train de se métamorphoser. Quand Orpheos vit des cornes lui pousser sur le front, il comprit qu’il devrait agir très vite. Le Sheikah dirigea alors sa main libre vers la Gérudo muette, pendant que sa maîtresse en pleine transformation ne prêtait pas attention à ce qui se passait autour d’elle.


-Je veux cette lame.

Le timbre calme mais la voix pleine d’autorité, c’était ce que les Ombres appréciaient d’entendre chez leur maître-pantin. Le cimeterre de la Gérudo quitta dès lors sa main pour s’envoler tout seul dans les airs, avant d’atterrir dans celle d’Orpheos.
Le chancelier se déplaça immédiatement en prenant soin de rendre cette lame invisible aux yeux de la fille aux cheveux blancs. Mieux valait ne pas lui donner sa position.

Silencieux, il se plaça non loin de la porte d’entrée, et tout comme venait de le faire son opposante, Orpheos recueillit à pleins doigts le sang qui se trouvait sur la lame : celui de Swann, mêlé à celui de la Gérudo qui avait coulé de sa bouche jusque sur son arme. Puis il les porta sur les cordes de sa lyre, joua quelques notes, et referma son emprise sur les deux alliées.


-Maintenant, tu vas comprendre ce que signifie affronter un Dragmire dans sa propre maison.


Orpheos la contempla. Etait-elle devenue mi femme-mi dragon ? Un pouvoir incommensurable émanait d’elle… celui de l’ombre et de la flamme. Un pouvoir qui avait dû lui être offert par le monarque du désert.
Elle tenait deux fils de flammes au bout de ses doigts rougeâtres. Son épée s’était évaporée, et la Gérudo avait été libérée de l’emprise des Ombres grâce au feu… Elle se tenait maintenant à l’abri de celles-ci car collée à sa maîtresse. Voilà qui devenait problématique.

Les fils de feu répandaient leur lumière un peu partout dans la salle, repoussant les Ombres à chaque fois un peu plus. On pouvait désormais distinguer leur projection sur les murs. Elles étaient des êtres invisibles, mais leurs ombres rôdaient toujours sur les parois pour signaler leur présence. La plupart avaient forme humaine, munies de griffes… d’autres ressemblaient davantage à des monstres. Cette femme les avait surprises… mais si elle pensait les effrayer, elle se trompait. En les défiant par le feu, elle ne faisait que provoquer leur énervement grandissant.


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Après un silence, les tambours reprirent d’un rythme tribal, et les Ombres aux murs dansèrent autour des flammes en attendant l’occasion de fondre sur une de leurs proies. Celle d’Orpheos devait vagabonder parmi elles, comme devenue sauvage.

Le sans-ombre lui-même rôdait autour des amazones avec la démarche d’un animal, prenant soin de ne faire aucun bruit, et d’éviter le fil de feu qui se tordait dans toutes les directions. Il sentait son sang s’échauffer… excitation ou sortilège, il n’en savait pas la provenance mais cela le faisait sentir plus agressif.

La dame du feu était déjà sous le joug de sa lyre enchantée, et le musicien s’était occupé de son cas. Le fil de feu qu’elle venait de lancer ne se dirigeait non pas sur lui, comme elle pensait le voir… mais sur sa comparse, grimée en Orpheos aux yeux du semi-démon. Avec un peu de chance, elle neutraliserait cette jambe de la magicienne après que les Ombres aient broyé l’autre.

Au même moment, toujours invisible aux yeux de ses ennemies, Orpheos darda de son cimeterre le trône resté au fond de la salle. Subitement, le siège se mit alors à léviter comme par magie -mais en réalité on voyait les Ombres au mur le manipuler- pour ensuite s’envoler en fonçant comme un éclair sur la Gérudo et sa maîtresse.

Gagnant du terrain par ce mouvement et avançant un pion, le chancelier partit se mettre là où le trône s’était élevé un instant plus tôt. Aucune ombre ne se trouvait derrière lui, pas même la sienne, mais il pouvait regarder toutes les autres glisser sur les parois… continuant de surveiller celles des trois femmes pour repérer le moment approprié où il passerait à l’attaque.
Sa main se resserra sur le cimeterre Gérudo, prêt à l’utiliser dès que nécessaire, y compris pour se défendre des fils de flammes, même si cela incluait de trahir son invisibilité temporaire. Pour le moment, et logiquement, toutes les trois devaient voir des copies de lui-même partout dans la salle.

Les tambours battaient toujours d’un rythme lent et régulier…
Pendant qu’il lui semblait que son sang devenait anormalement chaud.


Swann

Cygne Noir

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(vide)

Les yeux de la Dragmire refroidirent lorsque sa sœur poussa un gémissement de douleur, la jambe brûlée férocement à cause de sa propre attaque. La femme aux cheveux blancs lui apparurent clairement, l'illusion s'étant dérobée. Que la peste emporte le garçon à la lyre ! La Belle se jeta en avant et exécuta une roulade pour éviter le trône qu'il leur avait envoyé dessus. L'adolescente n'ayant pas cette chance de posséder les mêmes capacités que le Cygne Noir se le prit de plein fouet et tomba au sol, assommée. Swann s'approcha près du corps, restant à ses côtés pour le défendre face aux Ombres parfaitement visibles sur les murs grâce aux flammes qui réchauffaient toute la salle.
Elle observa les copies d'Orpheos un court instant, le regard noirci de haine ; le combat durait trop longtemps à son goût, et il allait falloir trouver un moyen d'accélérer la cadence. D'un geste vif et brusque, elle envoya l'un de ses serpents de feu s'enrouler autour du bout de l'épée de Songe. Le sang brûla, s'évaporant aussitôt. Si une goutte de sang tombant sur le sol avait pu lui faire mal, alors cette attaque serait sans doute très efficace.

Il lui semblait avoir repérer le jeune homme, qu'elle visualisa alors dans son esprit grâce aux fluctuations du vent. Une brève mais évidente silhouette se tenant debout, là, tout près de l'endroit où se trouvait son trône quelques secondes avant. Ni une ni deux, l'un des fils de feu se saisit du siège pour le renvoyer sur le garçon. Aussitôt elle sauta en avant, puis envoya ses deux serpents de feu agripper le garçon ; le mordre, le brûler, le tordre... tout ce qu'ils auraient l'occasion de lui faire. Son regard ne le quittait plus dorénavant, pour ne pas le perdre une nouvelle fois, et ainsi enchaîner les attaques mortelles autant qu'elle le pourrait. Swann allait dépenser toutes ses dernières forces maintenant... car elle savait qu'après elle ne serait plus d'une grande utilité pour la suite des événements. Son rôle dans cette pièce était quasiment fini.


