"To Lord and Land" ~ La cour [Nord]

Début de l'hiver - 1 an 3 mois avant (voir la timeline)

Orpheos


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(vide)

Ce soleil du désert qui frappait la terre, avec toujours autant de force... Orpheos l'aurait maudit, lui qui préférait l'ombre et la nuit.

Engagé sur le sentier pentu qui partait du vallon pour dévaler jusque dans la cour, le chancelier des Beaux-arts ne se retourna pas une seule fois et courut pour rejoindre la forteresse. Des cadavres d'hommes et de femmes jonchaient la terre, partiellement recouverts par la poussière. Un vent léger soufflait, mais c'était un vent brûlant de l'ouest qui ne rafraîchissait en rien.

Parvenu en bas du sentier, Orpheos s'aventura sur les toits de la forteresse dans le but d'y entrer, mais il fut immédiatement arrêté par une meute de Gérudos prêtes à en découdre. Toutes les entrées étaient gardées, et le toit était totalement occupé par les troupes de Ganondorf. Il fallait rebrousser chemin.
Alors, le Sheikah esquiva un coup de sabre qui lui aurait transpercé les boyaux, et fila le plus rapidement possible au pied de la forteresse. Le tableau qui se présenta alors à lui ne lui augura rien de bon.

Peu de soldats hyliens étaient parvenus à percer la ligne de défense ennemie, toujours présente au vallon, et la plupart d'entre eux paraissaient en proie aux pires difficultés. Ils étaient trente, tout au plus, alors que des cadavres jonchaient déjà la cour intérieure.
Des hommes appartenant visiblement au clan Dragmire barraient déjà la route aux forces royalistes, ici et là, mais le pire élément de ce tableau se trouvait en son centre. De noir vêtu et auréolé d'une énergie démoniaque, Ganondorf affrontait à lui seul la plus grande partie des troupes de Zelda.

Orpheos avait-il une chance contre lui ? Pouvait-il le prendre par surprise et lui asséner un violent coup par derrière ? …Pouvait-il utiliser les mêmes forces noires que lui pour l'affronter ?
Non, il était évident qu'Orpheos se ferait massacrer avant de faire quoique ce soit d'inquiétant pour le roi des voleurs. Il n'était pas assez fou pour ignorer le fossé de puissance qui les séparait. Surtout que le roi sombre semblait encore plus fort que la dernière fois qu'il l'avait vu, à la citadelle noire. Cette fois-là, où il avait cru devoir sauver Dun…

Orpheos n'eut pas d'autre choix que d'engager le combat contre un duo de Gérudos, au pied de la haute prison qui jouxtait leur forteresse. En attendant de trouver une occasion d'y entrer, il devait se battre.




[Si jamais le jet de dé du Narrateur m'est défavorable, je rejoindrai certainement un autre topic. Mais par soucis de lisibilité, j'ai préféré créer celui-ci en attendant.]


Eckard Falskord


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(vide)

Foutredieu, c'était donc cela, la guerre ?

Aucun moyen de passer une des entrées de la Demeure des Sables. Chacune semblait occultée par un barrage infranchissable. Et ce n'est pas tant la chaleur, ni les pluies de flèches qui allaient aider ces hommes vertueux qui enfonçaient tant bien que mal l'une de ces entrées. Le Rêve Vermeil s'était contenté de longer le mur Est de la forteresse, afin de ne pas subir les assauts enflammés qui tombaient du ciel. Par chance, il n'était pas trop voyant non plus. Son manteau sombre et ses déplacements presque dignes d'un Sheikah lui assuraient une sorte de pseudo-sécurité, d'autant plus que son arme pourtant massive fut dissimulée par la cape. Inutile de nier qu'il avait chaud, là-dedans. Malgré sa tolérance à la chaleur, le fait de courir à l'orée du désert et en tenue étouffante ne lui procurait pas le moindre plaisir. Le pauvre bougre transpirait à grosses gouttes. Il fallait esquiver les sabres, sauter par-dessus les cadavres, faire attention aux armes sur le sol...
Les ordres d'un homme cessèrent. Sa gorge transpercée d'une flèche, un long râle subsista hors de sa bouche, avant que ses yeux ne tournent au blanc et qu'il ne s'effondre. Les hommes à ses côtés enfonçaient l'une des portes, en vain. Chacun d'entre eux tombèrent tour à tour comme des dominos, si bien que le bélier les suivit dans la chute, brusquement silencieux. Les hommes et les femmes de chaque faction s'affaissaient comme de multiples châteaux de cartes balayés par le vent de l'ouest. Le garçon bondit au-dessus d'eux et continua sa route vers le nord. Son changement de plan fut rapidement effectué alors qu'il remarqua que chaque accès était obstrué. Le Londëyantien ne s'était rendu que par deux fois dans la gigantesque maison des Gerudos, assez de temps pour avoir étudié un minimum les lieux, ne serait-ce que cette cour.


"Hey, y en a un qui a survécu ! Chopez-le !"

On l'avait finalement remarqué. C'était peut-être un miracle s'il s'en était sorti jusque là. Deux Gerudos chargèrent sur lui, lances en avant. Comme si c'était le moment. L'Ambré déboutonna l'attache inférieure de sa cape pour que celle-ci rende visible ses vêtements, il la rejeta en arrière afin qu'elle n'épouse que son dos, puis dégaina. Dos au mur, l'expression semblait bien choisie car l'obstacle derrière lui ne lui assurait aucun mouvement défensif, pas plus qu'un éventuel élan d'attaque.
Elles étaient diablement véloces, toutes deux arrivèrent face à lui, pointant leur lance l'une à droite, l'une à gauche. Maintenant une position de garde avec sa lame, le guerrier tendit son bras droit et la chaîne bleutée jaillit à nouveau, vers l'ennemie à droite. L'objet vint s'enrouler autour de l'une de ses jambes et elle chuta, se brisant le nez à coup sûr. Orichalcum revint à son propriétaire en une fraction de seconde, puis repartit à la charge, vers la seconde femme. Celle-ci, plus réactive que sa partenaire, effectua un saut pour éviter la chaîne. Coriace. Son bond semblait démesuré, tant elle était haut dans les airs. Le contre-jour aveugla subitement le blond masqué qui effectua une roulade sur le côté pour éviter l'estoc aérien de la lance. Tentative ratée bien que nécessaire pour survivre. L'arme longue de la rousse s'était plantée entre deux pierres de la forteresse, à une pincée de millimètres du cou du garçon, qui se mit tout de même à saigner. Il suffoqua, puis tenta de se dégager. Quelque chose le retenait, comme si un pouvoir attractif avait cousu l'encolure du jeune homme à cette lance qu'il côtoyait sans envie. Se riant du ridicule de la situation, la Gerudo commença à se saisir d'une dague attachée par une lanière de cuir à sa cuisse. Mais le Rêve Vermeil fut plus rapide et trancha net une jambe de l'amazone.


