Posté le 31/10/2012 18:16
C’est ici que la vie est la plus belle, en automne, au milieu des arbres. Il était inutile d’être un animal lié à la forêt pour sentir cela car tout être vivant est capable d’en être ému. L’automne, cette rude période qui fait le tri entre vieillards étiques et jeunes faiblards. La vie fuit les extrémités, agressée par la froideur, au fond d’elle-même, dans ses racines profondes. Elle y est concentrée, montrant toute sa superbe résistante aux agressions. Rien n’est plus pur que lorsque le monde se bat pour sa survie, jetant le superficiel et brandissant l’essentiel. Fleurs, feuilles, couleurs, autant de plumes de paon vaniteuses. Bois, terre, seuls cela suffisent.
La neige épure, détruit et nettoie. La première tombée, qui embrasse une terre qui ne s’y attend pas, surprend la vie lorsqu’elle est la plus exposée, toutes plumes dehors. Meurtrie, la vie se reploie, se cicatrise et abandonne ses beaux atours et ses senteurs mielleuses. Elle lutte, se nourrit du minimum. Elle se sublime de simplicité. Il voyait tout cela, lui, cet homme aux milles traitrises, aux cents passions, dans cette neige nouvelle qu’il tenait au creux de sa main. Son souffle se givrait dans l’atmosphère, si pur qu’il vous brûlait les bronches. Il sourit et écrasa son trésor, son or blanc et glacé. Il porta son regard sur son ennemi le Soleil, encore trop incandescent pour permettre la purification de la terre, timide certes, mais qui empêchait l’hiver de venir.
La forêt dormait, tapie dans ses entrailles en quête de chaleur. Arkhams aussi cherchait la chaleur. Sa chaleur. Il détestait le printemps mais aimé que sa moitié vienne fleurir son cœur. Son unique faiblesse, mais Déesses, que ferait-il sans elle ? Sans sa bête sauvage ?
« Je t’attends, louve. »
Le Lord aux milles casaques resserra sa cape modeste. Il ferma les yeux, fixant son attention sur les bois sommeillant. Ce seigneur n’avait aucun lopin en Hyrule, il possédait simplement la terre la plus riche et importante de toute la Création : le cœur d’une femme.