Songe Tristenuit


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(vide)

Elle l’avait raté avec la guillotine qu’elle lui avait aimablement expédiée. Ceci dit, ça n’était pas le plus important. Ce en quoi elle plaçait le plus d’espoir c’était le sang qu’elle détenait et qui allait petit à petit amener celui du jeune homme jusqu’à ébullition. Elle se demandait jusqu’à quelle température il tiendrait…

Toutefois elle fut elle-même surprise par la chaleur en sentant les flammes rencontrer sa jambe et ne put retenir un cri, risquant de peu de lâcher son épée. Il ne lui était pas venu à l’idée de surveiller son alliée ni même qu’elle puisse devenir un potentiel danger, elle avait déjà assez du Maître des Ombres présent en bien trop d’exemplaires à son goût, même s’il se tenait tranquille pour l’instant. Elle n’avait prêté que peu d’attention aux tambours qui reprenaient et au retour des Ombres après le choc de l’apparition des flammes, parce qu’elle avait espéré qu’il serait suffisamment occupé avec Swann, ou du moins ce qu’elle était devenue. Mais qu’est-ce qui lui prenait à elle de l’attaquer elle !? Elle comprit toutefois en la voyant se retourner, et se douta que ce n’était pas de son propre chef même si elle ne savait pas ce qui lui avait valu cet assaut.

Mais au fond, savoir quelle mouche l’avait piquée n’y changerait pas grand-chose, le mal était fait. Songe pesta et recula péniblement jusqu’à un mur pour s’y appuyer, folle de rage, se mordant la lèvre  pour supporter la douleur, la sueur perlant à son front. Elle ne pourrait pas soigner ses jambes avant la fin du combat. Elle devrait endurer tant bien que mal, mais elle ne savait plus vraiment sur quel pied appuyer son poids en attendant. Pas maintenant… Elle se laisserait glisser à terre une fois le combat fini, mais elle devait encore se tenir prête… Tout ce qu’elle pouvait faire dans l’immédiat, c’était se venger et lui faire payer ça…

Un nouveau serpent de feu l’approcha avant qu’elle n’ait eu le temps d’esquisser un geste pour venir achever sa course sur son épée en faisant évaporer le sang qui s’y trouvait. Elle resta un instant interdite devant son épée toute propre avant de la ranger dans son fourreau, devenue inutile. Son alliée était-elle encore possédée ? Pourquoi gaspiller tant de réserves de sang !? Elle ignorait si l’évaporation du sang aurait un effet sur le jeune homme, elle utilisait généralement la magie pour infliger les supplices à partir de cette matière. Certes, elle était en train de lier le sang à celui qui était encore présent dans les veines du jeune homme pour exécuter son sortilège, mais elle n’avait jamais tenté une action physique sur du sang, elle préférait donc ne pas miser là-dessus avant d’avoir vu le résultat.

Heureusement, elle avait encore assez de sang restant sur sa main pour ne pas stopper son enchantement. Et le sang du jeune homme n’allait pas cesser de se réchauffer, oh que non, et ce jusqu’à ce que son corps ne puisse plus le supporter. Voyant son amie qui lançait plusieurs assauts d’affiliée, elle préféra attendre de voir ce qui en ressortirait, attentive aux mouvements qui s’opéraient dans la salle. Elle remarqua cependant les ombres qui continuaient à s’activer autour de la pièce, principalement sur les murs. Elles ne l’avaient plus attaquée depuis un moment, peut-être parce qu’elle avait en sa possession le sang de celui qui les dirigeait. Du moins qui les dirigeait… Sous leurs conditions, il faisait office d’intermédiaire plus que de Maître. Les gagnantes, dans tous les cas, c’était les Ombres. Après tout il n’y avait pas d’attachement sentimental avec le jeune homme, c’était à qui rapporterait le plus… Elle restait cependant méfiante. Elle n’avait aucune envie de crever là, encore moins sans avoir obtenu vengeance pour l’état de ses jambes. Elle tenait à couvrir ses arrières…

« Hey, les Noireaudes, faut qu’on discute. Parlons affaires. J’ai le sang de votre « pote », et j’en ai largement assez, on pourrait peut-être partager. Ça vous donnerait un meilleur ascendant sur lui. Vous ne devez pas aimer de vous faire commander ainsi. Moi je veux juste ma vengeance, vous croyez qu’on peut tirer un arrangement ? »

Elle souffla péniblement, fatiguée de tenir debout même appuyée au mur. Elle espérait bien que de si fines négociatrices joueraient franc jeu et accepteraient de discuter, qu’avaient-elles à perdre dans l’histoire à établir un petit arrangement ? Une main serrée avec force, l’autre couverte de sang… Elle se mordait la lèvre pour éviter de penser à la douleur. De toute façon si tout se passait bien elle n’aurait plus à se faire violence bien longtemps. Le sortilège continuait et elle n’aurait pas voulu être à la place du jeune homme.


Orpheos


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(vide)

Orpheos sentait ses tempes battre au même rythme que les tambours. Pourquoi ? Pourquoi lui semblait-il que son corps se réchauffait encore et encore ? Si ce maléfice continuait, il ne pourrait bientôt plus le supporter.

Les beaux yeux du chancelier étaient moins vivaces, mais assez pour analyser la situation. La magicienne s’était fait brûler la jambe comme prévu, la servante Gérudo gisait au sol après s’être fait frapper par le trône volant, pendant que sa maîtresse foudroyait les illusions d’Orpheos du regard… juste avant d’envoyer un serpent de flammes sur l’épée de son alliée.

Aussitôt la chaleur s’accrut très vite, et Orpheos n’eut le temps d’avoir qu’un seul réflexe : toucher les cordes de sa lyre pour renforcer son illusion en y mettant toute sa force mentale. Puis une fois qu’il fut assuré de le pouvoir, il relâcha toute résistance en se mettant à hurler :


-AAAAAAARGH ! MON CORPS ! MON CORPS VA IMPLOSER !