"Jamais plus je ne te lâcherai." avait-il une fois encore témoigné à Sverdsol. L'épée souriait.

La Gerudo tomba, mêlant gémissements plaintifs et insultes dans une langue incompréhensible. Mais déjà, la première revenait à la charge, le visage ensanglanté, hurlant de rage pour l'humiliation qu'on lui avait infligée. Toujours coincé, le jeune homme ne pouvait se battre assis comme il l'était. Se saisir de l'arme pour la retirer semblait au-dessus de ses forces. Il tira un grand coup avec sa tête vers la droite pour se dégager de cette lance qui l'avait accroché sournoisement. Enfin dégagé, sa cape devait être dans un piteux état, maintenant. Le Rédempteur à environ six mètres de son opposante, jeta une fois encore sa chaîne sur l'adversaire, au niveau du ventre, cette fois. La pointe toucha juste. Cette Gerudo devait être jeune et peu expérimentée pour s'être faite avoir deux fois consécutives par la même attaque. Son arme tomba et le garçon s'en saisit rapidement pour la planter dans un de ses bras, contre le sol.
Non, il n'en tuerait aucune, si cela était possible.

Le Londëyantien continua sa route vers le nord puis, arrivé à destination, aperçut un visage qu'il avait déjà remarqué, ou tout du moins, un faciès qui lui disait quelque chose. N'était-ce pas là l'un des Chanceliers du Castel ? Au pied de la tour que le garçon convoitait, le noble tenait tête à deux succubes du désert. Parviendra-t-il à s'en dépatouiller ? Le masqué jeta un regard à cette fenêtre en hauteur, sur la tour. Il n'y avait plus qu'une seule chose à faire : se hisser jusque là. C'était sans compter les archères qui risqueraient de le voir assez promptement... Et il se retourna vers celui qui se battait, rabattant quelque peu son capuchon sur son visage dissimulé par le masque rouge et l'ombre.


"Un coup de main ?" la question se voulait donnée sur un air narquois, mais ne manquait guère de sincérité. Après tout, Rédemption d'Ambre était là pour défendre la Couronne et sa justice.
Malgré cela, Endë se battait avec une grande part de ses sentiments personnels. Il souhaitait délivrer Nabooru, à qui il était infiniment redevable, ainsi que tout son peuple du joug de l'oppresseur qui les envoyait au massacre. Qui envoyait Hyrule au massacre.

Le masque, le capuchon, le manteau, le soleil, l'exercice, les combats, le sang... il faisait diablement chaud.


Songe Tristenuit


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(vide)

Elle était en rage... Il parait que la haine attise la haine, et même si elle n'avait au départ aucune raison particulière d'en vouloir au camp opposé, mis à part le fait qu'ils puissent se trouver sur sa route, son bras lui en fournissait une à présent.
Il la faisait toujours souffrir, et même si elle avait eu le temps de panser la blessure convenablement, il faudrait plus de temps encore pour que la plaie se referme. Un bon moment s’écoulerait avant qu’elle ne sente plus cette douleur à chaque mouvement qu’elle lui infligeait.


Si encore elle avait eu le nécessaire à portée de main ... ! Elle connaissait nombre de plantes qui auraient pu accélérer un peu la guérison ou à défaut au moins calmer la douleur, mais quel intérêt avait ce savoir entourée comme elle l’était de grandes étendues de sables ? Fichue Terre de Mort ! Rien ne poussait par là, les rares verdures qui perçaient la carapace sablée du terrain elle ne les connaissait pas et ne savait même pas si elles avaient une quelconque utilité.

Elle ne mit pas longtemps à trouver du regard celle qui lui avait infligé pareille blessure et lui avait ensuite filé entre les doigts. Elle n’estimait pas encore lui avoir rendu la monnaie de sa pièce. Toutefois ce n’était pas la tâche qu’on lui avait attribuée et cette petite sotte devrait attendre. Elle n’aimait pas tellement les ordres, mais il fallait reconnaître que suivre le plan initial lors de la prise de la forteresse avait plutôt bien fonctionné, alors elle réitérait l’expérience malgré cette folle envie de descendre foutre une raclée à sa nouvelle amie. Du haut de son perchoir, elle put voir la demoiselle rejointe par ce qu’elle avait pour elle-même surnommé « Le Boucher ». Elle ne put s’empêcher de penser pour elle-même : « Bonne chance. Essaye au moins d’y survivre, que je puisse terminer le travail moi-même. ». Son propre regard descendit vers le bas de la Forteresse où l’armée s’échinait à essayer de percer une brèche.

Du haut du second étage, elle pouvait admirer leur vain travail, alors que criblés de flèches ils finirent par tous périr, laissant un bélier orphelin à leurs pieds. Elle sentit une présence à ses côtés. Elle n’était pas seule à devoir surveiller la forteresse, mais il semblait que les défenses déployées étaient suffisantes et que leur aide serait plus précieuse en bas.

« Ce n’est pas très poli de laisser nos invités à la porte. On devrait aller les accueillir non ? »

Elle avait repéré deux individus qui semblaient détachés du groupe qui semblaient chercher une faille dans les défenses de la Forteresse pour y pénétrer. L’un était aux prises avec deux Gerudos, et l’autre qui venait de terminer son propre affrontement le rejoignait. Autant leur couper l’herbe sous le pied. Un détail avait d’ailleurs tout particulièrement attiré son attention et éveillé sa curiosité.

« Le Sans-Ombre m’intéresse. Tu peux me le laisser ? Tu dois trouver ça contre nature de toute façon, non ? »

Elle avait eu un sourire amusé pour l’Ombre qui se tenait à ses côtés. Elle n’en savait que peu sur lui, et l’avait à peine rencontré après leur prise de la place forte des Gerudos, lorsqu’il était arrivé en renfort avec le Traqueur. Elle ignorait comment exactement il avait été constitué, et s’il avait laissé lui aussi privé de son ombre ou non celui dont on lui avait raconté qu’il partageait les traits, mais de toute façon ce n’était pas lui qu’elle étudierait. On le lui avait présenté comme le Chevalier de Ganondorf, et elle n’avait aucune envie de se frotter aux forces qu’elle avait choisi d’assister. Là en bas, elle sentait une aura spéciale émaner du jeune homme aux longs cheveux d’ébène mais elle ne pourrait pas en apprendre plus depuis son poste d’observation, et elle se sentait l’envie de découvrir ce qu’il avait fait pour être ainsi amputé d’une part de lui-même.

« En échange l’homme à la cape est à toi. Fais-en ce que tu veux. Je compte sur toi pour l’occuper, Chevalier. »

Laissant son allié se débrouiller à sa façon, elle sortit de sa poche un petit poignard, glissant son doigt sur la lame avant de tendre le bras au dessus du sable. Une petite goutte chuta tout du long des remparts avant de s’écraser sur le sable, discrète et invisible. La petite tache rouge fut rapidement absorbée, et Songe ferma les yeux. Lentement, tout son corps se désagrégea, ne laissant derrière elle qu’une traînée de poussière qui se dispersa bien vite dans le vent. Elle avait disparu.

