Posté le 02/07/2013 23:17
Foutredieu, c'était donc cela, la guerre ?
Aucun moyen de passer une des entrées de la Demeure des Sables. Chacune semblait occultée par un barrage infranchissable. Et ce n'est pas tant la chaleur, ni les pluies de flèches qui allaient aider ces hommes vertueux qui enfonçaient tant bien que mal l'une de ces entrées. Le Rêve Vermeil s'était contenté de longer le mur Est de la forteresse, afin de ne pas subir les assauts enflammés qui tombaient du ciel. Par chance, il n'était pas trop voyant non plus. Son manteau sombre et ses déplacements presque dignes d'un Sheikah lui assuraient une sorte de pseudo-sécurité, d'autant plus que son arme pourtant massive fut dissimulée par la cape. Inutile de nier qu'il avait chaud, là-dedans. Malgré sa tolérance à la chaleur, le fait de courir à l'orée du désert et en tenue étouffante ne lui procurait pas le moindre plaisir. Le pauvre bougre transpirait à grosses gouttes. Il fallait esquiver les sabres, sauter par-dessus les cadavres, faire attention aux armes sur le sol...
Les ordres d'un homme cessèrent. Sa gorge transpercée d'une flèche, un long râle subsista hors de sa bouche, avant que ses yeux ne tournent au blanc et qu'il ne s'effondre. Les hommes à ses côtés enfonçaient l'une des portes, en vain. Chacun d'entre eux tombèrent tour à tour comme des dominos, si bien que le bélier les suivit dans la chute, brusquement silencieux. Les hommes et les femmes de chaque faction s'affaissaient comme de multiples châteaux de cartes balayés par le vent de l'ouest. Le garçon bondit au-dessus d'eux et continua sa route vers le nord. Son changement de plan fut rapidement effectué alors qu'il remarqua que chaque accès était obstrué. Le Londëyantien ne s'était rendu que par deux fois dans la gigantesque maison des Gerudos, assez de temps pour avoir étudié un minimum les lieux, ne serait-ce que cette cour.
"Hey, y en a un qui a survécu ! Chopez-le !"
On l'avait finalement remarqué. C'était peut-être un miracle s'il s'en était sorti jusque là. Deux Gerudos chargèrent sur lui, lances en avant. Comme si c'était le moment. L'Ambré déboutonna l'attache inférieure de sa cape pour que celle-ci rende visible ses vêtements, il la rejeta en arrière afin qu'elle n'épouse que son dos, puis dégaina. Dos au mur, l'expression semblait bien choisie car l'obstacle derrière lui ne lui assurait aucun mouvement défensif, pas plus qu'un éventuel élan d'attaque.
Elles étaient diablement véloces, toutes deux arrivèrent face à lui, pointant leur lance l'une à droite, l'une à gauche. Maintenant une position de garde avec sa lame, le guerrier tendit son bras droit et la chaîne bleutée jaillit à nouveau, vers l'ennemie à droite. L'objet vint s'enrouler autour de l'une de ses jambes et elle chuta, se brisant le nez à coup sûr. Orichalcum revint à son propriétaire en une fraction de seconde, puis repartit à la charge, vers la seconde femme. Celle-ci, plus réactive que sa partenaire, effectua un saut pour éviter la chaîne. Coriace. Son bond semblait démesuré, tant elle était haut dans les airs. Le contre-jour aveugla subitement le blond masqué qui effectua une roulade sur le côté pour éviter l'estoc aérien de la lance. Tentative ratée bien que nécessaire pour survivre. L'arme longue de la rousse s'était plantée entre deux pierres de la forteresse, à une pincée de millimètres du cou du garçon, qui se mit tout de même à saigner. Il suffoqua, puis tenta de se dégager. Quelque chose le retenait, comme si un pouvoir attractif avait cousu l'encolure du jeune homme à cette lance qu'il côtoyait sans envie. Se riant du ridicule de la situation, la Gerudo commença à se saisir d'une dague attachée par une lanière de cuir à sa cuisse. Mais le Rêve Vermeil fut plus rapide et trancha net une jambe de l'amazone.
"Jamais plus je ne te lâcherai." avait-il une fois encore témoigné à Sverdsol. L'épée souriait.
La Gerudo tomba, mêlant gémissements plaintifs et insultes dans une langue incompréhensible. Mais déjà, la première revenait à la charge, le visage ensanglanté, hurlant de rage pour l'humiliation qu'on lui avait infligée. Toujours coincé, le jeune homme ne pouvait se battre assis comme il l'était. Se saisir de l'arme pour la retirer semblait au-dessus de ses forces. Il tira un grand coup avec sa tête vers la droite pour se dégager de cette lance qui l'avait accroché sournoisement. Enfin dégagé, sa cape devait être dans un piteux état, maintenant. Le Rédempteur à environ six mètres de son opposante, jeta une fois encore sa chaîne sur l'adversaire, au niveau du ventre, cette fois. La pointe toucha juste. Cette Gerudo devait être jeune et peu expérimentée pour s'être faite avoir deux fois consécutives par la même attaque. Son arme tomba et le garçon s'en saisit rapidement pour la planter dans un de ses bras, contre le sol.
Non, il n'en tuerait aucune, si cela était possible.
Le Londëyantien continua sa route vers le nord puis, arrivé à destination, aperçut un visage qu'il avait déjà remarqué, ou tout du moins, un faciès qui lui disait quelque chose. N'était-ce pas là l'un des Chanceliers du Castel ? Au pied de la tour que le garçon convoitait, le noble tenait tête à deux succubes du désert. Parviendra-t-il à s'en dépatouiller ? Le masqué jeta un regard à cette fenêtre en hauteur, sur la tour. Il n'y avait plus qu'une seule chose à faire : se hisser jusque là. C'était sans compter les archères qui risqueraient de le voir assez promptement... Et il se retourna vers celui qui se battait, rabattant quelque peu son capuchon sur son visage dissimulé par le masque rouge et l'ombre.
"Un coup de main ?" la question se voulait donnée sur un air narquois, mais ne manquait guère de sincérité. Après tout, Rédemption d'Ambre était là pour défendre la Couronne et sa justice.
Malgré cela, Endë se battait avec une grande part de ses sentiments personnels. Il souhaitait délivrer Nabooru, à qui il était infiniment redevable, ainsi que tout son peuple du joug de l'oppresseur qui les envoyait au massacre. Qui envoyait Hyrule au massacre.
Le masque, le capuchon, le manteau, le soleil, l'exercice, les combats, le sang... il faisait diablement chaud.