Orpheos s’effondra et se tordit au sol, semblable à un dément. Il pleurait tant la douleur lui était insupportable. Son sang bouillait ! Toutes ses veines et ses artères gonflaient comme si elles s’apprêtaient à exploser : son corps brûlait véritablement de l’intérieur ! Et il crut qu’on lui marquait sa tête entière au fer blanc ; la douleur lui fendait le crâne !


-Méfiance…
-Tu n’endures pas la pire souffrance.

Les Ombres s’impatientaient alors qu’il avait tendu un piège qu’elles voulaient faire lever. Mais cette douleur était trop atroce ! Orpheos ne pourrait jamais la surmonter.

Fort heureusement, la femme à moitié démon resta prisonnière de son illusion, et n’envoya son trône qu’au mur de la salle. Le siège se fracassa en morceaux juste quand sa propriétaire attaqua dans le vide avec ses serpents de feu, en relâchant finalement l’épée de sa complice. Dès lors, la douleur d’Orpheos décrut.
Cette femme qui croyait avoir discerné sa silhouette durant un court instant, elle qui croyait le détenir sous la morsure de ses serpents alors qu’il se tortillait en réalité juste sous ses yeux aveuglés, ne pouvait même pas non plus l’entendre. Tous les sens de ce demi-monstre restaient prisonniers.
…Pour l’instant.


-Hey, les Noireaudes, faut qu’on discute.

Puisque la douleur faiblissait avec la chaleur, Orpheos perçut la voix de la magicienne à travers ses propres plaintes, qu’elle non plus ne pouvait écouter.


-Parlons affaires. J’ai le sang de votre "pote", et j’en ai largement assez, on pourrait peut-être partager. Ça vous donnerait un meilleur ascendant sur lui.

Les tambours ralentirent et il y’eut comme un souffle dans la pièce.

-Vous ne devez pas aimer de vous faire commander ainsi. Moi je veux juste ma vengeance, vous croyez qu’on peut tirer un arrangement ?

Orpheos rouvrit ses yeux larmoyants : la fille aux cheveux blancs s’appuyait contre le mur, jambes blessées et souffle court. Alors il se souvint du sang qu’elle lui avait prélevé, puis il comprit… C’était elle. Elle qui avait maintenu son corps sous cette température volcanique. Une sorcière. De tous les soldats de Ganondorf, il avait fallu qu’Orpheos tombe sur une sorcière. Et une sorcière qui paraissait trop motivée par le pouvoir des Ombres pour être effrayée par elles… Cela allait leur déplaire.


-Vous les êtres terrestres…
-Agissez toujours pour des raisons futiles.

Le chancelier trembla de longs instants mais parvint à se relever. Déterminé, il observa ses adversaires après avoir séché d’un revers de poignet les larmes qu’il n’avait pu contenir. La femme-démon continuait de martyriser ce qu’elle croyait être Orpheos, en ayant laissé sa servante à portée de main, pendant que les ombres aux murs s’approchaient lentement de la sorcière. Leurs voix firent frissonner leur esclave.

-Néanmoins…
-De vos sentiments, la haine et la vengeance resteront toujours les plus nobles.
-Ce sont d’elles que nous nous nourrissons. En notre Temple gît le vestige de toutes les vies qu’elles ont emportées, siècle après siècle…

Les Ombres se jouaient de cette femme parce qu’Orpheos n’était pas encore battu. Il avait une offrande humaine inconsciente à leur donner, juste à ses pieds, et surtout la maîtrise du combat se trouvait -en cet instant- pleinement entre ses mains. Les Ombres ne servaient que les plus forts et emmenaient les âmes des faibles avec elles.
Orpheos resserra ses doigts autour de la garde du cimeterre qu’il n’avait pas lâchée une seconde, même dans la douleur. Son regard se porta sur la Gérudo, puis sur la femme aux fils de feu, et enfin sur la sorcière… qu’il pointa du doigt.


-Orpheos, dit-il en sachant qu’il ne pouvait être entendu. Viens à moi. Viens à moi et repars quérir son sang.

Le chancelier tendit son bras avec le cimeterre au bout des doigts… qui finit par s’envoler comme le trône l’avait fait. Orpheos conserva un visage de marbre. Parmi les ombres au mur, la sienne se faufilait en direction de la sorcière en tenant celle de l’arme blanche invisible.


-Existe-t-il un moyen…
-Pour que tu sois plus forte que lui ?

Les ombres étaient réellement proches de la sorcière désormais, mais elles n’attaquaient toujours pas. A cet instant, et avant que son illusion ne s’épuise, Orpheos décida de passer à l’action :

Plaçant sa deuxième et dernière dague sur la paume de la Gérudo endormie, il survola son corps de sa main pour lui ordonner de se lever. La guerrière s’exécuta comme si elle était en éveil, quoique trop prestement et avec les paupières baissées. Ses jambes l’amenèrent aussitôt vers sa maîtresse en courant, puis son bras se leva, et s’abattit sur elle pour la poignarder avec la dague Sheikah. Elle devait la leurrer, concentrer son attention sur elle.


-Nous ne respectons qu’une chose : la force…
-Et nous ne servons que ceux qui la détiennent.

A l’autre bout de la salle, les Ombres cernaient la sorcière. C’était le moment de lever son piège. Silencieux, Orpheos leva son bras vers le plafond, puis le rabaissa pour donner le signal.

Sans crier gare, toutes les Ombres chargèrent dans un concert de percussions. Celle d’Orpheos surgit de la masse ombrageuse juste au-dessus de la tête de la sorcière, et fit voler son bras en diagonale vers sa poitrine… avec l’ombre du cimeterre calée dans sa main immatérielle.
Au même moment, l’ombre projetée par le corps de la femme-démon se noircit, et le piège se révéla. Projeter le trône vers elle comme Orpheos l’avait fait plus tôt n’avait eu qu’un seul but : transporter deux des entités maléfiques dans l’ombre du siège, avant de s’immiscer dans celle du démon tandis qu’elle roulait pour éviter l’objet, mais aussi dans celle de sa servante pour la manipuler.

Déconcentrant un peu plus la femme aux serpents de feu, la Gérudo retourna soudainement la dague d’Orpheos contre elle, et s’auto-poignarda. Enfin, profitant de la diversion, l’ombre planquée dans celle du démon déforma la sienne pour en faire sortir des griffes immenses.

Le groupe d’entités noires pourchassèrent la sorcière blessée afin de l’achever.
Et celle qui épousait le corps du semi-démon referma ses griffes sur elle.