Plus en dessous, le combat entre le Chancelier et les deux Gerudos n’avait pas cessé même si ses espoirs de rejoindre l’intérieur du bâtiment avaient dû être foncièrement réduits. Rejoint par le jeune homme qui lui proposait son aide tout en observant ses chances d’atteindre le haut d’un mur orné d’une belle fenêtre mais dont l’escalade devait être plutôt rude, il n’aurait toutefois pas le temps de répondre au nouvel arrivant.

Soudainement, à l’endroit exact où se posèrent les pieds du musicien, des bras surgirent du sable qui recouvrait le champ de bataille où s’affrontaient le représentant de la couronne et les jeunes femmes du Désert. Les mains ainsi apparues saisirent les chevilles de l’homme, cherchant à le déstabiliser et briser son équilibre, facilitant les coups de ses adversaires.
Un rire caverneux retentit alors que la sorcière enfouie sous le sable maintenait sa poigne, et que ses ongles, rendus crochus s’enfonçaient dans la chaire de l’homme qui venait de tomber littéralement entre ses griffes.


Elle n’avait toutefois pas envie d’épuiser ses forces pour une entrée théâtrale, et même si elle aimait sentir sa victime s’agiter désespérément entre ses serres, il fallait bien que toute bonne chose ait une fin. Elle finit par le lâcher après qu’il ait eu le temps de bien se débattre, et que ses adversaires aient possiblement pu reprendre l’avantage. Lentement, les mains replongèrent dans le sol alors qu’elle se mouvait un peu plus loin, à meilleure distance de sa proie. Si ses bras percèrent le sable une nouvelle fois, ce fut pour s’en extirper, tel un monstre des sables. Elle s’épousseta rapidement, laissant le soin au vent de la nettoyer des derniers restes de poussière sablée qui la recouvrait. Décidément, elle préférait les marécages, mais elle devait faire avec ce qu’elle avait sous la main. Reportant son attention sur sa cible, elle resta sur ses gardes, profitant du combat engagés pour jauger les forces de l’individu et l’avancée de son combat avec les demoiselles rousses.

« Dis-moi Sans-Ombre, aurais-tu quelques difficultés avec ces dames ? »


L’écrasante chaleur faisandait les cadavres. Qu’ils soient des équidés éventrés ou des soldats à la gorge ouverte, ils n’étaient que morceaux de viande boursouflés par la tendre cuisson du Soleil. Pires étaient ceux qui déambulaient, articulés par l’abjecte nécromancie du Roi Ganondorf. Laissant une partie de leur corps au sol, à chaque pas, ils traçaient un sillon de pourriture véreuse sur le sable sacré des Gérudos. La chaleur estivale était sublimée par un vent étouffant venu des contrées désertiques du Sud. Ce dernier charriait les relents de la bataille. Urine, peur, sang et transpiration coloraient le sirocco d’un parfum entêtant, de quoi faire froncer les charbonneuses narines du Chevalier des Cendres.
Alors c’est donc cela, la guerre ? Simplement des hommes fanatisés ou désespérés qui s’ouvraient mutuellement les entrailles ? Juchée sur la terrasse du deuxième étage de la Forteresse de pierres, l’Ombre scrutait le tableau violent qui s’offrait à ses iris de flamme. Réfléchissant à l’inutilité de cette guerre perdue d’avance pour les garçons de la Princesse Zelda, Dark Link écoutait à moitié le discours de sa collègue du Trône. Il ne la connaissait pour ainsi dire pas du tout et n’en éprouvait pour l’instant aucun regret. Il était bien trop bouleversé par la présence de sa Belle, priant pour que la Couronne le détruise lui et son Maitre Ganondorf. Que faire si ce dernier l’obligeait à tuer la Prêtresse du Courage ? L’ombre n’en savait rien, mais son cœur carboné pleurait déjà.

Songe Tristenuit entra finalement dans la dance, lui laissant le soin de s’occuper seul du blond chevalier. Dark Link fut alors forcé d’en faire de même, lui qui rechignait quelque peu à se battre et qui redoutait l’instant d’affronter Farore. Mais peut être que s’il montrait assez de bravoure sur le champ de bataille, l’épineuse émeraude se rallierait à lui. C’est donc hésitant et fiévreux que la Chevalerie de Ganondorf laissa son corps partir en fumée, soufflé par le vent.
Il reprit forme loin derrière sa collègue, déjà en action. L’Anti-Héros avait à ses côtés deux cadavres ridicules d’amazones tremblotantes dans leur récent trépas, regardant d’yeux éteints et vitreux les adversaires et fraichement relevées grâce à l’omnisciente magie de son Créateur.

Au milieu des corps transpercés de flèches se tenait son ennemi de l’instant, un chevalier auréolé de bravoure et au visage angélique. Peut-être était-ce la jalousie de sa lumineuse aura qui alluma en DarkLink le brasier de sa haine car il voyait en ce Royaliste un ersatz du Héros Temporel. Il tira sa maudite Excalibur.



« Courbe l’échine devant moi, écuyer de Link. Ou goute au Courage qui m’a élu Champion. »


Comme toujours, il mentait et se mentait aussi à lui-même. L’Ombre pensait de plus en plus que la seule façon d’être le choisi de Farore était de se comporter comme tel et d’avoir une foi inébranlable en sa légitimité.

Ce compte est un compte narrateur : les personnages joués par le narrateur ne peuvent pas être utilisés par les joueurs ou joueuses dans leur post (sauf autorisation d'un admin) et les jets de dé du narrateur sont contraignants.



Orpheos


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Orpheos pestait contre les deux guerrières qui lui tenaient tête. Pas une seule d’entre elles ne le laisserait rejoindre l’intérieur de la forteresse ! Pas une seule, car non seulement ces femmes étaient fortes, mais surtout déterminées. Et face à un adversaire qui ne souhaitait pas employer tous ses moyens dès le départ, désavantagé en combat rapproché, elles avaient toutes les chances de leur côté.

-Un coup de main ? lança soudainement une voix jeune et un peu narquoise.

Orpheos et les deux guerrières se retournèrent brusquement, puis s’arrêtèrent en plein combat pour regarder le nouvel arrivant. L’homme était encapuchonné, et recouvert d’une cape vert sombre qui devait l’étouffer sous la chaleur. Il était masqué, et ne pouvait donc être reconnu, pourtant le chancelier fut certain d’avoir déjà eu affaire à cet homme.
Après que le temps fût suspendu au cours de ces quelques secondes d’observation, le combat reprit de plus belle dans les hurlements. Une des deux Gérudos fonça sur le nouveau.


-De votre coup de main, elles en veulent visiblement plus que moi ! répondit Orpheos du tac-au-tac.
-Tais-toi et bats-toi, l’homme ! l’interrompit son ennemie avec hargne.