Orpheos se focalisa sur cette dernière, et tout comme elle avait voulu s’acharner sur lui, il s’acharna sur elle. Ou plutôt l’Ombre à ses pieds, qui s'employa dans une violence bestiale à donner tous les coups de griffes possibles pour la dépecer, la tailler en pièces et la désosser.


Vacillant, le Sheikah tomba à genoux et glissa son regard vers la lyre…
Ce fut terminé à cet instant. Dès lors que ses genoux touchèrent la pierre, l’illusion se brisa et son emprise se leva de ses ennemies qui retrouvèrent la capacité normale de leurs sens. Orpheos leur réapparut, pleinement visible. Le sang et la chevelure se trouvaient toujours sur l’instrument, mais la puissance mentale du musicien avait été trop éprouvée par le maléfice de la sorcière. Via la douleur, elle avait sapé ses dernières forces.

Il n’eut pas la force de rehausser immédiatement la tête pour contempler son œuvre… mais il espérait que ses opposantes soient au moins aussi usées que lui.

Les tambours faiblirent…


Swann

Cygne Noir

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(vide)

Il devait y avoir un problème ; Swann ne comprenait pas vraiment. Ou plutôt, si, et ça la blasait. A ses pieds gisait le garçon aux cheveux ébènes dans une flaque de sang, les yeux emplis de la stupeur d'une mort violente faite de brûlures, de morsures, de griffures et surtout d'une corne qui lui avait traversé le plexus. Et pourtant, elles étaient toujours là, ces Ombres, ce qui signifiait qu'elle s'était encore faite avoir. De nouveau, rien n'était réel, et elle s'était acharnée sur une image factice, une illusion. Orpheos continuait de se cacher d'elle, de sa force et de son pouvoir. Elle en soupira longuement, dépitée, laissant tomber ses bras le long de son corps alors que ses yeux parcouraient ces autres "clones". Ça ne servait à rien, tout ce qu'elle faisait ne servait à rien. Elle n'avait fait que l'effrayer pour le forcer à se cacher davantage, comme un rats.

La Belle aux pouvoirs divins attendit donc patiemment que son ennemi ne se découvre de lui-même. Et le temps passa. L'assassin n'aurait pas été étonnée que plusieurs dizaines de secondes ne se soient écoulées, laissant pour elle le soin de retrouver son souffle. Ses forces l'abandonnaient péniblement, un peu plus à chaque gouttes de son sang qui allaient tomber par terre. Et il y avait toutes ces griffures faites par les Ombres qui parcouraient son frêle corps de femme, qui avec le manque de mouvements et d'animation sur la durée avaient su révéler leur douleur aux Larmes du Clan. Ce n'était clairement pas sa journée, et pourtant elle la préférait à la nuit de son attaque au Castel. Cette fois, elle affrontait réellement ses ennemis, de beaux et forts combattants. Entre le soldat Llanistar et le magicien Orpheos, elle avait été servis.

Le corps endormi de l'adolescente gérudo se leva et se précipita sur elle pour la poignarder d'une arme qui venait de lui apparaître dans la main. Un simple haussement de sourcil suffit pour comprendre toute la lassitude qui s'emparait de la Nymphe de Feu en cet instant ; la même attaque, en manipulant de la même manière la pauvre enfant qui ne se rendait compte de rien. Les serpents de feu ne se firent pas prier pour couvrir leur maîtresse, et ils fondirent chacun sur un bras de la gérudo pour s'enrouler autour et la bloquer. Le regard de la jeune femme aux yeux désormais azur se reposèrent de nouveau sur les doubles d'Orpheos, sans considérer davantage ce très faible assaut. Cela lui évita de voir sa servante se poignarder elle-même, tandis que de l'autre côté de la pièce se trouvait sa sœur aux cheveux blancs, encerclée par les Ombres, alors que les bruits des tambours redoublèrent dans toute la salle.

Swann l'aurait bien secouru, mais elle n'en eut pas le temps. Une énorme griffe venait de la frapper au bras gauche, laissant une nouvelle entaille rouge apparaître parmi ses aînées. Elle se tourna et cibla la chose qui l'attaquait : une Ombre, pour changer. Dès lors une bataille s'engagea avec ce piège tendu par le garçon, entre la femme aux divins pouvoirs et la silhouette d'une sorte de monstre aux griffes acérées et meurtrière aux points faibles inexistants. Elle ne pouvait que fuir... ce qu'elle savait faire avec brio, entre autre chose. Le métier d'assassin consistait souvent à éviter l'affrontement direct, et contre ce genre d'entités démoniaque il n'y avait pas grand-chose d'autre à faire. Tandis qu'un de ses fils de feu se battait avec l'Ombre pour la maintenir à l'écart, le second alla percer le plafond pour s'y maintenir. Et comme un grappin, il permit à Swann de s'élever d'un coup dans les airs pour se mettre hors de portée des attaques de l'ennemi pendant un court instant.

Les assauts reprirent, et de nouveau elle s'enfuit. Alors que l'Ombre de l'ennemi venait de monter au plafond pour lancer de nouveau ses griffes, elle se laissa retomber au sol, près d'un coin de la salle. L'ennemi redescendit avec encore plus de hâte, sans doute énervé par le fait que sa proie lui échappe. Puis il se jeta sur elle. Les serpents de feu se lancèrent à son encontre. L'un d'eux lui attrapa ce qui semblait être un bras, tandis que l'autre s'acharnait pour le repousser en arrière. S'en suivit une longue épreuve de force, entre la belle acculée contre les parois et le monstre qui ne cessait de grogner, sauvage et cruel, cette envie presque palpable de tuer la jeune femme. Que ce serait-il passé si Ganondorf ne lui avait pas accordé une part de son pouvoir, l'autre nuit ? Elle n'aurait pas pu tenir, alors qu'elle était déjà blessée avant d'entamer ce combat.
Le monstre avait gagné du terrain, et sans qu'elle ne puisse y faire quoique ce soit, il lui avait attrapé une jambe. Elle se sentit traînée sur le sol avec une force et une bestialité sans équivalent ; les mâchoires carnassières de l'ombre lui apparurent, grandes ouvertes. Elle allait se faire dévorer !

Mais au dernier moment, tout cessa. L'ennemi desserra son emprise avant de filer se cacher dans l'endroit le plus noir de la salle, les tambours faiblirent enfin, et les doubles du Chancelier disparurent alors que le véritable se montra enfin... à terre, et quasi-inerte.
En quelques secondes, le calme était revenu. Le Cygne Noir constata avec tristesse la mort de sa servante, qu'elle n'avait pas vu avant. Dans un soupir qui en disait long sur son ressenti, elle arriva à se relever. Les flammèches par terre glissèrent à son simple regard en direction des murs. Et elles y restèrent accrochées, tandis que leur maîtresse ramassait son trône tombé par terre ; essoufflée, elle s'assit dessus. La boucle était bouclée, et le combat terminé. Pour elle en tout cas, et visiblement pour son ennemi aussi. « Putain... », lâcha-t-elle en se prenant la tête à deux mains.

Swann ne pouvait pas baisser sa garde pour autant. Alors que son apparence redevint plus humaine, que les serpents de feu et ses cornes disparaissaient, ses yeux - qui avaient aussi retrouvé leur couleur habituelle - continuèrent leur besogne. Elle balaya du regard la grande pièce, désormais vide de tout et même du bruit des tambours qui venait de disparaître. « Donne-moi une bonne raison de ne pas t'achever, l'ami », glissa-t-elle de sa voix douce, presque effacée à cause du souffle qui lui manquait. Avachie sur son trône, les bras pendant dans le vide, les jambes complètement détendues, elle attendit la réponse de son interlocuteur... en même temps qu'elle s'attendit à un signe de vie de la part de la sorcière, dont elle n'avait pas vérifiée la survie.


Songe Tristenuit


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(vide)

Elle n’avait jamais songé à donner son accord final pour un pacte. Elle voulait seulement occuper les Ombres le temps nécessaire pour son sortilège, elle connaissait assez les dangers de ce genre d’arrangement pour ne pas s’engager à la légère. Elle gardait un œil sur le combat qui se déroulait. Il lui semblait que son alliée faisait faute route. Même si elle ne pouvait pas identifier de façon certaine son adversaire, elle ne pouvait pas douter pour autant qu’il souffre. Elle connaissait l’état qui aurait dû être le sien, et si aucun des doubles présents dans la pièce ne se tordait de douleur à terre, c’était qu’il était caché ailleurs. Dans le doute, elle ne dit toutefois rien. Peut-être valait-il mieux ne pas le laisser transparaitre.

En attendant, elle devait retenir l’attention des Ombres, et pourquoi pas les pousser à adopter l’idée d’abandonner leur petit protégé en position de faiblesse. Plus elles se tiendraient tranquilles, plus elle en serait ravie, et chaque seconde était un cadeau pour elle. Mais pour ça, elle devait jouer la comédie…

Elle ne répondit rien à leurs sarcasmes. Elle n’appréciait pas l’impression d’être sous-estimée et elle détestait ces entités qui se croyaient toutes puissantes. Elle devait cependant reconnaître que leur réputation était généralement fondée, et qu’elle n’était pas en position de les remettre à leur place. Un jour, elle aurait sa Vengeance, pour tout ce qu’on lui avait pris, mais elle ne concernait pas ces Ombres, et elle n’en avait pas la force dans l’immédiat.

« De la haine et de la vengeance ? Vous êtes bien tombées ! »

Et au moins, il ne s’agissait pas d’un mensonge. Elle en avait même du mal à se reconnaître, mais ce n’était pas l’instant rêvé pour une introspection. Elle devait sauver sa peau, ce qu’elle était en train de devenir elle s’en préoccuperait plus tard. Là, elle était occupée à se vendre, et plus le marchandage s’éternisait, mieux ça lui allait.

« Plus forte ? Mais il est à votre botte ! Il aurait été incapable de se débrouiller sans votre aide, vous lui sauvez la mise ! Moi, je vous offre de partager avec vous ma victoire, et lui il vous envoie sur le terrain comme de vulgaires chiens ! C’est inadmissible, vous valez tellement mieux ! Je n’ai nul besoin de vous envoyer contre lui, je fais le sale boulot moi-même, je propose juste de vous défaire de lui, et de vous l’offrir sur un plateau. »

Malheureusement, elle n’eut pas de réponse, apparemment les ombres n’étaient pas plus sérieuses qu’elle dans les négociations. Elle ignorait si c’était de la loyauté ou si elles avaient effectivement un plus grand intérêt à garder le jeune homme à leur service, mais toujours est-il qu’elles ne souhaitaient pas changer de Maître.

En un rien de temps, elles se jetèrent sur elle, avec ce qui semblait être l’Ombre soudain réapparue du jeune homme à leur tête. Elle eut à peine l’occasion de rouvrir devant elles le poing qu’elle avait discrètement serré comme la première fois, justement dans l’éventualité de négociations qui tournaient mal. Toute comme la fois précédente, l’effet n’était malheureusement que temporaire, et si le retour de cette fameuse lumière artificielle retarda les ombres, ses jambes ne lui permirent même pas de courir une distance aussi grande que la première fois. Si elle évita le coup direct en pleine poitrine, elle eut juste le temps de s’éloigner un peu du mur avant de se faire rattraper par les sombres entités sans doute encore plus en colère.

Jetant ses bras en tous sens pour les éloigner, elle chuta à terre. Elle tira en désespoir de cause le petit poignard en argent qu’elle portait toujours sur elle en espérant les éloigner avec des coups donnés dans le vide, qu’au moins l’argent les repousserait. Mais c’était insuffisant et elle sentit leurs griffes et la lame du cimeterre mordre dans sa chaire, elle se débattait, rampait comme elle pouvait, et si les blessures n’étaient heureusement pas si profondes qu’elles auraient pu si elle avait abandonné la partie, elles arrivaient en tous sens et la brûlaient de toutes parts. Rageuse, elle se concentra comme elle le pouvait sur son sortilège, tendant de mettre de côté la douleur qui arrivait de partout, si seulement elle tenait assez longtemps…

Puis soudain… Tout s’arrêta. Le silence revint progressivement dans la salle après que les Ombres se soient volatilisées. Elle resta étendue à terre un instant avant une tentative pour se relever qu’elle abandonna assez vite, restant finalement couchée sur le dos. Elle n’avait aucune envie de se lever, elle avait mal partout, et tout semblait calme dans la salle à présent, l’adrénaline retombait doucement même si elle restait aux aguets.