La Gérudo se remit en position d’attaque. Orpheos prit appui sur ses pieds pour se préparer à l’esquiver… mais il ne put soudainement plus les bouger. Quelque chose les bloquait. C'était des mains… Des mains humaines étaient sorties du sable pour s’emparer de ses chevilles. Elles le tenaillaient avec force et l’empêchaient de faire le moindre mouvement de jambes !
La Gérudo ricana.


-Tu t’es pris les pieds dans la toile de l’araignée, se moqua-t-elle. TU ES FAIT !

Alors que la sauvageonne bondissait pour lui trancher la gorge, Orpheos lui lança une noix mojo à la figure pour l’aveugler. Un soldat d’Hyrule qui se trouvait à proximité se jeta derechef sur l’occasion, et lui planta une lance dans l’abdomen. A ce moment précis, tandis que l'encapuchonné se débattait avec la seconde Gérudo, Orpheos s’aperçut que les mains sorties du sable l’avaient relâché.
Devant lui, un instant plus tard, une femme ressortit du sable à quelques mètres de distance. C’était donc elle qui venait de lui jouer ce mauvais tour ?

Une autre Gérudo bondit à la rencontre du petit groupe, en décapitant aussitôt le soldat qui venait d’empaler sa comparse, et s’attaqua au chancelier avec son sabre. Le jeune homme ne put parer qu’avec une maigre dague Sheikah.


-Dis-moi Sans-Ombre, aurais-tu quelques difficultés avec ces dames ? le nargua l’étrange femme qui s’époussetait encore du sable l’ayant recouverte.

Un coup de pied placé juste au-dessus de l’entrejambes de la Gérudo, afin de la repousser vers un petit groupe de soldats rescapés d’Hyrule, mit fin au combat avec les voleuses. Orpheos s’en était tiré sans égratignure, mais il avait eu chaud. Littéralement parlant. Il transpirait et avait dû mener de sérieux efforts pour contrer les amazones.


-Vous n’imaginez pas toutes les difficultés que j’ai avec les femmes, sourit le chancelier.

Un nouvel arrivant avait fait son apparition entre temps. C’était ce fameux homme qui ressemblait comme deux gouttes d’eau à Link, le Héros du Temps… mais à bien y regarder, on voyait bien que ce n’était pas lui. La peau trop sombre, le regard trop brillant, et cette voix sortie d’outre-tombe…  Il faisait la paire avec la femme, habillée de gris et de noir. Avec son visage blafard et ses cheveux immaculés, elle était d’une apparence sinistre. Elle aussi avait le regard luisant ; ses yeux verts tirant sur le bleu ne lui disaient rien de rassurant.


-Jeune homme, lança Orpheos à son sauveur encapuchonné, cet homme à l’épée semble intéressé par vous. Je me charge de la dame des sables.

Orpheos fit quelques pas de côté pour marquer de la distance avec le Sombre Link et son adversaire. Tous les autres soldats d’Hyrule et de la forteresse s’étaient éloignés du quatuor, comme si tout le monde pressentait l’arrivée du double-combat avant même qu’il ne commence.
Que faire ? Cette fille était parvenue à déstabiliser Orpheos. Il ne savait pas très bien comment appréhender l’affrontement avec elle. Elle avait remarqué l’absence de son ombre au sol, et elle était capable de se faufiler dans le sable…

A bien la regarder, cette fille transpirait la magie.



Armé de sa dague, Orpheos se lança d’un bond sur elle. Etait-elle armée ? Pouvait-elle le contrer ? Il devait la tester.

En plein soleil, il serait malvenu que les Ombres viennent déjà l’aider.


Eckard Falskord


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(vide)

Il faisait trop chaud.

Le chancelier semblait difficilement se débattre contre ses multiples assaillants. La situation remonta à son avantage pour rechuter de plus belle. Deux nouveaux adversaires faisaient leur entrée, et ceux-ci semblaient bien loins de s'apparenter à des enfants de choeur. Orpheos s'écartait doucement pour séparer les deux combats qui allaient se dérouler sur la partie nord de la cour intérieure, là même où Ganondorf livra batailla contre Nabooru quelques temps auparavant.
L'homme en noir agaçait le Rédempteur, qui était persuadé d'avoir déjà vu cette personne par le passé. Ce dernier prononça le nom que le garçon avait sur le bout des lèvres depuis tout à l'heure, avant de provoquer l'encapuchonné en duel. "Link ?"

Non. C'était un piège aussi sombre que la peau et les atours de cet individu. Ce ne pouvait être le Link qu'il avait rencontré dans cette taverne. Il ne s'agissait là que d'une pâle copie -finalement pas si pâle que cela- destinée à tromper ceux qui auraient pu connaître la personne dont ce clone était issu. L'homme en noir tira le fer et se mit en garde. Le masqué n'était pas à son avantage, habillé comme il l'était. Trop tard pour faire marche arrière, il fallait affronter l'ennemi, faire face.

Le Rêve Vermeil envoya sa capuche en arrière à l'aide de ses deux mains et déboucla l'attache de sa cape, une sorte de feuille dorée faisant miroiter les rayons aveuglants du soleil. Le long vêtement se laissa choir sur le sable, glissant le long de ses épaules, faisant apparaître les frusques du garçon blond. Ses mèches de blé retombèrent alors timidement sur son masque, devenues plutôt longues, puis se laissèrent porter par le vent, fières de respirer enfin. Il valait mieux pour lui qu'aucun membre de Rédemption d'Ambre ne le voit, où il risquerait gros. Dans tous les cas, il devra les prévenir à l'aide de la pierre de communication qu'il se bat contre cette... ombre. Trop tard pour faire marche arrière, il fallait affronter l'ennemi, faire face.
Le Londëyantien ne prenait le risque d'être reconnu que par le chancelier, car les deux adversaires ne l'avaient jamais vu. Il conserva néanmoins son masque sur le visage, qui ne devrait pas tant le déranger que ça, même s'il suait à grosses gouttes dedans.


"Tu ne seras Champion que lorsque l'on te verra trôner sur mon cadavre, homme-sombre. Et tu dois d'ailleurs certainement manquer de Courage pour me laisser l'honneur de la première passe."

La Rêverie Vermeille s'élança, tout en dégainant son arme, remuant un nuage de poussière derrière lui. L'antidote qu'il avait bu venait de le requinquer, en plus de ralentir les effets du poison. Ou bien n'était-ce que l'adrénaline d'un combat qui se voulait plus qu'excitant ? On lui réservait enfin un adversaire de choix, il saurait donc s'en montrer digne, en bon guerrier qu'il était.
Qu'importait les escarpements du sable sur le sol, Endë savait se déplacer dessus sans peiner depuis son plus jeune age. Qu'importait la chaleur de l'étoile brûlante, il l'avait subie des années durant. Qu'importait le vent, le garçon savait parfaitement se synchroniser avec.
Et, tout en courant vers l'ennemi, une pseudo-hystérie le prit à la gorge. Plus que de l'excitation ou la frayeur motivante du combat, pour la première fois de sa vie, Endë voulait tuer son adversaire, si singulier soit-il. Ode aux ténèbres, fils de l'ombre, cette créature noire n'avait rien à faire dans ce monde.
Le garçon empoigna l'épée de ses deux mains et effectua une attaque à revers, destinée à remonter en oblique pour couper le bras armé de son opposant, l'hérésie vivante. Un rictus se dessina sur le visage masqué du garçon -sa bouche néanmoins visible- comme possédé par les forces qu'il affrontait.