Par sécurité, et sans doute peur de voir reprendre les coups, elle n’abandonna pas son sort de sang immédiatement, histoire de s’assurer qu’il était bien hors d’état de nuire pour un moment. Finalement, une fois rassurée, elle stoppa doucement le sortilège, le sang du jeune homme – séché depuis longtemps – toujours sur sa main. Elle était prête à réagir au moindre bruit suspect mais tout semblait calme pour l’instant. Un peu plus loin, elle entendit la voix de son alliée, un peu étouffée par la distance, qui lui laissa cependant deviner que le jeune homme était toujours en vie.

« Parce que ce serait trop gentil … »

Si le calme était revenu, elle ne s’en sentait toujours pas moins en colère pour autant. Elle ne voulait plus bouger ses jambes, son corps lui faisait mal de partout. Elle devrait bien se relever à un moment ou un autre, mais elle préférait retarder ce moment. Elle voulait le lui faire payer au centuple, le tuer là immédiatement c’était un cadeau. Elle espérait parler assez fort pour être entendue par Swann, même si elle prenait le temps de reprendre son souffle.

« J’ai visité les prisons un peu plus tôt. Je ne sais pas où il a déniché la Bête qui sert de geôlier mais le moins qu’on puisse dire c’est qu’il sait s’occuper de nos pensionnaires. »

Elle en avait presque été choquée elle-même. Elle avait vu des horreurs dans sa vie pourtant, mais les conditions de détentions étaient assez inhumaines.

« J’avais promis de l’y emmener après tout … »


Orpheos


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Les membres du Sheikah ne tenaient plus que par la force de son esprit… C’était la toute première fois qu’il utilisait la puissance accordée par les Ombres, depuis le pacte scellée avec elles dans la Citadelle noire, et jamais il ne s’était attendu à un tel contrecoup. La lassitude s’emparait de son corps, et sa conscience était prête à basculer dans le néant. A moins que son épuisement ne provienne du sortilège infligé par la sorcière.

Relevant difficilement la tête, Orpheos dressa le constat auquel il s’était attendu : il n’avait pas vaincu. La femme au teint halée s’était affalée sur son trône maintenant redressé, et l’autre s’était allongée sur le sol, toujours lucides. Du sang ruisselait sur leur peau et suintait de leurs blessures, mais leurs yeux ne se refermaient pas alors même que leur chair avait été tailladée par les Ombres.


-Putain… souffla celle sur le Trône, la tête entre les mains alors que son apparence redevenait humaine. Donne-moi une bonne raison de ne pas t'achever, l'ami.
-Parce que ce serait trop gentil…

Dans le calme après la tempête -les tambours ne battaient plus-, la voix de la sorcière s’était élevée comme une nouvelle menace. Il ne l’avait donc pas assez charcutée pour la faire taire ? Non, il avait échoué dans son but et elle avait réussi. Le chancelier n’était pas parvenu au dernier étage du bâtiment, et n’avait plus l’énergie nécessaire pour partir sauver le sage de l’Esprit.

-J’ai visité les prisons un peu plus tôt. Je ne sais pas où il a déniché la Bête qui sert de geôlier mais le moins qu’on puisse dire c’est qu’il sait s’occuper de nos pensionnaires. J’avais promis de l’y emmener après tout…

Orpheos resta silencieux ; il ne craignait personne que Ganondorf pourrait lui envoyer. Il ne craignait pas l’emprisonnement ou la mort, hormis celle des gens qui lui étaient chers. Pour Zelda il serait prêt à tout endurer. Il ne craignait peut-être qu’une seule autre chose, et il s’agissait du pacte qu’il avait scellé pour elle…

Le combat était clairement terminé. En apparence, le chancelier était celui qui s’en était le mieux tiré avec deux coupures de faible profondeur, au torse et à la main, pendant que les deux femmes transpiraient presque le sang. Mais le sortilège l’avait accablé à tel point, sous sa peau, que ce serait peut-être finalement lui qui sombrerait.
Conscient de cela, Orpheos parvint à se redresser suffisamment pour décoller ses mains du sol, et à reculer pour plaquer son dos contre le mur de pierre. Ses yeux mi-clos passèrent de l’une à l’autre de ses opposantes. Leurs traits étaient défaits par le combat et pourtant, elles étaient belles. Belles, sans doute aussi parce qu’elles restaient terribles.


-Vous n’avez aucune bonne raison de ne pas m’achever… soupira Orpheos à bout de souffle. Je suis votre ennemi. Mais je suis surtout un Sheikah et en tant que tel, je protège ma Reine quitte à mourir pour elle. Jetez-moi dans vos geôles avec les pires de vos bêtes, tuez-moi, mais je ne plierai pas. Jamais.

Ses paupières se refermèrent. Un mince sourire s’étira sur ses lèvres à la simple pensée de Zelda… et de Llanistar. Seraient-ils fiers de lui s’ils l’entendaient ? L’estimeraient-ils ? En servant le royaume, jamais Orpheos n’avait cherché la reconnaissance… sauf peut-être celle de ceux qu’il chérissait en silence et en secret.

-Vous êtes fortes… reconnut-il avec humilité. Quand vous reviendrez devant votre seigneur, vous pourrez garder la tête haute avec la mienne dans votre main… Il n’est pas aisé de survivre aux forces que j’ai été forcé d’invoquer…
-As-tu réellement conscience de cela ? émergea une voix gutturale.

Les poils d’Orpheos se dressèrent sur sa nuque. Avec la transformation de la femme au trône qui avait pris fin, et les flammèches rendues mourantes, la pièce était redevenue obscure. Les tambours se remettaient à faire vibrer les murs noirs…
Les Ombres revenaient.


-Quelle déception…

Dans le noir renaissant, Orpheos vit les ombres des entités s’élever sur les parois. Un instant plus tard, la servante Gérudo s’élevait dans les airs tel un pantin grotesque.

-N’as-tu que cette pauvre âme à nous offrir ?
-Nous voulions celle des puissantes…

Le regard du Sheikah se posa successivement sur ses ennemies, se sachant incapable de les vaincre dans son état, alors qu’il les avait affaiblies. Echouer si proche du but…
Le corps de la servante se tordit dans les airs et dans tous les sens comme une poupée qu’un enfant aurait chiffonnée. Puis ses poignets s’ouvrirent pour laisser jaillir son sang, juste avant que tous ses membres ne se disloquent. Sa tête vola sous les yeux de sa maîtresse. Une seconde plus tard, un grondement épouvantable fit trembler les murs et pétrifia Orpheos : les restes de la servante venaient de disparaître dans le sol, à travers un portail noir comme l’encre.