"De quelle couleur est ton sang, homme-sombre ?"


Songe Tristenuit


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La jeune femme eut un sourire moqueur en entendant le jeune homme évoquer quelques difficultés avec les femmes. Tiens donc ? Ca ne risquait pas de s’arranger aujourd’hui. Elle resta immobile alors qu’il s’organisa avec son allié. Ils se séparaient, parfait, c’était ce qu’elle avait espéré. Elle l’accompagna dans son mouvement un peu à l’écart, un sourire narquois restant figé sur ses lèvres en attendant de voir ce qu’il comptait faire.
Elle eut finalement la réponse lorsqu’il se jeta sur elle, dague en main. C’était tout ? Il la sous-estimait et elle le lui ferait regretter. Mais pour l’heure, rien de tel qu’un sort connu et bien maitrisé pour éviter les mauvaises surprises. Elle leva la main comme si, désemparée et désarmée, elle tentait de parer le coup avec sa propre chair. Mais au dernier moment, et avant de laisser comprendre au jeune homme ce qui arrivait, ses doigts s’allongèrent, durcirent, les ongles faisant de même jusqu’à être aussi effilés et pointus que des aiguilles. Le même sortilège qu’elle avait utilisé pour parcourir le plafond de la forteresse lui servait cette fois de protection.


« Je n’aime pas tellement qu’on pointe une lame sur moi. Donne-moi ça. »

Les longues griffes s’entremêlèrent autour de la dague en la protégeant de l’assaut, et d’un mouvement brusque elle la fit échapper des mains de son assaillant. Un rapide coup d’œil lui indiqua qu’elle était encore propre lorsqu’elle s’échoua sur le sable. Bien entendu, puisque les gardes avaient fait le sale boulot d’ôter la vie à ces Gerudos de leurs propres armes.

« C’est là une dague bien propre pour un guerrier … Tes mains le sont-elles autant … ? »

Cette question était pure curiosité. Elle jaugea du regard l’homme qui se trouvait devant elle. Ses vêtements ne lui rappelaient pas vraiment d’autre tenue qu’elle aurait croisée à Hyrule, mais étant encore relativement étrangère à ce royaume, elle ne savait pas avec certitude s’ils en provenaient ou non. Tout ce qu’elle pouvait déduire de cet accoutrement, c’était qu’il faisait sans doute partie de la Noblesse, ou au moins de la Bourgeoisie. Ce n’était pas le premier paysan venu qui pourrait se parer ainsi. Était-elle tombée sur un petit nobliau sorti de son confort pour chercher la gloire ? Son ombre – ou plutôt son absence d’ombre – l’en faisait pourtant douter. Elle avait pressenti bien plus intéressant et espérait toujours ne pas être déçue. De toute façon, dans le cas contraire, c’était lui qui en paierait le prix.

« Tu ne m’as même pas laissée parler, pourtant je sais où sont emprisonnés tes alliés … ~ »

Elle avait pris soin de baisser la voix. Cette proposition ne concernait pas les curieux qui semblaient prêter attention à leur affrontement. De toute façon, les bruits d’épées et les cris autour d’eux suffiraient à rendre la discussion privée.

« Si tu me suis, je pourrais t’y conduire… Allons ne me regarde pas ainsi ! Je t’ai joué une petite farce tout à l’heure, mais ce n’est pas une raison pour chercher à me trancher la gorge ou bien ton sens de l’humour est parti avec ton ombre ! Cette guerre ne me concerne pas, j’ai bien mieux à y gagner. Bien entendu on n’a rien sans rien… Si j’agis ainsi, c’est que je veux quelque chose, tu t’en doutes non ? Toi tu gagnes une occasion de sauver tes amis. Quant à moi… »

Ses yeux parcoururent rapidement les environs autour d’eux.

« Pas ici. Suis-moi et je t’expliquerai en chemin ce que j’attends de toi… Tu pourras toujours refuser en court de route, tu auras au moins gagné une longueur d’avance. Marché conclu… ? »

Elle restait toutefois sur ses gardes. Rien ne lui permettait d’être certaine qu’il la suivrait. Toutefois si c’était le cas, elle était déjà prête à l’escorter jusqu’à l’intérieur de ces hauts murs qui les entouraient.


L’épéiste se consumait d’un instinct de mort, son tranchant s’affutait de fureur pour découper chair et vie et son bras ne tremblait pas. C’est pourquoi l’arme d’acier doré cisailla, d’un coup habile mais vil, le membre gauche du Cendre-Chevalier. Tout fut taillé promptement. La victime cria tandis qu’il perdait une partie de son corps sombre. L’amputation le priva également de sa Noire Excalibur, ersatz humoristique de l’épée de Légende. Moqueuses, les Déesses avaient donné au double de Link une réplique absurde de l’arme pieuse, dénuée de pouvoir. Simplement un morceau de matière inconnu, pour que la copie soit parfaite à l’original.

L’acier en l’air, l’ennemi hésita à taillader de nouveau. Fiévreux de douleur, le Chevalier de Ganondorf profita du fugace instant pour tamponner le Royaliste avec son bouclier. Le pavois d’obsidienne rebondit sur le torse de l’adversaire dans un bruit sourd, comme une cloche couverte de tissu. Peut-être avait-il déplacé le cœur pur d’Endë dans sa poitrine ? D’où ce son dégoutant. Le héros blond dut se résoudre à reculer grâce au choc.
DarkLink admira alors le moignon fumant de feu son bras gauche, tranché net à la moitié du biceps. Des fumerolles obscures s’échappaient de la plaie. La curiosité du fidèle de la Reine fut rassasiée ; Non, il n’avait pas de sang, pas même de cœur selon la rumeur populaire.
Après quoi, l’Elfe Sombre cria. Il riait même. La souffrance vomissait son acide dans les neurones dépravés du monstre. Une voix intérieure raisonnait.

« Tu n’as rien à lui prouver. Tu ne peux pas le convaincre. Oui, tu es une bête. Celle de Ganondorf. Déchaine-toi, personne ne te verra. Sois toi-même. »

A l’extérieur, le corps de DarkLink changeait. L’amputation saignait de plus en plus de fumée. Les contours du bretteur devinrent incertains, son visage avait fondu et n’était plus qu’un masque de noir infini. Le Chevalier n’était plus qu’une silhouette impalpable d’où s’échappait un ricanement atroce, un « Nyaaahh », un râle insupportable.  A l’instar des séides de Ganondorf, DarkLink ne pensait plus et ne se mouvait que dans le but de servir le Maitre.
Il jeta son bouclier au loin, enfonça le bras valide dans ses entrailles et en sortit quelque chose. Une réplique dégénérée du grand grappin, relique de Link, se retrouvait dans la main de l’Ombre.  Derechef il fit feu, l’extrémité de l’arme se planta profondément dans le sable derrière Endë. Il actionna le mécanisme et fut tracté vers son ennemi avec célérité. Il pivota durant le vol, bottes en avant.  Ses pieds de gaz se chaussèrent magiquement de semelles de plomb, autre atout légendaire du Héros du Temps.

DarkLink percuta son adversaire, le choc le fit rebondir en arrière vers sa position initiale. Le plomb disparut de ses bottes, laissant place à de minuscules ailes grises. Le Chevalier flottait alors en l’air, à quelques dizaines de centimètre du sol. Le grappin partit en fumée et se reforma. Un ersatz de Masse des Titans trônait alors fièrement dans le poing de l’Ombre, impatiente de défoncer le crâne du blondinet.



« Nyaaaah ! »


Ulula le monstre. Sa face sans visage était fixée sur sa proie.

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Orpheos


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Orpheos avait eu raison de la tester. Que fut sa surprise lorsque des griffes acérées remplacèrent soudain les doigts fragiles de la jeune femme ! Elle s’empara de sa dague et la fit presque aussitôt voler dans les airs.

-C’est là une dague bien propre pour un guerrier … Tes mains le sont-elles autant … ?

Orpheos s’abstint de répondre. Il se sentait déjà trop jaugé par cette fille, et même presque… vulnérable. Qu’est-ce qu’elle pouvait être ? Un monstre, ou bien une magicienne ?

-Tu ne m’as même pas laissée parler, pourtant je sais où sont emprisonnés tes alliés… Si tu me suis, je pourrais t’y conduire…

Ses alliés…
Lorsqu’on connaissait Orpheos, on savait ce dernier très peu pourvu d’alliés personnels. Mais cette sombre inconnue devait parler du sage de l’esprit, Nabooru. Le chancelier la dévisagea d’un air particulièrement méfiant.

-Allons ne me regarde pas ainsi ! Je t’ai joué une petite farce tout à l’heure, mais ce n’est pas une raison pour chercher à me trancher la gorge ou bien ton sens de l’humour est parti avec ton ombre !
-Il est parti lorsque notre guerre est venue.
-Cette guerre ne me concerne pas, lui rétorqua-t-elle, j’ai bien mieux à y gagner. Bien entendu on n’a rien sans rien… Si j’agis ainsi, c’est que je veux quelque chose, tu t’en doutes non ? Toi tu gagnes une occasion de sauver tes amis. Quant à moi…

Leur regard parcourut les alentours. Le Link noir venait de débuter son combat face au jeune masqué, et au loin, Ganondorf menait à vue d’œil son affrontement.


-Pas ici, susurra son ennemie. Suis-moi et je t’expliquerai en chemin ce que j’attends de toi… Tu pourras toujours refuser en court de route, tu auras au moins gagné une longueur d’avance. Marché conclu… ?

C’était un piège. N’importe qui d’un minimum censé aurait pu le deviner… mais elle offrait un certain choix à Orpheos : soit il se battait sous le soleil, plus faible sous une telle lumière, soit il se battait à l’ombre… Toutefois, si elle lui faisait une telle proposition, c’était sans doute parce qu’elle non plus ne devait guère apprécier le soleil. Ce qui signifiait que tous les deux seraient plus forts seuls, dans la forteresse, qu’en plein extérieur ensoleillé et entourés d’obstacles en tous genres.

-Emmène-moi avec toi,
déclara sobrement Orpheos.

Le chancelier et la dame des sables délaissèrent, sur ces paroles, le nord de la cour Gérudo. Tandis que l’alter-égo ténébreux de Link se battait rageusement contre celui qui l’avait sauvé, Orpheos suivit les pas de son adversaire vers la forteresse…


Eckard Falskord


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Le coup fut une réussite étonnante. Le Rêve Vermeil s'attendait à plus de résistance de la part de son adversaire, et considéra le combat comme d'ores et déjà remporté. Mais bien simple d'esprit fut-il de le penser. Les ténèbres sont sournoises, et c'est au moment où l'on s'en croit débarrassé qu'elles s'insinuent en nous plus profondément encore. Le sombre homme poussait une sorte de râle plaintif et monocorde, élégie d'un seul et unique vers, sans variations. Un son d'une effroyable tristesse.
Le garçon n'eut guère le temps de profiter de ce chant macabre, qu'il fut lourdement repoussé en arrière par le bouclier noir de son ennemi. De plein fouet, le choc bloqua la respiration du blond pendant un bon moment. Il était tombé en arrière après avoir titubé sur quatre pas, surpris par la réaction agressive du clone de Link, et ayant perdu l'équilibre. Ce dernier ne s'était pas fais prier pour enchaîner sur une nouvelle attaque, en se projetant jusqu'à l'homme masqué à l'aide d'un grappin tout aussi monochrome que lui, puis en l'écrasant grâce à des bottes semblant peser plus d'une fois le poids d'un homme. Si les côtes du guerrier n'étaient pas cassées, sa cage thoracique venait de prendre un sacré coup, bloquant une seconde fois la respiration de ce dernier. Il suffoqua et le sombre Link prit ses distances, voletant comme une feuille d'automne au gré du vent.
Le Londëyantien gardait les deux yeux ouverts en direction de cette abomination qui le dominait finalement. Ce ne fut qu'à l'instant qu'il remarqua que son visage s'était estompé, et que les contours de son corps avaient perdu en netteté. Il s'était transformé en une ombre parfaite, plus effrayante encore que sa précédente apparence. Était-ce le lever du rideau ? Le véritable simulacre d'un être qui ne faisait que se mentir à lui-même pour se noyer dans une complaisance âpre et utopique ? Cet être tout entier n'était qu'une assertion contraire à la vérité, une imposture honteuse.
Se relever devenait une tâche plutôt alambiquée, pour le jeune homme au masque. Il dédaigna une gerbe de sang, sans la moindre réservation, puis en réprima une seconde en faisant part d'une toux inquiétante. L'ombre revenait à la charge, armée d'une masse pour le moins rassurante. D'où sortait-il tout cet attirail ? Puisait-il sa magie dans le puits infini de l'Enfer ? Le blond passa son bras devant sa bouche afin d'en occulter le sang qui effectuait un périmètre autour de ses lèvres. Il s'aida de son épée -qu'il n'avait pas lâchée, comme promis- pour reprendre un appui correct sur ses deux jambes. Il était bien trop tôt pour reprendre son souffle... La lame de Sverdsol para de son plat l'assiette du marteau titanesque dans un choc métallique qui fit rebondir les deux armes vers leurs maîtres respectifs. Sa propre épée manqua de blesser le garçon au visage, à cette suite. Il respirait difficilement, insistant pour trouver de l'air là où il semblait s'être faussement raréfié. S'il souhaitait que ce combat joue en sa faveur, le guerrier doré devait se donner la peine de faire quelques pas en avant et de frapper. Mais le recul était bien plus simple, dans sa condition, d'autant que les effets néfastes du poison précédemment inhalé semblaient refaire surface dans son faible organisme. Fuir ? L'idée lui vint à l'esprit, mais il la jugea bien rapidement trop prosaïque. Ses jambes ne supporteraient pas bien longtemps de courir, surtout si le poison revenait brusquer son organisme.