-Tu nous l’as donnée alors que son sang devenait déjà froid…

-Et nous le voulons chaud.
-Tu dois payer.

Des sueurs glacées recouvrirent le front d’Orpheos et son cœur manqua un battement. Sans qu’il puisse bouger ou se défendre, il ne put que contempler, impuissant, le sort que réservèrent les ténèbres à celui qui n’avait pas su les contenter. Rampant au sol avec vélocité, les mains de deux Ombres se saisirent des bras de la sienne, et…


-AAAAAAH !
-Un bras pour chaque invaincue.
-Ton tribut est payé.

Les bras d’Orpheos retombèrent sans vie le long de ses flancs. Il ne parvint plus à les bouger, ni même à les sentir dès lors que les Ombres les avaient compressés entre leurs doigts. Il s’écroula sur le dos, jeté à bas par les forces de l’au-delà dont les rires fusèrent. De nouveau les tambours faiblirent…
Et cette fois, enfin, elles purent partir.


-Orpheos… gémit le chancelier.

La seule ombre qui restait dans la pièce était la sienne, et elle s’empressa de venir auprès de son maître. L’ombre d’Orpheos était la seule qui lui vouait une obéissance totale, car tous les deux étaient liés.


-Prends ma lyre… et amène-la à Llanistar.

L’instrument luisait, y compris dans l’obscur, mais sur ses cordes se trouvaient toujours le sang et la chevelure.
L’ombre du musicien glissa aussitôt vers le petit objet afin de s’en emparer, et sous les yeux des Dragmires, ouvrit les portes de fer afin de filer hors de la pièce en tenant l’ombre de la lyre volante.


Les portes étaient ouvertes… La sortie était si proche…
Et pourtant le chemin qui y menait lui semblait si long.

Le cœur déserté par l’espoir, mais fier d’avoir accompli son devoir au péril de sa vie et de son âme, Orpheos sentit son corps se détendre. Son souffle s’apaisa, sa tête s’affaissa, et ses yeux se refermèrent.


Swann

Cygne Noir

Inventaire

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(vide)

Toutes les mots prononcés dans cette salle, qu'ils le soient par sa sœur dragmire, par Orpheos ou même par les Ombres, ne faisaient que résonner dans sa tête sans que rien ne soit un tant soit peu compréhensible pour elle. Las, Swann n'avait que son regard de fixé sur le corps d'un jeune homme aux cheveux ébènes ; il bougeait, et pourtant elle ne le voyait pas. Il perdait l'usage de ses bras, elle ne le comprenait pas. Il s'endormait dans un profond sommeil, elle n'en était pas consciente. Elle était perdue dans un monde qu'elle connaissait bien pour l'avoir déjà explorer. Celui de ceux qui ne sont plus vivants, mais pas morts pour autant.
A grosses gouttes, le liquide carmin dégringolait tout le long de son corps pour former une petite mais épaisse flaque juste sous son trône d'un jour. Qu'elle étrange coïncidence que de se trouver dans cette situation déjà... vécue (?) en compagnie de celle qui l'avait déjà sauvée aux aurores d'un jour nouveau pour elle. Mais cette fois, Songe ne semblait pas en mesure de pouvoir l'aider, elle-même très mal en point. Qu'importe... le rôle de chacun des trois protagonistes venait de s'achever.

L'assassin remarqua enfin que la pièce s'étaient obscurcie de nouveau, comme pour l'aider à s'endormir. L'ambre et le gris toujours posés sur la carcasse dépravée de son ennemi n'osait pas se dissimuler derrière ses paupières, de peur peut-être qu'elles ne se rouvrent plus jamais. Comme cette nuit-là, sa tête bascula en arrière pour qu'elle puisse voir les étoiles, mais il n'y avait que cet affreux plafond, noir et vide de tout ; le néant. Elle ne pouvait pas se laisser mourir ainsi, sans quoi son âme resterait cloîtrée dans cette salle et elle ne pourrait pas rejoindre les étoiles. Stupide croyance, se dit-elle alors que le recoin gauche de ses lèvres se levait pour dessiner un sourire moqueur sur son faciès. Et pourtant, elle y croyait dur comme fer.

Sa voix s'éleva faiblement au bout de longues minutes d'agonie lente et indolores ; elle en cracha le sang qui s'était installé dans sa gorge après avoir remonté la trachée. Les premiers mots furent incompréhensibles du coup, pour elle-même et pour les autres - si tant est qu'ils aient été conscient qu'elle avait ouvert la bouche. Manquant de s'étouffer, elle ravala difficilement ce qui lui obstruait la voix. Puis elle fit résonner ses cordes vocales pour s'assurer de pouvoir prononcer quelques mots qu'elle mourrait d'envie de dire depuis plusieurs secondes - des minutes peut-être, en fait ? elle n'en savait rien. « Venez me chercher ». Malgré le manque de puissance sonore, on sentait comme une forme de supplication de sa part, ce qui en soit était assez étonnant. Ses mots étaient tellement effacés qu'elle doutait qu'on l'entende... et pourtant elle ne pouvait plus que se raccrocher à ce drôle d'espoir. « Père, s'il-vous-plait... » suffoqua-t-elle.

Les larmes ne coulaient pas. Pour cause, son corps n'en avaient plus la force. Mais même invisibles, n'importe qui d'attentif aurait su déceler la tristesse et surtout la peur qui venait de s'emparer du Cygne Noir. Celle que la Mort ne la prenne réellement cette fois. « S'il vous plait ! » dit-elle plus fort dans un souffle de désespoir. Ses yeux délirants voyaient s'approcher la Faucheuse, et elle, affolée et paniquée car totalement démunie, elle en appelait à l'aide au Patriarche. L'inspiration de peur mêlée à une forme de folle tristesse trahit tout ce qu'elle avait cherché à cacher toutes ces années ; car maintenant qu'elle avait une famille, un être aimé, un objectif, elle avait peur de se rendre à elle. Car elle y perdrait tout, alors qu'auparavant elle n'avait rien.