Ce combat devait simplement prendre fin, et rien d'autre. Sans plus attendre, le Rêve Vermeil envoya son pied dans le ventre de l'ombre -étonnamment palpable, à défaut d'être opaque- qui fut à son tour projetée violemment en arrière. L'attaque fit particulièrement souffrir son lanceur, là où il venait d'être blessé. Il profita néanmoins de ce léger instant de répit pour prévenir ses quelques alliés de son combat en se saisissant de la pierre de communication à son cou qui... n'était plus là. Comment ? Comment avait-il pu l'égarer ? Le blond serra les dents et se rappela immédiatement de l'altercation avec les deux Gerudos, quelques minutes plus tôt. C'était donc le pendentif de la pierre de jade qui resta accroché à la lance de la rouquine, plantée dans le mur quand le garçon cherchait à s'en dégager. C'était donc ça qui se brisa lorsqu'il s'en libéra... Il n'était pas fier de le remarquer, et seulement maintenant ! Impossible de prévenir ses amis de ce qui lui arrivait à présent, et impossible pour eux d'anticiper pour sa situation. Il était inexorablement seul.

Alors, sans la moindre once d'hésitation, le guerrier défit d'une main le ruban maintenant le masque sur son visage et se saisit de l'objet de bois avant de le jeter tristement dans le sable. Ses yeux enfin découverts voyaient pour une fois plus amplement que ne le permettait cette protection digne d'un bal. Le Rêve Vermeil s'était tu, ne laissant plus qu'Endë. Le simple Endë. À découvert, voire comme nu, cet acte venait de transgresser les principes de la Compagnie Ocre et sa propre sécurité. Voilà que l'un de leurs membres dévoila son identité nonchalamment, profanant ses voeux. Le premier, de surcroît. Cela n'allait guère enchanter les autres, mais sa victoire primait sur tout le reste. Que sont-ce que les principes d'une guilde, face à la victoire de la Royauté sur le pays ?

Le Londëyantien dirigea son bras droit vers le Sombre et la chaîne bleutée jaillit en sa direction. La pointe de la suite de maillons filait à toute allure vers le visage effacé de l'individu mystérieux, en espérant qu'elle lui crève les yeux invisibles qui lui permettaient encore de voir. L'effet inverse s'était produit pour le blondinet : la chute du masque lui ôta un voile qui l'aveuglait de son but premier. Et là où ce morceau de bois taillé et coloré à la forme d'un démon rouge-or le plongeait dans des préceptes obscurs et barricadés, le monde s'offrait maintenant à lui, baignant dans la lumière brûlante du soleil révélant les anachronies manichéennes de la guerre. Affligé par ces absurdités dont il prenait enfin conscience, Endë jeta un regard vide, désintéressé, à son adversaire qui allait recevoir l'attaque de plein fouet s'il ne se décidait pas à se mouvoir dans l'instant.


Le sombre enchainement ne permit pas au Jumeau Noir de démolir le thorax du guerrier mystérieux. Le monstre en cracha un cri de dédain. L’ennemi restait debout, le souffle rendu chaotique. Les duels mortels avaient ceci d’intéressant qu’ils repoussaient les limites ordinaires du corps, comme si l’âme en danger de disparition sacrifier les réserves d’énergie pour se sauver.
Réaliser une parade d’une masse d’arme avec une simple épée dépassait d’ailleurs l’entendement. Mais l’humain ne saurait être insensible à la fatigue, contrairement à l’Ombre. Elle ne possédait pas de corps, donc jamais l’éreintement ne venait bouleverser sa respiration. DarkLink était la matérialisation des pêchés du Héros, le résultat de l’exorcisme effectué par Excalibur sur l’esprit de l’Elfe. Il ne pouvait perdre contre un simple soldat Ambré.

Ce dernier luttait seul contre une abomination d’Hyrule, avec une vaillance qu’on ne pouvait nier. Mais le reflet de Link n’en était pas ému, il continua sa terrifiante besogne, au nom du Malin. Le Reflet du Héros chargea encore l’individu enfin démasqué, la perfidie et le déshonneur pour uniques moteurs. Tandis qu’il s’approchait du Royaliste aux abois, une idée germa dans l’esprit délié du Banneret des Prêtresses. Il fendait de sa masse, sans conviction, l’air aux alentours d’Endë. Les esquives étaient aisées puisque le Chevalier n’avait pas pour but de toucher le Blondinet. Il voulait affaiblir son marteau des Titans, afin que les ombres qui le constituaient perdent en densité. Lorsque le point critique fut atteint, lors d’une dernière parade héroïque du Royaliste, DarkLink hurla de plaisir. Il concentra alors toute sa sombre force et frappa avec puissance le sol de sable au pied de l’Ambré. La masse éclata en une explosion de brouillard noir et opaque.

La Création de Ganondorf exécuta un bond en arrière, pour sortir de cette brume effroyable. Il se chaussa de bottes des airs corrompues et sauta en l’air. A quelques mètres au-dessus de la bulle de gaz noir, il se stabilisa. Il planta les ongles dans son moignon gauche, en tira une bolée de sang ébène qui s’étira. Le faux sang pris la forme d’un arc des fées. A défaut de bras, DarkLink possédait à la place une arme à distance redoutable.
Le miracle des Enfers se produisit alors. Les divines flèches de lumières habituelles du Héros étaient sordidement galvaudées par son Double. Les traits brillaient d’une aura pourpre parfaitement dégoutante. Sans pitié, DarkLink fit feu et une pluie sombre vint percer la poche de brouillard étouffant un Endë sans doute aveugle.

L’Ombre chevaleresque commençait à pâlir, après cette volée de flèches implacable. Le siroco gérudien léchait son corps gazeux, emportant ses molécules instables avec lui. Bientôt, il n’aurait plus de consistance matérielle, dérivant au gré des courants espiègles et hasardeux d’Eole. Où allait-il être transporté ainsi ? Lui-même ne le savait et ne s’en souciait guère, tout monstrueux qu’il était. A moins que son Maitre le Sire Ganondorf, noir Tyran des Sables, daignent l’invoquer, pour lui la guerre était sans doute finie. Un sourire apparut soudain sur sa face de charbon, se repaissant de la mort probable de son ennemi.

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Eckard Falskord


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(vide)

« Partout et nulle part, je ne vois que du sable
Autant qu'un soleil ardent et vénérable

Le ventre creux, depuis deux jours rien avalé
Il n'y a qu'ici vent et chair empoisonnée

Pris par la tempête ainsi que tous ses mirages,
Le temps m'a déjà fais oublier mon court age

Mais malgré la chaleur et la brise sur mes joues
Me détermination ne pliera sous aucun joug.
»

La chanson résonnait dans sa tête comme un hymne de courage. Ses amis comptaient sur lui, et attendaient son retour. Hélas les évènements ne jouèrent point en la faveur du guerrier d'or et de blanc. Le Londëyantien ne pouvait faiblir, sa tâche devait être remplie à n'importe quel prix.

Sa respiration était comparable à celle d'un homme en proie à une crise cardiaque. Saccadée, n'accumulant qu'à peine l'air ambiant, pour le recracher ensuite douloureusement, sans même avoir réellement inspiré. Aucun son ne s'échappait de sa bouche, si ce n'étaient de courts halètements précédant une toux sans nom, rauque et... rubescente. Le thorax du guerrier était visiblement dans un sale état, mais sa foi demeurait inébranlable. Les coups désorganisés et déstructurés de la masse du sombre-hylien restaient tout à fait parables. Le combattant se demandait si son adversaire ne s'était pas déjà trop fatigué pour effectuer des attaques si maladroites. L'épée du garçon se levait machinalement contre ce marteau des Enfers, comme indépendante de la volonté de son maître. C'était cela, l'homme ne se battait plus. L'arme lui dictait les mouvements par signaux éléctriques aux nerfs et aux muscles. Du moins, c'est ce qu'il semblait en apparence. Endë voyait trouble, ses yeux fatigués s'affaissaient d'eux-même alors que le corps continuait sa danse perpétuelle, fatiguée et tenace. De justesse il paraît, et de justesse il survécut aux assauts successifs du démon.
Quand soudain, ce dernier porta un coup violent dans le sable qui fit se soulever un opaque nuage de ténèbres. Son arme avait disparu, explosée dans cette fumée noire et malsaine. Emprisonné à l'intérieur, le Rédempteur se débattait à travers l'immatériel rideau obscur qui lui couvrait les yeux, à défaut de pouvoir mouvoir ses jambes et s'en échapper. Agitant son arme pour se dépêtrer de cette obscurité omniprésente, une dernière poussée d'adrénaline lui permit de retrouver l'usage de ses jambes, que la terreur de l'aveuglement pétrifiait. Dents et poings serrés, le blond effectua de grands pas pour se sortir de sa cage inexistante.

Mais quelque chose vint percuter le dessous de sa clavicule gauche de plein fouet, le stoppant net. Il recula d'un pas avant d'ouvrir grand la bouche comme pour vomir, sans que rien n'en sorte, pas une once de sang, pas le moindre son. Le brouillard s'était dissipé, ou plutôt, il en était sorti. Une violente douleur le lança dans tout le bras gauche -celui tenant l'épée- qui trembla d'horribles spasmes. Mais Sverdsol était définitivement accrochée au bras de son maître. Ce dernier s'échappa difficilement de sa stase momentanée et coura désespéremment jusqu'à son adversaire élevé de quelques pieds dans les airs. La chaîne Orichalcum s'éleva avec célérité mais s'inanima prématurément et chuta piteusement dans le sable. Une seconde flèche s'était plantée dans le ventre du jeune homme qui hurla de douleur, cette fois. Un cri que toute la cour entendrait, un cri de désespoir. Son genou droit se plia puis s'inclina au sol, soumis à son ennemi triomphant, béat. La main gauche s'était elle aussi posée à terre, retenant le corps pour ne pas chuter complètement sur ce sable brûlant. Par deux fois l'organisme percé, un liquide tout aussi chaud se déversa sur ses vêtements.
Le temps semblait avoir brutalement ralenti alors. Tout le paysage autour d'Endë se démantelait, la forteresse avait disparu, les cadavres et autres combattants également... Il ne restait plus que le sable... et rien. Non, il y avait toujours cet homme, ce Link noir. Son rire résonnait dans la tête du blond comme une élégie, une sérénade mortuaire, un épitaphe chanté.

La tête tournait et le Londëyantien ne sentait plus la moindre parcelle de son corps, pas même le vent qui lui balayait modérément les cheveux. Pourtant, l'être blessé, meurtri, se releva une énième fois. Les yeux voilés par une suie blanche luisaient d'un ambre sombre, sans pupilles. Le genou quitta le sol et le garçon empoigna son épée de ses deux mains martyrisées et entama une dernière course, la chaîne continuant de traîner à même le sable derrière lui.

« YAAAH ! »

Sverdsol brilla. L'aiguille termina enfin sa course sur le cadran, se positionnant sur le douzième chiffre. Mais ce rayonnement s'arrêta brusquement lorsque une nouvelle flèche se planta dans le corps de la cible. Ce n'est pas un, mais deux genoux qui s'affaissèrent dès lors dans le sable. Tout tournoyait encore et encore, dansait encore et encore, moulin infernal, tourbillon inéluctable d'un espace-temps qui semblait dérailler. Le Rédempteur baissa ses yeux insipides vers la dernière flèche, qui logeait dans son coeur.

Le corps inerte de l'ex-masqué, par trois fois percé, chuta alors de tout son long, lentement, relevant un vague nuage de poussière. Ses yeux virent le ciel une dernière fois, où voletaient une multitude d'oiseaux noirs, semeurs de désespoir, de froideur et de mort. Alors quelques mots s'improvisèrent, s'évaporant, inaudibles, dans le vent devenu soudainement glacé.

« Est-ce le vent sur ma peau
Ou le chant des corbeaux ?
Depuis un moment tout est si noir
Je les entends, il n'est pas si tard

Menelmar Yana Endë
Celui qui va mourir
Corbeaux, croassez
Je viens vous nourrir.
»

Comme à l'achèvement d'une messe où lors de la dernière prière, les sujets quittent le lieu saint, Sverdsol se volatilisa en un écran de poussière rejoignant le lit déjà sablonneux de son jeune maître. De nombreux regrets subsistaient dans l'esprit embrumé du garçon. Beaucoup trop pour qu'il puisse penser à chacun d'entre eux à la suite, mais cela concernait feu ses parents, et ses amis de Rédemption d'Ambre, sans oublier les autres rencontres effectuées en Hyrule. Ce n'était pas dans ces conditions qu'il aurait souhaité finir ses jours. Peu se souviendront de ce jeune homme, dont la seule qualité résidait dans sa ténacité. Après tout, il n'était qu'un simple guerrier, faible et plein de convictions utopiques. Peut-être n'aurait-il finalement jamais été utile à sa guilde. La seule chose à retenir fut qu'il mourrut en accomplissant son devoir au champs d'honneur.

Un dernier sourire se dessina néanmoins sur le visage d'Endë, qui ferma ses yeux pour la toute dernière fois.


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