Sans tenir compte de la douleur qui irradiait dans son corps entier, Ganondorf courrait. Le souffle court, se tenant l'épaule pour éviter que la blessure de Link ne devienne insupportable, le gérudo parcourait salles, escaliers et couloirs avec une vigueur dont il se serait senti incapable. Peu lui importait sa fatigue, ou le démon qui lui hurlait de poursuivre le héros du temps, seul lui importait que l'aura du Cygne Noir ne s'éteigne pas avant qu'il l'ait rejoint. Enragé par cette idée, il puisait dans ses réserves pour parcourir au plus vite la distance, toujours trop grande, qui le séparait d'elle. Le Lion avait il déjà connu cet état ? Très  rarement, et cela faisait naître en lui un sentiment méconnu : la peur.
Finalement parvenu à l'étage d'où elle l'appelait, la tension monta en lui et il renonça à la manière orthodoxe. Quitte à mettre en danger tout ceux qui s'y trouvaient, il défonça un mur de la forteresse qui l'obligeait à un détour. Puis, un autre lui barra à nouveau la route, comme pour le narguer. Toujours plus inquiet, et donc d'autant plus enragé, il l'explosa d'un nouveau coup de son poing noirci. En vérité, même l'autre poing aurait pu abattre ces murs de pierre tant Ganondorf ne se maîtrisait plus, mais le bras touché par le démon dévoilait un potentiel de destruction impressionnant. Et finalement, lorsque le cinquième mur céda sous ses assauts, le Roi parvint dans la salle de son trône. Un nuage de poussière tombé du plafond à cause du choc brutal l'aveugla un instant. Puis, Songe lui apparu, suivie par le corps étendu de ce qui devait être un serviteur de Zelda et enfin, sur le siège royal, Swann, sa fille.


"Non."

Sa voix n'était qu'un souffle lorsqu'il lâcha inconscient cet unique mot.
La vision du Cygne Noir, la tête penchée vers le plafond, baignant dans une flaque de sang, avait suffit à le tétaniser, mais un instant seulement. La seconde après, il se précipita vers le trône et en saisit Swann dans ses bras imposants. Pâle comme jamais, le regard vide mais fixe et comme terrifiée, il lui semblait néanmoins qu'elle continuait à l'appeler, par des murmures très faibles. C'est alors qu'il sentit le démon s'immiscer en lui, en rampant dans la demeure de son esprit, sa voix caverneuse teintée de malice et d'amusement,


"La mort l'approche. Elle n'en a plus pour longtemps mais... Elle peut nous être utile. Reprend le pouvoir que tu lui as confié, et retourne affronter le héros en t'en servant."
"Tais toi. Lui répondit il, sa colère à peine contenue,
"Si tu rechigne à faire le nécessaire... Je pourrais bien m'en charger."

La présence du démon se fit imposante, écrasante. Malgré la force de sa volonté, Ganondorf se sentait perdre du terrain et, du même coup, le contrôle sur le bras maudit. Ce dernier ne lui répondait plus et commençait à agir contre sa volonté. Il se dirigea vers la gorge de Swann, sa main en étau pour l'étrangler. Impuissant face au parasite qui le dominait, l'élu de Din assistait au spectacle habité par un esprit de révolte plus grand que jamais. Il était le maître du monde, le Lion qui soumettrait la terre entière ! Il n'aurait pas de maître. Jamais.
Prenant conscience d'un coup que si le démon partageait son corps, il devait en partager les sens, Ganondorf de son bras qui lui obéissait toujours, cessa de porter Swann qui s'effondra sur le trône, et plongea ses doigts dans la plaie à l'épaule que lui avait laissé l'épée de légende. Aussitôt, son esprit fut emplie d'un hurlement surhumain, celui du démon. Habitué à la douleur de l'acier béni, il l'encaissait beaucoup mieux que son invité indésirable. Reprenant le contrôle sur son bras maudit, il inspira un grand coup et plongea cette main là, dans la blessure. Le cri s'intensifia jusqu'à devenir aussi insoutenable pour son esprit que la souffrance l'était pour son corps, et le démon reflua. Lorsque Ganondorf retira sa main, la corruption noire avait quitté son bras.

Il manqua de s'écrouler, et ne se retint que de justesse à son trône. La fatigue l'envahissait. Il se sentait las, et le doux repos du sommeil réparateur avait quelque chose de très séduisant... Mais sa fille était toujours en danger. Furieux contre lui même, il se gifla violemment, et retrouva ses esprits. Avec douceur, il reprit Swann dans ses bras et plaça la tête de la jeune femme contre son coeur. Dans son état, ce qu'il s'apprêtait à faire était risqué... Mais il ne pouvait se résoudre à la perdre. Swann était sa fille aînée, et celle de ses fidèles à laquelle il s'était le plus attaché. Avant de se lancer dans l'entreprise qui leur serait peut être mortel, Ganondorf lui murmura,


"Ne me quitte pas, Swann. Reviens à moi et détourne toi de l'étreinte glacée de la mort. Je te le demande, moi qui suis ton père. Reste en vie."

Dés que le dernier mot eut franchi ses lèvres, le gérudo s'assit sur son trône et commença à insuffler sa vie en elle. Par son coeur, il envoyait dans son corps et son âme la vie qu'elle avait commencé à perdre au contact de la faucheuse glaciale. Par son énergie vitale, il remplaçait le sang versé sur le sol et la force d'âme envolée vers le ciel de sa fille, sans plus ce soucier de lui même. Rapidement, ses doigts devinrent froids, puis ses mains et ses pieds. Mais il ne s'arrêta pas. Une chose pourrait le pousser à stopper le rituel.
Sa respiration devint difficile. Il ne sentait plus la pierre du trône sous ses bras, de même qu'il ne voyait plus qu'à travers un brouillard pâle ce qui l'entourait et que les seuls sons qui lui parvenaient étaient ceux de son propre coeur. Même pour un être tel que lui, ce qu'il venait d'entreprendre pour sauver Swann était dangereux, et la peur grandit en lui à l'idée que cela ne suffise pas.

Mais soudainement, Ganondorf sentit entre ses bras sa victoire. La poitrine de Swann se soulevait au rythme de son souffle régulier. Rompant aussitôt le lien pour ne pas puiser plus sur ce qui lui restait, il retrouva la vue pour retrouver le regard vivant de sa fille. Un sourire de soulagement vint illuminer son visage et il la serra contre lui.
Et au fond de lui, remplaçant la peur, naissaient la fierté et l'espoir. Il avait arraché sa fille aux griffes de la mort elle même. Si il avait pu accomplir cela, alors il saurait la vaincre pleinement une fois la triforce en sa possession. Il ne put retenir un rire, de joie, avant de desserrer l'étreinte autour du Cygne. D'une voix affaiblie par le rituel, il lui dit,


"Tu reviens de loin, ma fille. Ne me fais plus jamais cela."

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